Titre de l’auteur

Autem vel eum iriure dolor in hendrerit in vulputate velit esse molestie consequat, vel illum dolore eu feugiat nulla facilisis at vero eros et dolore feugait.

Author Archive by rédaction

Communiqué clinique sociale Helliniko

communiqué du 21/06/2018 du Collectif de la Clinique Métropolitaine Sociale d’Helliniko (CMSH)  traduit en français par le collectif France Grèce solidarité  pour la santé

  La Solidarité est l’arme la plus puissante – Notre mission se poursuit

  Lien vers le texte anglais du communiqué du Collectif de la Clinique Métropolitaine Sociale d’Helliniko (CMSH) :

http://www.mkiellinikou.org/en/2018/06/21/solidarity-is-the-strongest-weapon

  La Clinique Métropolitaine Sociale d’Helliniko était menacée d’expulsion et de fermeture. Mais la solidarité et le soutien de la Grèce et de l’Europe nous ont permis de rester et de poursuivre nos activités. La CMSH (MKIE) installée dans des locaux de l’ancienne base américaine ne sera pas expulsée ni fermée. L’expulsion prévue pour le 30 juin 2018 a été reportée, alors que le gouvernement a promis d’aider à la recherche d’une nouvelle installation appropriée.

La CMSH (MKIE) continuera de fonctionner dans ses locaux actuels, où elle se trouve depuis la fin de 2011.

  Cela signifie qu’au moins pour l’instant la clinique ne sera pas expulsée selon l’ultimatum reçu de la société d’Etat « Elliniko SA » le 31 mai 2018 (communiqué de presse du 01/06/2018). Plus important encore, le gouvernement a promis de soutenir le transfert de la CMSH (MKIE) dans un lieu approprié pour qu’elle poursuive son œuvre.

Toute solution proposée sera discutée par les volontaires. Mais en attendant, nous pouvons poursuivre nos efforts pour soutenir et aider les personnes les plus touchées par la crise.

La bonne nouvelle nous est parvenue au moment où nous tenions une conférence de presse le 14 juin sur la situation de la CMSH (MKIE).

  La Clinique a été créée en décembre 2011 au début de la crise économique grecque qui a privé des milliers de Grecs des soins de santé en raison du chômage et de la fermeture des entreprises. De décembre 2011 à aujourd’hui, la CMSH (MKIE) a traité 7 366 patients et a effectué plus de 64 025 consultations de patients.

  Cette issue positive est le fruit d’un soutien sans précédent de la part d’individus et d’organisations de Grèce et de toute l’Europe. Le compositeur Mikis Theodorakis a immédiatement publié une lettre de soutien. Des centaines de citoyens, de groupes de solidarité, d’universitaires, de journalistes et d’autres Dispensaires Sociaux en Grèce ont ensuite mené des actions et envoyé des messages au gouvernement. Cela a certainement fait la différence.

Les manifestations devant le consulat grec à Bruxelles par les syndicats belges ont fait la différence. Le soutien de plus de 130 universitaires et médecins du Royaume-Uni et de l’Allemagne a fait la différence. Et l’intervention énergique de l’eurodéputée allemande Rebecca Harms (Verts) qui a demandé au Parlement européen d’empêcher l’expulsion et la fermeture a certainement fait la différence.

L’énorme vague de soutien a confirmé notre décision de maintenir le cap, non seulement pour ceux qui dépendent de nous, mais aussi pour la cohésion de la société.

  Nous ressentons une immense reconnaissance et nous remercions tout le monde pour leur amour et leur solidarité, pour leur soutien et leur détermination

Toutes ces personnes travaillant ensemble ont fait la différence. La solidarité est une force positive puissante. Votre soutien a renversé le courant.

Nous nous engageons à ce que la CMSH (MKIE) continue dans sa voie de servir avec humanité et respect, avec dignité, solidarité et résistance.

