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Macédoine …et légumes La rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis  Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif  et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque.

Macédoine… et légumes

C’est l’hiver, certes doux, et… c’est le pays où les habitants meurent à petit feu. Cette semaine, l’actualité a encore tourné autour du pot cassé, sans répondre, même partiellement, aux flagrantes apories humaines réellement existantes. Plus de deux cent mille personnes (près de cent mille d’après le comptage de la police), se sont rassemblées à Thessalonique pour s’opposer à la réouverture des négociations entre la Grèce et la Macédoine slave, surtout à l’utilisation par cette dernière du nom historique de “Macédoine”. Autrement-dit, l’ex-République Yougoslave de Macédoine, au sujet de sa désignation définitive officielle (et ainsi enfin acceptée par les deux pays). Macédoine… et alors légumes !

Le rassemblement de Thessalonique, le 21 janvier 2018 (presse grecque)

Cette histoire est suffisamment vieille, le ridicule des gouvernements de Skopje ne tue heureusement personne lorsque ces voisins Slaves s’autoproclament officiellement héritiers d’Alexandre le Grand et de son dynastie Macédonienne d’alors, et du côté grec, on admet difficilement, voire pas du tout, que d’autres voisins peuplant une partie de la Macédoine géographique (dont la plus grande partie forme la région homonyme du nord de la Grèce), puissent enfin s’autodésigner de la sorte (“Macédoniens”).

Dans les faits, la Macédoine slave est pour la plupart des autres pays la Macédoine tout court, et il suffirait d’ôter de sa Constitution ces alinéas directement irrédentistes “quant à la libération de l’ensemble de la Macédoine”, puis côté grec, rechercher le compromis sans forcément la compromission, pour enfin avancer. Car sinon, les liens commerciaux et même touristiques entre les deux pays sont plus que bonnes aux dires de tous.

Et pourtant l’affaire est pourtant un peu plus compliqué (ou alors plus simple, c’est selon). Car l’initiative des négociations actuelles entre les deux pays pour un contentieux ayant occupé déjà le devant des deux scènes politiques respectives au début des années 1990, revient en réalité aux États-Unis (et dans une moindre mesure à l’U.E.). D’après la géopolitique actuelle, la Macédoine Slave devrait trouver enfin son nom définitif car face à la Russie, le temps long (tout comme les urgences) politiques des États-Unis, devraient conduire ces… autres pays restants dans les Balkans, dans le très exact giron de l’OTAN. Tout simplement.

Pierre Moscovici et Alexis Tsipras à Davos cette semaine (presse grecque)
“Alexandre le Grand peut-il vivre avec 400€ par mois ?” (Hebdomadaire “To Pontíki”, le 25 janvier 2018)
“Thucydide dramatique” (réflexion théâtralisée, Athènes, janvier 2018)

“Thucydide dramatique – Le théâtre de la Guerre”, c’est alors le titre qui en dit long (et juste) sur l’actualité humaine depuis… plus de deux millénaires, et c’est une forme de réflexion théâtralisée que les Athéniens ont pu découvrir également en cette fin janvier 2018. Hasard du calendrier ? Peut-être.

En attendant, on peut accessoirement et encore découvrir ces photographies publiées par la presse depuis Davos, pour ce qui est du visage… déjà on dirait métanthropisé, d’un certain Alexis Tsipras posant aux côtés de Pierre Moscovici. “Rappelons que Davos est le lieu où se déroule la Montagne magique de Thomas Mann, qui nous offrait de belles discussions entre dionysiaques et apolliniens – ces derniers ayant bien sûr perdu la joute. Ce livre ouvrait les thèmes de la mondialisation à l’époque où Edmond Husserl évoquait l’Europe et ses sempiternelles crises de la culture.’”

“Le développement forcé et forcené de l’informatique depuis deux générations a abouti à la création d’un État postmoderne renforcé, plus totalitaire et espionnant que jamais ; et à l’émergence d’une surclasse de manipulateurs de symboles, un nouveau clergé planétaire dont les riches et les plus puissants se réunissent en Suisse pour voir comment contrôler et soumettre le troupeau de viande – pour parler comme William Gibson – qui inquiète par son nombre et sa consommation, l’élite écolo et friquée de la planète perdue. J’avais marqué la distinction dans mon livre sur internet entre les techno-serfs et les techno-lords que le monde virtuel, le monde de la richesse et de l’apparence recréait sur un fond de mysticisme techno et de féodalisme retrouvé.”, souligne par ailleurs et par les temps qui courent Nicolas Bonnal .

Presse du moment. Athènes, janvier 2018
Place de la Constitution. Athènes, janvier 2018
Chouettes. Exposition sur Yórgos Séféris, Athènes, janvier 2018

Le grand rassemblement de Thessalonique fut patriotique… folklorique, pathétique et pour tout dire hétéroclite. Les députés du parti de Kamménos… le patriote mémorandaire y étaient présents, et parmi eux, l’ex-ministre adjoint de l’Éducation ex-Nationale très fraîchement démissionnaire, Kóstas Zouráris, ancien de mai ’68 à Paris, et entre autres ex-universitaire suffisamment baladin, lequel avait été pris à partie par la foule, pour finalement être sauvé du passage à tabac in extremis par la police

Le rassemblement de Thessalonique, préfigurant celui organisé à Athènes pour le 2 février prochain, a avant tout, réuni tous ceux qui ne se reconnaissent plus aux partis (et surtout aux partis de gauche), autrement-dit, l’immense majorité des Grecs en ce moment. Il a ainsi et d’emblée cristallisé toute la haine comme le ressentiment vis-à-vis de cette fin de l’histoire politique du pays, celui que SYRIZA a décidément accompli avec tant… d’enthousiasme en 2015. Plus que la question Macédonienne (pratiquement… réglée dans un sens), c’est un avertissement fort, adressé aux pseudo-dirigeants. Rien de très constructif certes, et pourtant une volonté claire à ne plus poursuivre dans la voie de l’humiliation et de la mise à mort du pays et de son peuple dans sa majorité (culture et histoire comprises).

Ceux de l’Aube Dorée y étaient évidemment et bruyamment présents, sauf qu’ils ne tirent, et ne tireront plus me semble-t-il vraiment bénéfice de ce type de manifestations et de situations. D’abord, aux yeux des Grecs les néonazis de l’Aube Dorée n’ont pas la propriété de la défense du pays, et ensuite, depuis l’escroquerie SYRIZA, on se dit qu’il va falloir rester vigilent “rien que parce que les Aubedoriens peuvent être un leurre posé et imposé par certaines puissances étrangères”, telle semble être en tout cas, la doxa populaire du moment, et dans un sens c’est mieux ainsi.

Athènes et l’Acropole. Janvier 2018
Quartiers d’Athènes. Janvier 2018
Prémisses du Printemps. Athènes, janvier 2018

Il n’y a d’ailleurs pas si longtemps, c’était en décembre 2017, dans le cadre du procès des Aubedoriens, que l’historien Dimitris Koussoúris avait été appelé à la barre du Tribunal pour témoigner de la tentative d’assassinat dont il avait été victime en 1998, à une époque où le groupuscule Aubedorien était encore pratiquent inconnu du grand public.

Comme le rappelle la géopolitologue Béatrice Giblin dans son ouvrage “L’extrême droite en Europe” (2014), l’incident le plus grave eut lieu à Athènes le 16 juin 1998. “À la sortie du palais de justice, un groupe de ses militants attaque et blesse sérieusement trois hommes d’un groupe de la gauche extraparlementaire, dont l’un, l’étudiant Dimitris Koussoúris, échappa à la mort de justesse. Antónios Androutsópoulos, dit Périandros, considéré à l’époque comme le numéro deux de l’Aube Dorée, est identifié comme l’un des agresseurs, mais il s’enfuit et restera en cavale jusqu’en 2005, année où il se rend volontairement aux autorités. Si l’Aube Dorée a toujours nié son implication dans cet événement ainsi que l’appartenance de Périandros au parti, les preuves sont accablantes: en 2006, Androutsópoulos est condamné à vingt et un an de prison.”

Dimitris Koussoúris avait été un de mes étudiants de DEA, dans le cadre d’un séminaire complémentaire à l’époque sous ma responsabilité, au Centre d’Études Byzantines Néo-helléniques et Sud-Est Européennes à Paris (EHESS), et nous étions au début des années 2000. Il m’avait tout raconté Dimitri, et comme ces événements étaient encore récents, il fuyait la Grèce, une certaine… Grèce en tout cas. Je l’ai rencontré ensuite plusieurs années après, il y a quelques mois à Athènes, où il était de passage car ayant perdu son poste (vacataire) à l’Université de Crète lorsque tous ces postes ont été supprimés pour cause… d’austérité, il travaille actuellement en Autriche… fuyant ainsi de nouveau une Grèce alors incertaine.

C’est ainsi l’hiver, certes (presque) doux au pays, les amandiers fleurissent, nos animaux adespotes s’installent au soleil, belles prémisses du Printemps, sauf que c’est au pays où les habitants meurent pourtant à petit feu.

Quartier d’Athènes. Janvier 2018
Soleil à Athènes, janvier 2018
Nos animaux adespotes au soleil. Athènes, janvier 2018

Sauf que le soleil à lui seul n’a jamais fait (toute) l’affaire. Devant le ras-le-bol généralisé, tout le monde sent qu’il y a place en Grèce pour un mouvement conservateur, souverainiste, populaire, et de droite, ce que la Nouvelle Démocratie de Kyriákos Mitsotakis n’est certainement pas, et ce que l’Aube Dorée aux globules néonazis prétend l’être sans convaincre.

La doxa grecque du moment croit attendre… l’homme fort, le militaire, voire, le dictateur qui mettra fin déjà aux humiliations, car “pour ce qui est de la crise c’est fichu”, comme ont dit alors très largement en Grèce. Sinon, les Grecs se détachent de la politique, des nouvelles et ne s’occupent progressivement que de leurs affaires supposées privées comme surtout de survie, une réalité qui désormais fait plutôt référence aux… particularités populaires sous les régimes communistes des pays de l’Est entre autres.

Dimitris Koussoúris au tribunal (procès de l’Aube Dorée). Athènes, décembre 2017 (presse grecque)

En tout cas, un des orateurs très apprécié du public à Thessalonique lors du rassemblement, fut le général à la retraite Frangos Frangoulis , un… patriote ayant publiquement pris position en faveur du ‘OUI’ au referendum de juillet 2015, comme il a été également Ministre de la Défense au cabinet dit “technique” (de transition) au moment des élections de 2012, du… très germanophile Panagiótis Pikramménos.

