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Grèce. Néolibéralisme sauvage, militarisme et racisme institutionnel… et une lutte sociale victorieuse

Par Antonis Ntavanellos

La situation politique actuelle en Grèce est pleine de contradictions. Il s’agit d’un «moment» politique où tout le monde – tant ceux d’en haut que ceux d’en bas – comprend que le statu quo ante n’est pas viable et qu’il faut se préparer à des changements drastiques.

Je me sens obligé de commencer par mentionner une importante victoire de la classe ouvrière. Elle est survenue à un moment où elle était plus nécessaire que jamais. Il s’agit d’une lutte dans un secteur de travail caractérisé par une «flexibilisation» extrême. Elle a été menée dans une entreprise appelée E-Food, qui a commencé comme une «plate-forme» électronique pour vendre et livrer principalement de la nourriture, mais aussi d’autres produits.

E-Food a connu une croissance énorme pendant la pandémie et les confinements, employant 3000 travailleurs (avec des contrats «flexibles» ou des contrats temporaires de trois mois). Elle a réalisé d’importants bénéfices. L’entreprise s’est rendu compte que la nouvelle loi sur le travail – dont les dispositions sont hostiles aux salarié·e·s (voir à ce propos l’article publié sur le site le 22 juin 2021) – lui offrait une rare occasion de déréglementer encore plus les conditions de travail, afin de maximiser ses profits. Elle a annoncé aux livreurs qu’ils devaient accepter de devenir des travailleurs indépendants, en tant que «partenaires» de l’entreprise. Cela signifiait qu’ils devaient perdre la protection minimale de leurs droits de travail et s’engager dans une concurrence vicieuse entre eux afin d’obtenir un salaire minable à la pièce (c’est-à-dire à la course de livraison).

Une grève extraordinaire s’ensuivit. Elle remporta une victoire importante, fondée sur deux facteurs. Premièrement, elle a eu recours aux meilleures traditions du front uni des travailleurs. En effet, la grève a été soutenue grâce l’étroite coordination du Syndicat des travailleurs de l’alimentation et du tourisme (un syndicat sectoriel établi depuis longtemps, où le Parti communiste est la force dominante) avec l’«Assemblée des travailleurs des deux roues» (SVEOD, selon ses initiales grecques). SVEOD est l’une des «nouvelles» formes d’un syndicalisme  d’organisation active des travailleurs. SVEOD a de fortes racines parmi les livreurs et une implication sérieuse de forces anarchistes et autonomes.

Deuxièmement, elle a suscité – et a été appuyée par – une puissante vague de solidarité au sein d’une grande partie de la population, qui, pendant les confinements, avait reconnu les livreurs comme des «travailleurs de première ligne». L’utilisation des services d’E-Food par le public s’est immédiatement effondrée, tandis que le gouvernement a réalisé qu’il ne pouvait pas se permettre d’attaquer les livreurs d’E-Food qui s’étaient mis en grève et avaient organisé des manifestations massives de motards. E-Food a été contraint de battre en retraite de manière désordonnée, annonçant que les 2016 livreurs employés par la société sont désormais embauchés avec des contrats à durée indéterminée (CDI), ce qui constitue le degré le plus «réglementé» de rapports de travail qui subsiste en Grèce. Cette victoire a été très largement célébrée. Elle envoie un «message» ayant trait à la possibilité d’une résistance victorieuse à toute la classe ouvrière.

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Bien sûr, la mobilisation d’E-Food n’était pas un événement isolé. Dans les hôpitaux publics (contre les réductions des dépenses sociales) et dans les écoles publiques (contre un nouveau programme d’«évaluation» des enseignant·e·s), un agenda complet d’actions de grève est mis en place. A côté de ces catégories socio-professionnelles aptes à résister en utilisant «l’instrument» de la grève, nous ne pouvons qu’espérer qu’émerge une activité de résistance de la part de nouveaux secteurs du salariat. C’est pourquoi nous considérons que l’exemple victorieux d’E-Food est particulièrement important et aura possiblement des effets à moyen-long terme.

L’humeur de la classe ouvrière ne se mesure pas exclusivement avec le «thermomètre» des actions de grève. Cet été, les expériences sociales de la pandémie se sont combinées à celles traumatisantes des désastres provoqués par les incendies [voir à ce propos l’article publié sur ce site le 25 août]. Cela a suscité un climat d’indignation et de colère populaire contre le gouvernement de Kyriákos Mitsotakis. L’«usure» politique du gouvernement et de Mitsotakis lui-même a pu être constatée dans les sondages qui indiquent un recul de la confiance accordée au parti au pouvoir (Nouvelle Démocratie).

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C’est cette question que Mitsotakis a tenté d’aborder avec son discours «programmatique» lors de la Foire internationale de Thessalonique [du 11 au 19 septembre], qui sert traditionnellement de point de référence chaque année pour ce qui a trait au débat politique et à l’intérêt qu’il peut susciter. Avant la foire, la presse avait annoncé un «programme de distribution». Ce programme s’est avéré limité et principalement orienté vers les capitalistes (une réduction d’impôt sur les bénéfices) et… les riches (annulation de toute imposition sur les transferts d’actifs et de grandes propriétés). Le message politique de Kyriákos Mitsotakis était clair: «Nous ne changeons pas de politique!» Alors que, même face à des menaces majeures (pandémie) et des catastrophes majeures (incendies), «la priorité du gouvernement reste de promouvoir son programme et de mener à bien son projet de réformes».

Cette orientation a été soulignée par deux mesures emblématiques, qui se sont produites rapidement au cours des semaines suivantes.

1° Le gouvernement a achevé la privatisation du port du Pirée, dont le géant chinois Cosco détient désormais 51 % des parts. Les dockers du Pirée, qui avaient déjà fait l’amère expérience de ce que signifie travailler pour Cosco (refus de tout contrat collectif, interdiction du syndicalisme, intensification extrême de la charge de travail), sont maintenant totalement sans protection à l’intérieur d’une «zone franche» (comme les zones économiques spéciales) établie dans le plus grand port du pays. Alors que Cosco est libre de promouvoir son projet d’expansion (connexion du port avec les chemins de fer, construction d’un centre logistique, de ses propres hôtels, de ses salles de conférences, etc.)

2° Dans un mouvement de surprise absolue, le gouvernement a annoncé la privatisation soudaine de la Public Power Corporation (Dimósia Epichírisi Ilektrismoú – Société publique d’électricité), en vendant 51% de ses actions. Le maintien de la part majoritaire (c’est-à-dire du droit de gestion) de la Public Power Corporation était jusqu’à récemment une «ligne rouge» à ne pas franchir, même parmi les forces politiques bourgeoises. Elles considéraient la production d’énergie électrique comme un secteur d’«importance stratégique» pour le capitalisme grec et son Etat.

Ce qui s’était déjà produit, c’était la fragmentation de l’entreprise et la privatisation de la gestion du réseau de distribution [Hellenic Electricity Distribution Network Operator-HEDNO], en la vendant au groupe Macquarie, un fonds australien notoire qui a été décrit comme un «fonds vampire», car il a tendance à acheter des entreprises de services publics, à les sucer jusqu’à la moelle, puis à les abandonner en laissant des ruines derrière lui.

Mais cette fois-ci, Mitsotakis privatise la production d’énergie électrique, c’est-à-dire des usines, des projets hydroélectriques, des mines et des dizaines de milliers de travailleurs! Comme les néolibéraux le déclarent triomphalement dans la presse, c’est la plus grande privatisation de l’histoire du pays.

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Ces initiatives ne laissent aucune place aux illusions sur l’orientation de la politique économique et sociale du gouvernement. Contrairement à certaines réflexions et interrogations qui émergent dans le discours dominant aux Etats-Unis et dans certaines parties de l’Europe, le gouvernement grec reste pleinement engagé dans l’agenda et la stratégie néolibérale. Mais pour bien comprendre la nature de ce gouvernement, nous devons également prendre en compte ses actions dans deux autres domaines.

1° Les orientations au plan militaire et de l’armement

A Thessalonique, Mitsotakis a annoncé qu’il étendait à 24 l’achat initial de 18 coûteux avions de guerre français Rafale. Cet achat grandiose a été annoncé dans un pays qui, quelques semaines auparavant, avait désespérément besoin d’avions bombardier d’eau pour lutter contre les incendies, mais en manquait…

Et maintenant Mitsotakis annonce un programme colossal d’armement naval: l’achat de 3 + 1 frégates françaises Belharra et de 3 corvettes françaises Gowind. Ces navires de guerre français sont considérés comme des «engins lourds» (en particulier les frégates Belharra sont caractérisées comme des «Blue Water Navy», c’est-à-dire une force maritime capable d’opérer dans les eaux profondes des océans ouverts). Ils ont une grande puissance de feu destructrice, et ils peuvent fournir un soutien électronique à la force destructrice d’autres armements. Les sites web bellicistes «spécialisés» dans le militarisme affirment que la marine grecque est passée d’une force défensive en mer Egée à une force «stratégiquement présente» dans la Méditerranée orientale au sens large.

Le montant global des investissements publics dans de nouveaux avions et navires de guerre dépasse désormais les 10 milliards d’euros, un chiffre colossal au regard de la taille de l’économie grecque. C’est une provocation pour un pays dont les écoles et les hôpitaux publics sont en train de s’effondrer.

La décision d’acheter les frégates Belharra a un arrière-plan. Le gouvernement avait fait savoir à la presse qu’il avait l’intention d’acheter les frégates américaines MSCC, plus petites et moins chères. Mais, comme le décrit un journaliste spécialisé dans les questions d’«intérêt national», les amiraux se sont révoltés, exigeant des navires de guerre français plus modernes et plus «agressifs». Et le gouvernement s’est empressé d’obtempérer à leurs désirs.

Car Mitsotakis, en plus des avions de guerre Rafale et des frégates Belharra, a également «acheté» à Macron l’Accord de défense mutuelle entre la Grèce et la France. Cet accord déclare (surtout contre la Turquie) que toute action de guerre contre l’un des deux pays activera automatiquement l’engagement militaire de l’autre. Avec cet accord, l’impérialisme français officialise sa présence en Méditerranée orientale. Il y trouvera un réseau d’alliances déjà établi entre la Grèce, Chypre, l’Egypte et Israël, où l’impérialisme français jouera un rôle accru, voire prépondérant.

Ceux qui – surtout après AUKUS [alliance militaire tripartite formée par l’Australie, les Etats-Unis et le Royaume-Uni, rendue publique le 15 septembre] – considèrent les relations Europe-Etats-Unis comme uniquement (ou principalement) concurrentielles, devraient examiner en détail l’exemple du positionnement de la Grèce en Méditerranée orientale et dans les Balkans. Ainsi, alors que l’accord franco-grec était annoncé, les négociations sur l’accord défensif mutuel entre la Grèce et les Etats-Unis étaient finalisées. Cet accord prévoit un renforcement des bases militaires étatsuniennes à Souda (sur l’île de Crète), Alexandroúpolis (à côté de la frontière gréco-turque…), Larissa en Thessalie et Stefanoviki (en Magnésie, département de Thessalie). En échange, l’Etat grec recevra de l’armement des Etats-Unis: mise à niveau des avions de guerre F-16 en F-16 Fighting Falcon, dit Viper par les pilotes, incorporation de la Grèce à la production de F-35, achat de missiles et de projectiles de précision pour les forces terrestres.

L’argument constant des néolibéraux contre toute demande des travailleurs, l’affirmation selon laquelle «il n’y a pas de fonds disponibles» pour la satisfaire, s’avère être un mensonge total lorsqu’il s’agit d’armements et de la concurrence gréco-turque pour la domination régionale.

2° Racisme institutionnel

Dans la Grèce contemporaine, dans l’Europe du XXIe siècle, la question des réfugié·e·s est traitée avec une brutalité extrême qui peut être décrite comme relevant de crimes d’Etat.

Des dizaines de réfugiés qui réussissent – après de nombreux efforts et tourments – à atteindre les côtes grecques, sont retrouvés par les garde-côtes et ensuite ils… disparaissent. Lorsque les organisations antiracistes insistent pour savoir où ils se trouvent, les autorités officielles de l’Etat répondent sans vergogne: «Nous ne savons pas – Pas de commentaire.» C’est un secret de polichinelle que ces personnes sont «rapatriées», ce qui signifie qu’elles sont débarquées sur les côtes turques de la manière la plus illégale, inhumaine et dangereuse qui soit. Il s’agit d’une escalade monstrueuse de la tactique de refoulement, qui avait été utilisée par les garde-côtes, empêchant par la force les bateaux transportant des réfugiés d’entrer dans les eaux territoriales grecques.

Mitsotakis n’a pas hésité à donner à cette politique une dimension idéologique et à en assumer l’entière responsabilité. Dans son discours à Thessalonique, il a souligné que l’objectif de son gouvernement est de garantir «zéro arrivée» et que cette «tâche» peut être effectuée «par la police et les garde-côtes». Cette politique comporte deux volets. D’une part, la police s’assure que la vie des réfugiés qui atteignent le pays devienne insupportable, afin d’envoyer le message – comme l’a dit Mitsotakis – «Ne venez pas ici!». D’autre part, les garde-côtes utilisent des tactiques illégales de «pirates» pour s’assurer que seuls quelques-uns parmi les réfugié·e·s réussiront à franchir la frontière.

Ceux qui croient que les néolibéraux sont encore des libéraux en matière de droits de l’homme devraient y réfléchir à deux fois. Le gouvernement de Mitsotakis est un exemple clair de politiques néolibérales pro-capitalistes allant de pair avec un nationalisme et un militarisme impitoyables, ainsi qu’un racisme institutionnel d’Etat.

Ce n’est donc pas une coïncidence si, malgré la grande victoire antifasciste qui a conduit des dirigeants d’Aube dorée en prison, la politique gouvernementale crée un terrain fertile pour la réactivation des groupes fascistes. Les récentes attaques dangereuses perpétrées par des fascistes dans les écoles des quartiers pauvres de Thessalonique illustrent cette menace.

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Pour résumer, nous sommes face au gouvernement le plus dangereux que nous ayons connu en Grèce depuis la chute de la dictature militaire en 1974.

Ce gouvernement n’est pas indemne après la pandémie, les incendies, la crise socio-économique, etc. Son capital politique a diminué, suite aux expériences amères vécues par la population au cours de son actuel règne d’un peu plus de deux ans. Il se dirige vers de sérieuses épreuves, car en 2023, le capitalisme grec devra faire face à une nouvelle crise de la dette et trouver un nouvel équilibre viable au milieu des renégociations du Pacte de stabilité de l’UE.

Mais cela ne signifie pas que ce gouvernement est sur le point de s’effondrer (du moins pas maintenant). Il bénéficie toujours du soutien de la classe dirigeante. Et Mitsotakis cherchera à utiliser ce soutien afin d’imposer son règne par une politique agressive.

Les orientations et les tactiques des partis d’opposition sont donc un facteur important. A Thessalonique, Alexis Tsipras a fait un discours pour répondre à ce que Mitsotakis avait dit une semaine plus tôt. Il a parlé pendant des heures et a réussi à ne pas mentionner le mot «gauche» une seule fois! Il a parlé d’un «nouveau départ», avec la «classe moyenne» jouant un rôle central, à travers la formation d’un «gouvernement largement progressiste». Même les anciens symboles et couleurs de SYRIZA étaient absents de la salle où il a prononcé son discours et donné une conférence de presse. La couleur verte a prévalu (qui en Grèce est identifiée au PASOK social-démocrate), tandis que Tsipras a reproduit les slogans (et même les phrases fétiches…) les plus typiques de… Andreas Papandreou [1919-1996], le fondateur et leader historique du PASOK [créé en 1974].

Il n’est pas nécessaire d’avoir une grande expérience politique pour comprendre que cette stratégie de «centre-gauche» n’est pas une réponse efficace à l’agression et à la direction véritablement pro-capitaliste de Mitsotakis. On peut le constater dans les sondages d’opinion, où Nouvelle Démocratie perd du terrain mais où SYRIZA stagne.

Le vide dans la politique de gauche est évident. Cela met une certaine pression sur le Parti communiste, qui est «appelé» par la réalité existante à faire preuve d’initiative. Bien que l’on ne sache pas encore s’il le fera, ni surtout quel type d’initiatives il prendra. La situation met également la pression sur les forces de la gauche radicale-anticapitaliste pour qu’elles abordent la situation de leur fragmentation à la suite de la défaite de 2015.

L’élément d’espoir dans ce tableau est la tendance à la revitalisation des luttes «d’en bas«. Pour nous, la victoire des travailleurs dans E-Food et le message qu’elle a envoyé au reste de la classe ouvrière sont particulièrement importants. (Article reçu le 3 octobre 2021; traduction rédaction A l’Encontre)

Source http://alencontre.org/europe/grece/grece-neoliberalisme-sauvage-militarisme-et-racisme-institutionnel-et-une-lutte-sociale-victorieuse.html

La valeur nette d’Elon Musk est supérieure au PIB de la Grèce

Par Thomas Kissel 24 octobre 2021

La valeur nette personnelle d’Elon Musk est actuellement plus importante que le produit intérieur brut (PIB) de la Grèce. L’homme d’affaires et ingénieur qui est actuellement le PDG de Tesla et SpaceX vaut actuellement 219,9 milliards de dollars, alors que le PIB de la Grèce est de 189,4 milliards de dollars.