CLINIQUE SOCIALE MÉTROPOLITAINE D’HELLINIKO

Working Hours
(MONDAY – FRIDAY 10:00 – 20:00)  and (SATURDAY 10:00 – 14:00)
CONTACT PHONE NUMBER: +30 210 9631950
ADDRESS: Inside the old American Military Base,
(200m away from the Traffic Police of the Municipality
of Helleniko, next to the Cultural Center of Helleniko)
Post code TK16777, Elliniko, Attiki, Greece
Website: http://www.mkiellinikou.org/en/
Email: mkiellinikou@gmail.com

Grèce réduction de dette en trompe l’oeil

Grèce: une annonce de réduction de dette en trompe l’œil

Eric Toussaint interviewé par Marie Brette de TV5 Monde

Eric Toussaint, que pensez-vous de l’accord signé par les ministres de la zone euro ? La Grèce est-elle sortie de la crise ? 

E.T. : Il n’y a pas de sortie de crise du tout. Et par ailleurs au niveau de la zone euro, on ne peut pas dire que la situation soit particulièrement brillante non plus du point de vue des dirigeants européens. C’est une annonce de réduction de dette en trompe l’œil puisqu’il n’y a pas de réduction du stock de la dette et qu’il s’agit simplement de reporter de dix ans le début de certains remboursements, notamment ceux dus aux partenaires européens de la Grèce. Les montants à rembourser au Fonds monétaire international, à la Banque centrale européenne et aux créanciers privés, sont très importants et ils ne sont pas reportés dans le temps.  Ils ont lieu en permanence. Le FMI a fait 5 milliards d’euros de bénéfices sur le dos de la Grèce depuis 2010 et la BCE a quant à elle fait au moins 8 milliards de gains sur les titres grecs. En fait, le fond de l’accord, c’est qu’en prolongeant le calendrier de remboursement, on offre une récompense de consolation au gouvernement d’Alexis Tsipras qui a appliqué depuis trois ans les dizaines de réformes exigées par les créanciers. Après trois ans de politique d’austérité aussi dure, il fallait permettre à Tsipras de dire à la population grecque que l’austérité poursuivie finissait par donner un résultat. Mais les politiques antisociales imposées par les créanciers (FMI, BCE, Mécanisme européen de stabilité) seront renforcées.  Les dirigeants européens avec cet accord du 22 juin ont voulu indiquer aux fonds d’investissement privés qu’ils pouvaient acheter des titres grecs à nouveau après le mois d’août car des garanties publiques étaient offertes.

 « La Grèce est une victime expiatoire des politiques appliquées dans l’Union européenne »

Dans quel état économique est la Grèce ? 

E.T. : Elle est dans un état lamentable. La chute du PIB par rapport à 2009-2010 est de près de 30%.  Du point de vue des indicateurs macro-économiques, la Grèce est en mauvais état. 350 000 jeunes hautement qualifiés sont partis vers l’Allemagne, la France et d’autres pays du nord de l’Europe. La Grèce sera en évolution démographique négative, mis à part l’apport des réfugiés que le pays accueille qui ont permis en 2017 de maintenir l’équilibre. Désormais, on va passer à une décroissance de la population grecque. Le taux de chômage chez les jeunes atteint environ 40%. Selon les chiffres d’Eurostat, 47% des ménages grecs sont en défaut de paiement sur l’un de leurs crédits et le taux de défaut sur les crédits dans les banques est également à plus de 46,5%. Que ce soit concernant l’emploi, le système financier et la production, la situation est extrêmement mauvaise et elle est le résultat des politiques imposées à la Grèce. Le pays est une victime expiatoire des politiques appliquées dans l’Union européenne. Laquelle a voulu montrer aux autres peuples de la zone euro que s’ils voulaient mettre au gouvernement une force porteuse de changement radical à gauche et en rupture avec l’austérité, il leur en coûterait très cher !

Qu’aurait-il fallu faire ? 

