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Sur France culture une émission sur Aube dorée

France Culture a réalisé quatre émissions « Série « Partis d’extrême droite : une certaine idée de l’Histoire »

 
Le quatrième volet de 59 minutes est sur la Grèce pendant 50 minutes, sur le parti Aube Dorée et à la fin (à partir de 40 minutes) sur Thessalonique, la disparition des juifs pendant l’holocauste et la destruction du cimetière juif pendant la deuxième guerre mondiale
 
 
-> Lien direct vers le fichier audio mp3 de 50 Mo pour ceux qui souhaite écouter et/ou enregistrer sur son PC ou téléphone:
 

Détenu sous le pont

extraits

Comment les demandeurs d’asile sont détenus dans des prisons secrètes sur des navires commerciaux pour faciliter les refoulements illégaux d’Italie vers la Grèce.

Alors que les vacanciers sirotent des bières fraîches et des cocktails sur le pont d’un ferry de passagers, avec une certaine excitation dans l’air, une situation très différente se joue sous le pont. Dans les entrailles de ce navire, des personnes, dont des enfants, sont enchaînées et enfermées dans des endroits sombres contre leur gré.

Il s’agit de la pratique moins connue du refoulement en Europe, où des prisons secrètes sur des navires privés sont utilisées pour renvoyer illégalement des demandeurs d’asile là d’où ils viennent.

Le déni systématique du droit de demander l’asile aux frontières terrestres de l’UE a été bien documenté ces dernières années. L’année dernière, Lighthouse Reports et ses partenaires ont révélé l’existence de « sites noirs » – des lieux de détention clandestins – où les réfugiés et les migrants se voient refuser le droit de demander l’asile et sont illégalement emprisonnés avant d’être renvoyés de force.

Ce qui a moins retenu l’attention, c’est le refus illégal de la possibilité de demander l’asile aux frontières de l’UE, et les refoulements brutaux qui ont lieu entre les États membres – notamment de l’Italie à la Grèce – en mer.

Nous avons découvert que des demandeurs d’asile, y compris des enfants, sont détenus dans des prisons non officielles – sous la forme de boîtes métalliques et de pièces sombres – pendant parfois plus d’une journée dans les entrailles des navires de passagers qui se dirigent de l’Italie vers la Grèce, dans le cadre de refoulements illégaux effectués par les autorités italiennes.


En 2014, la Cour européenne des droits de l’homme a jugé que l’Italie avait ainsi renvoyé illégalement des demandeurs d’asile en Grèce, les privant de la possibilité de déposer une demande de protection. Huit ans plus tard, bien que les autorités italiennes aient affirmé à plusieurs reprises que cette pratique n’a pas cessé, nous avons constaté qu’elle se poursuit en force.

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STORYLINES

En vertu d’un accord bilatéral de « réadmission » entre le gouvernement italien et le gouvernement grec – en vigueur depuis 1999 bien qu’il n’ait pas été ratifié par le parlement italien – l’Italie peut renvoyer dans leur pays les migrants sans papiers qui sont arrivés de Grèce. Toutefois, cette mesure ne peut être appliquée aux demandeurs d’asile.

Or, nous avons constaté que des demandeurs d’asile originaires d’Afghanistan, de Syrie et d’Irak ont été soumis à ce traitement au cours des 12 derniers mois. Les données fournies par les autorités grecques montrent que des centaines de personnes ont été concernées au cours des deux dernières années, avec 157 personnes renvoyées d’Italie en Grèce en 2021, et 74 en 2022 – bien que les experts estiment que tous les cas ne sont pas documentés.

Depuis l’arrêt de la CEDH en 2014, l’Italie a affirmé à plusieurs reprises que cette pratique avait cessé, et a fait pression pour que le contrôle officiel de ses processus frontaliers au port – mis en place à la suite de l’arrêt de la CEDH – soit arrêté au motif que les violations ne se produisent plus.

Erminia Rizzi, avocate italienne spécialisée dans l’immigration, a déclaré que ces retours forcés avaient lieu « fréquemment » et que les demandeurs d’asile, y compris les mineurs, étaient « empêchés d’accéder au territoire, en violation de toutes les règles et avec des procédures informelles ».

Wenzel Michalski, directeur de Human Rights Watch Allemagne, a soulevé la question de la complicité de l’UE, affirmant que les conclusions montrent comment « l’Europe s’est autorisée à tolérer de telles circonstances »

Offensive contre « l’ennemi intérieur et extérieur » en Grèce

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L’évolution du pouvoir en Grèce est inquiétante. Avec l’inter- diction du parti nazi Aube dorée, la menace fasciste se recompose mais demeure, tant au Parlement que dans la rue. Ce qui est mis en œuvre pour traquer et enfermer les exilés est révélateur d’une politique de plus en plus sécuritaire. Comme dans d’autres pays, on assiste à une normalisation croissante d’un « état d’exception ».

Article initialement publié dans la revue Études

Après une décennie d’austérité en Grèce, le parti au pouvoir s’extrême-droitise et continue d’appliquer les mêmes recettes néolibérales (1). L’élection de Nouvelle Démocratie (ND), en juillet 2019, a marqué une intensification des violences d’État sans précédent depuis la chute de la dictature des Colonels (1967-1974). Les premières cibles du pouvoir sont les populations exilées et les militants solidaires, radicaux (2) (notamment anarchistes), désignés comme des « ennemis de l’intérieur et de l’extérieur ».

La Grèce contemporaine peut à la fois être appréhendée comme un laboratoire du capitalisme du désastre (3) et des solidarités (4) ‒ qui se manifestent notamment à travers les squats, les dispensaires de santé et les cuisines autogérés. Christiane Vollaire et Philippe Bazin (5) ont mis en lumière la force et la diversité de ces initiatives populaires en Grèce. En outre, leur ouvrage rappelle la prégnance des idéologies fascistes avec le régime du 4-Août du général Ioánnis Metaxás (1936- 1941) et celui des Colonels (1967-1974). « Cette tradition-là continue d’irriguer les sphères du pouvoir, le parti de droite dure, actuellement au pouvoir, en est largement influencé et infiltré », souligne la philosophe Christiane Vollaire. Pour s’en convaincre, il suffit d’observer l’évolution du champ partisan grec, ces dernières années.