On prête alors au général Frangoulis des ambitions politiques, et si cela se confirme, nous verrons peut-être une nouvelle canalisation (et récupération systémique ?) de l’expression politique du ras-le-bol, à droite cette fois-ci, après avoir vécu le piège très préparé de SYRIZA à gauche. Peut-être. Cela-dit, depuis le grand rassemblement de Thessalonique, on observe ce paysage des… légumes politiques grecs se mettre en ébullition… alors gare à la soupe !

Fort heureusement pour notre moral, une exposition sur le poète Yórgos (Georges) Séféris, sur sa vie, via ses photos, puis les œuvres d’art autour de son œuvre s’est tenue jusqu’au 21 de ce janvier à Athènes, sous le titre (tiré d’une expression du poète): “Quand la lumière dance, je parle justement”.

“Quand la lumière dance, je parle justement”. Yórgos Seféris, exposition, Athènes, janvier 2018
Le Prix Nobel en 1963 de Yórgos Seféris, exposition, Athènes, janvier 2018
Retour en Asie Mineure (Turquie), Urla, bourg de son enfance. Photo de Séféris (1950)

Une immersion bien nécessaire en ces temps sombres, Georges Seféris et sa poésie à travers la peinture et la photographie, l’exposition présentait aussi au public des manuscrits du poète, des objets personnels, le Prix Nobel qui lui a été accordé en 1963, ainsi que des objets peints par lui-même. Sans oublier les presque 60 photos en noir et blanc, que le poète a prises tout au long de la sa vie et pendant ses voyages en Grèce et à l’étranger. Scènes de la vie quotidienne, paysages de l’Asie mineure, de Chypre, de Póros, et aussi ces portraits des proches, de sa femmes Maro, du peintre Yannis Tsaroúchis, ou encore de l’écrivain Henry Miller. L’autre siècle.

Clichés d’avant, temps d’après, comme pour cette photo de la bourgade d’Urla près de Smyrne (Izmir), petit port de l’enfance du poète. La maison familiale qui s’y trouve toujours et qui porte son nom… est désormais transformée en hôtel . Manière de faire exister peut-être, face à l’oubli.

Yorgos Séféris et sa femme Maro. Exposition, Athènes, janvier 2018
L’écrivain Henry Miller à Hydra. Photo de Yorgos Séféris, exposition à Athènes, janvier 2018

Et en sortant de l’exposition… la Grèce, la Macédoine… et leurs légumes politiques décidément trop cuits. La bonne question avait pourtant été posée sous forme de boutade par l’hebdomadaire politique et satyrique “To Pontíki” daté du 25 janvier 2018: “Alexandre le Grand peut-il vivre avec 400€ par mois ?”. Et c’est un peu comme pour le nœud gordien dans un sens.

Quotidien grec, déliquescences. Le voisin, pourtant médecin qui n’accompagne pas son voisin seul, à bord de l’ambulance lors d’un malaise, puis, toujours d’après le reportage de “To Pontíki” , cet homme qui a subi un malaise et qui s’effondre dans une rame du métro d’Athènes, et voilà que seulement deux personnes à bord du wagon (plein) qui se sont penchées sur son cas. Tous les autres, Grecs comme migrants laissant ainsi éclater… leur colère grognassant. “Dégagez-le enfin… le connard, il nous gêne, on a autre chose à faire que de perdre notre temps.” Le corps… encore animé a finalement été récupéré par une ambulance six stations de métro plus loin, le tout, devant un corps social visiblement inanimé.

La Grèce n’est plus la même, pour ne pas dire la Grèce n’est plus. La destruction du lien, de cette “filia” à minimum nécessaire pour que société et communauté subsistent autant que faire se peut entre les humains d’après Aristote, a manifestement été broyée en huit ans de mémorandum… voilà le beau résultat.

Peinture décorative de Yorgos Séféris. Exposition, Athènes, janvier 2018
Ruines. Photo de Yorgos Séféris, exposition, Athènes, janvier 2018
Exposition Yórgos Seféris. Athènes, janvier 2018

Alexis Tsipras, (encore) depuis à Davos cette semaine, vient de répéter combien et comment le moment de la sortie du pays de la surveillance troïkanne serait alors proche, puisque d’après les médias ERT (service… public), “Tsipras a eu une réunion avec le commissaire des Finances Pierre Moscovici, qui a indiqué que la Grèce a passé dans une nouvelle phase de consolidation de la confiance et la fiabilité” .

La très… bonne blague. Comme le fait remarquer à très juste titre François Leclerc sur le blog de Paul Jorion , à ce propos: “Abusifs, les commentaires fleurissent sur le thème que les indicateurs reviennent au vert en Grèce, dans la perspective de la fin de son troisième plan de sauvetage fin août prochain. C’est un peu vite oublier qu’un grec sur cinq est officiellement au chômage, et qu’au troisième trimestre 2017 – dernières données disponibles – la consommation a baissé de 1% sur un an et l’investissement de 8,5%. Rien qui augure d’un démarrage en fanfare, même avec ces indices qui demanderaient eux aussi un sérieux coup de propre à l’heure du Big data, une fois leurs biais corrigés!” (…)

“La Grèce serait donc sortie de la crise, mais comment qualifier une situation où plus de 35% des grecs sont sous le seuil de pauvreté, où la moitié d’entre eux vivent d’une pension de retraite – la leur ou celle de leurs parents – où sept jeunes sur dix âgés de 18 à 35 ans rêvent de partir à l’étranger? Quel avenir peuvent-ils attendre d’un pays dont le montant de la dette publique correspond à 178% du PIB, et où la croissance devra prioritairement financer son remboursement, à moins qu’une nouvelle crise de la dette ne le mette à nouveau à terre ? La vérité toute simple est qu’un tel pays ne peut pas prétendre au développement mais tout juste assurer la survie de ses habitants, et ce pour très longtemps.”

La maison rouge (île de Póros) où Séféris avait séjourné. Póros, 2017
La maison rouge (île de Póros) où Séféris avait séjourné. Exposition, Athènes, janvier 2018
Kichlée (La Grive), bateau et autant poème de Séféris. Exposition, Athènes, janvier 2018

Mon ami de Paris Lákis Proguídis et les siens de la revue “L’Atelier du Roman” (… laquelle n’a plus d’éditeur) reproduisent dans leur dernier numéro cette réflexion, toujours d’actualité, extraite du Journal (1961) du grand écrivain Witold Gombrowicz , temps qui est donc le nôtre… Macédoine ou pas !

“Quand j’étais jeune, au moins, on se moquait encore du professeur, grand-père éthéré qui perdait son chapeau. Aujourd’hui, personne ne rit plus, on se prend à se crisper, à se recroqueviller, à se sentir mal à l’aise à la vue des bonshommes assemblés, les spécialistes, qui s’attaquent à notre peau, transforment nos gènes, s’immiscent dans nos rêves, modifient le cosmos, enfoncent leurs petites aiguilles dans nos centres nerveux, tripotent nos organes internes, intimes, auxquels personne ne devrait toucher !”

L’ancre sur l’île de Póros. Georges Seféris, exposition, Athènes, janvier 2018

“Ces manipulations impudiques, ce sans-gêne ignoble, cette cochonnerie qui s’annonce, ne nous effraient pas encore assez, mais bientôt nous nous mettrons à hurler en voyant notre amie, notre bienfaitrice, la Science, se déchaîner de plus en plus et devenir un taureau qui nous encorne, une force plus imprévisible que tout ce à quoi nous avons eu affaire jusqu’à présent. La lumière croissante se muera en ténèbres et nous nous retrouverons dans une nuit nouvelle, la pire de toutes.”

C’est l’hiver, certes doux, et c’est le pays où les habitants meurent à petit feu… sous le regard philosophe des animaux adespotes des lieux, en dépit on dirait de l’émergence de cette surclasse de manipulateurs de symboles. Quand la lumière dance, peut-on encore parler justement ?

(Le blog remercie ses ami(e)s pour leur soutien pour sa campagne exceptionnelle de décembre 2018 – janvier 2018, surtout par les temps qui courent, preuve, s’il en faut, que la lumière danse !)

Animal adespote. Athènes, janvier 2018
* Photo de couverture: Photo de Georges Seféris. Exposition, Athènes, janvier 2018

mais aussi pour un voyage éthique, pour voir la Grèce autrement “De l’image à l’imaginaire: La Grèce, au-delà… des idées reçues !”   http://greece-terra-incognita.com/

Grèce : limitation du droit de grève

Mouvement de contestation en Grèce contre le projet de Tsipras de limiter le droit de grève

En Grèce, le projet du gouvernement de limiter le droit de grève a provoqué vendredi dernier un mouvement de contestation important. A Athènes la journée a été marquée par de gigantesques embouteillages, provoqués par les blocages des transports publics, des trains et des bateaux ainsi que par un ralentissement du fonctionnement des hôpitaux.

Pablo Morao lundi 15 janvier

Crédits photo : Aris Messinis/AFP

Les nouvelles réformes du gouvernement n’ont pas plu aux travailleurs et ils l’ont fait savoir en exerçant, vendredi dernier, leur droit acquis de haute lutte : la grève. Un droit que le gouvernement entend réduire. Alors que jusqu’ici, les syndicats pouvaient lancer une grève s’ils disposaient du soutien de 20% de leurs membres, le gouvernement entend passer ce taux à 50%, durcissant de fait la possibilité de journées d’action.

A l’appel des principaux syndicats, 20 000 personnes ont défilé dans les rues de Athènes. Particulièrement suivie dans les transports publics, la grève a provoqué des embouteillages monstres autour de la capitale grecque. Les dockers se sont également mobilisés en bloquant les bateaux, tandis que les hôpitaux fonctionnaient au ralenti.

Cette mesure portée par le gouvernement de Syriza fait partie des 140 « actions prioritaires » imposées par la Troïka, des mesures dont la mise en place constitue la condition de l’obtention d’aides financières et d’étalement de la dette. Depuis qu’il a capitulé devant la Troika et les créanciers, le gouvernement de Tsipras a mis en place scrupuleusement ce programme concocté par le FMI, la BCE, le Mécanisme Européen de Stabilité et la Commission Européenne. En parallèle de cette politique, la droite de Nouvelle Démocratie continue sa progression dans les sondages.

Imposée par les créanciers, la remise en cause du droit de grève illustre de manière particulièrement criante 3 années de trahisons. Par-delà toutes les souffrances qu’il aura et continue de causer, le gouvernement Tsipras aura au moins eu le mérite de démontrer les limites inhérentes à tout projet de « gauche » qui ne pose pas comme horizon la rupture avec l’ordre capitaliste, quand bien même il serait soutenu par des mobilisations et par un peuple qui avait exprimé clairement, lors du référendum de juillet 2015, son refus des plans austéritaires de la Troika.

