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La double peine ne s’assume pas, elle se supprime.

Depuis plusieurs jours, le ministre de l’Intérieur assène des accusations hâtives, des affirmations approximatives et des contre-vérités, probablement dans le seul but de flatter une certaine partie de l’opinion. Pourtant, c’est bel et bien la double peine qui doit être abolie, et non ses faibles remparts.

Après plusieurs jours de polémique, le ministre de l’Intérieur a finalement fini par indiquer « assumer une forme de double peine ».

La double peine est cette peine d’un autre âge qui consiste à asséner à une personne de nationalité étrangère une mesure d’expulsion, en plus de sa peine de prison. Chaque année, elle brise durablement des milliers de vie, le plus souvent pour des décennies.

La double peine est discriminatoire, car elle est fondée sur la seule nationalité. Elle est injustifiable, car elle empêche toute forme de réinsertion. Elle est criminogène, car elle favorise la récidive, en écartant les personnes de la grande majorité de leurs droits. Elle est inhumaine, car elle fait fi des désastres humains qu’elle produit sur les personnes comme sur leurs proches. Ces différents constats sont documentés et partagés depuis des décennies, au gré des nombreux rapports, mobilisations, témoignages et grèves de la faim menés depuis plus de trente ans.

Les propos tenus par le ministre de l’intérieur contribuent à entretenir un flou inacceptable entre immigration et délinquance. Des personnes sont qualifiées de délinquantes, alors qu’elles ont purgé leur peine, ou pire, qu’elles sont seulement mises en accusation. Toutes les personnes étrangères sont visées sans distinction, sans prendre la peine de considérer autre chose que le parcours pénal (ou la seule accusation) dont elles sont l’objet, au mépris de toute autres considérations tenant à la vie privée et familiale par exemple.

Ces propos laissent aussi entendre que la sauvegarde de l’ordre public serait l’éternelle oubliée des politiques migratoires, alors que la France créé sur ce seul fondement des dizaines de milliers de fantômes administratifs : retrait de titre, perte du statut de réfugié∙e, non-renouvellement sont légion depuis 2020 et la pandémie.

Les catégories de personnes protégées contre la double peine sont certes  insuffisantes mais leur abolition entraînerait des désastres humains sans précédents. C’est bel et bien la double peine qui doit être abolie, non les faibles barrières qui l’empêchent parfois.

Auteur : Service communication

Source https://www.lacimade.org/la-double-peine-ne-sassume-pas-elle-se-supprime/?utm_source=NL072022&utm_medium=NL&utm_campaign=NL2022&utm_content=contenu

Pourquoi Exarcheia ne veut pas de station de métro ?

Réponse à une question, suite aux nouveaux affrontements qui commencent ce matin au centre d’Athènes :
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POURQUOI EXARCHEIA NE VEUT PAS DE STATION DE MÉTRO ?
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Parce que cette station de métro n’est qu’un prétexte. Les vrais objectifs du pouvoir sont :
– essayer de contrôler le quartier ;
– intensifier la gentrification ;
– augmenter les loyers ;
– éloigner les pauvres et les militants ;
– couper la plupart des arbres de la place (70 abattages sont prévus dans le projet autour de cette hypothétique station).
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Bref, il s’agit d’un coup de force brutal contre l’avis de la plupart des habitants et des collectifs, ainsi qu’une énième tentative d’en finir avec le symbole (exagéré) de la forteresse Exarcheia dans Athènes que répètent en boucle les médias de masse en Grèce depuis des années, en multipliant les propos alarmants et calomnieux contre les anarchistes.
Mais, même si les temps sont durs, rien n’est terminé.
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Yannis Youlountas

Appel urgent Grèce

! ! ! APPEL URGENT ! ! !

La situation devient très compliquée en Grèce, au cœur des initiatives solidaires autogérées, comme vous l’a montré le compte-rendu du convoi qui s’est déroulé en quatre phases au début de l’année. Par rapport aux périodes passées, nous avons fortement manqué de moyens de janvier à avril. Nous n’avons pas réussi à atteindre 50% de ce que nous faisons d’habitude. Pire : depuis deux mois, nous n’avons absolument plus aucun moyen d’agir ni aucun fond d’urgence, alors que nous sommes très sollicités et que les besoins se multiplient. Nous sommes donc dans la nécessité de faire un appel, exactement six mois, jour pour jour, après celui du premier janvier 2022.
Si vous connaissez des individus ou des collectifs qui peuvent épauler les initiatives solidaires autogérées en Grèce, merci de le faire savoir. Cette aide peut également être ciblée sur une lutte en particulier, parmi toutes celles que nous avons évoquées durant ces 11 épisodes et toutes ces années, ou même sur un seul lieu (ou groupe) qui vous tient à cœur. Pas de problème. Nous pouvons aussi payer directement un fournisseur sur place par votre intermédiaire, si vous le souhaitez et si le montant le permet (livraisons alimentaires, urgences sanitaires, puériculture, premiers secours, travaux dans les lieux, etc.). Si vous avez d’autres suggestions, n’hésitez pas à nous contacter.
Toutes ces actions ne sont peut-être pas grand-chose face à l’ampleur du désastre, mais elles encouragent à poursuivre nos luttes qui convergent toutes vers un même but : prendre nos vies en mains et montrer ce dont nous sommes capables ensemble, par-delà nos différences.
Nous vivons à une époque si complexe et confuse que les mots ne suffisent plus. Des mots que nous vole souvent le pouvoir. Des paroles qui s’envolent. Des discussions qui s’éternisent. Des débats insignifiants pour des virgules qui éloignent de l’action et de sa capacité à créer du lien, à se rassembler contre ce qui nous frappe à tour de rôles, à s’unir dans des projets. Pourtant, c’est dans l’action qu’on se rencontre vraiment, qu’on apprend à se connaître, à se comprendre, à s’aimer. La lutte est une histoire d’amour. L’amour de l’utopie en chemin. L’amour de tout ce que nous voulons sauver et libérer. L’amour de la vie.
Encore merci à toutes celles et ceux qui ont participé, en janvier dernier, à la préparation du convoi, d’une façon ou d’une autre. Et d’avance, un grand  merci de votre soutien pour tenir bon jusqu’à la prochaine fois.
L’appel précédent, lancé 1er janvier 2022, nous a tout de même permis de réaliser ce convoi en quatre phases, principalement de février à avril (compte-rendu sur ce même blog durant les semaines passés). Mais, pour la première fois, nous n’avons pas été en mesure de soutenir tous les lieux et collectifs que nous épaulons habituellement depuis des années. Nous n’avons même plus de fond d’urgence depuis deux mois (quelques dizaines d’euros au lieu de plusieurs milliers). Autrement dit, plus rien. Nous sommes donc dans la nécessité absolue de lancer ce nouvel appel, six mois après le précédent. Un appel particulièrement urgent, comme vous l’aurez compris.
Si vous le pouvez, merci de participer. Toutefois, si la situation est extrêmement difficile pour vous aussi, surtout ne vous mettez pas en danger. Partager l’info, c’est déjà nous soutenir.

