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Séismes à la grecque et retour en Macronie

Me voilà donc rentré, depuis samedi dernier, de mon premier round nisyriote 2017. Entre deux séismes : le personnel, avec la liquidation de La Différence qui a descendu mon Tigrane au décollage, et le tellurique qui a secoué toute la région deux nuits avant mon départ.

Côté livre, je suis dans les démarches et les lettres recommandées pour me faire reconnaître créancier privilégié – le liquidateur judiciaire semblant ignorer le Code de la propriété intellectuelle qui établit les auteurs à ce rang, depuis 2006, pour leurs droits d’auteur des trois dernières années. Sans trop d’illusion, mais j’ai bien l’intention de ne pas laisser ledit liquidateur en paix. Et puis il faut se battre pour obtenir un état des ventes ; et puis je viens de poster le second courrier demandant notification de la restitution de mes droits – stade indispensable avant une éventuelle réédition, probablement dans une collection de poche – alors que cette restitution m’est due de droit. Et puis encore, je tente de m’opposer à la vente du stock des Tigrane en solderie : mais là non plus, pas de réponse. Grâce soit ici rendue à la Société des gens de lettres dont je suis membre et dont le service juridique a été d’une réactivité remarquable et d’une aide aussi efficace que cordiale. Il semble ainsi que le liquidateur soit obligé de me proposer… le rachat du stock à prix coûtant !

N’est-ce pas beau ? N’est-ce pas grandiose ? Non seulement le liquidateur ne me payera sans doute pas les droits d’auteur que me doit La Différence mais, si je veux éviter de voir mon livre traiter comme un objet vendu à l’encan, au prix du papier, et ce pour rembourser l’URSSAF, ou le fisc, ou… il me faudra, moi, le racheter !

Ma question est : à quoi sert le ministre de la Culture, de surcroît, une éditrice, si elle ne lève pas le petit doigt pour trouver une solution à la reprise digne d’un fonds de 40 ans comme celui de La Différence ? A quoi sert un ministre de la Culture qui laisse les artistes dans cet état de totale vulnérabilité quant à la préservation de leur droit moral ? Je ne parle même pas des droits financiers !!!

Quant au second séisme : merci d’abord à tous ceux qui ont pris de mes nouvelles. Kos a souffert (le centre de la ville essentiellement et de manière très localisée : j’y suis passé en transit samedi matin: un minaret d’une ancienne mosquée s’est effondré sur la place centrale, le port est zébrè par une fissure plus ou moins large, l’église principale lézardée; mais un autre minaret no loin est intact, la forteresse des chevaliers de Saint-Jean, apparemment aussi et le surlendemain, la vie en ville était normale. Nulle trace de panique chez les habitants ou les touristes, mais des caméras de télé agglutinées comme des mouches sur une merde dans le périmètre des dégâts : la catastrophe euro-allemande au quotidien que vivent les Grecs les laissent muets et indifférents; le catastophisme les fait bander), mais Nisyros est indemne.

Reste que, depuis 25 ans que je viens ici, j’ai vécu pas mal de tremblements de terre, notamment lors de la crise sismique de 1997(un séisme par jour pendant près d’un mois, des maisons lézardées et évacuées, la falaise du monastère de la Panaghia spiliani, au dessus de Mandraki, ébranlée….). Mais celui-là est d’un calibre exceptionnel. Se réveiller de son premier sommeil à 1h30 avec un lit qui vogue, sentir la maison littéralement onduler, tenter de descendre du moni (lit traditionnel en hauteur de 5 marches d’escalier étroites) en sentant non pas une vibration, mais un mouvement horizontal de cisailles, et surtout entendre un bruit de vagues et de ressac dans la citerne, comme si on était au bord de la mer alors qu’on est à 400 m d’altitude est une expérience qui me manquait… sans parler de la demi-douzaine de répliques pendant le reste de la nuit – à chacune on ouvre un oeil en se demandant si l’on a rêvé. Heureusement pour nous, les Nisyriotes, cette nuit Poséidon le Kosmoseïstis nous protégeait. Merci à lui.

Quant à la situation en Grèce, elle ne cesse de se dégrader. Sur tous les plans, économique, social, sanitaire. A Nisyros, nous avons eu de longues discussions avec des amis écrasés d’impôts qui ne savent plus que faire – les commerçants notamment qui doivent parfois payer plus – en raison du système d’avance d’impôt sur les années à venir – qu’ils n’encaisseront. Car juin et le début juillet ont été encore pires que l’année précédente déjà mauvaise. Les all inclusive de Rhodes ou de Kos (avant le séisme ; après avec le catastrophisme imbécile des médias ???) semblent certes faire le plein (discours officiel sur le record d’entrées), mais ce tourisme-là ne profite en rien à la Grèce. Les hôtels sont désormais la plupart du temps propriétés de sociétés étrangères, les recettes sont encaissées dans les pays de départ, les salaires de l’hôtellerie sont des salaires de misère (quand ils sont payés : voir plus bas), et les troupeaux qui pratiquent ce genre transhumance ne font plus travailler les commerces locaux puisqu’ils ont tout gratos dans leur usine à vacances idiotes.

A Nisyros, nous avons constaté, il y a deux ans que les institutions scientifiques grecques n’avaient plus les moyens financiers de surveiller les volcans de l’Egée et que cette tâche revenait désormais à un réseau d’universités solidaires qui grattent les fonds de tiroir de leur frais de mission – chez nous des Suisses et des Anglais. A Nisyros, cette année, le musée archéologique, ouvert il y a moins de 10 ans – un superbe musée, avec une muséographie intelligente – est fermé en raison des coupures de budget exigées par les Euro-Allemands. A Nisyros, la vieille dame qui tient une petite échoppe de fruits et légumes et me vend ses oeufs du cul des poules a été obligée de s’équiper d’une machine à carte de crédit (dont elle ignore le fonctionnement mais dont elle doit payer la location) : sinon, c’est 1500 euros d’amende.

Elle n’est pas belle, l’Europe ???

Mais en Grèce, la politique de l’UE conduite par le gouvernement de gauche dite radicale est aussi un mécanisme de spoliation de la propriété privée et de transfert massif de la propriété privée et publique, en partie vers un étranger qui dépossède les propriétaires grecs, exploite les salariés grecs et exporte ensuite les bénéfices réalisés sur le dos (aéroports, rachats de terrains et de biens immobiliers à bas prix, infrastructures hôtelières et développement du all inclusive qui permet de délocaliser les recettes…).

Le bradage des infrastructures est désormais acté. Comme nombre des aéroports grecs les plus rentables, celui de Kos à été soldé à Fraport, une société allemande – par pur hasard, bien entendu. Voilà plus de 20 ans que je le fréquente. L’affichage par télévision y fonctionnait parfaitement et les toilettes étaient d’une propreté… suisse. En arrivant à la mi-juin, nous avons eu la surprise de voir l’affichage des vols au-dessus des tapis à bagage réalisés au marqueur sur de grand panneaux de papiers, et le circuit d’affichage vidéo ne fonctionnait toujours pas, en pleine saison, cinq semaines plus tard. Quant aux toilettes, elles puaient la pisse. Toute l’efficacité allemande dans le dépeçage ! Compression de personnel, absence d’investissement, rentabilité maximale. Une espèce de métaphore de l’Union européenne…

Par le mécanisme d’endettement privé qui fut encouragé de manière totalement irresponsable, dans les années d’avant crise, par les gouvernements grecs, l’UE ou l’OCDE qui y voyaient un « modèle » de développement, et les banques (alors en grande partie propriété de groupes français qui se sont dégagés depuis), dans un pays qui ne connaissait quasi pas le crédit à la consommation, on a amorcé ce processus de spoliation qui est aujourd’hui entretenu par des impôts si lourds que les contribuables ne peuvent plus payer, par la baisse des salaires et des pensions ou par le non versement des salaires par les patrons que la Cour suprême vient de légaliser (voir notamment le dernier papier de mon ami Panaghiotis Grigoriou, aidez-le si vous le pouvez, sur son indispensable blog Greekcrisis).

Juste un exemple (paratagé hier sur Facebook par mon ami Constant Kaimakis : les travailleurs du groupe « Euromedica » en Grèce du Nord, et plus particulièrement la clinique « Κυανούς Σταυρός» (Thessalonique) et « Ζωοδόχος Πηγή» (Kozani), sont en grève depuis 10 jours pour obtenir le paiement de leurs salaires non payés depuis 5 à 10 mois selon les établissements. Leur syndicat dénonce ainsi :

« L’asphyxie économique au cours des sept dernières années a eu un impact négatif énorme sur la vie quotidienne de centaines de travailleurs, niant leur dignité et leur vie normale. Le Groupe « Euromedica » continue avec impunité la même pratique courante, laissant les travailleurs non payés avec des dettes qui se sont accumulés de cliniques en cliniques, avec comme argument que l’argent a été dépensé. A l’opposé de la pauvreté forcée dans laquelle se trouve l’ ensemble du personnel, on assiste à une augmentation du chiffre d’affaires de la société, qui a bénéficié du démantèlement de la santé publique. Ainsi, d’une part ils gagnent de l’argent, et de l’autre, ils ne payent pas leur personnel ! » et de préciser: « L’employeur fait tout pour arrêter les manifestations, en utilisant tous les moyens disponibles, que ce soit une autre promesse vide de paiement, soit en invoquant la fermeture de la clinique, ou en exerçant une pression sur les travailleurs pou se retirer de la grève. Mais devant eux se trouvent la détermination des travailleurs, qui continuent de lutter sans faire un pas en arrière. »

Mais comment vivent les gens qui travaillent ainsi sans être payés ? Ce que, une fois encore, la Cour suprême grecque vient d’entériner (vous comprenez, j’espère, que la réforme du Code du travail de Macron, les APL et toutes ces réformes que la France a trop longtemps différées, ne sont qu’un insipide apéritif à l’aube de l’ère Macron !). Ils empruntent, aux banques, sur la base des salaires qui leur sont dus et à des taux qui les ruinent, qui les obligent, à terme…

Ainsi se multiplient les saisies, et les ventes aux enchères qui, systématiquement, au moins dans les grandes villes, suscitent des manifestations de résistance qui expulsent les acheteurs potentiel, bloquent la vente… provisoirement.

