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Non, la solidarité n’est pas un délit !

Le collectif de Grenoble est signataire de l’appel à soutien pour les procès en appel de Cédric HERROU, LUNDI 19 JUIN 13H30, et de Pierre-Alain MANNONI, LUNDI 26 JUIN 13H30, devant la Cour d’appel d’Aix-en-Provence

Universitaires solidaires

Sarah Sajn, CHERPA, Sciences Po Aix
Morgane Dujmovic, TELEMME, AMU-CNRS
Chiara Pettenella, CHERPA, Sciences Po Aix
Elen Le Chêne, CHERPA

NON, LA SOLIDARITÉ N’EST PAS UN DÉLIT !

Tous les jours des exilés, fuyant guerres, violences, dictatures, misère…, traversent la Méditerranée. Beaucoup y meurent. Les autres espèrent pouvoir trouver asile en Europe. Certains cherchent à venir en France. Mais ceux qui arrivent à Vintimille sont bloqués, la frontière leur étant fermée. Ceux qui parviennent néanmoins à franchir cette frontière sont refoulés par les forces de l’ordre (au motif du règlement Dublin) sans avoir la possibilité de demander l’asile. Y compris les mineurs isolés ! En violation par l’Etat des droits fondamentaux et de la loi. Pourtant certains les aident. Au nom de la justice et de la solidarité. L’association Roya citoyenne est de ceux-là ; entourée de nombreux autres citoyens.

Cédric Herrou, agriculteur dans la vallée de la Roya, a été condamné à 3000 € d’amende avec sursis pour avoir pris en charge des migrants sur le sol italien et les avoir aidés à transiter en sécurité vers la France. Le procureur qui avait requis 8 mois de prison avec sursis a fait appel. L’audience a été fixée au 19 juin à la Cour d’appel d’Aix.

Pierre-Alain Mannoni, enseignant-chercheur à Nice, qui était poursuivi pour avoir, lui aussi, convoyé des Erythréennes venues d’Italie, a été relaxé le 6 janvier par le tribunal correctionnel de Nice (qui a estimé qu’il avait agi pour préserver la dignité des personnes acheminées) alors que le procureur de la République avait requis 6 mois de prison avec sursis. Le procureur a fait appel. L’audience est fixée au 26 juin à la Cour d’appel à Aix.

C’est donc la solidarité qui est poursuivie en tant que délit. Quelle injustice !. Cédric Herrou et Pierre-Alain Mannoni doivent être soutenus, le plus massivement possible. En même temps nous rendrons hommage à tous ces exilés qui cherchent refuge.

Soyons nombreux à soutenir Cédric Herrou et Pierre-Alain Mannoni, poursuivis parce que solidaires !

Lundi 19 juin à 13 h 30 devant la Cour d’appel (procès de Cédric Herrou)

Lundi 26 juin à 13 h 30 devant la Cour d’appel (procès de Pierre-Alain Mannoni)

Premiers signataires : Ligue des droits de l’Homme (Aix-en-Provence), Collectif AGIR, La Cimade, Roya Citoyenne, Syndicat des avocats de France (section d’Aix)

Rappel solidarité City plaza menacé d’expulsion

Dan un précédent article nous avions diffusé l’appel de Vicky Skoumbi pour défendre le squat City Plaza http://www.infoadrets.info/grece/defendre-city-plaza-et-tous-les-squats-de-refugies/

Le gouvernement grec menace d’expulsion les réfugiés hébergés dans l’hôtel City Plaza et d’autres lieus squattés. Le collectif « Argenteuil- Bezons- ST Gratien » de France Grèce Solidarité prépare une campagne de popularisation avec les camarades grecs.

Campagne basée sur l’affiche jointe.

NON A L’EXPULSION ! La solidarité s’organise !

 La pétition toujours en cours s’adresse au gouvernement grec pour qu’il défende City  Plaza et tous les squats de réfugiés. Il s’agit de conter les pressions exercées sur le gouvernement pour qu’il donne l’ordre d’évacuation.

The Greek Government :  Defend City Plaza and all Refugee Squats.”

https://www.change.org/p/the-greek-government-defend-city-plaza-and-all-refugee-squats?recruiter=19892648&utm_source=share_petition&utm_medium=twitter&utm_campaign=share_petition

Le texte de la pétition en français petition city plaza


Communiqué de presse de l’eurodéputée de Syriza Konstantina Kuneva (traduction en français)

City Plaza héberge notre commune humanité. Il faut empêcher l’évacuation de cette structure exemplaire d’accueil de réfugiés

« City Plaza est le meilleur hôtel d’Athènes. Peut-être même de toute l’Europe. Car il héberge la solidarité, la dignité et la créativité des humains. Depuis 14 mois il a accueilli un peu plus que 1500 réfugiés, et en ce moment il en héberge 400 dont 170 enfants, et il le fait dans des conditions exemplaires, celles de l’auto-organisation et du soutien bien organisé de collectifs solidaires et de centaines de simples citoyens. Mais même les anciens employés de cet hôtel, qui n’ont toujours pas reçu les impayés que leur doit la direction, ont gracieusement concédé la fourniture hôtelière- mobilier et équipement- qui leur a été attribuée par les tribunaux à titre d’indemnités de licenciement.

Les réfugiés et les solidaires ont transformé un hôtel abandonné depuis huit ans par ses propriétaires en une oasis d’humanité. C’est pour cela que  j’appelle les autorités de faire tout leur possible pour empêcher l’exécution de l’ordre du Procureur d’évacuer l’hôtel. D’ailleurs, même en termes strictement économiques, la poursuite du fonctionnement de cette structure exemplaire d’accueil de réfugiés, ainsi que de toute autre structure analogue, peut s’avérer plus avantageuse que le transfert de ses résidents à un campement. Mais c’est certainement sur le plan social et sociétal que la coexistence des réfugiés avec les habitants d’un quartier d’Athènes s’avère précieuse. Je crois que les autorités étatiques compétentes sont en mesure de trouver une solution satisfaisante, apte à protéger cet exemple paradigmatique de solidarité [qu’est City Plaza].

Lancement du tribunal permanent des peuples TPP

Tribunal permanent des peuples (TPP) sur  la violation des droits humains des personnes migrantes et réfugiées, et son impunité
Gardez la date:
Lancement du TPP à Barcelone, 7-8 juillet 2017 
Nous voulons vous informer sur le processus du Tribunal permanent des peuples (TPP) sur  la violation des droits humains des personnes migrantes et réfugiées, et son impunité, et vous demander de soutenir avec vos signatures l’appel.

Demande de signatures d’organisations, collectifs, réseaux

Vous trouverez ici l’Appel international à l’organisation d’un Tribunal permanent des peuples (TPP) sur la violation des droits humains des personnes migrantes et réfugiées, et son impunité.