1- Pour effectuer un virement à ANEPOS
IBAN : FR46 2004 1010 1610 8545 7L03 730
BIC : PSSTFRPPTOU
Objet : « Action Solidarité Grèce »
3- Pour envoyer un chèque à l’ordre de ANEPOS
Adresse postale : ANEPOS – Action Solidarité Grèce – 6 allée Hernando – 13500 Martigues
Contact, suggestions, propositions : solidarite@anepos.net
Tél. France 06 24 06 67 98 / Tél. Grèce (0030) 694 593 90 80
ANNEXE 1 – LIEUX ET COLLECTIFS RÉCEMMENT AIDÉS

Liste des lieux et collectifs aidés matériellement et/ou financièrement ces derniers temps, malgré un contexte particulièrement difficile :
– soutien à l’initiative contre les forages pétroliers en Crète (que tente encore de déployer Exxon-Mobil, alors que la firme française Total vient de renoncer).
– Collectif Livas dans le département de Réthymnon en Crète (soutien aux actions solidaires, notamment à la cuisine populaire fondé par ce club de sport sans hiérarchie).
– Centre social autogéré Alimoura à Ioannina (nous avons financé la réparation du local qui avait été saccagé par une attaque fasciste) ;
– Usine autogérée Bio.Me à Thessalonique (soutien et achat de savons et produits fabriqués par les ouvriers, alors que l’électricité venait de leur être coupée) ;
– Mikropolis à Thessalonique, renommé Respiro (soutien au plus grand espace social libre de Grèce qui vient de déménager) ;
– Initiative antifasciste d’aide aux réfugiés près d’Évros (au moment où ces derniers étaient pris au piège entre les deux états grecs et turcs, et où des identitaires européens étaient venus pour tenter de pratiquer la chasse à l’homme, ainsi qu’à Lesbos) ;
– Réseau Solidaire de Crète (et soutien à la création de nouveaux lieux dans l’île)
– Initiative de Kastelli en Crète contre le nouvel aéroport (nous participons au financement de la procédure de Justice contre l’aéroport qui est en train de basculer à l’échelle européenne, alors que 150.000 des 200.000 oliviers ont déjà été coupés et que l’opinion est de plus en plus opposée au projet, nous avons également participé à plusieurs réunions et actions sur place, et soutenu les paysans en lutte contre ce projet)
– Centre Social autogéré Favela au Pirée (soutien financier et achat de tee-shirts pour épauler ce lieu situé dans une zone où les fascistes rôdent souvent et où l’un d’entre nous, a été agressé violemment en juin 2019 par un groupe de néo-nazis qui lui avait tendu un guet-apens avant que les passagers d’une rame de tramway ne parviennent à le sauver) ;
– K*Vox à Athènes (base d’un des groupes les plus actifs en Grèce) ;
– Aide aux frais de Justice de plusieurs compagnons de luttes, notamment pour leur éviter d’aller en prison suite à des actions pourtant exemplaires ;
– squat Notara 26 à Athènes (le plus ancien lieu d’accueil des réfugiés dans le quartier d’Exarcheia) ;
– Maison des migrants à Chania en Crète (soutien financier et livraison de produits alimentaires) ;
– Plusieurs cuisines sociales (soutien financier et livraison de produits alimentaires) ;
– Réseau solidaire SODAA en Attique ;
– Structure autogérée de santé d’Exarcheia (soutien financier et livraison de matériel médical) ;
– Caravane de soutien aux victimes précaires d’un séisme en Crète ;
– Nombreuses actions aux côtés d’ouvriers et de syndicalistes en lutte, comme les dockers du Pirée actuellement en grève contre la firme chinoise Cosco (participation à la caisse de grève, etc.).
– Réseau École Buissonnière-Pédagogie Freinet à Athènes et en Crète (soutien financier et livraison de fournitures en aide aux enfants précaires) ;
– Actions solidaires à Lesbos (nombreuses initiatives, surtout, après l’incendie du sinistre camp de Moria et l’errance de nombreuses familles en difficultés).
– Réparations et bricolage dans de nombreux lieux : peinture, menuiserie, plomberie, électricité, sécurité anti-incendie, jardinage, participation aux récoltes…
Source http://blogyy.net/2022/07/03/appel-urgent/

Grèce : Fort pourcentage de risque de pauvreté, d’exclusion sociale

Le pourcentage de la population grecque menacée de pauvreté ou d’exclusion sociale était de 28,3 % (2 971 200 personnes) en 2021, soit une augmentation de 0,9 % par rapport à 2020, selon les données de l’Autorité statistique hellénique (ELSTAT).
Les conclusions se fondent sur les données de l’enquête 2021 sur le revenu et les conditions de vie des ménages et sur la définition révisée de l’exclusion sociale et du risque de pauvreté dans le cadre du programme Europe 2030 contre la pauvreté. L’objectif est de réduire de 15 millions le nombre de personnes menacées de pauvreté ou d’exclusion sociale, dont 5 millions d’enfants, d’ici 2030.
Sur la base de la définition de l’indicateur ci-dessus jusqu’en 2020, la population à risque de pauvreté ou d’exclusion sociale est de 29,5% (3 092 300 personnes), soit une augmentation de 0,6 point de pourcentage par rapport à 2020.
Les données ELSTAT ont montré que 6,9% des ménages ont déclaré que leur revenu avait augmenté au cours des 12 derniers mois, contre 26,3% qui ont déclaré qu’il avait baissé. Un autre 66,7 % des ménages ont déclaré qu’il était resté le même.

Réactions au refus de libération conditionnelle de Yannis Michailidis

Colère face au rejet de la demande légitime de Yannis Michaelidis – Rassemblements de protestation et de solidarité dans la grève de la faim aujourd’hui
Réactions massives contre la décision du Conseil d’appel de Lamia, qui a une fois de plus rejeté la juste demande de Yiannis Michailidis d’être libéré de prison sous conditions, à un moment où la santé du prisonnier anarchiste s’est rapidement détériorée, entraînant sa vie en grand danger.

Manifestation de solidarité pour le gréviste de la faim Giannis Michailidis, Athènes, 14 juin 2022

Le nouvel avis médical de son médecin personnel, Pantelias Vergopoulos, montre que son état de santé s’est rapidement détérioré avec le risque de tomber dans un coma hypoglycémique, tandis que le risque d’insuffisance rénale est également élevé et aggravé par les troubles métaboliques et l’acidocétose sévère.

Le parti du Parlement et les organisations de la gauche extraparlementaire condamnent le refus du conseil judiciaire, tandis que dans l’après-midi (19 heures) au Syntagma un rassemblement de protestation et de solidarité avec la grève de la faim est prévu.

Le porte-parole de SYRIZA – Alliance progressiste, Nasos Iliopoulos, a parlé aujourd’hui d’une décision purement vindicative. « L’État et le pouvoir judiciaire ne peuvent pas fonctionner avec des termes vindicatifs. G. Michaelidis défend son droit avec sa propre vie en ce moment. Nous ne pouvons pas prétendre que rien ne se passe. Cela nous fait peur que nous puissions avoir des évolutions négatives tant que la vie d’une personne est en danger », a-t-il déclaré à « To Kokkino 105.5 ».

