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La Troïka

La Troïka

Définition : A l’origine le terme de troïka est un mot russe qui signifie un rassemblement de trois choses ce peut être des chevaux mais aussi des danses, etc..

Aujourd’hui ce terme est utilisé pour désigner l’intervention de la Banque centrale européenne ( BCE), la commission européenne (CE), le Fond Monétaire International (FMI) pour superviser les plans de sauvetage de certains pays d’Europe.

Depuis quand : Le terme de la troïka est apparu dans le prolongement de la crise de 2008 lorsque certains pays d’Europe se sont trouvés en difficultés financières et ont dû demander de l’aide Grèce, Irlande, Portugal, Chypre.

Sont-ils élus démocratiquement ?

Non ce sont des hauts fonctionnaires technocrates désignés par chacune des trois institutions, non élus et non redevables devant un gouvernement.

De quel plan a bénéficié la Grèce ?

L’aide accordée à la Grèce s’élève à 380 milliards d’€ sous forme de prêts, aide directe au pays, annulation d’une partie de la dette.

La Grèce est-elle autonome pour utiliser librement les fonds ?

Non les fonds ne sont versés qu’en échange de mesures d’austérité (appelées « réformes structurelles »).

Les méthodes contestables de la Troïka : ils arrivent dans le pays, et imposent aux ministres les mesures à prendre .

Témoignage de Louka Kasteli Ministre du travail jusqu’en 2011

Son prédécesseur devait réformer les conventions collectives et accroitre la flexibilité du marché de l’emploi.

Elle a reçu des courriels lui disant  » Mme la ministre ce texte n’est pas acceptable » les éléments clés sont absents et nos propositions ignorées « .

« Ils effaçaient le texte et en mettaient un à la place . A chaque projet cela revenait avec une version différente ».

Témoignage d’Antonis Manitakis Ministre de la réforme de l’administration jusqu’en 2013

A propos d’un coup de fil qu’il y a reçu du directeur du FMI Paul Tousseyn  » il y a eu du chantage, on a humilié mon pays »  » on ne respectait pas ma fonction de ministre d’un État souverain » .

Quel type de mesures imposait la Troïka ?

– La reprivatisation des banques Grecques :

En 2012 l’Eurogroupe a contraint les créanciers de l’État grec (c’est à dire les banques et investisseurs) à le soulager de 108 milliards d’€ mais comme on a attendu 2 ans pour le faire ce sont les banques grecques qui ont été le plus touchées. Les grecs ont dû s’endetter de 50 Mds supplémentaires pour sauver leurs banques du naufrage. Dés lors les banques se trouvaient nationalisées mais la troïka a obligé la Grèce à les privatiser au plus vite et à n’importe quel prix.

Sur 40 Md d’€ la Grèce n’en a récupéré que 25.

ex : des fonds d’investissement américains ont acheté des actions de banques grecques  à prix sacrifiés et ont fait d’énormes profits (le fonds spéculatif américain de John Paulson a réalisé 6 % de bénéfice au 1er trimestre 2014).

– la baisse du SMIC

Témoignage de Savvas Robolis, Economiste en chefs des syndicats grecs.

« La troïka et le 1er ministre Loukas Papademos trouvaient que le smic était trop élevé (smic à 781 €) proposition baisse à 586 € mais ni syndicats ni employeurs de cet avis

tous les partenaires sociaux avaient signé un mémorandum adressé au gouvernement en fevr 2012 et à tous les partis politiques pour refuser la baisse

Le Smic a été réduit mais par décret gouvernemental sans passer par le parlement

Or le traité dit que la commission européenne n’a pas compétence en matière de salaire, de conventions, c’est une violation des règles du traité.

– la mise en vente de biens publics

L’ancien aéroport d’Athènes, site 3X la taille de la principauté de Monaco, 4km de côte et de plage, terrain à bâtir, estimé à 1,24 Md d’€, la société chargée de la vente, à la demande de la troïka, a fait en sorte qu’il ne reste qu’un seul acheteur Spiro Latsis qui l’obtient pour moins de la moitié de sa valeur.

