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La valeur nette d’Elon Musk est supérieure au PIB de la Grèce

Par Thomas Kissel 24 octobre 2021

La valeur nette personnelle d’Elon Musk est actuellement plus importante que le produit intérieur brut (PIB) de la Grèce. L’homme d’affaires et ingénieur qui est actuellement le PDG de Tesla et SpaceX vaut actuellement 219,9 milliards de dollars, alors que le PIB de la Grèce est de 189,4 milliards de dollars.

Qu’un seul individu vaille plus que n’importe quel pays développé est stupéfiant, mais qu’il vaille plus que la Grèce contemporaine n’est pas un mince exploit.

La Grèce est classée par le Fonds monétaire international comme une économie avancée à revenu élevé, dont l’économie est répartie entre les services (80 %), les secteurs industriels (16 %) et l’agriculture (4 %). Elle est actuellement la seizième plus grande économie de l’Union européenne, qui compte 27 membres au total.

Pour mettre encore plus en perspective le poids économique monumental de Musk, l’économie grecque connaît également une croissance extraordinairement rapide, le FMI ayant également annoncé la semaine dernière que l’économie du pays devrait connaître un taux de croissance de 6,5 % d’ici à la fin de 2021.

Le FMI a détaillé la croissance du pays pour 2021 dans son rapport sur les perspectives économiques mondiales, où il a également prévu que l’économie grecque connaîtrait une croissance de 4,6 % en 2022.

Le FMI prévoit que le taux d’inflation atteindra 1,3 % d’ici la fin de l’année, puis descendra à 0,4 % en 2022. Il prévoit que le taux de chômage tombera à 15,8 % en 2021, puis à 14,6 % l’année prochaine, soit une baisse de 16,4 % en 2020.

Mais le pays entier de la Grèce semble être dépassé par les profits que Musk a réalisés grâce à ses entreprises de voitures électriques et d’exploration spatiale, et certains analystes prédisent même que ces dernières pourraient faire de lui le premier trillionnaire de l’histoire.
Elon Musk entre dans une nouvelle ère avec la clôture de l’action Tesla à un niveau record vendredi

Elon Musk semble atteindre l’apogée de sa réussite professionnelle avec les entreprises Tesla et SpaceX, et sa fortune personnelle a atteint de nouveaux sommets en conséquence. L’action Tesla a clôturé à un niveau record de 909,68 dollars vendredi, deux jours seulement après que la société a publié son chiffre d’affaires et ses bénéfices pour le troisième trimestre, qui ont également atteint un niveau record. La capitalisation boursière de Tesla est d’environ 860 milliards de dollars.

Le mois dernier, le quinquagénaire a également pris la première place de la liste des personnes les plus riches du monde. Musk est la troisième personne de l’histoire à avoir amassé une fortune de 200 milliards de dollars, selon Forbes.

Si M. Musk s’est hissé au premier rang mondial de la fortune privée en grande partie grâce à sa société de véhicules électriques Tesla, un analyste de Morgan Stanley estime que l’avenir de sa société aérospatiale SpaceX lui fera franchir le seuil des mille milliards de dollars.

SpaceX « défie toute idée préconçue de ce qui était possible et du délai possible, en termes de fusées, de véhicules de lancement et d’infrastructure de soutien », a écrit Adam Jonas de Morgan Stanley mardi.

Jonas a confiance en SpaceX précisément parce qu’il considère que la société détient une multitude de sociétés en une seule, contenant l’exploration spatiale, l’infrastructure et l’observation de la Terre, ainsi que ses communications par satellite Starlink, que Jonas considère comme le plus grand acteur vers son évaluation de 200 milliards de dollars de la société.

Source ttps://greekreporter.com/2021/10/24/elon-musk-greece-gdp/

Les dernières nouvelles de Grèce par Yannis Youlountas

Dernières nouvelles de Grèce : importantes et nombreuses ce mois-ci !

par Yannis Youlountas

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Bonjour,
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Voici les dernières nouvelles de Grèce : importantes et nombreuses ce mois-ci !
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Au sommaire :
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– Mort de Mikis Théodorakis à 96 ans
– Remaniement ministériel, un fasciste de plus au gouvernement
– Camouflet pour Mitsotakis : un nouveau ministre refuse son poste
– La crise sociale s’aggrave malgré la hausse du tourisme : pourquoi ?
– Le chômage grimpe, la pauvreté s’étend en Grèce
– Forte hausse du prix des produits de première nécessité
– Les factures d’électricité augmentent de 50% !
– Mitsotakis prépare la privatisation de la sécurité sociale !
– Plusieurs ports grecs privatisés à vendre au plus offrant
– Le nouveau business des plages et bords de mer en Grèce
– Bilan des incendies : tout pour les flics, rien pour les pompiers
– La Grèce en pleine catastrophe climatique et écologique
– La population va passer sous les 10 millions d’habitants !
– Plusieurs sabotages d’usines durant l’été
– Affrontements entre fascistes et antifascistes à Athènes
– La police grecque torture des antifacistes venus de France
– Multiplication des agressions contre les solidaires internationaux
– Des membres d’ONG accusés de faciliter l’immigration illégale
– Le mur de la honte de 40km à la frontière turque est terminé
– Des amendes de 5000 euros pour les migrants à leur arrivée au prétexte de l’absence de test PCR
– Nouvelle loi pour accélérer les expulsions et entraver la solidarité
– Privation systématique de liberté et inaccessibilité des voies de recours pour les migrants
– Témoignage poignant : il s’est suicidé juste pour ça !
– Soutenir les actions solidaires avec les réfugiés afghans en Grèce
– Nous recherchons actuellement…
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Vu le nombre de sujets, on va faire court, sous forme de brèves.
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Mort de Mikis Théodorakis à 96 ans. Ses obsèques ont lieu aujourd’hui à Chania, sur l’île chérie de son père : la Crète. Depuis plusieurs jours, sa musique résonne un peu partout en Grèce  : lieux publics, rues et ruelles, bords de mer, initiatives populaires de toutes sortes et bien sûr à l’ouverture des événements sportifs. Une page de l’histoire grecque se tourne avec Théodorakis. Tout a été dit à son sujet, et pourtant il y a tant à dire ! Cependant, quelques personnes ont voulu créer une polémique, au plus mauvais moment à notre avis, à propos de certains des choix de Mikis— polémique à laquelle nous n’avons pas voulu prendre part. Que celui ou celle qui n’a jamais commis d’erreur dans sa vie jette la première pierre. Nous en avons tous fait. Distinguons les tyrans, les salauds et leurs complices et, à l’inverse, les gens qui ont réalisé des choses formidables durant l’essentiel de leur vie mais qui parfois se sont trompés, souvent dans leur jeunesse ou, à l’inverse, dans leurs vieux jours. C’est regrettable, mais cela ne mérite pas de salir la mémoire d’un homme qui vient tout juste de succomber après avoir été plusieurs fois torturé et enterré vivant durant son existence.
Remaniement ministériel, un fasciste de plus au gouvernement. L’extrême-droite est loin d’avoir disparu en Grèce ! Pire encore : elle gonfle au fil des mois les rangs des hommes au pouvoir, autour de Kyriakos Mitsotakis. Nous avons déjà parlé du pedigree des ministres Voridis (ministre de l’intérieur) et Giorgiadis (ministre du développement). Cette semaine, c’est leur ami Thanos Plevris qui vient de les rejoindre à la tête de l’État, en tant que ministre de la santé. Tous les trois ont commencé leur carrière politique au sein du parti nationaliste LAOS avant de rejoindre celui de Mitsotakis. Après avoir pris ses fonctions, sous la pression du Conseil central des communautés juives de Grèce (KIS), Plevris s’est finalement excusé pour avoir dit :« on peut comprendre que certains aient envie de rouvrir Auschwitz pour y exterminer à nouveau des Juifs ». Par contre, il ne s’est toujours pas excusé pour avoir préconisé « le recours à la force meurtière pour empêcher les migrants d’arriver en Grèce », ni pour sa suggestion de « refuser aux migrants l’accès à la nourriture, à l’eau et aux soins de santé, afin de rendre leurs conditions de vie en Grèce plus mauvaises que dans leur pays d’origine ». Le virage à l’extrême-droite du gouvernement Mitsotakis est confirmé. Sa politique envers les réfugiés et les solidaires ne cesse de le confirmer (voir plus bas).
Camouflet pour Mitsotakis : un nouveau ministre refuse son poste. Le premier ministre grec croyait pourtant faire un gros coup en nommant Évangelos Apostolakis, ancien ministre de Tsipras jusqu’en juillet 2019, à la tête du ministère de la protection civile du nouveau gouvernement. Mais sous les huées de la gauche grecque, Apostolakis a finalement renoncé. On ne compte plus les situations ridicules pour Mitsotakis et sa ribambelle de caricatures en Grèce. À noter qu’une seule femme a obtenu et accepté de rejoindre le radeau de la méduse gouvernemental lors de ce remaniement et qu’elle se nomme… Gaga (sic).
La crise sociale s’aggrave malgré la hausse du tourisme : pourquoi ? Certes, le tourisme s’est redressé cette année en Grèce, notamment du fait de la baisse d’autres destinations pour cause de covid19 : Tunisie, Maroc… Mais cela ne profite pas à la population grecque : le tourisme en Grèce est en train de muter du mode « routard » au mode « all inclusive » ou presque. D’autres phénomènes ont été observés. Par exemple, par crainte du covid19 ou parfois à cause de contraintes régionales, beaucoup de touristes en locations ont fait leurs courses dans des supermarchés pour ensuite aller s’enfermer le plus clair de leur temps. Et surtout : les salaires dans l’hôtellerie et la restauration ont continué à dégringoler. Il est loin le temps où une partie de la population pouvait se refaire pendant la saison touristique avant d’affronter l’hiver !
Le chômage grimpe, la pauvreté s’étend en Grèce. La cohue lors des actions solidaires le prouve actuellement : la pauvreté fait des ravages et cela ne cesse d’empirer. Des familles entières de Grecs précaires se retrouvent à la rue ou hébergées chez des proches, dans l’impossibilité de joindre les deux bouts. Le chômage a explosé, même si les chiffres officiels ne montrent pour l’instant qu’une partie de cette hausse, ne prenant pas en compte les nombreuses catégories non indemnisées. Cette semaine, Eurostat vient d’annoncer que la Grèce bat tous les records de chômage des jeunes en Europe pour le mois de juillet 2021. Des syndicalistes travaillant dans les services sociaux ont lancé une alerte : la situation commence à rappeler le début de la décennie écoulée et les moyens publics pour y faire face sont complètement insuffisants. Plus que jamais, ce sont les collectifs solidaires autogérés qui font le plus gros du boulot dans plusieurs zones de Grèce. « L’entraide plutôt que la queue pour rien », « Nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes », « L’État n’est plus rien, soyons tout ».
Forte hausse du prix des produits de première nécessité. Dans ce contexte de paupérisation galopante, l’augmentation annoncée des aliments de base risque d’être une catastrophe pour beaucoup. On parle, par exemple, d’un bond du prix du pain, alors que les Grecs sont parmi les principaux consommateurs en Europe, ou encore des pâtes, du café, etc.