Ainsi s’opère une autre spoliation à bas bruit, que je vois à l’oeuvre à Nisyros : nombre de Grecs qui ne peuvent plus vivre de leurs revenus, notamment des retraités qui ne touchent plus que 400 euros ou moins, ou qui ne peuvent plus payer leurs impôts cherchent à vendre à n’importe quel prix terres ou maisons qu’ils ont hérités de leurs ancêtres dans un pays où, avec la France de la révolution, la réforme agraire a été la plus poussée en Europe. Pour s’acheter six mois ou un an de répit.

C’est la saison des vautours (on en a un et il est français, à Nisyros) dont j’annonçais la venue dans un post peu après la trahison par Tsipras du référendum de 2015. Ces vautours-là sont en train de déposséder les Grecs de leur pays en rachetant tout à bas prix, ils sont chinois ou européens à Athènes, où la propriété grecque fond à vue d’oeil et où certains quartiers voient leur population expulsée par ces ventes et la conversion des appartements d’habitation en locations type AirbnB.

Le tout sous un gouvernement dit de gauche radicale qui s’est fait l’instrument docile d’une administration coloniale, d’une occupation euro-allemande qui ne dit pas son nom.

Et puis après le retour, il y a eu la reprise de contact avec le monde macronisé.

J’ai d’abord appris la grogne qui agite notre Grande Muette (il faut lire cet intéressant entretien de Coralie Delaume avec le général Faugère). Comment ? vous n’êtes donc pas au courant que la géniale politique de notre chancelière à tous (celle qu’on applique désormais à l’aéroport de Kos) a conduit l’armée allemande à immobiliser des hélicos et autres matériels pour en faire des réserves de pièces de rechange pour ceux qu’on arrive à faire voler encore. Comme ce qui nous reste d’appareil militaire est notre dernier point fort par rapport au suzerain allemand, et que le vrai projet macronien est de liquider en 5 ans ce qui reste de souveraineté à la France, je ne vois pas en quoi les décisions budgétaires de Génie sans bouillir sont surprenantes. Les coupes dans le budget de la Défense nationale, car c’est de ça dont il s’agit, pas « des Armées » qui seraient un corps séparé de la nation, se font naturellement au nom « des engagements européens », au nom d’un machin ultralibéral qui s’appelle l’Union européenne. La culpabilisation de la France – dans l’affaire du Vel d’Hiv notamment (je ne saurais écrire mieux, là-dessus, que ce qu’ont publié, sur leur blog respectif, Bertrand Renouvin ou Jacques Sapir – afin de finir de déculpabiliser l’Allemagne pour son histoire monstrueuse va d’ailleurs dans le même sens : la liquidation de plus de mille ans d’histoire au service d’un projet de soumission à un ensemble apatride et ultralibéral sous domination allemande.

Car, soyons clair, le projet macronien n’est rien de moins qu’un projet de trahison des intérêts fondamentaux de la nation.

Puis je me suis étonné de l’étonnement à propos de la réduction des APL : bonnes gens, adressez-vous donc à Bruxelles ou à Berlin ! Macron et sa bande de guignols ne sont là que pour appliquer les GOPE (Grandes orientations de politique économique) élaborées par la Commission européenne. Qu’écrivais-je donc, dans 30 bonnes raisons pour sortir de l’Europe, paru en décembre dernier, à propos des GOPE 2016, p. 162 ?

« Ces recommandations insistent sur la rigidité excessive du contrat de travail — les obstacles aux licenciements dans le cadre du CDI —, ainsi que sur l’insuffisance des possibilités de « dérogation aux accords de branches et aux dispositions juridiques générales sur les conditions d’emploi, par l’intermédiaire des accords d’entreprise ». Elles relèvent encore l’insuffisance des réformes levant les obstacles à la concurrence dans le secteur des services, la trop grande mansuétude pour les professions réglementées, des allocations de logement trop généreuses… »

Vous avez besoin d’un dessin ? Des GOPE, vous allez en bouffer pendant 5 ans, à la grecque ! Quant au troupeau des nombreux castors qui ont fait barrage, il n’a pas fini de barboter dans le lac de retenue !

Je me suis aussi amusé à la vue de quelques représentants du peuple en marche vers la grande Katastrophe : tel confondant le décret et la loi, tel incapable de comprendre la question qu’il est censé avoir écrite et qu’il n’est pas même capable de lire, tel qui se plaint que son mandat l »empêche d’aller au judo, tel qui ne savait pas qu’il fallait siéger pour… Les Bronzés font la loi ou Les Sous-Doués à l’Assemblée. je suis bien heureux de n’avoir pas participé à la mascarade démocratique de l’élection de cette meute qui votera comme un seul homme les pleins pouvoirs à Pétain ou Pét deux… Car qu’on ne s’y trompe pas : le cycle électoral que nous avons vécu depuis un an n’est plus qu’une parodie de démocratie. il n’y a plus de démocratie représentative, en régime d’Union européenne, que parodique et dérisoire. A la Vouli grecque, comme à l’Assemblée française, les soi-disant députés ne sont plus que des spectres qui s’agitent pour tenter de faire croire que la démocratie encore. C’est leur seule utilité.

Enfin, je m’indigne qu’on s’indigne de l’insuffisance de bombardiers d’eau pour combattre les incendies !

Palsembleu ! Il faut bien payer le prix de l’euro ! Monnaie surévaluée, déficit commercial, absence se croissance, chômage, donc déficits sociaux, donc austérité stupide pour rester dans l’euro, donc sous-investissement dans l’avenir partout… donc monaie toujours plus surévaluée, donc… Ca s’appelle une spirale mortifère qui devient mortelle si, comme en Grèce (voir ci-dessus les toilettes de l’aéroport de Kos), on se refuse de la rompre !

http://www.olivier-delorme.com/odblog/index.php?Nouvelles-de-grece-reenchainee

Grèce crise : Effet sur espérance de vie et sous alimentation

23/7/17 La crise économique raccourcit l’espérance de vie des grecs :

Un groupe de chercheurs a étudié l’espérance de vie en 2030 dans 35 pays à travers le monde, y compris la Grèce. La crise économique en Grèce a eu un impact considérable sur certains âges et raccourcit l’ ensemble des taux de l’ espérance de vie des taux, précise l’ étude de l’ Imperial College de Londres. « En Grèce, ces dernières années, il y a eu une augmentation de la mortalité à certains âges, ce qui est probablement lié à la situation économique difficile dans le pays. Le résultat a été un ralentissement du taux d’espérance de vie, qui reste faible dans ces conditions, » déclare Vasilis Kontis, l’un des chercheurs, au journal Kathimerini.
L’espérance de vie en Grèce est à la hausse depuis les années 1960 jusqu’au début de la décennie en cours. Jusqu’en 2012, l’espérance de vie des femmes était environ 83 ans et 78 pour les hommes.

« L’impact de la crise est importante, la Grèce a considérablement réduit les dépenses de santé. Les pays ayant une augmentation rapide de l’espérance de vie sont ceux qui ont des systèmes de santé solides, des soins de santé et des succès de la santé publique, tels que le pronostic et le traitement des maladies chroniques ou la réduction de l’obésité et du tabagisme » , a déclaré Kontis.

Pour qu’un pays ait ses citoyens qui vivent plus longtemps, les politiques doivent être mises en place pour assurer une bonne qualité de vie pour les personnes âgées et contribuer à éviter le fardeau sur le système de santé.
Données statistiques pour 2017: http://www.geoba.se/country.php?cc=GR&year=2017

20/7/17 Les grecs dans la misère réduisent désormais leur alimentation : La Banque de Grèce vient de sortir une étude qui démontre qu’en 5 ans, de 2009 à 2014, les grecs ont perdu 40% de leur richesse , avec une diminution annuelle de 26% ce qui les a amené à réduire leurs dépenses alimentaires de près d’un tiers!
En effet l’étude montre qu’en cinq ans, de 2009 à 2014, les ménages grecs ont réduit leur consommation alimentaire annuelle de 27%. La consommation alimentaire annuelle à la maison a diminué en moyenne de 29.4%. Pour les ménages les plus pauvres, la réduction est de l’ordre de 30,8%, alors que dans les échelons supérieurs de 32,3%. En outre l’étude note que pour les familles nombreuses (plus de 5 personnes), les ménages à faible revenu et les chômeurs il existe désormais un grave problème de couverture des besoins de base. D’une façon générale, près de 2/3 des ménages (65,3%) sont contraints de faire des coupes pour assurer des moyens de subsistance nécessaires. Les représentants de l’Association des industries alimentaires notent que cette baisse de consommation se traduit par exemple par une baisse des ventes de lait et du pain (au cours des deux premiers mois de 2017 7% de baisse des ventes pour le pain et le lait). En Janvier, le chiffre d’ affaires des ventes de produits alimentaires dans les supermarchés a baissé de 10%, alors que pour la première semaine de Mars, la baisse a atteint 15% par rapport à la même période l’an dernier.
Selon les recherches effectuées par Evangelos Charalambakis, publié dans le 45e numéro du Bulletin économique grec de la Banque de Grèce, pour la période 2009-2014, la valeur médiane de la richesse des ménages a diminué de 40%, un chiffre qui est considéré comme statistiquement très significatif. La baisse de la valeur de la richesse nette est principalement attribuable à la réduction de la valeur des biens immobiliers et secondairement des dépôts. En outre, l’étude montre une réduction de la valeur du solde des prêts totaux des ménages et des prêts hypothécaires, mais ce changement n’est pas statistiquement significatif. Outre la richesse des ménages, le revenu annuel médian des ménages a diminué de 26% sur la période 2009-2014. La diminution des revenus est statistiquement significative par rapport à la plage de la distribution. Le revenu limité et les impôts sont affectés de manière significative et la consommation des ménages.
Et n’oubliez pas …c’est la Banque de Grèce qui le dit …c’est dire …
Très bon clip résumant l’étude ,mais bien sûr, en grec…
https://youtu.be/C83BvwWPJ2M

Constant Kaimakis

À bas les dettes illégitimes : ici et maintenant !

