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Urgent : collecte pour deux fourgons à destination d’Athènes

URGENT : collecte pour nos lieux autogérés à Athènes (deux fourgons solidaires s’apprêtent à partir) 🖤❤️

LISTE DES BESOINS ACTUELS (en priorité pour les enfants grecs et migrants, car les stocks sont au plus bas) : ★ lait infantile (surtout deuxième âge) ★ couches (surtout 2 à 4) ★ hygiène bébé (shampooings, etc.) ★ sérum phy ★ vêtements bébé (pas trop en mauvais état) ★ jouets…

Nos collectifs d’Exarcheia recherchent aussi : les vieux (ou récents) ★ appareils photo/vidéos ★ ordinateurs ★ téléphones, ainsi que du ★ papier pour les photocopieuses, des ★ sacs de couchages et, bien sûr, de la ★ nourriture adultes/enfants…

Nous achèterons ensuite tout ce qui manque sur place, avec nos camarades grec-ques et migrant-es. Si vous voulez nous aider à financer ces achats : ★ chèque à l’ordre de Anepos, à transmettre à la Laiterie ce samedi, ou à envoyer à : Anepos – Action Solidarité Grèce – BP10 – 81540 Sorèze. Si vous préférez par ★ virement à Anepos, IBAN : FR46 2004 1010 1610 8545 7L03 730, BIC : PSSTFRPPTOU (objet : Action Solidarité Grèce).

POUR TRANSMETTRE AUX FOURGONS :
🚚🚚 amenez ce que vous pouvez durant la soirée festive, ce samedi à la Laiterie à côté d’Albi (cf. affiche, plus bas), même si vous ne faites que passer (nous serons présents avec les fourgons à partir de 17h00).
🚚🚚 ou alors déposez sur place à la Laiterie les jours précédents (en téléphonant auparavant au 06 50 83 13 94).
🚚🚚 ou bien faites passer à quelqu’un qui viendra à la soirée.

Ce samedi 29 février, il y aura aussi :
🍶 la « soupe de la révolution » (avec de la potion magique dedans pour enfin la réussir )
🎼 et le concert de musique crétoise avec le groupe Khandax (téléportation garantie 🏝)

Maud et Yannis Youlountas (avec Anepos, la Laiterie et Elaff)

 

Liberté de filmer

Filmer, photographier, enregistrer les forces de l’ordre dans l’exercice de leur métier, est un droit et doit le rester

Acrimed cosigne un communiqué collectif initié par Reporters en colère (REC), suite aux récentes annonces concernant le contrôle des vidéos montrant des violences policières.

Mediapart a révélé le 16 février 2020 que Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, « envisage[rait] de contrôler la diffusion des vidéos [montrant des violences policières]. Selon (…) la Direction générale de la police nationale (DGPN), une étude sur des « évolutions juridiques » est actuellement menée pour rendre notamment obligatoire le floutage de tous les agents. » Une information démentie par le ministre le 19 février, mais bien confirmée par ses propres services quelques heures plus tard.

Nous, journalistes – reporters d’images, photojournalistes, rédacteurs•trices, titulaires de la carte de presse ou non – associations de défense des droits humains et usagers des médias, tenons à alerter l’opinion publique sur de telles menaces. Il en va de la liberté de la presse et, plus largement, du droit d’informer et d’être informé•e. Le floutage aurait pour conséquence directe, en premier lieu, de compliquer et de ralentir fortement la diffusion des images d’opérations policières – notamment en matière de maintien de l’ordre -, de sorte que ces images seraient bien moins nombreuses à être mises en circulation.

Or, sans ces vidéos, la réalité des violences policières resterait trop souvent invisibilisée, niée dans son existence même. Elle l’a trop souvent été dans les quartiers populaires d’abord, dans les manifestations, aux abords des lycées, sur les piquets de grève, et désormais contre nous, journalistes de terrain et associations de défense des droits, qui les documentons et participons à les visibiliser, via nos enregistrements, souvent diffusés sur les réseaux sociaux et repris par les médias traditionnels.

L’existence d’images les attestant, et la possibilité même d’enregistrer et de les diffuser, rend leur réalité tangible contre les dénégations répétées des autorités françaises ces derniers mois, ces dernières années.

Ces vidéos peuvent aussi constituer des éléments de preuve pour la justice, comme pour la mort de Cédric Chouviat, d’Aboubakar Fofana, et d’autres victimes.

Alors que la multiplication des images ces dernières années a permis à la société entière de progresser dans la prise de conscience de l’existence des violences policières, la publicité de ces images provoque des réactions visant à renforcer l’anonymat des forces de l’ordre et participe de leur impunité. De nombreux•ses policier•es en maintien de l’ordre opèrent désormais masqués (visages camouflés, casque, cagoule, numéro de matricule – RIO – absent), au mépris des lois et des obligations déontologiques, notamment rappelés par le Défenseur des Droits.

Il s’agirait, si la Place Beauvau accédait aux demandes de certains syndicats de police, de rendre toujours plus difficile l’accès à une information indépendante sur le travail de la police. Devons-nous rappeler que la force publique, au service de tous, doit être observable en tout temps, par toutes et tous ? Dans un Etat de droit respectueux du droit international, la liberté d’informer, et donc le droit de filmer la police, prime sur le respect de la vie privée dès lors qu’il s’agit de filmer des fonctionnaires de police dans l’exercice de leur fonction, sans porter atteinte à leur dignité.

Ce principe a été exprimé à plusieurs reprises, tant par l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe, que par le rapporteur spécial des Nations Unies sur la liberté de réunion et d’association.

Non seulement il serait dangereux de renforcer l’anonymat des policier•ères, mais il y a même lieu, au contraire, de renforcer les possibilités de leur identification pour prévenir les violences policières, notamment via le respect du port du numéro de matricule (RIO).

Le port de ce numéro est en effet obligatoire, conformément à l’article R434-15 du code de la sécurité intérieure qui dispose que : « Le policier ou le gendarme exerce ses fonctions en uniforme. Il peut être dérogé à ce principe selon les règles propres à chaque force. Sauf exception justifiée par le service auquel il appartient ou la nature des missions qui lui sont confiées, il se conforme aux prescriptions relatives à son identification individuelle. »

Il n’y a aucune raison pour que de telles études se poursuivent.

Pour que vive la liberté de la presse !

Pour que vivent le droit à l’information et le droit d’informer !

Filmer les agents des forces de l’ordre, sans les anonymiser, dans le cadre de l’exercice de leur fonction doit rester un droit !