MeRA25 a commenté que « leur » justice « s’avère chaque jour de plus en plus basée sur la classe : elle libère des violeurs mineurs tout en exterminant de manière vindicative de jeunes enfants, simplement parce qu’ils appartiennent à l’espace anarchiste ou anti-autoritaire. Leur « justice » s’avère chaque jour de plus en plus toxique et de classe : elle applique essentiellement les décisions gouvernementales, ignorant même les lois mêmes que ces gouvernements ont votées », « « L’état de droit, les droits des prisonniers, les droits des l’homme est suspendu par Mitsotakis S.A.. Avec une justice dans les mesures et normes du pouvoir et avec des lois de classe et terroristes (terroristes, etc.) il y aura toujours deux normes et deux normes : Lignadis, Korkoneas, les assassins de Jacques, de Shampanis , de Manggos d’une part, G. Michaelidis, P. Kalaitzis, Stathopoulos,

EEK : Ils veulent une grève de la faim sans merci !

Le juge doit être intransigeant. Il est juge même s’il juge selon des lois de classe injustes. Le rôle de bourreau est généralement laissé à d’autres, inférieurs. Mais les juges de Lamia et le gouvernement Mitsotakis derrière eux fusionnent les rôles. Et puisque la peine de mort ne s’applique pas en Grèce – et dans toute l’Europe – ils ont décidé d’imposer l’épée de la loi. Enfreignant eux-mêmes leurs propres lois. Car ce que demande Yannis Michaelidis, la libération conditionnelle, est une règle de leur propre système judiciaire. Après avoir accompli les 3/5 de l’emprisonnement imposé, il a droit à tout ce qui s’applique au reste des prisonniers, même aux meurtriers, violeurs et violeurs d’enfants amis de Mitsotakis et de la clique au pouvoir.

Avec la décision de rejet du 28/7, les juges et le gouvernement décident de montrer leurs poings contre un prisonnier à moitié mort en grève de la faim, pour contrer leur public d’extrême droite qui, comme la majorité du peuple, en veut précisément à la Factures PPC, chômage et pourriture politique et morale.

Mais ils auront sur les mains le sang d’un homme, Yiannis Michaelidis, 34 ans – qui il y a dix ans, au milieu de la crise et de la faillite du pays, à la suite de l’assassinat d’Alexandros Grigoropoulos et du soulèvement de décembre 2008 , a contesté le symbole du vol qualifié et a tenté, avec trois autres jeunes, de cambrioler une banque à Velvedo. Pour cet acte et pour toute autre infraction dont il était accusé, il a été jugé, reconnu coupable et a purgé sa peine conformément à la loi. Son idéologie anarchiste ne le rend pas coupable, au moins depuis 48 ans depuis la chute de la dictature militaire.

L’EEK dénonce la décision du tribunal dictée par des opinions d’extrême droite, comme injuste, injuste et meurtrière. Le Ministère de la Justice (malheureusement une branche de l’Ordre Public), le Gouvernement dans son ensemble et le Président de la République, doivent maintenant prendre une décision et apporter une solution politique. La vie de Yiannis Michaelidis compte. Et chaque minute, chaque heure et chaque jour sont essentiels à sa vie. Participez au rassemblement de protestation et de solidarité pour Yiannis Michaelidis, ce soir, jeudi 28/07/2022, 19h00. dans la Constitution.

Anametria, ANTARSYA, EKKE, NAR for Communist Liberation, Youth Communist Liberation, OKDE Spartakos et EEK avaient publié, avant l’annonce d’aujourd’hui de la décision controversée du tribunal, un appel d’annonce conjoint pour aujourd’hui, qui se présente comme suit :

Libération immédiate de Yannis Michaelidis

Appelant les organisations politiques à un rassemblement contre les violences et la répression policières du gouvernement, ainsi que dénonçant l’attitude manifestement favorable de la justice à l’égard des assassins et des violeurs, contrairement à son attitude vengeresse envers le gréviste de la faim emprisonné Yannis Michailidis qui demande l’application de la fournies par le cadre législatif et institutionnel municipal. Nous vous invitons à un rassemblement au Syntagma le mardi 26 juillet à 19h00.

Yiannis Michailidis a entamé une grève de la faim le 23/5/2022, revendiquant même les droits limités accordés par la démocratie bourgeoise aux prisonniers, afin que sa nouvelle demande de libération conditionnelle soit acceptée.

Ses demandes de libération conditionnelle ont été rejetées, au motif qu’il a commis des crimes graves et qu’il existe une possibilité qu’ils se répètent. Apparemment, pour la justice civile, certaines balles sont plus dangereuses que des policiers en uniforme battant à mort une personne déjà blessée gisant sur le trottoir. Il s’agit d’un cas manifeste de détention préventive, alors que pendant 7 mois Michaelidis a droit à son renvoi conditionnel.

Son état de santé est actuellement à un point critique et peut-être irréversible. Nous soutenons le combat loyal de G. Michaelidis pour son licenciement conditionnel. Elle fait partie de la lutte pour la défense globale et pratique des libertés démocratiques.

Le gouvernement, ayant amené contre lui la grande majorité du peuple et des travailleurs, avec la politique extrême qu’il mène à tous les niveaux, pour la guerre, pour l’énergie et la précision, pour l’abandon du pays aux phénomènes climatiques, pour la tentative manifeste de manipulation de la justice , sur l’éducation etc., il se rend compte que très bientôt il devra faire face à l’indignation et à la colère populaires croissantes. C’est pourquoi il mobilise les forces de sécurité pour intensifier la répression, ouvrant une nouvelle fois les poches d’Aeolos. Il semble qu’elle n’ait pas sérieusement considéré ce qui s’est passé dans le passé à New Smyrna.

Le mouvement ouvrier et populaire n’est pas intimidé. Il descend dans la rue, résiste et conquiert. Nous ne permettrons pas au gouvernement et aux appareils d’État d’entraîner le pays dans la descente antidémocratique qu’ils promeuvent.

Police hors des rassemblements et des marches.
La police est hors des universités.
Libération immédiate de Yannis Michaelides car il remplit toutes les conditions de la loi.
Meurtriers et violeurs en prison

Source  Colère face au rejet de la demande légitime de Yannis Michaelidis – Rassemblements de protestation et de solidarité dans la grève de la faim aujourd’hui

 

306 personnes secourues par l’Ocean Viking au cours de 8 opérations de sauvetage

Entre le 24 et le 4 juillet 2022, 306 personnes* ont été secourues par l’Ocean Viking, navire affrété par SOS MEDITERRANEE en partenariat avec la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR), au cours de huit opérations de sauvetages effectuées en Méditerranée centrale. Parmi ces personnes rescapées : 53 femmes, dont 4 sont enceintes (à 9, 8, 7 et 6 mois de grossesse), 87 mineur.e.s non accompagné.e.s, 7 enfants de moins de 4 ans ainsi qu’un petit garçon de 9 mois. Pozzallo, en Sicile, a finalement été assigné pour débarquer en sécurité les 306 personnes rescapées à bord.