Plénière d’ouverture de la Ve Université d’été du CADTM Europe par Camille Bruneau

Rythmée par les slams de Peter Assaghle (ATTAC Gabon), cette plénière permit de souligner l’ampleur et les enjeux de la crise de la dette, son caractère odieux, illégitime, illégal et insoutenable… et le besoin urgent de changement, d’actions et de désobéissance.

Introduction

Cette 5e Université d’été témoigne de l’envie de débattre, de réfléchir et de penser collectivement aux stratégies à mettre en place pour porter un coup d’arrêt aux cycles d’endettement qui sans cesse se renforcent.

Dans de nombreux pays, des gens luttent contre les dettes illégitimes, pour leur audit et leur annulation, contre les diktats des créanciers ou encore les fonds vautours. Sans oublier l’oppression des femmes et l’exploitation de la nature. Nous nous indignons face à l’Europe forteresse qui nous prive de la présence de deux militantes : Samia Lakraker d’ATTAC Maroc et Assa Souko de la CAD Mali. Le CADTM condamne fermement ce déni des droits fondamentaux qui nous empêche de travailler ensemble.

Depuis la dernière Université d’été, nous avons changé de nom : le CADTM est devenu le Comité pour l’Abolition des dettes illégiTiMes. En effet, les champs d’actions se sont élargis non seulement aux dettes du Nord suite à la crise financière de 2008 mais aussi aux dettes privées. Le terme abolition est plus fort que celui d’annulation dans le sens où il revendique la disparition même du concept de l’endettement illégitime. Le réseau CADTM s’étend avec l’adhésion en 2016 d’ATTAC au Gabon, au Luxembourg et en Italie.

Nous sommes ici car nous sommes toutes et tous convaincuEs que le système ne tombera pas tout seul, parce que nous ressentons l’urgence de désobéir et de développer des dynamiques de rupture ensemble. Presque 30 ans jour pour jour, Thomas Sankara (président du Burkina Faso) donnait son discours à l’Organisation de l’Unité Africaine, où il condamne la dette comme outil de domination et invite, urge même, les autres pays à refuser de la payer. Il leur disait, si vous ne m’aidez pas, je ne serais pas là à la prochaine réunion. En effet, trois mois plus tard, il fut assassiné, avec la collaboration des autorités françaises.

En honneur à Thomas Sankara, Peter partagea son premier slam dans lequel il affirme : « Sankara, à chaque fois que je désobéis, tu vis en moi ».


Cadrage historique de la dette et actualité sur le front de la dette illégitime – Eric Toussaint

Dans le cœur et les esprits des jeunes générations africaines, Sankara inspire toujours, en tant qu’homme exemplaire et pionner dans de nombreux domaines. En effet, il se battait également pour l’égalité homme-femme, la souveraineté alimentaire, etc. Lors de son discours, malgré les applaudissements, le visage de nombreux dirigeants africains avait déjà fixé son destin. En effet, eux étaient prêts à aller à Washington pour rembourser la dette et se débarrasser, en collaboration avec la France, de ce président qui dérangeait. Depuis deux siècles, le capitalisme a accumulé dans l’atmosphère ce qui provoque le réchauffement climatique et considère la nature comme un réservoir à exploiter. C’est un système qui pousse les peuples à produire pour les autres, et à ne pas consommer ce qu’ils produisent. C’est un système qui développe des centrales nucléaires, un système qui renforce l’oppression et l’exploitation des femmes.

Le système dette a précédé le capitalisme comme en témoigne la mise en esclavage pour dette qui a sévi dans le monde antique pendant des siècles. C’est un système parcouru de nombreuses révoltes, de la Grèce antique au mouvement Occupy Wall Street ou à l’Inde où des paysans en colère luttant pour l’annulation des dettes se sont récemment fait tuer. C’est un système traversé des luttes des femmes qui s’opposent au micro-credits, des étudiantEs qui se lèvent face au fardeau des dettes étudiantes (+- 100 milliards de dollars aux USA) ou encore des familles victimes des crédits hypothécaires abusifs et des expulsions.

Il pourrait y avoir des dettes légitimes, par exemple pour financer la transition écologique, et il y en a eu. Mais les dettes publiques aujourd’hui sont essentiellement illégitimes car elles financent des politiques extractivistes, militaires, le remboursement d’anciennes dettes illégitimes ou les sauvetages bancaires. Depuis des années, notre combat veut agir à la base et partout, si besoin, nous serons là pour aider à mettre en place des audits !

Liens entre dette publique et dette privée. Quelles luttes pour mettre fin au « système dette » ? – Lucile Daumas

Lucile commença par exprimer son malaise de représenter ATTAC Maroc en tant que Française, car les marocainEs n’ont pu obtenir de visa. « Il y en a marre que ce soit toujours comme ça, il faut lancer une campagne qui dénonce cette politique inhumaine des visas ! A Montréal, lors du Forum social mondial de 2016, le même problème est survenu et certainEs en ont conclu que la solution serait de faire ces rencontres dans des pays du Sud. Non ! Cela voudrait dire que nous acceptons le fait que nous, blancs/ches européenNEs pouvons aller partout et que les gens du Sud soient cantonnés au Sud. Nous refusons d’accepter ça ».

Depuis 2001, il est très dur pour ATTAC Maroc de poursuivre ses activités car l’association n’a pas de récépissé légal : elle n’est pas interdite mais tolérée. Ce qui permet toutes les répressions sans aucune justification par les autorités. Tout au long du weekend, circulera une pétition en support à ATTAC Maroc pour sa reconnaissance légale.

Les liens entre dette privée et dette publique, non évidents au sein du réseau CADTM il y a quelques années encore, se sont progressivement affirmés notamment au-travers de la lutte contre le micro-crédit : ce sont les mêmes mécanismes de domination qui entrent en jeu, au Sud comme au Nord (qui commence à souffrir des conséquences de l’austérité, reproduction implacable des Plans d’ajustements structurels). La dette privée est ancienne. On peut par exemple citer les dettes des employeurs envers les employés, qui avançaient la première rémunération et plaçait donc les ouvriers dans un cycle d’endettement, parfois intergénérationnel. En Inde, encore aujourd’hui, certains enfants naissent endettés ! Et finalement, la dette est un moyen de recolonisation. À travers la réinstallation des entreprises privées étrangères dans les pays du Sud, celles-ci augmentent leurs profits et leurs emprises alors que les consommateurs s’endettent face aux prix exorbitants du privée. La dette privée facilite la société de consommation et crée donc un marché pour les biens industriels – en Argentine, on peut littéralement tout acheter à crédit ! Son augmentation constante depuis 1968 peut aussi être considérée comme un levier de contrôle des luttes ; le crédit permet en effet de consommer même en périodes difficiles et donc de calmer le mécontentement général, tout en gardant en place ce système d’asservissement. Elle garantit de surcroit le profit des sociétés de services et la reproduction du système. Comme on peut le voir avec les emblématiques luttes paysannes en Inde, la dette privée correspond bel et bien à une privatisation de l’exploitation et l’endettement devient la lourde facture de la destruction de la solidarité.

De nombreuses luttes s’opposent aux dettes privées illégitimes. Pensons à la « révolution des pingouins », la lutte des étudiantEs chilienNEs contre les frais d’éducation exorbitants, ainsi que les inégalités et discriminations dans l’enseignement, ou alors aux luttes en Espagne contre le crédit hypothécaire, ou encore à la campagne de « naming and shaming » (faire honte publiquement aux créancier), centrale dans le mouvement 15M. Elles contribuent toutes à la reconstruction des solidarités.

Comment la lutte contre la dette en Grèce continue malgré la trahison en 2015 du gouvernement de Syriza ? Le devoir de désobéir – Zoé Konstantopolou

Zoé a tout d’abord remercié le CADTM pour son soutien dans l’audit de la dette grecque, véritable procès de libération du peuple. Depuis 2010, la Grèce est plongée dans une misère grandissante. Dès 2011, le peuple est conscient qu’il n’a pas à continuer à payer cette dette au nom de laquelle on l’asservit et se mobilise pour un audit citoyen, revendiqué notamment depuis le mouvement des places occupées. En 2012, Syriza s’engage à réaliser l’audit. Il est élu en 2015, année où le Comité Parlementaire pour la Vérité sur la Dette Grecque rend son premier rapport (avec le soutien de notamment Eric Toussaint) où il qualifie la dette d’illégitime, d’odieuse, d’illégale et d’insoutenable. Avec un tel rapport, le gouvernement Syriza avait une arme, qu’il n’a pas utilisée, et ce, à plusieurs reprises, trahissant, finalement, le peuple grec en juillet 2015 en acceptant un 3e mémorandum alors que la population s’y était opposée via referendum. En acceptant de rembourser, le gouvernement Tsipras se plie à la volonté des créanciers. Il dissout simultanément le Parlement qui avait créé le comité d’audit. Ce dernier n’arrête pas pour autant ses travaux et continue de condamner le mémorandum qui en s’opposant au referendum viole la constitution grecque ! Dès lors, commença une chasse aux sorcières contre les membres du comité qui voient leurs archives se faire saisir et leurs textes censurés. Alors que faire ? La réponse a un nom bien connu : la désobéissance.

Le comité s’est clairement engagé sur cette voie, notamment en continuant ses travaux et en organisant la deuxième séance publique de l’audit en automne 2017. Se développe actuellement en Grèce un mouvement populaire contre les saisies de maisons, qui se font maintenant de façon électronique ! Aussi une action de revendication historique se met en place. Alors que les retraites en Grèce sont coupées (200 euros par mois) et que le chômage touche 72 % des jeunes femmes, n’est jamais mentionnée la dette historique de l’Allemagne vis-à-vis de la Grèce. L’Allemagne n’a jamais signé d’accord de paix avec la Grèce car cela aurait impliqué une compensation massive. En 2014, le Ministère des finances a estimé cette dette à un montant de 341 milliards d’euros. Jusqu’à aujourd’hui, 72 ans après la fin de la deuxième guerre mondiale, aucun gouvernement n’a revendiqué cette dette. L’Allemagne refuse de la reconnaitre également, protégée par le gouvernement grec actuel. Nous demandons la justice pour touTEs et allons continuer nos travaux et actions : il faut désobéir de manière générale !