Il inclut les objectifs et le processus du tribunal. C’est important de compter avec la signatures de vos organisations. D’ici le 20 juin 2017 nous voulons réunir un maximum de signatures d’organisations, collectifs, réseaux, que seront envoyés au TPP.

Clickez ici pour enregistrer votre signature 

Objectif de l’audience du TPP

L’objectif de ce processus et de la Session du TPP est d’identifier et de juger la chaîne de cor-responsabilités sur toute la route parcourue par les personnes migrantes et réfugiées, au cours de laquelle leurs droits humains sont violés de forme systématique, fait qui demande d’agir urgemment et d’assurer l’accès à la justice.
C’est un processus que nous aspirons à construire depuis le bas, avec les personnes les plus impliquées et directement affectées, les organisations de personnes migrantes et refugiées.

Processus de consultation:

Les organisations qui convoquent, Transnational Migrant Platform Europe (TMP-E), Filipino Center-Barcelona, ACATHI-Barcelona, Transnational Institute (TNI), se sont réunies avec différentes organisations et collectifs à Barcelone en décembre 2016 et mars 2017, afin de préparer les premiers pas vers le TPP. Pendant ces réunions, nous avons accordé convoquer formellement le TPP sur le régime de frontières de l’Union Européenne et les violations des droits humains des personnes migrantes et réfugiées.

Le Tribunal Permanent des Peuples a accepté notre pétition et le lancement du TPP aura lieu à Barcelone, le 7 et 8 juillet 2017. La première Session aura lieu à Barcelone en décembre 2017 et la deuxième en 2018.

La préparation du TPP est ouverte aux organisations et collectifs de personnes migrantes et refugiés, aux réseaux et plateformes qui soutiennent le travail de dénonciation des violations des droits humains et des droits des Peuples, qui ont lieu dans les multiples frontières européennes, et tout le long de la route de migration.

Prochaines étapes:

•    7 juillet 2017: Session interne de travail avec les organisations, réseaux et plateformes qui s’engagent dans le processus.
•  8 juillet 2017, Barcelone: Inauguration officielle et publique du TPP
•    Juillet – Novembre 2017: Développement du processus du Tribunal et préparation des cas.
•    Décembre 2017, Barcelone: Première Audience du TPP à Barcelone (date à confirmer).

Contact:
Groupe de coordination du TPP à Barcelone:  pptribunal_eu@riseup.net
Jille Belisario (TMP-E)
Jeza Goudi (PPT Barcelona)

Premiers convocants:

Transnational Migrant Platform Europe (TMP-E): Platform of Filipino Migrant organisations: Commission for Filipino Migrant Workers (CFMW), Geneva Forum for Filipino Concerns, Centro Filipino-Barcelona, Kasapi-Hellas, CFMW Italia; MDCD (Morrocan Platform in Europe): Euro-Mediterraan Centrum Migratie & Ontwikkeling (EMCEMO),  Al Maghreb, CODENAF, IDD, Khamsa, Migration et Developpement, Na’oura, RESPECT Network Europe, Social Development Cooperative, Africa Roots Movements, ECVC – Coordinadora Europea de Vía Campesina, Associació Catalana per la integració d’homosexuals, bisexuals i transexuals inmigrants (ACATHI), Carovane Migranti, Comitato Verità e Giustizia per i Nuovi Desaparecidos, Entrepobles, Espacio del Inmigrante, Fotomovimiento, Institut de Drets Humans de Catalunya, IRIDIA, Mujeres Pa’lante, NOVACT, OMAL, Sindicato Popular de vendedores ambulantes, Stop Mare Mortum, SOS Rosarno, SUDS, Tanquem els CIEs Barcelona, Transnational Institute (TNI), Tras la Manta, Unitat contra el feixisme i el racisme (UCFR).

Antécédents sur le Tribunal Permanent des Peuples (TPP)

Le Tribunal Permanent des Peuples a été créé en 1979, en prenant comme référence principale la Déclaration des droits des peuples d’Alger, et a depuis tenu 40 sessions et des phrases dont les résultats sont disponibles ici. Le TPP est un tribunal  d’opinion- qui agit de manière indépendante des Etats et répond aux demandes des communautés et des peuples dont les droits ont été violés. Le but des audiences du TPP est de « restaurer l’autorité des peuples lorsque les États et les organisations internationales ont échoué à protéger les droits des peuples »

Le Secrétariat du TPP se trouve à la Fondation Lelio & Lisli Basso Issoco à Rome (voir ici le Site Web).

Lien vers la première session du TPP sur les multinationales en Afrique du Sud – Août 2016

Lien vers la Sentence du TPP sur les Multinationales Européenes en Amérique Latine (46 cas et 3 Sessions en 2006, 2008 et 2010).

Défendre City Plaza et tous les squats de réfugiés

Nous relayons ici l’appel de Vicky Skoumbi, rédactrice en chef de la revue grecque αληthεια pour contrer les pressions faites auprès du gouvernement grec pour expulser City plaza.

Tout d’abord quelques informations qui permettent de comprendre la situation.

Le 17 mai dernier le Procureur  a donné l’ordre d’évacuer trois squats à Athènes : Citiy Plaza (hôtel occupé par des réfugiés et des solidaires) et deux autres squats  (à Exarchia au  119 rue Zoodochou Pigis « Cat’s spirit / Women’s Squat » et  à la périphérie d’Athènes à Haidari, « occupation Papoutsadiko »).  L’ordre laissait    quinze jours de délai aux occupants avant l’exécution.  Il fut diffusé le 7 juin dans la presse et d’après le cnn.gr il s’agit d’un ordre donné à la suite de plaintes déposées par les propriétaires des immeubles en question. Concernant City Plaza et toujours d’après cnn.gr il s’agit du deuxième ordre d’évacuation donné par le procureur.

Le tout fut largement diffusé par des médias de droite, accompagnée par l’information que la propriétaire de City Plaza a déposé plainte contre l’actuel ministre de  Protection du citoyen (càd de l’ordre publique) et le chef de police pour manquement à l’obligation d’exécuter l’ordre du procureur.  De toute évidence il y a  actuellement une campagne dans plusieurs médias pour faire pression sur le  gouvernement afin qu’il évacue City Plaza.

La pétition s’adresse au gouvernement grec pour qu’il défende City  Plaza et tous les squats de réfugiés. Il s’agit de conter les pressions exercées sur le gouvernement pour qu’il donne l’ordre d’évacuation.

The Greek Government :  Defend City Plaza and all Refugee Squats.”

https://www.change.org/p/the-greek-government-defend-city-plaza-and-all-refugee-squats?recruiter=19892648&utm_source=share_petition&utm_medium=twitter&utm_campaign=share_petition

Le texte de la pétition en français petition city plaza

A signer et  à diffuser le plus largement possible!

En vous  remerciant tous et toutes de votre solidarité

Bien amicalement à vous

Vicky Skoumbi

Rédactrice en chef de la revue grecque αληthεια

Rencontre interrégionale collectif Grenoble et CSPG Lyon

La rencontre entre le collectif de Grenoble et le Comité de solidarité avec le peuple Grec de Lyon se tiendra le 17 juin après midi à La Tour du Pin .