Paris, ce 21 février 2020

Signataires : Collectif REC (Reporters En Colère) – SNJ (Syndicat National des Journalistes) – SNJ-CGT (Syndicat National des Journalistes CGT) – Syndicat interprofessionnel de la presse, des médias, de la culture et du spectacle – SIPMCS-CNT – Syndicat Général des Journalistes Force Ouvrière (SGJ-FO) – CFDT – Journalistes – Fédération Européenne des Journalistes (EFJ) – Profession : Pigiste – Ras-la-Plume – Collectif YouPress – Amesty International – LDH – ATTAC – ACRIMED – Solidaires – Collectif LaMeutePhoto – Collectif OEIL – Collectif MacadamPress – Collectif Extra Muros – Mr Mondialisation – Taranis News – Là-bas si j’y suis – Source-média – Media 25 – Bastamag – Politis – StreetPress – Radio Parleur – SDJ Mediapart – SDJ LeMédiaTV – Arrêt sur Image – Collectif GERDA – Me Arié Alimi – David Dufresne – Sihame Assbague – Samuel Gontie

Source https://www.acrimed.org/Filmer-photographier-enregistrer-les-forces-de-l

La militarisation en Méditerranée orientale et la menace d’une guerre gréco-turque

Publié par Alencontre le 20 – février – 2020 Par Antonis Ntavanellos

De nombreuses forces aériennes et navales des Etats impérialistes occidentaux sont rassemblées dans la Méditerranée orientale. Cette «coexistence compétitive» de grands navires de guerre dotés d’une puissance de feu significative naviguant en permanence dans la région ressort clairement sur la carte 1, ci-dessous.

Les navires de la Marine états-unienne, qui opèrent à partir de la grande base navale de Souda, sur l’île de Crète, forment le plus fort contingent. Cette base est considérée comme étant d’une importance stratégique cruciale pour les Etats-Unis, en tant que principal pilier de son «arc d’endiguement» qui s’étend de la Pologne à Israël.

Récemment, le Parlement grec a approuvé un nouvel accord militaire entre la Grèce et les Etats-Unis [signé à Athènes le 5 octobre 2019 entre Mike Pompeo et Nikolaos Dendias, ministre des Affaires étrangères], qui rend permanente la présence de bases militaires américaines en Grèce. Ce qui place l’alliance entre les deux Etats au rang de «partenariat stratégique». Cet accord a été salué par Mike Pompeo et célébré par tous les partis politiques grecs – à l’exception de la gauche radicale, qui a protesté dans la rue contre l’accord.

L’accord a été systématiquement préparé par le gouvernement SYRIZA sous Alexis Tsipras, puis il a finalement été signé par le gouvernement de la Nouvelle Démocratie sous Kyriakos Mitsotakis. L’ambassadeur américain à Athènes, Geoffrey Payatt (un diplomate «hyperactif» qui a travaillé en Ukraine dans le passé…), a choisi de rendre hommage au rôle de pionnier d’Alexis Tsipras dans cet accord honteux, provoquant des commentaires amers de la part des politiciens de droite.

A l’intérieur du pays, outre la base de Souda qui ne cesse de s’agrandir, les Etats-Unis disposent désormais de grands aérodromes militaires modernes (comme le siège de l’OTAN à Larissa, dans la subdivision régionale qualifiée de périphérie de Thessalie), de bases de transport et de ravitaillement pour les forces d’«intervention rapide» et de bases fixes pour les «armes stratégiques» modernes (comprenant probablement les armes nucléaires dites «petites»). Evidemment, à ce propos, ces détails sont sujets au secret de la sécurité défense lors du débat parlementaire. Les Etats-Unis utilisent également le port d’Alexandroupoli (dans le nord de la Grèce) qui servira de station de manutention de GNL (gaz naturel liquéfié, important pour le transport maritime) et d’une station navale militarisée.

Dans le même temps, l’Etat français, dirigé par Emmanuel Macron, a établi une base navale permanente à Chypre et le navire français Charles de Gaulle patrouille dans les mers autour de Chypre. Le 29 janvier 2020, un «partenariat stratégique de sécurité» a été signé entre Emmanuel Macron et le premier ministre Kyriakos Mitsotakis.

Début février, dans la petite île de Skyros, au centre de la mer Egée, un exercice militaire conjoint a été mené avec la participation des forces grecques, états-uniennes et françaises. L’exercice simulait une opération de reconquête de l’île, contre un scénario imaginaire dans lequel elle avait été envahie auparavant.

Le lendemain, Mike Pompeo a rendu explicite le message: une éventuelle attaque militaire contre les positions grecques recevra une réponse «euro-atlantique», symbolisée par l’activité des forces armées états-uniennes et françaises dans la zone.

Cette alliance dispose également d’importantes forces locales sur le terrain. Au cours des dernières années, la diplomatie grecque a joué un rôle de premier plan dans la mise en place de deux «axes» supplémentaires. Il s’agit des fameuses «triades» entre Grèce-Chypre-Israël et Grèce-Chypre-Egypte. Les Etats qui composent ces «triades» coopèrent étroitement, ils ont adopté une position commune concernant le partage des zones économiques exclusives (ZEE – selon le droit de la mer, il s’agit d’un espace maritime sur lequel un Etat côtier exerce un droit souverain en matière d’exploration et d’usage des ressources) en Méditerranée orientale et ils déclarent ouvertement (avec des exercices militaires conjoints systématiques, entre autres…) qu’ils ont la force militaire d’imposer leur accord de partage dans la région.

La Grèce est un pays où la solidarité envers la cause palestinienne était traditionnellement grande. Aujourd’hui, alors que l’Etat d’Israël fait pression pour une «solution finale» [«accord du siècle» de Trump, entre autres] en Palestine, il est choquant de constater que l’on ne trouve quasiment aucun commentaire négatif dans les médias sur la politique de l’Etat israélien. La diplomatie de l’«axe» s’est avérée plus puissante que l’obligation de se tenir aux côtés des Palestiniens. Cela est vrai tant pour l’ancienne social-démocratie du PASOK que pour la nouvelle social-démocratie d’Alexis Tsipras.

Deux facettes des tensions entre la Grèce et la Turquie, avec leurs extensions géopolitiques

Deux facteurs sont à la base de ces développements:

Les tensions dans les relations entre le régime d’Erdogan en Turquie et les Etats-Unis ainsi que le camp occidental en général. Elles sont apparues au grand jour après l’échec de la tentative de coup d’Etat de 2016, qu’Erdogan considérait (à juste titre) comme «dirigé par les Américains». Les tensions existaient déjà – par exemple, la Turquie n’a pas permis aux Etats-Unis d’utiliser librement la grande base aérienne d’Incirlik, comme l’a fait l’Etat grec avec Souda… –, mais elles se sont accrues lorsque le gouvernement turc a commencé à travailler avec les Russes en Syrie. Elles ont atteint un point culminant lorsque la Turquie a obtenu des missiles S-400 Triumph russes [les Etats-Unis s’opposent à ce qu’un pays de l’OTAN s’en équipe; pour la raison essentielle de son système de détection aérien].