Un laboratoire du néolibéralisme, de l’extrême droite et du fascisme

L’organisation nazie Aube dorée (6), troisième force politique du pays entre 2015 et 2019, a commis des pogroms et semé la terreur dans les rues avec ses bataillons paramilitaires. Elle a été jusqu’à assassiner, en 2013, le travailleur pakistanais Shahzad Lukman et le rappeur antifasciste Pávlos Fýssas. À la Vouli (le Parlement grec), Aube dorée a appelé de façon répétée au coup d’État. Alors qu’Aube dorée a été reconnue en octobre 2020 comme « une organisation criminelle » par la justice grecque, plusieurs de ses anciens dirigeants et membres sont actuellement en prison. Pourtant, une partie de son agenda politique continue de se diffuser au sommet de l’État et au sein de Solution grecque, un parti xénophobe et conspirationniste qui possède dix sièges au Parlement hellénique. Son fondateur, Kyriákos Velópoulos, reprend à son compte la rhétorique de Donald Trump et de Viktor Orbán, en utilisant le slogan « Make Europe christian again ». La parenthèse Syriza (2015-2019), qui incarnait avant son élection une autre politique de gauche, s’est refermée avec la poursuite des poli- tiques d’austérité. Depuis, le rouleau compresseur des politiques néo- libérales s’accélère avec le gouvernement de Nouvelle Démocratie (ND), un parti qui s’extrême-droitise et qui a su capter une large part des anciens électeurs d’Aube dorée. Le parti au pouvoir compte dans ses rangs des transfuges du Laos (Laïkos Orthodoxos Synagermos, parti d’extrême droite orthodoxe), comme Ádonis Georgiádis, Makis Voridis et Thanos Plevris. Ce dernier a appelé, par le passé, à tirer à balles réelles sur les exilés et à rouvrir Auschwitz : il occupe aujourd’hui le poste de ministre de la Santé. Quant à Voridis, il était jusqu’en 1990 à la tête du mouvement de jeunesse nostalgique de la dictature des Colonels, affilié au parti Union politique nationale (Ethniki Politiki Enosis, EPEN) du meneur de la junte militaire, Geórgios Papadópoulos (1919-1999). Dans le gouvernement actuel, on retrouve aussi la vice-ministre de l’Immigration et de l’Asile responsable de « l’Intégration », Sofía Voúltepsi. Pour cette dernière, les exilés « sont des envahisseurs non armés, des armes dans les mains de la Turquie (7) ».

Le retour au pouvoir de ND, marqué par une très forte abstention (42 %), s’inscrit dans la reconquête d’une hégémonie culturelle (8) de la classe dominante, en l’occurrence d’une hégémonie néolibérale et éta- tique fragilisée lors de la dernière décennie en Grèce. Le sociologue Theodoros Karyotis parle d’un retour en force de la rhétorique du « There is no Alternative » (« Il n’y a pas d’autre solution »), rendue célèbre par Margaret Thatcher. Dès son élection, le gouvernement de Kyriákos Mitsotákis a immédiatement ciblé « la partie la plus radicale de la société qui, à travers le soulèvement de décembre 2008 et le Mouvement des places de 2011, avait fragilisé cette hégémonie », précise Karyotis. Toutes les voix dissidentes doivent ainsi être réprimées car considérées comme « dangereuses et délirantes ». Le chercheur basé à Thessalonique n’hésite pas à affirmer qu’il s’agit « d’un contexte de totalitarisme » qui passe par un « contrôle de l’information sans pré- cédent depuis la dictature. Les autres opinions doivent désormais dis- paraître du débat public. Aujourd’hui, le Grec moyen dira que le plus grand problème auquel nous devons faire face, c’est l’anarchisme », souligne le sociologue, avec un sourire de dépit. Après l’effondrement de l’espoir institutionnel qu’incarnait Syriza pour la gauche, une opinion s’est encore davantage répandue dans la société : la seule option politique possible serait la voie autoritaire.

« Gérer les indésirables »

Dans ces circonstances, le parti du Premier ministre Kyriákos Mitsotákis a été élu en juillet 2019 sur un programme « Loi et ordre », associant un durcissement des politiques néolibérales et de la répression policière, en particulier dans la gestion des populations présentées comme « indésirables » ou « dangereuses ». Sur quel imaginaire politique et quels ressorts idéologiques s’appuient ces discours et ces politiques sécuritaires ?

L’idéologie sécuritaire régulièrement mobilisée par la classe dirigeante repose sur une représentation péjorative de la ville, systématiquement associée aux crimes, à l’incivilité, à l’insécurité et à l’image fantasmée d’une « vague migratoire ». La sociologie des risques urbains montre que de telles représentations témoignent de la pénétration d’un imaginaire raciste et xénophobe dans certains discours sur la ville ; d’une tendance à l’ethnicisation et à la pathologisation du « risque social ». C’est notamment à travers le capitalisme sécuritaire et le marché mondial de la coercition (9) que le capitalisme urbain se développe dans les métropoles. Cette idéologie sécuritaire est aussi une industrie qui repose sur l’image d’une « ville carte postale », parfaitement sûre, « rationalisée », propice aux flux financiers et à l’accumulation du capital. Cette industrie génère des profits grandissants et se nourrit de plusieurs peurs : celle de « l’étranger », de « l’immigré », du « jeune banlieusard », des « classes laborieuses, classes dangereuses » ou encore du « dangereux militant » (10).

Comme le montre bien le retour au pouvoir de ND en Grèce, cette idéologie sécuritaire est mobilisée à des fins électoralistes. Une rhétorique qui façonne des figures de « l’ennemi intérieur » et « extérieur », dont la désignation conduit à une définition elle-même sécuritaire des inégalités sociales. Pour Philippe Mary, le discours dominant sur les émeutes urbaines, l’économie informelle, les délinquances sexuelles ou encore sur le terrorisme conduit à un nouveau modèle de « gestion des risques ». Ainsi, il ne s’agit pas tant d’agir sur les causes des inégalités sociales que de déterminer des groupes prétendus « à risque » et de renforcer leur contrôle par des dispositifs policiers « avec, comme conséquence, une batterie de nouveaux dispositifs et une approche différente de l’individu et de sa responsabilité (11) ». « L’insécurité » est donc à la fois des discours, des représentations et des outils politiques, techniques et institutionnels au service d’une idéologie sécuritaire. En ce sens, « l’insécurité » est moins un problème ou une réalité qu’une « solution » pour reprendre les termes de Luc Van Campenhoudt (12) : c’est une façon de gérer la « violence urbaine ». Et, de ce point de vue, l’État possède un certain monopole de la parole légitime en matière de discours sur les « risques ».

Technologies pour traquer et enfermer les exilés

Concrètement, en Grèce, l’idéologie sécuritaire se traduit par l’instauration de politiques toujours plus hostiles aux exilés. Le Premier ministre se félicite d’ailleurs « d’avoir réduit les flux migratoires de 80 % en 2020, grâce au soutien de l’agence Frontex (13) ». Dès les premiers mois de son mandat, la majorité parlementaire a ainsi supprimé l’aide médicale universelle gratuite pour les personnes non assurées (dans les faits, le manque de moyens humains et matériels dans les hôpitaux publics rendait souvent inapplicable ce droit fondamental). Suivant la nouvelle circulaire, le numéro de Sécurité sociale est désactivé quand le demandeur est interdit de territoire sur le sol grec. Ainsi, seule une minorité d’exilés ayant obtenu le statut de « réfugiés » en Grèce peut espérer se faire soigner gratuitement dans le système public.

La construction de ce qui s’apparente à des camps de concentration (14) sur cinq îles grecques de la mer Égée illustre aussi cette politique de mise à l’écart, d’enfermement, de contrôle, de criminalisation et d’invisibilisation des exilés. Le premier « camp nouvelle génération » financé par l’Union européenne (UE) a été inauguré sur l’île de Samos : il est équipé de barbelés, de miradors, de caméras de vidéo- surveillance, de scanners à rayons X et de portes magnétiques. Cette politique d’enfermement et de tri des exilés menée par les autorités grecques reçoit le soutien indéfectible de l’État français. Lors de sa visite sur l’île en octobre 2021, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a loué le « modèle grec » : « Si tous les pays travaillaient comme la Grèce pour le contrôle des frontières extérieures, alors la question migratoire serait moins prégnante en Europe (15). » Invité à se prononcer sur la « gestion et le contrôle des flux migratoires » au sein de l’espace Schengen sur ERT (Ellinikí Radiofonía Tileórasi, télévision publique grecque), Emmanuel Macron a lui-même repris à son compte la distinction entre réfugiés et migrants, révélatrice d’un agenda politique sécuritaire des migrations (16).