A l’ordre du jour :

– tour de table rapide de présentation de chacun et bilan de chaque comité,

– point sur la situation en Grèce et difficultés à alerter en France,

– nos relations avec les autres collectifs et notamment les suites concrètes de la réunion nationale du 25/2,

– quelle forme de solidarité avec les grecs ?

– les actions et outils communs entre le CSPG et le collectif de Grenoble.

Mémoires du large : la rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis  Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif  et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque.

Mémoires du large


On se croit en été. Il faut déjà y croire et y faire croire. Pour une fois, c’est vrai quelque part. Nos touristes admirent Athènes, et la Place de la Constitution devant le “Parlement” se révèle un domaine de prédilection pour la réalité augmentée… déjà celle des “selfies”. Cependant, à l’intérieur du bâtiment, la Constitution n’est plus. Été, temps des baignades et des immersions !

Baignades au Pirée. Juin 2017

En ce vendredi 9 juin, la “majorité” Tsipras, a même introduit certains amendements et modifications grammaticales aux lois… adoptées pourtant il y a à peine dix jours. Modifications bien entendu qui ont été imposées par la Troïka élargie. Il faut surtout y faire croire.

À travers les ondes des radios on évoque donc avec amertume cette ultime (?) ridiculisation du régime parlementaire (90,1 FM zone matinale du 9 juin): “Lorsque la moindre virgule ou tournure de phrase doit désormais être directement dictée par les émissaires de la Troïka, le gouvernement grec atteint désormais les sommets de la bouffonnerie. Et cette ridiculisation, elle tient aussi au fait que les textes ainsi modifiés (autant dictés par la Troïka) avaient été votés seulement dix jours auparavant.”

Alexis Tsipras et les siens, (tout comme les Mitsotakis ou les funestes Pasokiens), incarnent alors jusqu’à la moelle ces petites élites locales fort conciliantes, fabriquées et/ou recrutées pour seconder à l’asservissement de “leur” pays, participant de leur manière à la dernière en date… technologie disciplinaire, imposée notamment par le financierisme globalisant.

Cependant, cette dimension… technocoloniale des réalités grecques (et ce n’est qu’un exemple), ne peut plus être dissimulée sous les verbiages à peine tenables des politiciens, et encore moins à travers leur outrance… autant preuve de leur grossièreté. “Nos” calculs en algorithmes… dépasseraient ainsi et de loin, ceux du vieux Diophante d’Alexandrie, à l’instar de son célèbre Épitaphe et à son énigme, sitôt solutionné .

Nos touristes admirent Athènes. Juin 2017
Vieille affiche… oubliée. Athènes, juin 2017
La réalité. “Quotidien des Rédacteurs”, 28 mai 2017
Diophante d’Alexandrie chez un bouquiniste. Athènes, juin 2017

J’avais d’ailleurs soutenu très tôt ici sur ce blog, et cela dès sa création en octobre 2011, que cette “crise grecque” n’est pas une crise, mais seulement et plus exactement, une (nouvelle) forme de guerre, entreprise contre la société grecque et contre le pays (sans parler de la suppression des droits sociaux et du régime de type parlementaire). Avec sept années d’amère expérience depuis… l’avènement troïkan, je dirais alors que l’espace postmoderne à travers ce type de guerre, il comporte décidément de bien nombreuses dimensions: économiques, symboliques, psychologiques, informationnelles (médiatiques), de même que son terrain strictement humain… de la société ciblée.

J’utilise certes également le terme de “crise grecque” car (signe des temps), le champ sémantique (à l’exacte symétrie de celui de la guerre) nous est pareillement suggéré, c’est-à-dire imposé. Les Grecs réalisent seulement à présent que “leur crise” est sans limite de temps (sauf réaction radicale de leur part), car l’objectif à satisfaire peut prendre des années ou des décennies. La “Treuhand” dans sa transposition grecque par exemple, elle contrôlera potentiellement les biens du pays pour une durée de 99 ans, et les mesures adoptées par les Tsiprosaures (ou par les Papandréou et Samaras), se… déclencheront et se suivront sur plusieurs décennies. Cela, très indépendamment des pseudo-scrutins électoraux.

Librairie Grigoríou (homonymie) fermeture définitive. Athènes, juin 2017
Café à Athènes. Juin 2017
Imprimerie. Athènes, juin 2017

La dite “crise” c’est un changement de régime alors durable. Pratiquement toutes les administrations de l’État grec sont tutélisées par les contrôleurs troïkans, et d’ailleurs, les contribuables grecs remplissent et déposent déjà très officiellement leurs déclarations de revenus auprès cette Autorité (dite) Indépendante des Recettes Publiques (conçue directement et contrôlée par la Troïka et par Bruxelles), et non pas, auprès de l’administration fiscale de leur pays dont le caractère régalien et (supposons démocratiquement contrôlée) vient d’être tout simplement supprimé (loi 4389 – 94/Α/27-5-2016 “gouvernement” SYRIZA).

D’après cette loi, (…) “est instituée l’Autorité Administrative Indépendante sans forme juridique sous le nom l’Autorité Administrative Indépendante (A.A.D.E.) dont la mission consiste à l’évaluation et à la perception des impôts, des douanes et autres organismes publics, des recettes relatives à la portée de ses prérogatives. L’Autorité jouit de son entière indépendance opérationnelle, de son autonomie administrative et financière et elle n’est pas soumise au contrôle, ni à la surveillance des organismes gouvernementaux, des agents ministériels ou d’autres autorités administratives.”

“L’Autorité est soumise à un contrôle parlementaire, tel que défini par les Règles de la Chambre et l’article 4 de la présente loi. (…) Par cette institution de l’Autorité, le Secrétariat Général du ministère des Finances (imposition des revenus, taxes est supprimé” (loi 4389 – 94/Α/27-5-2016) . Notons ici que le prétendu contrôle parlementaire de l’Autorité n’est que fumisterie. D’après l’article 4 de cette même loi, “les membres et le président de l’Autorité peuvent être amenés à s’exprimer devant l’Assemblée pour des éclaircissements, voire de collaborer le cas échéant”. Syntaxe suffisamment vague, tout simplement, pour (presque) dire que l’Autorité n’est pas soumise au contrôle du “Parlement”.

Le chat de l’imprimerie. Athènes, juin 2017
Retour à la mer. Marina de Kalamaki (Athènes Sud, mai 2017
La “Villégiature” de Carlo Goldoni. Spectacle à Athènes, mai 2017

Notons surtout, que… l’Autorité n’a pas de forme juridique, ce qui devraient inciter les contribuables de la colonie à ne plus verser un seul sou d’impôt à cette Autorité, et plutôt mettre en place un autre organisme où leurs impôts et autres taxes seraient ainsi versés, organisme citoyen et provisoire (le temps du rétablissement de l’État grec) ; l’idée a été publiquement suggérée, mais comment alors la réaliser concrètement ?