Cette polarisation ne peut être sous-estimée: elle se traduit déjà avec des répercussions politico-militaires en Syrie, en Libye [soutien au gouvernement Fayez el-Sarraj, alors que l’alignement derrière le général Khalifa Haftar des Etats-Unis, de la France, de l’Egypte… est patent] et en Méditerranée orientale. Toutefois, elle ne doit pas être considérée comme définitive. Alors que le Congrès américain a déclaré que l’achat de missiles S-400 était une insulte majeure pour les Etats-Unis (donc un point de rupture formelle dans les relations), la politique actuelle de Donald Trump laisse toujours la place à un éventuel lissage des relations avec la Turquie. Après tout, c’est un pays dont la situation géographique et l’énorme population en font un atout précieux pour l’OTAN. En outre, le régime de Tayyip Erdogan a peut-être survécu à trois tentatives de coup d’Etat ratées, mais il s’affaiblit à l’intérieur, en raison du ressentiment populaire (principalement l’opposition à des pratiques gouvernementales extrêmement autoritaires) et des difficultés financières de l’économie turque.

Le réalignement des relations diplomatiques dans la région – avec la détérioration des relations américano-turques et israélo-turques et l’amélioration consécutive des relations militaires et économiques américano-grecques et israélo-grecques – a pris son envol lorsque la géopolitique des hydrocarbures est entrée en jeu.

D’importants gisements de gaz naturel ont été découverts dans la région, à l’intérieur des ZEE israélienne et égyptienne. On suppose (puisque les recherches sont encore au stade préliminaire) que des gisements existent également à l’intérieur de la ZEE de Chypre, dans les zones au sud de la Crète et dans les régions maritimes entre la Grèce et l’Italie à l’ouest. A l’exception des zones occidentales (où l’ENI italienne est engagée, avec ses propres stratégies et alliances), les «gisements de gaz» du sud-est de la Méditerranée ont été concédés à un consortium de grandes transnationales occidentales, dirigé par l’américaine ExxonMobil et la française Total. La mission comprend la recherche, l’utilisation, l’extraction, le transport et le commerce des combustibles fossiles (principalement du gaz naturel et éventuellement du pétrole) qui seront trouvés.

Ces sociétés, en coopération avec Israël, l’Egypte, Chypre et la Grèce, ont conclu le plan de l’oléoduc EastMed (Eastern Mediterranean). Il s’agit d’un projet pharaonique. Il prévoit la construction d’un pipeline sous-marin de grande longueur, qui reliera Israël aux côtes italiennes, en contournant la Turquie tout en s’étendant sur un territoire ainsi que dans des eaux très profondes et soumis à de forts risques sismiques. Le coût d’un tel mégaprojet est inconnu, ses problèmes techniques sont sans précédent et sa rentabilité commerciale est douteuse. Par conséquent, de nombreux «experts», dont certains dirigeants des industries extractives, sont très prudents. Mais ces problèmes – qui pourraient s’avérer déterminants au bout du compte – sont pour l’instant repoussés dans le débat public, qui est entièrement axé sur la «géopolitique».

Pour construire la Méditerranée orientale sans la participation de la Turquie, il faut s’assurer que les ZEE d’Israël, de Chypre et de la Grèce soient géographiquement reliées. Cette connexion géographique servirait pour un pipeline qui unirait Israël aux rivages européens, en passant exclusivement par des territoires maritimes qui relèvent de la souveraineté des Etats qui font partie du plan. Cet accord de partage de la souveraineté sur les territoires maritimes, conclu par les «acteurs» régionaux et soutenu par les Etats-Unis et l’UE (la France jouant un rôle de premier plan), est visible sur la carte 2.

Ce qui reste à la Turquie est visible sur la carte 3, qui montre à quel point il est impossible d’imposer un tel «partage» de manière pacifique.

En bleu, la ZEE que l’«alliance East Med» reconnaît pour la Turquie.

Malgré tout cela, le plan EastMed a été officiellement signé par les gouvernements de Grèce, de Chypre et d’Israël le jeudi 2 janvier. Récemment, le Congrès américain a voté en faveur du East Med Act, qui déclare que ce plan est la politique énergétique officielle des Etats-Unis en Méditerranée orientale.

Le droit international

Ce plan a été mis en œuvre par une tactique de faits accomplis. De plus, il a été constamment justifié en invoquant le droit international et ses dispositions concernant les questions de souveraineté maritime. Mais l’«intrigue» s’est épaissie. Le gouvernement d’Erdogan, afin de rompre son isolement, a procédé à la délimitation des ZEE entre la Turquie et la Libye – plus exactement la partie de la Libye qui est contrôlée par le «gouvernement» de Fayez el-Sarraj (qui est formellement reconnu par les gouvernements occidentaux). Cette délimitation crée un «fragment» maritime sous souveraineté turque (voir carte 4), ce qui interrompt la continuité entre les ZEE de Chypre et de la Grèce, faisant ainsi du projet EastMed un rêve inaccessible.

Cet accord de délimitation échouera probablement, au même titre que le «gouvernement» libyen qui l’a cosigné (Athènes soutient déjà le «général» Khalifa Haftar en Libye…). Mais en attendant, la Turquie a demandé aux Nations unies d’enregistrer l’accord maritime signé avec la Libye, défiant ainsi toute personne qui le contesterait (principalement la Grèce et Chypre) de recourir au droit international et plus particulièrement à la Cour internationale de justice de La Haye.

La version turque du partage des eaux maritimes dans la zone entre Chypre et la Crète, à la suite de l’accord Turquie-Libye.

Cette évolution a provoqué un débat stratégique crucial au sein de la classe dirigeante grecque et de la bureaucratie étatique. Il existe un courant «sage et prudent», qui comprend certains sociaux-démocrates (comme l’ex-premier ministre Kostas Simitis et l’ex-dirigeant du PASOK Evangelos Venizelos), certains politiciens de droite (comme Dóra Bakoyánni [fille de l’ancien premier ministre Konstantinos Mitsotakis] et d’autres) et certains diplomates et «négociateurs» de l’Etat grec. Ils semblent se rendre compte que toute perspective réelle d’exploitation des hydrocarbures en Méditerranée orientale ne peut être réalisée que par un processus de «position commune» avec la Turquie. Ils soutiennent donc le recours à la Cour internationale de justice.

Mais une autre partie de l’establishment insiste pour profiter de l’alliance avec les Etats-Unis et la France et exploiter la conjoncture actuelle de l’isolement de la Turquie, afin de poursuivre un affrontement aboutissant au résultat suivant: le gagnant rafle tout. Ils maintiennent la possibilité d’une escarmouche militaire, espérant qu’elle sera facilement contenue et qu’elle ne dégénérera pas en une guerre gréco-turque totale.

Malheureusement, les choses sont encore plus compliquées que ce désaccord. La Cour internationale de justice peut être convoquée après que les Etats ayant fait appel se sont mis d’accord sur le fait que les décisions de la Cour seront considérées comme contraignantes pour les deux parties.