Il s’agit de prendre la mesure de la violence de ces politiques d’épuisement et d’asphyxie de « l’Europe forteresse » qui rendent la vie impossible aux exilés. En plus d’atteindre aux libertés et à la dignité humaine, cette politique isole les exilés des réseaux de solidarité informelle. Or, en dehors des visites officielles, des observateurs indépendants (journalistes, militants, chercheurs, humanitaires) pourront-ils encore dénoncer les conditions de survie des populations « hébergées » ? Un décret publié au Journal officiel, à la fin de 2020, annonce la couleur. Il menace directement les organisations non gouvernementales de poursuites judiciaires, et empêche « toutes les personnes » (salariées et bénévoles) qui travaillent dans les camps de réfugiés de révéler la moindre « information, document ou donnée » sur leurs résidents. Cette clause de confidentialité demeure valable même à la fin de leur période de travail ou de volontariat. En verrouillant ainsi le droit d’informer, le gouvernement grec semble avoir pris acte de la mauvaise publicité de Mória, « le camp de la honte » de Lesbos.

La militarisation des frontières est particulièrement révélatrice des politiques sécuritaires, surtout aux abords de l’Évros à la frontière gréco-turque, où un mur de quarante kilomètres a été construit en 2020. Le long de ce fleuve, drones, capteurs thermiques et canons sonores sont utilisés pour pourchasser les exilés. Des centaines de militaires sont déployés sur cette zone sous contrôle exclusif de l’armée, bien que « des exilés continuent toutefois de traverser cette fron- tière greco-turque, ils ne reçoivent l’aide d’aucune ONG, d’aucun habitant, interdits dans la zone (17) ». La Grèce est, en effet, devenue un terrain de jeu technologique des entreprises spécialisées dans l’indus- trie sécuritaire. De nombreuses expérimentations de la police grecque sont en cours, avec le soutien de l’agence européenne Frontex, toutes les deux impliquées dans les « refoulements illégaux » à l’extérieur de l’Union européenne (18). La société française Cnim Air Space développe par exemple un modèle de ballon captif Eagle Owl, gonflé à l’hélium, capable de voler jusqu’à six cents mètres de haut. Actuellement utilisé par les autorités grecques et Frontex, il renvoie en continu des images vers une station positionnée au sol, prises avec sa caméra embarquée. Mais ce n’est pas la seule technologie répressive expérimentée contre les exilés en Grèce : le Roborder (contraction de robot et de border, « frontière » en anglais) prévoit pour sa part « un système de surveillance des frontières par un essaim de drones autonomes, capables par l’intelligence artificielle de déterminer les franchissements. Le projet iBorderCtrl ambitionne quant à lui de développer un algorithme capable de détecter les mensonges des migrants lors de leur passage à l’aéroport (19) ». C’est dans un tel contexte que le ministère de l’Immigration et de l’Asile grec a coorganisé, en octobre 2021, le Congrès international de la sécurité des frontières (20), à Athènes. Cet événement a réuni de potentiels clients, tels que des États, et les vendeurs de technologies sécuritaires, des industriels spécialisés dans la « gestion des frontières et de la sécurité ».

Répression inédite des militants radicaux

Report this AdCEn tant que militant solidaire d’un squat, j’ai pu constater les profonds effets de la vague de répression d’État menée à la fois contre les exilés, les universités (21) et les militants radicaux, depuis août 2019. Ainsi, le gouvernement grec procède à une militarisation de la police, à des investissements dans du matériel de surveillance et au recrute- ment de milliers de policiers. Il convient de citer ici les opérations « scoupa » (littéralement, opérations « coup de balai ») qui se réfèrent à l’expulsion, à l’enfermement, au contrôle au faciès et au harcèlement policier des personnes considérées « en situation irrégulière » par l’État grec. Le jour de l’expulsion de plusieurs bâtiments occupés par des exilés et des militants solidaires à Athènes (22), Stavros Balaskas, responsable d’un syndicat policier, a comparé les réfugiés à de la « poussière » et les militants anarchistes à des « détritus » (23). Ce champ lexical du « nettoyage » rappelle les heures les plus sombres du fascisme et montre le visage de la terreur d’État.

Avant même son élection, Kyriákos Mitsotákis avait promis de « nettoyer Exárcheia en un mois24 ». Exárcheia, où s’est focalisée mon étude sociologique, est un quartier du centre-ville athénien réputé pour la présence de nombreux squats et collectifs anarchistes. Depuis 2019, il a été régulièrement occupé par une police militarisée. La répression d’État contre les militants radicaux a été particulièrement violente à la fin de 2020, notamment durant la période annuelle de mobilisation politique pour le 17-Novembre, en référence à la date du soulèvement étudiant à l’Université polytechnique, en 1973, durant la junte militaire. Cette mobilisation a été marquée par une interdiction de manifester arbitraire et des violences policières sans précédent depuis la chute de la dictature des Colonels, en 1974. En outre, le 6 décembre 2020, douze ans après le meurtre par un policier de l’adolescent Alexis Grigoropoulos (25) à Exárcheia, le quartier était occupé par des centaines de policiers (au moins 4 000 policiers à Athènes) et notamment par les services antiterroristes. Dans la seule ville Athènes, 374 personnes (dont des avocats, des syndicalistes, des travailleurs de la santé, des étudiants ou des habitants d’Exárcheia) ont été arrêtées. Ce jour-là, chose exceptionnelle pour un ressortissant de l’espace Schengen, un Français actif dans les luttes en Grèce a été enlevé par la police, emprisonné et expulsé vers la France – avec interdiction de territoire jusqu’en décembre 2027 pour atteinte « à la sûreté nationale et politique » et « danger pour la santé publique » – simplement « parce qu’il était anarchiste (26) ». Au début de mars 2021, la situation du prisonnier communiste Dimitris Koufontinas (27) et des violences policières quotidiennes, répertoriées dans de nombreux quartiers athéniens et dans plusieurs villes grecques, ont provoqué des manifestations importantes et des émeutes. Plusieurs témoignages de manifestants arrêtés font état de tortures au Siège de la police hellénique de l’Attique (28).