Sauf que dans leur présumée “vraie vie”, les Grecs n’ont plus tout le courage nécessaire pour ainsi suivre à la trace ces tératogenèses engendrées par “leur Parlement”. La vie est un combat (c’est le maître-mot), le pays, tout comme sa société sont suffisamment décousus, autant que leurs secteurs d’activité. La librairie… Grigoríou (homonymie !) au centre-ville d’Athènes a fait faillite, tandis que les professionnels de la croisière en voilier remettent leurs bateaux en mer… en espérant une bien meilleure saison qu’en 2016. C’est aussi le moment tant attendu des premières baignades au Pirée, à défaut d’autres possibilités, sauf que bien souvent le cœur n’y est pas.

Kóstas imprimeur, que je n’avais pas vu depuis près de trois ans et qui ne suit plus vraiment le fil de l’actualité des medias, est accablé par la situation et il n’ira pas se baigner avant longtemps comme il le dit lui-même. “Nous tournons encore, sauf que l’imposition et les cotisations ont considérablement augmenté. Mes salariés embauchés depuis trois ans ne gagnent guère plus que 600€ par mois, je ne peux pas faire mieux… et de leur côté, ils ne sont pas très motivés non plus”.

Les pâtes artisanales de Pavlos. Béotie, juin 2017
Chez Pavlos. Béotie, juin 2017
Le fameux Lion de Chéronée, juin 2017

“Les maisons d’édition produisent… et produisent tant de livres, je sais par contre qu’une bonne partie de cette production reste et restera invendue. En plus, et là c’est grave, ils ne nous payent pas toujours et comme on sait, les banquent ne nous prêtent plus du tout. Ensuite… il y a toujours et surtout en ce moment les circuits parallèles de l’argent que l’on pourrait emprunter mais à de taux alors usuriers. Nous sommes sortis de l’économie réelle dans un sens, rien ne sera plus comme avant, sauf sans doute pour le chat de notre imprimerie.”

Changement de décor, Pavlos, fabricant de pâtes sèches artisanales en Béotie depuis les années 1990 rencontré chez lui, se dit satisfait de la commercialisation de sa production. “Je vends partout aux alentours, toutes les superettes du coin ainsi que certaines autres en Grèce Centrale et à Athènes me connaissent. Je viens de lancer un nouveau produit plus haut de gamme que je commercialise à Mykonos via un traiteur. Oui, c’est par le luxe… lié au tourisme que je vais pouvoir m’en sortir, voire m’enrichir… l’imposition alourdie des entreprises ne me fait pas peur. Ici dans les campagnes, nous nous connaissons tous et nous nous débrouillons”.

Pavlos se montre optimiste, bien plus d’ailleurs que son épouse Rena, optimisme alors seulement de façade ? Il rêve… d’acquérir une Jaguar d’occasion… comme de l’immatriculer en Bulgarie via une société de leasing. En tout cas, rencontrer Pavlos et discuter avec lui, c’est un peu “voyager” dans la Grèce des années 1990-2010.

La demeure de Psipsinos. Athènes Nord, juin 2017
Psipsinos, Athènes Nord, juin 2017

Non loin de chez Pavlos, s’y trouve toujours le fameux Lion de Chéronée, monument thébain, en souvenir de la bataille de Chéronée, en 338 avant notre chronologie Philippe II de Macédoine y remporta la victoire sur la coalition des cités grecques du Sud, dont Athènes et Thèbes. Les… Jaguar mécaniques n’existaient pas encore, le leasing non plus.

On se croit donc en été en dépit des orages, ceux de la météo, comme ceux du… “Parlement”. Dans les quartiers aisés d’Athènes Nord, les amis des bêtes… ont-ils investi pour offrir une demeure à Psipsinos, l’animal adespote (sans maître) du coin, tandis que dans les quartiers des chantiers près du Pirée où certains ouvriers travaillent encore, on y vend ces autres maisons pour chiens au prix de 15€.

Les gros navires y naviguent évidemment, autant que les gros mensonges du “gouvernement grec” on dirait, car il faut ainsi y croire et y faire croire. Nos touristes admirent nos monuments, comme nous pouvons aussi admirer nos tortues de mer, il faut dire invisibles depuis l’Acropole.

Un travailleur. Port de Pérama, près du Pirée, juin 2017
Maisons pour chiens à partir de 15 €. Pérama, juin 2017
Tortue de mer. En Golfe Saronique, juin 2017

Et quant à Mimi, le chat de Greek Crisis, il se montre très attaché en ce moment… aux “Mémoires du large” d’Éric Tabarly . C’était aussi en juin (1998), que le grand navigateur disparaissait en mer d’Irlande, projeté paraît-il dans l’eau, par le pic de la voile aurique de son bateau.

Mimi et… les “Mémoires du large” d’Éric Tabarly. Athènes, juin 2017
* Photo de couverture: Navire quittant la zone industrielle près du Pirée. Juin 2017

mais aussi pour un voyage éthique “De l’image à l’imaginaire: La Grèce, au-delà… des idées reçues !” http://greece-terra-incognita.com/

Sur les réfugiés semaine 23

8/6/17 Un tiers seulement des jeunes réfugiés scolarisés en Grèce

En Grèce, l’année scolaire s’achève bientôt, et malgré les efforts du gouvernement, seul un tiers des enfants réfugiés sont scolarisés. Une lacune importante selon le Fond des Nations unies pour l’enfance : l’Unicef accompagne le gouvernement pour améliorer le système et appelle à renforcer l’intégration de ces enfants.

Avec notre correspondante à Athènes, Charlotte Stiévenard

Lors de sa visite à Athènes, Afshan Khan, la directrice régionale de l’Unicef a rappelé les chiffres. Seuls 3500 enfants réfugiés sont scolarisés en Grèce. Or ils sont 12 000 en âge de l’être. Si elle reconnaît que « ça a l’air de faire beaucoup ici, sachant que les services sociaux dans leur ensemble ont été mis sous pression à cause des mesures d’austérité », la responsable de l’organisation des Nations unies pour l’enfance rappelle l’ordre de grandeur : « 12 000 enfants cela représente beaucoup moins qu’un pour cent de l’ensemble des enfants » scolarisés dans le pays.

Pendant la visite, Afshan Khan a notamment rencontré le président Prokopis Pavlopoulos, mardi 6 juin 2017.

Des cours dans la langue maternelle des enfants ?

L’une des difficultés pour le gouvernement est de convaincre les parents encore dans des situations instables de scolariser leurs enfants. « Les parents qui pensaient que très rapidement ils allaient avoir la possibilité de partir en Allemagne ou en Suède, réalisent que ça ne se fait pas aussi vite », observe Eric Durpaire, le chef des opérations de terrain pour l’Unicef en Grèce.