– le plafonnement des dépenses de santé à 6% du PIB : à l’échelle européenne 8% en Allemagne 10% avec la suppression de 2500 postes de médecins publics ( sur 5 000), 40% des hôpitaux fermés.

– licenciement de 585 femme de ménages du ministère de finances ce qui a enrichi les agences d’intérimaires privées

Pour toute ces interventions la Troïka n’a pas d’égard sur les conséquences en terme humanitaire.

Est ce que la politique d’austérité a été efficace ? :

Non car lorsqu’on baisse les salaires, prestations etc…cela provoque une baisse du pouvoir d’achat et à terme une baisse des recettes pour l’État. C’est ce que les économistes appellent

 » le paradoxe de l’épargne ».

Dans l’économie nationale les dépenses des uns sont les recettes des autres.

achats des ménages = recettes des entreprises

salaires des entreprises = recettes des ménages

les impôts des entreprises et des ménages sont les recettes de l’État et inversement

Toutes les dépenses de l’État sont des recettes pour les entreprises et les ménages.

En conséquence tout le monde ne peut pas économiser en même temps car économiser c’est encaisser plus d’argent qu’on en dépense, ce n’est possible que si d’autres dépensent plus qu’ils ne reçoivent et sans dette donc si tout le monde veut encaisser plus d’argent qu’il en dépense et que plus personne ne veut s’endetter, les revenus de tous baissent et l’économie s’effondre .

Est ce que d’autres pays subissent la troïka ?

Oui Chypre, le Portugal, Irlande toux ceux qui ont besoin d’aides financières ont reçu des directives d’austérité.

Au Portugal : Témoignage de Franscisco Lucia : Économiste université Lisbonne remise en cause des conventions collectives il n’y a plus le caractère obligatoire, ( 50 % des salariés relevaient d’une convention collective aujourd’hui moins de 6% le reste en contrat individuel rend vulnérable) assouplissement des règles de licenciement,

A Chypre Témoignage de Nicholas Padapopoulos : Député Président de la commission des finances

La troïka a imposé la vente des filiales grecque à la Grèce. Elles valaient 4 Mds d’€ mais la vente s’est faite pour 500 millions et la banque du Pirée a gagné 3.5 Md d’euros

« C’est le plus gros scandale de la zone euro, Chypre a été victime d’un pillage éhonté au niveau de l’État ».

Est ce que la France subit la Troïka ?

Pour le moment la France ne demande pas d’aide financière cependant elle devance les réformes que lui demanderait la troïka si elle avait besoin d’aide. Ainsi la France met en place des politiques d’austérité qu’elle appelle « rigueur ».

Est ce que la troïka agit toujours dans l’intérêt du pays ? Non il y a eu des attitudes incompréhensibles ainsi :

– La liste Lagarde : Témoignage de Zoe Constantopoulo, députée Syriza et Présidente du parlement depuis fev 2015 :

 » la liste Lagarde est arrivée en sep 2010 , elle contient 2062 noms et en janvier 2014 seulement 6 personnes étaient contrôlées ( politiques, parents de politiques)

Le représentant du FMI détaché auprès du ministère grec a dissuadé les fonctionnaires du fisc d’étudier ces cas et la liste.

– la vente de l’aéroport d’Athènes

– la vente des banques

Est ce que la Troïka continue à intervenir en Grèce ?

Oui les grecs appellent les représentants de la troïka « les institutions » mais la différence est que maintenant les fonctionnaires participent à des rencontres avec les Grecs et doivent négocier et non plus imposer sans discussion.

Pour mieux comprendre la troïka : un film

Le journaliste économique allemand Harald Schumann (auteur de Quand l’Europe sauve ses banques, qui paye ? diffusé par ARTE en 2013) s’est rendu en Irlande, en Grèce, au Portugal, à Chypre, à Bruxelles et aux États-Unis.