La période que traverse la Grèce confirme que les violences d’État ne concernent plus seulement les exilés et les militants radicaux, mais un spectre de plus en plus large de la population. Car c’est bien d’un contexte de normalisation de « l’état d’exception », de l’agenda d’extrême droite et d’un fascisme rampant dont il est question. La journaliste néerlandaise Ingeborg Beugel est bien placée pour en témoigner. Après avoir mis le Premier ministre Mitsotákis face à ses mensonges sur les « refoulements illégaux » d’exilés en mer Égée, elle a été victime en novembre 2021 d’un déferlement de haine en ligne et dans les médias acquis à la cause du gouvernement grec. Quelques jours plus tard, dans la rue, un homme lui a jeté une pierre à la tête en l’insultant de « pute et espionne turque ». Dans la foulée, la journaliste a été contrainte de fuir la Grèce, où elle vit depuis quarante ans, pour se réfugier aux Pays-Bas. Arrêtée en juin 2021 en Grèce, elle est aussi accusée « d’avoir accueilli illégalement » un demandeur d’asile afghan chez elle, ce qui est passible d’une peine de douze mois de prison et d’une amende de 5 000 euros. Illustration que cette offensive contre un « ennemi intérieur » et un « ennemi extérieur » constitue en réalité deux composantes d’une même idéologie répressive. Une guerre d’usure menée simultanément contre les exilés, les militants solidaires et tout observateur indépendant un peu trop critique envers le pou- voir en place.

Nicolas RICHEN


SOURCES

1. Toute réflexion étant le fruit d’un effort collectif, je remercie ici tous mes interlocuteurs cités ou non dans cet article : galériens, travailleurs, militants, exilés, chercheurs (en particulier le géographe urbain Jean-François Pérouse), journalistes, photographes, cinéastes…

2. Contrairement aux usages médiatiques dominants et de sens commun, la « radicalité militante » est employée dans cet article pour désigner un engagement collectif contre l’ordre établi (notam- ment capitaliste et étatique) qui comprend à la fois une critique structurelle (radicalis signifiant « ra- cine »), une autre voie proposée face au statu quo (dimension hétérodoxique). En ce sens, le militant radical ou subversif s’oppose au militant réformiste. Les répertoires de l’action collective (Charles Tilly, La France conteste de 1600 à nos jours, Fayard, 1986) ne délimitent pas a priori ce qui relève de la radicalité militante, bien que celle-ci puisse englober des pratiques politiques qui sortent du cadre légal (manifestation non déclarée, sabotage, destruction matérielle, squat, etc.).

3. Naomi Klein, La stratégie du choc. La montée d’un capitalisme du désastre, traduit par Paul Gagné et Lori Saint-Martin, Actes Sud, 2008.

4. En Grèce, le terme « solidarité » (αλληλεγγύη, allilengýi) est historiquement mobilisé par les mou- vements anarchistes, anti-autoritaires et socialistes. Fortement liée à la notion de lutte des classes, la solidarité repose sur un idéal non hiérarchique, d’autogestion, de participation active, de relation de réciprocité et sur l’internationalisme.

5. Philippe Bazin et Christiane Vollaire, Un archipel des solidarités. Grèce 2017-2020, Éditions Loco, 2020.

6. Dimitris Psarras, Aube dorée. Le Livre noir du parti nazi grec, M éditeur et Syllepse, « Mauvais temps », 2014.

7. Le 31 janvier 2014 sur la chaîne de télévision privée Mega, Voúltepsi commentait ainsi le tragique naufrage près de l’île de Farmakonisi, où neuf enfants et trois femmes sont morts.

8. Notion théorisée par Antonio Gramsci (1891-1937), pour qui la lutte des classes doit inclure une dimension culturelle.

9 Mathieu Rigouste, La domination policière, une violence industrielle, La Fabrique, [2012] 2021.

10. Comme le montre Loïc Wacquant (« La tornade sécuritaire mondiale : néolibéralisme et châ- timent à l’aube du XXe siècle », Mouvements, vol.63, n° 3, 2010, pp.137-154), depuis la fin du XXe siècle, les grandes puissances impérialistes sont entrées dans une nouvelle phase de conquêtes tant à l’extérieur qu’à l’intérieur de leurs frontières. Un nouveau stade du développement de l’impé- rialisme qui se caractérise principalement par l’émergence de marchés globalisés de la surveillance, de l’encadrement et de la répression (voir aussi : David Harvey, Le nouvel impérialisme, Les prairies ordinaires, 2010).

Report this Ad11. Philippe Mary, « Les figures du risque et de l’insécurité. L’impact sur le contrôle », Informations sociales, vol.126, n° 6, 2005, p.16.

12. Luc Van Campenhoudt, « L’insécurité est moins un problème qu’une solution », Revue de droit pénal et de criminologie, n° 6, 1999, pp.727-738.

13. « Mitsotakis blasts use of migrants as pawns to pressure the EU », Ekathimerini, 21 mai 2021 (en grec, sur http://www.efsyn.gr/politiki/273872_apelasan-gallo-politi-epeidi-einai-anarhikos).

14. Je reprends ici la formule du sociologue Jean Ziegler, qui a réalisé une mission pour l’Organi- sation des Nations unies sur l’île de Lesbos, qui considère que « nous créons de véritables camps de concentration avec des conditions totalement inhumaines ». Voir Camille Pagella, « Jean Ziegler : “Nous avons recréé des camps de concentration” », L’Illustré, 23 janvier 2021 (sur http://www.illustre.ch).

15. Marina Rafenberg, « Gérald Darmanin encense le “modèle grec” des camps ultrasécurisés », Le Monde, 11 octobre 2021 (sur http://www.lemonde.fr).

16. « Macron : nous ferons tout pour soutenir la Grèce », ERT, 24 mars 2021 (sur http://www.youtube.com/ watch?v=pvVEVrwM9Mc).

17. Charlotte Boitiaux, « La frontière de l’Évros, un no man’s land grec ultra-militarisé où “personne n’a accès aux migrants” », Infomigrants, 5 octobre 2021 (sur http://www.infomigrants.net/fr/).

18. Katy Fallon, « Revealed : EU border agency involved in hundreds of refugee pushbacks », The Guardian, 28 avril 2022 (sur http://www.theguardian.com).

19. Hugo Robert, « Contre les migrants, toujours plus de technologie », Reporterre, 25 octobre 2021 (sur https://reporterre.net).

20. https://world-border-congress.com/

Report this Ad21. Après avoir supprimé l’asile universitaire, héritage des années qui ont suivi la dictature, le gou- vernement grec a décidé de mettre en place des unités policières spéciales sur les campus pour lutter « contre l’anarchisme ». Entre 1 000 et 1 500 policiers seront recrutés. D’après le Trésor public grec, le budget 2021 pour l’Enseignement supérieur s’élève à 92 millions d’euros. Le budget pour la police universitaire représente 20 millions d’euros, soit 22 % du budget total de l’enseignement supérieur.

22. Les services antiterroristes, les voltigeurs et la police secrète ont participé à l’expulsion de ces squats.

23. Passage télévisé en grec sur http://www.youtube.com/watch?v=W2HDaqb85NE

24. « Mistotakis on Alpha TV : I will cut taxes and clean up Exarchia (video) », Protothema, 10 janvier 2017 (sur https://en.protothema.gr/).

25. Dimitris Bounias et Nikolas Leontopoulos, « The Murder of Alexandros Grigoropoulos », The Press Project, 6 décembre 2014 (sur https://thepressproject.gr/).

26. Kostas Zafeiropoulos, « Ils ont expulsé un citoyen français parce qu’il était anarchiste ! », Η Εφημερίδα των Συντακτών, 21 décembre 2021 (en grec, sur http://www.efsyn.gr/politiki/273872_apela- san-gallo-politi-epeidi-einai-anarhikos).