Retour sur cette vingt-et-unième mission de recherche et de sauvetage de l’Ocean Viking

*chiffre mis à jour le 05/07/2022

6 et 7 juillet 2022 : débarquement des 306 personnes rescapées à Pozzallo, Sicile

Après le débarquement des cas médicaux et mineur.e.s non accompagné.e.s le 6 juillet, les procédures de débarquement se sont terminées le 7 juillet. Les 306 personnes secourues sont désormais en lieu sûr, après avoir traversé un éprouvant périple en mer.

5 juillet 2022 – Pozzallo assigné comme port de débarquement

4 juillet 2022 – Huitième sauvetage

Dans la soirée, l’Ocean Viking a opéré un huitième sauvetage : 15 personnes étaient à la dérive depuis plus de 2 jours sur une petite embarcation pneumatique en détresse en Mediterranee centrale.

3 juillet 2022 – Septième sauvetage

Dans la soirée, l’Ocean Viking a secouru 63 personnes d’une embarcation en bois surchargée en détresse en zone de recherche et de sauvetage maltaise. Il s’agira du septième sauvetage opéré en moins de 10 jours par les équipes à bord.

2 juillet 2022 – Témoignage de Francine*

Francine*, 32 ans, a été secourue après 4 jours passés en mer avec 13 autres personnes. Elle a confié à nos équipes qu’elle était profondément traumatisée par cet effroyable voyage.

*Le prénom a été modifié afin de préserver l’identité de la personne rescapée.

1er juillet 2022 – Cinquième et sixième sauvetages

Dans la nuit du 30 juin, dans l’obscurité totale, l’Ocean Viking porte secours à 8 personnes à bord d’une embarcation en fibre de verre, en zone de recherche et de sauvetage maltaise. Environ 1 heure plus tard, grâce à une alerte reçue par #Seabird, un sixième sauvetage sera réalisé. 14 personnes, dont 6 femmes, sur une embarcation en bois seront ramenées à bord.

30 juin 2022 – Quatrième sauvetage

L’Ocean Viking porte secours à 49 personnes d’une embarcation en détresse en bois, en eaux internationales au large de la Libye. 206 rescapé.e.s sont désormais sains et saufs à bord du navire-ambulance affrété par SOS MEDITERRANEE, en partenariat avec la FICR.

27 juin 2022 – Troisième sauvetage

Dans la matinée, l’Ocean Viking porte secours à 66 personnes d’une embarcation pneumatique en détresse, en zone de recherche et sauvetage maltaise.

26 juin 2022 – Deuxième sauvetage

Dans l’après-midi, l’Ocean Viking porte secours à 75 personnes à bord d’une embarcation pneumatique surchargée et en détresse dans la région de recherche et de sauvetage libyenne. Parmi elles, 34 mineur.e.s non accompagné.e.s, 4 femmes enceintes, 8 enfants et un bébé de 9 mois. Aucune des personnes secourues n’avait de gilet de sauvetage.

24 juin 2022 – Premier sauvetage

Dans l’après-midi, l’Ocean Viking repère une embarcation en fibre de verre en détresse dans les eaux internationales au large de la Libye et porte secours à 15 personnes dont 6 mineur.e.s non accompagné.e.s.

Photo de couverture : Anthony Jean / SOS MEDITERRANEE

Source https://sosmediterranee.fr/sauvetages/recap-306-personnes-secourues-par-locean-viking-en-juin/

Pour Giannis Michailidis . Grève de la faim comme moyen de lutte

Combattez la justice de classe ! Pour Giannis Michailidis et tous les prisonniers qui remplissent les conditions de libération !

 Le mensonge européen de l’égalité, de la justice et de la liberté

L’identité européenne est basée sur un récit de culture supérieure. Supériorité par le respect des droits individuels inviolables et de l’humanité à travers la démocratie libérale-constitutionnelle. Supériorité par l’égalité et la justice telles que définies par le droit civil et pénal. Mais c’est un mensonge. Leurs lois n’existent que pour constituer le pouvoir de l’Etat, la hiérarchie des privilégiés et la faveur de leurs adeptes. La justice et les droits de l’homme n’existent pas lorsque l' »Autre » est considéré : le non-européen, le dissident, le marginalisé, l’anti-étatiste, l’anarchiste. Les lois les privent « légalement » de tout droit.

Avec l’emprisonnement et le meurtre de l’anarchiste Giannis Michailidis et d’autres individus qui s’opposent au dogme de la loi et de l’ordre de l’Etat et du capital, le gouvernement de droite de la Nouvelle Démocratie en Grèce agit dans le cadre européen des lois et de la soi-disant justice. Notre camarade est officiellement maintenu en prison par la justice civile pour la seule raison qu’il est considéré comme un « danger » et non parce qu’il est accusé d’un crime. Il a purgé sa peine mais est maintenu comme un otage en détention préventive sans accusation et sans aucun espoir d’être libéré.

Τhe state presents itself as a neutral regulator of opposing interests. La division arbitraire du pouvoir en législatif, exécutif et judiciaire rend l’apparence de la neutralité du système encore plus impénétrable aux yeux de l' »intellectuel » civil moderne. Il n’est pas nécessaire d’essayer l’application de cette théorie pour comprendre qu’elle ne fonctionne pratiquement pas puisque les conditions d’inégalité et de non-liberté qui prévalent autour de nous sont les règles plutôt que les exceptions.

L’impunité des flics et des violeurs, qui refait surface ces jours-ci dans les territoires de l’état grec, renforce la perception qu’en fait les trois principes ne sont pas seulement indépendants mais qu’ils fonctionnent comme des protecteurs les uns des autres et que leur rôle essentiel est de renforcer et de protéger l’ordre des choses existant. Dans tous les pays d’Europe, les policiers sont traités d’assassins en raison de leurs pratiques meurtrières évidentes. Le cas du policier grec Korkoneas, qui a tué Alexis en 2008 et a été libéré par le même tribunal qui a décidé de ne pas libérer G. Michailidis, n’est qu’un exemple frappant du fonctionnement du système de « justice » dans la culture européenne supérieure.

En fait, les lois sont tout simplement injustes. Elles émanent de personnes appartenant à une classe qui régit la vie de millions d’individus, cherchant d’une part à se maintenir au pouvoir et d’autre part à renforcer et reproduire les raisons qui les ont aidés à atteindre le sommet. Étant une source de pouvoir, il n’est pas possible que leurs lois aient un quelconque rapport avec les termes de justice et de liberté.

A propos de la pratique de la détention préventive et de la police préventive

Ces dernières années, l’Europe a vu se consolider un État policier classique, où les gens sont jugés sur la base de leur potentiel estimé de dangerosité pour l’État et son ordre. Le maintien en prison de Giannis Michailidis, bien qu’il ait purgé la peine de prison décidée par un tribunal, témoigne exactement de cette même logique. En le maintenant en détention préventive et par l’accord de deux tribunaux déjà sur la thèse qu’il est une personne dangereuse, il est officiellement et légalement privé du « droit à l’égalité devant la loi ». Bien que la soi-disant détention préventive soit déjà utilisée depuis longtemps sous le régime de l’État grec, c’est la première fois qu’un anarchiste est confronté à une incarcération illimitée pour son identité politique et sa conscience.