Au cours de ce passionnant travail d’investigation, il a interrogé des ministres, des économistes, des avocats, des banquiers, des victimes de la crise, ainsi que le Prix Nobel d’économie 2008, Paul Krugman, qui explique pourquoi cette politique de restriction ne fonctionne pas.

https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=nYGOWUrHcI0

Composition du gouvernement de la République hellénique

Premier Ministre
Alexis Tsipras

Vice-premier ministre

Ioannis Dragasakis

Ministère de l’Intérieur et de la Reconstruction Administrative

Ministre: Nikos Voutsis
Ministre adjoint de la Réforme administrative:
George Katrougalos
Ministre adjoint de la Protection du Citoyen : Ioannis Panousis
Ministre adjointe de la Politique d’Immigration:
Tasia Christodoulopoulou
Secrétaire d’État de Macédoine et Thrace:
Maria Kollia Tsaroucha

Ministère de l’Economie, de l’Infrastructure, de la Marine et du Tourisme

Ministre: George Stathakis
Ministre adjoint des Infrastructures, des Transports et des Réseaux:
Christos Spirtzis
Ministre adjoint de la Marine:
Thodoris Dritsas

Ministre adjointe du Tourisme : Elena Kountoura

Ministère de la Restructuration de la production, de l’Environnement et de l’Énergie

Ministre : Panagiotis Lafazanis 
Ministre adjoint de l’Environnement, de l’Energie et du Changement Climatique:
Ioannis Tsironis
Ministre adjoint pour le Développement Rural et de l’Alimentation:
Vangelis Apostolou
Secrétaire d’État pour le Développement Rural:
Panagiotis Sgouridis

Ministère des Finances

Ministre : Yanis Varoufakis

Ministre adjointe : Nadia Valavani
Ministre adjoint: Dimitris Mardas

 Ministère de la Culture, de l’Éducation et de la Religion

Ministre: Aristides Baltas
Ministre adjoint de la Culture:
Nikos Xydakis
Ministre adjoint de l’Éducation:
Tasos Kourakis
Ministre adjoint de la Recherche et de l’Innovation:
Costas Fotakis
Secrétaire d’État des Sports:
Stavros Kontonis

 Ministère du Travail

Ministre : Panos Skourletis
Ministre adjointe de la Solidarité Sociale:
Théano Fotiou
Ministre adjointe pour la lutte contre le chômage:
Rania Antonopoulou

 Ministère de la Santé et de la Sécurité Sociale

Ministre : Panagiotis Kouroumplis
Ministre adjoint de la Santé :
Andreas Xanthos
Ministre adjoint de la Sécurité Sociale:
Dimitris Stratoulis

Ministère des Affaires étrangères

Ministre: Nikos Kotzias
Ministre adjoint aux Affaires européennes:
Nikos Chountis
Ministre adjoint des Relations Economiques Internationales:
Euclidis Tsakalotos

Ministère de la Défense

Ministre : Panos Kammenos
Ministre adjoint:
Costas Isychos
Secrétaire d’État:
Nikos Toskas

Ministère de la Justice

Ministre: Nikos Paraskevopoulos

Ministre d’État pour la lutte contre la corruption : Panayotis Nikoloudis

Ministre d’État pour la coordination des Affaires gouvernementales : Alekos Flabouraris
Secrétaire d’État:
Terrence Kouik

 Ministre d’État : Nikos Pappas

Secrétaire d’État auprès du Premier ministre et porte-parole du gouvernement : Gabriel Sakellaridis


Président de la République : M. Prokopis PAVLOPOULOS (élu le 18 février 2015)

Présidente du Parlement : Zoe Konstantopoulou

 

 

 

 

Austérité : Solutions fiscales

Inspiré du GDS Québec d’avril 2015 et autres sources

DPour Joseph E. Stiglitz, prix Nobel d’économie 2001, une réforme basée sur la diminution du déficit n’est pas un objectif souhaitable en soi. Il explique pourquoi, en revanche, l’augmentation des inégalités a contribuer au ralentissement économique et comment l’accroissement de la progressivité de l’impôt stimule la croissance économique.