27. « M. Koufontinas a été condamné en 2003 à onze peines d’emprisonnement à perpétuité pour participation à onze meurtres. Il est considéré comme le chef des opérations de l’organisation d’ins- piration marxiste-léniniste 17-Novembre ou 17-N, ayant commis des dizaines d’attentats et tué vingt- trois personnes entre 1975 et 2002. Parmi les cibles du groupe : des tortionnaires de la dictature des Colonels (1967-1974) toujours dans la nature après sa chute, le chef d’antenne de la Central Intelligence Agency (CIA) en Grèce – les États-Unis ayant soutenu la junte –, des responsables po- litiques ou hommes d’affaires turcs, grecs, etc.», dans Elisa Perrigueur, « En Grèce, juges, avocats, écrivains et militants au chevet d’un prisonnier d’extrême gauche en grève de la faim », Mediapart, 28 février 2021 (sur http://www.mediapart.fr).

Report this Ad28. Konstantinos Poulis et Thanos Kamilalis, « I confirm what the Greek Police is saying – no one called Dimitris was tortured. But I, Aris, was », The Press Project, 18 mars 2021 (sur https://the- pressproject.gr).

 

Procés Aube dorée

Procès de l’Aube dorée : le témoin oculaire du meurtre de Fyssa témoigne
Avec le témoignage du témoin à charge Dimitras Zorzou, qui était présente la nuit du meurtre de Pavlos Fyssas par Giorgos Roupakias, le premier procès de 2023 a débuté dans le cadre du procès Aube dorée, qui est jugé au second degré.

Ménélas Myrillas / SOOC

Le témoin a déclaré qu’elle ne connaissait pas Pavlos Fyssa et qu’elle se trouvait cette nuit-là, avec un ami, dans la rue où l’équipe d’assaut meurtrière de l’organisation criminelle néonazie a attaqué le groupe. Dimitra Zorzou a témoigné qu’elle était assise sur un banc adjacent lorsqu’elle a vu un groupe attaquer le groupe de Pavlos Fyssas et les frapper avec des battes, alors qu’à l’époque elle ne savait pas qu’il s’agissait d’un bataillon d’assaut de l’Aube dorée.

Lors de son témoignage, elle a vu une voiture rouler dans la direction opposée sur la rue Panagi Tsaldari (aujourd’hui Pavlos Fyssa), et un peu plus tard, elle a aperçu Roupakias sortir de la voiture et se diriger vers Pavlos Fyssa, le serrant dans ses bras, la victime criant « il m’a poignardé ».

Elle s’est plainte au tribunal que depuis qu’elle a trouvé le courage de témoigner au poste de police local au sujet du meurtre de Pavlos, elle a reçu de multiples intimidations et des dizaines de menaces contre sa vie.

Et vous pouvez suivre le procès d’aujourd’hui en détail sur Golden Dawn Watch  ou https://goldendawnwatch.org/

L’affaire Zac Kostopoulou devant le parlement européen

La demande de la mère de Jacques au Parlement européen acceptée

Le Comité discutera de la question de la brutalité policière et de l’impunité à l’occasion du rôle de la police dans le lynchage meurtrier de l’activiste et son acquittement par le tribunal mixte d’Athènes.

La famille de Zac demande justice et la poursuit en saisissant n’importe quel tribunal supérieur et commission qui peut examiner l’affaire de manière impartiale. Dans le texte de la requête, Eleni Kostopoulou a attiré l’attention sur le meurtre de son fils, déclarant qu’il existe une vidéo qui montre la manière brutale et inhumaine dont quatre policiers et deux civils ont traité son fils en lui donnant des coups de pied, de poing, en le traînant sur le trottoir, alors qu’il saignait, suffoquait et avait désespérément besoin de soins médicaux.

La candidature a été soutenue par l’Eurogroupe de gauche avec la proposition du député européen de SYRIZA-P.S. Alexis Georgoulis et a été votée par une large majorité des rapporteurs des eurogroupes des sociaux-démocrates, des verts et des libéraux (Renew). La proposition a rencontré l’opposition du rapporteur du Parti populaire européen, qui s’est abstenu. À ce jour, la pétition (n° 0605/2022) a recueilli 145 déclarations de soutien de citoyens européens sur le site internet de la commission des pétitions et reste ouverte aux déclarations de soutien.

Selon la procédure habituelle de la commission des pétitions, Mme Kostopoulou sera invitée à prendre la parole devant ses 35 membres et une discussion s’ensuivra entre les membres et un représentant de la Commission européenne pour décider des suites à donner à l’affaire.

Le 20 janvier, le procès au second degré doit s’ouvrir devant la cour d’appel, où les deux citoyens, le courtier et le joaillier, condamnés pour lésions corporelles mortelles à dix ans de prison chacun sans atténuation et sans libération conditionnelle, ont fait appel.

Source https://thepressproject.gr

Grèce : encore un jeune Rom tué par la police à Salonique

Le 5 décembre, Kostas Frangoulis, un Rom de 16 ans, a reçu 2 balles dans la tête tirées par un policier qui le poursuivait à moto. Son double crime ? Être parti d’une station-service de Thessalonique sans payer les 20 euros d’essence et conduire sans permis…

Après ce véritable réflexe anti-Roms du policier (qui ose parler de « bavure » ?), les Roms de Grèce ont été très nombreux à sortir dans les rues, face aux flics qui n’ont d’ailleurs pas hésité à s’en prendre violemment au père de la victime. Ces réactions de révolte sont à la mesure de la situation faite aux Roms du pays, traitéEs en citoyenEs de 5e catégorie : parquéEs dans des lotissements loin des centre-villes, vivant sans ressources et souvent sans accès à l’éducation, victimes des contrôles au faciès. Ils sont abandonnés dans une misère contre laquelle les travailleurEs sociaux et des associations luttent souvent en vain, aucun véritable moyen n’étant donné par le pouvoir pour aider les Roms à sortir de la pauvreté et de l’injustice. La réaction du pouvoir après le drame a d’ailleurs été d’envoyer la police fouiller les lotissements roms à travers le pays, donnant un nouveau feu vert au racisme anti-Roms de la police, avec les encouragements des médias aux ordres… La colère de représentantEs d’associations de Roms s’exprime tout simplement avec ce qui est devenu un mot d’ordre pour tous les Roms : Justice !

La grande peur du pouvoir

Dès le crime commis, le pouvoir a tout fait pour neutraliser l’information. Car il s’ajoute à une longue liste de crimes policiers que la jeunesse dénonce à travers le célèbre slogan : « Flics, cochons, assassins ! » Pour les dernières années : police accusée d’être impliquée dans les coups mortels portés au militant LGBTQI Zak Kostopoulos (2018), le jeune militant Vassilis Mangos tué sous les coups de la police à Volos (2020) après une manif contre les déchets de Lafarge-Aget, le jeune Rom Nikos Sambanis tué en banlieue d’Athènes de 36 balles tirées par 7 policiers (octobre 2021). Et d’autres encore… Sans oublier le meurtre du jeune Alexis Grigoropoulos le 6 décembre 2008, qui avait débouché sur des semaines d’une immense révolte, et qui a créé dans la bourgeoisie grecque un traumatisme durable du risque d’une insurrection de la jeunesse. Sa préoccupation depuis cette date, commémorée tous les ans par de grosses manifs en Grèce, est d’empêcher qu’une mobilisation durable et plus forte encore ne naisse de ces commémorations dynamiques. Et son seul moyen, c’est la répression, de plus en plus forte chaque année.