Qu’un seul individu vaille plus que n’importe quel pays développé est stupéfiant, mais qu’il vaille plus que la Grèce contemporaine n’est pas un mince exploit.

La Grèce est classée par le Fonds monétaire international comme une économie avancée à revenu élevé, dont l’économie est répartie entre les services (80 %), les secteurs industriels (16 %) et l’agriculture (4 %). Elle est actuellement la seizième plus grande économie de l’Union européenne, qui compte 27 membres au total.

Pour mettre encore plus en perspective le poids économique monumental de Musk, l’économie grecque connaît également une croissance extraordinairement rapide, le FMI ayant également annoncé la semaine dernière que l’économie du pays devrait connaître un taux de croissance de 6,5 % d’ici à la fin de 2021.

Le FMI a détaillé la croissance du pays pour 2021 dans son rapport sur les perspectives économiques mondiales, où il a également prévu que l’économie grecque connaîtrait une croissance de 4,6 % en 2022.

Le FMI prévoit que le taux d’inflation atteindra 1,3 % d’ici la fin de l’année, puis descendra à 0,4 % en 2022. Il prévoit que le taux de chômage tombera à 15,8 % en 2021, puis à 14,6 % l’année prochaine, soit une baisse de 16,4 % en 2020.

Mais le pays entier de la Grèce semble être dépassé par les profits que Musk a réalisés grâce à ses entreprises de voitures électriques et d’exploration spatiale, et certains analystes prédisent même que ces dernières pourraient faire de lui le premier trillionnaire de l’histoire.
Elon Musk entre dans une nouvelle ère avec la clôture de l’action Tesla à un niveau record vendredi

Elon Musk semble atteindre l’apogée de sa réussite professionnelle avec les entreprises Tesla et SpaceX, et sa fortune personnelle a atteint de nouveaux sommets en conséquence. L’action Tesla a clôturé à un niveau record de 909,68 dollars vendredi, deux jours seulement après que la société a publié son chiffre d’affaires et ses bénéfices pour le troisième trimestre, qui ont également atteint un niveau record. La capitalisation boursière de Tesla est d’environ 860 milliards de dollars.

Le mois dernier, le quinquagénaire a également pris la première place de la liste des personnes les plus riches du monde. Musk est la troisième personne de l’histoire à avoir amassé une fortune de 200 milliards de dollars, selon Forbes.

Si M. Musk s’est hissé au premier rang mondial de la fortune privée en grande partie grâce à sa société de véhicules électriques Tesla, un analyste de Morgan Stanley estime que l’avenir de sa société aérospatiale SpaceX lui fera franchir le seuil des mille milliards de dollars.

SpaceX « défie toute idée préconçue de ce qui était possible et du délai possible, en termes de fusées, de véhicules de lancement et d’infrastructure de soutien », a écrit Adam Jonas de Morgan Stanley mardi.

Jonas a confiance en SpaceX précisément parce qu’il considère que la société détient une multitude de sociétés en une seule, contenant l’exploration spatiale, l’infrastructure et l’observation de la Terre, ainsi que ses communications par satellite Starlink, que Jonas considère comme le plus grand acteur vers son évaluation de 200 milliards de dollars de la société.

Source ttps://greekreporter.com/2021/10/24/elon-musk-greece-gdp/

Les dernières nouvelles de Grèce par Yannis Youlountas

Dernières nouvelles de Grèce : importantes et nombreuses ce mois-ci !

par Yannis Youlountas

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Bonjour,
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Voici les dernières nouvelles de Grèce : importantes et nombreuses ce mois-ci !
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Au sommaire :
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– Mort de Mikis Théodorakis à 96 ans
– Remaniement ministériel, un fasciste de plus au gouvernement
– Camouflet pour Mitsotakis : un nouveau ministre refuse son poste
– La crise sociale s’aggrave malgré la hausse du tourisme : pourquoi ?
– Le chômage grimpe, la pauvreté s’étend en Grèce
– Forte hausse du prix des produits de première nécessité
– Les factures d’électricité augmentent de 50% !
– Mitsotakis prépare la privatisation de la sécurité sociale !
– Plusieurs ports grecs privatisés à vendre au plus offrant
– Le nouveau business des plages et bords de mer en Grèce
– Bilan des incendies : tout pour les flics, rien pour les pompiers
– La Grèce en pleine catastrophe climatique et écologique
– La population va passer sous les 10 millions d’habitants !
– Plusieurs sabotages d’usines durant l’été
– Affrontements entre fascistes et antifascistes à Athènes
– La police grecque torture des antifacistes venus de France
– Multiplication des agressions contre les solidaires internationaux
– Des membres d’ONG accusés de faciliter l’immigration illégale
– Le mur de la honte de 40km à la frontière turque est terminé
– Des amendes de 5000 euros pour les migrants à leur arrivée au prétexte de l’absence de test PCR
– Nouvelle loi pour accélérer les expulsions et entraver la solidarité
– Privation systématique de liberté et inaccessibilité des voies de recours pour les migrants
– Témoignage poignant : il s’est suicidé juste pour ça !
– Soutenir les actions solidaires avec les réfugiés afghans en Grèce
– Nous recherchons actuellement…
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Vu le nombre de sujets, on va faire court, sous forme de brèves.
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Mort de Mikis Théodorakis à 96 ans. Ses obsèques ont lieu aujourd’hui à Chania, sur l’île chérie de son père : la Crète. Depuis plusieurs jours, sa musique résonne un peu partout en Grèce  : lieux publics, rues et ruelles, bords de mer, initiatives populaires de toutes sortes et bien sûr à l’ouverture des événements sportifs. Une page de l’histoire grecque se tourne avec Théodorakis. Tout a été dit à son sujet, et pourtant il y a tant à dire ! Cependant, quelques personnes ont voulu créer une polémique, au plus mauvais moment à notre avis, à propos de certains des choix de Mikis— polémique à laquelle nous n’avons pas voulu prendre part. Que celui ou celle qui n’a jamais commis d’erreur dans sa vie jette la première pierre. Nous en avons tous fait. Distinguons les tyrans, les salauds et leurs complices et, à l’inverse, les gens qui ont réalisé des choses formidables durant l’essentiel de leur vie mais qui parfois se sont trompés, souvent dans leur jeunesse ou, à l’inverse, dans leurs vieux jours. C’est regrettable, mais cela ne mérite pas de salir la mémoire d’un homme qui vient tout juste de succomber après avoir été plusieurs fois torturé et enterré vivant durant son existence.
Remaniement ministériel, un fasciste de plus au gouvernement. L’extrême-droite est loin d’avoir disparu en Grèce ! Pire encore : elle gonfle au fil des mois les rangs des hommes au pouvoir, autour de Kyriakos Mitsotakis. Nous avons déjà parlé du pedigree des ministres Voridis (ministre de l’intérieur) et Giorgiadis (ministre du développement). Cette semaine, c’est leur ami Thanos Plevris qui vient de les rejoindre à la tête de l’État, en tant que ministre de la santé. Tous les trois ont commencé leur carrière politique au sein du parti nationaliste LAOS avant de rejoindre celui de Mitsotakis. Après avoir pris ses fonctions, sous la pression du Conseil central des communautés juives de Grèce (KIS), Plevris s’est finalement excusé pour avoir dit :« on peut comprendre que certains aient envie de rouvrir Auschwitz pour y exterminer à nouveau des Juifs ». Par contre, il ne s’est toujours pas excusé pour avoir préconisé « le recours à la force meurtière pour empêcher les migrants d’arriver en Grèce », ni pour sa suggestion de « refuser aux migrants l’accès à la nourriture, à l’eau et aux soins de santé, afin de rendre leurs conditions de vie en Grèce plus mauvaises que dans leur pays d’origine ». Le virage à l’extrême-droite du gouvernement Mitsotakis est confirmé. Sa politique envers les réfugiés et les solidaires ne cesse de le confirmer (voir plus bas).
Camouflet pour Mitsotakis : un nouveau ministre refuse son poste. Le premier ministre grec croyait pourtant faire un gros coup en nommant Évangelos Apostolakis, ancien ministre de Tsipras jusqu’en juillet 2019, à la tête du ministère de la protection civile du nouveau gouvernement. Mais sous les huées de la gauche grecque, Apostolakis a finalement renoncé. On ne compte plus les situations ridicules pour Mitsotakis et sa ribambelle de caricatures en Grèce. À noter qu’une seule femme a obtenu et accepté de rejoindre le radeau de la méduse gouvernemental lors de ce remaniement et qu’elle se nomme… Gaga (sic).
La crise sociale s’aggrave malgré la hausse du tourisme : pourquoi ? Certes, le tourisme s’est redressé cette année en Grèce, notamment du fait de la baisse d’autres destinations pour cause de covid19 : Tunisie, Maroc… Mais cela ne profite pas à la population grecque : le tourisme en Grèce est en train de muter du mode « routard » au mode « all inclusive » ou presque. D’autres phénomènes ont été observés. Par exemple, par crainte du covid19 ou parfois à cause de contraintes régionales, beaucoup de touristes en locations ont fait leurs courses dans des supermarchés pour ensuite aller s’enfermer le plus clair de leur temps. Et surtout : les salaires dans l’hôtellerie et la restauration ont continué à dégringoler. Il est loin le temps où une partie de la population pouvait se refaire pendant la saison touristique avant d’affronter l’hiver !
Le chômage grimpe, la pauvreté s’étend en Grèce. La cohue lors des actions solidaires le prouve actuellement : la pauvreté fait des ravages et cela ne cesse d’empirer. Des familles entières de Grecs précaires se retrouvent à la rue ou hébergées chez des proches, dans l’impossibilité de joindre les deux bouts. Le chômage a explosé, même si les chiffres officiels ne montrent pour l’instant qu’une partie de cette hausse, ne prenant pas en compte les nombreuses catégories non indemnisées. Cette semaine, Eurostat vient d’annoncer que la Grèce bat tous les records de chômage des jeunes en Europe pour le mois de juillet 2021. Des syndicalistes travaillant dans les services sociaux ont lancé une alerte : la situation commence à rappeler le début de la décennie écoulée et les moyens publics pour y faire face sont complètement insuffisants. Plus que jamais, ce sont les collectifs solidaires autogérés qui font le plus gros du boulot dans plusieurs zones de Grèce. « L’entraide plutôt que la queue pour rien », « Nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes », « L’État n’est plus rien, soyons tout ».
Forte hausse du prix des produits de première nécessité. Dans ce contexte de paupérisation galopante, l’augmentation annoncée des aliments de base risque d’être une catastrophe pour beaucoup. On parle, par exemple, d’un bond du prix du pain, alors que les Grecs sont parmi les principaux consommateurs en Europe, ou encore des pâtes, du café, etc.

Les factures d’électricité augmentent de 50% ! Au niveau de l’énergie aussi, de nombreuses hausses sont apparues dès le mois d’août et inquiètent fortement les plus pauvres. La Grèce peine à se fournir en électricité et le coût global de son approvisionnement a augmenté de 70% depuis début 2021. Elle est désormais le marché le plus cher de l’électricité en Europe, avec un prix de 157 euros le mégawattheure. Non seulement, c’est un problème immédiat pour les familles les plus démunies, mais cela participera aussi à l’amplification de la hausse des prix qui a déjà commencé depuis ces derniers mois.

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Mitsotakis lance la privatisation de la sécurité sociale ! Un malheur ne venant jamais seul, c’est le moment qu’à choisi l’État grec pour privatiser l’un des principaux moyens de veiller sur les plus démunis ! Ahurrissant ! La situation au niveau santé publique était déjà très médiocre, elle va devenir carrément catastrophique exceptée pour quelques spéculateurs qui vont s’en mettre plein les poches. Et qui va piloter cette privatisation ? Le sinistre Thanos Plevris, transfuge de l’extrême-droite ! Les manifs ont commencé. La prochaine aura lieu ce samedi 11 septembre à Thessalonique, pour essayer de perturber la visite de Mitsotakis à la Foire internationale annuelle. Les manifs continuent également contre les réformes scolaires et universitaires.
Plusieurs ports grecs privatisés à vendre au plus offrant. Les ports d’Igoumenitsa, Patras et Héraklion sont sur le point d’être bradés aux richissimes armateurs grecs qui financent les campagnes électorales de Mitsotakis et qui possèdent la plupart des médias dans le pays. Pas vraiment une surprise !
Le nouveau business des plages et bords de mer en Grèce. La privatisation des plages est maintenant relancée. La protection du littoral repasse au second plan. Les investisseurs en immobiliers vont pouvoir bétonner à gogo dans des zones jusqu’ici protégées. Au large de la côte ouest du pays, Total et Exxon-Mobil prospectent déjà, suite à un accord avec l’État grec, et espèrent commencer leurs forages dans quelques mois, y compris à quelques dizaines de kilomètres des plus belles plages de Crète. Des plages qui sont désormais payantes à beaucoup d’endroits : au prétexte des nombreuses chaises longues et des parasols installés un peu partout, il faut maintenant payer de 7 à 15 euros la journée, là où c’était gratuit, que vous soyez touriste ou riverain. Plusieurs échauffourées ont déjà eu lieu sur certaines plages de la première des îles grecques : « cela fait des décennies que nous venons nous baigner ici et nous ne paieront pas ! » Sur certaines plages, la stratégie est de faire payer 3 euros la première année pour faire accepter le principe, et ensuite augmenter dès la suivante. Les espace de gratuité se réduisent dans la société, au bord de la mer comme ailleurs.
Bilan des incendies : tout pour les flics, rien pour les pompiers. Les feux de l’été ont montré encore un fois la faiblesse des moyens de lutte contre les incendies. Pourtant, dès l’arrivée de la droite au pouvoir, en 2019, des sommes colossales ont été investies pour la police, mais toujours rien pour les pompiers. Rien d’étonnant à cela : en réalité, le pouvoir ne protège pas sa population, mais la surveille et la réprime. Son obsession est de la mater, de la contrôler pour conserver sa place dominante et tout ce qui en découle. Il n’y a rien à attendre du pouvoir. Au sein de la population sinistrée, beaucoup l’ont compris. La population en danger s’est débrouillée le plus souvent toute seule avec les moyens du bord. L’entraide et l’autogestion ont été, une fois de plus, les deux mots clés et ont montré de quoi le collectif est capable quand il est abandonné à lui-même. Cette nouvelle expérience violente et dramatique continue néanmoins d’ouvrir les yeux sur l’hypocrisie du pouvoir et sur notre faculté à nous organiser nous-mêmes, sans ceux qui prétendent nous gouverner et, en particulier, résoudre les problèmes dont ils sont le plus souvent la cause.
Afidnes, août 2021 (Photo de Mario Lolos)
La Grèce en pleine catastrophe climatique et écologique. Les incendies nous ont aussi rappelé l’impact du changement climatique sur l’environnement et la multiplication des risques qui en découlent. La sécheresse devient très intense l’été, les pluies d’hiver sont parfois diluviennes, on ne compte plus les innondations tout comme les incendies, mais aussi les petites tornades qui sont plus nombreuses qu’avant selon les insulaires, notamment dans le sud de la Crète. La mutation de l’agriculture a, elle aussi, participé à cette catastrophe : ici, la terre est épuisée, là, elle est abandonnée à des amas de broussailles. On recherche frénétiquement les grandes surfaces planes pour en faire le maximum de profit et on ne s’occupe plus du reste. On pulvérise des tonnes de produits phytosanitaires au point de décupler certains cancers chez les ouvriers agricoles dont l’espérance de vie a encore chuté ces dernières années. On bétonne les collines et les bords de mer, puis on s’étonne des innondations mortifères, des coulées de boue et de gravas. Tout cela relève d’un choix criminel : au bout du compte, en organisant ainsi la société et l’économie, on tue la Terre et toutes celles et ceux qui y vivent. Pas besoin d’être devin pour voir ce qui nous attend si nous continuons dans cette voie.