Le même type de loi existe en Allemagne sous le terme de Sicherheitsverwahrung. C’est une menace pour les révolutionnaires et les individus qui suivent leurs idées avec cohérence. Avec Thomas Meyer Falk comme exemple de personne retenue en otage pour des raisons politiques, l’Etat allemand menace tout le monde de ce genre de punition. Sans surprise, la loi allemande spécifique provient du NSDAP. Après avoir été remaniée au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, elle a connu une forte amélioration au cours des deux dernières décennies. Aujourd’hui, il n’y a plus de limite à la détention préventive sous le régime de l’État allemand.

Parallèlement à ces incursions de l’État dans des domaines encore non conquis de la société, on assiste à des tentatives de donner une base juridique plus large aux pratiques bien connues et établies des services de police et de sécurité. Avec le même concept de division des personnes en différents degrés de dangerosité qui est utilisé pour exposer nos corps dans les prisons, les forces de police européennes disposent d’outils ultimes pour opprimer nos luttes à l’extérieur. . Indépendamment des enquêtes criminelles, les individus, et pas seulement ceux issus des milieux politiques, sont de plus en plus confrontés à la police préventive. En vertu de lois de sécurité relativement récentes (ASOG/SOG en Allemagne), la police a commencé à classer les gens comme des personnes dangereuses ou des personnes de contact avec des personnes dangereuses. Cela « permet » à l’Etat, bien avant toute procédure légale, d’espionner les individus et les structures sociales et politiques et même de commettre des interventions physiques telles que des perquisitions et des mises en garde à vue préventives à peine illimitées. La même loi et son idée de prévention des dangers sont encore utilisées pour placer des zones ou des quartiers entiers sous l’état d’urgence, rendant le terme de société carcérale de plus en plus tangible.

La raison pour laquelle nous mentionnons tout cela est le fait que, sous le terme non spécifique de danger, l’Europe travaille continuellement à la suppression de tout signe de vie et de résistance à ce système capitaliste.

Giannis Michailidis a décidé de dresser une barrière contre cette avancée constante en faisant une grève de la faim. En exigeant sa libération immédiate et celle de tous les prisonniers après avoir purgé leur peine légale, il se bat pour une cause qui nous concerne tous, que nous fassions partie du mouvement anarchiste ou non. Voici quelques exemples de prisonniers qui remplissent les conditions de libération et sont néanmoins maintenus en détention :

En Allemagne, Thomas Meyer Falk

Aux États-Unis, Mumia Abu-Jamal et les membres de la Black Liberation Army.

Ιn Paraguay, Carmen Villalba

Ιn France, Claudio Lavazza et Georges Ibrahim Abdallah

Ιn Chili, Marcelo Vellarroel

Ιn Grèce, Dimitris Koufontinas et Savvas Xiros

Ιn Turquie, Ali Osman Köse.

Ces prisonniers sont attaqués par l’appareil répressif pour avoir lutté à l’intérieur de leurs murs contre le système carcéral, l’exploitation, le colonialisme et d’autres formes d’oppression. Le fait que ces prisonniers continuent à se battre crée un danger pour l’ordre dominant, ce qui motive l’État à procéder à cette punition supplémentaire. Leurs noms sont mentionnés dans un appel international à l’action lancé depuis Athènes pour la grève de la faim de Giannis Michailidis et ils doivent être mentionnés encore et encore.

La grève de la faim comme moyen de lutte dans les conditions de détention

L’un des principaux moyens de poursuivre la lutte dans les conditions de détention est la grève de la faim, ce qui peut être déconcertant pour de nombreuses personnes qui ne sont pas proches des mouvements révolutionnaires. Les prisonniers politiques sont le plus souvent détenus dans des conditions d’isolement cellulaire, où ils sont totalement isolés des autres détenus et ont un accès très limité au monde extérieur. La raison de l’isolement cellulaire a de multiples facettes. L’une d’elles est de détacher le prisonnier de la production sociale. Une personne n’est pas un simple être biologique : en tant qu’êtres humains, nous sommes des entités sociales et nous ne pouvons nous épanouir que dans un contexte social. L’isolement cellulaire est l’une des formes de torture les plus déshumanisantes. Dans les conditions d’isolement, les grèves de la faim et les jeûnes de la mort (grève de la faim illimitée) sont l’une des forces les plus efficaces qu’un prisonnier puisse avoir, où le corps devient l’arme. Aujourd’hui, dans le monde entier, des grèves de la faim se poursuivent, outre celle du militant anarchiste Giannis Mihailidis : les révolutionnaires Sibel Balaç et Gökhan Yıldırım dans les prisons turques, les combattants palestiniens Khalil Awawdah et Read Rayan dans les prisons israéliennes, les prisonniers politiques mapuches Cesar Millanao Millanao, Orlando Sáez Ancalao, Óscar Pilquiman Pilquiman et Emilio Berkhoff dans les prisons chiliennes ont faim de justice.

Özgül Emre, qui est emprisonnée dans des prisons allemandes, a jeûné pendant 44 jours, du 16 mai au 28 juin 2022, pour protester contre la tentative de la forcer à porter un uniforme de prison et a mis fin à sa grève lorsqu’elle a reçu ses propres vêtements. Au cours de sa grève, les autorités racistes et fascistes de la prison ne lui ont pas fourni les quantités adéquates de sucre et de sel, ce qui a entraîné des dommages permanents à sa santé. Elle a été hospitalisée et menacée de gavage. Si les grévistes de la faim sont nourris sans leur consentement, cela peut entraîner des dommages permanents à la mémoire et aux capacités motrices, voire la mort. L’État allemand a déjà du sang sur les mains à cause de l’alimentation forcée de prisonniers : Holger Meins et Sigurd Debus ont tous deux été assassinés par l’État allemand dans des prisons où ils étaient nourris de force en 1974 et 1981.

Cette fois-ci, l’État allemand n’a pas pu assassiner un autre révolutionnaire ; Özgül Emre, par sa lutte, a détruit cette procédure de l’ère nazie consistant à porter des uniformes de prison et a montré que cette forme de lutte peut avoir un succès matériel. Bien qu’à côté des gains matériels, l’idée centrale se trouve ailleurs : choisir la mort pour préserver son identité, son intégrité et sa dignité est une victoire pour chaque être humain et un coup porté à la société carcérale.

Lutter maintenant – Appel à des actions de solidarité

Le combat de Giannis Michailidis a été – comme prévu – un déclencheur d’action, non seulement en Grèce mais aussi au niveau international. La lutte pour Giannis Michailidis et notre liberté doit se poursuivre de manière encore plus intensive et combative, afin d’offrir une perspective à tous les prisonniers qui font face à la vengeance de l’État et de la capitale. Mais cette perspective doit être créée et valorisée au-delà de l’immense effort de ce seul combattant.

« […] Enfin, sachant qu’il est possible que cette grève soit la dernière partie de mon voyage, je souhaite lui donner précisément la dimension qui m’exprime dans son ensemble :

La lutte pour la liberté de l’un, la lutte pour la liberté de tous…

…jusqu’à la destruction de la dernière cage ».