En 2010, il aurait fallu résoudre la crise bancaire au lieu de maintenir à flot des banques privées qui avaient pris des risques énormes. Au lieu d’injecter des dizaines de milliards d’euros dans la recapitalisation de ces banques, il aura fallu les assainir et les transférer au secteur public. Il y a quatre banques en Grèce qui contrôlent 85% du marché bancaire grec. Il aurait fallu imposer aux banques allemandes et françaises, qui avaient prêté massivement au secteur privé grec, d’assumer leurs crédits risqués au lieu de créer une troïka qui a prêté de l’argent public à la Grèce afin qu’elle rembourse ces grandes banques. Politiquement, quand le peuple grec a choisi en 2015 de soutenir une coalition qui proposait des changements importants en matière de justice sociale, il aurait fallu permettre à ce peuple de pratiquer la démocratie. Or la volonté démocratique a été systématiquement combattue par les autorités européennes, qui ont été satisfaites de la capitulation de Tsipras à l’été 2015, lors de la signature du troisième mémorandum qui a approfondi la crise grecque.

Aurait-il fallu effacer la dette grecque ? 

E.T. : Bien sûr. Cela se pratique couramment. Quand la Pologne a quitté le pacte de Varsovie au début des années 90, ses créanciers occidentaux, lui ont octroyé 50% de réduction de dette. Quand l’Egype participait à la même époque à la première guerre du Golfe, on a aussi annulé 50% de la dette. En Irak, après l’invasion américaine en mars 2003, on a octroyé 80% de réduction de dette. Donc des réductions de dette importantes, ça se réalise de manière répétée depuis des décennies. Et cela aurait été tout à fait nécessaire de le faire dans le cas de la Grèce. Il aurait fallu bien sûr procéder, avec la participation des citoyens et des citoyennes, à un audit des dettes pour déterminer les responsables, du côté grec et du côté des prêteurs. Il faut rappeler qu’en pourcentage du PIB, la Grèce est en 3ème ou 4ème position dans la liste des pays qui dépensent le plus en armes au niveau de la planète ! Et quels sont les principaux fournisseurs d’armes de la Grèce ? L’Allemagne, la France et les Etats-Unis ! Lors du premier mémorandum de 2010, l’un des postes budgétaires qui n’a pas été réduit : c’était le remboursement des commandes militaires. Et cela continue. Début 2018, Alexis Tsipras a rencontré Donald Trump et a annoncé pour 1,6 milliard d’euros d’achats d’armes aux Etats-Unis.

« La Grèce est en 3ème ou 4ème position dans la liste des pays qui dépensent le plus en armes. (…) Début 2018, Alexis Tsipras a rencontré Donald Trump et a annoncé pour 1,6 milliard d’euros d’achats d’armes aux Etats-Unis.  » 

Source: https://information.tv5monde.com/info/la-grece-est-une-victime-expiatoire-des-politiques-appliquees-dans-l-union-europeenne-245317


Eric Toussaint
www.cadtm.org
Nouvelle adresse CADTM international, 35 rue Fabry
4000 Liège
Belgique

CR réunion collectif du 18 juin 2018

Réunion du collectif « Citoyens de Grenoble contre l’austérité en Grèce et en Europe »
du 18/06/2018

Lucienne, Béatrice, Christine, Christophe, Mattéos, Max
Excusés : Liliane, Marie-Claude, Georges

– Nouvelle projection débat au cinéma le Club du film « L’amour et la révolution » en présence du réalisateur Yannis Youlountas le lundi 8 octobre 2018
Le film en présence de Yannis est déjà passé à l’Espace Aragon à Villard-Bonnot le 23 avril (150 spectateurs), mais nous pensons qu’il peut toucher un autre public début octobre à Grenoble.
Cela sera aussi l’occasion de lancer la nouvelle campagne de commandes des produits VIOME.

