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Grèce : Berlin remporte une victoire décisive sur le dossier de la dette

Par Romaric Godin La tribune

 Le FMI pourrait rester en dehors du programme grec, ce qui enterre sa demande d’une restructuration d’envergure de la dette hellénique. Un succès pour Wolfgang Schäuble et une défaite au pire moment pour Alexis Tsipras.

La restructuration de la dette hellénique (176 % du PIB dont 70 % détenus par la zone euro) est, semble-t-il, renvoyée aux… calendes grecques. Certes, les discussions sur l’entrée dans le troisième programme d’aide à la Grèce (signé en août 2015) du Fonds Monétaire International (FMI) ne sont pas encore terminées officiellement. Et une décision devrait être prise par l’institution de Washington en décembre. Mais il paraît désormais évident que le gouvernement allemand est resté ferme sur sa position de rejet de toute restructuration de la dette grecque.

Le ministre fédéral allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a fait son choix. Après avoir tenté d’obtenir la participation financière du FMI au programme grec signé en août 2015 et l’absence de coupes dans le stock de dette grecque , il a finalement renoncé à son premier vœu pour se concentrer sur le second. Aussi le FMI devrait-il ne rester que comme « conseiller » dans le cadre de la troïka, si l’on en croit une information publiée dimanche 9 octobre par Reuters (et officiellement démentie par le FMI). Une situation qui, in fine, convient le mieux du monde à la Wilhelmstrasse, siège du ministère fédéral des Finances allemand.

Des concessions « gérables » pour le gouvernement allemand

Certes, la facture sera plus élevée pour les contribuables allemands et européens puisque c’est le Mécanisme européen de Stabilité (MES) qui devra assumer le versement complet du programme. Mais c’est un moindre mal pour Wolfgang Schäuble dans la mesure où il ne s’agit que d’une garantie donnée au MES. Ce dernier se contentera, grâce à ladite garantie, dans un premier temps, de lever de l’argent sur les marchés pour le reverser à Athènes. Le gouvernement grec utilisera ensuite largement cet argent pour rembourser le FMI (sur les prêts versés dans le cadre des programmes précédents), la BCE et… le MES. Bref, c’est un circuit quasi fermé que Wolfgang Schäuble pourra prétendre indolore. Du reste, comme la recapitalisation des banques grecques a coûté moins cher que prévu, le MES devra sans doute verser moins que les 86 milliards d’euros prévus, ce qui compensera la non-participation financière du FMI.

La fin de la discussion sur la dette grecque

Moyennant cette petite concession politiquement gérable, Wolfgang Schäuble obtient beaucoup. Le FMI sera officiellement exclu du champ des négociations sur la dette grecque. Certes, il restera créancier pour 13 milliards d’euros sur les 294,4 milliards d’euros de la dette grecque. Certes, il pourra toujours prétendre qu’il faut des coupes franches dans le stock de dette grecque pour le rendre « soutenable ». Mais, dans les faits, il n’aura plus de moyens de pression sur les principaux créanciers, les pays de la zone euro. Ceci clôt, de facto, toute possibilité d’une réduction du stock de dette pour la Grèce puisque, sur ce point, le pouvoir réside dans l’Eurogroupe et que l’Eurogroupe est largement dominé par Wolfgang Schäuble. Il y aura sans doute quelques aménagements qui, in fine, ne régleront pas l’essentiel et ne seront que des éléments cosmétiques qui ne modifieront pas la nécessité pour la Grèce de dégager des excédents considérables.