Les factures d’électricité augmentent de 50% ! Au niveau de l’énergie aussi, de nombreuses hausses sont apparues dès le mois d’août et inquiètent fortement les plus pauvres. La Grèce peine à se fournir en électricité et le coût global de son approvisionnement a augmenté de 70% depuis début 2021. Elle est désormais le marché le plus cher de l’électricité en Europe, avec un prix de 157 euros le mégawattheure. Non seulement, c’est un problème immédiat pour les familles les plus démunies, mais cela participera aussi à l’amplification de la hausse des prix qui a déjà commencé depuis ces derniers mois.

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Mitsotakis lance la privatisation de la sécurité sociale ! Un malheur ne venant jamais seul, c’est le moment qu’à choisi l’État grec pour privatiser l’un des principaux moyens de veiller sur les plus démunis ! Ahurrissant ! La situation au niveau santé publique était déjà très médiocre, elle va devenir carrément catastrophique exceptée pour quelques spéculateurs qui vont s’en mettre plein les poches. Et qui va piloter cette privatisation ? Le sinistre Thanos Plevris, transfuge de l’extrême-droite ! Les manifs ont commencé. La prochaine aura lieu ce samedi 11 septembre à Thessalonique, pour essayer de perturber la visite de Mitsotakis à la Foire internationale annuelle. Les manifs continuent également contre les réformes scolaires et universitaires.
Plusieurs ports grecs privatisés à vendre au plus offrant. Les ports d’Igoumenitsa, Patras et Héraklion sont sur le point d’être bradés aux richissimes armateurs grecs qui financent les campagnes électorales de Mitsotakis et qui possèdent la plupart des médias dans le pays. Pas vraiment une surprise !
Le nouveau business des plages et bords de mer en Grèce. La privatisation des plages est maintenant relancée. La protection du littoral repasse au second plan. Les investisseurs en immobiliers vont pouvoir bétonner à gogo dans des zones jusqu’ici protégées. Au large de la côte ouest du pays, Total et Exxon-Mobil prospectent déjà, suite à un accord avec l’État grec, et espèrent commencer leurs forages dans quelques mois, y compris à quelques dizaines de kilomètres des plus belles plages de Crète. Des plages qui sont désormais payantes à beaucoup d’endroits : au prétexte des nombreuses chaises longues et des parasols installés un peu partout, il faut maintenant payer de 7 à 15 euros la journée, là où c’était gratuit, que vous soyez touriste ou riverain. Plusieurs échauffourées ont déjà eu lieu sur certaines plages de la première des îles grecques : « cela fait des décennies que nous venons nous baigner ici et nous ne paieront pas ! » Sur certaines plages, la stratégie est de faire payer 3 euros la première année pour faire accepter le principe, et ensuite augmenter dès la suivante. Les espace de gratuité se réduisent dans la société, au bord de la mer comme ailleurs.
Bilan des incendies : tout pour les flics, rien pour les pompiers. Les feux de l’été ont montré encore un fois la faiblesse des moyens de lutte contre les incendies. Pourtant, dès l’arrivée de la droite au pouvoir, en 2019, des sommes colossales ont été investies pour la police, mais toujours rien pour les pompiers. Rien d’étonnant à cela : en réalité, le pouvoir ne protège pas sa population, mais la surveille et la réprime. Son obsession est de la mater, de la contrôler pour conserver sa place dominante et tout ce qui en découle. Il n’y a rien à attendre du pouvoir. Au sein de la population sinistrée, beaucoup l’ont compris. La population en danger s’est débrouillée le plus souvent toute seule avec les moyens du bord. L’entraide et l’autogestion ont été, une fois de plus, les deux mots clés et ont montré de quoi le collectif est capable quand il est abandonné à lui-même. Cette nouvelle expérience violente et dramatique continue néanmoins d’ouvrir les yeux sur l’hypocrisie du pouvoir et sur notre faculté à nous organiser nous-mêmes, sans ceux qui prétendent nous gouverner et, en particulier, résoudre les problèmes dont ils sont le plus souvent la cause.
Afidnes, août 2021 (Photo de Mario Lolos)
La Grèce en pleine catastrophe climatique et écologique. Les incendies nous ont aussi rappelé l’impact du changement climatique sur l’environnement et la multiplication des risques qui en découlent. La sécheresse devient très intense l’été, les pluies d’hiver sont parfois diluviennes, on ne compte plus les innondations tout comme les incendies, mais aussi les petites tornades qui sont plus nombreuses qu’avant selon les insulaires, notamment dans le sud de la Crète. La mutation de l’agriculture a, elle aussi, participé à cette catastrophe : ici, la terre est épuisée, là, elle est abandonnée à des amas de broussailles. On recherche frénétiquement les grandes surfaces planes pour en faire le maximum de profit et on ne s’occupe plus du reste. On pulvérise des tonnes de produits phytosanitaires au point de décupler certains cancers chez les ouvriers agricoles dont l’espérance de vie a encore chuté ces dernières années. On bétonne les collines et les bords de mer, puis on s’étonne des innondations mortifères, des coulées de boue et de gravas. Tout cela relève d’un choix criminel : au bout du compte, en organisant ainsi la société et l’économie, on tue la Terre et toutes celles et ceux qui y vivent. Pas besoin d’être devin pour voir ce qui nous attend si nous continuons dans cette voie.

