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Grèce : Stéphan Pélissier condamné

Grèce: Un Albigeois condamné à sept ans de prison pour avoir secouru sa belle-famille syrienne

JUSTICE En Grèce, l’Albigeois est considéré comme un passeur de migrants…

Helene Menal Publié le 29/11/17 à 20h27

Il avait beau s’attendre au pire, le verdict lui a fait l’effet d’un coup de massue. Stéphan Pélissier, un juriste albigeois, vient d’être condamné ce mercredi à sept ans de prison par la justice grecque qui lui reproche d’être un passeur de migrants.

Sa grande faute ? Etre parti en Grèce en août 2015 pour voler au secours de la famille syrienne de sa femme. Ses beaux-parents, un cousin et sa belle-sœur venaient d’effectuer une première traversée en Méditerranée sur un Ziodac surpeuplé, évitant de peu la noyade. Quand Stéphan Pélissier a appris qu’ils s’apprêtaient à embarquer de nouveau pour gagner l’Italie, il a décidé d’aller les chercher en voiture. Et le convoi familial s’est fait pincer.

« Le choc et l’incompréhension »

Théoriquement, en droit européen, le lien familial exonère. Mais la justice grecque ne l’a pas retenu dans son dossier et a condamné lourdement l’Albigeois en tant que vulgaire passeur. Le juriste a appris le verdict à son domicile tarnais. « C’est le choc et l’incompréhension. Je suis scandalisé », réagit-il, « écœuré » par la justice grecque.

Il n’a évidemment pas l’intention de se constituer prisonnier. Il va faire appel, avec au fond de lui « un sentiment d’abandon » face au silence de la diplomatie française sur le cas de son ressortissant. Malgré une pétition en ligne et malgré un courrier adressé à Emmanuel Macron.

http://www.20minutes.fr/monde/2178623-20171129-grece-albigeois-condamne-sept-ans-prison-avoir-secouru-belle-famille-syrienne


Lire notre précédent http://www.infoadrets.info/grece/poursuivi-en-grece-pour-avoir-tente-de-sauver-sa-belle-famille-syrienne/


Dernières nouvelles : La peine peut être « rachetée » via une indemnité équivalente à 5 euros par jour pendant 7 ans, soit environ 12800 euros, ce qui est scandaleux.
La médiatisation repart, d’ores et déjà une cagnotte solidaire et participative a été lancée, en voici le lien
https://www.leetchi.com/c/solidarite-de-stephan-pelissier

Le diabolique projet de l’Europe pour les demandeurs d’asile

Par Carine Fouteau . Mediapart

Mediapart s’est procuré la toute dernière version du règlement européen en cours de négociation à Bruxelles, qui permet le renvoi de demandeurs d’asile vers des « pays tiers sûrs ». La définition de ce concept est élargie au point qu’un pays comme la Libye pourrait, à terme, être concerné pour peu que certaines régions se stabilisent, par exemple autour de Tripoli.

Lors du cinquième sommet UE-Afrique, qui doit se dérouler les 29 et 30 novembre à Abidjan, en Côte d’Ivoire, les chefs d’État européens ne vont pas manquer de s’indigner des violences dont sont victimes les migrants subsahariens en Libye, à la suite de l’émoi mondial provoqué par la diffusion du reportage de CNN apportant la preuve de pratiques esclavagistes dans ce pays. Mais il est à peu près certain qu’ils ne diront pas un mot du forfait qu’ils sont en train de préparer en toute discrétion à Bruxelles à l’encontre des demandeurs d’asile.

Sur une proposition de la Commission européenne, ils sont en train de négocier, au sein du Conseil européen, les termes d’un règlement « instituant une procédure commune en matière de protection internationale » qui constitue un reniement fondamental au regard du droit d’asile tel qu’il est conçu depuis la signature de la Convention de Genève en 1951.

Ce texte (à consulter dans sa version de départ), d’application directe dans les législations nationales (c’est-à-dire ne nécessitant pas de transposition – à la différence des directives), prévoit que les États membres puissent considérer comme « irrecevables » les demandes d’asile de personnes ayant transité, avant d’arriver en Europe, dans un « pays tiers sûr » et, dès lors, les y renvoyer afin qu’y soit prise en charge leur demande de protection internationale.Par « pays tiers sûr », il faut entendre des pays hors de l’Union européenne censés garantir les droits de l’homme. L’article 45, qui définit le concept de « pays tiers sûr », évoque notamment le fait que, dans ces pays, les « demandeurs n’ont à craindre ni pour leur vie ni pour leur liberté en raison de leur race, de leur religion, de leur nationalité, de leur appartenance à un groupe social particulier ou de leurs opinions politiques ». Sont potentiellement concernés la totalité des pays voisins de l’Union européenne. La France pourrait ainsi renvoyer vers les pays du Maghreb (Tunisie, Algérie, Maroc) l’immense majorité des exilés subsahariens qui y seraient passés avant de traverser la Méditerranée.

Mais cela ne s’arrête pas là. Mediapart s’est procuré la dernière version (non définitive) de l’article 45, qui est particulièrement alarmante puisqu’elle précise qu’un pays peut être déclaré comme sûr à l’exception d’une ou plusieurs de ses régions ou d’une ou plusieurs catégories de personnes. Dit autrement, cela revient à déclarer comme sûrs des pays dont certaines régions sont en guerre (mais pas toutes) ou dont certaines catégories de personnes sont menacées (mais pas toutes). Certains observateurs redoutent que cet élargissement de la définition ne permette d’y faire entrer des pays aussi instables que la Libye pourvu qu’un de ses territoires, par exemple autour de Tripoli, fasse taire le bruit des armes.

Cette notion de « pays tiers sûr » constitue une révolution dans le droit d’asile, car elle permettrait que des exilés en quête de protection soient réexpédiés sans que leur demande n’ait été examinée dans un pays de l’UE. Plutôt que de les interroger sur les violences politiques ayant provoqué leur exil, plutôt que de chercher à évaluer la crédibilité de leur témoignage, plutôt que de rassembler les indices attestant leur persécution, il s’agirait de retracer leur trajectoire : au cours des milliers de kilomètres parcourus pour fuir leur pays, ont-ils traversé un pays dans lequel ils pourraient vivre en sécurité ? Peu importent les sévices subis (viol, enfermement arbitraire, harcèlement, rançon, torture, etc.), il faudrait trouver une terre d’accueil, la plus éloignée possible de l’Europe.

Ce concept de « pays tiers sûr » est déjà inscrit dans la directive européenne dite « procédure » adoptée le 26 juin 2013 mais, à la différence du règlement en préparation, ce texte laissait aux États la faculté de ne pas le mettre en œuvre ; selon Gérard Sadik, de la Cimade, 19 pays l’ont adopté, parmi lesquels seuls deux l’appliquent de facto : il s’agit de la Hongrie, qui renvoie quasi systématiquement les demandeurs d’asile arrivés sur son sol en Serbie ; et de la Grèce, qui renvoie en Turquie des demandeurs d’asile syriens et afghans.

Pour ce faire, la Grèce s’appuie sur l’accord politique entre l’Union européenne et la Turquie signé en mars 2016. Bruxelles considère ce texte, contesté juridiquement, comme un succès dans la mesure où, depuis sa conclusion, le nombre de traversées via la mer Égée a drastiquement chuté (même si une légère hausse est observée depuis quelques semaines).

Le nouveau règlement en cours de négociation consiste en une généralisation de cet accord UE-Turquie, décrié par l’ensemble des ONG ainsi que par l’ONU. Il met en cause l’un des principes fondamentaux de l’asile, inscrit dans la Convention de Genève de 1951, selon lequel chaque demandeur d’asile a le droit de voir sa situation personnelle examinée dans le pays dans lequel il sollicite une protection. En France, il contrevient au préambule de la Constitution qui affirme que « tout homme persécuté en raison de son action en faveur de la liberté a droit d’asile sur les territoires de la République ».

Le droit d’asile y a été consacré par le Conseil constitutionnel dans une décision du 13 août 1993 qui établit que « l’étranger qui se réclame de ce droit [doit être] autorisé à demeurer provisoirement sur le territoire jusqu’à ce qu’il ait été statué sur sa demande ». Comme l’indique Gérard Sadik, les États membres favorables à la notion de « pays tiers sûr » se fondent sur la notion de subsidiarité de la demande d’asile, qui fait que les États peuvent considérer qu’ils ne sont pas tenus d’examiner la demande si la personne n’est pas venue directement depuis son pays d’origine.

« Cette dérive est extrêmement grave »

La France, jusqu’à présent, avait résisté. Lors de la mandature de François Hollande, la loi sur l’asile de 2015 n’avait pas repris ce concept de « pays tiers sûr », qui n’a donc pour l’instant aucune existence juridique dans le droit français. Mais il en va tout autrement sous l’actuelle présidence d’Emmanuel Macron. Anticipant le vote de ce règlement à l’échelon européen, le ministre français de l’intérieur, Gérard Collomb, l’a inscrit dans son pré-projet de loi sur l’asile et l’immigration, pas encore présenté en conseil des ministres.

Ce même Emmanuel Macron, qui distingue les « réfugiés » – qu’il faudrait accueillir sous peine de perdre notre honneur – des « migrants économiques » – devenus indésirables –, pousse le cynisme jusqu’à prévoir de fermer la porte aux demandeurs d’asile eux-mêmes. Gérard Sadik note qu’entre 1992 et 1996 cette notion de « pays tiers sûr » avait été appliquée « de manière sauvage » aux frontières françaises, notamment à l’aéroport de Roissy, avec le renvoi de demandeurs d’asile vers le Cameroun ou la Tanzanie.

Cette pratique avait cessé à la suite d’un arrêt du Conseil d’État (à l’époque le commissaire du gouvernement, à savoir le rapporteur public, n’était autre que Jean-Marie Delarue, ex-contrôleur général des lieux de privation de liberté), qui établissait que cette notion était contraire à la Convention de Genève et à la Constitution française.

Seule la prise de conscience de certains États membres et des eurodéputés pourra permettre d’éviter le pire. La négociation est en cours : le texte peut encore faire l’objet d’allers et retours entre les ministres de l’intérieur du Conseil européen ; un accord devra ensuite être trouvé entre la Commission, le Conseil et le Parlement. Sylvie Guillaume, députée française membre du groupe de l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates, rappelle que le texte a encore beaucoup de chemin à faire avant d’être adopté. Mais elle estime qu’il « mérite une certaine attention car les définitions qu’il aborde modifient le concept de pays tiers sûr ».