Il affirme qu’une réforme de la fiscalité est essentielle pour ramener la vitalité économique :

  • en implantant une taxe sur les transactions financières ou en augmentant le taux d’imposition des corporations, en abolissant les échappatoires fiscales,
  • en augmentant la progressivité de l’impôt des particuliers ou en taxant l’héritage,
  • en améliorant la redistribution,
  • en encourageant des comportements socialement responsables de la part des individus et des corporations, par exemple en instaurant une taxe sur la pollution.

Voici une liste de solutions envisagées par ATTAC Québec :

  • améliorer la progressivité de l’impôt
  • rétablir un équilibre entre la fiscalité des particuliers et celle des entreprises
  • lutter contre la fraude et la mauvaise gestion des fonds publics
  • ajouter des paliers d’imposition, diminuer l’impôt des plus démunis et augmenter l’impôt des plus riches
  • ne plus offrir de traitement privilégié aux revenus provenant du capital : revoir les traitements privilégiés offerts aux personnes ayant des revenus élevés, abolir le crédit d’impôt sur les gains en capitaux et réduire celui pour les revenus de dividendes.
  • restaurer la taxe sur le capital auprès des institutions financières et de réduire les subventions et autres crédits aux entreprises.
  • lutter contre l’évasion fiscale et pas seulement contre la petite criminalité, mais davantage à l’évasion fiscale de la grande entreprise et des plus riches, qui ont à leur disposition des spécialistes qui leur permettent de se soustraire à leurs obligations fiscales.

L’austérité, une idéologie ?

ARGUMENTAIRE

En synthèse de Thomas Picketty dont le livre « le capital au XXI siècle » est traduit dans toutes les langues et de ce député européen, tous deux socialistes, il faut se rappeler des points essentiels qu’ils nous disent :

  • l’inflation est l’axe qui a permis à la France et l’Allemagne d’après guerre de se défaire de leur dette. Pourquoi ne permet-on pas un retour à l’inflation qui permettrait à tous les pays de se dégager de leur dette et ainsi relancer la machine économique? N’ayons pas peur des mots, c’est une question idéologique.
    • C’est parce que la dette justifie les mesures gouvernementales : fléxibilisation du marché du travail pour faire pression sur les salaires, privatisation des services publics pour permettre aux entreprises privées d’engranger les bénéfices correspondants,
    • C’est à cause de la rémunération excessive du capital qui conduit les entreprises à diminuer les salaires et les investissements, au risque de casser l’outil de travail, pour permettre une rémunération du capital de 15% minimum exigée par les actionnaires et autres fonds de pension.
    • paarce que l’inflation profite aux consommateurs tandis que l’argent gagné par les capitalistes est plus important dans les périodes d’inflation réduite.
  • Thomas Piketty, en plus de permettre l’inflation, propose de lever un impôt exceptionnel sur le capital privé et même prélever la totalité des revenus acquis de façon frauduleuse.
  • Et pourquoi la communauté européenne s’acharne-t-elle à imposer un modèle de société ? C’est pour des raisons idéologiques liées au capitalisme qui veut plus de flexibilité nous dit Guillaume Balas, député socialiste européen. Il recommande au contraire que la Grèce mette en place des mesures qui permettront le redressement du pays, telles que la lutte contre la fraude fiscale et la mise en place d’un impôt sur les plus riches.

EXPLICATIONS

C’est Piketty, directeur d’étude à l’EHESS et professeur à l’école d’économie de Paris. Il est membre du PS. Il propose les moyens qui permettraient au capitalisme d’améliorer les conditions de vie des peuples.

Or, le 24 avril dans le journal Libération, il s’interrogeait sur l’obligation faite aux Etats de payer leur dette. Il distingue

  • d’une part la méthode lente, qui vise à accumuler patiemment des excédents budgétaires, afin de rembourser petit à petit les intérêts puis le principal des dettes en question ;
  • et, d’autre part, une série de méthodes visant à accélérer le processus : inflation, impôt exceptionnel, annulations pures et simples.