Une population qui va passer sous les 10 millions d’habitants. Il y a dix ans, la Grèce dépassait largement les 11 millions d’habitants. Depuis, elle a perdu un demi-million d’habitants et, selon plusieurs projections (dont celles d’Eurostat), la dégringolade devrait continuer dans les prochaines années au point de passer sous la barre des 10 millions d’habitants avant 2030. Un exemple frappant en ce moment : en cette rentrée scolaire 2021, près de 40 écoles ferment en Épire (nord-ouest de la Grèce) faute d’élèves.
Plusieurs sabotages d’usines durant l’été. Des actions anticapitalistes nocturnes se sont multipliées dans plusieurs villes grecques ces dernières semaines. Notamment à Volos, à mi-chemin entre Athènes et Thessalonique, contre la plus grande cimeterie d’Europe : l’usine AGET qui appartient au groupe Lafarge. Cette action a été dédié à la mémoire de Vassilis Maggos, mort sous la torture au commissariat de Volos l’année passée. D’autres actions de ce type se déroulées à Athènes contre diverses entreprises, notamment dans le quartier de Vyronas ou encore contre la société de recouvrement de créances Paladino SA dans le quartier de Nea Ionia.
Affrontements entre fascistes et antifascistes à Athènes. Un groupe d’extrême-droite voulait s’opposer aux actions de soutien menées en faveur des réfugiés à Metaxourgeio (700 mètres à l’ouest d’Exarcheia). 200 antifascistes se sont immédiatement rassemblés pour riposter et les ont repoussé. La police de Mitsotakis est aussitôt arrivée sur les lieux pour protéger les fascistes en utilisant des gaz lacrymogènes et a fait trois arrestations.
La police grecque torture des antifacistes venus de France. Des membres du Groupe Antifasciste Lyon et Environs étaient présents à Exarcheia durant l’été. Ils ont brutalement été emmenés au commissariat, à la bordure Est d’Exarcheia, puis ont longuement été passés à tabac dans l’obscurité totale. Merci de diffuser autour de vous leur témoignage pour dénoncer ces pratiques :
Vous pouvez également participer à la solidarité financière qui s’est mise en place pour leurs frais de Justice en Grèce :
Multiplication des agressions contre les solidaires internationaux. Ces dernières années, les violences contre les solidaires internationaux sont nombreuses, tant du fait des groupes fascistes que des policiers les plus virulents. Notre convoi solidaire de l’automne 2017, par exemple, avait été particulièrement périlleux : barrage policier, filatures très visibles, pressions diverses, propagande médiatique, accusations délirantes, menaces fascistes explicites, attaque incendiaire néo-nazie sur un de nos lieux, six membres du convoi blessés par des policiers durant une manif, un autre arrêté, frappé, poursuivi en Justice puis libéré… Les détails ici :
Il y a deux ans, des policiers m’avaient bizarrement insulté durant une altercation… la veille de mon tabassage en pleine rue du Pirée par des néo-nazis ! Et ce n’est pas les flics qui m’avaient ensuite secouru, mais les passagers d’un tramway arrivé juste à temps, alors que les coups étaient en train de pleuvoir.
Depuis deux ans, c’est de pire en pire : les contrôles policiers sont incessants, les menaces fréquentes et les arrestations souvent violentes. Durant l’été 2019, la moitié des solidaires français et belges venus à Athènes pour soutenir le squat Notara 26 (menacé d’évacuation) ont subi toutes sortes de pressions et de violences. Seb (de Belgique) et Léon (de France) témoignent ici fin août 2019 :
Cette année, plusieurs d’entre nous ont, à nouveau, été inquiétés, voire brutalisés (un ami toulousain est rentré en France avec plusieurs grandes cicatrices). Jusqu’aux actes de tortures sur nos camarades lyonnais en juillet dernier, décrits un peu plus haut. Le pouvoir et ses valets ne souhaitent pas nous voir continuer à aider. Mais ils peuvent d’ores-et-déjà faire une croix dessus : nous ne sommes pas prêts de baisser les bras ! Nous continuons sur place, en ce moment même, et de nouveaux renforts viendront bientôt de l’hexagone et du plat pays 😉
Des membres d’ONG accusés de faciliter l’immigration illégale. Les membres de collectifs solidaires autogérés ne sont pas les seuls à subir ces pressions en Grèce. Certaines ONG sont également dans le collimateur. Il y a une semaine, deux amis français ont été menacé de poursuites pour « soutien à l’immigration illégale » et ont finalement renoncé à rester près des zones de sauvetage. Un mois auparavant, 10 solidaires internationaux de 3 ONG différentes étaient également accusés de cela et même « d’espionnage des actions des garde-côtes grecs » !
Le gouvernement Mitsotakis veut dissuader par tous les moyens les solidaires d’agir. Mais il n’a fait que tisser des liens entre nous : nous communiquons beaucoup plus, par-delà nos différences, et nous nous entraidons souvent.
Le mur de la honte à la frontière turque est terminé. L’État grec vient de bâtir un immense mur anti-migrants de 40km à la frontière turque, en prolongement du précédent qui faisait 12km de long. Mitsotakis espère ainsi limiter la venue des réfugiés afghans que son gouvernement refuse totalement d’accueillir. Cependant, les arrivées de réfugiés se poursuivent tout de même depuis des semaines, notamment par mer. Mais il y en a nettement moins qu’autrefois à Lesbos et à Chios (trois fois moins environ).
Des amendes de 5000 euros pour les migrants à leur arrivée. On nage en plein délire ! Au prétexte de lutter contre le Covid19, des amendes de 5 000 euros ont été infligées à des demandeurs d’asile arrivés en août par bateau sur l’île de Chios ! Le motif ? La non présentation d’un test PCR, habituellement imposé aux étrangers venant sur le territoire hellénique ! Cette confusion volontaire entre touristes et réfugiés a provoqué un tollé dans le pays. Face à la polémique, les autorités grecques ont annulé les amendes infligées à 25 réfugiés la semaine dernière et annoncé la suspension de la mesure.
Nouvelle loi pour accélérer les expulsions et entraver la solidarité. La législation actuellement proposée prévoit de réduire les délais de grâce et d’accorder à la police des pouvoirs supplémentaires, notamment de placer en détention les migrants au prétexte qu’ils sont « susceptibles de fuir » ou d’être une « menace pour l’ordre public ». Des mesures sont également prévues pour réglementer plus strictement les activités des organisations non gouvernementales et des groupes de bénévoles dans les zones qui relèvent de la compétence des garde-côtes et des autorités portuaires grecques (les sanctions seront encore plus lourdes en cas de violation du nouveau cadre opérationnel).
Privation systématique de liberté et inaccessibilité des voies de recours. Saisie sur de nombreux dossiers, la Cour européenne des droits de l’homme a récemment dénoncé « le mépris persistant des autorités grecques pour la santé et la vie des migrants », en particulier dans le camp de Mavrovouni à Lesbos où sont encore bloqués 3500 adultes et enfants. Les témoignages et statistiques montrent que ces personnes vulnérables exilées sont systématiquent privées de liberté et que les voies de recours sont en réalité inaccessibles, tout cela en violation de la Convention européenne des droits de l’homme.
Témoignage poignant : il s’est suicidé juste pour ça ! Sahil avait 24 ans. Il s’est suicidé à Athènes, peu après le rejet de sa demande d’asile durant le mois de juillet. Notre ami Nicolas Richen le connaissait bien. Avec d’autres proches et soutiens, ils ont écrit une très belle lettre collective. Merci de la faire connaître à celles et ceux qui n’ont peut-être pas compris ce qu’est la vie d’un demandeur d’asile.
Soutenir les actions solidaires avec les réfugiés afghans en Grèce. Depuis quelques semaines, nous sommes à nouveau très pris par l’aide aux réfugiés (principalement afghans) et la création de lieux sous plusieurs formes. Nous vivons des moments extraordinaires aux côtés de gens également extraordinaires. Ces exilés qui sont devenus nos amis, au fil des jours, ont un courage communicatif, des désirs, des rêves, des sourires, plein d’affection et de générosité, des secrets, des blessures. Le plus souvent, ils ont tout perdu. Leur logement, bien sûr, mais parfois aussi leurs proches : parents, enfants, conjoint… Merci à toutes celles et ceux qui nous ont transmis des choses pour eux, pour elles : des aliments, des vêtements, des couches, des jouets, des produits d’hygiène et même de l’électroménager. Merci particulièrement à celles et ceux qui sont venus aider sur place, en provenance de Grenoble, Saillans, Marseille, Lyon, Bruxelles, Genève, Nantes et Bordeaux… Cet élan est magnifique. Vraiment un grand « taschakor » (merci en afghan) à tou-tes ! Si vous voulez participez, c’est ici :
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ou par virement à ANEPOS :
IBAN : FR46 2004 1010 1610 8545 7L03 730
BIC : PSSTFRPPTOU
Objet : « Action Solidarité Grèce Philoxenia »
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« PHILOXENIA » signifie hospitalité en grec, et littéralement « amis des étrangers » (philos : ami, xenos : étranger). C’est le nom que nous donnons actuellement à nos actions aux côtés des réfugiés dont la majorité actuellement sont afghans.
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Pour participer via PAYPAL, suivre le lien :
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Pour envoyer un chèque à l’ordre de ANEPOS
Adresse postale : ANEPOS – Action Solidarité Grèce Philoxenia – 6 allée Hernando – 13500 Martigues
Ordre : ANEPOS / Objet : « Action Solidarité Grèce Philoxenia »
Nous recherchons actuellement… outre de la nourriture et des couches : des vélos, des jeux d’échecs (beaucoup d’afghans adorent les échecs et il nous arrive de jouer ensemble), du lait infantile 2ème âge, des mixers, des lits parapluie, des poussettes, des protections périodiques, des marmites et des louches, des chevillères, des légumes secs, du thé noir. Merci de regrouper ce que vous pouvez dans votre zone pour que nos fourgons puissent ensuite passer les prendre durant les prochaines semaines, sans faire trop d’étapes.
Un accueil jonché de livres. Nous avons également créé plusieurs bibliothèques sociales qui participent aux actions solidaires aux côtés des réfugiés. Nous sommes encore à la recherche de livres : en persan, dari, ourdou, anglais et français. Un grand merci à l’équipe de l’épicerie solidaire Sub’stantielle à Paris (une coopérative militante formidable), à Franck, Patrice et Ralph dans le Tarn, ou encore à Anne et Dominique de Marseille pour les nombreux livres en anglais, persan, français et dans d’autres langues déjà reçus. Nous avons également reçu des dons de livres de la librairie « Bibliothèque » à Exarcheia, du K*Vox, du Notara26 (échanges) ou encore du réseau Pédagogie Freinet à Athènes et en Crète.
De la place dans un véhicule ? Si vous avez prévu de venir en Grèce en van ou en fourgon dans les prochaines semaines et que vous disposez d’un peu de place pour acheminer du matériel solidaire (situé à plusieurs endroits dans le sud de la France), contactez-nous :
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Tél. Grèce (0030) 694 593 90 80 / Tél. France 06 24 06 67 98
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Merci de votre soutien, quelle que soit la forme, ne serait-ce qu’en relayant l’info.
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Solidairement,
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Maud et Yannis Youlountas
po/ collectif artistique et solidaire ANEPOS
avec les membres et soutiens des actions en cours
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Liste des lieux et collectifs aidés matériellement et/ou financièrement durant les deux dernières années, malgré un contexte particulièrement difficile :
– soutien à l’initiative contre les forages pétroliers en Crète (que tentent de déployer Exxon-Mobil et la firme française Total).
– Collectif Livas dans le département de Réthymnon en Crète (soutien aux actions solidaires, notamment à la cuisine populaire fondé par ce club de sport sans hiérarchie).
– Centre social autogéré Alimoura à Ioannina (nous avons financé la réparation du local qui avait été saccagé par une attaque fasciste) ;
– Usine autogérée Bio.Me à Thessalonique (soutien et achat de savons et produits fabriqués par les ouvriers, alors que l’électricité venait de leur être coupée) ;
– Mikropolis à Thessalonique (soutien au plus grand espace social libre de Grèce qui est actuellement en train de déménager) ;
– Initiative antifasciste d’aide aux réfugiés près d’Évros (au moment où ces derniers étaient pris au piège entre les deux états grecs et turcs, et où des identitaires européens étaient venus pour tenter de pratiquer la chasse à l’homme, ainsi qu’à Lesbos) ;
– Réseau Solidaire de Crète (et soutien à la création de nouveaux lieux dans l’île, dont nous vous reparlerons)
– Initiative de Kastelli en Crète contre le nouvel aéroport (nous avons participé au financement de la procédure de Justice contre l’aéroport qui est en train de basculer à l’échelle européenne, alors que 120.000 des 200.000 oliviers ont déjà été coupés et que l’opinion est de plus en plus opposée au projet, nous avons également participé à plusieurs réunions et actions sur place, et soutenu les paysans en lutte contre ce projet)
– Centre Social autogéré Favela au Pirée (soutien financier et achat de tee-shirts pour épauler ce lieu situé dans une zone où les fascistes rôdent souvent et où l’un d’entre nous, a été agressé violemment en juin 2019 par un groupe de néo-nazis qui lui avait tendu un guet-apens avant que les passagers d’une rame de tramway ne parviennent à le sauver) ;
– K*Vox à Athènes (base d’un des groupes les plus actifs en Grèce) ;
– Aide aux frais de Justice de plusieurs compagnons de luttes , notamment pour leur éviter d’aller en prison suite à des actions pourtant exemplaires ;
– squat Notara 26 à Athènes (le plus ancien lieu d’accueil des réfugiés dans le quartier d’Exarcheia) ;
– Plusieurs cuisines sociales (soutien financier et livraison de produits alimentaires) ;
– Structure autogérée de santé d’Exarcheia (soutien financier et livraison de matériel médical) ;
– Réseau École Buissonnière-Pédagogie Freinet (soutien financier et livraison de fournitures en aide aux enfants précaires) ;
– actions solidaires à Lesbos (nombreuses initiatives, surtout, après l’incendie du sinistre camp de Moria et l’errance de nombreuses familles en difficultés).

 

                                                                                  « Y-a-t-il quelqu’un qui sait jouer au basket ? »
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Source http://blogyy.net/2021/09/09/dernieres-nouvelles-de-grece/

Institutionnaliser le revenu de base

Costas Dimoulas : l’institutionnalisation du revenu de base est impérative

Cet article est aussi disponible en: Grec

Costas Dimoulas : l’institutionnalisation du revenu de base est impérative
Kostas Dimoulas, professeur associé au département de politique sociale de l’université Panteion.

À l’occasion du dialogue en ligne qui a eu lieu le mardi 11 mai sur le thème « Notre vie après la pandémie et le rôle du revenu de base », Costas Dimoulas, professeur associé au département de politique sociale de l’université Panteion, a donné six raisons pour lesquelles il estime qu’il est impératif d’institutionnaliser le revenu de base en Grèce.