L’Etat grec ne reconnaît la compétence de la Cour que sur la question des frontières maritimes et, par conséquent, sur la délimitation de la ZEE. Il refuse catégoriquement toute discussion sur des questions relatives à l’extension de la souveraineté grecque qui a déjà été imposée unilatéralement. Il s’agit notamment de la militarisation des îles de la mer Egée orientale (en violation du traité de Lausanne, signé par la Grèce et la Turquie en 1923 pour «régler» les conflits de souveraineté dans la mer Egée), ainsi que de l’extension de la souveraineté grecque dans un grand nombre d’îlots et de rochers inhabités de la mer Égée, et, surtout, de l’extension unilatérale de l’espace aérien grec à 10 milles marins, au-delà des 6 milles des eaux territoriales grecques.

D’autre part, la diplomatie turque n’a aucune intention de faciliter les revendications grecques et elle met donc sur la table des négociations tous les conflits de souveraineté non résolus entre les deux Etats, y compris toutes les questions susmentionnées.

La concurrence autour des ZEE et des hydrocarbures s’étend à toutes les questions de souveraineté dans la mer Egée. Or, elles se sont avérées extrêmement dangereuses dans l’histoire des deux pays. Rappelons que l’«équilibre» actuel entre les deux Etats est le produit de 5 (!) guerres au cours du XXe siècle. Ainsi, la tendance à «réviser» l’accord actuel est très forte dans les deux pays.

Extractivisme et militarisme

L’amplification de la stratégie extractiviste est littéralement absurde dans les conditions de crise économique et sociale que connaissent les deux pays et face à la menace de la crise climatique mondiale et de la catastrophe environnementale.

En ce moment, une grande partie du territoire grec est utilisée comme «champ» par des compagnies minières, à la recherche de gaz naturel et de pétrole. Ce projet coûteux (et destructeur) portera probablement ses fruits à un moment où l’Europe sera moins «assoiffée» de gaz qu’elle ne l’est aujourd’hui et où l’intérêt pour le pétrole sera plus limité, comme l’a écrit un partisan expérimenté de l’extractivisme. Mais sous un capitalisme anarchique et vorace, les décisions sont basées sur les critères et la concurrence intercapitaliste actuels. Un exemple typique réside dans le plus gros investissement contemporain de la Compagnie publique grecque d’électricité. Il est s’effectue dans une grande mine de lignite en Macédoine occidentale. La mine devrait entrer en production dans le courant de l’année 2020, tandis que l’Etat grec a signé l’interdiction de l’utilisation du lignite, progressivement à partir de 2023 et totale d’ici à 2025.

En outre, la stratégie extractiviste dans les mers, entrelacée avec les questions de souveraineté de l’Etat sur celles-ci, est directement liée à un renforcement du militarisme.

La stratégie de l’«axe» en Méditerranée orientale a conduit l’Etat grec à consacrer, année après année, plus de 2% de son PIB pour les dépenses militaires de l’OTAN, devenant ainsi le plus gros acheteur d’armes de l’alliance euro-atlantique. Malgré la crise économique, la Grèce (tant sous Tsipras que sous Mitsotakis) modernise ses forces navales et aériennes, dans le but de conserver l’avantage technologique militaire. Le gouvernement a déjà soumis un «Mémorandum d’intérêt» pour l’achat d’avions américains F-35, très chers (seul Israël en possède dans la région). Il a signé une lettre d’intention pour l’acquisition de frégates françaises de type Belhara en octobre 2019. Même les sites web bellicistes, «liés» au commandement militaire, décrivent ces armes comme étant uniquement adaptées aux «guerres d’agression»…

La politique d’armement est liée au renforcement politique du militarisme. Dans les grands médias, il y a un défilé quotidien d’officiers militaires à la retraite et d’analystes faucons qui tentent de stimuler un climat de ferveur patriotique et de familiariser la population avec la perspective d’une guerre. Lors du débat parlementaire sur le budget annuel de l’Etat, SYRIZA a voté en faveur des dépenses militaires de Mitsotakis, défendant cette position sordide en invoquant la nécessité d’une «unité nationale pour faire face aux menaces qui pèsent sur le pays». Voici un autre aspect de la politique de Tsipras, que l’on pourrait formuler ainsi: un «Greek 1914».

La gauche radicale en Grèce est pleinement consciente de la nature brutale et oppressive du régime d’Erdogan. Après tout, la solidarité envers les réfugiés politiques turcs, les exilés et fugitifs kurdes ainsi que les réfugiés syriens était une tâche qui était constamment soutenue par les forces de la gauche radicale. Mais nous sommes obligés de placer nos espoirs dans la lutte contre ce régime auprès des mouvements sociaux et de la gauche qui sont actifs en Turquie.

Ici en Grèce, nous avons d’autres tâches: la confrontation avec le nationalisme grec, l’opposition aux politiques pro-guerre «chez nous», la résistance aux armements, au militarisme et à la collaboration avec les puissances impérialistes «dans notre pays», la dénonciation de l’extractivisme comme stratégie absurde et dangereuse. La Méditerranée orientale est redevenue une «poudrière». Toute guerre «ici» peut avoir des conséquences négatives et imprévues en Europe et dans le monde. (Article envoyé par l’auteur; traduction rédaction A l’Encontre

Source La militarisation en Méditerranée orientale et la menace d’une guerre gréco-turque

URGENT Le dispensaire de Helleniko est menacé d’expulsion !

par Solidarité Grèce 67

Voici le mail du dispensaire (clinique) d’Helleniko. Nous pouvons les aider en envoyant des lettres aux ministères concernés (fin de la lettre) et en participant aux manifestations.

Deuxième tentative d’expulsion de la clinique communautaire métropolitaine Helliniko à Athènes, Grèce

Nous avons reçu une lettre de notification de « Hellinko S.A. » le 11/02/2020, également adressée au ministère de la santé, notifiant également les ministères du développement et des investissements, de l’industrie et du commerce et le Fonds de développement des actifs de la République hellénique S.A.

 La lettre indique clairement que la Metropolitan Community Clinic Helliniko (notre dispensaire) doit immédiatement quitter le bâtiment dans lequel elle est installée depuis décembre 2011 et qui lui a été accordé par la municipalité d’Helliniko-Argyroupolis.

Cette lettre ne précise pas que « Helliniko S.A.» avait déjà tenté d’expulser notre clinique, en mai 2018, en nous envoyant directement une lettre d’expulsion. Le fait de rendre publique leur lettre et leurs intentions a eu pour conséquence de soulever l’indignation de nos patients, des citoyens et d’organisations en Grèce et à l’étranger. Vous pouvez lire le communiqué de presse qui a été publié à l’époque par notre clinique en cliquant sur le lien suivant : « Mort subite pour la clinique communautaire métropolitaine de Helliniko Nous disons NON et « nous n’irons pas tranquillement dans la nuit… » [1]

Des manifestations ont eu lieu devant les ambassades grecques en Belgique et en Allemagne. Des membres du Parlement européen, des universitaires, des scientifiques, des cliniques gratuites en Grèce, des personnalités telles que Mikis Theodorakis ont manifesté leur soutien et ont forcé « Helliniko S.A.» et le gouvernement grec à déclarer qu’une solution était possible afin que notre clinique gratuite puisse continuer à fonctionner à son emplacement actuel jusqu’à ce qu’ils nous trouvent un endroit approprié avec un accès facile à nos patients. Le communiqué de presse de la Metropolitan Community Clinic Helliniko intituLa solidarité est l’arme la plus puissante – Notre mission continue » [2] résume les actions du mouvement de solidarité victorieux qui a protégé notre clinique.