Dès lors, la grève constitue l’ultime moyen de lutte d’un peuple qui souffre et que ses dirigeants ont choisi de sacrifier sur l’autel de l’austérité. La limitation de ce droit apparaît comme un moyen de faire taire les travailleurs. Une mesure paradoxale car cela fait bien longtemps que le gouvernement est sourd à toutes leurs revendications

http://www.revolutionpermanente.fr/Grece-les-travailleurs-en-greve-pour-le-droit-de-greve

Le Portugal à feu et à cran

paru dans CQFD n°159 (novembre 2017), par Mickael Correia, illustré par Emilie Seto

À en croire nos plus brillants analystes, le Portugal sort la tête de l’eau après avoir subi les affres de l’austérité. Mais derrière les chiffres clinquants d’une croissance sur le retour se cache une tout autre réalité : celle d’une population abandonnée à son sort par les pouvoirs publics. Chronique d’un État qui se dévoie et d’un peuple portugais qui s’organise.

«  L’improbable redressement », «  la vigueur après la rigueur » ou encore « la résurrection économique du Portugal », exulte depuis plusieurs mois la presse française [1]. Depuis l’avènement fin 2015 d’une coalition de gauche au pouvoir [2], le pays serait en passe de tourner la page de l’austérité. L’augmentation du salaire minimum et la baisse des impôts sur le revenu auraient fait redémarrer l’économie. En tournant le dos au dogme libéral, le gouvernement de gauche plurielle est même devenu un objet d’adulation pour les médias français, qui n’hésitent plus à parler de « modèle portugais ».

Campagnes en feu

Et pourtant. Depuis cet été, c’est plus un sentiment de rage que de justice sociale que partagent les Portugais. En octobre, pour la deuxième fois en quatre mois, le pays a été frappé par les incendies les plus meurtriers de son histoire. En un été, plus de cent personnes auront trouvé la mort dans des feux de forêt. La cause de cette catastrophe ? Le vaste chantier de réduction des dépenses publiques mené par l’État portugais depuis cinq ans [3]. Après que la plantation de l’eucalyptus (un arbre très inflammable, mais à grande rentabilité économique) a été libéralisée en 2013 pour relancer une économie rurale en berne, le gouvernement de gauche a divisé par quatre les effectifs des services forestiers. De même, la coalition au pouvoir a dès 2016 privatisé la lutte anti-incendie aérienne et s’est refusée à financer une politique forestière publique, austérité oblige. Ces économies sur le dos de services publics essentiels dans un pays recouvert à plus d’un tiers par la forêt ont tellement exaspéré les Portugais que la ministre de l’Intérieur a été contrainte de démissionner le 18 octobre dernier. Mais que le populo des champs se rassure : le pays brûle, certes, mais le déficit public recule.

Villes à vendre

Malgré ses promesses, la coalition de gauche n’a toujours pas modifié la loi sur les locations de logements (Lei das rendas), mise en place par ses prédécesseurs de centre-droit. Cette loi autorise les propriétaires à signer des baux à très court terme et facilite l’expulsion des locataires de longue date. Elle a pour but d’inciter les proprios à louer aux touristes et d’attirer les fonds d’investissement pour qu’ils spéculent dans l’immobilier. Ces trois dernières années, la municipalité socialiste de Lisbonne a ainsi pu revendre une centaine d’immeubles d’habitation publics à des investisseurs sans scrupules qui les ont réhabilités en apparts haut de gamme. La frénésie immobilière, l’explosion des locations Airbnb et la gentrification sont telles qu’elles ont entraîné l’expulsion massive de dizaines de milliers d’habitants des quartiers populaires des centres-villes [4].

La gauche gouvernementale semble par ailleurs très bien s’accommoder des exonérations fiscales créées par la droite pour attirer les retraités européens [5] et les grandes fortunes étrangères investissant dans le pays, créant de facto un eldorado immobilier. Mais encore une fois, que le populo des villes se rassure : il ne peut plus se loger certes, mais l’investissement revient.

Entraide rurale & luttes de quartier

Face à l’incurie d’un État quasi inexistant aux yeux des Portugais, nombre d’entre eux renouent avec l’ajudada, une ancienne pratique rurale qui voyait une même communauté s’entraider en cas de gros labeur agricole ou de coup dur. En août 2016, après qu’un feu de forêt a ravagé plus de 400 voitures en marge du festival de danses traditionnelles Andanças, les autorités ont décidé fissa que personne n’était responsable du sinistre. Mais les automobilistes concernés ne se sont pas laissé faire. « On a vite compris qu’en coopérant tous ensemble, on pouvait trouver par nous-mêmes la meilleure solution possible », explique Rui, l’un des organisateurs du rassemblement. Une ajudada autogérée a alors été lancée par les victimes de l’incendie, avec caisse commune de solidarité, appui juridique, prêt de matériel et de véhicules [6].

Suite aux feux de forêt de cet été, de nombreux autres réseaux d’entraide dans l’esprit des ajudadas ont fleuri à travers le pays. À Viseu, les habitants ont ainsi organisé une caravane de solidarité de trente camionnettes, qui effectue depuis octobre la tournée des villages reculés les plus touchés par les flammes. Et dans les hauteurs de la Serra da Estrela, une caisse de soutien autonome pour acheter collectivement plusieurs tonnes de foin a été lancée à destination des paysans qui ont perdu leur récolte dans les incendies.

À Lisbonne, autour du quartier populaire de la Mouraria, seize familles se sont quant à elles auto-organisées face à leur propriétaire, qui voulait les expulser mi-2017. Après nombre de manifestations, de coups de pressions sur les élus et de sardinades solidaires, les locataires ont obtenu en août dernier la garantie qu’ils ne se feraient pas déloger. « La loi permet de m’expulser en toute légalité, je ne pouvais rien faire d’autre que m’accrocher et lutter pour mon quartier », résume une habitante. Enfin, depuis septembre dernier, une Assemblée d’occupation de Lisbonne squatte tout un immeuble appartenant à la municipalité. Alors qu’à une des fenêtres du bâtiment occupé flotte une banderole « En définitive, nous voulons tout », les squatteurs assurent : « Nous ne voulons pas seulement soustraire cette maison aux griffes de la spéculation, mais en faire un espace d’habitation utile à toutes et à tous. » Un autre modèle portugais, en somme.

Notes

[1Respectivement, Les Échos (22 juin 2017), Libération (20 avril 2017) et Capital (19 septembre 2017).

[2La coalition rassemble les socialistes, les communistes, les Verts et les anti-capitalistes du Bloco de Esquerda.

[3Voir l’article « Y a le feu à l’austérité », publié dans le n° 156 de CQFD, juillet-août 2017.

[4Voir « Lisbonne tremble encore », article publié dans CQFD n° 147, octobre 2016.

[5En 2016, on estimait qu’environ 25 000 Français s’étaient installés au Portugal.

[6 Voir le site ajudadaandancas2016.

État espagnol. Salaire minimum et orientation syndicale

le  15 janvier 2018 Par Miguel Salas pour Alencontre

Il est évident que l’un des problèmes les plus importants que la crise économique a engendré depuis 2008 est l’inégalité sociale croissante. L’abîme économique, culturel et social entre les classes est une caractéristique du capitalisme.

Pendant les années de prospérité économique, l’inégalité que la crise actuelle a encore élargie, semblait pouvoir être réduite. Or, les 10% les plus riches disposent aujourd’hui des mêmes revenus que 50% du total de la population. 12,9 millions de personnes sont menacées d’exclusion et de pauvreté, la moitié des chômeurs ne reçoivent aucune allocation et la moitié de ceux qui la reçoivent ne perçoivent qu’une allocation du niveau de l’assistance sociale.

Nous sommes à la queue de l’Europe dans la distribution des revenus. En 2016, le coefficient de Gini, qui mesure l’inégalité dans la répartition des revenus entre les ménages, place l’Espagne en queue de pelotons de l’UE-28, juste devant la Roumanie, la Lituanie et la Bulgarie.

En ce qui concerne la distribution de la fortune (patrimoine), selon l’enquête financière de la Banque d’Espagne portant sur les ménages, l’inégalité de la distribution de la fortune entre eux a doublé en 12 ans seulement. Si en 2002, les 50% des ménages les plus riches disposaient d’un patrimoine moyen de 6,6 fois plus élevé que le 50% des ménages, cette différence est de 12,2 fois en 2014. La plus riche de la moitié du pays a augmenté son patrimoine moyen de 29%, tandis que la moitié la plus pauvre l’a réduit de 30%.

Le salaire moyen a été dévalué autour de 7% en ces années de crise. Et l’inégalité entre les diverses couches salariales a considérablement augmenté, car 10% des salarié·e·s u bas de l’échelle ont perdu 22,5% jusqu’en 2015. De plus, le nombre de chômeurs et chômeuses ne descend pas au-dessous de 3,7 millions et les salaires ne permettent pas de vivre à 31% de ceux et celles qui travaillent et qui même disposant d’un emploi se retrouvent sur la ligne de crête de la situation de pauvreté (pas de quoi répondre aux besoins de base).

L’augmentation des prix des services de base a été brutale et a absorbé une grande partie des augmentations salariales. Au début de 2018, le gaz a augmenté en moyenne de 6,2%, l’électricité de 10%, et pour l’eau au environ d’un euro par mois (selon la zone géographique). Les péages routiers, les transports publics, les télécommunications et même les timbres-poste ont augmenté. Dans ce tableau comparatif, vous pouvez voir la relation entre l’augmentation du prix des services de base et celle des salaires.

En dix ans, le prix de l’eau a augmenté de 76%; dugaz de 48%; de l’électricité de 87%, tandis que les salaires de seulement 13%. En 2007, pour payer ces services de base, 9% du salaire médian était nécessaire, maintenant 14%. Beaucoup d’autres éléments statistiques pourraient être ajoutés, comme la perte du pouvoir d’achat des retraites, ce qui illustre la brutalité de la crise capitaliste pour la majorité des familles ouvrières.

Accord sur le salaire minimum

Dans ce contexte d’inégalité croissante, le 26 décembre 2017, a été signé un accord promu par le gouvernement entre lui, les syndicats CCOO (Commissions ouvrières), l’UGT (Union générale des travailleurs) et les employeurs afin que le gouvernement accepte de fixer le salaire minimum à 850 euros, et cela sur trois ans, avec une hausse de 4% cette 2018, de 5% en 2019 et de 10% en 2020. Mais à la dernière minute, le gouvernement a introduit des clauses qui conditionnent l’accord à ce que l’économie ait enregistré une croissance réelle du PIB de 2,5% ou plus et une augmentation de l’affiliation moyenne à la Sécurité sociale de plus de 450’000 personnes. Le non-respect de ces conditions ouvrirait un mécanisme de renégociation des augmentations.