Une population qui va passer sous les 10 millions d’habitants. Il y a dix ans, la Grèce dépassait largement les 11 millions d’habitants. Depuis, elle a perdu un demi-million d’habitants et, selon plusieurs projections (dont celles d’Eurostat), la dégringolade devrait continuer dans les prochaines années au point de passer sous la barre des 10 millions d’habitants avant 2030. Un exemple frappant en ce moment : en cette rentrée scolaire 2021, près de 40 écoles ferment en Épire (nord-ouest de la Grèce) faute d’élèves.
Plusieurs sabotages d’usines durant l’été. Des actions anticapitalistes nocturnes se sont multipliées dans plusieurs villes grecques ces dernières semaines. Notamment à Volos, à mi-chemin entre Athènes et Thessalonique, contre la plus grande cimeterie d’Europe : l’usine AGET qui appartient au groupe Lafarge. Cette action a été dédié à la mémoire de Vassilis Maggos, mort sous la torture au commissariat de Volos l’année passée. D’autres actions de ce type se déroulées à Athènes contre diverses entreprises, notamment dans le quartier de Vyronas ou encore contre la société de recouvrement de créances Paladino SA dans le quartier de Nea Ionia.
Affrontements entre fascistes et antifascistes à Athènes. Un groupe d’extrême-droite voulait s’opposer aux actions de soutien menées en faveur des réfugiés à Metaxourgeio (700 mètres à l’ouest d’Exarcheia). 200 antifascistes se sont immédiatement rassemblés pour riposter et les ont repoussé. La police de Mitsotakis est aussitôt arrivée sur les lieux pour protéger les fascistes en utilisant des gaz lacrymogènes et a fait trois arrestations.
La police grecque torture des antifacistes venus de France. Des membres du Groupe Antifasciste Lyon et Environs étaient présents à Exarcheia durant l’été. Ils ont brutalement été emmenés au commissariat, à la bordure Est d’Exarcheia, puis ont longuement été passés à tabac dans l’obscurité totale. Merci de diffuser autour de vous leur témoignage pour dénoncer ces pratiques :
Vous pouvez également participer à la solidarité financière qui s’est mise en place pour leurs frais de Justice en Grèce :
Multiplication des agressions contre les solidaires internationaux. Ces dernières années, les violences contre les solidaires internationaux sont nombreuses, tant du fait des groupes fascistes que des policiers les plus virulents. Notre convoi solidaire de l’automne 2017, par exemple, avait été particulièrement périlleux : barrage policier, filatures très visibles, pressions diverses, propagande médiatique, accusations délirantes, menaces fascistes explicites, attaque incendiaire néo-nazie sur un de nos lieux, six membres du convoi blessés par des policiers durant une manif, un autre arrêté, frappé, poursuivi en Justice puis libéré… Les détails ici :
Il y a deux ans, des policiers m’avaient bizarrement insulté durant une altercation… la veille de mon tabassage en pleine rue du Pirée par des néo-nazis ! Et ce n’est pas les flics qui m’avaient ensuite secouru, mais les passagers d’un tramway arrivé juste à temps, alors que les coups étaient en train de pleuvoir.
Depuis deux ans, c’est de pire en pire : les contrôles policiers sont incessants, les menaces fréquentes et les arrestations souvent violentes. Durant l’été 2019, la moitié des solidaires français et belges venus à Athènes pour soutenir le squat Notara 26 (menacé d’évacuation) ont subi toutes sortes de pressions et de violences. Seb (de Belgique) et Léon (de France) témoignent ici fin août 2019 :
Cette année, plusieurs d’entre nous ont, à nouveau, été inquiétés, voire brutalisés (un ami toulousain est rentré en France avec plusieurs grandes cicatrices). Jusqu’aux actes de tortures sur nos camarades lyonnais en juillet dernier, décrits un peu plus haut. Le pouvoir et ses valets ne souhaitent pas nous voir continuer à aider. Mais ils peuvent d’ores-et-déjà faire une croix dessus : nous ne sommes pas prêts de baisser les bras ! Nous continuons sur place, en ce moment même, et de nouveaux renforts viendront bientôt de l’hexagone et du plat pays 😉
Des membres d’ONG accusés de faciliter l’immigration illégale. Les membres de collectifs solidaires autogérés ne sont pas les seuls à subir ces pressions en Grèce. Certaines ONG sont également dans le collimateur. Il y a une semaine, deux amis français ont été menacé de poursuites pour « soutien à l’immigration illégale » et ont finalement renoncé à rester près des zones de sauvetage. Un mois auparavant, 10 solidaires internationaux de 3 ONG différentes étaient également accusés de cela et même « d’espionnage des actions des garde-côtes grecs » !
Le gouvernement Mitsotakis veut dissuader par tous les moyens les solidaires d’agir. Mais il n’a fait que tisser des liens entre nous : nous communiquons beaucoup plus, par-delà nos différences, et nous nous entraidons souvent.
Le mur de la honte à la frontière turque est terminé. L’État grec vient de bâtir un immense mur anti-migrants de 40km à la frontière turque, en prolongement du précédent qui faisait 12km de long. Mitsotakis espère ainsi limiter la venue des réfugiés afghans que son gouvernement refuse totalement d’accueillir. Cependant, les arrivées de réfugiés se poursuivent tout de même depuis des semaines, notamment par mer. Mais il y en a nettement moins qu’autrefois à Lesbos et à Chios (trois fois moins environ).
Des amendes de 5000 euros pour les migrants à leur arrivée. On nage en plein délire ! Au prétexte de lutter contre le Covid19, des amendes de 5 000 euros ont été infligées à des demandeurs d’asile arrivés en août par bateau sur l’île de Chios ! Le motif ? La non présentation d’un test PCR, habituellement imposé aux étrangers venant sur le territoire hellénique ! Cette confusion volontaire entre touristes et réfugiés a provoqué un tollé dans le pays. Face à la polémique, les autorités grecques ont annulé les amendes infligées à 25 réfugiés la semaine dernière et annoncé la suspension de la mesure.
Nouvelle loi pour accélérer les expulsions et entraver la solidarité. La législation actuellement proposée prévoit de réduire les délais de grâce et d’accorder à la police des pouvoirs supplémentaires, notamment de placer en détention les migrants au prétexte qu’ils sont « susceptibles de fuir » ou d’être une « menace pour l’ordre public ». Des mesures sont également prévues pour réglementer plus strictement les activités des organisations non gouvernementales et des groupes de bénévoles dans les zones qui relèvent de la compétence des garde-côtes et des autorités portuaires grecques (les sanctions seront encore plus lourdes en cas de violation du nouveau cadre opérationnel).
Privation systématique de liberté et inaccessibilité des voies de recours. Saisie sur de nombreux dossiers, la Cour européenne des droits de l’homme a récemment dénoncé « le mépris persistant des autorités grecques pour la santé et la vie des migrants », en particulier dans le camp de Mavrovouni à Lesbos où sont encore bloqués 3500 adultes et enfants. Les témoignages et statistiques montrent que ces personnes vulnérables exilées sont systématiquent privées de liberté et que les voies de recours sont en réalité inaccessibles, tout cela en violation de la Convention européenne des droits de l’homme.
Témoignage poignant : il s’est suicidé juste pour ça ! Sahil avait 24 ans. Il s’est suicidé à Athènes, peu après le rejet de sa demande d’asile durant le mois de juillet. Notre ami Nicolas Richen le connaissait bien. Avec d’autres proches et soutiens, ils ont écrit une très belle lettre collective. Merci de la faire connaître à celles et ceux qui n’ont peut-être pas compris ce qu’est la vie d’un demandeur d’asile.
Soutenir les actions solidaires avec les réfugiés afghans en Grèce. Depuis quelques semaines, nous sommes à nouveau très pris par l’aide aux réfugiés (principalement afghans) et la création de lieux sous plusieurs formes. Nous vivons des moments extraordinaires aux côtés de gens également extraordinaires. Ces exilés qui sont devenus nos amis, au fil des jours, ont un courage communicatif, des désirs, des rêves, des sourires, plein d’affection et de générosité, des secrets, des blessures. Le plus souvent, ils ont tout perdu. Leur logement, bien sûr, mais parfois aussi leurs proches : parents, enfants, conjoint… Merci à toutes celles et ceux qui nous ont transmis des choses pour eux, pour elles : des aliments, des vêtements, des couches, des jouets, des produits d’hygiène et même de l’électroménager. Merci particulièrement à celles et ceux qui sont venus aider sur place, en provenance de Grenoble, Saillans, Marseille, Lyon, Bruxelles, Genève, Nantes et Bordeaux… Cet élan est magnifique. Vraiment un grand « taschakor » (merci en afghan) à tou-tes ! Si vous voulez participez, c’est ici :
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ou par virement à ANEPOS :
IBAN : FR46 2004 1010 1610 8545 7L03 730
BIC : PSSTFRPPTOU
Objet : « Action Solidarité Grèce Philoxenia »
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« PHILOXENIA » signifie hospitalité en grec, et littéralement « amis des étrangers » (philos : ami, xenos : étranger). C’est le nom que nous donnons actuellement à nos actions aux côtés des réfugiés dont la majorité actuellement sont afghans.
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Pour participer via PAYPAL, suivre le lien :
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Pour envoyer un chèque à l’ordre de ANEPOS
Adresse postale : ANEPOS – Action Solidarité Grèce Philoxenia – 6 allée Hernando – 13500 Martigues
Ordre : ANEPOS / Objet : « Action Solidarité Grèce Philoxenia »
Nous recherchons actuellement… outre de la nourriture et des couches : des vélos, des jeux d’échecs (beaucoup d’afghans adorent les échecs et il nous arrive de jouer ensemble), du lait infantile 2ème âge, des mixers, des lits parapluie, des poussettes, des protections périodiques, des marmites et des louches, des chevillères, des légumes secs, du thé noir. Merci de regrouper ce que vous pouvez dans votre zone pour que nos fourgons puissent ensuite passer les prendre durant les prochaines semaines, sans faire trop d’étapes.
Un accueil jonché de livres. Nous avons également créé plusieurs bibliothèques sociales qui participent aux actions solidaires aux côtés des réfugiés. Nous sommes encore à la recherche de livres : en persan, dari, ourdou, anglais et français. Un grand merci à l’équipe de l’épicerie solidaire Sub’stantielle à Paris (une coopérative militante formidable), à Franck, Patrice et Ralph dans le Tarn, ou encore à Anne et Dominique de Marseille pour les nombreux livres en anglais, persan, français et dans d’autres langues déjà reçus. Nous avons également reçu des dons de livres de la librairie « Bibliothèque » à Exarcheia, du K*Vox, du Notara26 (échanges) ou encore du réseau Pédagogie Freinet à Athènes et en Crète.
De la place dans un véhicule ? Si vous avez prévu de venir en Grèce en van ou en fourgon dans les prochaines semaines et que vous disposez d’un peu de place pour acheminer du matériel solidaire (situé à plusieurs endroits dans le sud de la France), contactez-nous :
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Tél. Grèce (0030) 694 593 90 80 / Tél. France 06 24 06 67 98
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Merci de votre soutien, quelle que soit la forme, ne serait-ce qu’en relayant l’info.
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Solidairement,
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Maud et Yannis Youlountas
po/ collectif artistique et solidaire ANEPOS
avec les membres et soutiens des actions en cours
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Liste des lieux et collectifs aidés matériellement et/ou financièrement durant les deux dernières années, malgré un contexte particulièrement difficile :
– soutien à l’initiative contre les forages pétroliers en Crète (que tentent de déployer Exxon-Mobil et la firme française Total).
– Collectif Livas dans le département de Réthymnon en Crète (soutien aux actions solidaires, notamment à la cuisine populaire fondé par ce club de sport sans hiérarchie).
– Centre social autogéré Alimoura à Ioannina (nous avons financé la réparation du local qui avait été saccagé par une attaque fasciste) ;
– Usine autogérée Bio.Me à Thessalonique (soutien et achat de savons et produits fabriqués par les ouvriers, alors que l’électricité venait de leur être coupée) ;
– Mikropolis à Thessalonique (soutien au plus grand espace social libre de Grèce qui est actuellement en train de déménager) ;
– Initiative antifasciste d’aide aux réfugiés près d’Évros (au moment où ces derniers étaient pris au piège entre les deux états grecs et turcs, et où des identitaires européens étaient venus pour tenter de pratiquer la chasse à l’homme, ainsi qu’à Lesbos) ;
– Réseau Solidaire de Crète (et soutien à la création de nouveaux lieux dans l’île, dont nous vous reparlerons)
– Initiative de Kastelli en Crète contre le nouvel aéroport (nous avons participé au financement de la procédure de Justice contre l’aéroport qui est en train de basculer à l’échelle européenne, alors que 120.000 des 200.000 oliviers ont déjà été coupés et que l’opinion est de plus en plus opposée au projet, nous avons également participé à plusieurs réunions et actions sur place, et soutenu les paysans en lutte contre ce projet)
– Centre Social autogéré Favela au Pirée (soutien financier et achat de tee-shirts pour épauler ce lieu situé dans une zone où les fascistes rôdent souvent et où l’un d’entre nous, a été agressé violemment en juin 2019 par un groupe de néo-nazis qui lui avait tendu un guet-apens avant que les passagers d’une rame de tramway ne parviennent à le sauver) ;
– K*Vox à Athènes (base d’un des groupes les plus actifs en Grèce) ;
– Aide aux frais de Justice de plusieurs compagnons de luttes , notamment pour leur éviter d’aller en prison suite à des actions pourtant exemplaires ;
– squat Notara 26 à Athènes (le plus ancien lieu d’accueil des réfugiés dans le quartier d’Exarcheia) ;
– Plusieurs cuisines sociales (soutien financier et livraison de produits alimentaires) ;
– Structure autogérée de santé d’Exarcheia (soutien financier et livraison de matériel médical) ;
– Réseau École Buissonnière-Pédagogie Freinet (soutien financier et livraison de fournitures en aide aux enfants précaires) ;
– actions solidaires à Lesbos (nombreuses initiatives, surtout, après l’incendie du sinistre camp de Moria et l’errance de nombreuses familles en difficultés).

 

                                                                                  « Y-a-t-il quelqu’un qui sait jouer au basket ? »
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Source http://blogyy.net/2021/09/09/dernieres-nouvelles-de-grece/

Métastasis La rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque.
Métastasis

Le début de la fin ? Dimanche soir, près de trente mille manifestants se sont réunis place Sýntagma à Athènes sous le Parlement pour dire non à la junte prétendument sanitaire. Le Régime entend imposer la vaccination obligatoire, surtout maintenant que la programmation ne suit plus tout à fait, et que les vaccinodromes sont désertés. Ce fut le dernier dimanche du mois d’août et c’est officiel, l’été grec déjà, c’est fini.

Manifestants déterminés. Athènes, le 29 août (presse nationale)

Mitsotákis a d’ailleurs annoncé la semaine dernière le durcissement du Régime vis-à-vis des rebelles et bioconservateurs réunis. D’abord, près d’un quart des hospitaliers seront placés sous le régime de la disponibilité, sans salaire dès ce mois de septembre pour cause de non-conformité… vaccinale. Et au bout d’un certain temps, c’est leur démission, voire, leur licenciement qui sont préparés, même si théoriquement le code de la fonction publique les protège encore.

La programmation vaccinale n’avance plus, c’est même avoué publiquement, d’où la nouvelle trouvaille, “vacciner obligatoirement tous les actifs de plus de 50 ans, car… c’est l’âge qui le veut”. La presse aux ordres, bien entendu elle pavoise.

Mardi 31 août, et la gouvernance des diaboliques à Athènes vient de remanier partiellement son équipe ministérielle. Rien à signaler, si ce n’est que la promotion de Mína Gága, déjà figure des médecins post-hippocratiques, officiels, vaccinistes, comme d’abord payés par Big Pharma. Elle est désormais vice-ministre de la Santé, puis ; notons-le aussi, l’arrivée au ministère de Défense… de l’inusable Níkos Hardaliás.

Au sujet… de Hardaliás. Athènes, août 2021

L’ancien ministre de la dite “Protection Civile”, chef d’orchestre apparent des vaccinodromes en Grèce et de ce fait, des mesures totalitaires imposées aux Grecs, devient le nouveau vice-ministre de la Défense. Déjà, notons-le, le pays réel ne se montre guère tendre avec Hardaliás et c’est le moins que l’on puisse dire. “Je baise la mère de Hardaliás”, peut-on lire désormais sur certains murs d’Athènes… c’est bien connu, les conspirationnistes seraient par définition vulgaires.

En tout cas, le but de sa nomination est clair. Imposer l’obligation vaccinale pour l’ensemble des hommes et des femmes des forces armées grecques. C’est même sitôt annoncé. “Dès le 1er septembre, l’ensemble du personnel médical et hospitalier relevant des Armées doit subir l’obligation vaccinale ou sinon, ne plus travailler, et encore moins être payé”.

Parmi les militaires qui ne souhaitent pas passer par la case vaccin, il y a certains pilotes ainsi que bien d’autres spécialistes, occupant de nombreux postes névralgiques. Tout comme aux Etats-Unis ou en France, la manœuvre consiste à définitivement soumettre les forces armées à la programmation du dernier Occident métastasé. Il fallait y penser.

Dernier Occident métastasé. Athènes, août 2021

Début septembre déjà, et à partir du 13 du mois, un cadre contraignant et liberticide qui équivaut au pass sanitaire français, sera appliqué sur l’ensemble du territoire grec. En attendant, les manifestants du 29 août à Athènes ont été dispersés par les forces de l’ordre de manière brutale, tandis que les syndicats des hospitaliers contestent bien mollement… pendant le téléchargement complet du logiciel. “Oui au vaccin qui est un cadeau de la vie, non à la vaccination obligatoire”. Derniers… surtout cadeaux faits au Régime, avant la fin bientôt officielle du syndicalisme comme autant du droit de vote. Métastases en cascade…

En l’instant présent de notre… affaire en cours et d’après les estimations de la presse cette semaine, il y aurait entre 10.000 et 25.000 professionnels de la Santé publique qui sont tout de même concernés par une prochaine mise à pied. Déjà, de nombreux actes en chirurgie sont annulés, et l’on prévoit la fermeture de nombreux lits dans les hôpitaux.

Métastasis. Athènes, août 2021

Devant tous ceux qui s’alarment de l’effondrement calculé du système de Santé en Grèce, le Régime pense avoir tout prévu. D’abord, il se débarrasse des rebelles et en même temps, il annonce ce qu’il mettra en place. Leurs postes seront occupés par un certain nombre de remplaçants, via les sociétés privées d’Intérim médical, lesquelles feront ainsi leur entrée triomphale au sein de l’hôpital public, tandis que plus de soixante hôpitaux disparaîtront partiellement sous la réforme annoncée, dite celle de leur “optimisation”.