Grèves de la faim & absences de nourriture en solidarité avec G. Michailidis d’autres détenus en Grèce :

Grèves de la faim de solidarité :

[6/7] D. Chatzivasiliadis
[4/7] F. Daskalas
[30/6] I. Rodopoulos (1 jour)
[13/6] 11 combattants emprisonnés de Turquie (1 jour)
[11/6] G. Voulgari et Th. Chatziaggelou (circulaire)

Absences de nourriture de solidarité :

[29/6]D. Koufontinas, F. Tziotzis et B. Stathopoulos (une semaine)
[27/6] I. Rodopoulos (une semaine)

Par cet appel, nous traduisons les demandes de Giannis Michailidis comme un appel à tous à résister à l’expansion étatique du pouvoir sur notre vie et notre liberté et comme un appel à devenir un réel obstacle pour tous ceux qui nous oppriment et nous exploitent.

Assemblée en solidarité avec Giannis Michailidis, Berlin.

article dans Secours rouge   : secoursrouge.org/grece-giannis-michailidis-a-son-54e-jour-de-greve-de-la-faim/

Fil info ici (en anglais)  :  darknights.noblogs.org/post/2022/06/01/event-updates-for-hunger-strike-of-anarchist-comrade-giannis-michailidis/

Source de.indymedia.org/node/208333

Voyage en Grèce : à Thessalonique, on travaille sans patron

De    Pierre-Louis  6 juillet 2022

C’est l’été, le début des grandes vacances. Alors cette semaine dans l’Actu des Luttes, on s’envole pour la Grèce. Direction Thessalonique au nord-est du pays. La-bas, on plonge au cœur d’une autre manière de travailler. Rencontre avec ces grec·ques qui choisissent de s’organiser et de lutter pour réaliser un vieux rêve du monde ouvrier : l’autogestion. Le salariat sans le patronat c’est possible, ils et elles le font. Et pour vous le raconter, on vous emmène avec nous au bord de la mer Égée.

C’est le début du printemps, le temps idéal pour un freddo-espresso, dont raffole les grec·ques. Nous arrivons au café Mr Jones aux alentours de 11h15. Mr Jones est une coopérative. C’est un café, tout ce qu’il existe de plus classique. A une exception près : tous·tes les salarié·es perçoivent le même salaire et se répartissent équitablement le temps de travail. Bref, le salariat mais sans patron. Thassos, avec qui j’ai discuté de mon projet d’article la veille, me salue, souriant. Alex, son compagnon de travail va répondre à mes questions. Une clope, une caisse à transporter, un verre brisé et nous nous installons en terrasse sur un air de jazz.

Le café Mr Jones à Thessalonique en Grèce. Dessin : Sophie Imren

« C’est le meilleur travail que j’ai jamais eu »

Alex, barman, a déjà soufflé sa 42ème bougie. Cela fait maintenant plusieurs années qu’il travaille ici et ça lui plaît bien. « Je pense que c’est une manière naturelle pour les gens de travailler ». Hormis financièrement, pour lui, rien avoir avec le salariat d’avant. « La manière dont on se sent et dont on travaille est tellement meilleure. On n’a pas un gérant qui nous dit quoi faire, on tient réellement à l’endroit et on est de très bons ami·es, on a lié nos vies ensemble. »

Le même son de cloche retentit, à quelques rues de là, au café-librairie État ingouvernable. « C’est le meilleur travail que j’ai jamais eu. Les conditions de travail sont incomparables. Juste le fait que maintenant je puisse m’asseoir, te parler et que ça soit parfaitement ok, que je n’ai aucun compte à rendre à quiconque, c’est quelque chose que je n’ai jamais vécu avant, » nous confie Christos, libraire. Attablé avec nous autour d’un café, Christos enchaîne les aller-retours avec les clients pour nous répondre.

S’il n’a jamais été aussi épanoui au travail, son quotidien n’est pas pour autant de tout repos. « Je dois dire que j’ai donné beaucoup plus de temps et d’efforts ici que dans n’importe quel job. » A l’ouverture de la librairie, après la crise, l’équipe a travaillé plus que jamais pour maintenir le bateau à flot. « On a définitivement travaillé dur dans les premières années, nos salaires étaient très bas, on avait beaucoup de difficultés. Beaucoup d’entre nous avaient -et ont toujours- un deuxième job. »

La librairie autogérée « État ingouvernable » à Thessalonique en Grèce. Dessin : Sophie Imren

« Dans le collectif, on a le socialisme »

Certes Christos ne vit pas dans un rêve mais « au moins dans le collectif, on a le socialisme » nous dit-il. Si l’entreprise collective est une libération pour elles et eux, « tu peux pas avoir le socialisme seulement dans une bulle. On a tous les problèmes que le capitalisme peut apporter aux gens« , concède le libraire, lucide sur le chemin restant encore à parcourir. Pour lui, leur démarche peut être un exemple de « comment gérer une librairie sans patron« , rien de plus.

Ce modèle ne peut pas être une réponse globale au système capitaliste. En effet, si ils et elles éditent des livres, en vendent, et se paient, ce n’est pas suffisant. Pourtant, une autre forme de coopérative semble plus prometteuse à ses yeux : « le coopératisme après la reprise des moyens de productions, c’est autre chose. Comme l’usine Viome, où le syndicat a repris l’usine, changé puis redémarré la production, et où ils en vivent. C’est genre 100 fois plus important pour le mouvement social que des petites coopératives qu’on doit créer pour survivre. »

Sur ses conseils, nous grimpons dans le bus 2K, direction la périphérie de la ville. Notre destination : Viome, la fameuse usine autogérée par ses ouvrier·res. Nous sonnons au portail. La porte métallique s’ouvre grinçante de toute sa ferraille. Yanis, nouvellement arrivé dans la coopérative nous accueille. Il nous conduit dans une petite salle de réunion faisant office de salle de repos. Dès notre arrivée, café et tsípouro nous sont offerts en guise de bienvenue.

Makis, ouvrier et pilier de la lutte accepte de répondre à nos questions. Lui aussi l’atteste, depuis que le parton est parti, tout a changé pour le mieux. Le point central de sa réflexion c’est sans aucun doute ce qu’il nomme le « contrôle ouvrier ». « A l’époque on n’avait pas notre mot à dire sur le produit. On n’avait pas la main sur ce qu’on produisait. On nous disait seulement, vous lancerez ça. Point final. Et on devait obéir. Aujourd’hui notre job commence dès qu’arrive la commande et on s’y met tous. Ou alors on crée un nouveau produit et on discute tous ensemble de comment on va le développer et le produire et on va jusqu’au bout du processus de création. C’est un processus complètement différent« .

Chez Viome, les « sujets de la révolution » s’organisent

Lorsque l’usine est reprise, l’assemblée des salarié·es décide changer la production, conscients du rôle qu’ils et elles avaient à jouer en temps que producteurs et productrices. « Nous nos produits, nous nous battons toujours pour qu’ils répondent à ces deux impératifs. Nos produits, sont tous vegan et bio-dispersibles à 100 %. »

La lutte des travailleurs et travailleuses de Viome inspire au-delà des frontières : « En 2016 comme je vous disais, on a organisé ici un congrès sur l’économie mondiale. Il a rassemblé des gens de tous les pays. Il y avait des jeunes allemands, qui en découvrant le modèle que nous proposons, s’en sont inspirés pour lancer un magasin de distribution. C’était quatre ou cinq groupes séparés, et c’est ça le meilleur, ils ont fusionné en un ici. Des anarchistes, des gens d’autres tendances de gauche, qui se sont rencontré·es ici. Et ils ont lancé un magasin de distribution de produits à Berlin. Eux par exemple se sont inspirés d’une proposition que nous avions fait ici au nom de Viome pendant le congrès, » nous révèle l’ouvrier.