  1.  La Grèce est un pays relativement riche, avec un revenu annuel moyen par habitant de 16 383 en 2020. Ce montant, s’il était réparti équitablement, signifierait que deux personnes vivant dans une maison auraient un revenu familial de 32 000 euros. Non seulement ce n’est pas le cas, mais après les transferts sociaux, 1 881 000 personnes restent pauvres.
  2.  Le revenu net disponible par habitant – après impôts – est également élevé, environ 1200 euros par personne et par mois. Le seuil de pauvreté est de 410 euros par mois, mais le revenu minimum garanti, qui est présenté comme un moyen de protection, garantit un revenu mensuel maximum de 200 euros par mois à seulement 273 000 bénéficiaires directs. Cela signifie qu’une grande partie des personnes vivant dans une situation de privation grave n’ont pas les moyens de vivre dans la dignité.
  3.  L’emploi, tel que le marché du travail est actuellement structuré, assure une vie décente à un très faible pourcentage de la population en âge de travailler et le salaire de base, en particulier pour les jeunes, est humiliant. Aujourd’hui, le salaire de base net est de 558,22 euros par mois, ce qui ne suffit pas à couvrir les besoins fondamentaux de nombreux travailleurs, ce qui nous montre que le mécanisme de l’emploi ne garantit pas de facto une vie décente à ceux qui travaillent.
  4.  Les politiques de l’emploi – qu’elles soient qualifiées de passives ou d’actives – telles qu’elles ont été mises en œuvre, du moins ces dernières années, n’ont pas atteint leurs objectifs et n’ont pas réduit le problème du chômage ni celui de la privation sociale. Selon les données d’ELSTAT, en 2020, la Grèce comptera 892 000 personnes vivant dans des foyers de travail à faible intensité contre leur gré. Il y a environ 235 000 personnes travaillant à temps partiel et sous-employées et les chômeurs inscrits, sur la base des données de l’OAED, dépassent 1 100 000 personnes, alors que les allocations de chômage régulières ne sont accordées qu’à 150 000 personnes, soit 13,5 % des chômeurs inscrits. Par conséquent, la couverture offerte à la grande majorité des chômeurs n’est pas suffisante pour assurer leur subsistance.
  5.  Il existe une très grande partie de la population qui contribue, par son travail non déclaré, à la production de la richesse dont dispose notre société mais qui, dans la manière dont elle est distribuée, ne reçoit pas son dû et n’est pas assurée et est officiellement considérée comme la population sans emploi.
  6.  Les restructurations économiques qui se sont accélérées pendant la période pandémique et qui s’accéléreront encore plus avec la révolution numérique intensifient la bipolarité entre les chômeurs et les sous-employés et ceux qui font des journées épuisantes de dix et douze heures pour s’assurer un salaire décent, alors que d’autre part, les syndicats sont incapables de protéger le revenu des travailleurs, comme nous le savons trop bien par expérience.

Comment allons-nous financer le revenu de base ?

Quant à la question du financement du revenu de base, M. Demoulas a suggéré de le faire en restructurant le système fiscal. Il propose d’importantes taxes foncières sur les personnes physiques et morales (dont beaucoup sont des sociétés offshore), des taxes environnementales ou des taxes sur les transactions commerciales et financières, et accessoirement des obligations.

L’émission d’obligations peut garantir un plus grand consensus sur le financement public du revenu de base sans exiger une restructuration immédiate de la politique fiscale et budgétaire. Toutefois, si elle n’est pas combinée à l’introduction de ces taxes, elle déplacera la charge du financement sur la nouvelle génération qui devra rembourser ces obligations avec son travail.

Selon M. Dimoulas, la combinaison de l’institutionnalisation du revenu de base avec une nouvelle politique fiscale et budgétaire est une condition fondamentale pour renforcer la justice sociale et promouvoir l’égalité, car elle ne pèse pas sur les revenus pauvres et moyens inférieurs, mais déplace la charge de son financement vers le capital immatériel et la richesse concentrée – chez quelques propriétaires.

Source https://www.pressenza.com/fr/2021/06/costas-dimoulas-linstitutionnalisation-du-revenu-de-base-est-imperative/

Avec la pandémie, la Grèce caracole en dettes

Par Fabien Perrier

La Grèce a multiplié les confinements, longs, afin d’éviter un débordement des hôpitaux et sauver l’industrie touristique. Mais l’économie, caractérisée par la prédominance de très petites entreprises, est à bout de souffle. Au risque de sombrer dans une nouvelle crise des dettes…

En Grèce, les données économiques publiées ce 22 avril par l’Office grec des statistiques, Elstat, sont inquiétantes sur l’état du pays. Confiné depuis le mois de novembre 2020 en raison de la pandémie, après avoir déjà été mis sous cloche entre mars et mai 2020, Athènes voit son économie s’effondrer. Ainsi, le produit intérieur brut a chuté de 17,6 millards entre 2019 et 2020 (-9,6%). Les recettes de l’Etat ont diminué quand les dépenses ont augmenté. La dette publique atteint désormais 341 milliards d’euros, soit 205,6% du PIB. Pour mémoire, quand la Grèce commençait à être attaquée par les marchés en 2010, le poids de la dette publique était d’environ 120% du PIB…

À la suite de ces attaques, la Grèce avait été soumise à une austérité violente, engendrant privatisation du secteur public, hausse de la taxation, baisse des salaires. Bref, il en a résulté une paupérisation de la population encore palpable dans le pays. Après la pandémie, la Grèce risque-t-elle, alors, de renouer dans cette spirale infernale ?

Le tourisme, ressource essentielle, fait défaut

À Athènes, la question est lancinante dans la presse. Il n’y a pas un jour sans qu’un article ne soit publié pour débattre des solutions possibles. Idem dans la population : « Que va-t-il se passer dans quelques mois ? Je crains le pire ! » confie ainsi Maria, marchande de fruits et légumes dans un quartier de classe moyenne de la capitale. Dans son échoppe, pourtant, les affaires tournent : « Avec le confinement, les gens cuisinent sans cesse » plaisante-t-elle. Avant d’ajouter : « Pour l’instant, l’activité est même un peu meilleure qu’en 2020. » Mais depuis le premier confinement il y a plus d’un an, l’agence immobilière où officie sa fille, 24 ans, est à l’arrêt.

« Heureusement qu’elle vit chez nous. Comment ferait-elle sinon ? » Quant au fils de Maria, 26 ans, habituellement serveur dans une taverne, il est également sans emploi depuis novembre, et chez ses parents. « J’espère que les touristes vont revenir cette année », souffle Maria. Ajoutant : « Aujourd’hui, en Grèce, ce sont d’abord les étrangers qui achètent les beaux biens immobiliers ; et sans eux, les tavernes tournent au ralenti ! » La livraison à domicile n’a pas permis de combler les pertes engendrées par la fermeture des salles de restaurants et des terrasses. Quant au tourisme, il fait effectivement défaut. Avant la pandémie, il était, pourtant, une ressource essentielle pour le pays.

Un pari à moitié payant

Ainsi, en 2019, 34 millions de voyageurs avaient visité le pays. Le tourisme avait généré directement 21,5 milliards d’euros de revenus (11,7% du PIB), mais en incluant les revenus indirects, cette part grimpait même à 30,9% du PIB. C’est bien au-delà de la moyenne européenne (9,1%). Sauf qu’en 2020, la Grèce n’a accueilli que 8 millions de touristes. C’est, d’ailleurs, pour tenter de sauver ce secteur que le gouvernement avait mis en place sa stratégie de confinement précoce et strict début 2020. En évitant un débordement des hôpitaux, en présentant des chiffres rassurants sur la situation sanitaire dans le pays, il voulait faire du pays une « destination sûre ». Bref, l’ambition était de faire le plein touristique pendant l’été.

Le pari n’a été qu’à moitié payant. En 2019, la Grèce avait accueilli 34 millions de touristes ; ils n’ont été que 8 millions à séjourner dans le pays en 2020. Les musées et sites archéologiques, fréquentés par plus de 841 000 personnes en 2019 n’ont enregistré que 49 200 entrées en 2020. Même constat chez les hôteliers : leur chiffre d’affaires a chuté de 70% en 2020 par rapport à 2019, et pour l’instant, tous déplorent l’état des carnets de réservation : désespérément vides. Evgenios Vassilikos, secrétaire général de l’Association des hôteliers d’Athènes, explique : « Dans notre scénario optimiste, nous espérons que l’activité hôtelière soit, cette année, la même qu’en 2020. »

Chute brutale d’activité

Certes, tous les pays de l’Union européenne ont connu des chutes brutales d’activité pendant l’année 2020. Dans ces conditions, selon Louka Katseli, ex-Ministre de la réforme de l’Etat et Professeure d’économie, « il est temps que la Grèce en finisse avec la concentration de son économie autour des secteurs du tourisme, des loisirs, de la culture et de la restauration. » A ses yeux, ce n’est toutefois qu’une des raisons de la faible résilience de l’économie grecque. Elle note également « l’héritage de la crise financière et son poids sur l’économie », ou encore « la prédominance des petites entreprises. »

En effet, d’après les statistiques de la Commission européenne (SBA), les micros entreprises (moins de 10 personnes) représentent 97,4% des 821 640 entreprises que compte le pays, et 62% de l’emploi ; il n’y a, en Grèce, que 331 grandes entreprises, c’est-à-dire qui comptent plus de 250 salariés ! « Le secteur privé n’a pu résister aux confinements, entrainant un sur-endettement des entreprises et des ménages », alerte Louka Katselli. D’après Michalis Nikiforos, de la Chambre économique de Grèce, « 81% des PME risquent la faillite ; 40% n’auront plus de liquidités à la fin du mois – chiffre qui grimpe même à 50% pour les bars et les restaurants. »

La dette privée a grimpé en flèche

Du coup, chez les petits entrepreneurs, l’inquiétude est de mise. Le Président de la confédération hellénique des artisans et commerçants (GSEVEE), Giorgos Kavvathas, explique ainsi : « sept ménages grecs sur 10 ont le commerce comme source principale de revenus, des revenus qui se sont effondrés en 2020. Le gouvernement ne s’est pas attaqué à ce problème. Bien sûr, il a indemnisé les salariés mais il n’a pas aidé de façon adéquate les classes moyennes de la société grecque. ». Pourtant, 38 milliards d’euros ont été déboursés par le gouvernement en mesure de soutien (prêts aux entreprises, reports de loyers, allocation-chômage d’environ 400 euros pour les salariés non employés pendant les confinements). Mais, note Giorgos Kavvathas, « ce chiffre est biaisé : il comprend des éléments très différents, notamment des prêts, mais pas d’aide directe aux petites et moyennes entreprises. »

« Prêts », le mot est lancé. Et dans un pays qui a connu une « crise de la dette », il rappelle de mauvais souvenirs. En effet, après la crise mondiale de 2008, la Grèce s’est retrouvée dans l’oeil des marchés, et sa dette publique a été attaquée. Il s’en est suivie une plongée de 10 ans dans l’austérité. À partir de 2018, le pays avait renoué avec un soupçon de croissance ; il est de nouveau frappé par la récession. Selon la Banque de Grèce, elle a été de -8,2% de PIB (contre 6,6% en moyenne européenne) en 2020, et supérieure à -10% au premier trimestre 2021. La dette publique a explosé pour atteindre 205,6% du PIB. La dette privée a, elle-aussi, grimpé en flèche. Elle atteint désormais 200% du PIB, contre 174% en 2019. En cumulé, c’est 400% d’endettement ! Aussi, Louka Katseli craint « qu’il ne soit déjà trop tard pour résoudre ce problème. Le risque est grand qu’au sortir de la pandémie, si le taux d’intérêt de la BCE augmente, les marchés s’interrogent sur la capacité de la Grèce à rembourser une dette aussi élevée. »

Plan de relance

Certes, la Grèce recevra 32 milliards d’euros (18,2 milliards d’euros sous forme de subvention, 13,7 milliards d’euros sous forme de prêts à faible taux d’intérêt) dans le cadre du plan de relance de la Commission européenne. Le Premier ministre, Kyriakos Mitsotakis (Nouvelle Démocratie, droite) affirme que « le plan de relance national peut ajouter 7 points de croissance supplémentaire au cours des six prochaines années et créer 200 000 emplois. » Au programme : accroissement des énergies renouvelables, accélération de la transition numérique, développement du numérique, ou encore financement d’infrastructures.