L’Agenda 2030 exige autant la fin de ce qui en restait de la médecine d’Hippocrate, déjà largement hypothéquée par deux siècles de médecine… à la Rothschild. L’euro, l’immigrationnisme, le Covidisme et derrière lui le vaccinisme, ne sont que ces armes de destruction massive et autant catalyseurs pour en arriver à ce monde d’après, celui des initiés d’abord et surtout. Et en plus, il y a la maladie… qui n’est pas traîtée disons à la hauteur.

Donc métastase à tous les étages, la Métastasis revisitée des Grecs anciens, le terme signifie à la fois et suivant le contexte: déplacement; suppression, migration; déménagement, transformation, conversion, renversement, révolution, extirpation et enfin de manière initialement métaphorique, tout simplement… la mort.

Et Tsipras… aussi. Thessalonique le 29 août (presse locale)

Plus de recul possible alors. Ainsi, certains manifestants déterminés sont allés jusqu’au bout des… idées du temps actuel. Comme par exemple à Thessalonique durant les manifestations du 29 août. Leur message fut clair, “Mitsotákis tu te fais baiser et d’ailleurs Tsípras aussi”.

La politique n’est plus, la Polis, la Cité est morte, il ne restera que la Police… place donc au combat au corps à corps, si ce n’est déjà que dans la sémantique. Identiquement à un champ de bataille à l’ancienne, où ce que l’on dit est sitôt accompli. Les barrières anatomiques, culturelles et anthropologiques sont brisées, “eux ou nous” et alors le massacre.

Bien entendu et comme prévu, dimanche dernier, le Régime a tapé très violement sur les manifestants, à Athènes par exemple la Police prétorienne a attaqué simultanément depuis plusieurs endroits, histoire de bloquer les rebelles autour de la place Sýntagma pour en finir avec la fronde. Le pays est à défaire jusqu’au bout. Le temps est bien loin, celui des tracteurs canadiens Massey Harris 44 dont les modèles exposés sur cette même place en 1950 préfiguraient… le retour modernisé de l’agriculture grecque, après dix années de guerre, d’abord la Seconde Guerre mondiale et à sa suite, la guerre civile.

Les Massey Harris 44 place Sýntagma. Athènes, 1950

Cette dernière, notons-le, eut un intérêt international indéniable et la diplomatie britannique est passée par là:“divide et impera” toujours et encore. Rien de très original dans un sens, y compris de nos jours… d’où accessoirement toute la division entretenue et imposée, entre vaccinés et non-vaccinés.

Pendant ce temps, la presse locale de la région de Thrace fait état des… premières incursions relativement massives d’Afghans dans les villages près de la frontière avec la Turquie. Sans doute un autre… “cadeau de la vie” d’après les immigrationnistes, de… gauche comme de droite.

Cependant, tout ne se passe pas comme prévu. Amal, la… poupée des immigrationnistes a été interdite d’accès à Kalambáka sous les Météores, par l’Église locale et même par le maire. Pour la presse aux ordres des initiés, “le Métropolite et le maire ont eu une réaction raciste”. Comme déjà évoqué sur ce blog, la grande marionnette mesure 3,5 mètres de haut, mettant en vedette le théâtre de marionnettes “The Walk”, qui a débuté ses représentations le 27 juillet 2021 dans la ville de Gaziantep, près de la frontière syrienne en Turquie.

Afghans en Grèce. Thrace, août 2021

Durant deux mois, la poupée voyagera dans huit pays européens, dont la Grèce et l’Allemagne… jusqu’au Royaume-Uni, la fin du voyage… “à la recherche de sa mère”. Et à Larissa, capitale régionale de la Thessalie, les immigrationnistes et leur poupée ont pourtant été assaillis par… de nombreux nativistes, ce que le scenario de la “fête” ne prévoyait peut-être pas.

Nous voilà donc… coincés entre “cadeaux de la vie”, mutations et métastases. Non pas que la façon dont nous cheminons nous évitera le chaos absolu. La planète entière pue déjà tant de cadavres. Nous vivons même dans la division, parmi les plus barbares depuis l’apparition de l’Homo sapiens. Et maintenant que nous nous baignons jusqu’à la moelle dans la constellation des mensonges, la phase suivante est visiblement et insidieusement incubée.

Les gens sont rentrés de leurs vacances, dans Athènes on tourne un film de Hollywood, les bars de plein air sont remplis, et c’est bientôt la rentrée des écoliers… ceux que le Régime veut vacciner “alors sans faille”.

On tourne un film de Hollywood. Athènes, août 2021

En arrière-plan pourtant, la catharsis se prépare. On finira par en découdre… peut-être bien quand les derniers bars seront alors fermés pour de bon. Car il ne faut pas se laisser tromper par le calme morne… de la morgue, cette matrice de la nouvelle masse humaine dont l’idéologie se construit et s’impose en ce moment même.

Des solutions finales… ou toutefois finalisées, se préparent pour ceux qui ne sont pas d’accord avec le Régime, mais en réalité pour tous. Déjà, le prix de l’énergie électrique augmentera très bientôt en Grèce de près de 50%, tandis que celui du pain… quotidien de 20%. Le Grand Reset est là, la pénurie se prépare.

Tout s’accélère, sauf la logique bien entendu. Les politiciens marionnettes sont plus que jamais ces zombis de la psyché, et qui actuellement avalent des dizaines de boîtes de psychotropes pour combattre leur propre peur devant leurs maîtres. Durant toute une vie et autant carrière, ils ont été préparés pour ce moment, avant la disparition de leur ultime classe politique ils doivent réussir. Sauf qu’ils sont vicieux, méchants et bêtes et cela se voit. Si le projet échoue, leurs maîtres les laisseront seuls aux mains des peuples et la suite est connue. La mort, cette fois-ci la leur.

On tourne un film de Hollywood. Athènes, août 2021

Et le pire, c’est que la nouvelle masse humaine est censée demeurer moralement inactive, dans le sens où elle ne se soucie guère de ce qui peut arriver à son prochain. De plein pied dans ce méta-monde, les arachnides des médias incarnent et représentent à leur tour autant cette masse de dérangés, qui entre clones, brûleurs d’encens, violeurs d’enfants et pratiquants de yoga, recherchent frénétiquement le “messie” supermassif qui les conduirait tous… au pays de l’Ordre final.

Sauf que la pizza servie devant l’écran est empoisonnée et c’est en cela que les comploteurs initiés ont échoué, sans pour autant avoir perdu l’initiative des hostilités. Car une partie non négligeable du “bas peuple” n’a pas mordu à l’hameçon des inepties “scientifiques”, si généreusement servies par les médias mafieux et au besoin, à travers les dépotoirs d’Internet.

Enfin, un certain peuple, certes minoritaire, s’est rendu compte combien les théories et également pratiques du complot bien officielles, sont aussi le fait de l’OMS, un organisme comme tant d’autres conçu pour être à la solde des initiés. Cependant, les vrais conspirateurs ont atteint leur premier objectif principal. Après plusieurs mois de confinement, d’étouffement financier, d’interdictions irrationnelles, de menaces télévisées quotidiennes, par une phraséologie ségrégationniste et par de violences psychologiques délibérées comme intenses, les initiés ont réussi à laminer le moral de la majorité des citoyens… sauf celui des rebelles.

Rebelles déterminés. Athènes, le 29 août (presse nationale)

Dans l’état actuel des choses, tout laisse entrevoir ce que sera la nouvelle normalité annoncée. Elle sera faite d’un enfer quotidien, à travers déjà un gigantesque asile de fous à ciel ouvert. Et disons-le, le pire est à venir. L’irresponsabilité légale qu’ils se sont empressés de décréter au profit de leurs experts méta-médecins, de même qu’au profit de la vermine de la classe politique qu’a déchiré la Constitution, est un fait accompli pour leur éviter les possibles conséquences liées à leurs crimes. Ce qui est amusant, c’est que si tout ne se déroule pas comme prévu, la plupart d’entre eux, ne pourront même pas avoir le temps pour se réfugier dans les salles des tribunaux.

Mais pour l’instant, ces laquais dominent le jeu, car leur complète domination est évidemment une conséquence des méthodes étatiques de fragmentation de l’individualité et de la personne de tout un chacun. Plus de personnalité, plus de lien social, et plus de réaction possible. Les méthodes utilisées durant tout un temps par la junte parlementaire contre la population civile, proviennent d’ailleurs directement des cachots d’investigation des services secrets. Ainsi, aucun principe pour ce qui est de la mise en place de leurs mesures n’est accidentel.

Méthodes sinon connues, pour briser les prisonniers de guerre, tirées des programmes militaires qu’ont été appliquées sans merci sur ces peuples déjà sous emprise des drogues para-culturelles des médias depuis plusieurs décennies. Et c’est alors un fait, nous n’avons pas tous la même résistance mentale et physique.

Au sujet du comportement humain. Athènes, août 2021

Dans la guerre asymétrique qu’ils nous livrent, nous restons il faut se l’avouer, spectateurs inactifs et victimes. Et pourtant, le pourcentage de personnes encore rationnelles de même que le noyau dur des défavorisés, tous ces gens sont restés silencieux. Ils attendent patiemment le moment. Toute cette pression va un jour éclater. Le fait qu’il y aura un massacre semble alors certain. Et plus il tardera, plus il sera cruel.

Parmi la myriade de troupeaux d’aliénés, d’idiots et d’anéantis, il y a ces gens qui utilisent encore le reste de ce que l’on nomme logique. Leur vie devient de plus en plus difficile. Il leur est déjà suffisamment interdit de circuler, de travailler, de communiquer, de fréquenter de nombreux lieux, il leur est interdit même de cogiter pour contester la dernière religion mondialiste revisitée.

De la vieille religion. Messe à Athènes, août 2021

Le Covidisme est donc cette nouvelle forme de foi autoritaire. Tout comme à travers les barbaries précédentes, il y a des récompenses pour ceux qui montent à temps à bord du train du nouveau récit. Sauf que les opportunistes d’en bas, ces idiots utiles ne feront pas long feu. La grande expérimentation n’est peut-être pas celle des gens vaccinés, mais alors des autres. Les non-vaccinés seraient ainsi de la véritable expérience… comme autant de la véritable “fête”. Les initiés mesurent ainsi leur endurance et leurs réactions. Biologiques comme psychologiques. L’univers concentrationnaire n’est guère loin, surtout si on se laisse faire.

Répétons-le. Il s’agit de réduire les personnes encore un peu libres, en esclaves ; le génocide est ainsi organisé à travers de bien nouveaux crimes contre l’humanité, en passant par l’abolition de toutes les règles de droit… mais c’est autant le passage obligé dans la mise à mort de l’Occident.

Le Covidisme enfin n’a rien à voir avec la santé, car il est lié à la dette mondiale comme à cette affaire des ressources… aux mains des initiés. C’est cette même septicémie toxique qu’a été imposée aux États modernes et à leurs peuples par le mille-pattes des initiés associés. Le capitalisme a mordu sa queue, et toute la planète avec.

Dernier Occident métastasé. Athènes, août 2021

L’enjeu n’est d’ailleurs plus le retour à la foutaise perdue datant d’hier. Ça y est, c’est fini. La question est de savoir qui définira la nouvelle réalité. Les programmateurs sombres comme Gates, Musk et Schwab, ou alors nous tous, bioconservateurs et ainsi encore êtres humains. Ces salauds ne reculeront pas, on le sait. Ils ont signé de leur propre sang corrompu le contrat qui les lie aux fossoyeurs sataniques de l’humanité. S’ils l’emportent, nous pouvons être absolument sûrs que notre lendemain sera beaucoup plus cauchemardesque que la… gentille métastase que nous vivons aujourd’hui.

Le début de la fin, ou alors la fin du début dans cette ultime planification ? Ou sinon, l’idée, la leur, déjà ouvertement réitérée. “C’est que l’homme du futur sera comme un site web, à tout jamais une version bêta, c’est-à-dire un organisme-prototype voué à se perfectionner en continu”. L’homme… du futur, c’est-à-dire, la métastase de leur caste, qui règnera… enfin seule sur les cadavres, les nôtres.

Soyons alors prêts. Comme me le dit à l’instant Stélios, le voisin médecin hospitalier et résistant, “notre plus précieuse richesse c’est notre système immunitaire, et de ce fait, notre instinct de survie. Ce matin à l’hôpital, le Régime a fait semblant de reculer. -Vous ne partirez pas, nous avons besoin de vous, nous trouverons sans doute une solution- nous disent-ils. Salopards. Cette secte ne fait que détruire le monde. En tant que vampires, ils sucent la vie, ne laissant derrière eux que les déchets toxiques de leur trou du cul. Nous les détruirons”.

Ce fut aussi le dernier week-end du mois d’août et c’est officiel, l’été grec, c’est fini. Sauf pour les âmes adespotes, autrement-dit, sans maître.

Sauf pour les âmes adespotes. Athènes, août 2021

* Photo de couverture: Résistants. Athènes, le 29 août 2021

1 septembre 2021

Grèce : quand l’occupation des places ouvrait une brèche

par Stathis Kouvelakis

Grèce : quand l’occupation des places ouvrait une brèche. Réflexions stratégiques 10 ans après

Le mouvement d’occupation des places grecques de 2011 se situe au croisement de deux cycles. Le premier est international. Il débute dans l’autre rive de la Méditerranée, avec la révolution tunisienne et le soulèvement de la place Tahrir, passe en Espagne avec les Indignados et le M15 pour migrer, après l’étape grecque, vers le nord, principalement aux États-Unis avec le mouvement Occupy, avant de revenir sur les rives méditerranéennes, avec l’occupation du parc Gezi à Istanbul, suivie par des mouvements similaires dans d’autres villes turques. Le second cycle est celui des mobilisations qui éclatent en Grèce dès le vote du premier Mémorandum[1], en mai 2010, et se poursuivent, sous des formes diverses, jusqu’à l’été 2015.

Malgré leurs différences, ces mouvements partagent un certain nombre de traits communs, en particulier dans les pays du pourtour méditerranéen :  caractère de masse, composition transclasse, soutien majoritaire de la population, poids spécifique en leur sein de la catégorie des jeunes diplômé.e.s, large répertoire d’actions au sein duquel la dimension spatiale – l’occupation des places et des espaces publics – occupe une place centrale. Non moins remarquables toutefois sont les traits communs de leur constitution subjective : en faisant irruption en dehors des cadres organisationnels et des clivages politiques établis, ces mouvements ont fortement mis en avant l’auto-organisation et combiné l’affirmation de formes d’expression politique démocratiques et/ou participatives directes avec des revendications économiques et sociales. Enfin, tous affichaient un fort caractère « national », avec la présence généralisée de drapeaux nationaux, une prise de distance de facto à l’égard des références symboliques et historiques de la gauche, mais aussi un internationalisme réel, renvoyant à des pratiques de solidarité, d’influence mutuelle et de circulation transnationale de symboles, de modes d’action et de mots d’ordre.

Nous avons donc affaire à un cycle relativement unifié de mouvements populaires de grande ampleur, aux caractéristiques innovantes, avec une dimension insurrectionnelle pour les plus importants. En ce sens, l’expérience grecque, assurément l’un des points hauts de ce cycle, acquiert une signification plus large, à la fois dans l’espace et dans le temps, comme le suggère en particulier le nouveau cycle international de soulèvements qui a débuté en 2019 en Algérie et au Chili (sans doute faut-il aussi y inclure les Gilets jaunes français) et qui trouve son ancrage, et certains de ses traits marquants, dans celui du début de la décennie.

Le moment de la « crise organique »

La compréhension de l’expérience grecque permet ainsi de tirer quelques conclusions plus générales quant au paradoxe que ce cycle de mouvement a mis en évidence : la divergence entre sa dimension insurrectionnelle de masse et la faiblesse de son efficacité politique, en d’autres termes l’incapacité de ces mouvements à produire des avancées durables allant dans le sens des objectifs dont ils se réclamaient[2]. Dans les remarques qui suivent, nous tenterons d’apporter quelques éléments d’analyse susceptibles d’éclairer les raisons de cette évolution. Pour cela, nous partirons d’un concept que nous avons initialement proposé il y a une dizaine d’années lors d’une intervention « à chaud » dans les événements et repris par la suite dans quelques autres textes[3]. Ce concept est celui de « crise organique » élaboré par Antonio Gramsci dans ses Carnets de prison pendant les deux années qui encadrent la montée au pouvoir du nazisme[4].

La crise organique renvoie à une conjoncture marquée par la rupture brusque et radicale des relations de représentation entre les classes sociales et les forces politiques qui assuraient jusqu’alors cette fonction. Il s’agit d’une forme spécifique de crise politique, propre à un État parlementaire dans lequel un système institutionnel élargi et différencié, donc pluraliste, organise les conditions du consentement de ceux d’en bas à la domination du bloc bourgeois.  Ce système hégémonique est ébranlé dans ses fondements et perd sa cohésion – d’où le caractère « organique » de la crise – sous l’effet d’un double facteur : d’une part, l’échec de la classe dirigeante dans une entreprise stratégique, par exemple une guerre ou une affaire d’importance nationale. D’autre part, par le passage soudain de grandes masses de la passivité à une attitude active.