« Cela témoigne, estime-t-elle, d’une certaine fébrilité des États membres sur le sujet. » « En aucune manière, je n’accepterai d’élargir cette notion à des morceaux de territoire », dit-elle, ajoutant qu’elle n’est pas opposée au concept dans sa version classique, pourvu que son application reste optionnelle.

Membre de la délégation française du Front de gauche/Alliance des Outre-mers, Marie-Christine Vergiat est, elle, totalement opposée à la notion même de « pays tiers sûr ». « Les États membres font tout pour externaliser la demande d’asile à des pays tiers ; il s’agit d’une politique raciste et xénophobe car, si l’on regarde de près, on se rend compte que sont principalement concernés les demandeurs d’asile venus d’Afrique. Plus on bloque les voies légales d’entrée dans l’Union européenne, plus on fait le jeu des trafiquants », insiste-t-elle.

Responsable du programme Protection des populations à Amnesty International France, Jean-François Dubost est particulièrement inquiet des évolutions en cours (lire l’entretien d’Amélie Poinssot). Il estime que l’Allemagne et la France sont à la manœuvre dans cette tentative d’assouplir les conditions. « On est là dans une logique de gestion, pas du tout de protection, estime-t-il. La Convention de 1951 qui instaurait le droit d’asile ne déterminait d’ailleurs pas de “pays sûrs”. » « Cette dérive est extrêmement grave, ajoute-t-il. D’abord parce que les régions qui vont être considérées comme sûres sont déjà en première ligne pour l’accueil des réfugiés. Ensuite parce que c’est la volonté de contrôle qui va être le critère des Européens pour déterminer qu’une région est sûre ou non. Rien, dans le droit international, ne permet de déterminer ce qu’est un “pays sûr”. Ce n’est pas une notion juridique, c’est une construction européenne. »

Depuis la signature de l’accord UE-Turquie, « on sent une volonté de la Commission européenne de pousser à ce type d’accord avec d’autres pays, comme la Libye, avec cette idée de “région sûre” ». « C’est la même logique de “containment”, de blocage des personnes le plus en amont possible des frontières européennes. Ce n’est pas une idée nouvelle, mais on est entré dans une phase plus opérationnelle. Renvoyer les migrants présente en outre l’avantage d’éloigner le sujet des yeux des populations européennes… Tout cela s’inscrit dans une logique complètement assumée côté européen », se désespère-t-il.

Question de prix La rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis  Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif  et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque.

Question de prix

 

Modernité accrue. Ateliers dits du monde. Les marchands du temple inventent, et ils inventeront jusqu’au clash final. Les enjolivures de Noël sont de retour, tandis que “nous introduisons Black Friday pour la première fois en Grèce”, ce sont les marketistes qui s’expriment de la sorte. Question de prix, comme autant pour Alexis Tsipras… pour son énorme “Prix du courage politique”. Il lui a été discerné cette semaine à Paris, couplé de celui de l’engagement au prétendu “idéal Européen”. Marchands du temple comme du “Template”, outrage politique… vendredi, effectivement noir.

Terracotta tombale. Chypre, époque classique. Musée d’art cycladique. Athènes, novembre 2017

Pour souffler un peu et pour peut-être enfin apercevoir notre monde… de l’endroit, il nous suffirait parfois une visite au Musée de l’Art Cycladique (Athènes), pour par exemple observer pendant quelques minutes cette Terracotta tombale conçue à Chypre de l’époque classique (400-310 av. J.-C.), terre cuite tout simplement à son regard alors ultime.

Les médias insistent et en rajoutent pour ce qui a tenu de la cohue qu’a provoquée dans certaines rues et sur certains trottoirs d’Athènes, cet appel… si global et marchand du vendredi noir. Devant les enseignes de taille, les plus jeunes surtout, ils auront incarné sans nécessairement le réaliser, la preuve tangible par l’aboutissement de l’offensive du (seul) technotropisme… réellement existant, marchandisé à outrance.

Les armes d’autrefois devenant parfois (pas toujours) nos dernières curiosités muséales, tandis que les armes nouveaux, ils incarneront désormais les trouvailles en matière de guerre asymétrique, vitrines comprises. Modernité oblige, on s’entassera comme alors nos ancêtres s’amassaient il y a un siècle tout juste, dans les boyaux et les tranchées de la Grande guerre… ainsi nous, devant les Smartphones, iPhone et autres… métaphones, car crise ou pas, un certain peuple en raffole. Gueules cassées d’antan, gueules cassées finalement de toujours. Fragments d’écrans… comme fragments d’obus. Vendredi, effectivement noir

Métaphones alors, puis, quelques vêtements et chaussures ont été parmi les articles prisés, question disons de prix. Et pendant que cette cohue le plus souvent localisée et médiatisée, les petits commerces des quartiers étaient comme d’habitude, désertés. Modernité ainsi accrue. Les marchands du temple inventent, à l’image de ce mannequin enchaîné derrière une vitrine dans le quartier aisé de Kolonáki, près du centre d’Athènes.

Vendredi…noir. Athènes, novembre 2017
Les armes de jadis. Musée de la guerre. Athènes, novembre 2017
Le… vendredi noir des jeunes. Athènes, le 24 novembre (Presse grecque,)
La dite mode. Athènes… et forcément Mykonos. Novembre 2017

Chez le bouquiniste proche des boutiques de mode et des derniers métaphones, on y découvre alors pêle-mêle, T. S. Eliot et son “Meurtre dans la cathédrale” traduit par le poète Yórgos Seféris, “Les maladies de la personnalité” de Théodule Ribot ouvrage traduit par Galateia Kazantzákis (écrivaine et première épouse de Nikos Kazantzákis), “L’histoire de la Grèce Antique” par l’Académie des Sciences de l’URSS… ainsi que le “Journal de Joseph Goebbels”. Ateliers dits du monde (ancien ?).

C’est également de notre distante et fraîche saison… technologique, la nouvelle est venue de l’île de Crète. C’est à l’intérieur des vestiaires d’un stade en construction, que le corps inanimé d’un homme sans-abri vient d’être retrouvé (encore) cette semaine. Il a été repéré par la sonnerie de son téléphone mobile qui résonnait sans réponse derrière la porte fermée des vestiaires (presse locale de Crète du 21 novembre 2017) . Humanité… déshabillée, plus l’électricité et son “existence” numérique.

Déchets du moment. Athènes, novembre 2017
On décore les vitrines. Athènes, novembre 2017
T.S. Eliot et Th. Ribot. Athènes, novembre 2017
Boutique reprise en travaux. Athènes, novembre 2017

Déchets, affiches et spectacles relevant du prochain “rituel”, celui de Noël, c’est d’ailleurs le moment des décorations et parfois des travaux, lorsque les magasins en faillite retrouvent preneurs, et ce n’est que très partiellement le cas. Ou sinon, (en paraphrasant à peine une réflexion d’André Breton pour ainsi réactualiser, si c’est encore possible, sa portée), comment et combien la précarité artificielle de la condition sociale (et techno-économique) de l’homme ne devrait point lui voiler la précarité réelle de sa condition humaine… et pourtant.

Disons-nous, que les apparences d’une normalité sont sauvées, ceci, car elles restent dans un sens fonctionnelles. De toute manière, les médias rodés au néant, ils ne se focaliseront guère trop longtemps sur la mise aux enchères des biens immobiliers saisis par le fisc comme par les banques. Désormais, leurs ventes aux enchères deviennent électroniques… pour que les mouvements de citoyens qui résistent ne puissent plus s’y opposer en bloquant les procédures de manière physique.

Dans cette catégorie… ainsi catégorique de tant de gens concernés, on y découvrirait d’ailleurs toute une… gamme. Gens aisés ou anciennement aisés ayant exagéré avec le crédit immobilier (avec, il faut bien préciser, la très aimable incitation des banques), puis, ces autres cas de ceux qui ont tout simplement acheté pour se loger… et que leur chômage a définitivement tout bouleversé.

La reprise des ventes aux enchères est même une des exigences coloniales, expressément formulée encore récemment par la Troïka élargie depuis Bruxelles. Après un premier blocage, en somme inefficace des ventes aux enchères… via le numérique à la gloire du numéraire, les procédures reprennent. Il y aurait plus de 1400 saisies et ainsi ventes par jour, rapporte alors la presse du moment (presse grecque) . Modernité toujours accrue.

Histoire de la Grèce ancienne et… Goebbels. Athènes, novembre 2017
Affiches et spectacles du moment. Athènes, novembre 2017
Spectacles du moment et appartement à vendre. Athènes, novembre 2017
Boutique en faillite. Athènes, novembre 2017
Appartement à louer. Athènes, novembre 2017

Les apparences d’une normalité sont donc sauvées car elles restent dans un sens, fonctionnelles. Question… de prix, à l’instar d’Alexis Tsipras… pour son énorme “Prix du courage politique”. Il lui a été discerné cette semaine à Paris, où ce… premier lampiste grec a été ainsi récompensé par la revue française “Politique internationale” et par son directeur Patrick Wajsman, politologue rangé parmi les promoteurs français des thèses néoconservatrices.

Comme on sait et en toute logique, “Politique internationale” est lue dans les cercles très officiels de l’empire financieriste et métadémocratique, et il devient donc important que de récompenser les meilleurs valets de ce système. Question… toujours de prix ! “Dans son allocution lors de la remise de prix Alexis Tsipras s’est félicité d’être parvenu à maintenir son pays à l’intérieur de la zone euro.”

rabâchent-on depuis les médias… “Eurotiques”!

Le Prix d’Aléxis Tsipras. Quotidien “Kathimeriní” du 23 novembre
L’univers de Tsipras à Paris. Presse grecque, novembre 2017

Aléxis Tsipras a par la même occasion également reçu le “Prix de l’engagement européen”, remis à la Maison du barreau de Paris, comme il a été aussi reçu par Emmanuel Macron à l’Élysée après avoir également rencontré François Hollande, toujours d’après la presse. Rencontre officielle aux clichés réalisés, parfois tragicomiques ; les physionomistes et les psychologues analyseront sans doute à souhait les expressions des corps comme celles des visages… les yeux fermés.

Car comme Tsipras lui-même vient de déclarer dans une interview accordée au “Figaro”: “(…) j’ai une communication régulière et continue avec le président Macron même si nos opinions ne sont pas toujours similaires. Nous avons la même vision, les mêmes convictions.”