Mais selon Eric Dupraire, cela devrait s’améliorer : « Les parents réalisent qu’ils sont partis pour rester quelque temps en Grèce, donc la barrière du court terme a été levée. Ensuite les mouvements vont beaucoup plus se limiter, les deux tiers des réfugiés et migrants vont être en appartement, il va y avoir une sorte de stabilité. »

Certains enfants sont aussi déscolarisés depuis plusieurs années. Selon l’Unicef, une des clefs pour les réhabituer à l’école, c’est de leur proposer des cours dans leur langue maternelle en parallèle. Pour ce faire, l’organisation internationale a notamment signé un partenariat avec la ville d’Athènes.

http://www.rfi.fr/europe/20170608-jeunes-refugies-peu-scolarises-grece-unicef

6/6/17 La République tchèque n’accueillera plus aucun réfugié d’Italie et de Grèce par Pierre Meignan

Le gouvernement tchèque a annoncé lundi que la Tchéquie n’accueillerait plus aucun demandeur d’asile dans le cadre du système de relocation par quotas des réfugiés arrivés en Grèce et en Italie. Cette réaction aux menaces de la Commission européenne à l’encontre des Etats récalcitrants à respecter ce programme d’ici son terme, en octobre, acte en fait une situation existante. La République tchèque n’a en effet plus accueilli le moindre réfugié depuis mai 2016.

 Voici quelques semaines, le commissaire européen aux Migrations et Affaires intérieures, Dimitris Avramopoulos, lançait un dernier avertissement depuis le Parlement européen : la Commission entamerait des procédures pour traîner devant la Cour de Justice de l’UE les pays rechignant à l’effort collectif d’accueil des réfugiés. La République tchèque faisait partie des Etats visés, et le gouvernement, plutôt que de modifier sa politique migratoire, a décidé ce lundi de la confirmer. C’est le ministre de l’Intérieur, le social-démocrate Milan Chovanec, artisan de cette politique, qui l’a annoncé :

« Je voudrais informer l’opinion publique sur le fait que le gouvernement, sur la base du matériel préparé par le ministère de l’Intérieur, a décidé de mettre fin à la participation de la République tchèque au système de relocalisation par quotas, au regard de l’aggravation de la situation sécuritaire et du caractère dysfonctionnel de ce système. Le gouvernement s’en remet au ministère de l’Intérieur pour cesser ses activités dans ce domaine. Cela signifie que la République tchèque ne fera plus en sorte de demander des migrants pour leur relocalisation depuis la Grèce et l’Italie. »

Cela ne changera pas grand-chose puisque, depuis l’adoption du mécanisme, en septembre 2015, la Tchéquie n’a été capable d’accueillir que douze réfugiés, lesquels provenaient de la Grèce, sur les 2 600 prévus d’après le plan de répartition. Depuis le printemps de l’année dernière, Prague a déjà cessé toute démarche dans le domaine. Aussi, si le système est dysfonctionnel, c’est peut-être également parce que des pays comme la République tchèque ne jouent pas le jeu. C’est ce que dénonce Magda Faltová, de l’Association pour l’intégration et la migration :

« Du point de vue des activités de l’Etat, qui consisteraient pour les fonctionnaires du ministère de l’Intérieur à choisir activement les personnes à accueillir et à s’arrêter suite à cette décision, cela n’a absolument aucun impact. Puisqu’ils ne font déjà rien du tout. Mais au moins le gouvernement le dit maintenant clairement. »

Pour Milan Chovanec, après les récents attentats au Royaume-Uni, et dans lesquels aucun réfugié ne semble pour l’heure impliqué, c’est aussi la situation sécuritaire en Europe qui motiverait le choix du gouvernement. Les djihadistes ont jusqu’alors pourtant relativement épargné la République tchèque, où les autorités indiquent régulièrement qu’il n’existe aucune menace concrète. L’eurodéputé Luděk Niedermayer, du parti conservateur TOP 09, regrette d’ailleurs que la Tchéquie ne soit pas capable de respecter ses engagements européens et balaie cet argument sécuritaire :

« C’est à la République tchèque de trouver de véritables demandeurs d’asile dont elle est sûr qu’ils ne présentent pas de danger. Ils sont des dizaines de milliers en Italie et en Grèce. Donc, personnellement, je ne crois pas que parmi tous ces demandeurs d’asile, il ne soit pas possible d’en trouver plusieurs dizaines que nous pourrions 

 Mais la position de M. Niedermayer est isolée au sein de son propre parti et plus généralement dans le spectre politique tchèque. Les politiciens de l’opposition comme de la majorité approuvent plutôt la décision du gouvernement, à quelques mois des législatives, dans un pays où l’opinion publique est largement hostile à l’accueil des réfugiés. Et Milan Chovanec se dit prêt au bras de fer avec la Commission européenne, dans le cas où elle mettrait à exécution sa menace de procédures contre les Etats récalcitrants :

« Le ministère de l’Intérieur a été désigné comme l’organe responsable de la communication sur ce sujet et il devra aussi préparer l’opposition éventuelle à la procédure d’infraction qu’on peut attendre de la part de la Commission européenne. »

A la décharge de la République tchèque, avec douze réfugiés accueillis, elle fait mieux que la Hongrie et la Pologne, qui n’en ont accueilli aucun. Parmi les pays du groupe de Visegrád, dont l’opposition aux quotas est connue, c’est toutefois la Slovaquie qui s’en tire le mieux. Bratislava a en effet poussé l’effort jusqu’à en accueillir seize.

http://www.radio.cz/fr/rubrique/faits/la-republique-tcheque-naccueillera-plus-aucun-refugie-ditalie-et-de-grece

 

Vivre avec 400€ par mois en Grèce : témoignage

GENERATION400″- De jeunes grecs qui vivent avec un salaire mensuel de 400 euros – Rencontre avec Christos Xagoraris

Christos Xagoraris est membre du collectif « Generation400 ». Âgé de 25 ans, ce diplômé en droit vit chez ses parents. Contraint et forcé par son salaire de 400 euros. Comme beaucoup de jeunes grecs. Depuis la crise économique : il lutte contre les mesures d’austérité.

Pourquoi avez-vous créé le groupe « Generation400 » ?

Depuis le début de la crise économique en Grèce, il y a eu une réduction significative des salaires et une forte hausse du chômage. Le premier signe de la force de cette crise intervient en 2008. De nombreuses discussions ont lieu autour de la génération qui aura un salaire de 700 euros par mois. Progressivement, après l’intervention de la Commission européenne et du Fond monétaire international sur la dette grecque, en 2010, et les mesures d’austérité, le revenu mensuel des jeunes travailleurs a atteint les 400 euros, une fois les taxes payées.

En conséquence, les conditions de travail et le niveau de vie des jeunes sont devenus des sujets brûlants. Tout le monde parle de cette fameuse génération 400 euros.