Ce passage, souligne Gramsci, conduit à une explosion des revendications des masses en mouvement, mais ces revendications, dans les circonstances données, constituent un ensemble « inorganique » (disorganico), c’est-à-dire non cohérent. Un ensemble qui constitue néanmoins, toujours selon Gramsci, une « révolution », en d’autres termes un mouvement qui pose, sans la résoudre, l’exigence d’une rupture radicale capable de mettre fin à une crise qui prend le caractère d’une crise d’hégémonie, d’une crise de l’État dans son ensemble. La « crise organique » n’est pas en tant que telle une crise révolutionnaire, mais elle contient certains de ses éléments et peut y conduire ; son issue dépend avant tout de l’intervention « subjective », celle des forces politiques luttant pour s’emparer de la direction du processus pour lui imprimer une orientation déterminée.

Cette analyse de Gramsci nous est apparue d’emblée comme une clé irremplaçable pour comprendre les traits spécifiques et la direction que prenait la crise grecque au printemps 2011. La thérapie de choc instaurée par les mémorandums correspond manifestement à une défaite stratégique de la classe dirigeante grecque car elle défait les fondements du contrat social de la période post-1974[5], transformant la vision de l’« intégration européenne » du pays en chemin de croix et imposant un régime durable de mise sous tutelle du pays et de perte de souveraineté nationale.

La combinaison de ces trois dimensions (sociale, idéologique et nationale) conduit à la délégitimation non seulement du personnel politique mais également à celle du système hégémonique dans son ensemble. D’où l’effondrement de la crédibilité des médias, des « intellectuels organiques » de l’establishment et la remise en cause des institutions représentatives elles-mêmes, y compris des forces qui fonctionnaient dans leur cadre comme une opposition, c’est-à-dire la gauche. Tout cela signale à la fois une remise en question radicale de la capacité de ceux d’en haut à diriger la société et le pays et l’impossibilité de former des alternatives dans le cadre du système politique bipartisan tel qu’il s’est cristallisé depuis les années 1980[6].

Il convient de souligner à ce stade l’importance particulière de la dimension nationale de la crise. Le régime de tutelle imposé par les Mémorandums a conduit à la perte de la « fonction nationale » (Gramsci) de la classe dirigeante grecque et de son personnel qui s’est combinée à une attaque à l’encontre des classes travailleuses d’une brutalité sans précédent pour les normes de l’Europe occidentale de l’après-guerre – mais en tout point similaire aux « thérapies de choc » infligées à nombre de pays du Sud global et de l’Est européen à partir des années 1980-1990.

Cette combinaison de la dimension nationale et de la violence de l’offensive antipopulaire explique la profondeur et le caractère « multisectoriel » de la crise grecque si on la compare, par exemple, à la crise espagnole ou portugaise des mêmes années. Elle explique également pourquoi le drapeau national était à ce point dominant dans les places grecques, suscitant parfois l’incompréhension de ces militants de gauche qui ne saisissaient pas la signification de cette déclaration de séparation du peuple-nation d’avec les représentants parlant et agissant en son nom.

Mais l’affaiblissement brutal de la capacité hégémonique de la classe dominante qui a résulté de cette double dimension nationale et sociale est également au fondement de l’opportunité historique que la crise a représenté pour la gauche radicale, qui s’est trouvée soudainement, et sans l’avoir cherché, en position de lutter pour l’hégémonie, une opportunité qui, on le sait, se produit rarement dans les conditions d’un régime parlementaire parvenu à « maturité ».

Dynamique d’un soulèvement : vers une crise révolutionnaire ?

Le « moment des places » signale également le deuxième aspect de la crise organique : l’entrée en scène de masses plus larges, l’activation de couches populaires bien au-delà des forces politiques et syndicales qui avaient jusqu’alors tenu le haut du pavé dans le cycle des mobilisations qui avaient débuté dès mai 2010, avec le vote parlementaire du premier Mémorandum. En même temps, surmontant la méfiance réciproque des premières semaines – l’intervention des forces militantes de la gauche radicale et des secteurs syndicaux combatifs dans les assemblées populaires (en particulier celle de la place Syntagma) y furent pour beaucoup – une convergence dans l’action a pu se construire entre le « peuple des places » et le mouvement ouvrier et syndical, et cela malgré le discrédit de l’indéboulonnable direction confédérale contrôlée par des cadres issus du PASOK[7].

Les incontestables points hauts du mouvement ont été les trois journées de grève générale des 15, 28 et 29 juin, au cours desquelles la participation à la grève et aux manifestations a atteint des niveaux inédits depuis les années 1970. En cela, le cas grec diffère de l’espagnol, les Indignados et le 15M se signalant par une extériorité marquée d’hostilité avec les confédérations syndicales, et se rapproche davantage des cas égyptien et, surtout, tunisien[8].

Ce constat permet de rendre compte tout d’abord de l’exceptionnelle ampleur du mouvement grec, certainement supérieure en proportion de la population à celle des Indignados espagnols et soutenant aisément la comparaison avec les printemps arabes. Selon des enquêtes sérieuses, au début juin 2011, environ 2.800.000 personnes de plus de 18 ans, soit 31% de l’échantillon, déclaraient leur intention « certaine » de participer au mouvement, auxquelles il faut ajouter une part au moins des 21% qui déclaraient une « forte probabilité » de le faire. Au même moment, 35% des personnes interrogées déclaraient avoir déjà participé aux rassemblements et autres initiatives populaires organisés au cours de la période antérieure.

En gardant à l’esprit que le mouvement a atteint son apogée lors des rassemblements accompagnant la grève générale des 28 et 29 juin 2011, il apparaît certain qu’au moins un tiers de la population avait participé activement aux mobilisations de la période[9]. Il s’agit de niveaux tout à fait exceptionnels d’implication active de la population à des mouvements sociaux, comparables sans doute à ceux atteints lors d’événements de type Mai 68 ou « automne chaud » italien. A cela, il faut ajouter que pendant toute la période, le rejet des Mémorandums et de la Troïka n’est jamais descendu en-deçà des deux tiers des personnes interrogées.

Nous avons donc affaire à une dynamique majoritaire évidente, qui explique également la durée de la mobilisation populaire. En effet, malgré le reflux du mouvement des places suite au vote du Mémorandum « intermédiaire » le 29 juin, celle-ci atteignit un nouveau sommet en octobre 2011, avec la grève générale la plus massive depuis la chute du régime des colonels (le 19 et 20 octobre) et les manifestations insurrectionnelles du 28 octobre, lorsque les manifestants ont envahi la chaussée le jour de la fête nationale, mettant fin aux parades militaires et autres défilés officiels et chassant des tribunes les représentants de l’Etat (y compris le président de la République).

Dans la foulée, le premier ministre Georges Papandréou, qui venait de se faire humilier au sommet européen de Cannes en proposant de tenir un référendum sur les Mémorandums, démissionne et cède la place à un gouvernement de « grande coalition » piloté par l’Union européenne et dirigé par le banquier Loukas Papademos[10]. Celui-ci ne va pas tarder à recourir à un double scrutin anticipé (mai 2012, suivi de celui de juin 2012, le premier n’ayant dégagé aucune majorité), qui verra l’effondrement du système bipartisan, dont les piliers passent d’un total de 77,4% des voix lors du scrutin de novembre 2009 (44% pour le PASOK, 33,4% pour la droite) à 42% – dont 12% pour le PASOK, dont le déclin accéléré s’est avéré irréversible. Nous avons donc assisté à la désagrégation d’un système bipartisan jusqu’alors remarquablement stable et à l’effondrement de son parti pivot, le PASOK qui a été au pouvoir pendant 19 des 30 années de la période 1981-2011.

Il ne paraît donc nullement exagéré de dire que la crise grecque dégageait des éléments d’une situation révolutionnaire conformes à la célèbre définition de Lénine – qui a manifestement été l’une des principales sources d’inspiration de la notion gramscienne de « crise organique » : « Pour que la révolution ait lieu, il ne suffit pas que les masses exploitées et opprimées prennent conscience de l’impossibilité de vivre comme autrefois et réclament des changements. Pour que la révolution ait lieu, il faut que les exploiteurs ne puissent pas vivre et gouverner comme autrefois. C’est seulement lorsque « ceux d’en bas » ne veulent plus et que « ceux d’en haut » ne peuvent plus continuer de vivre à l’ancienne manière, c’est alors seulement que la révolution peut triompher.

Cette vérité s’exprime autrement en ces termes : la révolution est impossible sans une crise nationale (affectant exploités et exploiteurs) » ; cette dernière consiste, toujours selon Lénine, en ce que « les classes dirigeantes traversent une crise gouvernementale qui entraîne dans la vie politique jusqu’aux masses les plus retardataires (l’indice de toute révolution véritable est une rapide élévation au décuple, ou même au centuple, du nombre des hommes aptes à la lutte politique, parmi la masse laborieuse et opprimée, jusque-là apathique) »[11].

La condition manquante, la plus décisive sans doute, restait toutefois celle que Lénine mentionnait dans ce même passage célèbre, mais qui n’a pas bénéficié, la plupart du temps, de la même attention : « pour qu’une révolution ait lieu, il faut, premièrement, obtenir que la majorité des ouvriers (ou, en tout cas, la majorité des ouvriers conscients, réfléchis, politiquement actifs) ait compris parfaitement la nécessité de la révolution et soit prête à mourir pour elle »[12].

En d’autres termes, une révolution est impossible sans la disponibilité correspondante de ce que l’on appelle traditionnellement « le facteur subjectif », disponibilité qui, sous cette forme, était à l’évidence absente d’un soulèvement dont l’horizon était façonné par le rejet viscéral, et transpartisan[13], des politiques mises en œuvre par le personnel politique gouvernant et nullement par la volonté de renverser l’ordre social existant – nous développerons ce point dans un instant. Reste que, pour la première fois depuis les grands ébranlements des années 1960-1970, une possibilité de rupture radicale des équilibres sociaux et politiques fondamentaux se dessinait dans le pays européen qui devenait, une fois de plus, « le maillon faible » du centre continental du capitalisme.

Grandeur et limites du mouvement des places

Le mouvement des places de 2011 s’inscrit dans la longue série d’événements qui scandent l’histoire de la Grèce moderne marqués par l’entrée impétueuse des masses populaires. C’est là que réside sa grandeur. Mais le caractère soudain et explosif du soulèvement populaire détermine aussi le caractère contradictoire des formes dans lesquelles il s’est manifesté. Dépourvu, dans sa plus grande partie, de toute expérience préalable d’organisation et même de participation à l’action collective, le « peuple des places » a mis en avant un ensemble de revendications et de pratiques non-cohérentes, « disorganiques » pour reprendre le terme de Gramsci, souvent même contradictoires.

Quiconque a connu l’atmosphère de la place Syntagma à cette époque a goûté à ce mélange de colère et de combativité, d’une ambiance issue des tribunes de stades de foot et de radicalisme revendicatif, de rejet indiscriminé de la politique et de recherche de formes d’auto-organisation et de démocratie directe, qu’accompagnait une réelle fascination à l’égard de propositions qui se présentaient comme autant de « solutions magiques » à la crise – des appels à revenir à l’antique « démocratie athénienne » aux diverses théories complotistes sur les causes de la dette publique.

La contradiction la plus importante était peut-être celle que résumait le mot d’ordre le plus répandu et le plus communément accepté par les participants, à savoir la demande de « démocratie directe » [άμεσηδημοκρατία]. A noter que le terme grec άμεση devrait se traduire par « immédiat » car il comporte à la fois la signification de direct, se passant de médiations, et celle de quelque chose à réaliser immédiatement. Et c’est souvent dans ce deuxième sens qu’il fut compris par une grande part des participant.e.s, peu au fait des débats complexes sur les formes représentatives ou directes et/ou participatives de démocratie.

En ce sens, l’une des principales limites du mouvement des places réside précisément en qu’il n’a pas réussi à donner un véritable contenu à cette demande d’« immédiateté ». Pour beaucoup, cela signifiait une sorte d’antiparlementarisme spontané, voire à l’état brut (illustré par le slogan « que brûle-que brûle ce bordel de parlement » régulièrement scandé par des foules considérables sur la place Syntagma ) ; pour d’autres, cela signifiait une idée libertaire de démocratie sans médiations dont le modèle était à chercher dans les formes d’auto-organisation qui émergeaient sur les places occupées.

Pour d’autres encore, il s’agissait d’une réforme institutionnelle « citoyenne », indéfinie mais radicale qui irait dans le sens d’une « démocratie réelle », ou, plus simplement, de la restauration d’un fonctionnement démocratique élémentaire violemment bafoué par la mise sous tutelle de la Troïka et l’escalade autoritaire et répressive qui l’a accompagnée. L’appel initial, dont le titre fut repris par la page et le groupe fb qui ont lancé le mouvement d’occupation de la place Syntagma, s’intitulait du reste « Démocratie vraie [ou réelle] maintenant ! » en référence directe au mot d’ordre des Indignados de Madrid (Democracia Real Ya !).

Au bout du compte, le mouvement des places n’a pas réussi à synthétiser ces idées, ou du moins des éléments qui en seraient issus, en un projet alternatif de refondation politique. Tout comme il n’a pas réussi à faire émerger un plan de réorganisation économique alternatif qui aille au-delà du rejet des mesures des mémorandums et de la fin de la tutelle de la Troïka. En cela, il partage le caractère « négatif » des soulèvements de la dernière décennie dont parle Alain Badiou lorsqu’il souligne que leur facteur d’unification principal, sinon exclusif, est le rejet généralisé des gouvernants[14].

Il parait désormais démontré que l’absence d’un contenu positif, non pas tant au sens de l’affirmation d’une idée atemporelle, ou d’un imaginaire se posant simplement comme négation de l’existant, mais d’un projet politique alternatif, ancré dans des pratiques réelles et susceptible de donner une impulsion majoritaire, loin de constituer un nouveau paradigme de la politique, débarrassé des pesanteurs des « idéologies » et des « grands récits » (toujours suspects de « totalitarisme »), conduit à l’impuissance et, en règle générale, à une restauration réactionnaire dont la dictature du général Sissi est l’exemple le plus terrible.

La limite principale du mouvement doit cependant être recherchée à un autre niveau, qui a déterminé sans doute – « en dernière instance » selon l’expression consacrée – le reste. Elle ne réside pas tant dans l’incapacité à formuler une alternative globale, ni même à celle d’avoir échoué à faire obstacle au vote au parlement du Mémorandum intermédiaire le 29 juin 2011, car de tels objectifs paraissaient d’emblée hors de portée d’un mouvement éruptif, hétérogène, dont la durée de vie se comptait en semaines.

La lacune décisive réside en ce qu’il n’a pas laissé derrière lui un cadre, ou un projet, de cadre organisationnel capable de mener la lutte populaire à un niveau plus élevé. Il a certes fourni des éléments précieux pour une telle entreprise, dont certains sont avérés être pertinents et, pour une part, durables. Il a renouvelé de façon spectaculaire le répertoire des actions collectives[15] et impulsé – ou renforcé – un nombre significatif d’initiatives locales de solidarité, d’auto-organisation et d’action directe[16]. Mais il n’a pas permis l’émergence d’un cadre qui puisse organiser de façon autonome et coordonnée la lutte populaire dans la période qui a suivi, et c’est une limite qu’il partage avec les mouvements similaires qui éclataient au même moment au niveau international, mais aussi, de toute évidence, avec des mouvements plus récents[17]. C’est ici, à notre avis, qu’il faut chercher la raison principale du décalage entre l’impressionnante capacité de mobilisation de masse dont ils ont fait preuve et leur capacité à obtenir un résultat tangible et positif.

Du mouvement des places à la capitulation de l’été 2015

Considéré du point de vue de l’unification strictement négative telle que la critique Badiou, le cas grec apporte un démenti partiel. Démenti dans le sens où le mouvement des places et, plus généralement, le cycle de mobilisation populaire de 2010-2012 ont conduit à un véritable bouleversement des rapports de forces politiques. Le gagnant de la période a été, on le sait, SYRIZA parce que c’était la seule force qui, avec la proposition d’un « gouvernement de gauche », se présentait comme disposée à satisfaire la demande de rupture politique que les mobilisations mettaient en avant sans pouvoir la mettre en œuvre.

Pour le dire autrement, dans le contexte donné, et avec la charge symbolique qui entoure la gauche radicale dans un pays qui a connu une guerre civile, suivie par plusieurs décennies de persécutions anticommunistes, cette proposition est apparue comme une décision de sortir du cadre existant, de refuser le rôle oppositionnel, mais subalterne, qui lui a été assigné dans le cadre bipartisan et se confronter réellement à la question du pouvoir, fût-ce simplement au niveau du pouvoir gouvernemental. A cet égard, mais seulement à cet égard, SYRIZA est apparu comme l’acteur qui a compris la possibilité ouverte par la « crise organique ». Il s’agit là d’une leçon clé de toute la période : si la mobilisation populaire crée effectivement les conditions d’un basculement à gauche, mais pour les réaliser, une proposition politique structurée est nécessaire.

Sur ce point, s’ouvre un autre chapitre, celui des responsabilités de la force déterminée qui a assumé un tel rôle. Une analyse d’ensemble ne peut être menée dans le cadre de ce texte, nous avons tenté d’apporter quelques éléments ailleurs[18]. Disons seulement de manière schématique et ramassée, que Syriza s’est en fin de compte contenté d’une gestion électorale étroite de la dynamique créée par la mobilisation de celles et ceux d’en bas sans proposer à aucun moment un plan d’organisation de la lutte populaire, et donc sans préparer de manière élémentaire les conditions d’une issue victorieuse de la bataille. Et parmi ces conditions, une revêtait une importance stratégique déterminante : la confrontation avec l’Union européenne et les armes dont celles-ci ne manquerait pas de faire usage, de manière tout à fait prévisible, contre tout gouvernement qui oserait défier les programmes d’« ajustement structurel », à commencer par l’outil monétaire.