Une mobilisation durable

Après les manifs spontanées du 5 décembre, celles du 6 ont été cette année extrêmement massives et déterminées, avec un soutien très fort exprimé aux Roms… et la police partout, et son ministre (ancien du KKE, PC grec) accusant la gauche d’exploiter « une telle sorte d’événement ». Venant après les mobilisations très fortes du 9 novembre (grève générale) et du 17 novembre, elle traduit une colère et une détermination (face aux lacrymos et autres cadeaux policiers) croissantes.

Mardi 13, Frangoulis est mort des suites des blessures infligées. Le soir même, de nombreuses manifs ont eu lieu dans le pays, la police essayant de l’empêcher violemment à Athènes, en vain. Le pouvoir est donc engagé dans une inquiétante fuite en avant, Mitsotakis annonçant le 5 après le crime une prime de 600 euros pour tous les policiers, prime qui a été approuvée par Syriza et le KKE…

Jeudi 15, une grosse grève de l’Éducation nationale a vu sa manif athénienne attaquée par la police, preuve d’une répression dans tous les secteurs. Il faut dire que dans les slogans, on pouvait entendre : « Ce n’était pas un accident, c’est un crime d’État », ou « 600 euros pour les assassins, et des clous pour les enseignantEs » ! La jonction des luttes des jeunes, des travailleurEs, des marginaliséEs, voilà une ­perspective riche d’avenir.

 A Athènes, le 18 décembre 2022

Source https://nouveaupartianticapitaliste.org/actualite/international/grece-encore-un-jeune-rom-tue-par-la-police-salonique

Le “food pass” en Grèce

Le “food pass” en Grèce, mesure contre la vie chère ou tactique électorale ?

Face à l’inflation, le gouvernement grec va mettre en place une mesure visant à rembourser une partie des dépenses des foyers. Un choix électoraliste sans réelle conséquence sur la vie chère, dénonce “News 24/7”.

C’est la dernière mesure de soutien à la population grecque décidée par le gouvernement conservateur de Kyriakos Mitsotakis.

Alors que l’inflation tourne autour des 10 % en cette fin d’année 2022, un “food pass” doit soulager les foyers à partir de février et pour une durée de six mois. Les ménages grecs pourront ainsi se faire rembourser 10 % de leurs courses.

Selon les premières estimations, la mesure devrait coûter 640 millions d’euros et concerner 8,4 millions de citoyens grecs.

Les médias grecs ont sorti leurs calculettes, à l’instar de News 24/7. Le pure player de gauche assure que “la compensation de l’inflation ne correspond à rien d’autre qu’à un pourboire de 22 euros par mois et par personne”.

News 24/7 consacre un édito à ces nouveaux bons, après ceux pour l’essence, pour l’électricité… “Une vie au rabais”, titre-t-il ironiquement, critiquant la distribution de “bons” plutôt qu’un changement de politique.

“Le passe alimentaire n’est pas le seul ‘bon’ que le gouvernement a utilisé pour gérer sa communication sur la question de la vie chère.”

Une goutte d’eau

Le média d’opposition critique une “tactique électorale”, alors que les prochaines élections en Grèce auront lieu en 2023.

“Une goutte d’eau dans un océan de vie chère”, raille le site, rappelant par ailleurs que Kyriakos Mitsotakis s’opposait aux aides sociales avant de devenir Premier ministre du pays.

“Nous ne voulons pas de personnes dépendantes d’indemnités. Nous voulons des personnes qui vont reprendre leur vie entre leurs mains”, assurait M. Mitsotakis en novembre 2017, relève le média d’opposition.

“Les indemnités que K. Mitsotakis et les ministres de la Nouvelle Démocratie ont condamnées par le passé sont devenues une tactique préélectorale de base du gouvernement”, résume News 24/7.

“Le néolibéralisme met de côté ses concepts lorsqu’il s’agit de servir l’opportunisme préélectoral”, conclut le média de gauche

Source https://www.courrierinternational.com/article/inflation-le-food-pass-en-grece-mesure-contre-la-vie-chere-ou-tactique-electorale

Violence policière et mort d’un jeune de 16 ans

La police grecque affronte violemment des manifestants pour marquer la mort d’un adolescent

Par Eleni Stamatoukou

La police est accusée de brutalité excessive lors d’affrontements avec des manifestants à Athènes et à Thessalonique pour commémorer le meurtre d’un adolescent par la police en 2008 – un Rom de 16 ans a été hospitalisé.

Alors que des milliers de personnes sont descendues dans les rues d’Athènes et de Thessalonique pour le 14e anniversaire du meurtre d’Alexis Grigoropoulos, un étudiant de 15 ans, la journée a été marquée par des affrontements avec la police et l’agression d’un Rom de 16 ans, Kostas Fragoulis.

Selon le média grec Efsyn, la police anti-émeute a utilisé des gaz lacrymogènes, frappé des civils et procédé à des interpellations, dont neuf se sont soldées par des arrestations. Ils ont également pulvérisé des produits chimiques à l’intérieur de restaurants et d’immeubles d’habitation, pourchassant les personnes qui participaient aux manifestations.

Le 6 décembre 2008, Alexis Grigoropoulos et ses amis traînaient dans le quartier d’Exarchia, à Athènes, lorsque le groupe s’est disputé avec deux policiers, qui se sont d’abord éloignés avant de revenir.

Le garde spécial Epaminondas Korkoneas a abattu Alexis. Korkoneas a été condamné pour ce meurtre mais a depuis été libéré.

Immédiatement après la mort de l’adolescent, les gens sont descendus dans la rue et des émeutes ont éclaté dans toute la Grèce, entraînant la destruction de bâtiments publics et privés, principalement à Athènes.
Le père d’un manifestant mort, Vassilis Maggos, Yiannis, participe avec des manifestants à un rassemblement marquant le 14e anniversaire du meurtre de l’adolescent Alexis Grigoropoulos, à Athènes, le 6 décembre 2022. Photo : EPA-EFE/YANNIS KOLESIDIS GREECE OUT

La police a également été accusée de brutalité à Thessalonique, où un Rom de 16 ans, Kostas Fragoulis, a été blessé à la tête par l’arme d’un policier. Il a été hospitalisé dans un état critique.

Les procureurs ont accusé un policier de 32 ans de tentative d’homicide avec préméditation et d’utilisation illégale de son arme de service.

BIRN a demandé un commentaire à la police, mais a été renvoyé aux communiqués de presse. Selon la police, après avoir refusé de payer de l’essence, le véhicule de Fragoulis a effectué des manœuvres dangereuses et a tenté de percuter la moto des policiers, mettant ainsi leur vie en danger.

Face à un danger immédiat, la police a déclaré avoir fait usage d’une arme. Dans un second communiqué de presse, la police a annoncé l’arrestation du policier et une enquête officielle sur ses actions. Dans le même temps, il a été suspendu.