Le FMI restera un gendarme utile

Mais, parallèlement, comme le souligne la source officielle citée par Reuters, le FMI demeurera dans la « troïka » et sera plus qu’un « simple conseiller ». L’institution de Washington pourra donc jouer le rôle qu’elle a joué en juin 2015 : celui de l’agent de la fermeté contre la Grèce. En juin 2015, le FMI avait rejeté un projet d’accord avec les créanciers en insistant sur la coupe des retraites. Une position « logique » : en l’absence de réduction dans les dettes à rembourser, Athènes doit dégager des excédents primaires (hors service de la dette) considérables et donc pratiquer une forme d’austérité permanente. Le FMI « conseiller » de la troïka sera une instance technique. Quelles que soient ses idées sur la « soutenabilité » de la dette grecque, l’institution de Washington devra, dans les conditions qui se présentent, recommander des politiques basés sur la fiction de sa « soutenabilité ». Autrement dit, Wolfgang Schäuble conserve seulement ce qu’il pense être le « bon » FMI, celui qui promeut l’austérité et les « réformes » en Grèce.

Préoccupations électoralistes à Berlin

Le succès est donc total pour le ministre allemand dans le contexte électoral allemand actuel. Avant des élections fédérales dans un an qui s’annoncent difficiles pour la CDU/CSU, il ne saurait être question d’accorder une restructuration de la dette grecque à Athènes. Ceci serait perçu comme un « cadeau à Athènes » par les partis qui grignotent l’électorat chrétien-démocrate : les Libéraux de la FDP et les Eurosceptiques de l’AfD.

Avec cette solution, Wolfgang Schäuble peut justifier l’adoption d’un nouveau « plan d’aide » moyennant une position ferme sur les « réformes » envers Athènes. Le message envoyé aux contribuables et épargnants allemands, si inquiets ces jours-ci est donc que « leur » argent est sous bonne garde. En passant, la Wilhelmstrasse maintient une dernière illusion : celle que la Grèce pourra rembourser sa dette avec les seules « réformes », ce qui flatte directement un électorat conservateur allemand qui est persuadé de la « magie des réformes ». Bref, le ministre des Finances pourra prétendre défendre parfaitement les intérêts allemands dans un sens allemand.

L’impasse de la stratégie Schäuble

Peu lui importe donc que, désormais, la nécessité d’une restructuration importante de la dette grecque apparaisse comme une évidence, non seulement par le FMI, mais par la plupart des économistes. Même le gouverneur de la Banque de Grèce, Yannis Stournaras, peu susceptible de sympathies « gauchistes » et en conflit ouvert avec le gouvernement grec, a réclamé une coupe « équivalente » à celle de 2012. En réalité, cette absence de restructuration va à l’encontre même des objectifs affichés par le programme.

Comment attirer des investissements bien valorisés lorsqu’un tel stock de dette laisse planer sur l’économie grecque la nécessité d’excédents primaires considérables jusqu’en 2054 ? Comment donner envie d’entrer dans un marché intérieur soumis à une si longue « ponction » qui, du reste, ne peut qu’augmenter ? En effet, si, par un hasard extraordinaire, la Grèce retrouve un accès au marché, comme c’est l’objectif de la troïka et du gouvernement grec, elle refinancera une partie de la dette due à des conditions d’intérêts bas aux Etats de la zone euro par une dette de marché qu’elle devra payer bien plus cher. Or, la dynamique des intérêts est la première source de croissance de la dette. Bref, c’est une spirale infernale qui assure à la Grèce une croissance faible, des ressources de privatisations dérisoires et le maintien d’une dette insoutenable. Au final, c’est bien l’assurance d’un défaut à moyen terme. Wolfgang Schäuble fait donc peser sur les générations futures de contribuables allemands sa stratégie politique à court terme.

Le gouvernement grec, grand perdant de l’accord FMI-Berlin

Pour finir, le choix de Berlin ne fait qu’un perdant : le gouvernement grec. Ce dernier, il est vrai, n’a guère brillé dans cette affaire. Alexis Tsipras a défendu longtemps une position assez contradictoire : chasser le FMI du programme pour ne pas subir ses exigences tout en réclamant une restructuration de la dette. Son calcul était que les partenaires européens, impressionnés par la volonté de réformes du gouvernement grec allaient lui accorder de meilleures conditions et une coupe dans la dette. Vains espoirs alors qu’Angela Merkel a entièrement laissé le dossier grec à Wolfgang Schäuble. Du coup, lorsque le débat entre le FMI et Berlin est entré dans le vif du sujet, Athènes s’est retrouvée désarmée et contrainte à rester passivement spectatrice. Désormais, Alexis Tsipras perd un argument de poids dans sa rhétorique : son « obéissance » envers la troïka devait donner à la Grèce une restructuration de la dette grecque. Ce ne sera pas le cas.