Le maire de Helliniko-Argyroupolis, M. Giannis Konstantatos, membre de Helliniko S.A. jusqu’à aujourd’hui, qui a été nommé à ce poste en 2015 par le Hellenic Republic Asset Development Fund S.A. [3], avait promis que « la municipalité de Helliniko-Argyroupolis a la capacité d’accueillir la clinique communautaire métropolitaine Helliniko ». [4]

Il y a aussi l’engagement explicite du maire Konstantatos et de l’investisseur « LAMDA Development S.A. » que non seulement la clinique ne sera pas déplacée mais qu’elle sera « modernisée ».  M. Odysseas Athanasiou, PDG de « LAMDA Development S.A. », lors de la présentation du projet à l’hôtel Grand Bretagne en juin 2014, a déclaré que « … la Clinique communautaire métropolitaine Helliniko restera et fonctionnera comme elle le fait actuellement dans des locaux encore meilleurs qui lui seront accordés dans la même zone.  Nous souhaitons apporter notre aide pour tout ce qui sera nécessaire.  Nous sommes de leur côté et je les invite à une réunion dès la semaine prochaine » [5].

Aujourd’hui, « Helliniko S.A.» et le gouvernement actuel, avec le soutien ( ?) de la municipalité d’Helliniko-Argyroupolis, tentent d’invalider ces déclarations et, en fait, de renvoyer des dizaines de bénévoles, de jeter des milliers de boîtes de médicaments, de lait maternisé et de lait, de détruire un cabinet dentaire pleinement opérationnel avec son équipement, un cabinet de cardiologie avec des appareils à ultrasons et toutes les fournitures et équipements dans ses locaux donnés par des personnes.  Dans la même lettre de « Helliniko S.A.» adressée également au ministère de la santé, il n’est pas fait mention de ce qui arrivera à nos patients qui visitent notre clinique chaque mois.

Ils veulent nous expulser sans donner de solution alternative, ils veulent démolir un bâtiment de 200 mètres carrés et la clinique qu’il abrite et qui soutient les exclus de la société grecque, victimes des programmes d’ajustement économique soutenus par les gouvernements grecs de 2010 à aujourd’hui.

Ils veulent éliminer une communauté de bénévoles, une communauté de solidarité, avec des milliers de partisans de notre travail en Grèce et à l’étranger qui fournit même des médicaments et des fournitures aux hôpitaux publics, aux institutions publiques, aux maisons de soins, aux colonies de réfugiés et d’immigrants et à tout autre citoyen qui cherche désespérément des médicaments qui manquent sur le marché grec.

 Nous demandons à ce gouvernement, à « Helliniko S.A. », au maire d’Helliniko-Argyroupolis et à « LAMDA Development S.A. » de nous dire où devra aller la Clinique communautaire métropolitaine Helliniko.

Elle n’a pas de soutien financier, n’a jamais demandé de soutien financier à personne et a soutenu 7 500 patients lors de plus de 72 000 visites depuis décembre 2011 jusqu’à présent.

Nous répondons à cette lettre que nous continuerons à offrir des médicaments, de l’espoir et de la dignité à notre emplacement actuel.  Pendant toutes ces années, le dispensaire d’Helliniko a été un soutien constant de toutes les personnes qui avaient besoin de notre aide, sans discrimination, et nous continuerons à le faire.

 Les paroles du poète Kostas Varnalis expriment l’engagement des bénévoles

« Je ne suis pas la graine du hasard

le fabricant de la vie

Je suis un enfant dans le besoin

et un enfant mature de la rage ».

Nous appelons tous les citoyens à exprimer leur indignation à l’égard de ceux qui tentent de nous expulser et de nous fermer, en l’écrivant aux adresses suivantes :

LE BUREAU DU PREMIER MINISTRE : M. Kostantinos Mitsotakis

Téléphone : 00302106711-000 Courriel : primeminister@primeminister.gr

MINISTÈRE DU DÉVELOPPEMENT  : M. Adonis Georgiadis Téléphone : 0030210-3332-637 ou 0030210-3332-548  Courriel : minister.sec@mnec.gr  Courriel : d.secretary@mnec.gr

MINISTÈRE DE LA SANTÉ – M. Vassilis Kikilias Téléphone : 0030213-2161-233 ou 0030213-2161-242 Courriel : minister@moh.gov.gr  Courriel : secretary.gen.dy@moh.gov.gr

 « HELLENIC SA » – Mme Sultana Spyropoulou et Mme Marilena Lakiotis Téléphone : 0030210-9820-214 Εmail : info@hellinikon.com Courriel : lakioti@hellinikon.com

MUNICIPALITÉ D’HELLINIKO-ARGYROUPOLIS – M. Yiannis Constantatos Téléphone : 0030213-2018-734 / 0030213-2018-700 Courriel : secretary@elliniko-argyroupoli.gr   Courriel : protokollo@elliniko-argyroupoli.gr 

Le temps est venu pour toute la société qui a donné naissance et soutenu au fil des ans le Centre Médical Social Métropolitain d’Helleniko, de donner une réponse immédiate à ceux qui appauvrissent les citoyens et en même temps tentent de fermer les structures de solidarité comme la nôtre, sans prendre en considération ce qui arrivera à tous les citoyens que nous soutenons.

 Références :

[1] https://www.mkiellinikou.org/en/2018/06/01/sudden-death-for-metropolitan-community-clinic-at-helliniko/

[2] https://www.mkiellinikou.org/en/2018/06/21/solidarity-is-the-strongest-weapon/

[3] https://www.kathimerini.gr/838084/article/oikonomia/epixeirhseis/nea-dioikhsh-sthn-ellhniko-ae

[4] https://toaerodromio.gr/elliniko-argyroupoli/article/32327/o-dimos-ellinikoy-argyropolis-prosferei-stegi-sto-mitropolitiko-koinoniko-iatreio/

[5] https://drive.google.com/file/d/1DerXhGR0YYROGQsyS-dcnsfRWB7EzN3t/view?usp=sharing

Traduit par nos soins, avec l’aide de : www.DeepL.com/Translator (version gratuite)

 

Grève massive en Grèce contre la réforme des retraites

Nouvelle journée de grève massive en Grèce contre la casse de la Sécurité sociale

Alors qu’en Grèce le projet de loi réformant les retraites, doit être voté d’ici au vendredi 21 février au Parlement, des dizaines de milliers de travailleurs du secteur public ont participé à la grève massive du 18 février et aux manifestations contre le projet du gouvernement de casser la sécurité sociale.