Mais nombreux sont ceux qui doutent qu’il suffise à renforcer l’économie grecque. Au contraire : aucune des technologies évoquées n’est fabriquée en Grèce. Elles seront donc importées, contribuant à mettre la Grèce sous la dépendance de grands pays. De nombreux économistes en appellent à restructurer la base productive grecque et à prendre des mesures pour moderniser le tissu des PME. Bref, à rendre l’économie apte à affronter une nouvelle crise… dont tous les ingrédients sont déjà présents dans un cocktail explosif.

Source https://www.marianne.net/monde/europe/avec-la-pandemie-la-grece-caracole-en-dettes

A LIRE AUSSI :En Grèce, le Covid accélère l’installation d’une médecine de classe

Grèce : le Parlement vote l’augmentation des dépenses militaires et une baisse de celles de santé

Par Fabien Perrier
 

Alors que la deuxième vague de l’épidémie de coronavirus produit des ravages en Grèce, le Parlement a voté mardi 15 décembre un budget marqué par une hausse des dépenses d’armement, mais une baisse des dépenses de santé.

En Grèce, l’opposition au parti Nouvelle Démocratie dont le leader, Kyriakos Mitsotakis, est Premier ministre, est à cran. En cause : le budget 2021 voté ce 15 décembre par les 158 députés de la majorité. Alors que Mitsotakis a lui-même reconnu à la Vouli, le Parlement grec, que la Grèce se trouve confrontée à des « circonstances sans précédent », tout en soulignant « l’incertitude » et « l’inconnu sur la fin de la crise » sanitaire actuelle, ce budget comporte une augmentation de 57% des dépenses d’armement, passant à 5,5 milliards d’euros. À l’inverse, celles de santé subissent une baisse de 17% par rapport à l’année 2020.

L’opposition de gauche (Syriza, KKE et MeRa) a refusé de voter le budget. Ex-Premier ministre et chef de file de Syriza, Alexis Tsipras a lancé depuis la tribune du Parlement : « Dans un monde qui change et qui comprend l’importance de la protection sociale et du système de santé public, le gouvernement de la Nouvelle Démocratie nous conduit à la faillite comme en 2010. » 2010, ou le début de la « crise grecque », quand la dette grecque a servi à légitimer les politiques d’austérité appliquées dans le pays.

Joli cadeau pour Dassault

Cette année, d’après les prévisions, le PIB de la Grèce devrait se contracter de 10,5% en 2020, avant une reprise de 4,8% en 2021, en deçà des prévisions antérieures de 7,5%. Parallèlement, le gouvernement a prévu de dépenser 24 milliards d’euros en 2020 et 7,5 milliards en 2021 pour faire face à la pandémie et amortir ses conséquences économiques. A peine sortie de 10 années de crise et de potion d’austérité administrée dans le pays, nombreux sont ceux qui craignent une augmentation des déficits publics… et une nouvelle crise. En effet, la dette devrait atteindre 209% du PIB.

Surtout, à la veille de Noël, le groupe français Dassault semble bénéficier d’un joli cadeau. Le plan défense prévoit l’achat de 18 Rafales français, dont 12 d’occasion provenant de l’armée française et 6 neufs de chez Dassault. Le coût total de l’opération s’élèverait à 2,5 milliards d’euros, dont 1,5 milliard l’an prochain. Les députés grecs doivent approuver le contrat « dans les jours prochains », a déclaré le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis.

Escalade en Méditerranée orientale

Quant à la ministre des Armées Florence Parly, elle est attendue à Athènes le 23 décembre pour conclure le contrat. Lors de son annonce, en septembre, cette dernière a souligné que c’est la première fois que cet avion de combat va être vendu à un pays européen. L’embauche de 15 000 personnes supplémentaires dans l’armée grecque, l’achat d’armes de toutes sortes, de nouvelles frégates, d’hélicoptères, de drones et la mise à niveau de ses avions F-16, en partenariat avec la compagnie américaine Lockheed Martin contribuent également à l’augmentation du budget de la défense.

Reste que si cet achat d’armes et ce renforcement de l’armée grecque inquiètent, c’est aussi parce qu’ils s’inscrivent sur fond d’escalade permanente des tensions entre la Grèce et la Turquie en Méditerranée orientale. Les deux voisins se disputent l’exploration et l’exploitation d’hydrocarbures dans les sous-sols maritimes de la zone.

 

Source https://www.marianne.net/monde/europe/grece-le-parlement-vote-laugmentation-des-depenses-militaires-et-une-baisse-de-celles-de-sante?fbclid=IwAR13Kqb80qDKRaILIDNmcpnB2UkC-qCSOG0qV8GOlCHOpUSx06lEc32k13g

Le tourisme grec entraîne l’économie dans sa chute

Par Fabien Perrier

En Grèce, après trois mois de fermeture due au confinement, les acteurs du tourisme tentent un redémarrage, mais les premiers signaux sont inquiétants.

« Dans le monde, la première victime du coronavirus est le tourisme et nous ne devons en aucun cas sous-estimer la magnitude de la crise économique que nous vivons. C’est la plus grande crise financière en 70 ans. » Phrase choc, déclaration cash : ainsi s’est exprimé le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis devant les professionnels du secteur, le 25 juin lors de l’assemblée générale de la Confédération grecque du tourisme (SETE).

Dix jours auparavant, il ouvrait la saison touristique dans le pays après trois mois de mise à l’arrêt pour cause de pandémie. Avec un espoir : que l’image de bonne gestion du Covid-19 – qui n’a fait « que » 191 morts pour 10,8 millions d’habitants – rassure des touristes désireux de soleil et de mer et les amène en Grèce. Car pour l’économie, le secteur touristique est vital : il pèse 25,7 % du PIB. La Grèce pourra-t-elle tirer son épingle du jeu cet été ?

Dépendance au tourisme

Ce pari, le gouvernement l’a fait très tôt pour éviter « le media bashing qui, au début des années 2010 avait nui au tourisme », selon Hécate Vergopoulos, enseignante-chercheuse au GRIPIC et auteure d’un livre sur le sujet1. Le Premier ministre déclare ainsi dès le 23 mars le confinement général. Bars, tavernes, lieux de spectacle, hôtels sont fermés, les vols suspendus. L’économie tourne au ralenti dans un pays fermé, pourtant très dépendant du tourisme.

Le nombre de voyageurs venus dans ce petit bout d’Europe en 2019 en donne la mesure : 34 millions d’après les données de la Banque de Grèce ! Le secteur génère directement 21,5 milliards d’euros (11,7 % du PIB). En incluant les revenus indirects, cette part grimpe à 25,7 % du PIB, voire à 30,9 %, selon le multiplicateur retenu. C’est bien au-delà de la moyenne européenne2.

Ce poids du tourisme résulte d’un double phénomène : d’une part, le développement du secteur touristique ; de l’autre, les changements de la structure économique grecque en faveur des services. « Jusqu’à la fin des années 1970, le tourisme était essentiellement intérieur, très sélectif sur le plan des voyageurs extérieurs. Dans les années 1980, les infrastructures hôtelières ont commencé à se développer ; en moyenne, 5 millions de touristes venaient en Grèce. De luxe, le tourisme a entamé une mue vers un tourisme de masse qui a explosé dans les années 1990 », retrace Savas Robolis, professeur émérite d’économie à l’université Panteion d’Athènes3.

Parallèlement, la structure économique du pays a changé. Dans les années 1970, la construction était la locomotive d’une économie dominée par l’agriculture et le secteur industriel. Au fil des décennies, la Grèce se transforme en une économie de services, les secteurs agricoles et industriels s’effondrent. Le développement du tourisme est déconnecté de la production intérieure et se fait en important les produits manufacturés nécessaires.

Ce déséquilibre est renforcé après la crise économique de 2008 à 2018. Les politiques d’austérité appliquées mènent à un effondrement du PIB de 25 %… Quand la croissance repart, c’est d’abord grâce au tourisme. En 2019, ce secteur croît de 12,1 %, contre 2,2 % pour le PIB total. Conséquence : la part du tourisme est hypertrophiée dans l’économie du pays, renforçant ses fragilités en cas de choc.

Crise attendue

Ces dernières apparaissent au grand jour avec la crise du Covid-19. Le 15 juin, après trois mois de léthargie, les hôtels rouvrent ; les vols internationaux vers Athènes et Thessalonique reprennent. Au 1er juillet, les aéroports régionaux, notamment sur les îles, accueillent à nouveau des vols internationaux. Mais les carnets de réservations des hôtels restent vides… et, faute de remplissage, de nombreux vols sont annulés à la dernière minute.

Ainsi, un professionnel du secteur confie : « Plus le temps avance, plus le pessimisme gagne. » Car les bonnes statistiques sanitaires et « l’authenticité grecque », qui selon Hécate Vergopoulos attirent traditionnellement les touristes, ne suffisent pas à capter la clientèle.

Directeur de recherche pour la SETE, Aris Ikkos décrypte : « Il est aujourd’hui impossible de faire une estimation précise de l’impact du Covid sur le tourisme. Nous n’avons qu’une certitude : la chute sera très importante. » En effet, la Grèce table sur 5 millions de touristes en 2020, soit le niveau des années 1980. Le secteur hôtelier devrait perdre 4,5 milliards d’euros et 65 % des hôteliers grecs risquent la faillite, prévient la Chambre hellénique des hôteliers. Pour le ministère des Finances, la perte de PIB pour 2020 serait comprise entre 10 % et 13 %.

Or, « le tourisme a été le secteur le plus résilient durant la récession, atténuant le chômage », analyse le cabinet E&Y, qui vient de publier une étude sur l’impact du Covid. Actuellement, un salarié sur cinq, soit 700 000 personnes, vit du tourisme. Mais, selon les prévisions du président du syndicat panhellénique de la restauration et du tourisme, Giorgos Chotzoglou : « Comme des centaines d’hôtels et de restaurants resteront fermés, des milliers d’emplois sont menacés. » Il craint même que deux tiers des actifs du secteur ne trouvent aucun emploi cet été.