Il note, je le cite, que l’Allemagne et de la France, se retrouvent en 1945 avec des dettes publiques de l’ordre de deux années de produit intérieur brut, c’est à dire 200% du PIB, soit des niveaux encore plus élevés que la Grèce ou l’Italie aujourd’hui. Je précise que la Grèce a un taux d’endettement de 175% de son PIB. Dès le début des années 50, nous dit Thomas Piketty, la dette de la France et de l’Allemagne était retombée à moins de 30% du PIB. Or, une réduction aussi rapide n’aurait évidemment jamais été possible avec l’accumulation d’excédents budgétaires. Les deux pays utilisent, au contraire, toute la panoplie des méthodes rapides. L’inflation, très forte des deux côtés du Rhin entre 1945 et 1950, joue le rôle central. A la Libération, la France institue également un impôt exceptionnel sur le capital privé, atteignant 25% sur les plus hauts patrimoines, et même 100% sur les enrichissements les plus importants survenus entre 1940 et 1945. Il y a eu aussi les accords de Londres de 1953, où on annula l’essentiel de la dette extérieure allemande.

C’est ainsi dit-il, que ces deux pays ont pu dans les années 50-60 investir dans les infrastructures publiques, l’éducation et le développement. Et qui expliquent maintenant au sud de l’Europe que les dettes publiques devront être repayées jusqu’au dernier euro, sans inflation et sans mesure exceptionnelle.

la Grèce serait ainsi censée dégager un énorme excédent de 4% du PIB pendant des décennies afin de rembourser ses dettes, alors que la France et l’Allemagne n’ont fort heureusement jamais appliqué à elles-mêmes cette stratégie absurde.

Le plus absurde, dit Thomas Piketty, c’est que les dettes européennes de 2015 sont pour l’essentiel des dettes internes, comme d’ailleurs celles de 1945. Les épargnants des banques françaises détiennent une part des dettes allemandes et italiennes, les institutions financières allemandes et italiennes possèdent une bonne part des dettes françaises, et ainsi de suite. Mais si l’on considère la zone euro dans son ensemble, alors nous nous possédons nous-mêmes. Et même davantage : les actifs financiers que nous détenons en dehors de la zone euro sont plus élevés que ceux détenus en zone euro par le reste du monde.

Plutôt que de se rembourser à nous-mêmes notre dette pendant des décennies, il n’appartient qu’à nous de nous organiser différemment.

Ce même vendredi 24 avril sur France Culture, Quentin Dickinson notait qu’il n’y avait toujours pas d’accord en vue entre l’Europe et la Grèce au sommet de l’Eurogroupe qui se tenait à Riga.

Le député européen Guillaume Balas est également socialiste. Pour lui, l’hypothèse de la sortie de la Grèce de la zone euro ou de la communauté européenne ne sont pas réalistes malgré la poussée des partis de droite à faire sortir la Grèce de l’eurozone pour faire un exemple qui sera également utile comme menace contre la France.

Pour Guillame Balas, la France et d’autres pays de la communauté européenne ne souhaitent pas que la Grèce tombe complètement dans l’orbite de la Russie et qu’elle, la France, avec l’Italie et d’autres, fera tout pour que la Grèce ne sorte pas de la zone euro car une sortie pour des raisons économiques intensifierait la menace qu’ils soient, à leur tour, mis sous surveillance renforcée.

Mais surtout, Guillaume Balas met en évidence le discours idéologique du FMI qui décide quelle doit être l’économie de marché la plus souhaitable en Grèce, alors que cette question n’a rien à voir avec le remboursement de dette.

Guilllaume Balas s’étonne qu’on ne parle plus des demandes du FMI vieilles d’il y a 9 mois seulement de s’attaquer à l’évasion fiscale et de s’intéresser à l’impôt des plus riches qui sont deux problèmes essentiels. On ne parle plus que de taux de TVA et flexibilisation du marché du travail qui n’ont aucun rapport avec les remboursements grecs. Pour lui, il ne faut pas imposer aux grecs un modèle de société au prétexte de remboursement de la dette.