Nous avons débuté « Generation400 », sur internet et sur le terrain, à travers l’activisme et le tractage. Nous avons voulu mettre le sujet en avant, lui donner plus d’importance, Tout le monde peut comprendre que les mesures et la politique d’austérité en Grèce menacent les espoirs, les rêves, la motivation, la créativité. Le niveau de vie est très bas. Et ce, tout spécialement pour les jeunes grecs, pour cette fameuse génération qui vit avec seulement 400 euros par mois.

La situation en Grèce est donc très difficile pour la jeune génération. Qu’est-ce qui a vraiment changé depuis la crise économique ?

Comme expliqué avant, depuis la crise économique, les facteurs qui affectent les conditions de travail et le niveau de vie des jeunes, c’est la crise de l’emploi. Il y a 50% de chômage chez les jeunes à l’heure où nous parlons. La diminution du revenu mensuel, autour de 400 euros, à temps plein, et bien moins à temps partiel. Les emplois à temps partiels représentent 60% des emplois, alors qu’il est de 40% à temps plein. Ce sont les estimations depuis les recrutements de fin d’année 2016. Nous subissons aussi la déréglementation agressive du droit du travail. En particulier depuis l’accord signé en 2012. Le plus visible, c’est l’augmentation du taux de chômage chez les jeunes diplômés, les jeunes scientifiques. Ce facteur contribue à la « fuite des cerveaux« , c’est-à-dire à l’immigration massive de jeunes gens instruits dans d’autres pays du centre de l’Europe : Allemagne, France, Pays-Bas. On estime qu’environ 500 000 jeunes gens instruits, âgés de moins de 35 ans, ont migré vers d’autres pays, à la recherche d’emplois dans leur domaine d’études.

« Il y a 50% de chômage chez les jeunes à l’heure où nous parlons »

Sur la page facebook Generation400, vous critiquez le Premier ministre Alexis Tsipras. Pour vous, qui sont les vrais coupables de cette situation ?

Pour nous, il est clair que le cas grec est un « crime organisé« , avec de nombreux auteurs. Chaque gouvernement grec, qui a signé des mesures d’austérité et des accords depuis 2010, y compris le gouvernement Syriza et Alexis Tsipras, est responsable de la situation actuelle. Avec eux, l’Union européenne et le Fond monétaire international sont également coupables. Ils ont promu des politiques d’austérité, demandant le paiement intégral de cette dette nationale. Cherchant à satisfaire d’énormes bénéfices pour les marchés financiers. Il a été prouvé que les pratiques de l’Union européenne, soit les inspirations du Fond monétaire international, entraînent l’étouffement de l’économie nationale, de la productivité, de la motivation, et de la créativité de notre population. Leur expérience a échoué encore et encore, mais cela ne semble pas les inquiéter, tant que l’austérité en Grèce continue.

Comment peut-on s’en sortir avec 400 euros par mois en Grèce ?

Personne ne peut vivre avec un tel revenu. Vous pouvez survivre avec un niveau de vie de base, un confort de base, satisfaisant tout au plus vos besoins vitaux. En un mot, vous ne pouvez pas vivre avec dignité. Permettez-moi de vous donner un exemple. En supposant que vous avez un revenu mensuel de 400 euros, que vous quittez le foyer familial et devez payer un loyer. Un loyer ne coûte pas moins de 200 euros. Si vous partagez ce loyer avec une autre personne, dans un appartement plus grand, vous ne payez pas moins de 125 euros. Vous payez 50 euros vos factures d’électricité, 10 euros pour vos factures d’eau, minimum 20 euros pour votre téléphone portable, 30 euros pour une carte mensuelle de transports publics.

En fin de compte, il vous reste de 90 euros à 165 euros pour satisfaire d’autres besoins. Chaque jour, vous pouvez dépenser de 3 euros à 5,50 euros. Ce montant équivaut à une tasse de café et un sandwich ou à moins d’un repas complet. Vous pouvez acheter des produits de base dans un supermarché, pour 50 euros.

Après avoir calculé, il est clair qu’il n’y a aucun moyen de satisfaire vos envies, en tant que jeune personne. Simplement vos besoins vitaux. Vous ne pouvez pas vous permettre de boire un verre, de faire un voyage, d’acheter un cadeau à un ami, d’aller au cinéma, de bien manger. Sinon, vous aurez des ennuis financiers pendant un ou plusieurs jours.

En tant que jeune grec, parlez-nous de votre situation personnelle.

Pour le moment, je suis diplômé de la faculté de droit d’Athènes. Je suis avocat stagiaire, dans un bureau d’avocats. Je vis avec moins de 400 euros par mois. Heureusement, ou pas, je vis toujours avec mes parents, à Athènes. Je n’ai donc pas à payer de loyer ou d’autres biens de base, bien sûr. Je suis capable de faire face à mes dépenses chaque mois. Généralement, avec une petite aide financière de mes parents. Bien qu’il soit clair pour moi que, sans cette aide de mes parents, je n’aurais pas le moindre espoir de payer un loyer, la nourriture, les factures, et d’autres dépenses.

« Vous ne pouvez pas vivre avec dignité »

Face à la crise économique, les Grecs font preuve d’une grande solidarité, à l’image de « Generation400 ». Pensez-vous que cette solidarité vous aide à supporter la situation ?

La solidarité entre amis et l’aide familiale sont définitivement un facteur crucial. Je l’ai souligné en ce qui concerne ma propre situation. Donc, c’est une des raisons de la survie de nombreux jeunes, comme moi. Après avoir fait les calculs, il n’y a aucune chance de vivre en Grèce aujourd’hui, avec 400 euros ou moins, sans l’aide financière de sa famille ou de ses amis.

Cependant, même cette aide est de plus en plus courte. Les politiques d’austérité persistantes ont peu à peu raccourci les revenus de la majorité des familles grecques, y compris les salaires des parents et les pensions des grands-parents. Une chose est certaine : il existe une « bombe temporelle sociale« , dans ce modèle d’organisation des conditions de travail et des salaires en Grèce.

Gardez-vous espoir pour l’avenir de la Grèce ?

Comme je l’ai dit, la solidarité entre les gens est une arme contre la pauvreté, la solitude et la dépression massive. D’autant que nous avons besoin de plus que cela si nous voulons vivre des jours meilleurs dans notre pays. Il faut un mouvement massif, une action. Nous devons nous battre, aujourd’hui et maintenant, contre les politiques de notre gouvernement, contre les accords et les plans de l’Union européenne. Ainsi que contre le reste des technocrates qui cherchent à appauvrir la vie des gens. Personnellement, je n’ai pas perdu espoir. Je crois que les Grecs, et surtout les jeunes grecs, finiront par s’opposer à la situation actuelle.