Des « efforts » pour rien…

Tout ce qui reste du programme de Syriza de janvier 2015 a donc désormais disparu. C’est une très mauvaise nouvelle pour le premier ministre grec qui, en fin de semaine, va devoir faire face à un très difficile congrès de son parti Syriza. Il est vrai que la justification de la politique du gouvernement, réalisé sous la dictée des créanciers est de plus en plus difficile. La Grèce dégage un excédent budgétaire primaire désormais considérable (3,3 milliards d’euros sur les six premiers mois de 2016), un excédent obtenu par des rentrées fiscales record, mais ces « efforts » ne paient pas : les créanciers ne sont guère plus « compréhensibles » et ont réclamé en mai un système « d’ajustement automatique » des dépenses en cas de non-respect des  objectifs de 2018. Comment alors justifier auprès de Syriza et de l’opinion l’utilisation, comme jeudi dernier, de la force publique de façon assez violente contre les retraités qui manifestaient ?

Situation critique pour Alexis Tsipras

 Alexis Tsipras compte beaucoup sur la reprise économique annoncée l’an prochain. Mais outre que cette reprise demeure incertaine compte tenu des mesures d’austérité décidée pour l’an prochain, la situation sociale est si critique en Grèce que les effets politiques de cette reprise risquent de ne pas se faire sentir dans la population. Désormais, une grande partie de la population grecque ne croit plus en la politique, une autre considère qu’il est de meilleure politique de redonner le pouvoir aux « vrais amis » des créanciers, les Conservateurs de Nouvelle démocratie, désormais largement en tête dans les sondages. D’autant que Syriza, toujours engluée dans une attribution peu claire des licences de télévisions, s’est montrée incapable de renouveler la politique grecque. L’accord entre le FMI et Berlin sur le dos de la Grèce n’est donc qu’une mauvaise nouvelle de plus pour un premier ministre à qui la situation semble désormais totalement échapper.

Article original http://www.latribune.fr/economie/union-europeenne/grece-berlin-remporte-une-victoire-decisive-sur-le-dossier-de-la-dette-606241.html

Nous sommes entrés dans la phase de pillage du capitalisme

Traduction d’un extrait du blog de Paul Craig Roberts, ancien secrétaire adjoint au Trésor pour la politique économique. Il a été également rédacteur en chef adjoint du Wall Street Journal, chroniqueur pour Business Week, Scripps Howard Nouvelles Service et Creators Syndicate, enseignant dans plusieurs universités et il est l’auteur de nombreux ouvrages.

Après avoir utilisé avec succès l’UE pour conquérir le peuple grec en transformant l’ « aile gauche » du gouvernement grec en un pion des banques allemandes, l’Allemagne doit maintenant faire face au FMI qui l’empêche de piller la Grèce dans l’oubli général.

 Les règles du FMI empêchent l’organisation de prêter aux pays qui ne peuvent pas rembourser le prêt. Le FMI a conclu sur la base de faits et d’analyses que la Grèce ne peut pas rembourser. Par voie de conséquence, le FMI refuse de prêter à la Grèce l’argent destiné à rembourser des banques privées.

La position du FMI est que les créanciers de la Grèce, dont beaucoup ne sont pas des créanciers, mais ont tout simplement acheté de la dette grecque bon marché dans l’espoir de faire des profits, doivent effacer une partie de la dette grecque afin de réduire celle-ci à un montant compatible avec l’état de l’économie grecque.