 

Programme de Syriza

Extrait du blog de Pierre Khalfa dont l’intégralité peut être consultée ici

Les chiffres

En moins de cinq ans, 30% des entreprises grecques ont fermé, 150 000 postes ont été supprimés dans le secteur public, il y a eu 42% d’augmentation du chômage, 45% de baisse des retraites, une hausse de près de 100% des personnes sous le seuil de pauvreté. Le PIB a diminué de 25% et la dette publique est passée de 120% à 175% du PIB. En 2014, le taux de chômage atteignait 27 % – plus de 50 % pour les jeunes – et le salaire minimum était de 480 euros net.

Le programme de Syriza

Il prévoyait quatre points : une renégociation des contrats de prêts et de la dette publique ; un plan national de reconstruction immédiate : mesures pour les plus pauvres, rétablissement du salaire minimum, réinstauration des conventions collectives ; la reconstruction démocratique de l’État : lutte contre l’évasion et la fraude fiscales, contre la corruption, réembauche des fonctionnaires licenciés ; un plan de reconstruction productive : arrêt des privatisations, industrialisation et transformation de l’économie par des critères sociaux et écologiques.

Liste des réformes envoyée par le gouvernement grec le 23 février

 

  1. La réforme des politiques fiscales : elle prévoit la mise en place d’instruments à grande échelle, inédits, pour contrer la fraude fiscale et la corruption, mais aussi la poursuite de l’austérité (notamment concernant la santé, les salaires et les retraites) et des concessions au credo néolibéral (revenus et évaluation individualisés, maximisation de la mobilité des ressources humaines, etc.).
  2. La stabilité financière : elle prévoit de dépénaliser l’endettement des personnes à faible revenu et de ne pas exproprier les petits propriétaires endettés de leur résidence principale mais aussi l’engagement à payer l’intégralité de la dette ainsi que l’attribution des 10 milliards d’euros du Fonds Hellénique de Stabilité Financière non pas au budget de l’État comme le défendait le gouvernement grec mais seulement pour la recapitalisation des banques
  3. La promotion de la croissance : elle prévoit des instruments de lutte contre le chômage et n’évoque pas de nouveaux licenciements comme l’exigeaient les projets initiaux de la Troïka, mais aussi la poursuite des privatisations, le report de l’augmentation du salaire minimum et de la restauration des négociations salariales, la promotion de la compétition et l’ouverture au capital des professions réglementées.
  4. La crise humanitaire : le principe de mesures d’urgence (bons d’alimentation, aides concernant la santé et l’énergie pour les ménages aux plus faibles revenus) contre la grande pauvreté est validé, le projet d’un revenu minimum garanti est évoqué, mais il est stipulé que ces mesures ne doivent pas avoir « d’effet fiscal négatif », c’est-à-dire qu’elles ne doivent pas avoir de coût budgétaire.

Dans les faits

La vice-ministre des politiques migratoires, Tasia Christodoulopoulou, a annoncé que le droit du sol remplacerait enfin en Grèce le droit du sang, permettant ainsi que 200.000 enfants d’immigrés obtiennent la nationalité grecque, ainsi que la fermeture de tous les centres de rétention de migrants en Grèce.

Le ministère de la lutte contre la corruption annonce la saisie de plusieurs centaines de millions d’euros sur des comptes bancaires de déposants riches ne pouvant justifier fiscalement leurs actifs.

Le 17 mars, Zoé Konstantopoulou, la présidente du Parlement grec annonce la constitution d’une commission d’audit de la dette publique grecque, qui est coordonnée par Eric Toussaint (porte parole du CADTM International)[11] et dont l’objectif explicite est de « déterminer l’éventuel caractère odieux, illégal ou illégitime des dettes publiques contractées par le gouvernement grec ».