Certes, « le gouvernement a accordé une indemnité de 400 euros par mois », concède-t-il. Elle a été versée aux salariés du secteur privés d’emplois à cause du Covid-19. « Mais qui peut vivre avec 9 euros par jour ? » Enfin, il pointe un autre problème : « Les saisonniers ne perçoivent une indemnité chômage l’hiver que s’ils ont cotisé l’été. Comment vont-ils faire désormais ? »

L’inquiétude est légitime. Fin juin, sur l’île de Rhodes, une fillette sous-alimentée s’est évanouie dans une boulangerie. Sa mère, employée à la saison dans un hôtel de Rhodes, élève seule ses deux enfants, et a confié ne pas avoir travaillé depuis « août dernier ». Or, l’hôtel qui l’emploie restera clos cette saison. Deux jours plus tard, un homme de 74 ans a été hospitalisé, à Volos, en Grèce continentale. Il s’était écroulé, affamé. Après le Covid, la Grèce est face à des défis économiques qui réveillent des démons encore présents dans les esprits. Ils s’appellent « mémorandum », ces accords de prêts à la Grèce avec, comme corollaires, des mesures d’austérité et la paupérisation.

  • 1. Hécate Vergopoulos, L’indécence touristique – Comment voyager en Grèce à l’heure de la crise ? Paris, Editions L’Harmattan, 2017.
  • 2. Le Conseil mondial des voyages et du tourisme estime à 20,8 % le poids du tourisme dans le PIB en 2019. En Europe, la moyenne est de 9,1 %. En France, il représente 8,5 %, en Italie, 13 % et en Espagne, 14,3 %.
  • 3. Savas Robolis est également auteur d’un livre qui retrace l’histoire économique du pays ainsi que son évolution : Savas Robolis, Vassilis Betsis, L’Odyssée de l’économie grecque (Οδύσσεια της ελληνικής οικονομίας), Athènes, Editions A. Livani, 2018.

Source https://www.alternatives-economiques.fr/tourisme-grec-entraine-leconomie-chute/00093344

Vers une Grèce sans Grecs ! 

Une catastrophe démographique : Vers une Grèce sans Grecs !  Par Dimitris Konstantakopoulos

Troisième de trois articles

En Grèce, les retraités meurent plus vite, l’espérance de vie et l’état de santé général de la population diminuent. Pour la première fois depuis la fin de la guerre civile (1949), les gens réfléchissent à deux fois avant de faire émigrer des enfants, des jeunes Grecs instruits, privant ainsi le pays du capital humain nécessaire. Les Grecs paient pour former certains des meilleurs médecins d’Europe, qui vont ensuite travailler dans les hôpitaux allemands. La population totale de la Grèce diminue en termes absolus et le pourcentage de Grecs d’origine et de conscience au sein de la population est également en baisse.

Une population qui vieillit, matériellement démunie, qui se sent moralement trahie, dans un désespoir et une insécurité totale, sans aucun droit ni aucune protection, vit aujourd’hui en Grèce !

Même si les méthodes sont différentes, ce qui arrive aux Grecs présente quelques analogies avec ce que les Romains auraient fait aux Juifs en l’an 60.

Il est également assez étonnant que les résultats des politiques de la Troïka soient assez similaires, même si les méthodes sont très différentes, aux plans d’Hitler pour la Grèce, tels que décrits par Winston Churchill dans ses mémoires. Le projet d’Hitler était de transformer la Grèce en une zone de vacances pour les Ariens et de transporter les Grecs au Moyen-Orient.

L’establishment occidental, et pas seulement les Allemands, a toujours été profondément divisé dans son attitude envers les Grecs et la Grèce, reflétant d’une certaine façon aussi sa division entre son aile plus démocratique et son aile plus totalitaire (cette querelle se reflète d’une certaine façon dans la façon différente dont Oxford et Cambridge voient la démocratie grecque antique et l’empire romain).

Il y a toujours eu une forte attitude philhellénique, mais aussi une forte attitude de « haine des Grecs » (comme celle du Premier ministre britannique Disraeli) en Occident. Quant à Samuel Huntington, l’idéologue de la « guerre des civilisations », il classe essentiellement les Grecs parmi les « nations ennemies » au même titre que les Russes. Les chrétiens orthodoxes sont pour lui le deuxième pire ennemi après les nations islamiques.
Coup d’Etat

L’ensemble du programme constituait une violation flagrante des principes fondamentaux de l’ordre constitutionnel grec (qui fait partie du droit européen), des principes fondamentaux sur lesquels l’Union européenne a été fondée et des dispositions clés du droit international.

Selon certains spécialistes, les dispositions de ce programme clairement néocolonial n’ont d’équivalent dans aucun des programmes du FMI appliqués dans les pays du tiers monde. (Pour une analyse approfondie des questions juridiques et même de « changement de régime », le lecteur peut consulter le discours de l’un des plus grands spécialistes européens du droit constitutionnel, le professeur Kasimatis, ici)

Ce programme a été appliqué contre la volonté directe des citoyens grecs, qu’ils ont exprimée de façon claire la seule fois où ils ont eu l’occasion de l’exprimer, lors du référendum de 2015.

Afin d’imposer ce programme, les principales puissances et institutions européennes, le FMI et les hommes politiques grecs qui ont collaboré avec eux, ont utilisé des méthodes de fraude, de chantage, de pression politique et économique, toutes inacceptables en général et au sein d’une Union soi-disant démocratique d’États, de peuples et de nations égaux, en particulier. Tous les accords signés par les gouvernements grecs pour appliquer le programme de sauvetage ont été le résultat de la coercition et de la violation des principes fondamentaux de l’ordre démocratique national et international.

L’imposition du programme grec était un coup d’État, mais un coup d’État au sens de Carl Schmitt, qui visait à établir un nouveau régime, d’abord en Grèce, puis dans toute l’Europe.

Les institutions démocratiques ne sont plus qu’une simple forme en Grèce, car le programme a en fait aboli les principes de la souveraineté populaire, nationale et étatique, du moins en matière de politique économique, la capacité de la société grecque à se reproduire et les bases économiques de la démocratie parlementaire. En effet, il a transformé la Grèce d’un État-nation capitaliste européen habituel et d’une démocratie parlementaire en une nouvelle forme de colonie, une colonie de la dette de la finance internationale gérée par le biais des institutions européennes et du FMI. Au cours de l’été 2015, les créanciers ont proposé au gouvernement grec un nouveau programme de plusieurs milliers de pages en anglais. Le programme a été traduit par des programmes de traduction automatique en grec en deux jours et a été voté en loi en deux jours supplémentaires. La même procédure a été suivie au printemps 2006.

C’est exactement ce qui fait de l’expérience grecque une opération d’importance fondamentale pour la transformation du régime social et politique occidental, représentant une coupure nette avec les principes de Souveraineté Populaire et Nationale, sur lesquels les régimes occidentaux étaient basés, au moins en théorie, après la Révolution française.

Tout cela ne peut guère être considéré comme une « coïncidence » ou un accident. Les architectes du traité de Maastricht semblent avoir pris en compte un tel scénario et la manière de l’utiliser, lorsqu’ils ont introduit dans le traité des clauses interdisant la solidarité de l’Union envers ses membres. Goldman Sachs a également joué un rôle essentiel depuis le tout début jusqu’à la création du problème de la bulle de la dette grecque, avec ses swaps grecs.

Source https://uwidata.com/11398-a-demographic-catastrophe-towards-a-greece-without-greeks/

2eme article Le programme grec de « renflouement » : un échec colossal Par Dimitris Konstantakopoulos

Si nous jugeons le programme grec non pas sur la base de nos propres critères, mais sur la base des objectifs qu’il s’est fixé et de ses prévisions, nous pouvons dire sans risque qu’il s’agit d’un échec gigantesque, de loin le plus important dans l’histoire des principales institutions économiques occidentales, comme le FMI, l’UE et la BCE.

À l’avenir, tout manuel d’économie dans le monde commencera par un chapitre intitulé « Le programme de sauvetage grec » : Ce que les économistes ne doivent faire dans aucun pays ».

Le programme grec a été lancé, soi-disant, pour aider la Grèce à faire face à une situation où les « marchés » (la finance internationale) refusaient de lui prêter, sa dette énorme étant considérée comme insoutenable.

En 2010, lorsque le programme a été lancé, la dette souveraine grecque représentait 129 % du PIB. Aujourd’hui, elle est supérieure à 185%. (Après le Coronavirus, elle sera probablement de plus de 200%).

Le programme de sauvetage n’a pas seulement échoué à résoudre le problème de la dette souveraine, il a ajouté à cela le problème tout aussi important d’une énorme dette privée, créée à la suite des mesures de la troïka (BCE, UE, FMI). En 2010, les prêts non remboursés aux banques étaient insignifiants. Aujourd’hui, près de la moitié des prêts ne le sont pas.

En 2010, les banques grecques avaient environ 220-240 milliards d’euros de dépôts. Aujourd’hui, elles ne sont plus grecques et disposent de la moitié de cette somme.

En 2010, la Grèce était dans une position beaucoup plus puissante vis-à-vis de ses prêteurs, qui étaient des banques et des fonds privés. Sa dette était réglementée par la loi grecque et son parlement national. Les litiges liés à la dette étaient du ressort des tribunaux grecs. La dette grecque était libellée en monnaie nationale grecque, donc si la Grèce quittait la zone euro, la dette serait sous-évaluée autant que la nouvelle monnaie nationale grecque introduite.

Maintenant que la dette est détenue par les États et les institutions internationales et régie par le droit colonial britannique, tous les biens publics grecs sont devenus une hypothèque au service de la dette, sa protection constitutionnelle étant levée. Les litiges liés à la dette sont du ressort des tribunaux étrangers et elle est libellée en euros.

La restructuration de la dette grecque (PSI, 2011-12), a été la première dans l’histoire entreprise contre les intérêts du pays débiteur ! Elle a modifié le statut juridique de la dette, tout en réduisant les réserves des fonds de pension, des hôpitaux, des universités, etc.

Le pays a connu une récession trois fois plus importante que ce que le FMI et l’UE avaient prévu, sans parler des prévisions du ministre grec des finances de l’époque qui parlait déjà de croissance d’ici 2012. C’est pourquoi nous avons déclaré que ce programme était un échec colossal, même selon ses propres termes.

Le FMI, les gouvernements européens, l’UE et la BCE utilisent les services de certains des meilleurs économistes du monde. Comment a-t-il été possible de faire une « erreur » aussi énorme ? Si c’était vraiment une erreur, pourquoi ne l’ont-ils pas corrigée et pourquoi ne l’ont-ils pas encore fait ?

C’est ce qui nous donne le droit de nous demander si ce programme était une erreur ou, plutôt, et dès le début, un programme destiné à atteindre un tel résultat. Le représentant du FMI en Grèce, le Danois Paul Thomsen, une sorte de tueur à gages économique et une personnalité sadique comme la plupart des personnes qui traitaient avec la Grèce au nom des organisations internationales, a révélé les objectifs cachés du programme lorsqu’il a déclaré que les salaires grecs devaient se situer quelque part entre les Portugais et les Bulgares.