 Les banques ne veulent pas que la Grèce soit en mesure de rembourser sa dette, parce qu’elles ont l’intention d’utiliser l’incapacité de la Grèce à rembourser pour dépouiller le pays de ses actifs et de ses ressources et pour démanteler le filet de sécurité sociale mis en place au cours du 20e siècle. Le néolibéralisme a l’intention de rétablir la féodalité : un petit nombre de seigneurs prédateurs et une multitude de serfs. Les 1% contre les 99%.

Le point de vue de l’Allemagne est que le FMI est censé prêter à la Grèce l’argent nécessaire au remboursement des banques privées allemandes. Ensuite le FMI se fera rembourser en forçant la Grèce à réduire ou supprimer les pensions de vieillesse, à réduire les services publics et l’emploi et à consacrer les recettes ainsi dégagées au remboursement de sa dette.

Étant donné que ces montants seront insuffisants, des mesures d’austérité supplémentaires sont imposées, obligeant la Grèce à vendre ses actifs nationaux – tels que les sociétés publiques d’eau, les ports et les îles grecques protégées – à des investisseurs étrangers, principalement aux banques elles-mêmes ou à leurs principaux clients.

Jusqu’à présent, les soi-disant «créanciers» ont seulement promis à une certaine forme d’allégement de la dette, pas encore décidée, d’ici deux ans. D’ici là, la fraction la plus jeune de la population grecque aura émigré et aura été remplacés par des immigrants fuyant les guerres menées par Washington au Moyen-Orient et en Afrique, ce qui fera exploser le système de protection sociale sous-financé de la Grèce.

En d’autres termes, la Grèce est en train d’être détruite par l’UE qu’elle a intégrée avec autant de confiance que d’imprudence. La même chose se passe au Portugal et est également en cours en Espagne et en Italie. Le même genre de pillage a déjà dévoré l’Irlande et la Lettonie (et un certain nombre de pays d’Amérique latine) et est en cours en Ukraine.

Les titres des journaux actuels stipulant qu’un accord avait été conclu entre le FMI et l’Allemagne sur la réduction de la dette grecque à un niveau supportable sont mensongers. Aucun «créancier» n’a encore accepté d’effacer un seul centime de la dette. Tout ce que le FMI a obtenu des soi-disant «créanciers» est une vague «promesse» de diminution de la dette d’un montant non précisé qui pourrait intervenir dans deux ans.

Les titres des journaux ne sont qu’un tissu d’âneries destiné à fournir un prétexte au FMI pour céder à la pression et violer ses propres règles. Il permet au FMI de dire qu’un effacement (futur et non précisé) de la dette permettra à la Grèce de s’acquitter du reste de sa dette et que, par conséquent, le FMI peut prêter de l’argent à la Grèce pour rembourser les banques privées.

 En d’autres termes, le FMI est devenu une autre institution occidentale sans loi dont la charte ne signifie rien de plus que la Constitution des États-Unis ou que la parole du gouvernement américain à Washington.

 Les médias persistent à appeler le pillage de la Grèce un «plan de sauvetage».

 Appeler «plan de sauvetage» le pillage d’un pays et de son peuple est proprement orwellien. Le lavage de cerveau est un tel succès que même les médias et les politiciens de la Grèce livrée au pillage appellent «plan de sauvetage» l’impérialisme financier auquel est soumis leur propre pays.

 Partout dans le monde occidental un grand nombre de mesures, prises à la fois au niveau des entreprises qu’au niveau du gouvernement, ont abouti à la stagnation de la croissance du revenu. Afin de continuer à afficher des bénéfices, les méga-banques et les multinationales se sont lancées dans le pillage. Les systèmes de sécurité sociale et les services publics – et aux États-Unis, même le système de sécurité des transports aériens – sont devenues des cibles pour la privatisation. Et l’endettement décrit si précisément par John Perkins dans son livre Les Confessions d’un assassin financier est mis en place pour préparer le pillage pays entiers.

Nous sommes entrés dans la phase de pillage du capitalisme. La dévastation en sera le résultat.