Le 18 mars, le gouvernement fait adopter la première loi de sa mandature, consacrée à un ensemble de mesures sociales en faveur des plus pauvres. Elle prévoit notamment de fournir l’électricité gratuite et une aide au logement pour les foyers les plus démunis, d’accorder une aide alimentaire pour 300 000 personnes, ainsi qu’une aide financière pour toutes celles et ceux qui sont privés de sécurité sociale par la perte de leur emploi.

Réaction de l’eurogroupe

Les institutions européennes ont répondu par une demande accrue de contrôle des services administratifs et financiers à Athènes. Il s’agit notamment d’éviter que soient remises en cause les pratiques de concurrence et « d’optimisation » fiscales par ailleurs encouragées par ces mêmes institutions ainsi que de continuer à faire peser la responsabilité de cette fraude fiscale sur les contribuables grecs (dont on rappellera au passage que les impôts sur le revenu sont prélevés à la source…).

Deuxième liste de réformes

Amélioration des rentrées fiscales de la Grèce (nouveau système de collecte d’impôt, mesures complémentaires de lutte contre l’évasion fiscale), la vente de licences de radiodiffusion, un relèvement du taux supérieur d’imposition sur le revenu ainsi que certains taux de TVA sur les produits de luxe et les boissons alcoolisées, ainsi que la poursuite de certaines privatisations (notamment du Port du Pirée au bénéfice de la société chinoise Cosco, ce qui a amené Pékin à acheter 100 millions de bons à court terme, appelés T-Bills, émis par l’État grec). Dans l’ensemble, cette liste ne fait que préciser et prolonger celles déjà présentées le 23 février, puis le 6 mars.

Elle ne prévoit pas les réformes du marché du travail et le relèvement de l’âge légal de départ à la retraite (à 67 ans) explicitement exigés par l’Eurogroupe.

La stratégie de l’étranglement

Soit l’acceptation par la Grèce de la politique définie par l’Eurogroupe, soit la sortie de l’euro.

Une capitulation serait utilisée pour démontrer aux autres peuples d’Europe qu’aucune alternative n’est possible et que même un gouvernement de la gauche radicale est obligé d’être « raisonnable ».

Un succès de Syriza remettrait en cause 30 ans de néolibéralisme en Europe et risquerait d’entraîner une contagion dans toute l’Europe à commencer par l’Espagne avec Podemos. Pour les plus extrémistes des dirigeants européens, tout, même une sortie de la Grèce de l’euro, serait préférable à ce scénario catastrophe.

relativité de la dette grecque

La dette grecque en décembre 2014: montant et détenteurs

Montant:

314 milliards d’€ soit 176% du PIB

Dans le budget 2013 les intérêts représentent la moitié du service de la dette (somme des intérêts et du capital remboursés cette année là)

Détenteurs:

FESF (1) : 142 milliards d’€

Prêts bilatéraux (2) : 53

FMI: 23

BCE: 27

Secteur privé (3): 70

Rappels

-162 milliards d’€:réparations de guerre pouvant être réclamées à Berlin.

-11milliards d’impôts forcés

  • 2 000 Milliards d’€:dette de la France
  • 601,2 milliards d’€: renflouement des banques lors de la crise de 2008 + les garanties…
  1. : en 2012 le MES(mécanisme européen de stabilité)remplace le FESF (fonds européen de stabilité financière) (2): prêts bilatéraux: le créancier est un autre état(3): obligations, Banque de Grèce, autres prêts

La dette grecque doit et peut être annulée ou renégociée

La dette grecque doit et peut être annulée ou renégociée (en 6 points)

(les causes ayant été explicitées auparavant)

1/ Cette crise de la dette n’est pas un OVNI.
Depuis années 80 dettes du sud et maintenant dettes au Nord avec les mêmes ingrédients :

(Pas / Austérité), même finalité : Transfert de richesse et des fruits du travail vers le capital (du Nord vers le Sud et maintenant des 99% vers le 1%).

Depuis 25 ans luttes du CADTM non sans résultats au Sud :audits et annulations et au Nord les CAC. Les crises de la dette ne sont pas une fatalité (Voir «Les chiffres de la dette»).

