Rapport sur les refoulements d’Evros( I) et sur la création des centres de détention sur les îles grecques (II)
(I) [Migreurop] Rapport « ILLEGAL PUSHBACKSIN EVROS » Illegal+Evros+pushbacks+Report_Mobile+Info+Team_final(1)
Un petit résumé ici: traduit par Natalie Barsacqrapport du « Mobile Info team » (novembre 2019)
« Mobile Info Team a publié un nouveau rapport sur les refoulements de la Grèce vers la Turquie dans la région d’Evros. Mobile Info Team recueille des données depuis août 2018 et a rassemblé 27 témoignages de personnes ayant vécu cette pratique illégale.
La procédure, dans tous les cas, est similaire. Tout d’abord, l’arrestation et la capture par la police grecque à l’intérieur du territoire grec, puis la détention et la confiscation des biens personnels, suivies de transferts coordonnés aux autorités et enfin, l’expulsion collective de l’autre côté du fleuve Evros dans de petits bateaux.
Les pratiques violentes de la police grecque sont extrêmement préoccupantes. Les procédures légales établies stipulent que la police grecque doit rencontrer les demandeurs d’asile sur le territoire grec, les escorter jusqu’aux postes de police, prendre leurs données personnelles et enregistrer leurs demandes d’asile. Les actions signalées vont cependant de transferts complices à des groupes de » commandos » non identifiés, en passant par des actes de violence et des vols.
Nombre de ces témoignages sont profondément troublants, alors même que tous les refoulements sont illégaux, qu’un individu ou un groupe soit soumis à la violence ou non. Souvent, les gens ont rapporté des privations de nourriture et d’eau, des vols de biens, des détentions dans des espaces sales et exigus, des coups violents non provoqués et même des chocs électriques. »
II. Sur la création des centres de détention
Traduit et envoyé par Natalie Barsacq
Suite au nouveau projet de la Grèce de créer des centres de détention sur les îles, Eva Cossé, chercheuse grecque à Human Rights Watch répond :
« L’engagement du gouvernement de transférer rapidement des milliers de personnes hors des conditions inhumaines et surpeuplées des îles est juste, mais enfermer tout le monde ne l’est pas… La Grèce devrait assurer des conditions adéquates dans des installations d’accueil ouvertes sur les îles et un processus équitable et efficace de transfert régulier pour éviter une surpopulation chaotique et dangereuse ».
Afin de renchérir avec des statistiques, Aegean Boat Report ajoute :
« Le gouvernement grec a annoncé le 22 octobre qu’il transférerait 20.000 personnes sur le continent d’ici la fin de cette année. Depuis lors, ils ont transféré 5600 personnes. Au cours de la même période, 10600 personnes sont arrivées sur les îles, ce qui a augmenté la population de 5000 personnes. Si les arrivées et les transferts se poursuivent à ce rythme, près de 45 000 personnes seront piégées sur les îles d’ici la fin de l’année.
Depuis que le nouveau gouvernement a pris le pouvoir en juillet, la population des îles a augmenté de 22200 personnes, passant de 17200 à 39400.
L’hiver dernier, la situation sur les îles était critique, avec une population totale de 15 000 personnes. Cet hiver, il y aura plus de 40000 personnes sur les îles, vivant dans des conditions encore pires. Je crains que le temps à venir, alors que l’Europe construit des murs encore plus hauts, de nombreuses vies seront perdues sur les îles grecques de la mer Égée. »
Par ailleurs, au moins 5 bateaux sont arrivés sur les îles de la mer Égée mardi (26/11/) avec 178 personnes, selon Aegean Boat Report :
Bateaux 1, 2 et 3→ Lesvos ; 38 personnes, 41 personnes et 20 personnes.
Bateau 4 → Chios ; 39 personnes (13 enfants, 8 femmes et 18 hommes)
Bateau 5 → Samos ; 40 personnes
De plus :
Une femme de 35 ans est morte d’une urgence médicale en Moria tard lundi soir. Une autre tragédie pour un camp dont la population a déjà dû faire face au pire des milliers de fois.
Enfin, le 21 novembre, la Cour européenne des droits de l’homme a arrêté l’expulsion d’un Afghan de Lesvos vers la Turquie. Le tribunal craignait sérieusement que l’homme ne soit soumis à un traitement inhumain ou dégradant en Turquie s’il était renvoyé. La Cour examinera plus avant le manque de considération du gouvernement grec pour l’article 3 et le Centre juridique de Lesvos espère que cette intervention servira d’avertissement au gouvernement grec, qui rejette de plus en plus de demandes d’asile.