 Source : http://www.paulcraigroberts.org/2016/05/25/we-have-entered-the-looting-stage-of-capitalism-paul-craig-rober

Grèce. La dette privée – «Seisachtheia» – et la gauche

Publié par Alencontre le 26 – septembre – 2016
Les Etats font faillite, mais ils ne peuvent pas être… abolis. Ils survivent et, suite à leur «faillite», soit ils sont acculés à continuer de rembourser leur dette en épuisant la majorité laborieuse, soit ils dénoncent la dette publique et font le choix de la rupture et du conflit avec le système usurier capitaliste.

http://alencontre.org/europe/grece/grece-la-dette-privee-seisachtheia-1-et-la-gauche.html

Le constat alarmant du FMI sur l’économie grecque

Richard Hiault Les échos le 23/9/16

Alarmant, édifiant, inquiétant. Ce sont les qualificatifs qui viennent à l’esprit à la lecture du rapport du Fonds Monétaire International (FMI) sur la Grèce publié vendredi. Au vu des conclusions, il est difficile d’imaginer que l’institution multilatérale donnera son feu vert pour être aux côtés des Européens dans le nouveau plan d’aide à la Grèce. Pour qu’il participe, il faut que le redressement grec « marche sur ses deux jambes », avec « la mise en oeuvre » des réformes promises et avec « un allègement significatif de la dette », a indiqué, vendredi la chef de la mission du FMI, Delia Velculescu.

Dans son rapport, le FMI reconnaît les efforts du pays pour réduire ses déficits budgétaire et de balance courante à zéro en six ans. Mais ce résultat est dû à des mesures « uniques » et « ad-hoc » « qui ne sauraient être durables. Pour l’institution, il faut modifier le système de retraite financé par des taux d’imposition trop élevés et assis sur une base trop étroite de l’échelle des salaires. Il faut ensuite s’attaquer à l’insoutenabilité de la dette publique, qui frôle les 180  % du PIB malgré les allégements de dettes déjà opéré par le passé. Le Fonds est ainsi contre le maintien de surplus budgétaire sans précédent au risque de casser la croissance. Les objectifs d’un surplus primaire de 3,5 % du PIB (objectif assigné par la zone euro pour après 2018) sont irréalistes. Un autre allègement d’un montant « bien au-delà de ce qui est aujourd’hui envisagé » devra intervenir écrit le Fonds.

L’institution fustige la réforme du système fiscal mis en place. Il s’appuie « largement sur une hausse des taux d’imposition qui n’a abouti qu’à décourager les salariés de travailler dans l’économie formelle et à la prolifération de régimes fiscaux -en termes de tranches et de report de paiement – qui se sont avérés difficiles à appliquer. Plus de 60 régimes spécifiques de sécurité sociale ont vu le jour depuis 2001 », souligne le Fonds. Par ailleurs, la réforme de l’imposition sur le revenu a été incapable de mettre fin au système généreux de crédits d’impôt qui permet « à plus de la moitié des salariés – contre 8 % dans la zone euro en moyenne- d’être exempté de tout impôt ».

L’institution observe que la dette sociale et fiscale atteint aujourd’hui 70 % du PIB et que le taux de collecte fiscale annuel est passée d’un niveau déjà peu élevé de 75 % en 2010 à moins de 50  % aujourd’hui. Le FMI enjoint donc Athènes à mettre fin à « l’évasion fiscale des riches et des auto-entrepreneurs ».

L’institution appelle aussi à une réforme du régime des retraites. Les récentes réformes ont permis de diminuer de 1% du PIB les dépenses publiques au titre des retraites. C’est « bien trop faible par rapport à ce qui est requis » dans la mesure où le déficit du régime des retraites (11% du PIB à comparer à une moyenne de 2,5 % pour la zone euro) est insoutenable à terme. Maintenir un système qui privilégie les retraités actuels au détriment des futures pensionnés n’est pas compatible avec une croissance économique soutenable. Le Fonds veut donc une réduction des retraites versées lesquelles handicapent les autres dépenses sociales pourtant nécessaire. Pour des raisons d’économie la dépense publique a été « rognée jusqu’à l’os » tant et si bien que les « hôpitaux n’ont plus de seringues et que les bus publics sont immobilisés faute de pièces détachées ». Un non sens.