Tsipras aura répété ces inepties trompeuses, bien propres à la gauche de l’ancien temps (c’est-à-dire d’il y a deux ans), du genre: “L’Europe ne peut plus prendre des décisions derrière des portes closes” ou “une autre Europe est possible”. En attendant, bien de Grecs fermeront leurs portes et leurs fenêtres pour ne pas avoir froid (car souvent nos appartements restent sans chauffage central), pendant que les plus jeunes d’entre eux, se féliciteront de leurs “récompenses” du seul et dernier technotropisme puisque comme on sait, les marchands du temple inventent, et ils inventeront jusqu’au clash final.

Vendredi noir décidément, ainsi, ces deux récompenses, et plutôt… dividendes aux yeux des Grecs, elles ont surtout et d’abord couronné l’outrage fait au peuple et à son ‘NON’ de juillet 2015. Depuis vendredi, la sphère Internet grecque déborde de messages ou commentaires incitant ouvertement à… “trucider le traître Tsipras et les autres avec”, et dans le même ordre d’idées sur un mur d’Athènes, près du (pseudo) Parlement de la colonie européiste et de la dette, on y aperçoit ce slogan, autant fort explicite: “Syrizistes traîtres”.

Emmanuel Macron et Alexis Tsipras… les yeux fermés. Paris, le 24 novembre 2017 (presse grecque)
“Syrizistes traîtres”. Athènes, novembre 2017
Ostraca, portant le nom de Thémistocle, 470-471 av. J.-C. Musée d’art cycladique, Athènes, novembre 2017

Il fut un temps bien lointain, même Thémistocle l’Athénien avait été ostracisé, pourtant vainqueur à Salamine, il joua un rôle déterminant dans la victoire grecque lors de la deuxième guerre médique. L’ostracisme de fait n’est plus, et ce sont toujours les supposés citoyens qui vont payer les pots cassés. Modernité accrue.

Nos statues copiées aux mesures anciennes, parfois installées sur nos balcons donnent l’impression de nous observer, sans plus guère pouvoir intervenir dans nos affaires, si ce n’est que dans nos rêves. Et on résistera comme on peut, ceci, à travers ces belles images reconstituées du quotidien antique au Musée d’art cycladique, au moyen des animaux en terre cuite, et enfin, à la sortie du musée, devant le regard des chat, animaux adespotes de référence bien de chez nous, certains d’entre eux, pouvant être parfois soignés, voire stérilisés, aux frais des associations œuvrant sur le terrain.

Les chats, il y en a d’ailleurs qui nous accompagnent de leur présence jusqu’à nos cimetières, car il faut souffler un peu et enfin apercevoir notre monde… de l’endroit, si possible avant de le quitter dans les dimensions dont nous croyons en tout cas, définitives.

Comme l’écrit l’économiste Kostas Lapavítsas dans sa chronique du jour sous le titre “De profundis”: “Ce qui est très exactement caractéristique de l’état actuel de l’économie grecque, c’est cette stabilité des cimetières. Par exemple, en ce 20 novembre, ELSTAT (Statistique grecque) vient d’annoncer que l’activité l’industrielle a reculé de 0,8% en septembre dernier. Cet indice est alors en baisse continue depuis environ un semestre. La reprise industrielle de grande ampleur dans laquelle tant d’espoirs gouvernementaux ont été préalablement pressentis et annoncés pour la fin 2016 et pour le début 2017, n’existe tout simplement pas.”

Nos statues des balcons. Athènes, novembre 2017
Antiquité revisitée. Musée d’art cycladique, Athènes, novembre 2017
Animal antique représenté. Musée d’art cycladique, Athènes, novembre 2017
Animal adespote récemment stérilisé (opéré). Athènes, novembre 2017

“On pourrait facilement énumérer un certain nombre d’autres indicateurs, tels que les ventes au détail, les exportations et les importations, l’investissement, la consommation, etc., mais cela n’a aucun sens. La réalité est évidente et c’est exactement ce que tout économiste raisonnable aurait prévu depuis 2013-2014. L’économie grecque s’est certes stabilisée par rapport à 2009-2010, mais cela sans la moindre croissance significative.”

“Les larges couches de la société grecque ont été épuisées et elles acceptent la situation on dirait, avec patience. La volte-face d’Alexis Tsipras en 2015 a tué l’espoir des couches populaires, ouvrières, agricoles et ainsi celles de la classe moyenne. Sauf que les gens ne sont en aucun cas d’accord avec ce qui s’y passe, comme en témoigne la récente enquête d’opinion du sondeur Public Issue. Les Grecs accepteraient le mémorandum sans réagir dynamiquement, cependant, ils le désapprouvent par leur profond dégoût mais alors muet. Ce paradoxe est il faut dire autant d’une grande importance, pour les suites politiques au pays.”

“Plus précisément, la mutation SYRIZA a donné une grande confiance à tous ceux qui ont traversé la crise ayant éprouvé les pertes les plus légères qu’elles soient, en particulier au sein des couches très aisées de la population. Et pour ces gens, il n’y a plus la moindre hésitation lorsqu’il s’agit d’exhiber leur fortune. Une simple promenade dans le centre d’Athènes est suffisant pour apercevoir cette couche et classe aisées et sans pitié, insolence d’une classe fabriquée (ou sinon renforcée) par les mémoranda (politiques d’austérité), et qui profite de son confort sans craindre de le montrer aux chômeurs, aux pauvres, à cette grande majorité de la population laquelle passe son temps à calculer mêmes ses pauvres centimes à chaque euro.” (“Quotidien des Rédacteurs” du 25 novembre 2017).

Belle exposition. Musée byzantin. Athènes, novembre 2017
Manière de voir. Athènes, novembre 2017

C’est un constat que je partage et qui trompe d’ailleurs autant et fréquemment nos touristes, quant aux réalités du pays. C’est bien connu, les touristes circulent le plus souvent dans un périmètre bien précis, tandis que les paupérisés du pays comme ceux de la ville d’Athéna devenus (partiellement) invisibles, ils ne sortent pratiquement plus de chez eux.

Et pour ce qui est des couches aisées, je me souviens même que durant ces mois très denses de la première période Troïkanne, aux manifestations populaires très massives, les plus fortunés, souvent ils hésitaient d’exhiber leurs richesses, essentiellement par crainte d’être attaqués, si ce n’est que verbalement. Mais depuis, les temps ont visiblement changé.

Et l’on résistera irrévérencieusement aux ukases des marchands du temple tout comme devant leurs vendredis plus noirs que jamais, autant à travers par exemple nos écrivains ou en soutenant ceux qu’y travaillent pour faire connaître leurs œuvres, en Grèce comme aussi ailleurs. Les amis Odile et Yannis de Lexikopoleío , cette belle librairie francophone du quartier de Pagráti à Athènes, ont organisé cette semaine la rencontre et présentation avec ceux de la librairie parisienne et des éditions Desmós, sous l’impulsion de notre ami également, Yannis Mavroeidakos, ainsi que de ses deux nouvelles collections de poésie et de prose.

Il faut dire que depuis 1983, la librairie hellénique Desmós accueille et conseille les amateurs de littérature grecque à Paris, dans le quartier de Montparnasse. Dernièrement, Desmós a (entre autres) publié “Le Retour en Grèce” du romancier Dimitris Nollas, et “Alba” du jeune poète Thomas Tsalapatis et durant cette émouvante soirée à Lexikopoleío laquelle n’avait absolument rien d’un vendredi noir, nous avons rencontré le romancier Dimitris Nollas, son traducteur Richard Tchélébidès, ainsi que le poète Thomas Tsalapatis et Yannis Mavroeidakos de Desmós.

Lexikopoleío, le 23 novembre. Yannis Mavroeidakos debout sur la photo
Lexikopoleío le 23 novembre. Yannis Mavroeidakos (à gauche) et l’écrivain Dimitris Nollas (à gauche)

Les marchands du temple inventent, et ils inventeront jusqu’au clash final, celui des enjolivures de Noël compris. Question de prix, comme pour Alexis Tsipras… pour son énorme “Prix du courage politique”, et face à l’outrage, question de vivre aussi pour nous, je revois enfin ce week-end mon cousin Kostas après tout un petit moment.

“Nous grignoterons quelque chose chez moi, nous ne pouvons pas sortir, la pizzeria nous coûtera au mieux 20€… et nous ne pouvons plus nous le permettre, car nous passons notre temps à calculer même nos pauvres centimes de chaque euro. Nous en avons assez d’être pauvres, et être riches ne nous dit rien, sauf qu’il n’y a plus de place entre les deux, c’est-à-dire pour nous. C’est bien clair et c’est autant plus clair depuis Tsipras. Entre les vrais riches et les vrais pauvres… il n’y aura plus personne debout”, affirme alors mon cousin Kostas.

Mimi et Hermès de Greek Crisis. Athènes, novembre 2017

Loin de “l’idéal Européen” et oubliant les marchands du temple et les marketistes, je vais lui raconter les rencontres de Lexikopoleío, les nouvelles de la famille, celles également, du petit et imperturbable Hermès de ‘Greek Crisis’ qui grandit de jour en jour.

Question de vie. Ateliers dits du cœur !

Hermès de Greek Crisis. Athènes, novembre 2017
* Photo de couverture: Mannequin enchaîné. Athènes, novembre 2017

mais aussi pour un voyage éthique, pour voir la Grèce autrement “De l’image à l’imaginaire: La Grèce, au-delà… des idées reçues !”   http://greece-terra-incognita.com/

SOS Méditerranée : semaine dramatique

Semaine dramatique en Méditerranée : plus de 800 naufragés sauvés par l’Aquarius

L’Aquarius, affrété par SOS MEDITERRANEE et opéré en partenariat avec Médecins Sans Frontières a secouru 808 personnes en mer en moins d’une semaine : 387 au cours de 3 opérations mercredi et jeudi (cf. communiqué du 23 novembre) et 421 ce samedi 25 novembre au cours d’une seule opération de sauvetage d’un canot surchargé.

Le canot en bois a été repéré samedi matin grâce à un survol aérien puis approché par un navire de la marine marchande. Les opérations de sauvetage déclenchées à 13h30 se sont déroulées à 24 miles marins de la côte libyenne à l’est de Tripoli, sous la coordination du MRCC (Centre de coordination des secours en mer) de Rome.

Au terme de ces opérations qui ont duré trois heures, l’ensemble des 421 passagers entassés sur une seule embarcation ont été transférés sains et saufs à bord de l’Aquarius et pris en charge par l’équipe médicale de Médecins sans Frontières.