« Ne touchez pas au système de sécurité sociale, Sécurité sociale pour tout le monde », proclamaient ainsi les banderoles des manifestants du syndicat de classe PAME, force motrice des mobilisations sociales en Grèce et proche du Parti Communiste (KKE).

La Grèce a donc tourné au ralenti pendant 24 heures le 18 février. La grève du secteur public a également été observée par les employés des mairies et préfectures ainsi que par ceux des transports en commun (métro, bus, tramway ou trolley), perturbant fortement la circulation à Athènes.

De plus, les liaisons maritimes ont également été affectées par la grève du syndicat des marins. Des journalistes ont également effectué un arrêt de travail de trois heures en début d’après-midi.

Les travailleurs de Grèce, qui ont démontré à plusieurs reprises leur soutien à la mobilisation en cours en France contre la réforme des retraites, ont reçu le soutien de plusieurs syndicats, dont l’USB en Italie et d’organisations de la CGT.

Le syndicat de classe PAME vent debout contre le projet du gouvernement grec

« Le combat que nous livrons est un combat d’espoir, il est lié aux besoins de notre classe et nous continuerons aussi longtemps qu’il le faudra », a souligné Nikos Mavrokefalos, membre de la direction du PAME, lors de son discours à Athènes face aux manifestants.

Pour le PAME, le gouvernement actuel, comme ceux qui l’ont précédé, obéi aux ordres des entreprises. Le syndicat de classe a également relevé que l’objectif de tous les gouvernements, de gauche comme de droite, était de « libérer » les capitalistes et leur État du « fardeau » de l’assurance sociale des employés, soit en réduisant les cotisations patronales, soit en encourageant le recours sur des fonds d’assurance privée.

Ces dernières décennies, la Grèce a réformé à plusieurs reprises son système de sécurité sociale. Deux réformes principales, menées entre autres par Alexis Tsipras et le parti Syriza, ont raboté les pensions, supprimé les nombreuses caisses de sécurité sociale et augmenté l’âge de départ à la retraite à 67 ans.

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Source  https://unitecgt.fr/en-avant/nouvelle-journee-de-greve-massive-en-grece-contre-la-casse-de-la-securite-sociale-photos/

La question des réfugiéEs, en Grèce et le retour de l’extrême droite gouvernementale

La question des réfugiéEs, en Grèce et le retour de l’extrême droite gouvernementale

La « question des réfugiéEs » constitue le seul terrain sur lequel le gouvernement de droite, en place depuis l’été 2019, fait entendre un discours politique public, pendant que parallèlement le pouvoir avance de manière effrénée dans son agenda néolibéral. Pour les réfugiéEs, surtout ceux ou celles enfermés dans les camps sur les îles, la situation devient pire chaque jour. 

Cette politique est le produit de manœuvres sociales et politiques bien antérieures aux dernières élections législatives de juillet 2019. Avec le retour au gouvernement d’une droite comportant depuis toujours des éléments d’extrême droite, on est passé d’une gestion politique des réfugiéEs comme question humanitaire à une ligne prétendant empêcher la « modification de la composition des communautés locales », en jouant avec des réflexes racistes et en affaiblissant davantage la gestion administrative des procédures d’asile alors qu’on voit arriver de nouveaux flots de réfugiéEs. L’an dernier, au moins 60 000 personnes sont arrivées dans les îles de la mer Egée, et 10 000 via la frontière terrestre avec la Turquie.

Pseudο-distinction juridique

Les « réactions » organisées de membres des communautés locales contre le transfert des réfugiéeEs hors des camps installés sur les îles ont été impulsées par des autorités municipales favorables à la droite gouvernementale, elles se sont étendues avec le vote de la nouvelle loi sur l’asile permettant de faciliter les renvois de réfugiéEs et de dissuader les nouvelles arrivées.

Juste après les élections, Dimitris Avramopoulos, ex-commissaire européen, a déclaré qu’après le traité UE-Turquie, les îles devaient être « vides », et que les autorités devaient procéder au renvoi en Turquie d’environ 35000 demandeurEs d’asile : il s’agit, a-t-il dit, de migrantEs économiques et non de réfugiéEs. C’est là une vieille pseudο-distinction juridique visant à produire des catégories d’êtres humains avec des droits limités ou même sans droits. Très rapidement, cette conception a franchi les frontières de la majorité parlementaire et s’est répandue, avec l’aide des médias, jusqu’au village le plus reculé. Cela s’inscrit dans une tentative de former un courant social majoritaire qui ne votera plus et n’intégrera plus une organisation comme Aube Dorée, mais qui voudra voir appliquer son programme : cela rappelle en plus « light » la période noire italienne de Maggioranza Silenziosa à Milan dans les années 1970.

Cette situation nous oblige à repenser sous un angle critique les interventions du mouvement antiraciste, pour aller dans cette période nouvelle vers une recomposition des réseaux de solidarité.

À Athènes, Thodoris Zeis

Source https://npa2009.org/actualite/international/la-question-des-refugiees-en-grece-et-le-retour-de-lextreme-droite

BCE et aéroport de Kastelli (Grèce)

La BCE se prend les pieds dans le tarmac !!! par Yannis Youlountas

Petite visite provocatrice à la Banque Centrale Européenne à Francfort, en bonne compagnie…

LA BCE SE PREND LES PIEDS DANS LE TARMAC !!! 😁😅🤣

Pourquoi sommes-nous allés là-bas, profitant de ma tournée de projections en Allemagne ? Tout simplement pour nous moquer de l’énorme maladresse de la BCE dans sa récente communication concernant le financement de l’aéroport de Kastelli en Crète. Une boulette qui complique les affaires des menteurs au pouvoir en Grèce.

Que s’est-il donc passé ? Alors que les gouvernements grecs successifs prétendaient depuis des années que le site de l’actuel aéroport d’Héraklion, idéalement placé en bord de mer, serait transformé en lieu de loisirs populaires, la BCE a permis de comprendre que c’était un énorme mensonge. En effet, la BCE a rappelé à l’État grec que son prêt de 180 millions d’euros, élément majeur du dossier de financement, était conditionné par l’hypothèque du vaste terrain en sa faveur. Autrement dit, la BCE s’apprête à faire, une fois de plus, du fric sur le dos de la Grèce.

Car la valeur réelle de ce site est bien supérieure à celle du prêt s’il s’agit d’y construire une riviera luxueuse comme c’est déjà le cas dans un projet analogue à Athènes (sur le site de l’ancien aéroport d’Ellenikon et des infrastructures olympiques à l’abandon).