Continuons à lancer des alertes ! – Antoine Deltour 

Apres avoir travaillé deux ans dans un cabinet d’audit au G.D. du Luxembourg, Antoine Deltour copie des documents avant de démissionner en 2014. Ceux-ci témoignent du non-paiement de taxes par des sociétés multinationales basées au Luxembourg pour profiter du paradis fiscal. Il avait été interpellé et choqué en constatant que ces sociétés n’employaient pas une seule personne au Luxembourg : il copia donc toutes ces données. D’autres indices alarmant l’avaient amené à se poser des questions, comme le fait que certains mécanismes secrets appelés « tax rulings » octroient aux sociétés des traitements fiscaux spéciaux établis à l’avance, ainsi que le fait que beaucoup d’employéEs de sociétés ont pour consignes de ne pas coopérer avec les douaniers, mais de tout de suite appeler la direction en cas de contrôles. Dans un contexte de crise économique, il est d’autant plus inacceptable que des sociétés multinationales gagnent des fortunes, qu’elles prêtent ensuite aux États dont les caisses sont « vides », car ils n’ont pas récolté d’impôts de la part de ces mêmes sociétés ! Ceci a motivé Antoine Deltour à prendre le risque de devenir un lanceur d’alerte, ce qui a eu une certaine répercussion dans l’UE. Depuis, la Commission européenne impose le partage des données fiscales et des enquêtes sont en cours concernant McDonalds et Amazon entre autres. Les arguments contre ces sociétés ne sont pas que « des trucs de gauchiste » comme l’explique Antoine Deltour, mais on peut aussi franchement dire qu’avec ces fraudes fiscales, les sociétés faussent le marché, à leur avantage !

L’affaire Luxleaks a eu d’autres répercussions juridiques qui se sont in fine exercées non pas contre les responsables de cette évasion fiscale à grande échelle, mais bien contre les lanceurs d’alerte qui se retrouvent menacés d’une peine de plusieurs mois à plusieurs années d’emprisonnement. Finalement, suite à des procédures en appels et recours, le verdict de la justice luxembourgeoise fut surprenant : il serait désormais acceptable de briser le secret professionnel s’il s’agit de défendre l’intérêt général !

De façon plus générale, mais pas moins importante, cette affaire a permis de démontrer qu’il faut entamer des actions pour mieux protéger les lanceurs d’alerte et que c’est bien la mobilisation qui permet de continuer à dénoncer sans passer sous silence ! En effet, sans support populaire, l’affaire Luxleaks aurait pu tourner autrement. Mobilisons-nous, désobéissons !

http://www.cadtm.org/A-bas-les-dettes-illegitimes-ici

Cadre naturel La rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis  Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif  et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque.

Cadre naturel

Horizon et éloignement à perte de vue. Cadre dit naturel. Regard enfin dégagé, les îles bien connues des touristes, ou sinon, la montagne du pays dit “d’en haut”. Notre liberté en somme toute relative, se traduirait parfois par la capacité à prendre de la hauteur, en se délivrant, si ce n’est qu’exceptionnellement du “répétitisme” premier de la “gouvernance” actuelle. Et cet autre pays montagneux semble ainsi se maintenir coûte que coûte, entre (ses rarissimes) enclaves… touristiques, et ses multiples diagonales du vide qui se croisent. Athènes, c’est bien loin !

En ville de Trikala, le marché du lundi, juillet 2017

En plaine, par exemple pour la ville de Trikala (Thessalie de l’Ouest, à 340 kilomètres d’Athènes en allant vers le Nord), son “grand marché hebdomadaire” qui se tient chaque du lundi, restera encore pour longtemps une authentique institution sociale. Légumes, fruits, producteurs locaux, et aussi, cette grande affluence aux terrasses des cafés saturées. On aurait pu dire que la crise n’y est plus. Les bien rares (et chanceux) touristes qui s’y aventurent se posent d’ailleurs très naturellement cette question.

Sauf que de plus près, les réalités audibles et perceptibles y sont moins rassurantes. Lefki, originaire du village rencontrée en ville, exprime alors volontiers toute l’histoire de “l’exil nécessaire” que connaît son fils ainé: “Stéphanos vit en Allemagne depuis deux ans. Il a trouvé du travail dans sa branche, l’informatique et en plus, il est… régulièrement et normalement payé. Pas comme ici. En Grèce, il n’y a plus rien à faire pour les jeunes, Yórgos, mon autre fils rejoindra l’ainé, ou sinon, il partira aux États-Unis, un cousin éloigné s’y est installé déjà depuis 2010. Cela peut toujours nous être utile.”

Lefki n’a certainement pas besoin d’en rajouter. L’actuel “répétitisme” grec du régime de la Troïka (élargie), a d’abord et d’emblée concerné les rescapés du salariat… devenu quasi-inexistant et cela sous de différents prismes. Ainsi, près d’un million de travailleurs du secteur privé en Grèce, ne perçoivent plus de salaire, ou sinon, ils sont payés de manière partielle et largement intermittente. Car les “retards” pratiqués de manière désormais généralisée par employeurs ne respectant plus les délais relatifs au versement des salaires peuvent être bien longs, allant de trois à dix-huit mois. Les patrons donc en rajoutent, “crise oblige”, et depuis un moment déjà, une certaine “Justice”… les accompagne à sa manière.

Employée de distillerie. Région de Trikala, Thessalie, juillet 2017
Distillerie, petit vin au contrôle qualité. Trikala, juillet 2017
Les cuves de la distillerie. Trikala, juillet 2017

Alors que la majorité des travailleurs du pays sont pris en otage, subissant de fait ce régime particulier du non-paiement de leurs salaires par les employeurs, la Cour Suprême à Athènes, par sa décision (677/2017 du 4 juillet 2017) confirme que “le non-paiement des salaires des employés, même prolongé dans le temps, ne suffit pas à lui seul pour établir la notion du changement défavorable dans les termes de leurs contrats pour les employés, dans la mesure où ce non versement des salaires n’est pas liée à l’intention de l’employeur de forcer l’employé à démissionner, évitant donc de lui verser une indemnité de départ”, (presse grecque, juillet 2017).

L’évolution grecque sous le régime d’exception (devenue la nouvelle règle) de la Troïka (comme des patrons du coin) est depuis 2010 fort saisissante. Ce qui semble être encore réglementaire et admissible ailleurs en Europe, par exemple en France, les mesures notamment relatives à la protection du salarié, tout cela appartient déjà aux yeux des Grecs, à une… autre civilisation:

“En effet, le retard dans le paiement du salaire est considéré comme une faute grave de l’employeur et ce, ‘peu important que ce manquement soit justifié ou non par des raisons légitimes’ (Cour de cassation, chambre sociale, 27 mars 2008). Si le retard dans le paiement est trop important, le salarié pourra obtenir la rupture de son contrat de travail. Cette rupture sera alors qualifiée de licenciement sans cause réelle et sérieuse, donnant ainsi droit au versement d’indemnités. Enfin, le non-paiement des salaires constitue une infraction pénale, passible de l’amende prévue pour les contraventions de la troisième classe. (Article R. 3246-1 du Code du travail)”, Presse électronique spécialisée en France (“Saisir les Prud’hommes”).

Vue de la ville de Trikala, Thessalie, juillet 2017
Aux monastères des Météores. Thessalie, juillet 2017
Travailleurs aux monastères des Météores. Thessalie, juillet 2017

Cela dit, comme par exemple à cette distillerie de la région de Trikala (Thessalie), nous pouvons encore rencontrer des employés… régulièrement payés et à l’heure, heureux moments historiques ! Ailleurs, ce n’est pourtant pas le cas et cela jusqu’au paroxysme.

Paroxysme donc, car Athéna âgée de 42 ans, employée aux enseignes Karipidis à Giannitsa (agglomération du nord de la Grèce), vient de se suicider (11 juillet 2017, et la presse grecque a pour une fois très largement évoqué son suicide) . Athéna a même laissé un ultime message, rédigé à l’attention de son frère, avant de s’ouvrir les veines, enfermée dans la salle de bain du domicile familial. Leur père, petit fabriquant, équipementier en métallurgie, s’était suicidé au début de la crise par pendaison, dans les locaux de son entreprise en faillite.

Athéna, ne supportait plus d’être prise en otage (ni payée, ni licenciée). Elle n’était pas rémunérée pour son travail depuis quinze mois. Plus de 170 plaintes ont été déposées par les salariés de l’enseigne, plaintes motivées par le non-paiement des salaires, sans résultat. Cadre… naturel de la dite “crise grecque”. Regard finalement dégagé… mais autrement.

Le cas d’Athéna, devenue définitivement et… pour tout dire (employée) pleinement invisible, demeurera manifestement ignoré des visiteurs du pays. Leur instantané vécu sur place est suffisamment divergent. Ainsi, les terrasses des cafés si fréquentées à Trikala comme ailleurs, feront même parfois douter de l’état létal d’une bonne part de l’économie comme de la société du si beau pays visité.

Selfies touristiques aux Météores. Juillet 2017
Thucydide et Aristote représentés. Monastères des Météores. Juillet 2017
Chat des monastères. Météores, juillet 2017
La statue dite ‘du Philosophe’. Musée de Delphes, juillet 2017

Dans le même état d’esprit… circulaire, les autoroutes grecques restent le plus souvent vides (même en plein été), et les routes des montagnes (goudronnées) désertes. Enfin, les habitations des villages, y compris en plaine (bourgs situés à peine quelques kilomètres seulement de Trikala, ville chef-lieu de l’ex-département homonyme), sont bien souvent inoccupées, car les habitants ont récemment émigré, le plus souvent en Allemagne.