« Le professionnalisme de l’équipe de marins-sauveteurs a permis de mener à bien un sauvetage délicat. Le bateau en bois était tellement surchargé qu’il en devenait très instable. Un instant de panique à bord aurait suffi à le faire chavirer ne laissant aucune chance aux personnes, dont de nombreuses femmes et beaucoup d’enfants entassés dans la cale. Grâce au sang-froid des équipes et à des conditions météorologiques favorables, le pire a été évité » a souligné Nicola Stalla, le coordinateur des secours de SOS MEDITERRANEE.

A la fin des opérations de sauvetage, conformément à la procédure, les coordonnées exactes de la position du canot en bois ont été transmises aux autorités compétentes ayant mandat de procéder à sa destruction.

L’Aquarius fait désormais route vers le nord pour le débarquement des 421 rescapés à Catane, en Sicile.

De nombreux naufragés présentent des cicatrices de violences, des signes de malnutrition, de déshydratation et de fatigue extrême. Une femme enceinte de neuf mois, qui a ressenti les premières contractions à bord du canot en bois, a été prise en charge par la sage-femme de Médecins Sans Frontières à bord de l’Aquarius.

Transférés de Sabratha à Bani Walid « à cause de la guerre »

Selon les témoignages recueillis à bord par les volontaires de SOS MEDITERRANEE, les rescapés secourus samedi faisaient partie d’un même groupe détenu pendant plusieurs mois à Sabratha, puis récemment transféré à Bani Walid, connu pour être une plaque tournante du trafic d’êtres humains en Libye.

« Nous étions tous dans la même prison à Sabratha. A cause de la guerre là-bas, il y a un mois, on nous a séparés en groupes de 20 personnes, mis sur des pick-up, et transférés à Bani Walid, puis entassés dans une autre prison où nous avons passé un mois. Hier (la veille du sauvetage, ndlr.), nous avons été transférés dans un autre endroit, sur une plage où nous avons dû attendre en plein soleil, sans eau et sans nourriture. Le canot est parti de Libye vers 6 heures du matin » a ainsi affirmé un Erythréen de 26 ans, aux volontaires de SOS MEDITERRANEE.

« Dans les prisons, on nous battait avec des fils électriques. Les Libyens n’ont pas d’humanité. Tout le groupe, nous appartenions tous au même homme, « le boss ». 600 autres personnes appartenaient à un autre boss. Tout le monde ne paye pas le même prix pour la traversée. Certains ont payé 1000 dollars, mais un autre m’a dit qu’il avait payé 6000 dollars » a encore ajouté le même témoin.

Epilogue d’une semaine dramatique en Méditerranée                                             

Après avoir secouru 387 personnes les 22 et 23 novembre et avoir retrouvé le corps sans vie d’une jeune femme à bord d’un canot pneumatique jeudi, l’équipage de l’Aquarius a été vendredi témoin impuissant de l’interception de plusieurs embarcations par les garde-côtes libyens dans les eaux internationales.

Vendredi matin à l’aube, l’Aquarius a repéré une première embarcation en détresse dans les eaux internationales à l’est de Tripoli à 25 miles nautiques des côtes, puis une deuxième, mais a reçu l’ordre de rester en « stand-by », la coordination des opérations étant assumée par les garde-côtes libyens et à la marine libyenne pour ces deux sauvetages.

L’équipage de l’Aquarius, resté à distance conformément aux instructions reçues des autorités italiennes et pour des raisons de sécurité face à la présence des unités libyennes, a ainsi été témoin dans les eaux internationales de l’interception de ces 2 embarcations en détresse, alors que sa proposition d’assistance était déclinée par les garde-côtes libyens.

« Nous avons repéré un bateau pneumatique dont nous savions, vu les conditions météo et les conditions du bateau, qu’il pouvait se briser et couler d’une minute à l’autre. Nous sommes restés prêts à intervenir avec notre équipe de marins sauveteurs et notre équipement professionnel. Pendant les quatre heures de stand-by, les conditions météo se sont dégradées, augmentant le risque de naufrage. Nous étions prêts à lancer l’opération de sauvetage à tout moment. » a précisé Nicola Stalla, le coordinateur des secours de SOS MEDITERRANEE à bord de l’Aquarius.

« Cet évènement dramatique est un moment extrêmement dur pour nos équipes, contraintes d’observer, impuissantes, des opérations conduisant à renvoyer vers la Libye des personnes fuyant ce que les rescapés décrivent comme un véritable enfer, et que nous n’avons eu de cesse de dénoncer depuis le début de notre mission en Méditerranée. SOS MEDITERRANEE, organisation civile européenne de sauvetage en mer, ne peut accepter ni de voir des êtres humains mourir en mer ni de les voir repartir vers la Libye lorsque leur embarcation est interceptée par des garde-côtes libyens. Malgré les conditions actuelles particulièrement difficiles en haute mer, notre devoir est de rester présents pour secourir ceux qui cherchent à fuir l’horreur des camps libyens, pour les protéger et pour continuer à témoigner de la réalité vécue par ces hommes, femmes et enfants en quête de protection » a déclaré Sophie Beau, co-fondatrice et vice Présidente de SOS MEDITERRANEE International.

source http://www.sosmediterranee.fr/journal-de-bord/sauvetages-251117

Quand la dette publique « légitime » la casse du droit du travail

Le CADTM publie ce jour un article à l’occasion du vote « solennel » à l’Assemblée nationale de la réforme du droit du travail en France, mise en miroir avec les politiques d’austérité imposées à la Grèce, et passées au crible du rapport de l’expert de l’ONU sur l’impact de la dette sur les droits du travail : des politiques qui violent les obligations nationales et internationales, et qui sont infondées sur les plans de la théorie et de la pratique économique.

Quand la dette publique « légitime » la casse du droit du travail

27 novembre par Anouk Renaud , Simon Perrin

(CC – Flickr – Jeanne Menjoulet)

Alors que les « débats » sont ouverts à l’Assemblée sur la réforme du droit du travail déjà entrée en vigueur depuis deux mois en France et à laquelle le vote « solennel » du 28 novembre 2017 donnera force de loi, examinons au regard du dernier rapport de l’ONU consacré à l’impact de la dette extérieure sur les droits du travail, ces réformes qui, de la Grèce à la France, visent à rebooster la croissance pour « rembourser la dette ».

De l’ajustement macronien en France…

Comme le rappelait fin septembre l’actuel PDG d’Atos et ancien ministre de l’économie, Thierry Breton, sur le plateau de France Télévision, il aura suffi d’une décennie pour que l’Hexagone passe du peloton de tête au peloton de queue en matière de déficits publics, avec un endettement équivalent aujourd’hui à 98 % du PIB contre 62 % il y a 10 ans |1|. En prévision de l’application des mesures néolibérales décidées par le gouvernement En Marche, le ministre de « l’action et des comptes publics » Gérald Darmanin continue de faire porter aux Français-es la responsabilité de rentrer dans les clous des critères de Maastricht et leur demande d’assumer le paiement des quelques 42 milliards d’euros d’intérêts annuels |2| et le renouvellement des 185 milliards d’euros de titres de dette qui arriveront à échéance en 2018 |3| (car la France fait rouler sa dette en réempruntant chaque année sur le marché des capitaux la même somme qu’elle rembourse pour ses emprunts arrivés à échéance), ajoutés aux 60 milliards d’euros qui permettent de combler le déficit primaire : « votre dette, quand un petit français naît c’est 32 000 euros par habitant, quand il travaille c’est 75 000 euros. […] La vérité c’est que nous devons faire tous collectivement des efforts et nous promettons aux Français qu’ils se feront sur des économies et pas en augmentant les impôts » |4|. Plus que de ne pas augmenter les impôts, le gouvernement promet en fait une baisse de 10 milliards d’euros d’impôts |5| sur les sociétés et le capital (allègement des cotisations patronales, suppression de l’ISF, etc). Et avec en première ligne des « efforts collectifs » qui sont présentés dans le « plan d’action pour l’investissement et la croissance » : la réforme du droit du travail |6|.


Les 36 mesures que comptent les 5 ordonnances Macron, attaquent de front les droits des travailleur-euse-s sur au moins trois axes : elles facilitent et réduisent le coût des licenciements, permettent de casser les normes existantes afin de précariser l’emploi et ses conditions d’exercice, et bouleverse la démocratie au sein de l’entreprise, en confisquant leur pouvoir de représentation aux syndicats.

Ainsi, sous la menace d’un licenciement pour « cause réelle et sérieuse » et sans obligation de reclassement, le contrat de travail sera désormais modifiable dans toutes ses dimensions grâce aux accords de maintien de l’emploi, qui pourront être imposés dans n’importe quelle situation du moment qu’ils permettent de « répondre aux nécessités liées au fonctionnement de l’entreprise » |7|.

Prenant exemple sur le Portugal |8|, la réforme prévoit également un plafonnement des indemnités de licenciement, en rupture totale avec le principe de libre appréciation par le juge du préjudice subi par les salarié-e-s au regard de leur situation individuelle : au-delà de 29 ans d’ancienneté, un-e salarié-e recevra au maximum moins de deux ans de salaires |9|.

La création du « CDI de chantier » qui est un CDD déguisé inspiré du Job Act italien, permettra, quant à lui, aux employeur-euse-s d’économiser la prime de précarité en fin de contrat.

Poursuivant la poussée menée avec la loi El Khomri en 2016 visant à briser la « hiérarchie des normes », comme en Espagne, en Irlande ou en Belgique, les ordonnances dites macroniennes élargissent les possibilités de déroger aux accords de branches et conventions collectives, en permettant aux employeur-euse-s de négocier des conditions de travail et de rémunération (en plus du temps de travail depuis 2016) en dessous des standards du secteur professionnel. Affaiblissant considérablement le pouvoir des syndicats dans l’entreprise, l’employeur-euse pourra faire voter l’accord directement par les salarié-e-s dans les entreprises de moins de 20 salarié-e-s, en s’adressant à des représentant-e-s non mandaté-e-s dans les entreprises de moins de 50 salarié-e-s, ou en obtenant seulement 30 % des voix des salarié-e-s avec l’accord de certains syndicats dans les entreprises de plus de 50 salarié-e-s |10|. Dans la même veine, la durée maximale des CDD ne sera désormais plus limitée par la loi, mais négociée au sein des branches : comme en Roumanie |11|, un-e salarié-e pourra voir son CDD renouvelé pendant 5 ans au sein de la même entreprise et sur le même poste.