Cet accord peut bénéficier directement à quelque 530 000 travailleurs et indirectement à la négociation de conventions collectives dans les secteurs à bas salaires. Mais, l’accord a toute une série de limites et de répercussions politiques qui doivent être prises en compte. Par exemple, le salaire minimum est également une référence pour les dépenses sociales car il détermine les allocations directes ou indirectes des prestations sociales, des indemnités pour chômage, de l’aide au logement, etc.

Toutefois, l’accord ne comprend pas l’augmentation du salaire minimum pour l’IPREM (Indicateur public de revenu à effets multiples); derrière ce nom pompeux réside la référence pour les prestations sociales, qui restent à 537 euros.

La décision, non sans importance, de conditionner l’évolution du salaire minimum à l’évolution de la situation économique incertaine, pourrait aboutir à ce que cet accord «si important » pourrait s’enliser dans des eaux polluées, donc mieux lancer la campagne sur des airs triomphalistes et qualifier cet accord selon des termes précis.

Les gouvernements utilisent souvent le salaire minimum comme une arme politique de promesses qui ne se concrétisent souvent pas. En tant que président Zapatero [avril 2004-décembre 2011] a promis que le salaire minimum atteindrait 800 euros. Or, nous ne sommes pas encore arrivés là! Mariano Rajoy est en train de poser sur la photo avec les dirigeants syndicaux après une défaite électorale difficile en Catalogne. Il promet aussi, reste à voir si l’accord sera tenu. Ce montage photographique de Mariano Rajoy vise également à neutraliser le projet de loi soumis par Unidos Podemos et qui a été approuvé par une majorité simple en novembre 2016, contre le vote du PP et l’abstention de Ciudadanos. Dans ce projet de loi était indiqué une augmentation du salaire minimum jusqu’à 800 euros pour 2018 et 950 en 2020. Il est clair que, Le PP l’a ignoré et a empêché le gouvernement de mettre en œuvre une décision du Parlement.

Et pour faire la clarté sur la situation, rappelons qu’en 2017 le salaire minimum (SMI) a augmenté de 8% (pour 2018, l’accord a fixé la hausse à 4%). Pour quelle raison? Est-ce que M. Rajoy est devenu fou? Non, c’est plus simple. Rajoy avait besoin de votes pour son élection à la fin de l’année 2016 et pour y parvenir, il a dû accepter à cette augmentation de 8%. Rappelons également la protestation légitime, à cette époque, des deux principaux syndicats. La Gaceta Sindical des CCOO, en novembre 2016, a déclaré: «Ce qui s’est passé avec le SMI n’a pas été un bon précédent, car au-delà d’une hausse jugée insuffisante par CCOO, les syndicats ont demandé un SMI de 800 euros en 2017 et l’augmentation convenue entre le PP et le PSOE c’était 707,60 euros. Ce qui est intolérable fut d’enlever au dialogue social [entre patron et syndicat] un sujet qui est de sa compétence exclusive». Rappelons que selon l’accord passé le 26 décembre 2017 le salaire minimum pour 2018 sera de 736 euros, loin des 800 que les syndicats ont demandés pour 2017!

Autrement dit, il semble que le salaire minimum soit un instrument utilisé ou caché, que ce soit pour une investiture ou pour une photo avec des «acteurs sociaux»[patrons et syndicats]. Or, ce dont on a besoin, c’est d’un revenu suffisant pour satisfaire des besoins élémentaires.

A l’offensive! Quelle offensive?

Ce qui semble évident, c’est qu’un plan et une mobilisation aussi large et généreuse que possible sont nécessaires pour inverser la situation présente. Les bénéfices des sociétés croissent trois fois plus que les salaires et les dividendes versés aux actionnaires ont augmenté de 10% au premier semestre de 2017, alors que les salaires ont perdu 0,6% de leur pouvoir d’achat (jusqu’en novembre 2017 selon l’accord convenu les salaires ont augmenté de 1,43% en moyenne, contre une hausse moyenne des prix à la consommation de 2,04%) et les retraites ont perdu 1,8 point. Et tout cela dans un contexte terrible de précarité professionnelle.

Il y a quelques jours, le secrétaire des CCOO, Unai Sordo, a déclaré en Estrémadure que les «CCOO veulent être le fer de lance de l’offensive contre l’inégalité». On répète du côté des CCOO et de l’UGT que la grande bataille est la lutte contre l’inégalité, puisque la croissance économique ne se traduit pas par de meilleures conditions de vie, par des salaires décents, ou par un emploi de qualité. Les CCOO de Catalogne insistent depuis des mois sur le fait ququ’il faut poursuivre l’offensive contre la précarité et récupérer les droits sociaux et les salaires. A la fin de l’été 2017, la direction des CCOO a annoncé: «La négociation collective va faire faire à un automne difficile et les syndicats sauront y faire face avec détermination et force, et si nécessaire, nous étudierons la possibilité d’un appel en faveur d’une vaste campagne d’information et de mobilisation pour la défense des salaires (aussi du pouvoir d’achat perdu en 2017), et pour l’emploi de qualité et une protection sociale».

Et pourtant, le peu d’efforts faits pour renverser la situation et recouvrer les droits et les salaires n’a pas été couronné de succès. Pour passer à l’offensive, il ne suffit pas d’appeler une ou plusieurs assemblées de délégué·e·s, puis de continuer comme si de rien n’était, en gérant le quotidien. Il faut constater que le mouvement syndical n’est absolument à la hauteur de la gravité de la situation ; qu’il s’est considérablement affaibli conjointement à son rôle actif dans les conflits sociaux, tant au niveau de l’entreprise, du secteur public et face aux employeurs. Une tâche énorme de récupération de capacités s’affirme. Le «dialogue social» est réel quand vous avez établi et démontré suffisamment de force pour imposer les exigences des travailleurs et travailleuses. Ce n’est n’est pas une question de responsabilité – que tout le monde assume celles qui lui reviennent – mais il s’agit d’établir les raisons de difficultés présente et, surtout, le plan à mettre en place, avec les mesures nécessaires et les mobilisations qui s’y attachent, pour récupérer le terrain perdu.

Le syndicalisme de classe continue d’être un outil essentiel pour la lutte contre les inégalités et il a son terrain spécifique pour la développer, dans les accords conventionnels et/ou les négociations sectorielles, dans son pouvoir de représentation vis-à-vis des employeurs et de l’Etat. Il faudrait tendre vers des mobilisations plus larges et unitaires et une convergence dans la négociation collective entre différentes entreprises ou secteurs.

Le syndicalisme seul n’a pas eu en tant que tel la force de résister aux politiques néolibérales mises en œuvre contre les classes laborieuses. Pour cette raison, il faut chercher à établir le maximum d’alliances et se situer sur un plan d’égalité avec les autres mouvements sociaux qui luttent contre les politiques économiques actuelles, les marées [mouvements des salarié·e·s du secteur, avec l’appui des usagers]pour la santé publique ou les marées pour la défense de l’éducation publique et les mouvements des retraité·e·s et les associations de quartier, en lutter contre les atteintes aux droits démocratiques, etc. etc.

Un troisième élément, non moins important, est la nécessité de lier, d’une manière ou d’une autre, la mobilisation et la lutte pour améliorer les conditions de vie et de travail aux changements politiques. Nous devons nous battre maintenant et exiger des revendications maintenant, mais beaucoup d’entre elles sont impossibles sans changement de gouvernement, sans donner un «virage à gauche» en politique, à travers la pression sociale et électorale. Il ne s’agit pas que le syndicalisme se substitue à quoi que ce soit, mais il s’agit d’additionner pour changer. En juin 2016, le CCOO et l’UGT ont présenté 20 mesures pour un gouvernement de changement, parmi lesquelles ressortaient un plan de choc pour l’emploi, l’abrogation des réformes du travail, la fin des politiques d’austérité, l’augmentation des salaires et du salaire minimum, etc..

Relier les exigences immédiates de la lutte pour l’emploi, contre la précarité, pour de meilleurs salaires avec les exigences sociales et le changement politique est ce qui peut ouvrir une perspective pour résoudre les difficultés réelles dans le développement de la mobilisation générale contre les politiques néolibérales et leurs gouvernements. (Article publié sur le site Sin Permiso le 13 janvier 2018; traduction A l’Encontre)

https://alencontre.org/europe/espagne/etat-espagnol-salaire-minimum-et-orientation-syndicale.html

Fosse sceptique La rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis  Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif  et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque.

Fosse sceptique

Semaine mouvementée. La… terre a même fini par bouger. Au soir du lundi 15 janvier, le texte dit “des prérequis” au mémorandum intermédiaire était adopté au “Parlement”. Nos manifestants affligés avaient alors quitté la place de la Constitution depuis un moment déjà, lorsque peu avant 22h30, un séisme qualifié de modéré d’une magnitude de 4,4 a été fortement ressenti dans la capitale. Chez “Greek Crisis”, Mimi s’est mise à miauler, tandis que le jeune Hermès s’est aussitôt réfugié sous le canapé, preuve s’il en fallait… que la terre ne ment pas !

La place a retrouvé sa… normalité. Athènes, janvier 2018

La grande place historique et centrale d’Athènes a pu retrouver… toute sa normalité en ces temps décidément hors normes (démocratiques entre autres), retrouver ses passants, ses quelques touristes hivernaux, surtout ses animaux adespotes et néanmoins nourris par les policiers qu’y stationnent de manière permanente.

Le texte long de 1.531 pages, a été… adopté au pays des adaptés, et cela même par une majorité désormais renforcée il faut le signaler. Aux 153 (très… chers) élus SYRIZA et ANEL (le petit parti de droite, allié des Syrizistes), s’est jointe une certaine Théodora Megalooikonomou , ex-parlementaire du parti dit de l’Union des Centristes de Vassilis Leventis, petite formation politique ayant fait sont entrée au “Parlement” en 2015 et dont le chef serait, aux dires de nombreux observateurs, une personnalité mentalement (et relativement) déséquilibrée.