Maintenant que la dette est détenue par les États et les institutions internationales et régie par le droit colonial britannique, tous les biens publics grecs sont devenus une hypothèque au service de la dette, sa protection constitutionnelle étant levée. Les litiges liés à la dette sont du ressort des tribunaux étrangers et elle est libellée en euros.

La restructuration de la dette grecque (PSI, 2011-12), a été la première dans l’histoire entreprise contre les intérêts du pays débiteur ! Elle a modifié le statut juridique de la dette, tout en réduisant les réserves des fonds de pension, des hôpitaux, des universités, etc.

Le pays a connu une récession trois fois plus importante que ce que le FMI et l’UE avaient prévu, sans parler des prévisions du ministre grec des finances de l’époque qui parlait déjà de croissance d’ici 2012. C’est pourquoi nous avons déclaré que ce programme était un échec colossal, même selon ses propres termes.

Le FMI, les gouvernements européens, l’UE et la BCE utilisent les services de certains des meilleurs économistes du monde. Comment a-t-il été possible de faire une « erreur » aussi énorme ? Si c’était vraiment une erreur, pourquoi ne l’ont-ils pas corrigée et pourquoi ne l’ont-ils pas encore fait ?

C’est ce qui nous donne le droit de nous demander si ce programme était une erreur ou, plutôt, et dès le début, un programme destiné à atteindre un tel résultat. Le représentant du FMI en Grèce, le Danois Paul Thomsen, une sorte de tueur à gages économique et une personnalité sadique comme la plupart des personnes qui traitaient avec la Grèce au nom des organisations internationales, a révélé les objectifs cachés du programme lorsqu’il a déclaré que les salaires grecs devaient se situer quelque part entre les Portugais et les Bulgares.

En déclarant cela, il a révélé par inadvertance la philosophie des dirigeants de l’UE aujourd’hui. Ils ne comprennent pas l’UE comme une organisation qui contribue à l’amélioration du niveau de vie. Ils comprennent l’UE comme une institution qui abaisse le niveau de vie et les droits sociaux de ses membres.

Nous voulons rappeler à nos lecteurs que ce programme n’a pas été imposé à la Grèce uniquement par l’Allemagne et l’UE. Pour que son imposition devienne possible, Berlin a dû conclure une alliance tacite avec des banques internationales pour attaquer la Grèce et créer les conditions justifiant le programme. Le programme a également été approuvé par le FMI, au mépris de ses propres règles et principes. Une telle chose ne pouvait pas se produire si la finance internationale et l’administration américaine ne le voulaient pas. Sans parler du rôle des banques américaines comme Goldman Sachs dans la création, tout d’abord, de la bulle de la dette grecque et ensuite dans son explosion.

Le résultat de la crise a été la destruction de la Grèce, le capital politique de l’Allemagne et l’affaiblissement de l’Europe au nom des banques internationales et des États-Unis. (La même chose s’est produite, soit dit en passant, lors de la crise yougoslave des années 90, lorsque la politique agressive et impérialiste de l’Allemagne, de l’Autriche et du Vatican a largement contribué à la désintégration sanglante des Balkans occidentaux, pour ensuite réhabiliter le rôle des États-Unis et de l’OTAN dans les affaires européennes et détruire définitivement toute condition préalable à une politique étrangère et de défense européenne commune).

Source https://uwidata.com/11219-the-greek-program-a-colossal-failure/

1er article Comment la finance internationale et l’Allemagne ont détruit la Grèce pour créer une UE totalitaire https://www.grece-austerite.ovh/finance-internationale-et-ue-autoritaire/

https://uwidata.com/11140-how-international-finance-and-germany-destroyed-greece-to-create-a-totalitarian-eu/

Entreprises grecques en difficultés

Six entreprises grecques sur dix en crise de liquidité après le confinement de leurs activités
Par Tasos Kokkinidis –

Six entreprises sur dix sont confrontées à des problèmes de liquidité, avec des réserves de trésorerie suffisantes pour continuer à fonctionner pendant moins de six mois – tandis que trois sur dix n’ont aucune réserve de trésorerie et seulement 15 % de liquidités suffisantes pour durer plus d’un an, selon une nouvelle enquête.

L’enquête, menée par l’organisation Endeavor Greece du 25 au 27 mai, a interrogé 100 entrepreneurs de petites et moyennes entreprises grecques ayant des taux de croissance élevés en 2019, issus de 15 secteurs industriels différents.

Selon les résultats, la moitié des entreprises avaient cessé tout ou partie de leur activité commerciale au cours des deux derniers mois et 57 % des entreprises ont vu leur chiffre d’affaires annuel diminuer, 17 % d’entre elles faisant état d’une baisse de 60 à 100 %. Toutefois, 24 % des participants ont enregistré une croissance au cours de la même période.

Plus de la moitié des entreprises ont mis une partie ou la totalité de leur personnel en congé. Jusqu’à présent, seulement 10 % des entreprises ont licencié des employés, mais ce pourcentage devrait augmenter de manière significative, puisque 30 % des entrepreneurs ont déclaré qu’ils seront obligés de réduire les salaires et de licencier du personnel d’environ 20 % d’ici la fin de l’année.

En ce qui concerne les mesures de soutien que les entreprises grecques ont choisi d’utiliser pour faire face à la crise, 51 % d’entre elles ont déclaré qu’elles ont licencié une partie importante de leur personnel, tandis que 35 % ont profité de la réduction de 40 % sur le loyer de leurs locaux commerciaux.

Par ailleurs, 46 % des entreprises interrogées ont suspendu le paiement de leurs impôts, tandis que 55 % ont pris des mesures pour accroître leur financement. Cependant, vingt pour cent des entreprises n’ont pas eu recours à la moindre mesure de soutien.

La pandémie a également redéfini de manière significative les scénarios utilisés par les entreprises pour déterminer et mettre en œuvre leur planification stratégique. Plus précisément, 53 % des entreprises fonctionnent selon un scénario qui prévoit que la récession se poursuivra jusqu’à la fin de 2020, 10 % jusqu’à la fin de 2021 et 3 % jusqu’à la fin de 2022.

Cependant, 34 % des entreprises fonctionnent selon un scénario qui prévoit que la croissance permettra à l’économie de se redresser dès l’été 2020.

En ce qui concerne le temps qu’il faudra à leur industrie pour regagner ce qu’elle a perdu, 27 % des chefs d’entreprise pensent qu’elle sera au niveau de 2019 d’ici la fin de 2020, 46 % estiment que cela se produira en 2021, tandis que 17 % ne prévoient pas un retour à la normale avant 2022.

Source : AMNA

Finance internationale et UE autoritaire

Comment la finance internationale et l’Allemagne ont détruit la Grèce pour créer une UE totalitaire par Dimitris Konstantakopoulos ( Journaliste, expert en géopolitique (Grèce)

Note : les données de l’article suivant prennent en compte l’état de l’économie et de la société grecque avant la récente crise du coronaire. Selon le FMI, la Grèce souffrira d’une plus grande dépression que tous les autres membres de l’UE en raison de la pandémie, mais rien n’est certain pour le moment. En tout cas, les résultats économiques et sociaux de la crise rendront les choses en Grèce bien pires que celles déjà décrites dans notre article.

En mai 2010, l’UE, la BCE, le FMI et le gouvernement grec ont signé un accord de prêt décrivant un « programme de sauvetage » sans précédent pour la Grèce. L’objectif déclaré de ce programme était de « sauver » la Grèce de la faillite et de l' »aider » à redresser son économie et ses finances publiques tout en remboursant ses prêts, principalement auprès des banques européennes.

La « question grecque » est de loin le principal sujet débattu par les dirigeants européens depuis près de dix ans. L' »expérience » grecque était censée non seulement « résoudre » les problèmes grecs, mais aussi créer un nouveau « paradigme » pour l’ensemble de la zone euro. Le 10 mai 2010, jour de la création du programme, Angela Merkel elle-même a expliqué publiquement que d’autres pays européens verront ce qui arrivera aux Grecs et qu’ils seront plus prudents à l’avenir.

L’importance européenne et internationale du programme grec dépasse de loin l’importance de l’économie grecque elle-même. Punir la Grèce et l’obliger à rembourser toute la dette exorbitante qu’elle avait contractée devait être un exemple d’une importance historique pour la solution de la question de la dette en satisfaisant toutes les demandes des banquiers et en sauvegardant le pouvoir de la finance internationale, un pouvoir qui a déjà dépassé celui des États et qui transforme l’UE elle-même.

D’une certaine manière, la guerre économique et politique lancée contre la Grèce (et dans une moindre mesure contre les soi-disant PIIGS) par les élites financières et politiques occidentales a servi d’introduction à l’immense lutte entre les peuples européens et la Finance, qui décidera du sort de notre civilisation, en quelque sorte de la même manière que la guerre civile espagnole (1936-39) a été l’ouverture de la Seconde Guerre mondiale en Europe.

On n’a jamais demandé aux Grecs eux-mêmes s’ils voulaient ce programme. Le gouvernement Papandreou l’a accepté malgré le fait qu’il ait été élu sur un programme complètement différent. Georges Papandréou lui-même s’est donné beaucoup de mal dans une interview préalable à son élection pour exclure toute probabilité d’impliquer le FMI dans les affaires grecques. La seule fois où l’on a demandé aux Grecs s’ils voulaient ce programme, c’était lors du référendum de 2015 et leur réponse a été un non sans équivoque. La plupart des juristes estiment que l’imposition de ce programme à la Grèce est contraire à la constitution et à la législation grecques, aux traités régissant le fonctionnement de l’UE, aux dispositions fondamentales du droit international et aussi aux statuts du FMI lui-même.

En raison du traitement sévère réservé au peuple grec, le prestige et le capital politique de l’UE et de l’Allemagne ont fortement diminué et les tendances centrifuges ont fortement augmenté dans toute l’Union européenne. Le référendum grec et le refus des gouvernements et des autorités européennes de le respecter ont beaucoup contribué au vote de Brexit et à la montée des partis radicaux de gauche et encore plus d’extrême droite dans toute l’Europe.

Au cours de l’été 2018, les autorités européennes et le gouvernement grec ont annoncé que le « programme de sauvetage de la Grèce » avait pris fin. Bien sûr, ce n’était rien d’autre qu’un mensonge de plus dans la lignée des énormes mensonges de l’Allemagne et des autorités européennes tout au long de la décennie de la crise grecque. Ce qui a vraiment pris fin en 2018, c’est l’obligation des « créanciers » de financer le remboursement des emprunts. Les termes clairement néocoloniaux des accords de prêt sont valables et certains resteront même valables pendant 99 ans ( !!!), période pendant laquelle la Grèce ne sera pas un pays souverain, mais plutôt une sorte de colonie de la dette. Ce que nous ne savons pas, c’est s’il y aura des Grecs en Grèce et, s’ils existent, à quel moment dans les 60 ou 100 prochaines années ils partiront.