http://www.lesechos.fr/monde/europe/0211323094181-le-constat-alarmant-du-fmi-sur-leconomie-grecque-2029811.php?AB94SmgFUmU7PjjP.99

 

6e partie et fin de l’entretien « Généalogie des Politiques de l’anti-dette et du CADTM »

Publié sur le site du CADTM le 13/9  La Commission pour la vérité sur la dette grecque, la capitulation du gouvernement de Tsipras et les perspectives internationales pour la lutte contre les dettes illégitimes

Entretien avec Éric Toussaint, porte-parole et un des fondateurs du réseau international du Comité pour l’Abolition des Dettes illégiTiMes (CADTM). Propos recueillis par Benjamin Lemoine |1|

Cet entretien fait la généalogie de la lutte anti-dette, des plaidoyers pour son annulation, comme de la création empirique, au service des combats politiques, des concepts d’« illégitimité », « d’illégalité », ou du caractère « odieux » des dettes publiques.

6e partie et fin de l’entretien « Généalogie des Politiques de l’anti-dette et du CADTM »

http://www.cadtm.org/Grece-La-Commission-pour-la-verite

Tsipras déplore les divergences entre l’UE et le FMI

par George Georgiopoulos pour Capital

Les divergences entre le Fonds monétaire international (FMI) et l’Union européenne (UE) sur la gestion de la dette sont préjudiciables à la Grèce, a déclaré dimanche le Premier ministre grec Alexis Tsipras.

Estimant que la dette, qui représente plus de 170% du PIB, n’est pas seulement un problème grec mais « européen », Tsipras a dit que les investisseurs éviteront le pays tant que les deux organes ne se mettront pas d’accord sur les moyens de la restructurer.

« Pour moi, ce qui crée les conditions d’un retard pour ce qui est de regagner la confiance des marchés et des investisseurs (…) c’est le désaccord et les accrochages permanents entre le FMI et les institutions européennes », a dit le Premier ministre en conférence de presse.

Le FMI n’a toujours pas décidé s’il participerait à un troisième plan de renflouement de la Grèce, n’étant pas persuadé que la dette du pays soit gérable et que ses objectifs budgétaires soient réalisables.

Le ratio grec de la dette au PIB est le plus élevé de la zone euro.

Les divergences d’opinion des créanciers empêchent l’incorporation de la dette grecque dans le programme d’assouplissement quantitatif (QE) de la Banque centrale européenne (BCE), a poursuivi Tsipras.

La BCE a dit qu’elle ne pouvait déterminer la date à laquelle elle pourrait racheter de la dette grecque et que la Grèce devait subir une analyse relative à la gestion durable de sa dette avant que cela soit envisageable.

Les ministres des Finances de l’Union européenne ont réclamé vendredi une accélération des réformes convenues dans le cadre de l’accord de renflouement conclu en 2015, prévoyant une aide financière de 86 milliards d’euros jusqu’en 2018 en échange desdites réformes.

L’Eurogroupe a déjà accepté en mai le versement d’une tranche de 10,3 milliards d’euros, dont 7,5 milliards ont déjà été transférés, le solde devant l’être d’ici la fin octobre sous certaines conditions.

Tsipras a dit que la Grèce avait déjà accompli 70% des réformes exigées dans le cadre du plan de renflouement.

(Wilfrid Exbrayat pour le service français)

Grèce : L’ambivalence des dirigeants vis-à-vis de l’ordre financier et de la dette

Publié sur le site du CADTM le 7/9 :L’ambivalence des dirigeants vis-à-vis de l’ordre financier et de la dette malgré des débuts prometteurs de la lutte

Entretien avec Éric Toussaint, porte-parole et un des fondateurs du réseau international du Comité pour l’Abolition des Dettes illégiTiMes (CADTM). Propos recueillis par Benjamin Lemoine |1|

Cet entretien fait la généalogie de la lutte anti-dette, des plaidoyers pour son annulation, comme de la création empirique, au service des combats politiques, des concepts d’« illégitimité », « d’illégalité », ou du caractère « odieux » des dettes publiques.