L’épisode… Megaloéconomiste (Megalooikonomou) est suffisamment révélateur des funèbres réalités politiques actuelles. D’abord, il faut préciser que l’Union des Centristes de Leventis ne sera plus présente au “Parlement”, d’après les sondages en tout cas. Ensuite, Théodora Megalooikonomou, marchande de métaux précieux et bijoutière au Pirée comme sa famille, avait été parmi les rares financeurs du petit parti de Leventis durant plusieurs années (presse grecque, janvier 2018), et qu’aux temps des difficultés économiques, ce dernier en guise de retour, il lui avait offert la première place éligible sur la liste des candidats que son parti présenta aux élections législatives de 2015.

Vendeur de billets de loterie. Place de la Constitution, janvier 2018
Le train… heureux et vide. Athènes, place de la Constitution, janvier 2018
Rares touristes. Place de la Constitution. Janvier 2018

L’élue du Pirée, considérant que le parti de Vassilis Leventis ne replissait plus son rôle… de (futur) propulseur vers le “Parlement”, elle a aussitôt mis son cap ailleurs. Interviewée sur son choix tout nouveau et Syriziste, Théodora Megalooikonomou a même déclaré ceci:

“Je choisi désormais d’appartenir à la majorité SYRIZA car je trouve que ce que fait Alexis Tsipras est bon. Ainsi, je voudrais contribuer à son œuvre. J’ai pris la décision d’intégrer SYRIZA plutôt que la Nouvelle Démocratie de Kyriákos Mitsotakis, car ayant attentivement écouté les deux chefs politiques, j’ai remarqué que lorsque Kyriákos Mitsotakis nous disait que finalement, ‘un plus un égale trois’, Alexis Tsipras expliquait qu’alors ‘un plus un égale deux’. Donc je ne pouvais pas faire autrement que de me ranger derrière Alexis Tsipras” (citée de mémoire, Radio 90,1 FM, matinée du 17/01/2018), tandis que dans une interviewe accordée à un journal plutôt “people” en novembre 2017 , Théodora Megalooikonomou déclarait… qu’elle “souhaite s’inscrire dans une école de journalisme pour apprendre à s’exprimer et à rédiger des articles en autonomie”.

Démocraties d’opérette, politiciens marionnettes… et notamment commerce. Déjà en son temps (306 avant J.-C), Épicure dont la pensée fut entre autres une réaction évidente à la désagrégation de la ville-État dans laquelle l’homme-citoyen avait trouvé traditionnellement la possibilité de se réaliser et de satisfaire ses aspirations, le grand philosophe donc, faisait alors remarquer que la seule raison pour laquelle les hommes entrent en politique, c’est leur désir d’obtenir, richesses, pouvoir et gloire. Alexis Tsipras a, non seulement remercié publiquement la… bijoutière du Pirée, mais il l’a également aussitôt officiellement invité au palais du Premier ministre .

Les soldats Evzones gardent toujours les lieux. Place de la Constitution, Athènes, janvier 2018
Le… retour aux sources de l’Orthodoxie. Presse grecque, Athènes, janvier 2018
Les animaux adespotes des lieux. Devant le “Parlement”, Athènes, janvier 2018

Tel un fantôme pour tout dire authentique, le dernier manifestant solitaire posant devant le “Parlement” et devant les journalistes, il était porteur du message tant de fois répété: “Peuple réveille-toi, ils nous paupérisent les uns après les autres et nos enfants avec, de manière pseudo-démocratique”. Il s’est éclipsé à la tombée de la nuit, aussitôt après le vote des “élus”, comme celui de Théodora Megalooikonomou.

Les soldats Evzones gardent ainsi les lieux, et en synchronie, une certaine presse suggère… le retour aux sources de l’Orthodoxie. En attendant, seuls les animaux adespotes du secteur semblent encore pouvoir nous surveiller… offrant ainsi la possibilité d’un regard sur nos affaires humaines comme “politiques” que l’on qualifierait aujourd’hui d’épicurien.

Peut-être aussi, pour nous rappeler cette ultime réponse de l’oracle de Delphes, donnée au tragique empereur Julien: “Le temple est en ruine. – Phébus ne parle plus. Les lauriers sont flétris. – Et les flots de la source à jamais sont taris.” Et c’était le dernier oracle rendu à Julien, dit l’Apostat, en 362 après J.-C.

Jardins d’Athènes, et Jardin d’Épicure. Six longues secondes de bruit et alors le tremblement de terre qui s’est produit à une profondeur de seulement cinq kilomètres et son épicentre a été localisé à 24 kilomètres au nord-est de la capitale, non loin de Marathon, lieu encore historique et symbolique. Les spécialistes auront précisé que la zone de l’épicentre du séisme se caractérisait par de “petites failles qui n’ont pas la capacité de déclencher quelque chose de plus important”. Notre terre bouge, notre histoire alors se remue. Nous voilà rassurés !

Les nouveaux assistés devant la résidence du Premier ministre. Presse grecque, janvier 2018
“Ne touchez pas au droit de grève”. Athènes, le 15 janvier 2018 (presse grecque)
Devant le “Parlement”. Athènes, le 15 janvier 2018 (presse grecque)
Les Institutions (Troïka). Presse grecque (janvier 2018)

Les Syrisocrates actuels mettent en ce moment en place certains types d’allocations (au demeurant fort dérisoires), sauf que pour que les paupérisés de l’Hellade au chômage sans indemnités puissent les percevoir, ils ne doivent plus posséder grand chose en biens (immobiliers et autres). Autrement-dit, ils doivent brader leurs biens (et ainsi détruire irrémédiablement leur identité sociale, symbolique et économique), avant d’espérer… en l’arrivée improbable de l’aumône du nouvel ordre lorsque par exemple de très nombreux députés Syrizistes possèdent chacun… plusieurs dizaines de biens immobiliers.

C’est alors un volet essentiel, consubstantiel même à la mutation imposée aux sociétés occidentales (en plus de la destruction du travail, des salaires et des droits des travailleurs), besogne politique rémunérée pour la quelle la dite “gauche radicale” et Alexis Tsipras (probablement propulsé à la tête de SYRIZA pour cette raison en 2008) auront si bien accepté et incarné le rôle. Il y a de quoi lever les yeux vers les cieux, et remercier autant toute l’équipe de l’Ambassade de France à Athènes pour ses vœux de bonne année. Nous en avons grandement besoin.

L’équipe de l’Ambassade de France à Athènes, vœux de bonne année. Athènes, janvier 2018
Il y a de quoi lever les yeux vers les cieux. Athènes, temps de crise

Le “gouvernement” prépare en ce moment la liste des prochaines privatisations pour ce qui est des grands ports du pays, après ceux d’Athènes (Pirée) et de Thessalonique, l’heure viendra pour les deux portes d’entrée en Grèce depuis l’Adriatique, Patras et Igoumenítsa, et ensuite au menu, il aura Mykonos, Corfou et Héracleion en Crète. C’est aussi cela les 1.531 pages approuvées sans être lues par la bijoutière du Pirée… devenue à l’occasion la dernière perle de SYRIZA.

Enfin, notons que la nouvelle de la privatisation de nouveaux ports grecs, tient d’abord d’un reportage de la Deutsche Presse-Agentur GmbH, Agence de Presse allemande… en Métropole, communication par la suite reproduite par les médias grecs. Il y a de quoi complimenter parfois (et sans aucun esprit d’ironie) les journalistes Allemands pour leur travail. .

En attendant sans doute des jours meilleurs, (et) cette fois-ci à Thessalonique justement, 68 regards de chaussée et autres plaques d’égout ont été subtilisées en une seule nuit, “c’est inuit et c’est fort inquiétant” annoncent-on depuis la Municipalité . Place de la Constitution (à Athènes), les promeneurs curieux peuvent alors découvrir sur une façade le message suivant: “Du vent, du vent, pour que ce choléra de politiciens s’en aille. Quelle Démocratie ?”

“Du vent, du vent, pour que ce choléra de politiciens s’en aille. Quelle Démocratie ?”. Athènes, janvier 2018
Scepticisme. Place de la Constitution, Athènes, janvier 2018
L’arbre où le pharmacien retraité Dimitri Christoúlas s’est suicidé en 2012. Athènes, janvier 2018
Tri… parallèle des déchets, travail effectué par les migrants. Athènes, janvier 2018

La paupérisation, la criminalisation de l’économie, la trahison de toute la classe politique, la Grèce, enfin entre fosse septique (comme sceptique) et le tout-à-l’égout. En somme, tel est le dernier… des progrès comme des “progressistes” à la SYRIZA, et c’est peut-être en son sein que désormais Théodora Megalooikonomou finirait par apprendre à s’exprimer et à rédiger des articles en autonomie.

Il y a de quoi en rire, cela étant dit, l’alphabétisation même des marionnettes politiciens ne constituerait plus un prérequis nécessaire à l’exercice de leur… fonction. En 2016, Alexis Tsipras l’inculte suffisant, en vol à bord d’un avion entre Paris et Strasbourg avait ainsi déclaré… qu’il venait de quitter le sol français (considérant que Strasbourg… c’est une ville allemande) .

Semaine mouvementée, la… terre qui bouge, les travaux du tramway à Athènes, le film sur Marie Calas, l’ouvrage en sa mémoire, sa disparition, les condoléances de son médecin parisien, puis celles de Rapanakis, alors capitaine du vraquier Artemision II, le navire appartenant à l’époque à la grande cantatrice. Ses cendres sont (ou ce que l’on pense être comme telles) ont été dispersées en 1980 entre le Golfe Saronique et la mer Égée. Naviguer… toujours naviguer.

Artemision II dans les années 1970 (presse grecque)
Télégramme du capitaine Rapanakis en 1977. Athènes, janvier 2018
Les condoléances du médecin de Maria Calas à Paris (1977). Athènes, janvier 2018
Travaux du tramway. Athènes, janvier 2018

Chanter, écrire, témoigner, naviguer. Le poète Séféris l’avait déjà superbement noté en 1963 à sa manière:

“Qu’est-ce qui a le plus compté dans ma vie ? Ma réponse spontanée est: d’écrire une phrase ou même un mot juste. Ce qui rachèterait pour moi la souffrance de vivre. Mais ce n’est pas si simple car, ainsi formulée, cette affirmation peut donner naissance à bien de malentendus, à commencer par l’accusation d’esthétisme et d’indifférence à l’action ou à la vie. Or ce n’est absolument pas le cas car je veux ainsi exprimer ma position morale: un mot est le résultat d’une vie intense, d’un grand travail et d’une relation profonde avec les hommes.” (Séféris, note inédite, 1963, “Essais, Hellénisme et Création”, Mercure de France, 1987).

Fosse… sceptique, funèbres réalités politiques actuelles et pourtant séisme, alors qualifié de modéré d’une magnitude de 4,4. Chez “Greek Crisis”, Mimi qui s’est mise à miauler, le jeune Hermès se refugiant sous le canapé.