Au village Trikalióte, ma cousine Miranda et son mari Kóstas sont revenus juste pour passer l’été. Ils ont quitté la Grèce pour l’Allemagne pratiquement au même moment que leurs deux enfants ainés, entre 2012 et 2013. Leur fille cadette quant à elle, elle a plutôt choisi Londres pour y vivre et travailler, Brexit ou pas d’ailleurs.

Miranda et Kóstas savourent en quelque sorte ce retour estival au village, ils y ont emmené avec eux leurs petits enfants, scolarisés déjà au sein du système éducatif de la… Grande Allemagne, et de ce fait, ne pratiquent plus tellement bien la langue… de la colonie. D’où tous ces efforts consentis par Miranda et par Kóstas, car comme ils aiment le dire: “C’est notre sang, et c’est autant notre langue, la crise a ainsi fait le reste”.

Et pourtant, à peine à 25 kilomètres du village si ignoré de Kóstas et de Miranda, c’est aux monastères des Météores que l’affluence touristique redevient cette année très importante, après quelques années… toutefois calmes. Les visiteurs nouveaux sont essentiellement issus des pays de l’Est, et particulièrement de culture Orthodoxe, venus le plus souvent en voiture depuis leurs propres pays. Ils sont ainsi Bulgares, Serbes, Roumains, Ukrainiens, Russes et parfois Hongrois et Tchèques (ces deux derniers peuples sont comme on sait de culture Catholique et Protestante).

Iconographie aux monastères des Météores. Thessalie, juillet 2017
Lecture… éclairante. Monastères des Météores. Thessalie, juillet 2017
La légende du drapeau nazi représentée. Monastères des Météores. Thessalie, juillet 2017

Car les Météores, incarnent avant tout, ces musées consacrés principalement à la pratique et à l’iconographie Orthodoxes (très belles fresques), avant autre chose. Et c’est seulement durant les moments de leur fermeture au public (tôt le matin et à partir de l’après-midi) que leur fonction monastique redevient alors essentielle. Réputés riches (cela à juste titre), les Météores, constituent alors quelque part la fierté la mieux visible de toute une région.

Les touristes y réaliseront fatalement de leurs selfies, les moines les attendront très souriants derrière leurs caisses dans les points de vente au sein des monastères, tandis que l’iconographie des lieux sera parfois celle de l’Hellade héritée de l’Antiquité, et autant, celle de la Grèce contemporaine. Une certaine iconographie très actuelle par exemple, rappelle ainsi volontiers cette légende que les moines aiment parfois raconter: “Durant l’Occupation, le premier militaire Allemand ayant voulu planter l’étendard nazi ici, il a glissé et il a perdu sa vie dans le précipice entre les rochets. Volonté divine…”

Mieux vérifiables que cette légende datant de 1941, nos histoires vraies de 2017. Durant la semaine du 10 juillet, les médias locaux ont alors évoqué ces deux cas de tentatives de suicide, visiblement “économiques”. Un homme, puis deux jours plus tard une femme, avaient menacé de se suicider en se jetant du bord du précipice aux Météores. La police et les pompiers, accompagnés par deux psychologues dépêchés sur place, ont fort heureusement réussi à dissuader les deux malheureux.

“Ces deux tentatives s’inscrivent alors dans une bien longue série de suicides ou de tentatives non abouties. Il faut arrêter les gars avec les Météores. Il faut respecter les lieux et surtout, comme c’est la saison touristique, vos histoires deviennent très gênantes pour notre image. C’est triste à dire, mais ces malheureux, dans la mesure où ils sont hélas fort déterminés à mettre fin à leurs jours, ils devraient opter… pour d’autres lieux et pour d’autres manières… plutôt que pour les Météores. Laissons enfin les Météores tranquilles”.

Voilà pour… cet étonnant commentaire de la part du journaliste sur la radio locale de Kalambáka, ville bâtie sous les Météores, (émission de la zone matinale du 11 juillet 2017 et presse locale), toujours sous les rochets et montagnes du pays supposé bien “d’en haut”.

Restaurant en faillite. Village de montagne. Thessalie occidentale, juillet 2017
Bénédiction. Église en ville de Trikala, juillet 2017
“Animaux sauvages”, boucherie-gibier en faillite. Montagnes de Thessalie, juillet 2017
Le jeune chien du restaurant près de Kalambáka. Juillet 2017

Thessalie Occidentale, région visitée ainsi parfois pour ses beautés ignorées (en dehors des Météores). Depuis l’effondrement du tourisme interne et grec, plus de la moitié des hôtels, restaurants et cafés situés en zone de montagne ont déjà fait faillite, dont les “Animaux sauvages”, boucherie-gibier à mille mètres d’altitude et à 30 kilomètres de la ville de Trikala.

La région n’est certes pas touristique (hormis les Météores), et ses rares visiteurs se baignent ainsi… bien à l’écart, dans les lacs en altitude, comme ils sont souvent les seuls à visiter les monuments de la ville de Trikala hérités de la période de la domination Ottomane, tout comme le tout nouveau musée dédié au chant Rebétiko et plus précisément à celui de la figure de ce genre musical, Vassílis Tsitsánis , qui fut un enfant de Trikala.

Enfin, toujours loin du “répétitisme” issu de la “gouvernance” actuelle, j’ai eu le plaisir, tout comme l’occasion d’évoquer l’histoire personnelle de Tsitsánis en discutant avec le responsable du musée. Il ne savait pas par exemple, que le frère de mon grand-père avait été durant un bien long moment, le fiancé de la sœur de Vassílis Tsitsánis, un amour alors mort avec le temps dans les années 1930.

Musée Vassílis Tsitsánis. Trikala, juillet 2017
Visiteurs (souvent soldats) et leurs traces de 1949. Trikala, juillet 2017
Thessalie, en montagne. Juillet 2017
Patsas, soupe… de tradition. Trikala, juillet 2017
Baignade, lac en altitude. Thessalie, juillet 2017

Petites histoires accompagnant la musique des grands événements, comme autant ces traces laissées par les visiteurs-soldats du temps de la Guerre civile datant de 1949. Près des Météores, le vieux restaurateur précisera à l’attention des clients non sans fierté, que le dernier né de la portée de sa chienne, sera bientôt emmené à Athènes. “C’est un prêtre, frère d’un moine des Météores qui vient de l’adopter. C’est un très beau chien!”.

Région d’élevage (activité certes en perte de vitesse), et en ville de Trikala, ils subsistent encore certains petits restaurants, ouverts uniquement de 6h du matin à midi servant exclusivement et uniquement les diverses variantes de “Patsas”, soupe aux tripes, aux abats et à la viande.

Horizon et éloignement parfois à perte de vue. Cadre dit naturel. Plus au sud, rares sont ceux qui pour l’instant ils embarquent à bord des ferrys du coin, à destination de l’île d’Eubée, proche de la Grèce du continent. Devant le musée de Delphes, certains touristes découvriront toutefois toute la spontanéité des animaux adespotes des lieux et fiers de l’être. On saluera même Thermopyles pour la bataille déjà, Athènes, c’est encore loin !

Embarquement à destination de l’île d’Eubée. Grèce centrale, juillet 2017
Delphes, juillet 2017
Devant le musée de Delphes. Juillet 2017
Thermopyles. Juillet 2017
Thermopyles, juillet 2017

Notre liberté, en somme toute relative, se traduirait parfois par la capacité à prendre de la hauteur, en se délivrant, si ce n’est qu’exceptionnellement du “répétitisme” issu de la “gouvernance” actuelle, loin par exemple, des… usages des oiseux fréquentant les rivières de la Thessalie.

Dimanche 16 juillet, et à Athènes comme à Thessalonique, de nombreux employés et citoyens ont manifesté tout leur écœurement face à l’ouverture des commerces chaque dimanche. Une exigence économique et… culturelle de la Troïka (et particulièrement du FMI), que le “gouvernement” Tsipras vient d’adopter, comme d’ailleurs tout le reste.

Intempéries, violents orages et temps très instable, voilà pour le seul changement dans les moments actuels grecs. Ma cousine au village a de nouveau récupéré un chat adespote, désormais mieux soigné car “il le mérite bien”. Et dans l’hôpital public de la région… on récupère alors les malades comme on peut. Histoires présumées parallèles.

Notons que dans cet hôpital, il n’y a parfois qu’un seul biologiste pour pratiquer les analyses, et les patients, (sauf alors grande urgence) peuvent ainsi attendre près de six heures en ambulatoire (restant assis). Et comme en plus le service de neurologie est fermé, c’est à partir d’une liste qui circule (allégrement et officiellement), que les patients doivent choisir “leur” neurologue exerçant en secteur privé. Il s’y déplacera… et il facturera ses consultations, évidemment au prix fort non remboursé. D’autres patients seront priés de se rendre à un autre hôpital public, à plusieurs dizaines de kilomètres de la ville pour à peu près la même raison.

Les temps orageux sont de retour. Thessalie, juillet 2017
Oiseau et… sa rivière. Thessalie, juillet 2017
Le chat adespote adopté par ma cousine. Thessalie, juillet 2017
Instantané. Hôpital Thessalien, juillet 2017

Pays montagneux aux multiples diagonales du vide qui s’entrecroisent, et cela même dans ses hôpitaux. Cadre dit naturel, et c’est pourtant merveilleusement étonnant, si ce n’est qu’une bien petite sieste devant le musée de Delphes.

Comme le dirait le poète Ángelos Sikelianós , quand tout devient silence ou alors méditation. Dans les années 1920, Sikelianós réside en permanence à Delphes, où il lui arrive d’accueillir des visiteurs étrangers de renom. Il y commence à organiser son projet delphique, à savoir, refaire de Delphes, comme dans l’Antiquité, un centre spirituel capable de transcender les différences entre les peuples.

Athènes, c’est peut-être loin !

Une petite sieste ! Musée de Delphes, juillet 2017
* Photo de couverture: En montagne. Thessalie, juillet 2017

mais aussi pour un voyage éthique, pour voir la Grèce autrement “De l’image à l’imaginaire: La Grèce, au-delà… des idées reçues !”   http://greece-terra-incognita.com/

Bilan du convoi solidaire en Grèce de mars-avril 2017

Voici publié par Yannis Youlontas le bilan du convoi solidaire en Grèce de mars 2017 auquel avait participé le collectif de Grenoble.