– Soirée SCOP + VIOME du 7 novembre à Maison des associations de Grenoble
Liliane a contacté Meryem Yilmaz de l’union régionale des scop de Rhône Alpes qui est d’accord pour venir, elle propose d’intervenir avec Hervé Charmettant qui est universitaire.
L’intervenant qui a une expérience des scop, puisque l’entreprise où il travaille, en est une, pourrait être Cyril Zorman de la société Probesys.

Le programme de la soirée pourrait-être (à affiner) :
– présentation de la soirée
– un petit film (6 mn) sur les Viome : « la démocratie comme patron » du site #datagueule
– les Viome : petit historique + situation actuelle
– intervention de Meryem Yilmaz et Hervé Charmettant (30 mn)
– intervention de Cyril Zorman (15 mn)
– débat
Il faudra reprendre contact avec les intervenants pour qu’ils confirment leur présence et leur demander ce qu’il proposent de dire dans le temps qui leur sera imparti.

Le titre de la soirée pourrait être : « La démocratie comme patron, d’une faillite à la scop, les Viome de Thessalonique », là aussi c’est à affiner.

– Commande de produits VIOME
La campagne commencera le 8 octobre lors de la projection du film de Yannis, pour un envoi de la commande groupée aux environs du 15 novembre.

– Convoi solidaire de mai d’Anepos vers la Grèce
Christophe qui conduisait un des deux fourgons qui partaient de l’Isère nous a raconté rapidement le déroulement du convoi. Tout s’est bien passé, les marchandises contenues dans les différents fourgons ont été distribuées dans les lieux qui en avaient besoins à Athènes et en Crète. De plus, d’importants travaux d’électricité ont été effectués. A noter que les 2 fourgons isérois étaient pleins (différents matériels, denrées alimentaires, …)

– Prochaine réunion du collectif
Lundi 3 septembre 2018 de 17h à 19h salle 200 de la Maison des associations de Grenoble

Elle sera l’occasion d’avancer sur le déroulement de la soirée du 7/11, d’organiser l’information sur les deux soirées (8/10 et 7/11) et sur la commande groupée des produits VIOME.

L’Europe propose à la Grèce un plan de sortie irréaliste

L’Europe propose à la Grèce un plan de sortie irréaliste

Par martine orange Mediapart

Les ministres des finances de la zone euro pensent en avoir fini avec la Grèce. Mais le plan de sortie proposé à Athènes ne fait que gagner du temps, en assurant les premières échéances : il laisse le pays écrasé par une montagne de dettes, sans possibilité de relancer une économie exsangue, et aux mains des marchés financiers.

La dernière réunion de l’Eurogroupe du 21 juin, prévue pour entériner le plan de sortie de la Grèce, n’a pas failli à la tradition. Comme lors des précédents débats, le sujet a donné lieu à une foire d’empoigne entre les ministres des finances de la zone euro, opposant les tenants d’une ligne dure et ceux qui se voulaient plus conciliants. Au milieu de la nuit, un accord a finalement pu être annoncé, au grand soulagement de tous les participants.

Dix ans après le début de la crise, les ministres des finances ont l’impression d’en avoir fini avec la Grèce. Après de multiples plans de sauvetage, d’ajustement, de rigueur, d’austérité, Athènes est censé, à partir du 21 août, pouvoir avancer seul, sans l’assistance de l’Europe, en se finançant par elle-même sur les marchés.

Officiellement, la période du plan de sauvetage, négocié dans des conditions dramatiques en juillet 2015, est en train de se refermer. « C’est un moment exceptionnel. La crise grecque s’achève ici ce soir au Luxembourg », insistait Pierre Moscovici, commissaire européen de l’économie, qui va même, sur son blog, jusqu’à évoquer « la fin de l’Odyssée » d’Ulysse. « La Grèce est en train de tourner la page. Nous avons tous construit un ensemble de mesures pour quitter le programme avec confiance », soulignait le ministre grec des finances, Euclid Tsakalotos, en se félicitant que son pays soit traité comme l’Irlande et le Portugal à leur sortie du plan d’aide européen et ne soit pas placé en résidence surveillée, avec visites périodiques de la Troïka, comme certains membres européens le souhaitaient.