Cela ne signifie pas pour autant que le cycle politique marqué par la montée de Syriza fut indifférent à l’issue de la crise grecque. Pour le dire autrement, la capitulation de Syriza ne signifie pas qu’« il ne s’est rien passé », qu’un pari de portée historique ne s’est pas joué, et perdu, au cours de ces sept premiers mois fatidiques de 2015. Mais cela signifie que le véritable instant de vérité de cette séquence n’a pas été le succès électoral de Syriza de janvier 2015, à savoir la conquête d’une quasi-majorité parlementaire, mais le fait que ce succès électoral, malgré la volonté de ceux qu’il a amenés au gouvernement, a intensifié le cycle de conflit qui a commencé en 2010.

C’est le référendum de juillet 2015 qui est le moment de vérité de la séquence des cinq années qui a commencé en mai 2010. Le véritable héritage du mouvement des places, précisément parce qu’une telle issue n’était en rien prédéterminée mais qu’elle s’est constituée comme la synthèse en acte des contradictions de la période, a été l’extraordinaire rassemblement du 3 juillet 2015 place Syntagma et les 61,3% du OXI (NON) lors du référendum du 5 juillet.

Ce NON qui a provoqué la stupéfaction au niveau mondial a été renversé, on le sait, quelques jours plus tard et est devenu un OUI entre les mains de ceux qui ont assumé la tâche de gérer ce qui, à leurs yeux, n’était qu’un insoutenable fardeau. Avec la signature par Alexis Tsipras d’un 3e Mémorandum, la nuit du 13 juillet 2015, la Grèce est brutalement passée du statut de référence porteuse d’espoir à celui de synonyme d’un traumatisme que la gauche grecque et internationale est loin d’avoir surmonté. Aussi dure qu’ait pu être cette expérience, elle n’a cependant pas été perdue pour tout le monde. Ou du moins, il ne tient qu’à nous qu’il ensoit autrement.

C’est précisément parce que nous avons fait l’expérience d’un mouvement de masse d’une telle ampleur que nous savons qu’il ne peut à lui seul apporter des réponses aux problèmes qu’elle pose. Nous avons appris le rôle nécessaire et, en fin de compte, décisif de la politique. Mais nous avons également fait l’expérience que toute proposition politique qui se présente comme « de gauche » mais qui refuse obstinément de se donner les moyens d’une issue victorieuse, et renonce même à son autodéfense la plus élémentaire, ne mérite pas la moindre indulgence.

*

Ce texte est une version remaniée d’une intervention à la réunion publique organisée par les collectifs militants Anametrissi [Confrontation]-groupe de communistes et Synantissi [Rencontre] pour une gauche anticapitaliste et internationaliste le 17 juillet 2021 à Athènes sur le thème « Dix ans après le mouvement des places, y a-t-il encore un espace pour un espoir radical ? ».

Notes

[1] Le (premier) Mémorandum est un accord signé en avril 2010 entre la Grèce et ses créanciers, représentés par la Troïka (Union européenne, Banque centrale européenne et FMI), qui assure un refinancement de la dette publique grecque en échange d’un paquet de mesures articulées autour du triptyque habituel des thérapies de choc néolibérales austérité-dérégulation- privatisations. Le versement des prêts était soumis à l’approbation des émissaires de la Troïka dont les rapports trimestriels dressaient un suivi détaillé des « réformes » prévues par le Mémorandum. Le premier Mémorandum a été suivi de deux autres, identiques quant au contenu, le troisième étant celui signé par Alexis Tsipras en juillet 2015.

[2] Le cas de la Tunisie fait exception, le soulèvement ayant conduit non seulement au renversement du régime mais à un nouvel ordre constitutionnel et à une démocratisation réelle au niveau institutionnel. Néanmoins, l’absence de tout changement social et la détérioration des conditions de vie de la majorité de la population alimentent une crise politique chronique, qui fragilise les acquis de la révolution de 2011.

[3] Stathis Kouvélakis, «Η ώρα της κρίσης. Εξι θέσεις για την εξέγερση» [Le moment de la crise. Six thèses sur l’insurrection], Δρόμος της Αριστεράς, 13 juin 2011, disponible ici.

[4] Antonio Gramsci, « Remarques sur certains aspects de la structure des partis politiques dans les périodes de crise organique », Cahier 13, §23, in Antonio Gramsci, Cahiers de prison. Cahier 10, 11, 12 et 13, Paris, Gallimard, 1978, p. 399-409 – également disponible ici. Le texte italien est disponible ici.

[5] Cette période, que les Grecs nomment Metapolitfesi, fait suite à la chute de la dictature des colonels (avril 1967-1974). Elle est marquée par une démocratisation qui démantèle l’Etat autoritaire en vigueur depuis la guerre civile (1946-1949) et par certaines avancées sociales, qui prendront une forme achevée entre 1981 et 1985, lors du premier mandat du gouvernement du PASOK [le parti socialiste grec, créé en 1974].

[6] Au cours des trois décennies 1981-2011, le système partidaire grec s’est caractérisé par une remarquable stabilité, structuré par l’alternance au pouvoir de deux grands partis, le PASOK et la Nouvelle Démocratie (droite), totalisant au moins 80% des suffrages et comptant des centaines de milliers d’adhérents.

[7] Le mouvement syndical grec est organisé autour de deux confédérations uniques (GSEE et ADEDY) couvrant respectivement le secteur privé et la fonction publique. La plupart des formations politiques disposent d’un front syndical qui leur est directement subordonné mais qui agit dans le cadre confédéral. Depuis le début des années 1980, le PASOK contrôle les deux confédérations, ainsi que les principales fédérations, dont les sommets se caractérisent par un niveau et un style de bureaucratisation, versant souvent dans la corruption, qui n’est pas sans rappeler celui des « parrains syndicaux » argentins ou étatsuniens. Fortement minoritaires au niveau fédéral et confédéral, les forces de la gauche radicale (à l’exception du parti communiste, qui s’est tenu à l’écart du mouvement des places tout en participant aux grèves) ont constitué une « coordination des syndicats de base » qui a été particulièrement active pendant le mouvement des places, et, plus généralement, tout au long du cycle des mobilisation des années 2010-2012.

[8] Sur le rôle des mouvements ouvrier et syndicaux dans ces trois pays, cf. pour la Tunisie, Najet Mizouni, « L’UGTT, moteur de la révolution tunisienne », Tumultes, n° 38-39, 2012, p. 71-91 et Hela Yousfi, « L’UGTT et l’UTICA, entre conflit ouvert et union sacrée », L’année du Maghreb, n° 16, 2017, p. 379-394 ; sur l’Egypte cf. Anne Alexander et Mostafa Bassiouny, Bread, Freedom, Social Justice : Workers and the Egyptian Revolution, Londres, Zed Books, 2014 ; sur l’Espagne cf. Josep Maria Antentas, « Spain: the Indignados rebellion of 2011 in perspective », Labor History, vol. 56, n° 2, 2015, p. 136-160.

[9] Cf. Angelos Kontogiannis-Mandros, « Reshaping Political Cultures. The ‘Squares Movement and Its Impact », in Panagiotis Sotiris (dir.), Crisis, Movement, Strategy. The Greek Experience, Leiden, Brill, 2018, p. 165. Les chiffres sont ceux des enquêtes de l’Institut Public Issue accessibles ici.

[10] Sur cette séquence cf. notre texte « Grèce : coup d’Etat européen face au soulèvement populaire », Contretemps, 15/11/2011, accessible ici.

[11] Lénine, La maladie infantile du communisme, le « gauchisme » (1920), Œuvres, Paris-Moscou, Editions sociales/ Editions du progrès, t. 31, p. 85, accessible ici.

[12] Ibid.

[13] Au cours des premières semaines du mouvement d’occupation des places, 41% de ses participants ne se positionnaient pas sur l’axe gauche-droite, tandis que 16% s’identifiaient à la droite ou au centre-droit et 27% à la gauche ou au centre-gauche. Cf. Angelos Kontogiannis-Mandros, « Reshaping Political Cultures… », op. cit., p. 166.

[14] Cf. Alain Badiou, Un parcours grec, Paris, Lignes, 2016. Pour une reformulation récente cf. son texte « A propos de la conjoncture actuelle », 2/12/2020, disponible sur le site de Quartier général.

[15] Sur cet aspect cf. l’analyse de Loukia Kotronaki,  « Les mobilisations des Indignés : politique du conflit et politique conventionnelle aux années du Mémorandum en Grèce », Pôle Sud, n° 38, 2013, p. 53-50, disponible ici.

[16] Pour une synthèse cf. Christos Giovanopoulos, « La Grèce après l’espoir : en attendant le possible. Réflexions sur le mouvement des solidarités locales », Vacarme, vol. 83, no. 2, 2018, pp. 99-108 disponible ici.

[17] Sur le cas espagnol, cf l’analyse de Josep Maria Antentas, « Spain: the Indignados rebellion… » , art. cit., p. 19. Sur celui des Gilets jaunes (GJ), cf.  les remarques de Laurent Denave dans son récent ouvrage consacré au mouvement (qu’il a vécu de l’intérieur) : « Pour changer l’ordre établi, il ne suffit pas, en effet, de renverser le pouvoir, il faut une organisation prête à le remplacer et à mettre en place un nouveau régime. (…) Finalement, que l’on opte pour la voie électorale ou pour la voie insurrectionnelle, la nécessité de s’organiser semble s’imposer. Des organisations existent déjà, mais peinent à emporter l’adhésion des GJ, beaucoup étant toujours très rétifs à toute forme d’organisation ou de représentation », S’engager dans la guerre des classes, Paris, Raisons d’agir, 2021, p. 122.

[18] Cf. Stathis Kouvélakis : La Grèce, Syriza et l’Europe néolibérale, entretiens avec Alexis Cukier, Paris, La Dispute, 2015 ; « Montée et chute de Syriza », version française, Le Grand soir, 6 juillet 2016, disponible ici. 1ère publication, New Left Review, n° 97, janvier-février 2016, disponible ici.

Source https://www.contretemps.eu/grece-occupation-places-syriza-rupture-anticapitalisme/

La Grèce après les incendies

Par Antonis Ntavanellos

Le bilan de ce mois d’août désastreux, où les températures et la sécheresse ont atteint des niveaux records, même pour un pays chaud et sec comme la Grèce, est littéralement tragique: d’énormes incendies incontrôlables dans l’île d’Eubée (où les incendies ont repris le lundi 23 août, dans le sud de l’île), en Attique, dans le Péloponnèse et dans d’autres régions ont réduit en cendres quelque 600’000 hectares de terres boisées.

Cette perte massive est encore plus importante pour un pays comme la Grèce, où la proximité entre les espaces verts libres et la population est la plus faible de tous les pays d’Europe.

Les conséquences visibles sont déjà graves: des milliers de personnes ont perdu leur maison, tandis qu’un nombre encore plus grand a perdu son emploi (éleveurs, agriculteurs, apiculteurs, petites entreprises touristiques familiales, etc.). Mais les conséquences non visibles sont encore plus menaçantes: on sait qu’aux vagues de chaleur estivales succèdent les pluies d’automne, et lorsque cela se produit, les montagnes, dépouillées de leurs forêts, menacent les villages et les petites villes d’inondations et de glissements de terrain.

Dans le paysage méditerranéen, la disparition des forêts s’accompagne généralement de la perte de terres fertiles, car la corrosion liée aux vents et à la pluie les transforme en roche. Les grandes villes, et notamment Athènes, seront également confrontées à de graves problèmes. Lors des incendies de cette année, les derniers «poumons verts» de l’Attique ont été brûlés et les conditions de vie difficiles dans cette capitale anarchique de 5 millions d’habitants vont devenir encore plus difficiles, surtout pour les pauvres qui s’entassent dans les quartiers denses du centre-ville et de la banlieue ouest. Ce n’est pas une coïncidence si, depuis quelque temps, les riches abandonnent leurs résidences traditionnelles du centre-ville pour s’installer dans les banlieues nouvellement construites du nord et de la côte sud.

Il convient de mentionner que la catastrophe est loin d’être terminée. Les dernières semaines de l’été (qui, en Grèce, se prolonge jusqu’en septembre) sont traditionnellement marquées par des vents violents et des températures élevées. Par conséquent, la menace d’incendies de forêt reste élevée dans de nombreuses régions du pays.

***

Face à cette catastrophe, le gouvernement de Kyriakos Mitsotakis a réagi avec panique. Il a abandonné tous les efforts pour contenir les incendies (dans l’île d’Eubée, ils ne se sont arrêtés que lorsqu’ils ont atteint la mer) et a envoyé des directives successives à la population des villages, et même des petites villes menacées, pour qu’elle évacue immédiatement. Ce «drapeau blanc» de reddition de la machine étatique est devenu si évident qu’une grande partie de la population ne s’est pas conformée aux ordres d’évacuation, malgré la menace évidente.

Les pauvres gens, et surtout les jeunes, sans formation adéquate ni les moyens nécessaires, sont restés sur place et ont lutté pour sauver leurs villages, leurs semblables, les animaux et leurs champs. Tout ce qui a été sauvé – y compris d’importantes parties de forêts – l’a été grâce à leur abnégation, au travail acharné des rares pompiers et aux groupes de volontaires qui se sont précipités à leur secours.

Le lendemain, Kyriakos Mitsotakis a tenté de blanchir son gouvernement en mettant l’accent sur la menace de la crise climatique. Cette reconnaissance publique de la menace, bien que très tardive, est correcte: la vague de chaleur et la sécheresse prolongées de cette année ont été une expérience sans précédent, même par rapport à l’été grec chaud et sec. Mais lorsque Kyriakos Mitsotakis et les représentants du gouvernement l’affirment, c’est de la pure hypocrisie. La crise climatique n’est pas un phénomène nouveau. De nombreux rapports du service des forêts et du service des incendies ont averti le gouvernement que les conditions météorologiques prévues transformeraient les forêts de pins du centre et du sud de la Grèce en matériaux inflammables. En réalité, lorsque les politiciens de droite commencent à faire référence à la crise climatique, il s’agit de quelque chose de plus que la traditionnelle (et attendue) hypocrisie gouvernementale. Ils préparent le terrain idéologique pour que les projets de «reconstruction» après la catastrophe soient conformes à l’orientation néolibérale de la Nouvelle Démocratie.

La «politique verte» de Mitsotakis revient à céder la gestion des forêts, la gestion de l’espace public, et même la gestion des catastrophes naturelles, au secteur privé et à l’entrepreneuriat.

***

Il y a vingt ou trente ans, ils affirmaient que la seule réponse viable à l’austérité et au chômage était de «libérer le marché». Dans la même veine, ils affirment aujourd’hui que la seule réponse viable à la crise climatique consiste à «libérer» les efforts du capital pour des activités commerciales dans les forêts, les montagnes, les eaux, l’air. Déjà dans l’île d’Eubée, les vautours du marché sont appelés par le gouvernement à jouer un rôle de premier plan dans la reconstruction de la région détruite. Parmi ces vautours, il y a les grandes entreprises de construction qui, avant les incendies de forêt, avaient déclaré leur intérêt pour la construction d’énormes «parcs d’éoliennes» dans les forêts denses du nord de l’île. Le rejet de leurs offres précédentes par le service forestier et les municipalités locales (même celles contrôlées par le parti au pouvoir) alimente maintenant les soupçons des habitants de du Nord d’Eubée sur la possibilité d’un incendie criminel organisé.

Il n’y a pas besoin de théories du complot pour comprendre que les politiques établies ont joué un rôle de pyromane. Les incendies désastreux de cet été ont pris de grandes proportions parce que la crise climatique a été entrecoupée d’années d’austérité sévère et de coupes budgétaires dans le secteur public, en particulier dans la partie du secteur public qui concerne les conditions de vie des pauvres.

Le service d’incendie s’est retrouvé avec 250 (!) pompiers dans ses unités motorisées et 1200 pompiers dans ses unités «d’infanterie», afin de couvrir les besoins de tout le pays! Jusqu’à l’année dernière, ces corps étaient complétés par des pompiers «saisonniers» qui n’étaient pas vraiment formés. Ils étaient engagés pour l’été et  étaient ensuite licenciés. Cette année, le gouvernement a refusé de renouveler l’embauche de 5000 pompiers «saisonniers», malgré les avertissements sur les dangers extrêmes attendus.

En ce qui concerne les avions de lutte contre les incendies, absolument nécessaires compte tenu du relief géographique particulier de la Grèce, il n’y a que 15 avions Canadair vétustes (dont il a été prouvé que seuls 8 étaient en mesure de voler), et il n’y a que 250 pompiers correspondant à tous leurs besoins, tant à terre que dans les airs.

La réduction du personnel et des équipements de lutte contre les incendies a entraîné une augmentation considérable des effets annuels de combustion de chaque «méga-incendie» (particulier) au cours des années qui ont suivi la crise économique majeure: de 2430 hectares de terre consumés par «méga-incendie» en 2008, nous atteindrons 8100 hectares pour chacun d’entre eux en 2020. Les incendies de forêt sont devenus plus désastreux en raison de la réduction des moyens et du personnel dont dispose la société pour y faire face.