Interview avec Makis, salarié de l’usine autogérée Viome près de Thessalonique en Grèce. Dessin : Sophie Imren

La lutte, pourtant, continue. Pour Makis, le lien avec les salarié·es du monde entier est primordial. « Les sujets d’une révolution, ce sont d’abord les salarié·es eux-mêmes. C’est ce pour quoi nous nous battons. Récemment, nous avons rédigé une lettre ouverte à destination de tout les salariés d’Europe. Elle parle de comment changer les mentalités sur le type de produits qu’ils utilisent et sur l’esprit dans lequel ils ont été produits« .

Merci à Drenia pour la traduction en direct à Viome, et à Lydia Papandreou pour la traduction à Paris. Voix de traduction : Martin Bodrero, Antoine Laurent-Atthalin et Marie Rabin.

Un épisode de l’Actu des Luttes réalisé et présenté par Pierre-Louis Colin. Coordination éditoriale : Martin Bodrero.  Dessin de Une : Sophie Imren. Identité sonore Actu des Luttes : Etienne Gratianette (musique/création) et Elin Casse, Antoine Atthalin, Romane Salahun (voix)

source : radioparleur.net/2022/07/06/voyage-en-grece-viome-thessalonique-autogestion/

La CEDH condamne la Grèce

La CEDH condamne la Grèce après le naufrage d’un bateau de migrants en 2014

La Grèce a été condamnée jeudi 7 juillet par la Cour européenne des droits de l’Homme pour le naufrage en 2014 en mer Égée d’une embarcation transportant une trentaine de migrants, dont 11 avaient perdu la vie.

Les autorités grecques « n’ont pas mené une enquête approfondie et effective permettant de faire la lumière sur les circonstances du naufrage », a souligné dans un communiqué la juridiction.

Selon la Cour, ces autorités n’ont pas non plus « fait tout ce que l’on pourrait raisonnablement attendre d’elles pour offrir aux requérants et à leurs proches le niveau de protection requis par l’article 2 de la Convention » européenne des droits de l’Homme, qui protège « le droit à la vie ».

En conséquence, la CEDH a alloué un total de 330 000 euros aux 16 requérants – treize Afghans, deux Syriens et un Palestinien, tous rescapés de ce naufrage.

« Absence d’une enquête approfondie et effective »

Le drame remonte au 20 janvier 2014. Ce jour-là, un bateau de pêche transportant 27 migrants avait chaviré au large de l’île de Pharmakonisi, près des côtes occidentales turques.

Les versions qui expliquent ce naufrage diffèrent. Selon les requérants, un « navire des garde-côtes aurait navigué à une très grande vitesse pour refouler les réfugiés vers les côtes turques, ce qui aurait provoqué le chavirage du bateau », explique la Cour. Les autorités grecques soutiennent en revanche que « l’embarcation était remorquée vers l’île de Pharmakonisi pour secourir les réfugiés et le chavirement du bateau a eu lieu en raison de la panique de ses passagers » et de leurs « mouvements brusques ».

Qui des deux dit vrai ? Impossible à savoir, estime la Cour. En raison de « l’absence d’une enquête approfondie et effective », la juridiction considère en effet qu’elle ne peut pas se prononcer sur plusieurs détails spécifiques de l’opération de sauvetage.

« De sérieuses questions quant à la manière dont l’opération a été conduite »

« Des défaillances dans la procédure » de sauvetage ont par ailleurs été relevées. « Les garde-côtes [grecs] n’ont à aucun moment considéré la possibilité de demander d’aide supplémentaire ou les autorités compétentes n’ont pas été informées d’envoyer sur place un bateau » adapté à « une opération de sauvetage », poursuit la CEDH. Celle-ci pose « de sérieuses questions (…) quant à la manière dont l’opération a été conduite et organisée ».

Outre la violation de l’article 2, elle a constaté celle de l’article 13 – relatif à l’interdiction des traitements inhumains ou dégradants – car 12 requérants, une fois ramenés sur la terre ferme, ont fait l’objet de fouilles corporelles injustifiées.

Les forces grecques sont régulièrement accusées, par des migrants comme par des organisations de défense des droits humains, de refoulements illégaux à sa frontière. L’ONG Aegean boat report a recensé 629 cas de « pushbacks » en mer Égée en 2021. Plusieurs témoignages qu’elle a recueillis font état de migrants jetés à l’eau par les autorités grecques, certains « menottés avec des bandes de plastique ». InfoMigrants reçoit régulièrement des témoignages, notamment de migrants, qui vont dans ce sens. De son côté, Athènes dément systématiquement.

source : www.infomigrants.net/fr/post/41775/la-cedh-condamne-la-grece-apres-le-naufrage-dun-bateau-de-migrants-en-2014

Quand l’État se venge d’un prisonnier

Grève de la faim de Yannis Michaelidis : Quand l’Etat se venge d’un prisonnier

The press project

Depuis 39 jours, au moment d’écrire ces lignes, le prisonnier Yiannis Michailidis est en grève de la faim, réclamant son droit à la libération conditionnelle, après avoir déjà purgé la partie légalement requise de sa peine en prison pendant six mois. Cependant, sa demande n’est pas acceptée, car il est jugé qu’il reste « dangereux » en cas de sortie de prison. L’avocat de G.Michailidis, Giorgos Kakarnias, a parlé au TPP de tous les points de l’affaire, présentant le portrait complet d’un prisonnier, un anarchiste, qui a le droit de se sentir à plusieurs reprises « ciblé », avec le traitement qui lui est réservé. par les autorités.

de Thanos Kamilalis et Konstantinos Poulis

En décembre 2021, le prisonnier anarchiste Yiannis Michailidis a purgé la durée légale de sa peine (8,5 ans pour une peine de 20 ans) avant de pouvoir demander sa libération conditionnelle. Cependant, en février 2022, le Conseil correctionnel d’Amfissa décide qu' »il ne remplit pas les conditions essentielles car il existe un risque de commettre de nouvelles infractions ».