Mais au-delà de cette faveur consentie au gouvernement grec, rien ne change. Ce plan de sortie européen ressemble à tous les précédents concernant Athènes : irréaliste. Une nouvelle fois, les responsables européens se sont contentés d’acheter du temps, en espérant qu’une solution magique finira par être trouvée. Car l’Europe ne répond pas à la question fondamentale : la soutenabilité de la situation financière grecque. La dette du pays, toujours plus lourde, est insupportable sur le long terme. Elle atteint désormais 180 % du PIB.

Depuis des années, l’Europe est inflexible sur le sujet. En dépit de toutes les études, tous les avertissements appelant à une nécessaire restructuration de la dette, les responsables européens ont refusé à nouveau tout effacement de l’endettement grec. Leur seule concession a été de la repousser dans le temps. Selon l’accord annoncé, les Européens acceptent de différer le remboursement des 96 milliards de prêts qu’ils ont consentis à Athènes, soit environ 40 % du total, pendant dix ans. Les premiers remboursements n’interviendront qu’en 2033 au lieu de 2023.

De plus, les échéances – la maturité – des émissions obligataires vont être allongées de dix ans. Le remboursement par la Grèce de l’intégralité des dettes contractées auprès du mécanisme européen de stabilité (MES) courra jusqu’à 2069. Dans son communiqué, les responsables européens promettent de réexaminer la situation de la dette grecque et de procéder à d’éventuels effacements, à partir de 2032. Autant dire aux calendes grecques.

Même si les termes ne sont guère généreux, ce compromis a été obtenu dans la douleur. Selon un scénario bien connu, les Allemands et les pays du nord de l’Europe se sont opposés à tout aménagement qui pourrait les amener à payer pour la Grèce. Jusque-là, la crise grecque n’a pas été une mauvaise affaire pour les Européens. De l’aveu même de Mario Draghi, la Banque centrale européenne a réalisé 7,8 milliards de plus-values sur les titres grecs entre 2012 et fin 2016. La Bundesbank à elle seule a totalisé 2,9 milliards d’euros de gains grâce à la Grèce. Dans le cadre de l’accord du 21 juin, la BCE se propose de reverser les gains obtenus au gouvernement grec, au rythme d’un milliard par an. Pourquoi ne pas reverser la totalité tout de suite ? Mystère. Sans doute pour ne pas donner un sentiment de facilité au gouvernement d’Alexis Tsipras.

Mais les Européens savent qu’il faut malgré tout faire quelques gestes pour donner un peu de crédibilité au dispositif arrêté. Pour accompagner la Grèce dans les premiers temps, ils ont prévu un coussin financier de sécurité, au cas où l’accès aux marchés financiers serait rendu difficile. Là encore, le montant des sommes pouvant être alloué a donné lieu à d’âpres discussions, Berlin voulant le limiter à 11 milliards d’euros, quand d’autres voulaient le porter à 20 milliards. Selon la bonne méthode européenne, un compromis a été élaboré autour de la somme de 15 milliards d’euros.

 © Cour européenne des comptes © Cour européenne des comptes

Ce qui semble être une mesure d’accompagnement généreuse n’est en fait qu’une décision de précaution technique. Comme l’a relevé la cour européenne des comptes, la Grèce doit, dès sa sortie, faire face à un mur financier quasiment infranchissable. « En 2019, les besoins bruts de financement s’élèveront à 21 milliards d’euros en principal et en intérêts », écrit-elle. Ces paiements sont essentiellement dus à des créanciers privés.La Grèce, qui n’a pas eu accès aux marchés financiers pendant près d’une décennie, est incapable de faire face à de tels remboursements, surtout s’il lui faut emprunter à 3 % ou 4 % au lieu de 1 %. Comme lors des plans précédents, l’aide avancée par l’Europe semble donc destinée à assurer le paiement des premières échéances, afin d’éviter le défaut, de sauver les créanciers, à commencer par ses banques, en laissant des miettes à la Grèce .