Cette vérité choquante s’aggrave encore si l’on tient compte des dangers que représentent les compressions de dépenses dans d’autres secteurs pertinents: par exemple, dans le domaine du nettoyage des forêts et des zones périphériques, ou dans le domaine de l’entretien du réseau électrique, qui dans de nombreux cas est responsable du déclenchement des incendies.

Le résultat final est que, lors du «test extrême» de cette année, la catastrophe en Grèce a été comparativement plus importante que dans n’importe quel autre pays de la région. Les terres consumées par le feu ne peuvent être comparées qu’à celles de la Turquie voisine (600’000), un pays dont la taille est six fois supérieure à celle de la Grèce.

***

La classe dirigeante sait que dans la période à venir, elle devra combiner la gestion de la crise climatique et la gestion de la crise socio-économique. Le mouvement ouvrier et la gauche doivent faire de même.

Malheureusement, sur cette question cruciale, les nouvelles ne sont pas bonnes. SYRIZA a choisi (dans un tel timing!) d’afficher sa «responsabilité» comme une opposition «créative». Alexis Tsipras, au-delà de la rhétorique à bon marché, a demandé à Mitsotakis de promouvoir des initiatives en faveur d’un «consensus national» face à l’effort de «reconstruction». Il est en fait resté en retrait par rapport à Fofi Genimata, l’actuelle dirigeante du PASOK, qui a au moins demandé la démission de certains ministres. Le représentant de SYRIZA au Parlement européen, Stelios Kouloglou, a affirmé que la direction politique de Tsipras est «l’opposition la plus douce depuis la chute de la junte militaire».

Cette direction n’est pas en phase avec l’humeur populaire. Les cris des victimes de l’incendie «on nous a laissés seuls!» ont été repris par tous les foyers. Dans les médias sociaux, un hashtag qui se traduit grossièrement par «Mitsotakis va te faire foutre» est devenu viral. Dans l’île d’Eubée, la première manifestation massive – plus de 3000 participante·e·s – contre le gouvernement a été organisée, le 21 août, près du village de Strofilia, par le syndicat des travailleurs forestiers et ceux des vignes ainsi que les comités de victimes d’incendies.

Il est très courant de lire ou d’entendre le slogan «Seul le peuple peut sauver le peuple». La gauche radicale et anticapitaliste a organisé, le 9 août, la première manifestation contre le gouvernement à Athènes, avec une participation décente malgré les difficultés de l’été.

Un lecteur expérimenté de la presse peut distinguer que pour la première fois depuis la victoire électorale de Nouvelle Démocratie en 2019, la confiance et l’arrogance des politiciens de droite appartiennent au passé. Kyriakos Mitsotakis s’affronte à une situation de colère populaire. C’est le «carburant» parfait pour les développements politiques. Le «temps politique» s’alourdit. Après les désastreux incendies de forêt, le gouvernement n’a pas le temps de reprendre son souffle: la pandémie de covid fait de nouveau rage, les scientifiques avertissent que la 4e vague sera encore plus intense, et l’ouverture des écoles est prévue pour le 13 septembre… Il est possible de renverser ce gouvernement, à condition qu’il y ait un pôle d’attraction important qui puisse prendre l’initiative de le faire tomber. (Article reçu le 23 août 2021; traduction rédaction de A l’Encontre)

Source http://alencontre.org/europe/grece/la-grece-apres-les-incendies.html?fbclid=IwAR0vD5FR2OdJ2ayreRfD8qWzUnbpcsaTO3hBr2r9YQousjFKypLhLWxuNC8

Comment l’austérité a contribué aux incendies historiques de forêts en Grèce

par Stelios Foteinopoulos

Si Ferdinand Lassalle vivait aujourd’hui, il pourrait voir ses idées mal vieillir. En 1862, Lassalle, s’adressant à un rassemblement socialiste à Berlin, exposait sa théorie de l’État veilleur de nuit – un concept néolibéral selon lequel l’État transfère son modus operandi au secteur privé et ne conserve que quelques fonctions vitales mais limitées, comme assurer la sécurité et la stabilité sociale.

Ces dernières semaines en Grèce, la majeure partie des habitant·e·s aurait été surprise d’en avoir eu un aperçu. L’État grec a failli, même à assumer une fonction de veilleur de nuit dont la seule responsabilité aurait été d’éviter le pire.

Á l’heure où j’écris, plus de 250.000 hectares de terrains ont brûlés en Grèce par des incendies ravageurs, dont 150.000 sur l’île d’Eubée. Plus de 100.000 personnes ont été touchées.

La série d’incendies des deux dernières semaines a littéralement carbonisé de vastes zones d’Athènes, du Péloponnèse et d’ailleurs. Quarante communautés et villes ont été balayées alors que les incendies restent hors de contrôle obligeant des milliers de personnes à fuir leurs maisons, souvent dans des délais très courts. Sur la plupart des fronts, camions de pompiers, forces terrestres et forces aériennes étaient limitées voir même carrément inexistantes. Les États de l’UE, qui par le passé ont contraint la Grèce à accepter des coupes budgétaires, se précipitent aujourd’hui pour fournir de l’aide et des avions bombardiers d’eau.

La pire catastrophe écologique de tous les temps en Grèce, et l’une des pires en Europe, est survenue au plus fort d’une vague de chaleur extrême qui a duré environ trois semaines. La chaleur a asséché l’humidité effrayante et laissé les forêts de pins prêtes à brûler – ce qui prouve que le dérèglement climatique est déjà là.

La question qui reste en suspens est simple : est-ce que quelque chose aurait pu être évité ? Ces incendies sont-ils directement liés aux effets de la crise climatique, ou s’agit-il de quelque chose de plus compliqué ?

Au mois de novembre dernier, juste avant que le gouvernement grec ne rédige le budget annuel de 2021, les autorités forestières ont officiellement demandé 17,7 millions d’euros. Le gouvernement ne leur a accordé que 1,7 million.

Cela n’a surpris personne : les dernières années ont été marquées par l’austérité et les coupes budgétaires. De 2016 à 2020, les dépenses gouvernementales dirigées vers les autorités forestières n’étaient en moyenne que de 1,72 million d’euros, laissant leurs opérations structurellement sous-financées et donc les services en sous-effectif – malgré le fait qu’un tiers du pays soit couvert de forêts. Environ cinq mille pompiers ont également vu leur contrat prendre fin, tandis que le gouvernement a augmenté le nombre de policiers de plusieurs centaines.

L’austérité est très présente en Grèce, malgré ce que les penseurs néolibéraux peuvent prêcher sur un retour à la « normalité économique ». Les incendies de forêt à Eubée, la deuxième plus grande île grecque après la Crète, sont les résultats dévastateurs d’un État qui ne parvient pas à aligner ses priorités sur celles de sa population. Ces derniers mois, 1,9 milliard d’euros ont été consacrés à l’achat d’avions de combat pour justifier l’antagonisme militaire entre la Grèce et la Turquie (toutes deux membres de l’OTAN), et 6,6 milliards d’euros ont été versés à l’OTAN. 30 millions d’euros ont été alloués à la création d’une force de police spéciale qui sera placée dans les universités publiques de Grèce. C’est là que réside la contradiction d’un État qui dépense autant pour des mécanismes de répression mais ne peut assurer la sécurité (de sa population).

La stratégie du gouvernement pour faire face aux incendies reposait en grande partie sur des messages d’évacuation envoyés sur les téléphones portables des habitant·e·s. Mais les efforts du Premier ministre pour éviter les pertes humaines se sont retournés contre lui : en l’absence de lignes de défense autour des villages et des petites villes, les habitant·e·s ont décidé de prendre le relais et de mener la bataille d’eux et elles-mêmes. À l’aide de toutes sortes de moyens, des tuyaux d’arrosage aux véhicules agricoles, des camions-citernes aux pelles et aux bêches, les habitant·e·s, ainsi que les personnes qui passaient leurs vacances dans la région, se sont jetées sur les incendies, souvent avec des résultats remarquables. En raison de l’urgence et de l’incapacité de l’État à fournir le soutien nécessaire, les réseaux de solidarité ont pu prendre l’initiative.

Ces réseaux et organisations prennent désormais en charge la situation. Elles ont commencé à construire des contre-structures pour fournir des produits de première nécessité aux personnes touchées, à mettre en place des cuisines sociales, à apporter des générateurs là où l’électricité est coupée et à apporter un soutien psychologique à celles et ceux qui en ont besoin. Un nouveau monde renaissant littéralement de ses cendres a permis à tous et toutes de réfléchir à ce qui s’est passé et à ce qui reste à venir.

Les incendies sont maintenant presque sous contrôle [1], mais l’étendue de leurs ravages n’a pas encore été déterminée. Des milliers de personnes risquent d’être évacuées sur le long terme et de perdre leurs maisons, leurs fermes et leurs entreprises, sans parler des infrastructures.

Pour les communautés locales, c’est une question de survie et non pas juste une question de gestion de crise pour des personnes marginalisées. Dans un monde en proie au changement climatique, nous sommes tou·te·s potentiellement marginalisé·e·s. Regarder les gens fuir leur maison pour rejoindre les petits bateaux sur la côte illustre clairement à quoi pourraient ressembler les réfugiés climatiques.

En déplaçant notre regard du local au global, nous sommes forcé·e·s de constater que l’ordre néolibéral dans le monde d’aujourd’hui n’a rien « d’ordonné ». Avant que nous finissions par nous battre pour la survie de nos communautés, nous devrions considérer si le combat pour la redistribution des richesses et un déplacement majeur des priorités de nos États ne serait pas une condition sine qua non pour avoir une chance décente de survie. Nous devrions également envisager ce qui nous attend : l’aggravation des inégalités, la lutte pour les ressources restantes, l’instabilité sociale et géopolitique.

Ce qui se passe en Grèce pourrait bien n’être que le prélude à tous ces avenirs. Si ceux qui alimentent la crise climatique mondiale n’ont pas l’intention d’agir, il faudra que ce soit nous.

Traduit par Eva Betava

Source : Tribune
Notes
[1En chiffres absolus, jusqu’à midi le vendredi 20 août 2021, 66 grands incendies de forêt ont été enregistrés dans le pays, brûlant une superficie totale égale à 511.538 hectares. Source : https://www.efsyn.gr/ellada/periballon/307216_stahti-o-fysikos-ploytos-tis-horas

Auteur.e Stelios Foteinopoulos est un ancien chargé de mission en relations internationales à l’Institut Nicos Poulantzas d’Athènes, en Grèce. Il est maintenant analyste des affaires de l’Union européenne et membre de Momentum.

Source https://www.cadtm.org/Comment-l-austerite-a-contribue-aux-incendies-historiques-de-forets-en-Grece

Plusieurs ports grecs privatisés à vendre au plus offrant

Par Patricia Claus

Une guerre d’enchères devrait éclater pour la propriété des ports grecs qui sont désormais en vente au plus offrant après avoir été privatisés.

Les ports d’Igoumenitsa, d’Héraklion et de Patra, qui sont tous en cours de privatisation, font l’objet de l’attention des compagnies grecques de transport maritime de passagers Attica et ANEK et du groupe italien Grimaldi, qui tient désormais les rênes du groupe de ferries Minoan Lines.

L’autorité portuaire de Thessalonique, deuxième ville de Grèce, serait intéressée par l’achat du port d’Héraklion, sur l’île de Crète.

Jeudi, le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis a rencontré l’armateur George Prokopiou, le plus offrant pour le chantier naval de Skaramangas. La réunion a eu lieu au manoir Maximos à Athènes.

Mitsotakis aurait exprimé sa satisfaction quant au résultat de la procédure d’appel d’offres, déclarant que le gouvernement grec accorde une grande importance à la restauration de la célèbre industrie grecque de la construction navale après une longue période de contraction.

Le Premier ministre aurait également salué le rôle particulier joué par les chantiers navals Skaramangas dans l’industrie de la défense nationale grecque.

L’ambassadeur du Japon en Grèce Νakayama Yasunori a visité mardi le port du Pirée, le plus grand port de Grèce, qui est détenu en majorité par le conglomérat chinois COSCO.

Le directeur général adjoint de l’autorité portuaire du Pirée, le capitaine Weng Lin, a parlé à l’ambassadeur du Japon des investissements importants qui ont été et sont réalisés au Pirée, lors d’une visite au siège du port.

Yasunori, qui était accompagné de représentants d’un certain nombre de sociétés japonaises, a également eu droit à une visite du port par le directeur général adjoint.

Le capitaine Weng a longuement évoqué l’importance de telles rencontres pour le port qui, comme il l’a déclaré, joue un rôle majeur dans le transport maritime, tant au niveau européen que mondial.

La Cour des comptes grecque a récemment approuvé la vente d’une nouvelle participation de 16 % dans l’autorité portuaire du Pirée à Cosco Shipping, ainsi qu’une prolongation de cinq ans pour permettre à la société de mener à bien les projets d’investissement qu’elle s’est engagée à réaliser dans le port antique de la Grèce.

Cette vente porte à 67 % la participation du mastodonte chinois dans le port, qui est actuellement majoritaire à 51 %.

Un nouveau contrat reflétant cette participation considérablement accrue sera signé par COSCO et l’État grec dans les prochains jours. Il devra ensuite être soumis au Parlement pour être ratifié. Il est fort probable que le contrat sera voté dans les deux premières semaines de septembre.

Bien qu’elle n’ait pas respecté le programme d’investissement de 300 millions d’euros qu’elle avait promis de mettre en œuvre dans les cinq ans suivant l’achat de sa participation majoritaire de 51% dans le port, Cosco a exigé que la disposition de l’accord de privatisation soit activée.

La participation initiale de COSCO dans le port était estimée à 293,7 millions d’euros.

La Cour des comptes grecque a accepté les protestations de Cosco selon lesquelles elle n’est pas responsable des retards dans la mise en œuvre du plan d’investissement. Elle a constaté qu’une partie au moins des problèmes était liée à des questions juridiques sur lesquelles Cosco n’avait aucun contrôle, notamment un recours de la population locale concernant des préoccupations environnementales qui a retardé la modernisation d’un terminal de croisière au Pirée.

Cosco avait protesté dès novembre 2020 dans une lettre adressée aux ministres des finances et du transport maritime et au Fonds de développement des actifs de la Grèce, en affirmant qu’elle n’était pas responsable des retards.

Selon les médias grecs, l’accord actualisé entre COSCO et l’État grec implique que COSCO dépose des lettres de garantie équivalant à 33 % du montant des investissements en attente.

L’État grec fera appel à ces lettres si les investissements de COSCO ne sont pas achevés dans les nouveaux délais.

L’État grec disposera d’un droit de veto sur les décisions stratégiques concernant le port, mais il ne sera représenté à l’avenir que par un seul membre au sein du conseil d’administration de l’OLP, qui en compte 11.

Actuellement, il dispose de trois membres au sein du conseil.

Il est rapporté que COSCO a déposé un total de 88 millions d’euros sur un compte séquestre afin de se voir accorder sa participation initiale de 16 % en 2016.

À ce jour, moins de la moitié, soit 140 millions d’euros, des 600 millions d’euros d’améliorations stipulées pour le port ont été réalisées.

Source https://greekreporter.com/2021/08/26/several-privatized-greek-ports-for-sale-to-highest-bidder/

Des politiques criminelles mettent le feu en Grèce, en Turquie et à Chypre

Nous publions ci-dessous la déclaration publique de la campagne Kasma birak / Μας σκάβουν τον λάκκο à propos des incendies de forêt qui brûlent actuellement certaines parties de la Grèce, de la Turquie et qui ont ravagé une partie de l’île de Chypre. La campagne Kasma birak / Μας σκάβουν τον λάκκο a été initiée par 68 organisations environnementales et sociales des 3 pays, pour lutter contre les extractions et le bellicisme.

Nous avons besoin de camions, de pompiers et d’avions, de solidarité, pas de plus de matériel militaire.

Depuis le début du mois de juillet, à Chypre, en Grèce et en Turquie, des incendies catastrophiques ont brûlé des milliers de kilomètres carrés de zones forestières et des régions entières. À ce jour, le bilan est de 4 morts à Chypre, 8 morts en Turquie, 1 mort en Grèce et des milliers de blessés et de personnes déplacées dans les trois pays, sur 547 kilomètres carrés en Turquie, des centaines de milliers en Grèce et plus de 55 kilomètres carrés à Chypre ; et les incendies se poursuivent.

Les températures élevées dans la région, dues à la crise climatique, créent des conditions où il est très facile pour un incendie de se déclencher. Cependant, ce n’est pas la raison pour laquelle les incendies se propagent. Les gouvernements devraient être prêts à faire face à toute éventualité, mais ils ne le sont pas.

Les coupes budgétaires de ces dernières années dans les services de lutte contre les incendies dans les trois pays ont laissé les rares pompiers sans les ressources nécessaires pour faire face aux incendies d’été, même ordinaires.

Le cas le plus typique est celui de la Turquie où, bien qu’il y ait 8 avions de lutte contre les incendies, aucun d’entre eux n’est actuellement actif et prêt à voler en raison du manque d’entretien adéquat, de protection et… de personnel !