C’est quoi l’inversion de la hiérarchie des normes ?À l’instar d’autres domaines du droit, le code du travail obéit à une hiérarchie précise qui organise les différentes normes, leur donne plus de valeur que d’autres. La hiérarchie des normes était la suivante : la Constitution est plus forte que la Loi > la Loi est plus forte que les accords de branches et conventions collectives > les accords de branches et conventions collectives sont plus fortes que les accords d’entreprises. Ainsi, les conditions de travail et de rémunération négociées par accord de branche ne pouvaient être moins favorables que la loi et les conditions de travail et de rémunération négociées par accord d’entreprise ne pouvaient être moins favorables que l’accord de branche.

En brisant cette hiérarchie des normes, les dernières réformes du droit du travail mises en place partout en Europe visent à faire disparaître les accords de branches et conventions collectives, et l’ensemble des acquis sociaux qu’ils permettent de défendre au sein de chaque secteur professionnel.

Se faisant, Macron applique à la lettre les recommandations qui ont été faites à la France, en 2016 par la Commission européenne, s’appuyant elle-même sur le programme des Grandes orientations de politiques économiques, élaboré en concertation avec les ministres de l’Économie et les chefs d’État européens |12|, et en 2017 par le Semestre européen, organe de surveillance des politiques économiques et budgétaires créé en 2011 |13|. Pour remplir l’objectif de réduction des déficits publics à 3 % du PIB, la France est ainsi sommée de maintenir la réduction du coût du travail, de faciliter les licenciements et les dérogations aux dispositions juridiques générales, pour flexibiliser les contrats. Fondé sur l’idée que pour rembourser la dette il faut stimuler la croissance, et que pour recouvrer la croissance économique il faut déréglementer le marché du travail, l’ajustement des économies de l’Union européenne s’est accéléré depuis la crise de 2008 |14|, et s’est appliqué avec encore plus de brutalité aux pays du Sud de l’Europe, pour qui les recommandations sont également venues de la Banque centrale européenne.


… À la stratégie du choc en Grèce

En Grèce, comme au Portugal, à Chypre et en Irlande, les réformes du droit du travail de ces dernières années sont intervenues directement suite à la crise de la dette. Le démantèlement du code du travail est devenu ainsi la contrepartie à l’octroi de prêts.

En Grèce, les deux premiers memoranda, conclus respectivement en 2010 et 2012 vont s’atteler notamment à deux chantiers d’importance : la démolition du système de conventions collectives et la baisse du salaire minimum. Pour ce faire, la Troïka (FMI, Banque centrale européenne et Commission européenne) a exigé d’abord la fin du système d’extension des conventions collectives à un secteur tout entier, restreignant ainsi leur périmètre d’application aux seuls employeurs membres d’associations patronales. Tandis que les syndicats se voient supprimer leur capacité à conclure des conventions collectives nationales, une nouvelle instance est créée : les associations de personnes, des groupes ad hoc d’au moins cinq personnes et à qui l’on accorde le droit (traditionnellement réservé aux organisations syndicales) de conclure des accords d’entreprise. Enfin, l’inversion de la hiérarchie des normes, qui fait primer les accords d’entreprises (pouvant donc être conclus par des associations de personnes) sur les accords de secteur et nationaux fera le reste.

Concernant le salaire minimum : pour l’ensemble des travailleur-euse-s grec-que-s, il passera de 751 euros à 586 euros bruts, à l’exception des jeunes de moins de 25 ans pour qui un salaire minimum spécifique de 510 euros est créée. Ce salaire minimum d’exception (et donc illégal) fait partie du « package » du contrat jeune imposé par la Troïka. Il prévoit une période d’essai de deux ans, l’exonération des cotisations patronales et la suppression des allocations chômage pour les travailleur-euse-s de moins de 25 ans.

Parallèlement à cela, d’autres mesures seront imposées comme la mise en place d’une période d’essai pour tous les CDI durant laquelle le licenciement se fait sans préavis, l’extension de la durée maximale des CDD de deux à trois ans, l’abolition des Prud’hommes, ou encore le travail obligatoire dans certains secteur en cas de grève.

Toutes ces réformes ont-elles permis à la Grèce de sortir de la crise ? Non, et le cas de la Grèce a au moins le mérite de fournir un démenti empirique contre le discours macronien.

Si l’on regarde chez nos voisins hellènes, il ne fait aucun doute que les réformes du marché du travail n’améliorent ni l’emploi, ni la compétitivité des entreprises. Entre 2010 et 2016, le PIB grec a chuté de 27 % et le nombre de petites et moyennes entreprises est passé de 900 000 en 2009 à 450 000 aujourd’hui |15|. Les salaires sont aujourd’hui à 75 % de leur niveau de 2010, tandis que le chômage avoisinait les 24% de la population active et les 50 % chez les moins de 25 ans en 2016 |16|.

Quant aux prétendus « gains de compétitivité », on observe que la réduction du « coût » du travail, engendrée par toutes ces réformes, ne s’est pas traduite par une baisse des prix et donc une augmentation des parts de marchés gagnées par les entreprises grecques. En revanche, le taux de marge des entreprises en Grèce a augmenté de 36 % par rapport à la moyenne des autres pays de l’OCDE |17|. Même la Commission européenne le reconnaissait à demi-mot en 2013 : « les taux de marge ont augmenté (…) absorbant ainsi une partie de la réduction des coûts salariaux unitaires » |18|.

En revanche, les conditions de travail et les droits des salarié-e-s se sont vus largement dégradés. L’inspection du travail recensait 6 500 accidents du travail déclarés en 2016 contre 5 721 en 2010 et cela malgré la réduction significative de l’activité des entreprises |19|. Alors qu’en 2009, 83 % des travailleur-euse-s étaient protégé-e-s par une convention collective, ils-elles ne sont plus que 42 % en 2013. Considérant en plus qu’en 2013 et 2014 la majorité des conventions a été conclue par des associations de personnes, parmi ces 42 % beaucoup de travailleur-euse-s sont couvert-e-s par des accords bien moins protecteurs que les conventions de secteur ou nationales |20|. Sur 200 conventions collectives avant l’arrivée de la Troïka, il n’en reste aujourd’hui qu’une petite dizaine… |21|

Un groupe d’experts indépendants invalide les réformes grecques en matière de droit du travailAlors que les mauvais résultats en Grèce mettaient clairement à mal la pertinence des réformes imposées par les Institutions (FMI, BCE, CE et MES), celles-ci ont dû concéder, dans le troisième mémorandum, la mise en place d’un groupe d’experts indépendants pour évaluer le marché du travail grec, composé de quatre experts nommés par le gouvernement grec et de quatre autres (dont le président) désignés par les Institutions. À côté de ce groupe d’experts, le troisième mémorandum demande au gouvernement grec d’aller encore plus loin dans la « flexibilisation » du marché du travail, en libéralisant les procédures de licenciement collectif, en légalisant le lock-out |22| et restreignant le droit de grève. Des exigences dont le FMI se fait le relais le plus zélé.

Pourtant dans son rapport de septembre 2016 |23| ce groupe d’experts fait le constat que le contrat individuel règne dans l’économie grecque au détriment d’une réelle protection des droits des travailleur-euse-s. Parmi ses recommandations |24|, on trouve la nécessité de ne pas toucher au droit de grève, garanti constitutionnellement et déjà bien trop limité ainsi que le maintien de l’interdiction du lock-out, elle aussi garantie constitutionnellement. Ou encore le fait qu’un accord d’entreprise ne peut pas être moins protecteur qu’un accord national ou sectoriel.

Bien évidemment, ce rapport n’a été utilisé ni par les Institutions, ni même d’ailleurs par le gouvernement grec. Des conclusions complètement ignorées, puisque dans le cadre de la troisième revue entamée en juin 2017, le gouvernement Anel-Syriza s’est engagé à mettre en œuvre 95 mesures parmi lesquelles la « simplification » du code du travail, la modification des conditions de vote du droit de grève…


Ou comment revenir sur la distribution de la valeur

Dans un rapport de décembre 2016, l’expert de l’ONU, Juan Pablo Bohoslavsky, traite des effets de la dette extérieure sur les droits du travail |25|. Une large part y est consacrée à la dénonciation des nombreuses violations des droits de l’Homme, à commencer par les droits du travail, commises au nom du remboursement de la dette, avec le soutien sans faille des grandes institutions financières internationales. Pour beaucoup d’entre elles, les réformes du droit du travail de ces dernières années sont frappées d’illégalité, dans la mesure où elles entrent en contradiction avec plusieurs instruments de droit interne et international, voire les nient totalement. Il est évident que les exigences de la Troïka et des États créanciers violent notamment les conventions fondamentales de l’Organisation internationale du travail et la Charte sociale européenne. En septembre 2014, la Confédération générale des travailleurs grecs (GSEE) déposait d’ailleurs une plainte auprès du Conseil de l’Europe contre l’État grec pour non-respect de la charte sociale européenne, garantissant notamment un salaire digne, le droit de négociation, le droit de grève, un délai raisonnable de licenciement |26|. Des obligations internationales également violées par les institutions financières internationales, tenues de les respecter elles aussi lorsqu’elles accordent des prêts et imposent des réformes en contrepartie.

Sur le terrain de la théorie économique, le rapport de Juan Pablo Bohoslavsky s’avère également très utile, dans la mesure où il bat en brèche le fondement de ces réformes du droit du travail, dictées au motif qu’elles « générerai[en]t de la croissance et permettrai[en]t ainsi de prévenir ou de contribuer à enrayer les crises de la dette » (Bohoslavsky, p. 1). En effet, voici des décennies que l’OCDE, le FMI, la BM ou encore la Banque centrale européenne défendent l’idée selon laquelle les droits du travail et les lois de protection de l’emploi sont parmi les principaux obstacles à la croissance économique Or, cette idée, « vigoureusement remise en cause par la recherche théorique », ne passe pas l’épreuve des faits (p.16). Ayant minutieusement épluché une trentaine d’ouvrages et de corpus d’études produits sur le sujet, Bohoslavsky nous rappelle tout bonnement qu’aucun élément concret ne permet d’affirmer que les réformes du marché du travail, menées dans le cadre des politiques d’austérité, contribuent à la reprise économique des pays après une crise de la dette. Tout au mieux, les études menées concluent à une absence de lien « consistant, négatif ou positif, entre les lois générales sur le travail et le chômage » (p.17). Une étude de Dean Baker publiée en 2005 sur les données de 20 pays de l’OCDE indiquait ainsi ne parvenir à démontrer aucune relation entre l’affaiblissement des institutions du marché du travail et la baisse du chômage. Une absence de résultats criante, également observable dans les rares études menées dans les pays en développement. En réalité, les chercheur-euse-s ont bien plus de facilité à prouver exactement le contraire, en identifiant les fonctions du droit du travail qui contribuent à « l’efficacité économique » : un meilleur fonctionnement du marché, la stabilisation de la demande dans les périodes de récession (p.18) ou encore leur effet positif sur la répartition du revenu (p.17). Notons ainsi les résultats d’une étude menée en 2013 par Pasquale Tridico qui conclut que les pays de l’Union européenne ayant eu les meilleurs résultats pendant la crise économique de 2007 à 2011 étaient ceux dont les marchés du travail étaient les moins flexibles (p.18).