Mimi et Hermès de Greek Crisis. Athènes, janvier 2018
* Photo de couverture: “Peuple réveille-toi…”. Place de la Constitution, Athènes, le 15 janvier 2018, (presse grecque)

mais aussi pour un voyage éthique, pour voir la Grèce autrement “De l’image à l’imaginaire: La Grèce, au-delà… des idées reçues !”   http://greece-terra-incognita.com/

Grève et marche à Athènes contre une réforme du droit de grève

Par Agence Reuters

ATHENES (Reuters) – Plusieurs milliers de Grecs ont manifesté vendredi dans le centre d’Athènes contre des réformes que le Parlement doit adopter la semaine prochaine en échange d’une nouvelle aide internationale.

Une grève, la première de l’année en Grèce, a parallèlement provoqué de nombreuses perturbations dans la capitale.

Le métro d’Athènes, emprunté quotidiennement par 938.000 usagers, est resté portes closes, provoquant d’importants embouteillages dans la ville de 3,8 millions d’habitants.

Les dockers ont paralysé le trafic portuaire et les hôpitaux publics ont dû faire appel à du personnel de remplacement.

D’autres arrêts de travail sont programmés lundi, jour de l’examen par le Parlement d’un projet de loi prévoyant notamment une réorganisation des prestations familiales, la mise en place d’une nouvelle procédure pour les saisies de biens immobiliers et un durcissement des conditions d’appel à la grève.

« Pas touche à la grève ! », « Non à l’esclavage moderne » ou « Soulèvement ! » ont crié des manifestants lors d’une marche qui a rassemblé quelque 20.000 personnes dans le centre d’Athènes.

Des incidents se sont produits devant le Parlement, où les élus débattaient du projet de loi. La police est intervenue brièvement à l’aide de gaz lacrymogène pour disperser quelques individus tentant d’approcher le bâtiment.

Le projet de loi est dénoncé par de nombreux Grecs, qui ont vu leurs revenus chuter et leurs conditions de vie se dégrader fortement depuis le premier plan de sauvetage financier du pays en 2010.

Deux autres plans de renflouement ont été accordés depuis par les Européens et le Fonds monétaire international (FMI).

« Cela revient à abolir le droit de grève. De telles choses ne s’étaient produites que sous la junte », a déclaré un officier de marine à la retraite, George Papaspyropoulos, en référence à la dictature des colonels (1967-74).

« Ce gouvernement n’a de gauche que le nom, mais en réalité, c’est une junte », a-t-il dit.

Le gouvernement est dirigé depuis 2015 par l’alliance de gauche Syriza.

Pour le moment, un syndicat peut lancer un appel à la grève s’il est soutenu par un tiers de ses membres. La nouvelle loi relèverait ce seuil à 50%.

Le gouvernement justifie ces réformes par la nécessité de recevoir de l’argent frais. Le troisième plan de renflouement, toujours en cours, expire en août.

Jusqu’à présent, la Grèce a perçu 40,2 milliards d’euros sur les 86 milliards prévus. Elle espère recevoir prochainement une nouvelle tranche de 4,5 milliards.

Constant Kaimakis vidéos :

les manifestants sont nombreux https://youtu.be/9kyqueOf2YA  https://youtu.be/Nyd41qv-PkE
les manifestants et les lacrymogènes  https://youtu.be/OyP4UG9-qnY
https://youtu.be/j47hGufinTo

Grèce : émigration des médecins

« Hémorragie dans la santé : En 10 ans, 12 408 médecins grecs sont partis travailler en Europe

Depuis 10 ans on assiste à une véritable hémorragie dans le secteur de la santé en Grèce avec 12 408 médecins qui ont émigré à l’étranger. Le Président de l’Association des Médecins d’Athènes ( ISA) ne décolère pas : « L’Angleterre, l’Allemagne, Chypre, la Suède, les Emirats Arabes Unis, la France… les accueille, alors que nous les avons formés…nous sommes la « matrice » des ressources médicales pour d’autres pays ! ».

Il dénonce cette fuite dans le domaine vital de la science médicale avec le départ de milliers de médecins, principalement des spécialistes, dans divers pays européens et autres à la recherche d’un emploi qu’ ils ne trouvent pas chez eux.

Si jusqu’en 2009 cet exode concernait principalement de jeunes médecins diplômés, il s’agit depuis 2010 du départ de médecins spécialistes, des médecins qui ont étudié et ont acquis une spécialité grâce à l’investissement du système éducatif et du système de santé en Grèce. Au cours des six dernières années , le nombre de médecins spécialistes fuyant la Grèce a plus que doublé le nombre de médecins non qualifiés.

En 2017, ont demandé et obtenu les certificats nécessaires auprès de l’ISA, 1293 médecins, dont 923 spécialistes et 370 sans spécialité médicale. En 2016 , étaient partis 862 qualifiés et 306 non qualifiés. En 2015 , les départs étaient encore plus importants avec 356 médecins qualifiés et 1165 non qualifiés. En 2014 , on a enregistré une « fuite » au total de 1 380 médecins, dont 1.006 de scientifiques qualifiés. En 2013 , ont quitté 1 488 médecins, avec 1086 d’entre eux qualifiés. 2012 , a été enregistrée comme l’année « noire » de la dernière décennie pour la « fuite » des ressources médicales : ont quitté la Grèce 1 808 médecins avec 1 166 médecins qualifiés.

 » Le chômage, l’ incertitude et le manque de méritocratie poussent le personnel le plus qualifié dans le pays pour chercher sa fortune à l’ étranger. La Grèce s’est maintenant transformée en une matrice d’exportation d’un potentiel médical , mais qui bénéficient à d’ autres pays « , a déclaré le président de l’ ISA, M. George Patoulis.

Selon M.Patoulis la « saignée » des scientifiques n’est pas traitée: « Aucun responsable n’ a traité la fuite des cerveaux. En particulier en ce qui concerne les médecins , la situation est très déprimante. Je crois que si la politique de santé ne change pas, la « saignée » s’intensifiera. On ouvre des postes pour les unités sanitaires locales (Tommy) et on propose des salaires de 1200 euros.

Quelle est l’incitation donnée à un médecin qualifié pour rester en Grèce lorsque vous pouvez demander une position autre rémunération et d’ autres dynamiques en Europe? « Demande M. Patoulis.

De plus ce phénomène de départs des médecins grecs à l’ étranger s’accentue avec le départ à la retraite des médecins du système national de santé (NHS). Selon la Fédération nationale des médecins hospitaliers Association (POEDIN), la nécessité pour les médecins spécialisés dans les hôpitaux du NHS dépasse les 6000 postes. Au ministère de la Santé les données actuelles comptabilisent 7271 médecins du NHS et 2.000 autres médecins auxiliaires .

« Cette inflation de jeunes médecins et la politique de santé inexistante au niveau du gouvernement ont provoqué une situation suffocante pour le monde médical. Dans quel autre pays voit on une situation perverse et paradoxale: un système de santé en effondrement basé sur du personnel âgé , et les jeunes médecins à la recherche d’ un emploi à l’ étranger? Qui, quand et comment transmettre les connaissances dans les hôpitaux grecs aux jeunes médecins ? « note profondément préoccupé M. Patoulis.

CK

Vivre avec la pension des parents

LA MOITÉ DES GRECS VIVENT GRACE AUX PENSIONS DES PARENTS !

Édifiant, le reportage que vient de publier le journal américain Wall Street Journal qui a interviewé de nombreux jeunes forcés de retourner à la maison familiale pour joindre les deux bouts et qui vivent grâce aux pensions des parents retraités.

Ainsi témoigne, Lumbi Nychas, âgé de 33 ans qui il y a 2 ans est revenu dans sa chambre d’enfant, après sa faillite de ses ventes de bijoux. Quelques mois plus tard, il rentra chez lui ainsi que sa sœur, avec son mari et leur fille. Aujourd’hui, tout repose en grande partie sur la pension de leur père âgé de 67 ans.

Comme le décrit le WSJ, le système de retraite en Grèce est devenu un réseau social de facto pour les citoyens les plus vulnérables du pays, avec des millions de personnes âgées qui utilisent leur pension de retraité pour fournir ce qui est nécessaire à leurs familles.

Cette vaste dépendance des pensions explique la douleur ressentie par les Grecs alors que le gouvernement se prépare à présenter une nouvelle série de coupes dans les retraites en 2018 et 2019. Les retraités devraient voir leur pension réduite d’un cinquième, jusqu’à la treizième réduction qui s’applique dès le début du protocole d’accord en 2010.

« Étant donné que la société grecque repose en grande partie sur le paiement des pensions, les dépenses consacrées aux retraites sont plus importantes que les autres formes de dépenses sociales qui pourraient être utilisées pour lutter contre les fléaux de l’Europe, tels que la pauvreté, les taux de natalité, l’inégalité des revenus et l’imprévisibilité de la main-d’œuvre pour l’économie d’aujourd’hui « , a indiqué le journal.

Il poursuit: « Les pensions en Grèce représentent désormais 17,4% du produit intérieur brut, selon les derniers chiffres du ministère grec du Travail, le taux le plus élevé en Europe. En dépit de coupes successives, les dépenses de retraite en pourcentage du PIB ont atteint leur point culminant de la crise, alors que l’économie du pays a diminué de plus d’un quart « .

« Dans les années 1950 et 1960, plus de la moitié des Grecs qui recevaient des pensions n’avaient pas cotisé. Jusqu’en 2011, les coiffeurs, les mannequins et les diffuseurs de recettes de télévision d’Etat occupaient des «emplois lourds et insalubres», pour lesquels une année de cotisation produisait les mêmes avantages que trois années payées par un comptable ou un détaillant » poursuite le Wall Street Journal.

Comme il le souligne, l’abandon de telles exagérations crée le sentiment que les Grecs plus âgés, peut-être sans leur propre responsabilité, ont souffert de l’avenir de leurs enfants et de leurs petits-enfants. Avec le stress d’attirer les électeurs, les gouvernements ont favorisé la retraite anticipée.

« Avec l’effondrement de l’économie grecque et le chômage à 21%, les retraités constituent la principale source de revenus pour la moitié des habitants du pays », note la publication.

Il poursuit: « En 2016, la Grèce a octroyé 30 milliards d’euros en pensions, mais moins de 1 milliard d’euros de prestations de chômage, qui n’indemnise que un grec sur trois au chômage… Le pays dépense moins de 2% du PIB pour soutenir les familles, le logement et la lutte contre la pauvreté ».