Comme à chaque fois, cette aide est accordée sous conditions. Selon les termes fixés par l’Europe, le gouvernement grec doit s’engager à réaliser un surplus budgétaire (avant paiement des intérêts de la dette) d’au moins 3,5 % du PIB jusqu’en 2022 et de 2,2 % du PIB en moyenne pendant les 37 années suivantes. Avec ces critères, l’Europe impose une politique d’austérité et de réformes structurelles toujours plus régressive et récessive.

Une économie en cage

« Aucun pays n’est capable de maintenir sur le moyen terme de tels excédents budgétaires », ont prévenu à plusieurs reprises les économistes du FMI. À leur côté, de nombreux économistes jugent ces exigences contre-productives et asphyxiantes. Ces analyses ont été balayées par l’Eurogroupe. Tout aménagement ne pourrait être, selon eux, qu’une incitation au laxisme. Et ils attendent des marchés financiers qu’ils incitent en permanence la Grèce à la vertu.

Un peu à la manière du commissaire allemand au budget, Günther Oettinger, qui avait souligné que « les marchés allaient apprendre aux Italiens à bien voter », le directeur général du MES, Klaus Regling, résume cet état d’esprit : « Si le gouvernement grec ne met pas en place les réformes dures nécessaires, la confiance des investisseurs sera plombée et les marchés se vengeront », a-t-il déjà prévenu.

Mais ces mesures adoptées par l’Eurogroupe sont-elles vraiment de nature à inspirer confiance aux marchés financiers ? Dès la sortie de la réunion, la directrice du FMI, Christine Lagarde, n’a pu s’empêcher de faire part de « réserves » sur les aménagements accordés par les Européens. La situation d’endettement de la Grèce sur le long terme lui paraît toujours aussi problématique.

Rien dans le plan européen ne permet de desserrer l’étau financier dans lequel se retrouve la Grèce. Le pays risque de se voir maintenu en cage, interdit pendant des années de tout projet de relance, ou même de soutien économique.

Or c’est d’un plan de reconstruction que le pays a besoin. Les 2,3 % de croissance affichés au premier trimestre de 2018 n’effacent pas les 30 % de chute de PIB en quelques années. Non seulement la saignée qui a été imposée à la Grèce – du jamais vu dans le monde occidental – a précipité la population dans le chômage, mais elle a détruit ou affaibli durablement un outil productif qui était déjà réduit. Le rebond noté depuis quelques trimestres est essentiellement le fait du tourisme. Mais l’économie grecque est dans son ensemble dans l’incapacité de répondre au moindre sursaut, faute d’investissements.

La Grèce se retrouve condamnée à voir son économie évoluer comme un soufflé, redescendant à peine monté, car ne pouvant s’appuyer sur aucun relais de croissance durable. D’autant qu’à côté d’un État à qui l’Europe interdit tout endettement autre que pour repayer ses dettes, les banques ne peuvent prendre la suite.

Le système bancaire est dans un état de délabrement avancé. La BCE qui a apporté son aide à tout le système bancaire européen, en achetant à tour des bras des obligations d’État ou des obligations d’entreprises depuis des mois, a exclu les banques grecques de ce système de refinancement. Résultat : les bilans des banques grecques, plombés par des créances douteuses ou impayées pour 40 à 50 % des encours, n’ont pas connu un début de restructuration. Selon une estimation de la Banque centrale européenne, les principales banques grecques ont au moins besoin de 15 milliards d’euros de recapitalisation dans les prochains mois.