Ainsi l’experte conclut qu’en absence d’une quelconque utilité économique, l’application de ces réformes, destinées à miner le droit du travail, semblent être motivées par d’autres facteurs « tels que des préjugés idéologiques et la volonté non déclarée de revenir sur les programmes de distribution [de la richesse produite] » (p.21).


Contre l’agenda néolibéral global : auditons les dettes, renforçons les luttes

Qu’elles soient appliquées sur un court terme à la faveur d’une crise de la dette latente comme en Grèce ou bien distillées sur un plus long terme comme le recommandait l’OCDE il y a déjà 20 ans |27|, à l’instar de la France qui agite le spectre d’une crise de la dette imminente ; ces mesures d’ajustement, parmi lesquelles les réformes du travail occupent une place de choix, reposent donc sur des raisonnements fallacieux. Le rapport de l’expert ONUsien, J. Pablo Bohoslavsky vient corroborer cette analyse en fournissant de précieux arguments théoriques et empiriques à charge contre les fondements et les effets de ces ajustements menés partout dans le monde depuis des années au nom de la dette.

Plus que jamais, il ne peut y avoir de lutte anti-austérité sans s’attaquer à la dette, sans l’auditer, sans remettre en question le pouvoir qu’elle produit. Sinon elle restera l’éternel « prétexte » à la destruction des droits des travailleur-euse-s, c’est-à-dire « la raison invoquée pour cacher le vrai motif d’une action » |28| : à savoir l’application d’un agenda néolibéral global. Une lutte anti-austéritaire qui ne peut se limiter aux arènes feutrées ONUsiennes, tant les institutions semblent sourdes aux constats économiques et aux arguments juridiques. L’expert de la dette précise d’ailleurs dans son rapport que « les institutions financières internationales sont plus sensibles qu’on ne le croit aux pressions politiques exercées par les syndicats nationaux et qu’elles feront sans doute des concessions sur les questions liées au marché du travail si elles sont confrontées à un mouvement de protestation important » (p.24).

Gardons espoir que les journées de grève et de manifestations qui se multiplient en France depuis la rentrée, et ciblent maintenant l’ensemble de la « politique libérale » et « antisociale » de Macron et sa clique (fiscalisation des cotisations chômage et maladie |29|, fusion des régimes de retraite |30|, durcissement des contrôles sur les recherches d’emploi |31|, en prélude à la destruction de la protection sociale) puissent venir à bout des velléités du gouvernement En Marche.


Avec l’aimable contribution du CADTM France. Merci à elles et eux ! Marie-Claude Carrel, Pascal Franchet, Yvette Krolikowski, et Nicolas Sersiron, du CADTM France.

Notes

|1| Thierry Breton était l’invité « inattendu » de l’Émission politique consacrée au Premier ministre du gouvernement En Marche Édouard Philippe, sur France 2, le 28 septembre 2017. La vidéo est accessible sur le lien suivant : https://www.youtube.com/watch?v=_XWyMYm1B70

|2| Les dernières prévisions du montant de la charge de la dette pour 2017 sont disponibles sur le site internet de l’Agence France Trésor, et accessibles sur ce lien : http://www.aft.gouv.fr/rubriques/charge-de-la-dette_93.html

|3| Les prévisions de financement de l’État par émissions de dette à moyen et long terme nettes des rachats sont disponibles sur le site internet de l’Agence France Trésor, et accessibles sur ce lien : http://www.aft.gouv.fr/articles/besoins-et-ressources-de-financement-de-l-etat-en-2018-et-point-sur-l-annee-2017_13044.html

|4| Gérald Darmanin était l’invité de Jean-Jacques Bourdin dans son émission de radio sur RMC le 30 juin 2017. La vidéo est accessible sur le lien suivant : https://www.youtube.com/watch?v=Sri7pmJMKbE

|5| Henri Wilno économiste membre de la Fondation Copernic, « Budget : les inégalités pour programme », Le Chiffon Rouge Morlaix. Article accessible sur ce lien : http://www.le-chiffon-rouge-morlaix.fr/2017/10/fondation-copernic-budget-les-inegalites-pour-programme-henri-wilno-economiste.html

|6| Le plan d’actions pour l’investissement et la croissance, présenté par le premier ministre en déplacement à Niort le 11 septembre 2017 est disponible sur ce lien : http://www.gouvernement.fr/sites/default/files/contenu/piece-jointe/2017/09/dossier_de_presse_-_plan_dactions_pour_linvestissement_et_la_croissance_-_11.09.2017.pdf

|7| Dan Israel, « Ordonnances : le contrat de travail n’est plus une protection », Notre dossier : Loi travail saison 2, Mediapart, 22 septembre 2017. Article accessible sur ce lien : https://www.mediapart.fr/journal/economie/dossier/notre-dossier-loi-travail-saison-2

|8| Rachel Knaebel, « Les réformes du droit du travail généralisent la précarité partout en Europe », Bastamag, 22 mars 2016. Article accessible sur ce lien : https://www.bastamag.net/Partout-en-Europe-les-reformes-du-travail-facilitent-les-licenciements-et

|9| Dan Israel, op. cit.

|10| Dan Israel et Manuel Jardinaud, « Loi travail : ce que le gouvernement fait aux salariés », Notre dossier : Loi travail saison 2, Mediapart, 31 août 2017. Article accessible sur ce lien : https://www.mediapart.fr/journal/france/310817/ce-que-le-gouvernement-fait-aux-salaries?page_article=3

|11| Rachel Knaebel, op. cit.

|12| Coralie Delaume, « Ce que la loi El Khomri doit à l’Union européenne », Figaro Vox, Le Figaro, 17 mai 2016. Article accessible sur ce lien : http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2016/05/17/31001-20160517ARTFIG00137-ce-que-la-loi-el-khomri-doit-a-l-union-europeenne.php

|13| Isabelle Schömann de l’Institut syndical européen, citée dans Rachel Knaebel, op. cit.

|14| Emmanuelle Mazuyer, directrice de recherche au CNRS, « Réforme du code du travail : Un mouvement d’ampleur en Europe depuis la crise de 2008 », Le Monde, 22 septembre 2017. Article accessible sur ce lien : http://www.lemonde.fr/politique/article/2017/09/22/reforme-du-code-du-travail-un-mouvement-d-ampleur-en-europe-depuis-la-crise-de-2008_5189903_823448.html

|15| Fabien Perrier, « En Grèce, les lois Macron avant l’heure… », Regards, septembre 2017. Accessible à : http://www.regards.fr/web/article/en-grece-les-lois-macron-avant-l-heure

|16| Wolfgang Däubler, “On the other side, you have only crocodiles : Greece under the Troika”, International Union Rights, Vol. 24, No. 1, World Bank & IMF (2017), pp. 11-13

|17| Michel Husson, « Grèce : une économie dépendante et rentière », ATTAC, avril 2015. Accessible à : https://france.attac.org/nos-publications/les-possibles/numero-6-printemps-2015/dossier-monnaie-et-finance/article/1-michel-husson-grece-pourquoi-une#t3-Les-baisses-de-salaires-n-ont-pas-ete-repercutees-dans-les-prix-a-nbsp

|18| Commission européenne, « Labour Costs Pass-through, Profits and Rebalancing in Vulnerable Member States », Quarterly Report on the Euro Area, vol. 12, n°3, 2013 ; cité par Michel Husson, op.cit.

|19| Fabien Perrier, op. cit.

|20| Wolfgang Däubler, op.cit.

|21| Amélie Poinssot, « Yorgos Katrougalos : ce qu’a produit la réforme du marché du travail en Grèce », Mediapart, septembre 2017. Accessible à : https://www.mediapart.fr/journal/economie/070917/yorgos-katrougalos-ce-qu-produit-la-reforme-du-marche-du-travail-en-grece?onglet=full

|22| Le lock-out est une procédure qui permet de fermer temporairement une entreprise, non pas pour des motifs économiques mais pour appuyer des revendications patronales lors d’un conflit. Le lock-out peut ainsi être utilisé pour « casser » une grève.

|23| Voir le rapport en question : http://www.capital.gr/content/relatedfiles/68/6898c2f55b6f4348828383f331261304.pdf

|24| Sur 12 recommandations, 8 ont été décidées à l’unanimité tandis que 4 à la majorité.

|25| Juan Pablo Bohoslavsky, Rapport de l’expert indépendant chargé d’examiner les effets de la dette extérieure et des obligations financières internationales connexes des États sur le plein exercice de tous les droits de l’homme, en particulier des droits économiques, sociaux et culturels, présenté au cours de la 34e session du Conseil des droits de l’Homme, Haut-commissariat aux droits de l’Homme, 27 décembre 2016. Le rapport en six langues sur ce site : http://ap.ohchr.org/documents/dpage_f.aspx?s=40 ; ainsi qu’en langue française sur ce lien : https://documents-dds-ny.un.org/doc/UNDOC/GEN/G16/441/39/PDF/G1644139.pdf?OpenElement

|26| Greek general Confederation of Labour (GSEE) v. Greece, Case No. 111/2014

|27| Chistian Morisson, « La faisabilité politique de l’ajustement », Cahier de politique économiques, OCDE, 1996, cité dans, Éric Toussaint, La Bourse ou la Vie. La Finance contre les peuples, 1998.

|28| Définition du dictionnaire Larousse.

|29| Ivan Best, « Suppression des cotisations chômage et maladie : ce que veut dire la proposition Macron », La Tribune, 08 décembre 2016. Article accessible sur ce lien : http://www.latribune.fr/economie/france/suppression-des-cotisations-chomage-et-maladie-ce-que-veut-dire-la-proposition-macron-623310.html

|30| Philippe Pihet, « Retraites : chronique d’une réforme annoncée », Miroir Social, 27 septembre 2017. Article accessible sur ce lien : http://www.miroirsocial.com/actualite/15059/retraites-chronique-d-une-reforme-annoncee

|31| Emmanuel Macron était l’invité de l’émission Grand entretien diffusé sur TF1 le 15 octobre 2017. La vidéo est accessible sur ce lien suivant : https://www.youtube.com/watch?v=orKQ_A5MFZQ

Auteur.e

 

OJ réunion du collectif du lundi 4 décembre

La prochaine réunion du collectif se tiendra lundi 4 décembre 2017 à 17h salle 200 à la Maison des associations 6 rue Berthe de Boissieux à Grenoble.