Et comme le conclut le Wall Street Journal, tout ceci rend particulièrement douloureux les réductions de pensions exigées par les créanciers internationaux en Grèce, en particulier après de nombreuses coupes précédentes.

CK

La mesure humaine La rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis  Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif  et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque.

Dans cette rubrique il évoque Lávrion et ses mines qui devinrent aussi un des principaux centres des luttes sociales et politiques en Grèce, dont la révolte du 7 avril 1896 et réagit à l’approbation de l’aménagement de l’ancien aéroport d’Ellinikon.

La mesure humaine

 

À Athènes, l’année 2018 celle de la météo, a bien commencé avec des températures (disons) saisonnières qui ont atteint 15 °C par endroits. Les mieux pourvus, et ceux ayant pu se permettre une si rare exception qui toujours confirme la règle, se sont rués sur les plages comme sur les tavernes de la Riviera d’Attique. Au même moment, le “gouvernement” aura encore “légiféré”, essentiellement par décrets entre le 1er et le 2 janvier, pour… le meilleur des méta-mondes. Ah… la bonne année !

Bords de mer en Attique. 1er janvier 2018

Encore heureux, nous ne connaissons pas pour l’instant cette ère “prometteuse” lorsque les… avatars iront se ruer par milliers sur les exosquelettes ou sur les… bio-conservateurs (encore) réellement existants, rien que parce que ces derniers auront tout simplement voulu faire si possible preuve d’héliotropisme. Ainsi, l’époque qui est la nôtre, elle roule déjà sur l’herbe, celle que nos futures chèvres… numérisées ne mangeront plus. Autrement-dit, de… blabla-car à blabla-corps, ce ne serait finalement qu’une affaire de chemin à parcourir.

Fuyant donc les tavernes des bords de mer (et pour cause), votre humble chroniquer et toute sa crise avec, ont plutôt préféré pour cette première journée de l’année calendaire rendre hommage au… Chaos, comme autant rendre hommage au passé des humains, à leurs lieux d’une certaine mémoire, s’agissant des mines de Lávrion, vestiges allant de l’antiquité au 19e siècle. C’est un beau coin que je fais parfois visiter à mes participants aux programmes Greece Terra Incognita guère loin du Cap Sounion et du célèbre Temple de Poséidon.

Et c’est dans cette partie de l’Attique, qu’on y découvre aussi ce fameux gouffre, un effondrement géologique tel un trou béant que les locaux font semblant d’attribuer parfois à une météorite… que personne n’a certainement jamais vu. Ce… trou, se nomme paraît-il “Chaos” depuis l’Antiquité. Oui, en cette première journée de 2018 nous avons visité… Chaos, pour ensuite rendre aussi hommage à l’Homme !

Lávrion et en face ; les îles de Makrónissos et de Kéa. Janvier 2018
Taverne des bord de mer. En Attique, le 1er janvier 2018
Passé industriel et minier. Lávrion, janvier 2018
Chaos. En Attique, janvier 2018

Et comme le fait remarquer (par mail) à très juste titre mon ami (ami aussi du blog, il tient aussi son propre blog) Jean-François: “C’est bien d’avoir revisité le site du Chaos: en prévision du prochain effondrement qui nous contraindra à remettre en question l’échange marchand, le lieu devrait reprendre une bonne charge symbolique et devrait devenir l’omphalos (nombril) du monde ! Au vu des images, je doute fort que la théorie du météore soit la bonne. Je pense plus à l’effondrement de la voûte au-dessus d’une poche soudain vidée de ce qui la remplissait – eau ou gaz.”

“C’est comme pour le capitalisme qui ne disparaîtra pas à cause d’une météorite de contestations, de grèves ou de partis politiques, mais à cause de sa base théorique, laquelle induit mécaniquement de grosses bulles, ontologiquement ‘éclatantes’ !!!”. Alors… méditons sur Chaos, comme sur tout le reste (ou le restant) !

Les pauvres et les moins… pauvres Grecs, n’aiment décidément pas vraiment marcher. Contrairement aux bords de mer, nos vestiges industriels puis notre… Chaos, n’ont pas été à l’honneur en ce 1er janvier. Nous y avons rencontré seulement quatre heureux Allemands, retraités et (quasi) habitants de la colonie. Le bon sens alors pratique !

Lávrion, alors bourgade connue depuis l’Antiquité classique pour l’exploitation des mines d’argent ayant pu permettre à Athènes de battre monnaie et surtout d’armer sa flotte durant l’époque classique (Guerres médiques et Guerre du Péloponnèse), revient dans l’actualité au XIXe siècle lorsqu’une société franco-italienne décida de relancer l’activité minière.

Depuis l’Antiquité. Lávrion, janvier 2018
Passé et présent. Lávrion, janvier 2018
Musée des mines… comme des luttes. Lávrion, janvier 2018

La localité qui se créa autour de cette activité prit alors le nom “les Usines” en français (en grec “Ergastiria”, de la Compagnie française (plutôt franco-italienne) des mines de Lávrion, “Roux – Serpieri – Fressynet CIE”, omniprésente en son temps. Les mines furent d’ailleurs la cause d’un sérieux différend diplomatique entre les deux pays (France et Grèce) entre 1871-1872, où d’ailleurs Jules Ferry avait été nommé au poste d’Ambassadeur à Athènes pour mieux suivre l’affaire.

Le Parlement hellénique avait voté une loi stipulant expressément que les minerais anciens ne faisaient pas partie de la concession (française). Reprises par une compagnie grecque, les mines firent également l’objet de la première bulle spéculative de la Grèce contemporaine par la (nouvelle) Compagnie Française des Mines du Lávrion.

Cette Compagnie Française des Mines du Lávrion introduisit d’ailleurs en Grèce, la dite “organisation scientifique du travail”, en l’occurrence le système Bedaux système qui pourrait se résumer en… “Travailler mieux ou gagner moins”. Et aussi pour rappel en cette première journée ensoleillée de 2018, Lávrion et ses mines devinrent aussi un des principaux centres des luttes sociales et politiques en Grèce, dont la révolte du 7 avril 1896. C’est le nom de la petite rue… forcement en pente, bien en face du musée des mines… comme des luttes.

Cette grande grève avait duré 18 jours, une première à l’époque. Les principales revendications des travailleurs en ce supposé lointain 1896, (les mines où ils travaillaient était propriété de la deuxième société minière franco/italienne), ont été essentiellement: la suppression des sous-traitants… au versement des salaires alors intermédiaires entre les employés et les patrons, le paiement donc des travailleurs désormais directement par l’entreprise, l’augmentation de leur paye journalière à 3,5 drachmes (au lieu de 2,5), et la mise en place d’un hôpital ou du moins d’une pharmacie près des mines pour enfin cesser le transfert des blessés vers l’hôpital de Thorikon sur la côte (5 à 10 km depuis les mines).

Car bien souvent, ces ouvriers (définitivement) infortunés mouraient lors de ce transfert en charrette. Les grévistes, réclamaient également un moyen de transfert adapté pour les blessés et les malades, et enfin, la possibilité… d’habiter une varie maison, car jusque-là, ils vécurent dans les cavernes des environs ou dans de nombreuses cabanes de fortune.

Passé industriel et manufacturier. Lávrion, janvier 2018
Traces… humaines. Lávrion, janvier 2018

Il y a plusieurs années, ceux ayant directement vécu cette grève ont livré leur témoignage, tel l’ancien ouvrier Vougioukas, et ils ont décrit plus précisément ces événements historiques:

“Il y avait une tension terrible durant cette première grande grève. Il faut noter que Serpieri – alors directeur général de l’entreprise – avait été déguisé et habillé femme ou en prêtre pour quitter les lieux ! Le gouvernement avait aussitôt dépêché sur place les ‘CRS’ de l’époque, puis un navire de guerre dans la baie, pour y enfermer les grévistes arrêtés. La tension était énorme. Une pierre avait été balancée par un gréviste sur un gendarme, et le conflit avait éclaté. Les gendarmes ont ouvert le feu et quatre ouvriers ont été touchés. La bourgade s’est aussitôt transformée en champ de bataille” (enquête du quotidien communiste “Rizospástis” 24/08/2008) .

Notons qu’en décembre 1896, le procès des 15 grévistes a finalement eu lieu, et ils ont été acquittés, ils retrouvèrent ainsi leurs postes sans conditions préalables. Suite à cette grève, un détachement militaire avait été définitivement et durablement installé près des mines, afin… de anticiper les révoltes des travailleurs.

Anciennes maisons ouvrières et bâtiments de la compagnie. Lávrion, janvier 2018
Ruines et symbolismes rajoutés. Lávrion, janvier 2018
Rue du 7 avril 1896. Lávrion, janvier 2018

Longtemps après, les révoltes ont plutôt cessé, tout comme le travail d’ailleurs. Pourtant, les avatars (déjà) politiques, en précurseurs des… futurs robotonymes se ruent sans vergogne aucune, sur les endosquelettes ou sur les… bio-conservateurs et autres travailleurs (encore) réellement existants.

Début 2018, et les mieux pourvus se sont rués sur les plages comme sur les tavernes de la Riviera d’Attique, tandis que l’escroc politique Alexis Tsipras et les siens (sous forme de commissions dites “d’experts”) décideront alors en comité restreint (clos) et sans la presse (la nouvelle vient de tomber), du sort architectural de l’ancien aéroport d’Ellinikón (ou Hellenikó, également sur la Rivier d’Athènes). Il s’agit bien de ce site dont le “gouvernement de la gauche radicale” a ainsi finalisé la vente aux “promoteurs”. Il fut un temps pas si lointain, où Tsipras se faisaient photographier avec ceux qui luttaient contre cette vente (en réalité, il a été bradé). Tsipras, dernier arriviste de l’ultime gauche dans ce pays, ira ainsi jusqu’au bout de l‘hybris.

On sait que la société privée grecque ‘Lamda Development’, soutenue par le groupe multinational ‘Global Investment’, le groupe chinois ‘Fosun’ et une société d’Abou Dhabi, a emporté le… morceau moyennant donc 915 millions d’euros. Elle devient le propriétaire de l’ancien aéroport sur une zone côtière de 3,5 kilomètres de longueur et une marina, pour lancer son… méga-projet immobilier sur le site de l’ancien aéroport, avec la construction de nombreuses résidences de toute taille et des parcs d’activités, voir d’ailleurs à ce propos les articles… dithyrambiques dans la presse plus autorisée que jamais . Pauvres journalistes, incroyables avatars !