Des affrontements entre la communauté rom et la police ont éclaté mardi soir à Athènes et à Thessalonique. La police a été attaquée à coups de cocktails Molotov et de pierres, tandis que des barricades faites de poubelles ont été incendiées.
Photo : La police anti-émeute se tient près des flammes causées par un cocktail molotov lancé par des manifestants lors des affrontements qui ont suivi un rassemblement marquant le 14e anniversaire du meurtre de l’adolescent Alexis Grigoropoulos, à Athènes, en Grèce, le 06 décembre 2022. Grigoropoulos, un étudiant de 15 ans, a été tué le 6 décembre 2008 lors d’une fusillade apparemment provoquée par la police dans le centre d’Athènes, ce qui a déclenché des émeutes dans la capitale grecque. EPA-EFE/ORESTIS PANAGIOTOU GRÈCE OUT

Dans son rapport de juin 2022 sur l’arbitraire des autorités chargées des poursuites en Grèce, le médiateur grec note que l’année précédente, 308 plaintes ont été déposées, la plupart contre des policiers.

En octobre 2021, Nikos Sampanis, un Rom de 18 ans, a été abattu par la police lors d’une poursuite en voiture. La police a considéré que le véhicule avait été volé.

« Je ne sais pas dans quel pays développé quelque chose de similaire se produirait. Le ministre ferme les yeux sur les policiers accusés d’homicide, avant même qu’ils ne s’excusent, et discrédite en même temps tout concept de séparation des pouvoirs, une valeur fondamentale dans un État de droit », a déclaré le journaliste Kostas Koukoumakas à News247, qui a enquêté sur les brutalités policières.
Des véhicules passent devant des objets en feu après des affrontements entre Roms et policiers près du campement d’Ag.Sofia dans le quartier de Diavata à Thessalonique. Photo : EPA-EFE/ACHILLEAS CHIRAS GREECE OUT

Au milieu de ces développements, le Premier ministre a annoncé une allocation supplémentaire de 600 euros aux policiers et aux officiers du port. « Je ne pense pas que ce soit juste un mauvais timing », a déclaré M. Koukoumakas.

Le récent rapport de la Ligue hellénique des droits de l’homme documente que le recours à une force excessive et à l’arbitraire par la police grecque est un phénomène systémique.

« Les incidents ne sont pas isolés. Dans le même temps, il existe une culture bien ancrée d’impunité et d’absence de responsabilité en raison de l’insuffisance des enquêtes sur les affaires et de leur dissimulation systématique. Nous sommes à un point de basculement », a déclaré Katerina Pournara, avocate et membre du conseil d’administration de la Ligue hellénique des droits de l’homme.

Les recherches menées depuis plusieurs années par l’organisation de défense des droits Amnesty International ont également confirmé que la violence policière en Grèce est un phénomène systémique, et non exceptionnel, qui se reproduit à travers une culture de l’impunité.

« Les autorités grecques doivent rendre des comptes et protéger immédiatement les citoyens contre le recours illégal à la force et l’entrave à l’accès à la justice », a déclaré Despina Paraskeva-Veludogianni, responsable des campagnes d’Amnesty

Le procès en appel d’Amir Zahiri et Akif Razuli (communiqué)

Communiqué de presse des initiatives Legal Centre Lesvos, Aegean Migrant Solidarity, borderline-europe e.V., You can’t evict Solidarity et Deportation Monitoring Aegean

Le 8 décembre 2022, le procès en appel d’Amir Zahiri et Akif Razuli, reporté à deux reprises, a eu lieu à Mytilini, en Grèce. À la fin, la Cour d’appel composée de trois juges a acquitté Akif, mais a déclaré Amir coupable de « conduite de bateau » et l’a condamné à 8 ans de prison. Par rapport à la décision de toute première instance, sa peine a été considérablement réduite, ce qui signifie qu’il peut bénéficier d’une libération anticipée sur parole. Les initiatives Legal Centre Lesvos, Aegean Migrant Solidarity, borderline-europe e.V., You can’t evict Solidarity et Deportation Monitoring Aegean ont observé le cas de ces deux personnes à Lesvos et se réjouissent de leur prochaine libération de prison.

Après une journée de suspense quant à savoir si le procès allait avoir lieu ou être à nouveau reporté, le procès a finalement commencé jeudi en fin d’après-midi. Quatre témoins ont témoigné pour les accusés, qui étaient représentés par des avocats du Legal Center Lesvos et du Human Rights Legal Project Samos.

À la fin du procès, le procureur a proposé qu’Akif soit déclaré non coupable, en raison de l’absence de toute preuve qu’il conduisait le bateau, et les juges ont accepté.

Malgré les doutes émis quant à la culpabilité d’Amir, le tribunal l’a déclaré coupable d’avoir facilité l’entrée illégale sur le territoire, c’est-à-dire d’avoir conduit le bateau. Ils ont rejeté l’argument selon lequel Amir a été contraint de conduire le bateau par nécessité pour sauver la vie de sa famille et des autres personnes présentes sur le bateau – une raison légale d’acquittement. Toutefois, le tribunal a réduit sa peine à huit ans en raison de circonstances atténuantes, de sorte qu’il peut désormais demander une libération anticipée, compte tenu du temps qu’il a gagné en travaillant et en étudiant pendant son séjour en prison. Ce résultat, bien qu’insuffisant, est une bonne nouvelle pour sa famille.

Bien qu’il n’y ait jamais eu de preuves crédibles contre eux, les deux accusés sont maintenant en prison depuis presque 3 ans.

Le témoin des garde-côtes – le seul témoin de l’État contre Akif et Amir – ne s’est pas présenté une fois de plus pour témoigner au tribunal hier. Lors de leur procès en appel prévu en avril 2022, ledit témoin ne s’est pas présenté, ce qui a servi d’excuse pour reporter le procès.

Il s’agit malheureusement d’une situation courante dans ces affaires de « conduite de bateau », où les garde-côtes ou la police sont les seuls témoins contre l’accusé. Lundi dernier, dans l’affaire A.B., le tribunal de Mytilène a reporté le procès d’A.B. jusqu’en mai 2023, car le témoin des garde-côtes ne s’est pas présenté au procès et n’a pas donné d’excuse pour son absence. Bien que le tribunal ait infligé une amende de 200 euros à l’officier des garde-côtes pour ne pas s’être présenté, il s’agit d’une simple tape sur la main, alors que la vie d’A.B. est à nouveau maintenue dans les limbes pendant six mois supplémentaires.

Hier, le témoin des garde-côtes qui avait fait un témoignage écrit contre Amir et Akif ne s’est pas présenté au procès. Cette fois, heureusement, l’affaire a avancé.

Il est important de rappeler que les accusés ont témoigné lors du premier procès que lorsqu’ils ont atteint les eaux grecques dans leur voyage depuis la Turquie en mars 2020, les garde-côtes helléniques ont tenté de les refouler vers la Turquie et, ce faisant, ont endommagé le bateau qui a commencé à couler. Selon le témoignage des défendeurs, les garde-côtes ont alors été contraints de prendre tous les passagers à bord et de les ramener en Grèce. Il est particulièrement important de noter qu’hier, c’est le Procureur qui a soulevé la question de savoir s’il y a eu ou non une tentative de refoulement par les garde-côtes pendant la traversée d’Amir et Akif, dans son interrogatoire des défendeurs. L’absence continue du témoin des garde-côtes est également à noter, étant donné les implications qu’il pourrait avoir été impliqué dans cette tentative de refoulement – le véritable crime dans cette affaire.