En Grèce, les incendies ont été répandus sur un front de plusieurs dizaines de kilomètres, détruit d’immenses zones forestières et pénétré dans des zones résidentielles alors que le vent n’était au départ que très faible. Des dizaines d’avions anti-incendie ont été cloués au sol à cause de dommages. Dans l’ensemble, le corps des pompiers dépend principalement de dons privés pour renouveler sa flotte, tandis que son épuisement massif pendant la période des mémorandums est « rafistolé » par des travailleurs contractuels, sans qu’aucun recrutement permanent réel n’ait été effectué.

À Chypre, bien que le gouvernement affirme que les dépenses aient augmenté de 42 %, les forces mobilisées étaient trop faibles pour l’ampleur de l’incendie qui a éclaté début juillet, tant en véhicules qu’en personnel, et les deux avions de pompiers que le gouvernement avait promis d’acheter depuis 2016 n’ont pas été achetés.
Jeu d’impressions avec l’entraide, mais en pratique rien.

Ces derniers jours, la Grèce et la Turquie ont joué à un jeu d’impressions concernant l’aide qu’elles enverraient, n’enverraient pas, demandée ou non, l’une à l’autre. La République de Chypre a refusé de recevoir l’aide de la partie nord de Chypre et a laissé brûler des zones entières jusqu’à ce que l’aide arrive de Grèce, d’Israël et d’Italie. Le nationalisme des classes dirigeantes coûte à nos forêts, à nos maisons et à la vie des gens et des animaux.

La demande dans les trois pays est commune : Investir dans la lutte contre les incendies et dans la prévention, pas dans la police et l’armée !

Recep Tayyip Erdogan possède 13 avions privés. La Turquie, qui produisait jusqu’à récemment des véhicules de pompiers, produit désormais des drones militaires. En Grèce, au lieu d’équiper les pompiers ces derniers mois, le gouvernement n’a cessé d’acheter de nouveaux véhicules pour la police, sans parler des milliards dépensés en Rafales français (avions militaires) pour protéger l’extrcation du gaz. Et Chypre a acquis ces dernières années ses premières « arroseuses », investissant ainsi dans la suppression des mouvements plutôt que dans la lutte contre les incendies !

Dans les trois pays, des milliers de citoyen.ne.s ont vu leurs biens détruits, des milliers ont été abandonné.e.s dans les rues, des milliers d’animaux ont été brûlés vifs. Des dizaines de milliers d’hectares de forêts précieuses ont été perdus.

Nous sommes solidaires aux victimes des incendies dans ces trois pays.
Dans les trois pays, l’ennemi est commun : ce sont les politiques néolibérales et le nationalisme, ainsi que l’armement militaire pour défendre les intérêts des capitalistes/multinationales, même si cela signifie laisser brûler nos forêts et nos villages.

Nous exigeons un renforcement immédiat de la prévention, et le renforcement des services d’incendie et des services forestiers, et non de la police et de l’armée !
Aide mutuelle et solidarité ! Dans la lutte contre la catastrophe, il n’y a pas de place pour le nationalisme et les jeux diplomatiques.

De l’argent pour soutenir ceux qui ont perdu leur logement et des allocations pour les aides à restaurer leurs maisons.

Protection des zones forestières brûlées. Pas d’activité d’investissement et d’expansion résidentielle dans les zones brûlées.

Nous nous battons pour une société où l’environnement et les vies, humaines et animales, passent avant les profits.

Source :

In English https://net.xekinima.org/criminal-policies-burning…/
Ελληνικά https://www.facebook.com/100768871983172/posts/209916164401775/?sfnsn=mo

Source https://www.cadtm.org/Des-politiques-criminelles-mettent-le-feu-en-Grece-en-Turquie-et-a-Chypre

Le trafic d’êtres humains en Grèce : une course sans fin

Le trafic d’êtres humains en Grèce : une course sans fin (Part 1)

Par Marie Vansteenkiste

Avant toute chose, il existe une différence entre la traite et le trafic d’êtres humains. Même si ces deux termes sont proches, il existe une importante différence entre les deux. La traite, elle, se dirige plus vers un côté économique. C’est une exploitation d’individus à des fins lucratives. L’exploitation porte sur la mendicité, le travail ou services dans des conditions contraires à la dignité humaine, le prélèvement d’organes ou de matériel corporel humain et le fait commettre un crime ou un délit contre son gré.

C’est malheureusement la forme d’esclavage d’aujourd’hui. L’exploitation peut également être sexuelle, prostitution mais pas seulement. Les exploiteurs de main d’œuvre pas cher et illégale dans le bâtiment, hôtel, restaurants, cafés ou encore le travail domestique et de plus en plus fréquent.

Quant au trafic des êtres humains, celui-ci se définit par le fait de faire passer illégalement une frontière à des individus pour des fins lucratives.

Du cas par cas

Sur les 193 pays recensés sur la planète, 137 connaissent un esclavage dit moderne. En Grèce, le trafic humain commence sous vos yeux sans que vous en ayez la moindre idée. Les vendeurs de roses, de bracelets, des enfants qui jouent de la musique devant vous, tout commence là. Mi-juin à Thessalonique, la police a arrêté un couple bulgare et un complice. Ce trio a été accusé de traite d’êtres humains, d’exposition et d’exploitation de mineurs en danger.

Ce sont en général des mineurs ou des très jeunes enfants qui mendient ou aident à la mendicité toute la journée sans avoir un suivi scolaire, et qui rapportent de l’argent aux parents en fin de journée. Des enfants qui passent leurs nuits sur les trottoirs, « vivant une vie qui n’est pas conforme à leur activité de mendiants » explique le communiqué de presse de la police. Ce sont les plus marginalisés et les plus fragiles de la société qui se retrouvent dans ce genre de trafic. Les chiffres officiels évoquent 1000 à 2000 femmes et enfants victimes de ce trafic chaque année.

Ces estimations sont largement inférieures à celles des organisations non gouvernementales grecques, reprises par Amnesty International, qui font état de milliers de victimes non reconnues. Amnesty International cite l’exemple caractéristique de l’année 2000, où 90 000 personnes auraient transité par le territoire grec dans le cadre de ce trafic.

Pour le cas des femmes, c’est généralement dans le domaine de la prostitution qu’elles sont « employées ». Toutes ses victimes ne sont donc pas protégées et ne peuvent pas l’être puisque ce sont elles-mêmes qui sont poursuivies pour prostitution illégale et absence de visa ou de carte de séjour. Ces femmes sont souvent emprisonnées avant d’être reconduites à la frontière, toujours sans aucun droit.

Les victimes ne sont pas considérées comme des êtres humains et le manque de considération envers elles empêche la police d’investigation d’intervenir et de mettre un terme à cela. Selon les ONG, sur le millier d’arrestations annoncées par la police ces quatre dernières années, seuls dix ou quinze cas ont fait l’objet d’une enquête judiciaire.

Plus grand trafic au monde, gentiment puni

Un trafic qui pèse plus de 32 milliards de dollars, mais qui n’est que très peu puni par la loi. Les répressions de la traite des êtres humains sont punies de sept ans d’emprisonnement et de 150 000 euros d’amende, sans circonstances aggravantes. Pas de quoi effrayer les trafiquants. Avec les circonstances, la peine peut tripler, s’il est question de criminalité ou délinquance organisée.

Pas de quoi effrayer les trafiquants. Même si des peines nationales existent, de nombreux traités internationaux sont également mis en place afin d’éviter tout trafic d’humains confondus. Tel que

–      La Convention complémentaire des Nations unies relative à l’abolition de l’esclavage, de la traite des esclaves et des institutions et pratiques analogues à l’esclavage.

–      La Convention des Nations unies sur l’élimination de toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes demande à toutes les parties de supprimer toutes les formes de trafic des femmes et l’exploitation de la prostitution des femmes.

Chacun des pays qui ont signé ces conventions intègrent petit à petit des engagements dans leur législation nationale, mais malgré cela les chiffres de trafic ne cessent d’augmenter. Depuis le passage d’une « législation mondiale contre le trafic des personnes, le protocole additionnel à la Convention des Nations unies contre la criminalité transnationale organisée, visant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, en particulier des femmes et des enfants » a été adopté par l’Assemblée générale de l’ONU en l’an 2000.

Le trafic des êtres humains n’est plus reconnu comme un problème primordial international. La lutte contre le trafic implique une énorme coopération et demande de la coordination aux niveaux national et international entre les ONG. La coordination est le fruit des bons résultats pour ce genre de trafic.  Malheureusement aujourd’hui, la corruption détient encore un rôle trop important pour mettre un terme au trafic.

Pour la première fois en deux décennies, le nombre d’enfants mis au travail a augmenté – pour atteindre 160 millions dans le monde, soit une augmentation de 8,4 millions en quatre ans – tandis que des millions d’autres sont menacés par la pandémie de COVID-19, selon un nouveau rapport des Nations Unies

Le rapport, intitulé Child Labour : Global estimates 2020, trends and the road forward, publié par l’Organisation internationale du travail (OIT) et le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF), exhorte les gouvernements et les banques internationales de développement, a déclaré la directrice générale de l’UNICEF Henrietta Fore, « à donner la priorité aux investissements dans des programmes qui peuvent sortir les enfants de la main-d’œuvre et les ramener à l’école »

Source https://lepetitjournal.com/athenes/le-trafic-detres-humains-en-grece-une-course-sans-fin-part-1-317767

Le trafic d’êtres humains en Grèce : une course sans fin (Part 2)

Par Marie Vansteenkiste

Publié juste avant la Journée mondiale contre le travail des enfants, le 12 juin, le rapport avertit que les progrès réalisés pour mettre fin au travail des enfants ont marqué le pas pour la première fois en 20 ans, inversant la tendance à la baisse qui avait vu le nombre d’enfants mis au travail diminuer de 94 millions entre 2000 et 2016.

Le rapport souligne, aussi, une augmentation significative du nombre d’enfants âgés de 5 à 11 ans qui travaillent, soit un peu plus de la moitié du total mondial.
Et ceux âgés de 5 à 17 ans effectuant un travail dangereux, susceptible de nuire à leur santé, leur sécurité ou leur bien-être moral, a augmenté de 6,5 millions depuis 2016, pour atteindre 79 millions.
« Ces nouvelles estimations sont un signal d’alarme. Nous ne pouvons pas rester sans rien faire alors qu’une nouvelle génération d’enfants est mise en danger », a déclaré le Directeur général de l’OIT, Guy Ryder.

L’impact du COVID

En Afrique subsaharienne, la croissance démographique, les crises récurrentes, l’extrême pauvreté et l’inadéquation des mesures de protection sociale ont conduit à ce que 16,6 millions d’enfants supplémentaires travaillent au cours des quatre dernières années, selon le rapport.

Le COVID-19 met en péril les progrès réalisés dans les régions Asie et Pacifique, et Amérique latine et Caraïbes.
Le rapport prévient qu’à l’échelle mondiale, neuf millions d’enfants supplémentaires risquent d’être poussés vers le travail des enfants d’ici à la fin de 2022 en raison de la pandémie, chiffre qui pourrait atteindre 46 millions sans accès à une couverture de protection sociale essentielle.

Les chocs économiques supplémentaires et les fermetures d’écoles provoqués par le COVID-19 signifient que les enfants déjà obligés ou forcés de travailler, peuvent travailler plus longtemps ou dans des conditions plus difficiles, tandis que les pertes d’emplois et de revenus parmi les familles vulnérables peuvent pousser beaucoup plus d’enfants vers les pires formes de travail.

Inverser la tendance

Pour inverser la tendance à la hausse, l’OIT et l’UNICEF appellent à une protection sociale adéquate, y compris des allocations familiales universelles ; à une augmentation des dépenses pour une éducation de qualité et le retour de tous les enfants à l’école, y compris ceux qui ont été forcés de quitter l’école avant COVID-19 ; et à des investissements dans les systèmes de protection de l’enfance, les services publics ruraux et les moyens de subsistance.

Dans le cadre de l’Année internationale pour l’élimination du travail des enfants, le partenariat mondial Alliance 8.7, dont l’UNICEF et l’OIT sont partenaires, encourage les Etats membres, les organisations régionales et internationales et d’autres acteurs à redoubler d’efforts dans la lutte mondiale contre le travail des enfants en prenant des engagements d’action concrets.

Trafic d’êtres humains en Grèce

La traite des êtres humains en Grèce est devenue au fil des ans le crime le plus important du pays, et ce pour de nombreuses raisons. Tout d’abord, les données relatives à la traite ont considérablement augmenté grâce à la normalisation de la collecte et de la communication des données. En outre, la Grèce possède le 11e plus long littoral au monde, ce qui la rend populaire auprès des groupes criminels organisés.

La côte bordée de nombreuses régions d’Europe, d’Asie et d’Afrique constitue un lieu de transit et de destination approprié. En 2018, l’organisation A21 a estimé qu’il y avait 89 000 victimes de la traite des êtres humains en Grèce et que plus de la moitié étaient des victimes du commerce du sexe.

La majorité des trafiquants en Grèce sont grecs. Pendant ce temps, la plupart des victimes du trafic sexuel sont des femmes et des enfants, et les victimes du travail sont des hommes et des enfants. Les victimes de la traite en Grèce sont le plus souvent des migrants et des demandeurs d’asile qui dépendent de la contrebande et du travail forcé.

La traite des êtres humains est illégale et punissable aux niveaux étatique, fédéral et international. La réponse de la Grèce à la traite des êtres humains se classe actuellement au niveau 2.

Selon le Département d’État américain, un pays qui se classe dans la catégorie 2 ne respecte pas les normes minimales de lutte contre la traite des êtres humains. Le Département d’État américain a demandé, il y a déjà plusieurs mois à la Grèce d’appliquer au plus vite les recommandations qui leur ont été faites, afin de stopper ce trafic.

Malgré cela et les aides financières le gouvernement Grec ne satisfait toujours pas aux normes minimales pour l’élimination de la traite des êtres humains.  La Grèce est donc restée au niveau 2.

Après une deuxième mise en garde, la Grèce a commencé à faire des efforts avec l’unité de lutte contre la traite en déployant de solides efforts d’investigation, tels que des inspections conjointes avec les inspecteurs du travail et les travailleurs sociaux.

Le gouvernement a aussi officiellement lancé un mécanisme national d’orientation multidisciplinaire doté de procédures opérationnelles standard et de directives écrites appropriées. Le bureau du rapporteur national sur la traite des êtres humains a mené des efforts de lutte contre la traite à l’échelle du gouvernement, notamment un projet visant à éliminer le travail forcé dans les chaînes d’approvisionnement du gouvernement local.

Cependant, le gouvernement n’a pas respecté les normes minimales dans plusieurs domaines clés. La lenteur des procédures de filtrage et la surpopulation des installations, notamment des camps de migrants et de réfugiés et des abris pour mineurs non accompagnés, ont exacerbé les vulnérabilités et ont parfois conduit à une nouvelle victimisation des survivants.

En outre, le gouvernement n’a pas déployé d’efforts proactifs pour identifier le travail forcé et les enfants non accompagnés, et certaines autorités ont officieusement renvoyé de force certains migrants et demandeurs d’asile en Turquie, décourageant fortement les victimes de s’identifier ou de coopérer. L’aide spécialisée aux victimes restait inadéquate ou inaccessible, et les procédures judiciaires durent souvent de deux à six ans, ce qui entrave la coopération des victimes et des témoins clés, et entraîne l’acquittement des trafiquants présumés.

Profil de la traite inhumaine

Au cours des cinq dernières années, les trafiquants d’êtres humains exploitent des victimes nationales et étrangères en Grèce, et les trafiquants exploitent des victimes de Grèce à l’étranger. Les trafiquants opérant en Grèce sont principalement des Grecs et d’autres Européens de l’Ouest et de l’Est, mais certains sont également originaires d’Asie centrale.

Les trafiquants soumettent des femmes et des enfants d’Europe de l’Est et du Sud, d’Asie centrale et du Sud, de Chine, de Géorgie, du Nigeria et de Russie à la traite sexuelle dans des maisons closes non autorisées, dans la rue, dans des clubs de strip-tease, dans des salons de massage et dans des hôtels.

Les victimes du travail forcé en Grèce sont principalement des enfants et des hommes originaires d’Europe de l’Est, d’Asie du Sud et d’Afrique. Les travailleurs migrants du Bangladesh, du Pakistan et de l’Afghanistan sont susceptibles d’être soumis à la servitude pour dettes, notamment dans le secteur agricole.

Les enfants roms marginalisés d’Albanie, de Bulgarie et de Roumanie sont contraints de vendre des marchandises dans la rue, de mendier ou de commettre de petits vols. L’augmentation du nombre d’enfants migrants non accompagnés en Grèce a augmenté le nombre d’enfants susceptibles d’être exploités. Les enfants non accompagnés, principalement originaires d’Afghanistan, pratiquent le sexe de survie et sont vulnérables au trafic.

Les femmes réfugiées et migrantes, en particulier celles qui vivent dans les CIR des îles, sont très vulnérables à la traite. Belgrade joue le rôle d’un carrefour entre plusieurs axes (aussi bien pour les prostituées que pour les migrants clandestins), d’Europe orientale vers le nord de l’Italie par les pays de l’ancienne Yougoslavie (où interviennent des trafiquants bosniaques, croates et slovènes), de Turquie vers l’Europe centrale par la route des Balkans, enfin d’Europe orientale vers le sud de l’Italie par les ports monténégrins ou albanais.

Source https://lepetitjournal.com/athenes/le-trafic-detres-humains-en-grece-une-course-sans-fin-part-2-317770

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