Lors de la prochaine réunion du collectif du 4 septembre nous examinerons les modalités pratiques de participation au convoi de novembre 2017.

Bilan du convoi solidaire en Grèce de mars-avril 2017 : plus de 100 000 euros apportés ! 

Avec les camarades du dernier convoi, durant nos retrouvailles récemment, nous avons tenté une petite évaluation chiffrée du total transporté (uniquement pour le convoi solidaire de mars-avril, avec 26 fourgons et 62 convoyeurs).

Voici ce bilan :

2 tonnes de lait infantile en poudre —> valeur 19 000 €
18 000 couches —> 4 000 €
Soin et nourriture bébé —> 9 000 €
Produits ménagers et d’hygiène —-> 5 000 €
Fournitures et matériels médicaux —> 25 000 €
Alimentation —> 12 000 €
Electroménager —> 4 000 €
Jouets et livres —> 3 000 €
Fournitures scolaires —> 2 000 €
Divers —> 1 000 €
TOTAL MATÉRIEL : valeur 85 000 €

TOTAL ARGENT apporté par les convoyeurs* : 19 280 €

TOTAL CONVOI MARS-AVRIL : environ 104 280 €

Ceci est, bien sûr, le record absolu en la matière ! A titre de comparaison, en janvier, nous n’avions apporté que 4 170 € en argent et environ quatre fois moins de matériel (avec 7 véhicules dont 3 pour Athènes), soit un total d’un valeur de 25 000 € environ, ce qui était déjà énorme.

Le convoi de mars-avril a plus que quadruplé notre force d’action et l’arrivée bruyante des 26 fourgons dans Exarcheia le 28 mars vers 17 heures, avec des fumigènes, des klaxons, des chansons, des sourires et des drapeaux (noirs, rouges, rouges et noirs, ZAD, Attac, etc.) marque encore la mémoire du quartier et des visiteurs.

Le plus important d’après nous ? C’est surtout qu’absolument tout ce qui vous a été demandé a réussi à être transmis, sans intermédiaire et sans aucun frais (ni salaire, ni coût du transport puisque chaque fourgon était autofinancé), directement au mouvement social qui résiste en Grèce et organise l’entraide dans l’autogestion. Un défi pas si facile qu’il n’y parait.

Merci encore et bravo à tou-te-s.

Y.Y. po/ Anepos

*Au sujet de la répartition de l’argent, lire ici : http://blogyy.net/2017/07/21/convois-solidaires-quelques-mots-sur-la-repartition-de-largent/

Quelques photos du convoi de mars-avril 2017 : http://blogyy.net/2017/07/21/convoi-solidaire-en-grece-de-mars-avril-2017-quelques-photos-qui-en-disent-long/

Si vous voulez continuer à nos côtés, notre appel pour la suite (août-novembre 2017) est téléchargeable ici, en PDF :
http://blogyy.net/wp-content/uploads/2017/07/Liste-des-besoins-pour-la-collecte-des-convois-solidaires-en-Grèce-daoût-et-novembre-2017-anepos.pdf

 

Le retour de la Grèce sur les marchés ?

Le retour de la Grèce sur les marchés est-il une si bonne nouvelle ? par Romaric Godin Médiapart

La Grèce s’apprête à faire de nouveau appel au marché pour financer sa dette, après trois ans d’absence et sept ans de crise. Mais ce retour n’a rien de l’épilogue d’une crise interminable. C’est bien plutôt une impasse de plus qui, cependant, met en relief l’exigence d’une réduction du stock de dettes.

La Grèce s’apprête donc à « revenir sur les marchés » et à émettre une dette de marché d’un montant de 4 milliards d’euros et pour une maturité de cinq ans. Même si selon le site grec Macropolis, l’opération devrait avoir lieu la semaine prochaine seulement, le succès de la manœuvre semble acquis, trois ans après la dernière apparition de la République hellénique sur le marché. À cette époque, le gouvernement de « grande coalition » d’Antonis Samaras avait levé 4,5 milliards d’euros à trois et cinq ans. Sans doute son successeur, Alexis Tsipras, devenu premier ministre en janvier 2015, célébrera-t-il ce retour comme un succès de sa politique économique, laquelle est en réalité entièrement inspirée par les « institutions » qui pilotent le troisième plan « de sauvetage » lancé en août 2015.

Qu’en est-il exactement ? Cette future levée de fonds est-elle le signe réel d’une sortie de crise de la Grèce, huit ans après ses commencements ? Ce sera sans doute la narration dominante. Si des investisseurs sont disposés à prêter des fonds à Athènes à cinq ans, c’est qu’ils estiment désormais que le pays ne fera pas défaut dans les cinq prochaines années. Bref, la confiance est revenue. Et dans ce scénario de rêve, cette émission devra annoncer la « sortie du programme » en 2018, autrement dit la capacité de la Grèce à retrouver la « normalité » du refinancement des États, lequel, rappelons-le, consiste à disposer de la capacité à émettre de la dette pour rembourser la dette passée. Dès lors, le pays pourra « voler de ses propres ailes » et en finir avec la crise. C’est un scénario qui rappelle celui du Portugal, désormais présenté comme un succès sur les marchés.

Alexis Tsipras à Athènes le 8 juillet 2017 © Reuters Alexis Tsipras à Athènes le 8 juillet 2017 © Reuters

Mais il faut d’emblée rappeler que la décision de faire appel au marché est largement politique et symbolique et se situe dans un moment favorable. Le gouvernement d’Alexis Tsipras n’a pas besoin de fonds. Il vient de recevoir 8,5 milliards d’euros de ses créanciers pour rembourser 6,8 milliards d’euros durant l’été et faire face à ses besoins jusqu’au prochain déblocage. Cette levée de fonds ne correspond donc pas à un besoin. En réalité, le gouvernement tente, après deux ans d’échec de sa politique de résistance face aux institutions et de durcissements du programme, de redorer son blason alors que son parti, Syriza, est largement distancé dans les sondages par les conservateurs de Nouvelle Démocratie. Il doit donc imposer l’idée d’un succès économique sanctionné par le marché, mais il pourrait aussi souhaiter utiliser ce succès pour freiner les privatisations demandées par les créanciers.C’est ce qu’a sous-entendu le gouverneur de la Banque centrale de Grèce (et ancien ministre des finances d’Antonis Samaras) Yannis Stournaras dans une interview récente au Wall Street Journal. Le banquier central, connu pour son opposition au gouvernement, avait en effet estimé que celui-ci aurait dû d’abord privatiser et ensuite revenir sur les marchés. À Chypre, en 2014, l’accès retrouvé au marché avait permis au gouvernement de renoncer à plusieurs privatisations très impopulaires. Si Alexis Tsipras suit cette voie, il pourra prétendre avoir évité les privatisations et essayer de faire revenir vers lui plusieurs électeurs de gauche aujourd’hui tentés par l’abstention. Mais pour éviter les privatisations exigées par l’Eurogroupe, il faudra qu’Alexis Tsipras lève assez d’argent pour ne plus avoir besoin de l’argent du programme. On verra que c’est une tâche bien difficile. 

Évolution du taux à dix ans grec © Agence grecque de gestion de la dette publique (PDMA) Évolution du taux à dix ans grec © Agence grecque de gestion de la dette publique (PDMA)

Or, pour réaliser cette opération politique, le moment est idéal. Les marchés obligataires sont encore à la recherche de rendements élevés (les taux des grands émetteurs européens sont encore très bas), tout en étant encore relativement prêts à prendre des risques. Cet automne, avec l’annonce possible d’un durcissement de la politique monétaire de la BCE et la perspective d’élections italiennes fort incertaines en février 2018, leur humeur pourrait changer.

Mais pour l’instant, le marché est optimiste : une récente émission de bons à 100 ans de l’Argentine – ancien paria des marchés – à un taux de 8 % a été un succès complet ! De plus, il y a un « flux de nouvelles » positif pour la Grèce : la fin du énième bras de fer avec l’Eurogroupe et la décision de la Commission européenne de sortir le pays de la procédure de « déficit excessif ». Ces deux éléments ne signifient rien en eux-mêmes : les fonds débloqués par l’Eurogroupe, on l’a vu, vont vite disparaître en remboursement et la procédure de déficit excessif ne signifie rien pour un pays sous perfusion et direction de ses créanciers. Bref, le marché est, comme souvent, aveuglé. C’est donc le moment où il faut lui demander de l’argent.

Un retour possible et souhaitable ?

Mais un « retour » définitif est-il réellement possible ? Rien ne dit que la Grèce va pouvoir, d’ici à août 2018, fin du programme d’aide, maintenir l’appétit des investisseurs et refinancer systématiquement sa dette sur le marché. En effet, la question de la soutenabilité du niveau actuel de la dette publique grecque déchire toujours le FMI et les créanciers européens, à commencer par l’Allemagne. Le FMI considère que la dette publique – actuellement à 180 % du PIB, ce qui est 50 points de plus que le niveau du Portugal – est insoutenable. Elle maintiendrait à ce niveau un besoin de financement élevé du gouvernement grec jusqu’en 2059, faisant peser une charge considérable sur l’économie et, partant, sur la capacité du pays à rembourser sa dette.

Le FMI, dans une étude récente révélée par le quotidien grec Kathimerini, a estimé qu’Athènes ne pourrait plus honorer sa dette après 2030, lorsque le pays devra rembourser 10 % de son PIB chaque année. Les premiers en danger, alors, seraient les investisseurs privés. Le marché n’a pas entièrement oublié l’annulation de 208 milliards d’euros de dette privée en 2012, un record à ce jour. Cette annulation a prouvé que les investisseurs privés étaient la variable d’ajustement lorsqu’ils n’étaient pas naturellement les banques européennes. De quoi limiter les appétits et un retour complet sur les marchés de la Grèce.