Environ 40 personnes des groupes de solidarité et de la presse étaient présentes à l’intérieur de la salle d’audience et se sont rassemblées à l’extérieur après le procès. À 19 heures, lorsque les verdicts et les peines ont été annoncés, les deux hommes ont été accueillis par des banderoles et des chants célébrant leur liberté.

L’acquittement d’Akif Razuli et la réduction de peine d’Amir Zahiri, hier, constituent une petite victoire. Mais il s’agit d’un tout petit pas dans un contexte où il y a encore des milliers de personnes qui sont emprisonnées en Grèce avec la même accusation, simplement parce qu’elles cherchaient un meilleur avenir. Nous serons aux côtés de tous ceux qui sont en prison pour avoir franchi les frontières et nous lutterons avec eux pour leur liberté.
– Kim Schneider de l’initiative Vous ne pouvez pas expulser Solidarité.

Après presque trois ans, ce résultat est le strict minimum de ce que mérite Akif. Il est venu en Grèce comme réfugié et s’est retrouvé en prison sans aucune preuve contre lui. Nous espérons que la loi injuste contre la contrebande dont lui et Amir ont été accusés sera abolie et que la persécution des réfugiés dans les rouages du système judiciaire grec prendra fin.
-Vicky Aggelidou, du Centre juridique de Lesvos, qui a représenté Akif Rasuli.

    Si je ne considère que ce seul procès, je n’ai rien à critiquer du point de vue de la procédure. Cependant, la poursuite d’Akif Razuli et d’Amir Zahiri n’est pas faite de ce seul procès. Même si les violations précédentes étaient corrigées par l’acquittement d’Akif Razuli, il ne récupérera aucune des presque trois années qu’il a passées en prison sans raison. Et il ne faut pas oublier qu’Amir Zahiri a de nouveau été reconnu coupable. Bien que la peine ait été considérablement réduite et qu’Amir Zahiri puisse maintenant espérer être bientôt libéré sur parole, il s’agit toujours d’une condamnation motivée par des raisons politiques dans un procès qui n’aurait pas dû avoir lieu.    -Annina Mullis, observatrice du procès pour European Lawyers for Democracy and Human Rights et Swiss Democractic Lawyers.

Le procès d’hier a partiellement réparé une grande injustice contre Amir et Akif. Nous espérons qu’à l’avenir, nous ne verrons plus jamais de cas similaires de personnes condamnées sans preuves ni témoins et sans interprétation adéquate, comme ce fut le cas lors du tout premier procès d’Amir et Akif.
-Équipe de pacificateurs communautaires – Aegean Migrant Solidarity

Contact presse :
Lorraine Leete
Centre juridique de Lesvos
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Grèce : il y a 49 ans, le massacre de Polytechnique

A. Sartzekis
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Retour sur la mobilisation organisée le 17 novembre en Grèce à l’occasion du 49e anniversaire du massacre de Polytechnique.

Le 17 novembre 1973 est l’une des dates clés de l’histoire contemporaine grecque et des luttes politiques et sociales du pays : se situant dans le prolongement des innombrables actes de résistance au régime fascisant de la dictature des colonels (1967-1974) mis en place sur instigation de la CIA, des centaines d’étudiantEs avaient occupé l’Université Polytechnique d’Athènes (dans le quartier d’Exarcheia) et popularisé leur action en appelant à la chute des colonels. Ceux-ci ont alors lancé l’armée contre les étudiantEs, l’image du tank défonçant le portail de l’université étant connue de tous les Grecs depuis cette sinistre date. Bilan de la répression : au moins 24 morts, des centaines de blesséEs et d’arrestations. Un an plus tard, la dictature, de plus en plus déstabilisée, tombait, en envoyant l’armée grecque occuper l’île de Chypre et lui faisant subir une terrible défaite face à l’armée turque, ce qui a débouché sur le partage de l’île en deux zones depuis lors séparées par des murs.

Des manifestations très puissantes

Depuis la fin de la dictature, le 17 novembre est une journée de mobilisation de la jeunesse scolarisée, précédée souvent par des initiatives commémoratives (débats, concerts…) dont le sens n’a jamais été perdu malgré les ans.

Cette année, une semaine après le très grand succès de la grève générale du 9 novembre, le gouvernement espérait un « petit » 17 novembre. À cet effet, comme d’habitude il a voulu jouer sur la peur en déployant une armée de MAT (les CRS, presque 6 000 à Athènes) et en multipliant des hélicos avec projecteurs. À Salonique, le président de la fac, qui se réjouit que des flics puissent patrouiller dans « son » université, avait carrément fait fermer l’université, sinistre provocation contre la mémoire des luttes du peuple grec et tout simplement contre la démocratie.

Mais les discours lénifiants sur le 17 novembre comme « fête de tous les Grecs » (de même, le 1er mai est depuis l’époque du dictateur Metaxas la « Fête des fleurs ») et le cadre répressif n’auront servi à rien : de l’avis de beaucoup, les manifestations du 17 novembre ont été encore plus fournies que celles du 9 novembre. À Athènes, la police a compté 20 000 manifestantEs comme pour le 9, mais nos camarades de NAR annoncent entre 35 000 et 40 000 personnes. Les cortèges étudiants étaient incroyablement massifs, ceux des syndicats étaient souvent fournis, de même que ceux des organisations de la gauche révolutionnaire ou réformiste. Sans oublier des cortèges associatifs, comme celui des habitantEs d’Exarcheia, mobilisés contre un projet vicieux de station de métro sur la place du même nom. Et des manifs importantes ont eu lieu ailleurs, comme à Salonique, Patras, dans les villes universitaires de Crète…

Les mots d’ordre portaient bien sûr contre la politique du Premier ministre Mitsotakis, « Pain, éducation, liberté » étant plus que jamais un concentré des revendications sociales et démocratiques. Les mots d’ordre anti-impérialistes ont également résonné très fort, ce qui se justifie face aux cadeaux faits à l’impérialisme US qui peut maintenant disposer d’une base maritime au nord-est de la Grèce, à Alexandroupolis, pas loin de l’entrée dans les détroits menant à la mer Noire. Refuser que la Grèce soit impliquée dans une future guerre inter-impérialiste, notamment par le biais de ces bases, est central. Mais on doit pourtant noter une faiblesse de la dimension anti-impérialiste de cette manif de 2022, liée au fait que sur la question de la sale guerre russe en cours en Ukraine, en dehors de quelques organisations sur des positions marxistes révolutionnaires, le « moins mauvais » qu’on constate dans la gauche radicale et révolutionnaire grecque est de dénoncer à la fois l’impérialisme US et l’invasion poutinienne de l’Ukraine.

À Athènes, A. Sartzekis

Source https://nouveaupartianticapitaliste.org/actualite/international/grece-il-y-49-ans-le-massacre-de-polytechnique-0

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