Mais nous aurons besoin de beaucoup de force et de courage. Notre initiative, « Generation400 », essaie de jouer son rôle dans cette direction. Bien sûr, nous aurons besoin de soutien ! C’est là que la solidarité entre les personnes de différents pays peut jouer un rôle crucial. Il est très important pour les peuples d’Europe de connaître la situation réelle que nous vivons, ici en Grèce. Savoir que les gens, et surtout les jeunes, souffrent de ces politiques. Nous travaillons beaucoup. Tout ce que nous voulons, c’est vivre dans la solidarité, l’égalité et la justice sociale. Satisfaire les besoins de la grande majorité des travailleurs de ce pays. Non les désirs des banques et des gouvernements européens.

Plus d’infos sur Generation400 :  Sitehttp://g400.gr/ Facebook : https://www.facebook.com/400generation/

Twitterhttps://twitter.com/generation400

publié par http://www.lepetitjournal.com/athenes/accueil/actualite/282614-generation400-de-jeunes-grecs-qui-vivent-avec-un-salaire-mensuel-de-400-euros-rencontre-avec-christos-xagoraris

Grèce 4e mémorandum : 7 amères vérités

7 amères vérités au sujet du 4e mémorandum signé par le gouvernement Tsipras

Par Despina Charalambidou (1)

Les mesures prévues dans l’accord concernant la clôture de la deuxième évaluation, constituent de manière essentielle le corps principal du 4e mémorandum. Il s’agit d’un paquet de mesures insupportable, anti-populaire et antisocial, résultant d’une politique néolibérale.

Le démantèlement institutionnel du travail et des dispositions institutionnelles se poursuit, les charges continuent de peser avec une partialité de classe cohérente sur les épaules des travailleurs et des retraités, tandis que les fameuses « contre-mesures » doivent attendre la réalisation des super-excédents au-dessus de 3,7% du PIB pour voir le jour et fonctionnent fondamentalement comme mécanisme de redistribution de la pauvreté au sein de la classe ouvrière.

Les objectifs principaux de ces nouvelles attaques cruelles menées contre les franges populaires des travailleurs sont les suivants :

  1. Retraites

Les premières grandes victimes du 4e mémorandum s’élèvent à 1,1 million de retraités. Il a été établi que soient diminués, à compter du 01/01/2019 :

Α) La prestation familiale des retraités du Public ainsi que l’allocation du conjoint.

Β) La différence personnelle (2) qui avait été prévue pour les principales retraites versées, selon la loi 4387/2016.

C) Les différences personnelles pour tous ceux qui ont procédé à leur demande de pension depuis le 01/01/2016 et pour tous ceux qui la feront jusqu’au 31/12/2018, conformément à cette même loi (Katrougalos).

Selon les éléments de l’inspection générale des finances, les pertes cumulées pour les retraités depuis toutes ces interventions sont de 7,8 milliards d’euros et non de 1,8 milliard d’euros comme le soutient le gouvernement. Le gouvernement soutient de façon mensongère que cette baisse moyennement équilibrée ne sera que de 9%.

Mais la réalité est cruelle, car l’écrasante majorité des retraités va subir une perte de revenu pouvant équivaloir jusqu’à 2 pensions par an ! Il s’agit de la 23e mesure mémorandaire en 7 années de coupes budgétaires touchant les retraites. Au moment même où, en termes de politique un tant soit peu économique, ce sont précisément ces mesures de récession qui nuisent à la durabilité et à la mise en perspective du système de protection sociale, en liaison avec le chômage très élevé, la flexibilité, et le travail « au noir » comme alternative, qui tendent à devenir la règle.

  1. Allocations

Conformément à l’article 57 du projet de loi de la cohabitation Syriza-Anel, dans le cadre de la 2e évaluation, les allocations suivantes sont IMMÉDIATEMENT supprimées :

  1. a) l’aide financière pour les familles à bas revenus, qui ont des enfants en âge de scolarisation (loi 3016/2002, article 27, paragraphe 3).
  2. b) l’allocation des nouveaux arrivants sur le marché du travail, des jeunes de moins de 29 ans, en cas de licenciement (loi 1545/85, article 2).
  3. c) l’allocation de providence pour les enfants non protégés (loi 4051/1960, article 2, paragraphe 3).
  4. d) l’aide financière des personnes en situation d’extrême pauvreté (décret de loi 57/1973, article 1, paragraphe 1)

Les coupes budgétaires exposées ci-dessus permettraient, d’après l’inspection générale des finances, de réaliser des économies d’un montant de 8,8 millions d’euros cette année et de 11,8 millions d’euros pour 2018.

  1. Impôts

À compter du 01/01/2020 (ou 2019 si les objectifs ne sont pas atteints) la déduction fiscale devrait être abaissée de 1 900 euros, soit le niveau actuel, à 1 250 euros. Le seuil de non- imposition sera également abaissé, passant de 8 636 euros à 5 681 euros. Une charge fiscale lourde est directement prévue pour l’ensemble des travailleurs salariés, au point que le nouveau revenu non imposable concerne un salaire mensuel de 405 euros. Le prélèvement de l’impôt sur le salaire va augmenter d’environ 50 euros par mois, en tenant compte de l’abrogation de la déduction spécifique en place (1,5% actuellement).

Le gouvernement soutient de façon mensongère que cette charge fiscale va être amortie en baissant d’environ 2% le taux d’imposition (au moment même où on promeut pour les entreprises une baisse de 3%) et en supprimant le prélèvement de solidarité pour les revenus de moins de 30 000 euros. Toutefois, tout cela ne s’appliquera que si leur objectif concernant l’excédent est atteint. Tandis que l’ΕΝFΙΑ (Impôt foncier unique) restera fondamentalement inchangé pendant toute la durée du nouveau programme mémorandaire.

  1. Travail

La fameuse « bataille au sujet des accords par branches » a abouti à l’extension du cadre juridique existant, propice à la dissolution, tel qu’il a été défini par les premiers mémorandums. Sans compter la législation du cumul et de l’extensibilité qui renvoient régulièrement ces accords aux calendes grecques et, dans tous les cas, à l’achèvement du programme.

Par conséquent, les obstacles concernant les négociations collectives sont maintenus et amplifiés, dans la mesure où ils ont conduit à l’extinction des conventions collectives sectorielles, qui ne se comptent déjà plus que sur les doigts d’une main. La position de la SEV (Fédération hellénique des Entreprises et des Industries) est adoptée solennellement : la suprématie des accords d’entreprise sur les branches est soi-disant « dans l’intérêt de l’économie et du développement ».

Pour tout ce qui concerne les licenciements collectifs, il se pourrait que leur seuil mensuel (5%) ne soit pas relevé, la suppression de leur approbation obligatoire par le ministère compétent a cependant été décidée, et le contrôle de la procédure se voit quant à lui conféré au conseil supérieur du travail, un organisme à caractère non politique et non gouvernemental.