Pas plus qu’elle ne lui apporte un soutien dans l’accueil des migrants, l’Europe s’apprête à abandonner la Grèce, avec ses problèmes économiques et financiers essentiels, sans lui fournir un début de solution ou de financement. Même en respectant toutes les mesures européennes, l’accès de l’État grec, de ses banques et de ses entreprises aux marchés financiers est tout sauf garanti, ou à des prix prohibitifs. Tant nombre d’investisseurs doutent de la légende européenne sur le redressement grec.

À la sortie de l’Eurogroupe, le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, semblait lui-même assez dubitatif, saluant surtout sur le fait que « les ministres des finances étaient prêts à envisager d’autres mesures de protection, dans le cas où des scénarios économiques adverses se matérialiseraient ».

Même s’ils n’en parlent pas, ce qui s’est passé sur le marché italien fin mai est dans de nombreux esprits. La brève déroute financière sur les marchés obligataires, à la suite de l’imbroglio politique italien, a montré qu’il fallait peu de choses pour que la crise de l’euro se ranime. En quelques heures, toute la liquidité qui existait sur le marché italien s’est volatilisée, entraînant une hausse rapide des taux italiens mais aussi espagnols ou portugais.

Cette fois-là, la Grèce a été épargnée car elle était sous régime de protection. Mais si un incident identique ou plus grave se reproduit dans les mois à venir – ce qui ne peut être exclu compte tenu de la décomposition rapide du consensus européen –, les marchés pourraient bien se venger, comme le prédit le directeur du Mécanisme européen de stabilité (MES). La Grèce risque d’être la première visée, non pas en raison de ses erreurs mais parce qu’elle est le maillon faible  d’une zone euro déséquilibrée dont vont se servir les marchés financiers, comme ils l’ont fait en 2010.

Contrairement aux espoirs des responsables européens, ils n’en ont pas encore fini avec la Grèce. Ils pourraient même retrouver le dossier beaucoup plus vite que prévu.

 

Centre de santé Elleniko menacé d’expulsion

Grèce. L’immobilier de luxe chasse un dispensaire social

Vendredi, 15 Juin, 2018 Rosa Moussaoui l’Humanité

Le centre de santé solidaire d’Elleniko, fondé en 2011, a reçu un avis d’expulsion. Il doit quitter les terrains de l’ancien aéroport, cédés au milliardaire Latsis.

L’ultimatum est sans appel. Soignants et patients doivent déguerpir avant le 30 juin. Installé sur les terrains de l’ancien aéroport d’Athènes, le dispensaire social d’Elleniko est prié d’évacuer les lieux par la société chargée de liquider le foncier. Sans proposition alternative d’hébergement. Fondé en 2011 par le cardiologue Giorgos Vichas, ce lieu a pourtant fait la preuve de son utilité publique, dans la longue nuit austéritaire qui s’est abattue sur la Grèce. De la médecine générale à l’oncologie, plus de 90 praticiens bénévoles y dispensent gratuitement des soins aux patients de toute la région Attique privés de couverture sociale après la perte de leur emploi. « Au mois d’août 2011, j’ai assisté à un concert de Mikis Theodorakis, notre grand compositeur. Il a fait un discours passionné et il a dit, entre autres, ce que je pensais depuis un bon moment, que les médecins devaient entreprendre quelque chose pour aider les gens ayant perdu leur assurance-maladie. Cela m’a beaucoup perturbé, raconte le Dr Vichas. Le concert a eu lieu ici, sur le terrain de l’ancien aéroport. Alors, j’ai eu une idée : il y avait tous ces locaux vides et j’ai pensé qu’on pourrait établir un centre de santé libre dans un de ces bâtiments. Le maire était prêt à nous aider. Il nous a prêté ce bâtiment tout en prenant en charge les frais d’électricité et d’eau. »