Comme l’a expliqué l’avocat de Yiannis Michaelidis, Giorgos Kakarnias à TPP, « Michailidis, comme tous les prisonniers, doit purger une certaine période de prison, jusqu’à ce qu’il demande une libération conditionnelle. Qu’est-ce que ça veut dire; Cela signifie que les détenus continuent à purger leur peine en état de liberté. Cela se fait en imposant certaines conditions. Michaelidis a attrapé le délai spécifique à partir de décembre 2021. Il a soumis son premier appel, qui a été rejeté. Après deux mois, il a postulé à nouveau, il a de nouveau été rejeté. Il est allé au Conseil le 12 mai, il a témoigné de son point de vue, ses témoins ont témoigné, nous avons présenté tous les documents qui prouvent le fait que Michailidis n’est pas un danger pour la société et devrait être libéré. À partir du 12 mai, une période d’environ 30 jours s’est écoulée jusqu’à la sortie de la lettre de rejet,

Depuis le 23 mai, Yiannis Michaelidis est en grève de la faim et ces jours-ci il est hospitalisé, dans un état très critique. Selon la lettre publique de sa compagne, Dimitras Valavani, « il a atteint 57,5 ​​kg (s.s. de 73) et a perdu plus de 21% de son poids corporel, ce qui met sa vie en danger. Selon les derniers tests de G. Michaelidis, ses organes – en particulier le cœur – sont confrontés à de graves problèmes avec le foie présentant de sérieuses possibilités de dommages permanents, alors qu’en même temps il y a la crainte d’une éventuelle hémorragie interne ».

« Mercredi était la dernière mise à jour que j’ai eue sur son état, quand je l’ai vu de près. Dans l’état dans lequel il se trouve, ce n’est plus qu’une question de temps avant qu’il ne développe une défaillance multiviscérale ou quelque chose d’autre qui puisse entraîner des dommages permanents ou des développements encore pires. Il complète 39 jours de grève de la faim, vous comprenez ce que cela signifie pour le corps humain », a souligné G. Kakarnias.

Pour le cas de G.Michailidis, des organisations de la gauche extraparlementaire ont publié des déclarations de soutien, des mobilisations continues de l’espace anarchiste s’organisent, tandis que le MeRA25 a soumis une question parlementaire au ministre de la Justice

Licences éducatives, poursuites insensées et évasion de 2019 – « Si un prisonnier ne peut pas voir la lumière du tunnel, il perd espoir »

La principale raison sur laquelle les décisions de rejet de la demande de Michaelidis sont fondées est le fait qu’en 2019, il s’était évadé de prison, commettant par la suite un vol qualifié. Bien que cette information soit facilement accessible, avec une simple recherche de son nom, ce fait ne donne pas une image complète. Le détenu était en congé-éducation depuis longtemps. Jusqu’en 2019, il était sorti de prison presque tous les jours sans causer de problèmes. Pourtant, un texte qu’il a cosigné, avec 25 autres prisonniers, en solidarité avec les protestations des prisonniers de Korydallos, a été qualifié de complicité.

Le texte a été rédigé 4 jours après le déclenchement des manifestations. Malgré cela, Michaelidis a été poursuivi, ce qui a signifié la fin de son congé-éducation et l’a ramené en prison fermée, depuis les prisons rurales de Tirynthe où il se trouvait. Michaelidis a choisi de s’échapper, a été arrêté et a également purgé sa peine.

Comme l’explique son avocat :

« Le fait sur lequel repose le rejet de sa demande est que Michaelidis s’est évadé de prison en 2019. C’est vrai et il a justifié sa décision. Et il avait également commis des crimes pendant cette période. Cependant, il a également purgé sa peine pour ces infractions. Autrement dit, pour ceux pour lesquels il continue d’être puni, il a déjà été condamné et a déjà été puni.

Mais le Conseil doit également examiner ce que Michaelidis a fait exactement pendant qu’il était en prison. Car jusqu’en 2019, il prenait des congés-éducation tous les jours. Il sortait tous les jours, du lundi au vendredi. Que s’est-il passé et soudain cet homme, qui arrive une marche avant la porte de sortie, en 2019, décide de s’enfuir ? C’est devenu un événement. Des poursuites pénales ont été engagées contre Michaelidis et 25 autres personnes dans les prisons de Korydallos. C’est l’événement qui l’a poussé à partir. Je ne le cautionne pas, mais c’est arrivé. Il a été poursuivi parce que lui et les 25 autres prisonniers avaient écrit un texte d’opinion, considéré comme une complicité dans l’arrestation. Aider et encourager un crime. Une poursuite pénale qui reste pendante après tant d’années.

Avec cette poursuite pénale, les congés d’éducation ont été coupés, les congés réguliers ont été coupés et il fait face à un retour dans des prisons fermées, sans une journée de salaire avantageuse. Cette poursuite fait toujours l’objet d’une enquête et sous ce prétexte, Michaelidis ne peut pas obtenir de congés et ne peut pas obtenir de liberté conditionnelle

Il y a une manifestation dans les prisons de Korydallos, un jour pour un événement. Certains écrivent un texte de soutien quatre jours plus tard. Et ils sont poursuivis pour un événement qui s’est produit quatre jours avant le texte. Alors quand Michaelidis dit qu’il est ciblé, qu’il a obtenu des permis d’études, il n’a rien fait pour les perdre et ils l’ont coupé, eh bien, je pense qu’il a aussi raison »

Ensuite, Giorgos Kakarnias commente : « Il est important de ne pas oublier que si un prisonnier ne voit pas la lumière au tunnel, il perd espoir. Ce que chaque prisonnier attend, c’est cette lumière au tunnel. Faites-lui savoir qu’il passera quelques années en prison, mais alors la porte lui sera également ouverte. S’il perd cela, il perd tout espoir. Les choix faits dans un tel état de pression, un tel état de désespoir, sont très faciles à critiquer. Encore une fois, c’est un homme qui jusqu’en 2019 était tout le temps en congé d’études. Pour quelle autre raison ferait-il un tel choix ».

Une symbolique très lourde coexiste dans tout cela. Il y a quelques jours, le bureau du procureur d’appel de Lamia a décidé de libérer le meurtrier d’Alexandros Grigoropoulos, Epaminondas Korkoneas, de prison, reconnaissant le facteur atténuant de sa « vie honnête et légale » que les Areios Pagos n’ont pas reconnu.C’est un moment où, au moment où Michaelidis revendique sa liberté, cette décision a été prise pour Korkoneas, en contraste total avec ce qu’a dit Areios Pagos », commente G. Kakarnias.

« La même cour d’appel, peut-être les mêmes juges, sont également responsables de la libération de mon  compagnon Yiannis Michailidis. Après un procès rapide, un meurtrier impénitent est désormais libre, à un moment où la procédure de libération de Yannis avance lentement, à un moment où il est éligible à la libération depuis 6 mois, à un moment où il se détériore physiquement et mentalement dans une cellule d’hôpital ici et 37 jours. Si le même tribunal, la cour d’appel de Lamia, acquitte un meurtrier impénitent et renvoie en prison un homme honnête qui a le droit par la loi d’être libéré, alors la justice est nue devant nos yeux » a commenté sa compagne dans sa lettre.

[…]

« Comme si tout ce qui précède ne suffisait pas, je ne peux manquer de mentionner que des expressions de communication encore plus élémentaires telles que des lettres personnelles sont incluses dans un régime de censure par les gardes compétents car leur contenu est analysé en détail alors que la plupart du temps ils ne sont même pas livrés à mon compagnon. Mais nous sommes ici pour nous battre encore et encore pour l’évidence ».

Source en grec https://thepressproject.gr/apergia-peinas-gianni-michailidi-otan-i-politeia-ekdikeitai-enan-kratoumeno/

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