Cette vision de l’insoutenabilité de la dette – défendue dès 2012 par Syriza – est largement acceptée désormais, mais pas par l’Allemagne qui refuse de consentir la moindre remise de dette au détriment de ses contribuables. Résultat : l’Eurogroupe du 15 juin a refusé de s’engager sur une restructuration de la dette, reportant la décision à la fin de la conclusion du programme. Cette querelle qui dure depuis août 2015 entre Berlin et le FMI fait peser une réelle menace sur le programme, puisque Berlin a fait de la participation du FMI la condition de ce troisième plan, mais elle coûte également fort cher à la Grèce qui a dû accepter, pour séduire le FMI, de nouvelles mesures d’austérité cette année et un engagement à mener jusqu’en 2022 des excédents budgétaires primaires élevés.

Profil de la dette grecque par année de refinancement. © Agence grecque de gestion de la dette publique (PDMA) Profil de la dette grecque par année de refinancement. © Agence grecque de gestion de la dette publique (PDMA)

Or le pays n’est certainement pas prêt à supporter de tels excédents, qui constituent une ponction forte sur l’économie par le double effet des hausses d’impôts et des coupes dans les dépenses. Certes, la Commission européenne prévoit une croissance de 2,1 % cette année. Mais compte tenu de l’effondrement du PIB et du revenu des ménages depuis 2009 (respectivement d’un quart et d’un tiers), il s’agit plutôt d’une stabilisation fragile. En dehors du tourisme, les moteurs de l’économie sont inexistants : l’austérité a détruit une capacité productive qui était tournée vers la demande intérieure et a conduit à une forte précarisation des Grecs, au-delà du taux de chômage qui est encore à 21,7 % de la population active. Il faudra de longues années pour reconstituer une croissance durable. En attendant, sous la pression des exigences d’excédents et de l’absence de vraies réductions de dette, la croissance grecque restera nécessairement faible. Et c’est aussi un vrai risque pour ceux qui, aujourd’hui, achèteraient de la dette hellénique.

Mais au-delà même de cette question, on peut s’interroger sur l’opportunité pour la Grèce de revenir sur les marchés. Bien sûr, lever des fonds permettrait de réduire la dépendance vis-à-vis des créanciers et de ne pas leur demander de fonds pour, par exemple, rembourser l’emprunt de 3 milliards d’euros levé en 2014 sur les marchés et qui arrive à maturité en 2019. Mais financièrement, la manœuvre n’est intéressante que pour autant que l’on remplace de la dette privée déjà émise. Ainsi, si la levée de fonds à venir se fait avec un taux proche de 4,5 %, cela représentera une petite baisse de la charge financière par rapport à l’obligation de 2014 à trois ans qui exigeait un taux de 4,95 %. Mais l’effet global sera faible, puisque la dette privée ne représente que 12 % du total de l’endettement grec.

Pour le reste, le taux demandé par le marché sera plus élevé que le taux actuellement visé. Autrement dit, si selon le rêve des institutions, la Grèce se refinançait intégralement sur le marché à partir de 2018, elle verrait sa charge d’intérêt – et donc sa dette publique qui viendrait la financer – exploser selon le fameux « effet boule de neige » qui s’emballe lorsque les taux réels demandés à un créancier sont très élevés. Rappelons que, selon le calcul du rapport du Comité pour la vérité sur la dette grecque réalisé en 2015, l’augmentation de la dette publique hellénique entre 1980 et 2007 s’explique à 69 % par cet effet, notamment en raison des taux réels élevés demandés dans les années 1980 au pays.

Or l’inflation en Grèce est actuellement à 1 % ; le taux réel exigé du marché devrait donc être autour de 3,5 %, ce qui, aujourd’hui, est un taux élevé. Le taux moyen des prêts du Mécanisme européen de stabilité, le MES (qui a repris ceux du Fonds européen de stabilité financière, FESF), est de 0,7 % et des mesures ont été prises pour qu’il ne dépasse pas 2 %. On voit que, même à ce niveau, les taux sont déjà lourds pour la Grèce : ils seraient donc insupportables aux prix du marché puisque, lors du refinancement d’un prêt du MES, l’État grec devrait supporter une charge financière supplémentaire de 1,5 % à 2,8 % chaque année (en envisageant une stabilité du taux). Une charge qu’elle devra financer par… de la dette supplémentaire.

Composante de la hausse de la dette grecque de 1980 à 2007 selon la Commission pour la vérité sur la dette grecque. © CADTM Composante de la hausse de la dette grecque de 1980 à 2007 selon la Commission pour la vérité sur la dette grecque. © CADTM

Au taux du marché, l’État grec n’aurait alors pas le choix : pour ne pas voir son endettement s’envoler encore davantage et conserver son accès au marché, il devrait dégager des excédents primaires encore supérieurs à ceux exigés actuellement par ses créanciers. Autrement dit, il devrait durcir davantage la politique d’austérité, ce qui ne manquera pas de détruire un peu plus l’économie et de rendre la dette encore plus insoutenable. Le tout dans un contexte de hausse des taux dans l’ensemble de l’économie, puisque les taux payés par le secteur public déterminent les taux du privé. C’est exactement l’argument avancé par le FMI. 

Bref, le refinancement sur le marché est une impasse et la narration du « retour » une farce. On mesure donc combien la stratégie du gouvernement Tsipras est là à courte vue et que la logique du programme, qui vise à « ramener la Grèce sur le marché », est absurde. La seule option pour un « retour à la normale » du gouvernement grec est donc bel et bien une coupe drastique dans la dette publique dès maintenant, afin de réduire les besoins futurs de refinancement et permettre une charge d’intérêt raisonnable, même avec des taux réels de 3,5 %. Cette question de la réduction du stock de la dette publique qui, rappelons-le, n’est plus envisagée désormais (on n’évoque que des aménagements de taux et de maturité) est donc incontournable. C’est clairement le prix à payer par les créanciers pour conserver la Grèce dans la zone euro. Les Hellènes ont payé – et largement – leur écot à ce maintien dans l’union monétaire. Les créanciers accepteront-ils de faire de même ? Rien ne permet de le dire aujourd’hui.

Soutien à Emmy Koutsopoulou (Grèce)

Communiqué du Réseau syndical international : Soutien à Emmy Koutsopoulou (Grèce)

Les organisations membres du Réseau syndical international de solidarité et de luttes soutiennent Emmy Koutsopoulou, médecin psychiatre, salariée de l’Organisme grec de lutte contre la drogue (OKANA). Elle fait partie des militants et militantes qui agissent depuis des années pour défendre le service public de la psychiatrie, et plus largement pour combattre la crise sanitaire qui touche le peuple grec à cause des politiques antisociales renouvelées ; elle est aussi investie dans l’accueil aux réfugié-es qui traversent la Méditerranée pour fuir guerres, misère, persécutions, etc.

Nos camarades syndicalistes de Grèce nous ont appris qu’elle avait été relevée de ses fonctions de médecin responsable d’une unité de l’hôpital Aghio Savas ; il est clair qu’il s’agit là d’une sanction disciplinaire relevant de la répression antisyndicale. En Grèce comme ailleurs, dans le secteur de la santé comme ailleurs, nous sommes solidaires de celles et ceux qui luttent et nous nous opposons à la répression patronale !

21 juillet 2017

 

Sur les réfugies semaine 29

21/7/17 Lesbos. Manifestation symbolique de réfugiés piégés par l’accord UE-Turquie https://www.amnesty.fr/presse/lesbos-manifestation-symbolique-de-rfugis-pigs-par

19/7/17 Grèce : Des enfants migrants non accompagnés sont laissés sans protection https://www.hrw.org/fr/news/2017/07/19/grece-des-enfants-migrants-non-accompagnes-sont-laisses-sans-protection

16/7/17 Une ONG s’alarme de la situation «dramatique» des migrants sur les îles grecques http://www.rfi.fr/europe/20170716-ong-refugees-international-drame-migrants-iles-grece-mer-egee

10/7/17 Les migrants à nouveau sur la route d’Espagne http://www.lematin.ch/monde/Les-migrants-a-nouveau-sur-la-route-d-Espagne/story/26959370

7/17 Des nouvelles des camps en mer Égée par Yannis Youlontas : Outre la chaleur insupportable des baraquements, la nourriture insuffisante, souvent périmée, parfois déposée congelée par terre au soleil, les brimades physiques et morales, les communications bloquées, les mois de vie volés, les camps en mer Égée sont aussi des aires de jeux sadiques où les flics peuvent en toute impunité casser du migrant autant qu’ils le désirent.

Voilà pourquoi, ces jours-ci encore, les victimes se révoltent, incendient parfois ces bâtiments cauchemardesques, essaient de sortir par tous les moyens et de rejoindre Athènes via des îles voisines. Durant ces tentatives, certains disparaissent ou sont retrouvés morts sur le rivage, parfois avec des contusions suspectes.

Voilà le spectacle que donne l’Europe à sa frontière Est : celui d’un continent raciste et pervers qui exploite, colonise, domine, humilie, chasse, enferme, torture et assassine ceux qui fuient la misère.

Y.Y.

Nouvelle vidéo du camp de Moria (Lesbos) :  https://vimeo.com/226277179

 

Grèce : Le rejet des dettes illégitimes, un combat qui rassemble

19 juillet par Eric Toussaint

Près de deux cents personnes s’étaient rassemblées dans le cinéma en plein air Dexameni (dans le quartier de Kolonaki) à Athènes le lundi 17 juillet pour assister à une conférence et à la projection de deux documents réalisés en liaison avec le CADTM. L’activité était organisée conjointement par la Commission pour la Vérité sur la dette grecque et par l’association Justice pour tous. La vidéo d’animation intitulée « La dette grecque, une tragédie européenne » a été projetée en début de séance. Cette vidéo qui a été réalisée par l’équipe liégeoise des productions du Pavé et par le CADTM a été très applaudie.