À l’occasion des dix ans qui se sont écoulés depuis la signature du premier accord de prêt avec la Grèce, nous allons essayer de décrire ici pour nos lecteurs les principaux résultats de ce programme qui a façonné l’orientation de l’UE et qui aura une énorme influence sur la politique européenne pour les années ou décennies à venir.

Le programme grec n’a pas pris fin, pas plus que la crise grecque. Il s’agissait d’une énorme tromperie et d’un autre gros mensonge de la part des dirigeants occidentaux

L’Eurogroupe (les ministres des finances de l’UE) a décidé de ne plus financer le programme de sauvetage de la Grèce. Puis, ils ont commencé à affirmer que le programme et la crise grecque étaient tous deux terminés.

    Rien n’est plus éloigné de la vérité. En fait, les annonces des politiciens européens et grecs concernant la fin du programme de sauvetage ou de la crise grecque ne nous présentent rien de plus qu’un gigantesque village Potemkine, reflétant à la fois l’énorme impasse de l’UE et les fantastiques progrès du totalitarisme du monde occidental. Les hommes politiques sont plus ou moins nommés par des banquiers (par exemple, Emmanuel Macron de Rothschild), ces mêmes banquiers contrôlent la presse et les « intellectuels publics » et, en conséquence de tout cela, les hommes politiques peuvent revendiquer les choses les plus stupides et les faits les plus infondés sans courir le risque de paraître ridicules.

Le programme restera en place et tout le monde se demande si la Grèce sera en mesure de se financer sur les marchés en 2021, comme le suggèrent les prévisions de l’Eurogroupe.

Jusqu’à présent, toutes les prévisions économiques de l’UE concernant la Grèce, sans exception, ont échoué lamentablement. Cela signifie que soit les économistes et les autorités européennes sont totalement incompétents, soit, au contraire, ils connaissent très bien les conséquences destructrices de leur programme pour la Grèce et les cachent derrière des « calculs » et des « prévisions » erronés, qui leur permettent de dire a posteriori qu’ils ont commis des erreurs, et non des crimes.

Les obligations de la Grèce dans le cadre du programme de renflouement resteront valables au moins jusqu’en 2060 ( !!!), malgré la « fin du programme » supposée et rendue publique. La dette souveraine grecque reste « extrêmement non viable » selon le FMI. En réalité, ce que l’Eurogroupe a fait, c’est reporter une fois de plus la décision finale sur la Grèce et l’exécution probable de sa « condamnation à mort », tout en maintenant le pays bien à l’intérieur d’une « spirale de la mort » de la dette, comme l’a dit un jour George Soros.

La Grèce a dû accepter des excédents budgétaires primaires totalement irréalistes, jamais réalisés dans aucun pays, de 3,5 % jusqu’en 2022 et de 2,2 % en moyenne de 2022 à 2060 (ces chiffres sont actuellement révisés en raison du coronavirus, mais ils sont toujours indicatifs de la direction à suivre. D’ailleurs, même si Merkel permettra un certain assouplissement de l’austérité pendant un ou deux ans, le montant même de la dette grecque permettra de revenir très rapidement à la normale).

Outre le fait qu’ils sont totalement irréalistes, ces chiffres signifient une austérité perpétuelle et une quasi-stagnation du pays pendant 40 ans. Leur caractère totalement irréaliste est également apparu à cause du coronavirus. Il devient difficile de faire des prédictions pour six mois, comment peut-on faire des prédictions pour les 40 prochaines années ? C’est une aberration ridicule que d’élaborer un programme basé sur l’hypothèse de décennies de stabilité totale pour la Grèce, l’Europe et l’économie mondiale (ou, encore, c’est une façon de cacher un crime prémédité derrière de prétendues erreurs).

Si la Grèce ne respecte pas les règles, les quelques actifs de l’État qui lui restent, qui ont été transférés à un fonds spécial pendant 99 ans, seront vendus automatiquement et d’autres sanctions seront appliquées.

La Grèce restera sous une surveillance très stricte de l’UE jusqu’en 2060. Le FMI restera dans le programme, mais en tant que « conseiller ». Cela signifie que ses politiques resteront, mais pas son argent. Il continuera à détruire les Grecs et la Grèce, mais il ne sera pas considéré comme responsable de son activité criminelle ! Nous préférerions utiliser des termes purement économiques plutôt que ceux de la criminologie, mais nous pensons qu’il est contraire à la vérité de décrire un crime comme une politique économique simplement mauvaise et erronée.

L’Allemagne et l’UE, agissant au nom des banques européennes et des intérêts généraux de l' »Empire des finances » du capital financier international, ont refusé tout allégement de la dette, ce qui serait la seule solution au problème grec en 2010 et reste la seule solution aujourd’hui. Nous rappelons à nos lecteurs que cette méthode a été appliquée à l’Allemagne elle-même dans le passé (http://www.defenddemocracy.press/why-the-1953-cancellation-of-german-debt-wont-be-reproduced-for-greece-and-developing-countries/), mais aussi à la Pologne, à l’Irak et à d’autres clients occidentaux. Le fait que la Grèce ait été l’un des plus anciens membres de l’UE ou une nation historique, berceau de la notion de démocratie, n’a pas atténué la fureur avec laquelle Berlin et le FMI ont insisté sur un programme de destruction du pays sans résoudre ses problèmes ni rendre la dette grecque viable. L’Allemagne a même refusé une proposition française visant à inclure une clause de report du service de la dette si la Grèce ne produit pas un développement permettant le remboursement de la dette.

Lors de la pandémie de coronavirus, le gouvernement grec a demandé à l’Eurogroupe de permettre à Athènes de reporter de trois mois la confiscation des maisons des personnes qui ne peuvent pas payer leurs prêts aux banques. Les ministres de l’Eurogroupe ont refusé, malgré le danger réel d’expulsion de dizaines de milliers de Grecs de leurs maisons en pleine pandémie et la crise socio-économique.

Source https://uwidata.com/11140-how-international-finance-and-germany-destroyed-greece-to-create-a-totalitarian-eu/

Covid-19 : La Grèce tient le choc mais l’état du pays inquiète

Par Elisa Perrigueur

Les tests, ici aussi, sont un point sensible

Pour l’heure, les investissements viennent non pas des autorités mais surtout des fondations créées par des armateurs, acteurs économiques importants du pays, qui ont médiatisé leurs donations. Le groupe milliardaire Onassis a acheté pour 7,75 millions d’euros de masques pour le système de santé grec. Sa concurrente, la fondation Niarchos, investira 92 millions d’euros dans la lutte contre le Covid.

Pas assez pour faire face à une pandémie, assure Panagiotis G. Papanikolaou. Le 28 avril, il manifestera avec ses collègues devant les hôpitaux et le ministère de la santé. « Nous avons obtenu jusqu’ici la création de 120 lits en réanimation, ce qui porte le nombre total à seulement 690 pour 10 millions d’habitants, précise le médecin. Il manque au moins 1 500 docteurs et infirmières et des équipements de protection (gants, masques, blouses). 120 professionnels de santé ont contracté le virus et un médecin en est mort. » Si des établissements ont été officiellement dédiés au Covid-19, le risque d’une contamination intra-hospitalière plane. « Certains malades avec symptômes se rendent aux urgences. D’autres patients sont désormais réticents à venir à l’hôpital et ne sont pas soignés. Il faut absolument tester pour trier les patients », insiste Panagiotis G. Papanikolaou.

Les tests, c’est l’autre point sensible. La gestion du gouvernement s’évalue désormais à sa capacité à dépister sa population. Jusqu’ici, quelque 63 000 tests virologiques (PCR) ont été réalisés en Grèce. Ils sont pratiqués chaque jour. Les laboratoires supposés mener les analyses sont toutefois débordés et peu nombreux. « Cette semaine, nous allons commencer une série de tests sérologiques sur 3 000 personnes (médecins et citoyens), que nous avons commandés aux États-Unis ou en Chine, à trois mois d’intervalle pour avoir une idée de la diffusion du virus, tests censés mesurer l’immunité au virus », assure Andreas Karaminis, un professeur de médecine d’urgence à l’université de médecine d’Athènes et chef de réanimation cardio-chirurgicale au centre privé Onassis qui participe au dépistage. « Nous ne connaissons encore pas le nombre réel de gens en contact avec le Covid-19 en Grèce, admet celui-ci. Le confinement donnait des bons résultats sur le plan de la diffusion, mais sur l’immunité c’est problématique. »

Le gouvernement table malgré tout sur un déconfinement progressif courant mai. Le Premier ministre donnera les détails en début de semaine.

Athènes se prépare à relancer une économie mise à rude épreuve par un arrêt total. Le FMI table sur une récession de 10 % pour 2020. Le tourisme, qui compte pour 20 % du PIB, est menacé d’effondrement. Ce secteur repose sur les interactions et déplacements incompatibles avec le contagieux Covid. Il dépend aussi d’une clientèle venue de pays fortement touchés par le virus – France, Allemagne, États-Unis… Les professionnels de santé craignent l’importation du virus. Aujourd’hui, chaque voyageur de l’étranger doit se confiner 14 jours, sous peine d’une amende de 5 000 euros.

« M. Mitsotakis a choisi de fermer totalement l’économie pour éviter une hécatombe dans les hôpitaux. C’était un choix que personne ne peut juger mauvais, mais cette paralysie de l’activité aurait dû être doublée de davantage de moyens pour soutenir tous les salariés à l’arrêt. Ce n’est pas le cas », souligne la politologue Filippa Chatzistavrou. Environ un million de travailleurs contraints au chômage, soit 25 % de la population active, bénéficient d’une allocation de 800 euros pour 45 jours, soit 533 euros mensuels. « C’est une allocation très faible et mal allouée. Les chômeurs de longue durée, y compris les travailleurs au noir, les travailleurs collectivement licenciés des services au sol des compagnies aériennes, les travailleurs “ubérisés” ou postés ne sont pas concernés par cette mesure », remarque la politologue.

Aucune annonce n’a été faite pour les allocations qui suivront. Du côté de Bruxelles, l’Union européenne s’est accordée sur l’émission de prêts sans contrepartie pour les dépenses de santé liées au coronavirus. Mais tout prêt ne concernant pas la santé – octroyé via l’institution financière MES – restera assorti de « certaines conditions ». Ce qui pourrait laisser craindre de nouvelles mesures d’austérité pour ce pays qui a déjà connu dix ans de rigueur.

Source https://www.mediapart.fr/journal/international/270420/covid-19-la-grece-tient-le-choc-mais-l-etat-du-pays-inquiete?page_article=2

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