Non seulement la Banque Centrale Européenne prête de l’argent pour un projet de nouvel aéroport en Crète totalement inutile et nuisible*, mais en plus c’est pour faire du business sur l’ancien site !

Côté autorités grecques, personne n’ose commenter la boulette de la BCE : pas question de reconnaître que la promesse d’un grand espace de loisirs populaire était complètement bidon. Un nouveau site qui devait, de surcroît, être conçu en lien étroit avec la population de la quatrième ville de Grèce.

Oui, mais voilà : le masque est tombé ! Il ne s’agissait que d’un mensonge de plus dans le but de faire avaler la couleuvre du nouvel aéroport.

Jour après jour, semaine après semaine, de plus en plus de gens commencent à comprendre la supercherie et l’énorme affaire de gros sous que dissimulait cette histoire. Malgré les affirmations du premier ministre Mitsotakis en visite à Kastelli le 8 février dernier, le nouvel aéroport est loin d’être fait. Diverses actions se poursuivent (action auprès de la Cour européenne des droits de l’homme, pression des archéologues, colère chez certains paysans et militants écologistes et anticapitalistes) ou se préparent.

Même si la situation est compliquée, rien n’est décidément terminé pour la deuxième vallée fertile de Crète. Et pour une fois, un grand merci à la BCE

Yannis Youlountas

* Projet et lutte à Kastelli en Crète présentés dans le film L’Amour et la Révolution, de la 43ème minute à la 50ème minute et de la 68ème à la 70ème minute :

Source http://blogyy.net/2020/02/18/la-bce-se-prend-les-pieds-dans-le-tarmac/

SOS MEDITERRANEE malgré l’Union européenne continue à porter secours

Tandis que l’Union européenne s’accorde pour éviter les embarcations en détresse, l’Ocean Viking porte secours à 274 personnes au large de la Libye.

L’Ocean Viking, navire de sauvetage affrété par SOS MEDITERRANEE en partenariat avec Médecins sans Frontières (MSF), attend qu’un lieu sûr lui soit assigné pour débarquer 274 hommes, femmes et enfants secourus au cours de trois opérations de sauvetage en Méditerranée centrale, les 18 et 19 février 2020. Parmi ces rescapés, 22 sont des femmes et 64 sont des mineurs, dont la plupart sont non accompagnés.

Nicholas Romaniuk, coordinateur des opérations de recherche et de sauvetage de SOS MEDITERRANEE, rend compte depuis l’Ocean Viking, de la situation actuelle en Méditerranée centrale :

« Ces trois opérations de recherche et de sauvetage ont été effectuées avec un manque total de coordination de la part des autorités maritimes. Soit le Centre conjoint de coordination des opérations de sauvetage libyen (JRCC) ne répondait pas à nos appels, soit la personne d’astreinte ne pouvait pas parler anglais. Les centres de coordination européens continuaient de nous indiquer de contacter les autorités libyennes et ne nous offraient aucun appui alors que je les ai informés à plusieurs reprises que Tripoli ne répondait pas. C’est inacceptable que ces personnes soient laissées seules, en détresse, en pleine mer, sur des embarcations extrêmement surpeuplées et impropres à la navigation, alors qu’elles sont condamnées à une mort certaine.

Je suis encore plus en colère et attristé aujourd’hui. Depuis quatre ans, j’ai vu la situation s’aggraver et non s’améliorer. Les dirigeants européens montrent de moins en moins d’empathie et un mépris total envers la vie humaine. Les personnes qui fuient la Libye en payent désormais le prix fort. Et cela continue, à l’ombre de l’annonce de la fin de l’opération Sophia, et de l’éventuelle création d’une nouvelle mission, mais avec une totale répugnance à sauver des vies.

Étant donné que les moyens navals de l’Union Européenne (UE) opéreraient loin des zones de détresse habituelles, il ne resterait que les garde-côtes libyens financés et formés par l’UE. Des garde-côtes qui, hier seulement, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), ont intercepté et renvoyé plus de 200 hommes, femmes et enfants dans un pays en conflit permanent, avec des violations incessantes des droits de l’Homme, et vers un port qui, quelques heures plus tôt seulement, était bombardé par des tirs d’artillerie.

Les centres de coordination de sauvetage et les moyens aériens européens alertent à peine les navires de la région sur les embarcations et les personnes en danger et dans des situations potentiellement mortelles – des situations où le temps est essentiel. Il est vital de localiser ces embarcations fragiles et surpeuplées aussi vite que possible. Les embarcations pneumatiques peuvent se déchirer et celles en bois peuvent chavirer à tout moment, entraînant femmes, hommes et enfants par le fond, loin des regards et des consciences. Porter secours à des personnes en détresse en mer est un devoir et une obligation en vertu du droit maritime. Je reste préoccupé par le fait que cette rhétorique anti-sauvetage façonne désormais les politiques de l’UE. Les missions de sauvetage des ONG sont plus que jamais nécessaires. La critique injustifiée de notre travail de sauvetage est récemment devenue plus explicite de la part de certains pays et dirigeants européens. Bien que les ONG ne soient pas censées réparer un système brisé, elles continueront de combler un vide laissé par les décideurs politiques de l’UE.»

Note aux rédactions 

Dans la matinée du 18 février, l’Ocean Viking a été alerté par l’ONG Alarm Phone au sujet d’une embarcation en bois en détresse. Un avion espagnol d’EUNAVFOR MED a également établi un contact radio avec le navire, confirmant la position et l’état de l’embarcation en détresse. 84 personnes ont été mises en sécurité à bord de l’Ocean Viking, à 71 milles nautiques des côtes libyennes.

Plus tard dans l’après-midi, un second sauvetage a été réalisé alors que l’Ocean Viking avait été alerté par Alarm Phone au sujet d’une embarcation pneumatique en détresse. 98 personnes ont été secourues, à 37 milles nautiques des côtes libyennes, alors que les conditions météorologiques se dégradaient et que l’embarcation fragile menaçait de rompre.

Mercredi 19 février, 92 personnes ont été secourues d’une embarcation pneumatique en détresse par les équipes de SOS MEDITERRANEE au large de la plateforme pétrolière de Sabratha, au cours d’une opération difficile, avec des vagues de 2,5 mètres. Beaucoup des rescapés, parmi lesquels de nombreuses femmes et plusieurs enfants, étaient extrêmement faibles et en état de choc.

L’Ocean Viking a tenu informé le Centre conjoint de coordination des opérations de sauvetage libyen (JRCC) à toutes les étapes de chacune des opérations de sauvetage. Seulement deux appels ont trouvé réponse, mais sans interlocuteur anglophone disponible.

Mercredi après-midi, conformément au droit maritime, l’Ocean Viking a demandé un lieu sûr pour le débarquement rapide des 274 rescapés au JRCC libyen, en mettant en copie les centres de coordination de sauvetage maltais et italien. En l’absence de réponse à tous nos courriels adressés aux autorités maritimes libyennes, y compris à notre demande de lieu sûr, l’Ocean Viking a demandé mercredi soir aux RCC maltais et italien de l’aider à faciliter un débarquement rapide. Le navire attend depuis les instructions des autorités maritimes.