2/ Cette crise n’est pas comptable, mais politique (voir tableau 1)

Certes une réalité comptable et question angoissante du manque actuel de liquidités.

Mais relativiser ces chiffres au vu d’autres données (le coin du tableau).

Si c’était seulement un problème financier il aurait été facile à résoudre en 2008 quand la dette grecque était à 100% du PIB

Les détenteurs : à 45% la Troika. La résolution ou non de la crise n’est pas une question technique, mais politique.

3/ La dette DOIT être annulée, au moins partiellement:

( jeu sur la polysémie du verbe DEVOIR):

-question de bon sens: Insoutenabilité

-question de morale: la crise humanitaire

-question de stratégie: le verrou du poids du service de la dette (intérêts et capital) doit impérativement sauter pour réaliser le programme promis. Les réformes envisagées ou réalisées peuvent faire en partie légèrement faire évoluer favorablement le budget… mais la dette court toujours (effet boule de neige du paiement des intérêts) balayant tout effort de redressement.

4/ La dette PEUT être annulée au moins partiellement :

(avec polysémie du verbe POUVOIR);

  • C’est une pratique depuis la nuit des temps (voir Vive la Banqueroute de Ruffin , La dette 5000 ans d’histoire de Graeber).169 cas de défaut total ou partiel depuis la fin de la 2° guerre mondiale recensés par des économistes du FMI
  • L’appui du droit européen et international ( les traités, les résolutions de l’ONU etc..:lister les principaux) et l’arsenal conséquent d’outils juridiques (tableau 2: les plus connus).

Ce n’est donc pas une vision idéaliste et un acte impossible.

5/ Comment? L’audit citoyen de la dette

Le Parlement et le Conseil européen de mai 2013 (note de bas de page) : prescription de réalisation d’un audit intégral de leur dette publique pour les pays sous ajustement structurel.

Actions unilatérales à mettre en place:

– Installer un audit pour déterminer la partie illégitime, illégale ou odieuse de la dette (qui n’a pas à être remboursée).
– Mais un audit citoyen: rapport de force nécessaire pour traduire ces conclusions en action.

– Annoncer un moratoire du paiement des intérêts (sans effet rétroactif) ; ils ne doivent pas continuer à courir pendant la durée de l’audit.

6/ Et en Grèce?

Samaras n’a pas saisi cette opportunité de l’article 7.
Zoé Konstantopoulo, présidente de Parlement (la Vouli) a annoncé le 17/3 2015 la mise en place d’un audit citoyen dès début avril. Mais pour l’instant, ce n’est pas une décision du gouvernement. Quelle suite?

Cependant, sans anticiper sur les conclusions de cet audit et à la seule lecture des causes de l’endettement de la Grèce (avant et pendant la crise), il apparaît que de nombreuses dettes peuvent être annulées ou répudiées par ex.les dettes contractées

– pendant la dictature: dette odieuse

– au moment de l’achat d’armements : dette liée

– ou d’achats entachés de corruption (Siemens): dette illégitime

  • ou sous la contrainte de la troika sans consentement de l’Etat :dette illégitime
  • ou entraînant des désastres humanitaires : Etat de nécessité…

A compléter suivant le temps disponible.

Conclusion:

– Si le CAC a pu déterminer que 59% de la dette publique de la France est illégitime et n’a pas à être remboursée, on peut parier que l’audit en Grèce donnera des résultats conséquents.

– Nécessité d’un soutien des peuples européens à cette initiative lourde de conséquences pour le peuple grec … mais aussi européen. Demandons une conférence européenne sur la dette. Avec les Grecs inventons une autre Europe.

note:

point 9 de l’article 7 du règlement de l’UE n° 472/2013 du Parlement et du Conseil européen du 21 mai 2013: «Un Etat membre faisant l’objet d’un programme d’ajustement macroéconomique réalise un audit complet de ses finances publiques afin, notamment, d’évaluer les raisons qui ont entraîné l’accumulation de niveaux d’endettement excessifs ainsi que de déceler toute éventuelle irrégularité»

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