Cette cinquième partie aborde l’expérience grecque entre 2010 et l’accession de Syriza au gouvernement en janvier 2015.

http://www.cadtm.org/Grece-L-ambivalence-des-dirigeants

L’interview d’Alexis Tsipras

 Revue de la presse hellénique 30/08/2016
Dans une interview accordée à l’hebdomadaire Real News (et reprise par la suite par l’ensemble des médias de la presse audiovisuelle et écrite), le premier ministre , M. Tsipras s’est référé aux négociations en vue du deuxième revue du programme grec.
« Nous ne revendiquons tout simplement pas mais nous exigeons et nous attendons conformément à l’accord que nous appliquons, les mesures concrètes qui rendront la dette viable. Ces mesures doivent évidement prévoir la réduction d’excédents primaires après 2018 qui ouvrirait de façon substantielle la voie au redressement de l’économie », a-t-il souligné. Il a estimé que « l’allègement de la dette pourrait même se réaliser d’ici l’achèvement du mandat du président américain, M. Omaba », en soulignant que « la voie est déjà ouverte depuis la conclusion de la première revue du programme grec ».
« La Grèce a respecté l’accord et attend maintenant que ses partenaires fassent de même », at-il ajouté.
Répondant à la question de savoir si le gouvernement qualifie de positive la participation du FMI au programme, M. Tsipras a souligné que « ce qui est le plus important pour la Grèce et de dissiper le climat d’incertitude ». « C’est pour cette raison que nous demandons à toutes les parties impliquées de faire clairement savoir leurs intentions le plus rapidement possible. En tout cas nous insistons sur le fait qu’un accord, c’est un accord, et qu’il doit être appliqué par tous indépendamment des élections qui sont organisées dans leur pays», a-t-il ajouté.
Sur la réduction des objectifs sur les excédents primaires après 2018, il a déclaré que cette décision est liée à la décision que prendra l’UE sur l’ allègement de la dette et il a rappelé que l’Europe s’est engagée en ce sens après l’accord de juin dernier et la décision de Eurogroupe du 25 mai qui serait concrétisée d’ici la fin de l’année, date à laquelle le FMI décidera de sa participation ou non au programme grec.
Sur la deuxième revue du programme grec, il a souligné que la ligne rouge du gouvernement était de ne pas céder à des mesures qui dépassent l’acquis social européen.
Sur le retour de la Grèce sur les marchés, il a souligné que « l’étape la plus importante sera l’adhésion de la Grèce à l’assouplissement quantitatif de la BCE en soulignant que cela interviendrait dans les prochains mois ». « A ce moment-là la Grèce pourrait retourner sur les marchés mais cela devrait se faire d’une façon sérieuse et réfléchie »,  a-t-il déclaré.
Sur sa participation au Sommet de dirigeants européens à Paris, le 25 août dernier, M. Tsipras a comparé  l’Europe à un « somnambule qui se dirige vers le gouffre » et souligné que « le Brexit soit éveillera les dirigeants européens soit constituera le début de la fin de l’UE ».
Il a ajouté que Berlin continue à fonctionner en tant que « caisse d’épargne » de l’Europe, avec des excédents excessifs, des salaires gelés, et un taux d’inflation faible au moment où le Sud, déficitaire, a battu tous les records en termes de chômage et de décroissance. «Si cela continue nous aurons des résultats désagréables lors des prochaines élections et référendums en Europe », a-t-il souligné. Et d’ajouter : « Si la doctrine de Schäuble en faveur d’une Europe à plusieurs vitesses et des zones économiques spéciales n’est pas abandonnée, l’Europe risquera la décomposition ».