  1. Ouverture des établissements commerciaux le dimanche

L’ouverture des établissements commerciaux est étendue à 32 dimanche par an, par rapport aux 8 dimanches actuels. Cette mesure sera adoptée non par l’intermédiaire d’une nouvelle loi, mais par deux simples modifications de la loi existante. D’une part, l’ouverture des commerces 32 dimanches par an sera libéralisée dans les zones touristiques, d’autre part, Athènes, la zone côtière de l’Attique et de Thessalonique ainsi que d’autres endroits entreront dans ce découpage géographique. Grâce à cet expédient, la libéralisation concernera un nombre incalculable de commerces, un phénomène qui va très rapidement gagner les entreprises qui s’établissent dans les communes non qualifiées. La voie vers l’abolition universelle de la pause dominicale est désormais ouverte.

  1. Privatisations

Lors de sa première déclaration après l’accord conclu au Hilton, Tsakalotos a qualifié de « positif » le fait qu’« un certain nombre d’entreprises venant du  HRADF (Fonds de développement des actifs de la République hellénique) entrent à l’ΕDIS (Superfund de dénationalisation), où règne une tout autre logique, comme ce fut le cas pour les aéroports ». En l’espèce, le processus de privatisation violente de tout ce qui reste s’accélère. Avec pour modèle « d’accélération » le cas des aéroports pour lequel l’intervention du Parlement européen s’est même avérée nécessaire.

La première entreprise dans le viseur est la DEI (Entreprise publique d’électricité), qui doit vendre 40% de ses unités au lignite et 17% de son capital social. Ce qui fait encore davantage pencher la balance en faveur de la concurrence montante sur le « marché » des biens publics qu’est l’énergie, engendrant des conséquences incalculables pour les ménages populaires qui font déjà face à des difficultés pour payer leurs factures d’énergie en hausse constante.

  1. Mesures institutionnelles et budgétaires

Un « plafond » est nécessaire concernant le nombre d’agents contractuels du Public, chose que le gouvernement n’a de cesse de dépasser en réajustant les promesses de recrutement à 1 nouvel employé pour chaque départ de 3 personnes, au lieu de 4 tel que c’est le cas actuellement. L’avenir de ceux qui « sont en trop » reste incertain, quel que soit le calcul effectué.

Le fameux scalpel financier reste manifestement en vigueur, jusqu’à « garantir » les excédents approuvés. Au-delà, des mesures financières d’un montant de 447 millions d’euros sont prévues pour 2018, tandis que le récit du gouvernement préconisait l’absence de nouvelles mesures. La manière dont elles seront précisées n’est pas encore accessible.

La pleine application du compromis extrajudiciaire, avec la mise en place d’enchères électroniques, devrait faciliter et accélérer les procédures de subtilisation des garanties de logement pour les ménages populaires.

Traduction:Vanessa de Pizzol

 (1) Despina Charalambidou est ancienne députée et vice-présidente du Parlement, membre de l’Unité Populaire.

(2) « La différence personnelle est le terme qu’a « inventé » le ministère du Travail pour désigner le montant-« différence » qui ressort du nouveau calcul des anciennes retraites sur la base des nouveaux taux de remplacement permettant d’atteindre le niveau des nouvelles retraites ».

https://unitepopulaire-fr.org/2017/06/08/7-ameres-verites-au-sujet-du-4e-memorandum-signe-par-le-gouvernement-tsipras/#_edn1

Allemagne et pauvreté

Selon le FMI, le « risque de pauvreté » augmente en Allemagne ( site Rupture presse)

Le risque de pauvreté augmente en Allemagne

La publication toute récente des chiffres du chômage outre-Rhin a été saluée par des cris d’admiration des médias français. A y regarder de plus près, la situation est pourtant moins reluisante.

La publication des chiffres officiels du chômage en Allemagne a donné lieu à un nouveau concert de louanges : décidément, nos voisins d’outre-Rhin, après la « purge » des années 2000 administrée par le chancelier social-démocrate Gerhard Schröder, volent de performances économiques en prouesses sociales.

La réalité est pour le moins plus nuancée. Certes, le taux officiel des privés d’emploi vient de s’établir à 5,6% de la population active. Il atteint même 3% en Bavière, alors que les Länder de l’Est restent nettement plus touchés, avec des taux avoisinant les 9%.

Le nombre de chômeurs – qu’on dirait en France de « catégorie A » – s’établit à 2,5 millions. A comparer, nous précise-t-on, aux 5,3 millions dénombrés il y a douze ans.

7,3 millions de travailleurs exercent un « mini-job », non soumis à cotisations sociales patronales, et dont la rémunération est au mieux de… 450 euros par mois

Cependant, l’institut public Destatis signale qu’un million de personnes se trouvent en situation de sous-emploi. Ne sont pas non plus comptabilisés dans les chiffres du chômage « dur » les personnes en activité réduite, de même que ceux qui doivent se contenter d’un « mini-job », non soumis à cotisations sociales patronales, et dont la rémunération est au mieux de… 450 euros par mois.

7,3 millions de travailleurs « bénéficient » (!) d’un tel statut, dont 4,7 millions pour qui c’est la seule activité rémunérée. Et la tendance est à la hausse depuis dix ans.

Rapport du FMI

On imagine sans difficulté ce que peut être la vie dans de telles conditions. Dès lors, ces chiffres sont à rapprocher d’un rapport rendu public le 15 mai… par le Fonds monétaire international (FMI). Ce dernier, pourtant peu connu pour son empathie excessive vis-à-vis des damnés de la terre, pointe cependant la « hausse lente mais générale du risque de pauvreté » en Allemagne.

Pour les experts du Fonds, ce risque de pauvreté est avéré dès lors qu’un au moins des trois critères est rempli : un revenu en-dessous du seuil de pauvreté (60% du revenu médian) ; une privation matérielle récurrente ; ou un très faible taux d’activité des personnes composant le foyer.

En 2015, le risque de pauvreté concernait 20,1% de la population de la République fédérale, soit 16,1 millions de personnes

Sur ce plan, les plus récents chiffres de Destatis portent sur l’année 2015. Le risque de pauvreté concernait alors 20,1% de la population de la République fédérale, soit 16,1 millions de personnes. Les inégalités tendent en outre à augmenter sur longue période. Selon l’institut DIW, entre 1991 et 2014, les 10% des revenus les plus élevés ont cru de 27%, tandis que les 10% des revenus les plus bas perdaient encore du pouvoir d’achat.

Le FMI – dont les experts mesurent aujourd’hui avec inquiétude les dégâts sur la croissance de l’ultra-austérité à laquelle ils ont pourtant longtemps poussé, un peu partout – conseillent donc au gouvernement allemand – qui, rappellent-ils à juste titre, dispose de larges « marges de manœuvre financières » – d’agir notamment dans le sens d’une augmentation des salaires, d’une imposition plus forte des hauts revenus, et d’investissements publics importants.

Si le FMI prodigue de tels conseils, c’est que les perspectives, à moyen terme, ne doivent pas être si rassurantes que cela.

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