Ce qui s’y joue, tient autant de l’autorisation accordée aux “promoteurs” pour y bâtir toute une série d’immeubles très élevés, et même l’autre dictature, celle des Colonels (1967-1974) avait pourtant renoncé à un projet analogue sous la pression collective comme culturelle (colères certes sourdes). En réalité, le POS régissant la construction à Athènes, interdit ce type d’immeubles bien grands, c’est-à-dire plus hauts que l’Acropole, et cette règle est autant et d’abord morale, d’où l’énormité dans la transgression ainsi commise par… la bande à Tsipras.

Mineurs de Lávrion du temps de jadis (presse grecque)
Mineurs de Lávrion du temps de jadis (presse grecque)
Tsipras, magnifique menteur… contre la privatisation d’Ellinikón. Temps… de jadis (Internet grec)
Vision… cauchemardesque d’Ellinikón. “Quotidien des Rédacteurs”, janvier 2018

D’ailleurs à ce sujet, même au “Quotidien des Rédacteurs” (pourtant journal pro-SYRIZA), on ne peut qu’exprimer de l’indignation devant ce nouveau crime d’Alexis Tsipras (et du “gouvernement” SYRIZA/ANEL):

“Ces… esprits ‘instruits’ du gouvernement veulent ainsi autoriser la construction d’une barrière de bâtiments imposants, une miniature (peut-être une copie) de Dubaï, de tout ce toc, alors réalisé aux limites de l’hybris, (autant) au moyen d’arrangements avec et au sein du para-État gouvernemental. Et pourtant en face, elle se trouve la population locale et les citoyens démocrates qui se révoltent, de même que la plupart des scientifiques cohérents d’esprit : archéologues, architectes, voire les artistes.” (“Quotidien des Rédacteurs” du 3 janvier 2018) .

L’Aéroport international d’Ellinikón était comme on se souvient, cet aéroport historique qui desservait la ville d’Athènes, avant d’être remplacé en 2001 par Elefthérios-Venizélos (aéroport actuel) dont ses promoteurs de l’Allemand Hochtief qui détenait encore 40 % des parts en 2013, ont expressément exigé la fermeture. Pourtant, le bon sens exprimé même publiquement à l’époque avait argumenté en faveur du maintient du site comme deuxième aéroport (à l’instar de Roissy après Orly et après Le Bourget en France). Et comme en 2017, le nombre de visiteurs du pays avoisine les 30 millions par an, voilà que le nouvel aéroport de la capitale n’est guère loin d’être saturé.

Dans ce même… (Nouvel) ordre d’idées, la Tsiprostructure actuelle, prépare une autre bien étrange loi, rendant possibles les juridictions de proximité. Le projet de loi avait été lancé pour rester soi-disant consultable, entre… le 28 décembre et le 3 janvier 2018, comme par hasard. Juridictions de proximité, pourquoi pas dans un sens ?

Sauf que contrairement par exemple, au cas analogue français, là où le juge de proximité, sauf exception, n’est pas magistrat de formation mais recruté dans la société civile, cependant parmi des praticiens du droit et selon des critères légaux (entre autres, il faut soit avoir exercé une profession judiciaire pendant au moins 4 ans, soit avoir une expérience d’au moins 25 ans dans un service juridique d’entreprise ou d’administration), en Grèce, pour ce même recrutement un simple diplôme universitaire (de n’importe quelle discipline) satisferait les exigences liées à cette mission.

De nombreux juges ont aussitôt argumenté à travers la presse pour dénoncer cette “privatisation de la justice” , et très officiellement l’Union des Magistrats laisse exprimer toute son inquiétude, à l’instar des avocats du… pauvre pays, s’exprimant également de la même manière .

2018, Quotidien des Rédacteurs, janvier 2018
Le… ‘Diable de Phalère’. Presse grecque, janvier 2018
Musique populaire et extase. Temps de jadis (presse grecque – janvier 2018)

L’année 2018, celle de la météo a certes bien commencé à Athènes. Fuyant donc les tavernes des bords de mer (et pour cause), votre humble chroniquer et toute sa crise avec, ont plutôt préféré pour cette première journée de l’année calendaire rendre hommage au… Chaos. Au même moment, la presse aime parfois publier certaines photos issues des transes comme des extases de la musique populaire et de son temps, forcément de jadis, histoire de rendre hommage à, Dieux sait, quelles originalités, constitutives de ce dont on a le plus besoin, une référence exacte dans le passé, comme à définir en quelque sorte, une unité de mesure humaine, surtout et d’abord face à l’hybris. Et ce n’est pas gagné…

L’année 2018 sera peut-être le moment où il va falloir apprendre ou réapprendre à nager… en toutes circonstances, planétaires ou comme on dit depuis la novlangue des mondialisateurs, circonstances “locales”. Il fut un temps… de mesure humaine, où nos poètes étaient encore parmi nous, ils caressaient même parfois leurs chats, peut-être aussi, pour ne pas vraiment caresser les oreilles du public.

Le poète Odysséas Elytis et son chat. (Internet grec)
Premières fleurs. Lávrion, janvier 2018
Nager… en toutes circonstances. Hermès de ‘Greek Crisis’, janvier 2018

Oui, ce n’est pas gagné… Au moment des premières fleures en ce 2018 et non loin de l’ancien aéroport d’Athènes, la Municipalité de Phalère vient de financer et d’installé peu avant la fin de l’année dernière, cette sculpture disons d’époque, et il faut dire fort controversée, étant donné que de bien nombreux habitants (à l’instar d’une partie de l’Église locale), estiment qu’elle représenterait… en réalité le diable.

Ah… la bonne année diabolique 2018, de… diablabla-car à diablabla-corps, ce ne serait finalement qu’une affaire de chemin à parcourir, et c’est sans doute aussi pour cette raison que nous avons ainsi visité Chaos fuyant les tavernes des bords de mer.

2018 et votre blog ‘Greek Crisis’ poursuit sa route contre vents et marées, il faut alors l’admettre, de plus en plus souvent… surveillé de près. Puis, lorsqu’on aura légiféré sur les… fausses informations en ligne, il finirait comme l’autre poète de la mer l’avait alors prédit, connaissant le même sort que “ces navires rayés du contrôle des flottes”. Ah… la si bonne année !

Votre blog ‘Greek Crisis’… surveillé de près. Athènes, janvier 2018

mais aussi pour un voyage éthique, pour voir la Grèce autrement “De l’image à l’imaginaire: La Grèce, au-delà… des idées reçues !”   http://greece-terra-incognita.com/

Grèce : encore plus d’agressivité envers les petits créanciers

Les informations que donnent les médias grecs sur la politique à venir de l’État grec envers les citoyens endettés démontrent une agressivité sans précédent vis à vis des petits créanciers, et tout cela pour plaire aux créanciers dans le cadre de l’évaluation du 3 ème mémorandum! Ainsi 1,8 millions d’emprunteurs ayant des difficultés à rembourser leurs dettes de plus de 500 euros sont ciblés par l’administration fiscale. 2,3 millions d’ autres vont vivre chaque mois avec la peur de dépasser cette limite, en fonction des diverses tranches de paiement d’impôt.
Cette situation est unique : jamais auparavant autant ont été confrontés à des ventes aux enchères. Près d’ un contribuable sur trois (soit un ménage sur trois) va connaitre en 2018 des situations sans précédent.

L’accord conclu avec les prêteurs pour fermer la troisième évaluation est à la source de cette situation. En effet, avant le 20 Janvier, le gouvernement aura adopté « dans la douleur »… des centaines de nouvelles dispositions, parmi lesquelles les modifications du code de recouvrement des recettes publiques (KEDE), ouvrant la voie à des ventes aux enchères de masse par l’administration fiscale et les fonds de sécurité sociale.
Le gouvernement a déjà démontré sa détermination à mettre en œuvre le plan avec l’amendement adopté vendredi dernier et mettra immédiatement en application les poursuites d’ office en arrêtant tous ceux qui entravent les ventes aux enchères. De même, il est prévu que les propriétaires soient exclus même par la force de leur maison mise en vente.
Le cocktail des nouvelles mesures est le suivant :
– Les enchères électroniques vont proliférer ( trois fois par semaine au lieu de une actuellement) et vont remplacer le processus traditionnel des tribunaux du comté.
– Bien que souvent reporté par peur des manifestations (après celle du 30 Novembre et les graves incidents au sein du tribunal du comté devant les caméras et pour les beaux yeux de la Troïka afin de finaliser l’évaluation) les ventes aux enchères seront à nouveau organisées, une fois la nouvelle loi adoptée, immédiatement après les vacances.

Les dispositions de la même loi étendent à l’État les dispositions du Code de procédure pénale de sorte que les mêmes règles s’appliquent aux ventes aux enchères qu’aux individus. À partir de seulement 500 euros de dette, le gouvernement exercera nécessairement une action de recouvrement contre les débiteurs.
– Il n’y a pas de protection pour la première résidence prévu par le KEDE, et le gouvernement n’y a pas apporté de modifications au cours des derniers jours pour distribuer un dividende à partir de la surpopulation.
– Dorénavant, la valeur objective ne sera pas entravée afin de vendre aux enchères une propriété pour dettes envers l’État. Basé sur le KEDE, si la propriété n’avait pas obtenu l’objet, il était interdit de vendre, donc toutes les ventes aux enchères étaient pratiquement stériles. Maintenant, l’immobilier ira aux ventes pour les dettes à l’État et la valeur commerciale (c’est-à-dire, sous l’objectif).
– Les temps d’avertissement et de réponse pour le débiteur rétrécissent considérablement. Avec un courrier électronique informatif du Département du Trésor, les délais commenceront à courir sans perdre de temps pour effectuer ou reporter les saisies, étant donné qu’il est automatiquement considéré que le débiteur a pris connaissance du jour de l’envoi (et non reçu) de l’avis.
– À compter du 1er janvier 2018, la mort subite est également prévue pour ceux qui utilisent le régime des  » 100 doses ». Le règlement sera perdu si le débiteur ne paie pas toutes ses nouvelles dettes à temps (en plus des versements qu’il paie). C’est-à-dire, même pour un jour de retard, il va perdre le règlement, sans la moitié ou un mois de marge pour l’empêcher de payer.

Et les personnes qui sont à risque sont nombreuses lorsque l’on sait que sur 4,1 millions de contribuables qui avaient des dettes à l’administration fiscale en Octobre, huit sur 10 (3,5 millions au total) sont aux prises avec de petites dettes d’environ 3 000 euros en moyenne. On sait que près de 2,35 millions d’ emprunteurs doivent , mais ne peuvent pas payer les dettes de seulement 1 à 500 euros. Les 1,75 millions d’ emprunteurs restants doivent plus de 500 euros, mais seulement 400 000 ont des dettes de plus de 10.000 euros.

Source : journal Protothema.

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