M. Tsipras a estimé que les pays de l’Europe du sud doivent se regrouper et s’organiser en coopération avec d’autres pays de la région européenne, parler de la nécessité d’une convergence sociale en prenant des initiatives urgentes en faveur de la croissance et de l’emploi. Il s’est référé aux conséquences des décisions des gouvernements sociaux démocrates qui ont choisi de s’aligner, au cours des années 90, sur la droite et le néolibéralisme. Il a toutefois ajouté que le fait qu’on réalise désormais que ce choix a mené à l’impasse, est extrêmement positif car il créé des perspectives pour l’avenir. Il a ainsi qualifié d’extrêmement important le fait que les socialistes européens aient accepté sa proposition en faveur d’un débat pour rechercher un terrain commun de coopération avec la Gauche et les Verts.
Il a souligné par ailleurs que la question de l’Europe n’est pas seulement idéologique mais aussi une question de différentes vitesses.
Il a souligné, enfin, que les pays du Sud doivent désormais rechercher des moyens plus efficaces pour intervenir dans la politique européenne.
Sur ELSTAT (Office national des statistiques) et l’affaire Georgiou, il a souligné que ce dossier est entre les mains de la justice et n’appelle aucun commentaire de sa part. Il a toutefois déclaré que cette affaire a créé une grave tension interne au sein de la Nouvelle Démocratie.
Sur la Nouvelle Démocratie, il a estimé que le parti suit une stratégie d’opposition « constamment furieuse et incohérente » et ajouté que, si le parti continue ainsi, il aura des grandes difficultés pour se construire en tant que milieu politique sérieux.
Sur l’éventualité d’un remaniement après le congrès de SYRIZA il a déclaré que le souci constant de son gouvernement était la meilleure coordination et l’efficacité. « Le reste sera discuté le moment opportun », a-t-il souligné.
Il a insisté sur les réparations allemandes en déclarant qu’en aucun cas la Grèce renoncera de ses droits. Il a qualifié cette question de question nationale en soulignant : « nous élaborerons une feuille de route dans le but de clore cette question de la façon dont celle-ci devrait être close ».
Il a par ailleurs déclaré que le gouvernement suit de près les évolutions en Turquie et estime que le retour à la normale sera bénéfique pour tous. Il a qualifié de positif le fait, qu’après la tentative de coup d’Etat, les relations entre la Grèce et la Turquie n’ont pas été perturbées et il a déclaré que l’accord UE-Turquie continue à être appliqué.
La presse (in.gr, Avghi) relève que l’interview du PM a suscité de vives réactions au sein des partis de l’opposition. Ainsi,  la ND a estimé que « M. Tsipras conduit le pays vers la paupérisation et la marginalisation tout en restant accroché au pouvoir et en tentant de contrôler les institutions et les médias » Pour le PASOK « Tsipras perd son temps, il ne peut pas continuer à tromper les Grecs, le peuple a compris». La Rivière a qualifié M. Tsipras de « meilleur élève du vieux système politique qui a conduit le pays à la faillite ». Enfin le KKE a souligné : « le conte de M. Tsipras ne peut plus convaincre le peuple ».

Dédommagements allemands :

Revue de la presse hellénique 12/08/2016

Se référant à un article du magazine allemand « Der Spiegel », Kathimérini relève que le Parlement va débattre en Assemblée plénière et approuver le rapport de la commission interpartis pour la revendication des dettes allemandes, dans les dix premiers jours de septembre.  Selon le journal grec, les travaux de cette commission se sont terminés le 27 juillet. La magazine allemand qui prétend avoir eu connaissance de ce rapport, note que le montant revendiqué est de 269 milliards d’euros et relève que les rédacteurs proposent dans un premier temps la voie diplomatique pour atteindre cet objectif, sans exclure le recours à la justice, si nécessaire. L’article relève que, lors de la dernière réunion de la commission interpartis, le rapport a été rejeté par la ND, tandis que le parti communiste KKE et Aube dorée se sont abstenus. Il a été approuvé par SYRIZA, les ANEL, le parti démocratique, la Rivière et l’Union des centristes.

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