SOS MEDITERRANEE
Ensemble agissons pour sauver des vies en mer

Depuis 2014, près de 20 000 hommes, femmes et enfants sont morts noyés en Méditerranée en tentant la traversée sur des embarcations de fortune. SOS MEDITERRANEE est une association civile européenne de sauvetage en mer constituée de citoyens mobilisés pour porter secours aux hommes, femmes et enfants perdus en mer pour fuir une situation insupportable. Depuis le début de ses opérations en février 2016, SOS MEDITERRANEE a secouru plus de 31 000 personnes avec l’Aquarius puis l’Ocean Viking. Le quart d’entre elles étaient mineures. L’association est basée en France, en Allemagne, en Italie et en Suisse. Elle a reçu le Prix Unesco Houphouët-Boigny 2017 pour la Recherche de la Paix.

Source http://www.sosmediterranee.fr/journal-de-bord/declaration-3sauvetages-20-02-2020

Green Deal Européen : coup de canif à cette ambition

Au parlement européen, députés de droite et macronistes confirment leur ligne anti-climatique

par Maxime Combes

 

 

Emmené par des députés Renaissance soutenus par LREM, le Parlement européen a voté en faveur de projets gaziers et de l’accord commercial avec le Vietnam. « A chaque fois qu’il faudrait remettre en cause le Business as usual, ces députés font primer les intérêts économiques sur l’urgence écologique et sociale », dénonce l’économiste Maxime Combes dans cette tribune.

Le Green Deal, ce fameux « pacte vert », devait servir de boussole à la nouvelle Commission européenne. Celle-ci promettait que l’urgence climatique, instaurée comme la super priorité du mandat, allait irriguer l’ensemble des politiques européennes – énergie, industrie, transports, agriculture… – pour atteindre la « neutralité carbone » d’ici 2050. En deux votes au Parlement européen ce mercredi, les députés viennent de mettre un sérieux coup de canif à cette ambition.

Par 443 voix (droite conservatrice, libéraux et centristes principalement) et 169 voix contre, ils ont d’abord entériné une liste de « projets d’intérêt commun en matière énergétique » (liste PCI) pour les années à venir. Plus d’un tiers de ces projets concernent la construction d’infrastructures gazières. Ces 55 nouveaux projets avoisinent un montant global de 29 milliards d’euros. Ils représentent l’équivalent de 338 gigawatts (GW) de capacités supplémentaires, qui viendraient s’ajouter aux 2000 GW déjà existants, alors que l’UE est en surcapacité : les scénarios climatiques de long terme de la Commission européenne indiquent que la consommation de gaz devrait diminuer de 29% d’ici à 2030, et de 60 à 90% d’ici à 2050.

Si ces projets devaient effectivement être construits, la dépendance au gaz de l’économie européenne serait aggravée pour de nombreuses décennies, retardant ainsi la transition énergétique en Europe. Parmi ces projets inutiles se trouvent le gazoduc trans-adriatique (TAP) traversant l’Italie, l’Albanie et la Grèce, le terminal de gaz naturel liquéfié (GNL) Shannon en Irlande, pour importer du gaz des États-Unis, le terminal flottant de GNL croate sur l’île touristique de Krk ou encore le gazoduc Eastmed reliant Israël à Chypre et à la Grèce.

Le droit du commerce contre les exigences climatiques et écologiques

Plutôt que s’opposer à cette liste de projets gaziers, le président de la commission environnement du Parlement européen, Pascal Canfin, a voté en faveur de ces projets. Au motif que la Commission européenne s’est engagée oralement à évaluer ces projets dans les mois à venir. Pascal Canfin essaie de faire croire que voter pour des projets gaziers aujourd’hui serait le meilleur moyen de les arrêter demain. Ce vote offrait pourtant la possibilité d’envoyer un message clair à l’industrie gazière, qui ne cesse de faire du lobbying à ce sujet, en faisant la démonstration que leurs projets inutiles ne seraient plus acceptés et financés sur fonds publics. Alors que des millions de jeunes mobilisés pour le climat exigent des mesures immédiates, la grande majorité des députés de la liste Renaissance, soutenue par LREM et le Modem, et les députés de droite, ont préféré reporter à plus tard ce qui aurait pu être décidé ce mercredi.

Ce même jour, une alliance similaire regroupant la droite conservatrice, les libéraux et la majeure partie du groupe socialiste et démocrate, a voté en faveur des accords de commerce et d’investissement entre l’UE et le Vietnam. Le 15 janvier dernier, le Parlement européen avait pourtant voté une résolution sur le Green deal exigeant que « tous les accords internationaux en matière de commerce et d’investissement comportent des chapitres solides, contraignants et applicables en matière de climat et d’environnement ».

Les accords UE-Vietnam votés à peine un mois plus tard ne satisfont pas cette exigence : les chapitres sur le développement durable ne sont ni contraignants ni exécutoires, et ces accords font toujours primer le droit du commerce et de l’investissement sur les exigences climatiques et écologiques. Dans une déclaration publiée en amont du vote, 68 ONG, associations et syndicats appelaient à ne plus « ratifier des accords de commerce qui concourent à approfondir la mondialisation des échanges et l’aggravation des émissions de gaz à effet de serre et la crise écologique », qui plus est lorsque c’est « avec des pays qui ne respectent pas les droits humains et sociaux et les libertés fondamentales ».

En votant massivement pour cet accord, la droite conservatrice alliée aux libéraux et centristes, dont les députés Renaissance élus avec l’appui d’Emmanuel Macron, font la démonstration que leurs engagements de campagne visant à « faire évoluer la politique commerciale européenne » n’étaient que des paroles sans lendemain. Conséquence, le « Green Deal » qui devait révolutionner l’Union européenne est déjà remisé : à chaque fois qu’il s’agit de prendre des décisions qui pourraient remettre en cause le Business as usual, ces députés choisissent toujours de faire primer les intérêts économiques au détriment de l’urgence écologique et sociale.

À se demander si la Commission n’a pas seulement repris le terme « Green Deal » pour le vider de sa substance, et en faire un fanion agité partout pour tenter de masquer qu’il s’agit, en réalité, de ne surtout rien changer aux règles qui organisent cette fabuleuse machine à réchauffer la planète qu’est notre système économique.

Maxime Combes, économiste, porte-parole d’Attac France et auteur de Sortons de l’âge des fossiles, Manifeste pour la transition (Seuil, 2015).

- Photo : Chantier du gazoduc entre Cuvilly (Oise) et Voisines (Haute Marne), 2014 / CC B@rberousse

Source https://www.bastamag.net/Au-parlement-europeen-deputes-de-droite-et-macronistes-confirment-leur-ligne

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