Ordre du jour :

– retour sur la rencontre avec les VioMé,

– bilan du convoi solidaire de novembre,

– les prochaines actions : films, théâtre, musique, campagne Viomé, migrants, débats, collecte de fonds pour les dispensaires,

– partenariat avec le Buech.

Solidarité avec Yannis Youlontas et Jean-Jacques Rue

Poursuivis en justice par Defend Europe
Durant l’été 2017, une expédition raciste a tenté d’entraver le sauvetage en mer des migrants en mer Méditerranée par les ONG. Telle une milice fasciste, les principaux dirigeants identitaires européens ont affrété le navire C-Star contre les associations humanitaires et les personnes qui fuient la guerre et la misère, parmi lesquelles des enfants.Heureusement, sur l’une et l’autre rive, des centaines de militants antiracistes et antifascistes se sont mis en réseau pour les en empêcher.

Dès lors, la débâcle de l’expédition Defend Europe a été retentissante : première alerte en Egypte, blocage du bateau à Chypre, abandon du projet d’escale en Crète, manifestations en Sicile, nouvel abandon en Tunisie, panne au large de la Libye et, enfin, capitulation au large de Malte suivie de la fuite des chefs identitaires européens.

Deux mois après cet échec total, Defend Europe contre-attaque en Justice pour se venger.

Les chefs identitaires allemand, français et italien de Defend Europe poursuivent Yannis Youlountas, seul membre visible du réseau antifasciste Defend Mediterranea, pour « diffamation » et « injures publiques ».

Ils poursuivent également Jean-Jacques Rue, journaliste satirique et ami de Yannis, pour avoir partagé et commenté l’une des publications de ce dernier.Ils leur demandent des sommes colossales (plusieurs dizaines de milliers d’euros) non seulement dans le but de gagner beaucoup d’argent, mais aussi de mettre en grandes difficultés ces deux militants aux revenus modestes.

Le procès aura lieu le lundi 18 décembre 2017 à 13h30 au Tribunal correctionnel de Nice.La solidarité, c’est aussi participer aux frais des camarades. C’est pourquoi nous appelons à votre soutien financier pour régler les frais d’avocats, de déplacements et de saisine des témoignages par les huissiers. En cas de surplus, le solde sera reversé à des associations d’aide aux migrants et réfugiés.

https://www.lepotcommun.fr/pot/hvfshv5n

No Pasaran et vive la solidarité !Annick et Eric Sirvin, amis de Yannis et Jean-Jacques
mandatés par le comité de soutien pour créer ce Pot Commun

Pour ceux qui ne peuvent pas utiliser ce procédé, vous pouvez éventuellement :– soit envoyer un chèque à l’ordre du Cercle des poètes tarnais (ne rien ajouter sur l’ordre) à l’adresse suivante : 
ANEPOS
« Solidarité avec Yannis et Jean-Jacques »BP 10 81540 SORÈZE

– soit faire un virement au Cercle des poètes tarnais en mentionnant « Solidarité avec Yannis et Jean-Jacques » dans le libellé.
IBAN : FR48 2004 1010 1606 9098 3K03 727
BIC : PSSTFRPPTOU

Lire notre article précédent http://www.infoadrets.info/grece/contre-lexpedition-identitaire-defend-europe/

Comment le cimentier Lafarge a demandé et obtenu le démantèlement du droit du travail en Grèce

Comment le cimentier Lafarge a demandé et obtenu le démantèlement du droit du travail en Grèce

par Benoit Drevet, Leila Minano, Nikolas Leontopoulos

Dans l’opinion publique grecque, c’est un fait acquis : le droit du travail a été démantelé sous la pression des lobbies. Mais jusqu’ici, les preuves manquaient pour étayer cette affirmation. Un mail confidentiel de novembre 2011 montre comment le cimentier français Lafarge, déjà mêlé à plusieurs scandales, a participé avec un certain succès à l’entreprise visant à influencer la réforme historique du code du travail, alors menée par le gouvernement d’Athènes.

Le plus souvent, le monde des affaires se montre impénétrable. Mais avec le temps certains secrets finissent par s’éventer. Le cimentier français Lafarge – désormais allié au Suisse Holcim – peut en témoigner. La fuite d’un e-mail confidentiel obtenu par le quotidien grec Efimerida ton Syntakton – partenaire du collectif de journalistes Investigate Europe – montre comment il y a six ans le leader mondial du ciment, profitant de la crise grecque, a fait pression pour obtenir d’Athènes une dérégulation du droit du travail, au-delà de ce que les réformes engagées prévoyaient déjà.

Dans cette correspondance privée remontant au début du mois de novembre 2011, Pierre Deleplanque, alors directeur général du cimentier grec Héraclès General Cement Company, filiale détenue à 100 % par Lafarge-Holcim, interfère auprès de l’homme fort du FMI en Grèce, le Néerlandais Bob Traa. Deux économistes grecs du Fonds monétaire international sont en copie du mail : Georgios Gatopoulos et Marialena Athanasopoulou.

Sur un ton des plus chaleureux, le Français écrit à son « cher Bob », suite à leur rencontre « utile, édifiante et opportune » dans le bureau du patron du Fond monétaire international (FMI) le lundi précédent. Ce jour là, le lundi 31 octobre 2011, le premier ministre George Papandréou annonce un référendum (qui sera finalement annulé). « Espérons que la situation restera sous contrôle, s’autorise le dirigeant d’entreprise, et que le peuple grec décidera de rester dans l’euro et de retourner sur la voie des réformes ».

Lafarge transmet ses propres propositions de réformes

Mais Lafarge a un autre objectif en ligne de mire : la réforme du droit du travail, qui ne va pas assez loin pour le cimentier. L’émissaire de Lafarge minimise la portée des réformes structurelles entreprises par le gouvernement sous la pression de la Troïka – les experts de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne (BCE) et du FMI chargés d’auditer les finances publiques dans le cadre de l’accord de refinancement de la Grèce négocié en 2010. D’après lui, celles-ci n’ont « malheureusement (…) pas démontré leur efficacité (…), soit en raison de l’inadéquation des mesures, soit des lacunes constatées dans leur mise en œuvre ».

Il faut dire qu’Héraclès, « l’un des plus grands groupes industriels en Grèce », a subi « cinq trimestres consécutifs de pertes nettes ». Des résultats désastreux dus, se plaint le dirigeant de Lafarge, à « la baisse de 65% de la demande de ciment en Grèce, à la chute des exportations et l’incapacité du gouvernement à payer les entrepreneurs pour le travail accompli ». Ce qui aurait entraîné l’apparition de « créances douteuses » à hauteur de « 65 millions d’euros » pour sa seule filiale. Le patron propose donc de renverser la vapeur.

« Comme promis », il joint à son e-mail « un document informel résumant la proposition de Lafarge pour des réformes structurelles plus ciblées ». Avec, en ligne de mire, le démantèlement d’une part cruciale des acquis sociaux des travailleurs grecs jugés peu productifs et trop chers : « Un employé produit 2,6 tonnes, contre 5,3 tonnes par employé en Espagne (…) le coût moyen par employé est de 67 000 euros contre 49 000 euros au Royaume-Uni ». Des suggestions qui vont en partie, hasard ou non, se retrouver dans la future réforme du travail, votée quelques mois plus tard.

La première proposition du cimentier : « La généralisation de groupes d’arbitrage indépendants composés d’hommes d’affaires respectés et de professionnels sans affiliation politique » en lieu et place de l’Organisation de médiation et d’arbitrage grec (OMED). L’organisme national, qui intervient lors des litiges autour des négociations de conventions entre employeurs et salariés est coupable, d’après lui, d’outrepasser ses fonctions et de « maintenir en vigueur des conventions collectives antérieures » à « l’esprit de la loi » 3899, votée onze mois plus tôt, en décembre 2010. Une loi à laquelle il semble tenir puisque celle-ci vise à « mieux équilibrer le pouvoir employeurs-employés dans la négociation » au sein de l’entreprise et qui, par dessus tout, limite les compétences de l’OMED « aux discussions sur le salaire minimum ».

Faciliter les licenciement, abolir les conventions collectives

Licencier plus facilement, c’est le deuxième desiderata de Lafarge. Le cimentier trouve les licenciements « trop spécifiquement et trop strictement définis » par la loi (sic). Résultat, il s’insurge de voir « les licenciements facilement contestés devant les tribunaux ». La loi de décembre 2010 avait pourtant déjà mis un coup de canif aux limitations en faisant passer « le seuil de licenciement de 2% à 5% de l’effectif », avec « un maximum de 30 mises à pied par mois » pour les entreprises de plus de 150 employés. Là encore, il juge cette disposition insuffisante pour les grands groupes. Il ouvre donc une nouvelle piste de réflexion – assez obscure il faut le dire : « Permettre aux entreprises d’absorber les cotisations sociales des employés proches de la retraite, sans aucun critère restrictif ». Pour convaincre son interlocuteur, il fait miroiter des « gains multiples pour l’État (…), pour l’employé et pour l’entreprise ».

Troisième mesure réclamée par Lafarge, l’abolition des conventions collectives sectorielles afin de donner davantage de « souplesse aux renégociations potentielles des conventions d’entreprise ». Le géant du ciment est dans les petits papiers du patron du FMI en Grèce. Il a la ferme intention d’en profiter pour forcer le gouvernement hellène à aller plus loin que la limitation des procédures de négociations collectives décrétée le 21 octobre 2011, soit une dizaine de jours avant ce mail. Pierre Deleplanque, s’il était roi, préférerait que chaque société dispose de sa propre convention d’entreprise.