Parmi les militants et militantes qui s’étaient réunis ce soir là on reconnaissait différentes figures provenant d’un large éventail de la gauche qui résiste aux mémorandums : Zoe Konstantopoulou (l’ex-présidente du parlement grec, qui est aussi fondatrice du mouvement politique Trajet de Liberté), trois ex-ministres du gouvernement Tsipras 1 (Panagiotis Lafazani, Dimitri Stratoulis et Nadia Valavani, membres tous les trois d’Unité Populaire), le juriste Nikos Konstantopoulos (ex-président de Syriza, au début des années 2000), Aris Chatzistefanou (le réalisateur des films Debtocracy, Catastroïka,… et animateur du site Infowar), Leonidas Vatikiotis (co scénariste de Debtocracy et de Catastroïka), Moisis Litsis du CADTM grec, Kostas Bitsani (compagnon de l’eurodéputée Sofia Sakorafa, retenue à Bruxelles ce soir-là), Antonis Ntavanelos (ex-membre du bureau politique de Syriza) et Sotiris Martiris (tous deux membres de DEA et d’Unité Populaire), Stathis Kouvelakis (ex-membre du Comité central de Syriza, membre d’Unité populaire), Diamantis Karanastasis, un des animateurs de Trajet de Liberté, Marie Laure Coulmin, coordinatrice du livre collectif Les Grecs contre l’Austérité ; des militants syndicaux, et beaucoup de citoyens et de citoyennes qui ne participent pas habituellement aux réunions de la gauche radicale. Une vraie réussite dans un contexte où l’unité d’action entre celles et ceux qui résistent est plus nécessaire que jamais. Il est rare de voir une telle diversité et c’est important de souligner que la lutte contre les dettes illégitimes constitue une thématique qui peut faire converger tout ce monde.
Ce n’était pas facile à réaliser.

Le lieu de la projection n’avait pas été choisi par hasard : le cinéma en plein air appartient au syndicat des travailleurs de l’entreprise publique de distribution d’eau, que le gouvernement grec est disposé à privatiser sous la pression des créanciers. Dans le sous-sol du cinéma qui est situé sur un flan de la colline Licabeth, se trouve le principal château d’eau d’Athènes. Après l’intervention très applaudie d’un dirigeant syndical qui a expliqué le combat contre la privatisation de l’eau, trois prises de parole ont été réalisées : Léonidas Vatikiotis, Nikos Konstantopoulos et moi-même. Dans mon intervention qui était consacrée au thème Allemagne/Grèce : qui doit à qui ?, j’ai annoncé que le mercredi 19 juillet, une délégation de la gauche allemande allait remettre à l’eurogroupe à Bruxelles une pétition signée en Allemagne par 170 000 personnes qui se prononcent contre la privatisation de l’eau en Grèce. Andrej Hunko, député au Bundestag fera partie de la délégation qui la remettra. Léonidas Vatikiotis a dénoncé la campagne orchestrée par le gouvernement et par la presse dominante sur le thème : la Grèce retourne sur les marchés financiers, tout va bien. Nikos Konstantopoulos a plaidé pour une bataille en faveur du rétablissement de la primauté des droits humains par rapport aux droits des créanciers.

La séance a dû être interrompue car, fait exceptionnel à Athènes en juillet, il s’est mis à pleuvoir. Zoe Konstantopoulou a dû prendre la parole dans le bar du cinéma et il n’a pas été possible de procéder à la projection du film L’audit de la dette de Maxime Kouvaras. Ce sera partie remise.

L’activité du lundi 17 juillet a été précédée dix jours plus tôt par une conférence internationale organisée par le parti Unité populaire (LAE) créé en août-septembre 2015 par la gauche de Syriza, qui a protesté contre la capitulation de juillet 2015.

La conférence a eu lieu le vendredi 7 juillet dans un quartier populaire d’Athènes, il y avait dans la salle plus de 200 participants attentifs. Le titre de la conférence : La réponse de la gauche en Europe contre l’Union Européenne du néolibéralisme, de l’austérité et du racisme. Ont pris la parole Nikos Chountis, eurodéputé d’Unité populaire, ex-vice ministre dans le premier gouvernement Tsipras ; Yannis Albanis, ex porte-parole de Tsipras, membre du réseau de gauche radicale grecque ; Djordje Kuzmanovic, de la France Insoumise ; Jesús Romero, député de Podemos, membre d’Anticapitalistas, Andalousie-Espagne ; Filipe Teles, du magazine « Praxis », Portugal ; Constantin Braun, Die Linke, Allemagne ; John Rees, écrivain et activiste, Royaume-Uni ; et moi-même pour le CADTM.

La conférence était réellement intéressante. Dans la salle étaient présent-e-s Zoe Konstantopoulou, qui anime le mouvement politique Trajet de Liberté (qui a pris la parole le lendemain à une autre conférence réalisée dans le cadre de ce festival organisé par unité populaire), Costas Isychos, ex-vice ministre de la défense (janv – juin 2015), Dimitris Stratoulis (ex-vice ministre des retraites (janv – juin 2015), Panagiotis Lafazanis (ex ministre du nouveau modèle productif et de l’énergie (janv – juin 2015), de nombreux syndicalistes…

Le Conseil d’administration de la commission pour la vérité sur la dette grecque s’est réuni à Athènes le 11 juillet avec la participation de Zoé Konstantopoulou, Giorgos Kassimatis, Leonidas Vatikiotis, Thanos Contargyris et moi-même.

Nous avons fait le point sur les activités que la commission a réalisées à Athènes ces derniers mois. Notamment la réunion publique du 4 avril 2017 (2 ans après le début officiel des travaux de la commission au parlement grec) avec près de 150 personnes, 60 personnes ont laissé leurs coordonnées en souhaitant apporter leur soutien à la poursuite des travaux. Le Conseil d’Administration de la commission a discuté des prochaines activités et de la participation des 60 volontaires répartis en plusieurs groupes de travail.

Un livre en grec reprenant une partie de mes travaux sur la Grèce, publié par RedMarks, a été présenté à Athènes le 11 juillet en soirée dans le centre culturel La Commune. Une centaine de personnes étaient présentes. La salle principale était tout à fait remplie avec plus de 70 personnes. Une trentaine de personnes suivaient la présentation via écrans et diffuseurs dans 3 autres pièces. Le média alternatif Pressproject transmettait en streaming. Sont intervenus au cours de la présentation : Panos Kosma, Panagiotis Lafazanis (ex ministre du gouvernement Tsipras 1, leader de l’Unité populaire), Zoe Konstantopoulou (ex-présidente du parlement grec, dirigeante du mouvement politique Trajet de Liberté) et moi-même.

En résumé : la lutte pour l’abolition des dettes illégitimes réclamées à la Grèce se poursuit.

L’Allemagne fait des profits sur la Grèce

L’Allemagne a engrangé plus d’un milliard de profits sur la Grèce

Les Echos Le 12/07

Le ministère des Finances allemand affirme avoir réalisé 1,3 milliard d’euros de bénéfices en prêtant à la Grèce. Les profits réalisés via la BCE sont les plus importants.

C’est un sujet qui sème la zizanie en Allemagne. En effet, la posture du gouvernement d’Angela Merkel sur le dossier grec soulève des critiques. Notamment de la part des Verts, qui regrettent un manque de solidarité avec Athènes. C’est à leur demande que le ministère des Finances a dû dévoiler les profits réalisés sur les prêts accordés à la Grèce. Selon le quotidien Süddeutsche Zeitung, les bénéfices s’élèvent à 1,34 milliard d’euros au total.

Depuis le début de la crise grecque en 2009, l’Allemagne, comme tous les partenaires européens, a participé au sauvetage du pays en accordant différentes sortes de prêts, soit de manière bilatérale soit via les fonds européens de stabilité créés à cette époque, ou encore à travers la Banque centrale européenne (BCE). Le montant révélé par le ministère comprend notamment un bénéfice de 393 millions d’euros réalisé sur le prêt de 15,2 milliards d’euros accordé par la banque de développement KfW depuis 2010.

Profits issus du programme de la BCE

Mais la part la plus importante provient des obligations détenues par la BCE. Celle-ci a mis en place entre 2010 et 2012 le « Securities Market Program » (SMP), un programme d’achats d’emprunts d’Etat destiné à soutenir les pays en grande difficulté de la zone euro et principalement la Grèce. Le journal allemand indique que depuis 2015, la banque centrale allemande, la Bundesbank, a dégagé un profit total de 952 millions d’euros provenant de ce programme.

De 2013 à 2015, les Européens sont tombés d’accord pour que la BCE reverse les profits réalisés sur les obligations grecques aux Etats membres de la zone euro, afin que ceux-ci les transfèrent à Athènes, dans le but d’alléger un peu son fardeau. Mais cette procédure a été stoppée en 2015, en raison des fortes tensions entre les créanciers du pays en crise et le gouvernement grec, en particulier son ministre des Finances, Yanis Varoufakis, déterminé à renégocier complètement l’accord avec la Troïka.

Reprise des versements mentionnés lors du dernier Eurogroupe

Signe du dégel des relations, lors de l’Eurogroupe du mois dernier, la reprise du versement des profits des banques centrales a de nouveau été mentionnée dans le communiqué final. « Si la Grèce met complètement en oeuvre le programme d’ajustement d’ici à 2018, alors les profits réalisés en 2017 sur les titres détenus dans le cadre du programme de la BCE pourront lui être restitués, mais pas ceux réalisés en 2015 et 2016 », précise l’équipe de Citi. Selon une source proche de Bercy, au total, la Grèce pourrait recevoir de ses partenaires un montant « qui se chiffre à plusieurs milliards d’euros ».

En 2015, le stock de dette grecque détenu par la BCE – la dette n’ayant pas expiré et sur laquelle Athènes devait continuer de verser des intérêts – s’élevait à 27 milliards d’euros. L’ancien ministre des Finances grec, Yanis Varoufakis, alors en fonction, envisageait de faire défaut sur cette dette : son plan, baptisé « plan X », consistait ainsi à forcer la Troïka à revoir ses conditions envers Athènes . Il a dû démissionner avant de pouvoir l’activer.

A noter : La Commission européenne a annoncé ce mercredi la clôture prochaine de la procédure de déficit excessif contre la Grèce.

A.N-R et I.Co
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