Après le FMI, la BCE

Enfin, les entreprises ne se porteraient-elles pas mieux si elles avaient le pouvoir unilatéral de procéder à des licenciements collectifs ? Un point qui tient particulièrement à cœur au cimentier qui s’apprête – mais ça, il ne le précise pas – à mettre dehors les 236 salariés de son usine de Chalcis. Jusque là en Grèce, quand une entreprise souhaite procéder à un licenciement collectif, elle a besoin de l’aval du ministère du Travail. Trop contraignant pour Pierre Deleplanque, qui propose de « simplifier la procédure » en se passant de l’approbation de l’administration. Pour donner le change, il associerait l’OMED, comme garant de ce nouveau procédé. Mais seulement à une condition : « Le renouveau » de l’organisme national d’arbitrage et de médiation, tel qu’il l’a mentionné quelques lignes plus haut. Bref, à condition de soumettre l’OMED au milieu des affaires.

Enfin, Pierre Deleplanque se sert aussi de cette correspondance privée avec Bob Traa pour demander au Néerlandais de lui « renvoyer » les noms « des personnes de la Commission européenne à Bruxelles en charge du programme de la réforme structurelle grecque ». « Nous avons peut-être mal orthographié leurs noms », précise-t-il. Sur la base de coordonnées transmises par le fonctionnaire du FMI, Deleplanque va donc poursuivre son travail de lobbying auprès des membres de la Commission européenne, l’autre bras armé de la Troïka. Selon toute vraisemblance, la stratégie s’avère payante.

La plupart des mesures dans la loi

Au cours de l’année 2012, les rêves de Deleplanque vont devenir réalité. Trois lois (4024/12, 4046/12, 4093/2012) sont promulguées dans le cadre du deuxième plan de « sauvetage » de la Grèce. Celles-ci reprennent la majorité des propositions de Lafarge. L’Institut syndical européen (European Trade Union Institute, ETUI) les résume ainsi : « les résultats de ces réformes “structurelles” ont été la fragmentation et la déstabilisation du système de la négociation collective, la baisse drastique des salaires nominaux (“le salaire minimum national a été abaissé en 2012, passant de 751euros brut par mois à 586 euros”) et la réduction des ressources (cotisations) pour le système de la sécurité sociale ». Quant au système d’arbitrage chapeauté par l’OMED, il a été neutralisé.

Parmi les quatre propositions de l’industriel, seule celle visant à une déréglementation totale des licenciements collectifs n’a pas été retenue dans le mémorandum de février 2012, engageant un deuxième plan d’aide à 130 milliards d’euros en échange de ces fameuses « réformes structurelles ». Mais la Troïka ne désespère pas, six ans après les « conseils » de Pierre Deleplanque, de remettre cette mesure au goût du jour (voir encadré). Quoi qu’il en soit, les effets des lois de 2012 se font aujourd’hui sentir dans tout le pays.

Lafarge, un « donneur d’ordre » parmi d’autres

Cette réforme a été « d’une violence sans précédent, se souvient Alexis Mitropoulos, avocat et professeur de droit du travail réputé à l’université d’Athènes. Les changements demandés par Lafarge ont conduit à une multiplication des formes atypiques de travail et à une plus grande flexibilité : l’explosion du travail à temps partiel, à durée déterminée et même les temps plein bon marché ». Résultat, souligne cet ancien député Syriza, premier vice-président du parlement jusqu’en 2015 qui a rendu son tablier quand Tsipras a changé de cap, « beaucoup de familles sont passées au-dessous du niveau de pauvreté. Ces changements ont amplifié la crise humanitaire ».

Toutefois, à la décharge de la multinationale, Lafarge n’a pas été le seul groupe à tirer profit du marasme économique. L’influence du secteur privé a irrigué l’ensemble des mesures d’austérité qui ont étranglé les grecs dès 2010. Et c’est le FMI lui même qui le constate de manière « frappante », dit-il, dans un mémorandum confidentiel publié en 2014 par nos confrères du Wall Street Journal et d’El País.

Dans ce document secret, le board du Fond confie que « le secteur privé est pleinement à l’origine du programme considéré comme l’outil permettant de mettre fin à plusieurs privilèges dans le secteur public ». Avec la publication de cet e-mail, Lafarge n’a donc fait que rejoindre la longue liste de ces entreprises et de ces hommes de l’ombre écoutés par la Troïka, qui ont influé sur les décisions politiques du pays. La presse grecque les a baptisé les « Whisperers » (chuchoteurs).

Benoit Drevet et Nikolas Leontopoulos, avec Leïla Miñano, pour Investigate Europe.

Photo : tim goode

NB : Sollicité à plusieurs reprises par Bastamag, Lafarge Holcim n’a pas souhaité donner suite à nos demandes d’interview. Pierre Deleplanque semble, quant à lui, couler des jours heureux après avoir été promu, en octobre 2015, directeur régional de Lafarge Holcim pour les marchés européens émergents.

https://www.bastamag.net/Comment-le-cimentier-Lafarge-a-demande-et-obtenu-le-demantelement-du-droit-du


Sur les réfugiés semaine 46-47

23/11/17 Réfugiés: la route par la Grèce a repris et se réduit depuis la Libye https://www.swissinfo.ch/fre/r%C3%A9fugi%C3%A9s–la-route-par-la-gr%C3%A8ce-a-repris-et-se-r%C3%A9duit-depuis-la-libye/43700464

22/11/17 Vider les camps de réfugiés en Grèce : « une question de vie ou de mort » http://www.infomigrants.net/fr/post/6203/vider-les-camps-de-refugies-en-grece-une-question-de-vie-ou-de-mort

  Une fois de plus, le centre de détention de Moria a été transformé en un champ de bataille par une rébellion d’immigrants. Tout a commencé vers 23h00 dans la soirée (19/11). À ce moment-là, une tempête a éclaté et les immigrants demandaient de l’espace pour s’abriter

Naturellement, cela n’a pas pu être fait, car les migrants vivant dans le Hotspot de Moria dépassent de loin le nombre des places d’hébergement. Les épisodes de révolte ont alors éclaté. Le calme est revenu vers 5 heures du matin après l’intervention musclée des forces de police, encore une fois dans des conditions de travail défavorables. Au cours de l’opération de police, sept personnes ont été amenées à la Direction de la police de Lesbos.
Pendant ce temps, aux premières heures de la journée, 39 immigrants sont arrivés à Lesbos depuis la Turquie, mais Yiannis Balpakakis, le commandant du Centre de Moria, n’a pas pu les recevoir à cause de la sur-occupation, de sorte que l’Autorité portuaire ne savait pas où les héberger. »
……

B/ « A l’occasion de la mobilisation du lundi 20 novembre, annoncée par la municipalité de Lesbos pour le réfugié-migrant, le comité communal du Parti communiste grec de Lesbos (KKE) a commenté dans sa communication: » Les demandes de se mobiliser en provenance de l’administration de la municipalité – décidées seule et sans l’accord de quelconque organisme – arrivent de partout.

La municipalité demande de décongestionner Lesbos et d’affecter proportionnellement les réfugiés et les migrants à travers la Grèce, cela montre que le bon objectif d’une double lutte pour laisser sortir à la fois de Lesbos et de Grèce est abandonné. Les réfugiés et les migrants veulent quitter la Grèce et se rendre à leur destination. Et probablement, de toute façon, les gouverneurs locaux de la Grèce continentale ne voudront pas créer de centres de détention de réfugiés et d’immigration dans leur région.

L’autorité municipale insiste pour protester contre le fait que, selon elle, il n’y a pas de respect de l’accord UE-Turquie. Elle refuse de voir, ou voit, mais ne veut pas avouer, que ce même accord est dans son ensemble la cause de la situation que nous vivons actuellement à Lesbos et dans les autres îles de la mer Égée. Se battre pour changer cette situation à Lesbos sans se battre contre cet accord est absurde.

La façon dont l’autorité municipale a organisé la mobilisation est un monument de paradoxes et réclame un Guinness award. Elle a décidé de la forme et du contenu d’une mobilisation sans consulter, discuter, ni parler à quiconque, ce qui revient à un « nous décidons et commandons ».Le moment choisi pour mobiliser a conduit – nécessairement – au report de la mobilisation sur la TVA qui, indépendamment de son contenu incomplet, était une réponse à un problème crucial pour notre île. Le changement de calendrier sur les mobilisations contre la TVA affaiblit la lutte commune, et donc son efficacité. Entre-temps, le budget du Parlement sera voté, y compris l’abolition de la TVA pour les îles de la mer Égée du Nord. Notre mobilisation devient donc obsolète.

Le KKE de Lesbos exhorte les travailleurs, les agriculteurs, les travailleurs indépendants, tous les acteurs de l’île à coordonner leur lutte pour :

La libération complète des réfugiés immigrants de Lesbos et de la Grèce.
Des hôpitaux temporaires humains plutôt que des centres de détention ou des centres de détention – des prisons – où les conditions de vie sont plus que misérables.

Obtenir des mesures de soutien pour soulager les habitants de l’île des problèmes causés par le séjour à long terme des réfugiés et des immigrants sur l’île.

La gestion de toutes les questions concernant les réfugiés par les institutions gouvernementales étatiques et locales, et non par des ONG « .

17/11/17 A Chios un camp de réfugiés surpeuplé http://fr.euronews.com/2017/11/17/a-chios-un-camp-de-refugies-surpeuple

16/11/17 Migrants en Europe : les quotas d’accueil obligatoires sur la sellette En savoir plus sur https://www.lesechos.fr/monde/europe/030884470210-migrants-en-europe-les-quotas-daccueil-obligatoires-sur-la-sellette-2130777.php#SPMbhEKlVPsgLvTu.99

GRECE – 4 enfants sur 10 exposés au risque de pauvreté ( Eurostat)

Paru le 22/11/17 sur Le petit journal Athènes

En Grèce, quatre enfants sur dix âgés de moins de 17 ans risquent la pauvreté ou l’exclusion sociale confirme l’office statistique de l’Union européenne Eurostat, plaçant le pays touché par la crise au sommet de la pauvreté dans la zone euro. Les chiffres ont été publiés à l’occasion de la Journée mondiale de l’enfance, célébrée le 20 novembre.

La plus forte baisse du nombre d’enfants menacés de pauvreté ou d’exclusion sociale a été observée en Lettonie, la plus forte hausse en Grèce.

Pour découvrir le rapport dans sa totalité : http://ec.europa.eu/eurostat/documents/2995521/7738132/3-16112016-AP-FR.pdf/6f54202f-d1f9-47d5-8b6f-7b7963bf2396

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