Depuis, ce centre de santé, ouvert tous les jours de 16 heures à 20 heures sans jamais désemplir, a rendu possibles 64 000 consultations médicales. Les malades peuvent aussi s’y procurer des médicaments collectés par des réseaux de solidarité. L’expérience d’Elleniko a essaimé dans toute la Grèce, qui compte aujourd’hui une cinquantaine de structures de santé de ce type, organisées sur le mode de l’autogestion démocratique et de l’indépendance économique et politique. Pour ceux qui offrent leur temps pour les faire vivre, médecins, dentistes, infirmiers, pharmaciens, psychologues, il s’agit de faire face à l’urgence, tout en revendiquant le rétablissement d’une couverture sociale pour tous.

L’oligarque s’est porté acquéreur d’une vaste friche de 620 hectares

Si le dispensaire social d’Elleniko doit aujourd’hui faire place nette, c’est que les terrains de l’ancien aéroport ont été privatisés. Comme les ports d’Athènes et de Thessalonique, les quinze aéroports régionaux, la Compagnie des eaux d’Athènes, l’opérateur ferroviaire Trainose et tant d’autres actifs de l’État grec, ces terrains font partie des biens publics soldés sur ordre des créanciers d’Athènes. Ils sont aujourd’hui livrés à la spéculation immobilière. Le bénéficiaire de cette opération ? Lamda Development, une filiale du groupe tentaculaire sur lequel règne le milliardaire grec Spiros Latsis (banque, immobilier, pétrole, construction navale). Allié à un consortium d’investisseurs chinois et émiratis, cet oligarque s’est porté acquéreur, à prix cassés, de cette vaste friche de 620 hectares en bord de mer, qu’il destine à l’immobilier de luxe. Montant de la transaction : 915 millions d’euros. Les travaux d’aménagement des réseaux d’eau et d’électricité restent, bien sûr, à la charge de l’État. On parle même d’une autoroute qui pourrait relier le futur complexe immobilier au nouvel aéroport. L’affaire est belle. Sa négociation a été facilitée par une certaine Evangelia Tsitsogiannopoulou, experte en spéculation immobilière, qui a occupé, d’avril 2015 à mai 2017, les fonctions de directrice exécutive du Taiped, le fonds chargé de liquider les biens publics grecs. Elle en est toujours, aujourd’hui, administratrice. Il se trouve qu’elle a fait ses premières armes dans le monde des affaires… chez Lamda Development. Les Grecs ont une expression très imagée pour décrire ces arrangements entre amis : ils parlent des « intérêts enchevêtrés » que cultive l’oligarchie. Spiro Latsis en est familier : il se trouve au cœur d’autres transactions litigieuses liées à l’acquisition de biens publics. En 2015, dans un rapport de 200 pages, le parquet anticorruption concluait à la sous-estimation de la valeur raisonnable de 28 bâtiments publics cédés à deux établissements financiers, Ethniki Pangaia et Eurobank Property, filiale de la banque grecque Eurobank, propriété de Latsis. Montant du préjudice pour l’État grec : 580 millions d’euros. L’enquête avait abouti à la mise en examen de six experts et membres du conseil d’administration du Taiped pour « abus criminel de biens sociaux ». Tous ont finalement été relaxés sous pression de Bruxelles, qui conditionnait le versement à Athènes d’une tranche de prêt de 7,5 milliards d’euros à la levée des poursuites. « Des marges de manœuvre satisfaisantes devraient être garanties à tous les experts européens qui aident la Grèce à redresser son économie », avait alors justifié le porte-parole de la Commission européenne, Margaritis Schinas.

Le dispensaire social n’est pas la seule structure d’intérêt public menacée par l’obscure privatisation des terrains d’Elleniko. Ceux-ci accueillent aussi les locaux de la municipalité, des écoles, des clubs sportifs. Opposés à ce bradage comme au bétonnage de leurs 3,5 kilomètres de côte appréciés des promeneurs, les riverains ont multiplié les recours jusqu’au Conseil d’État, qui a finalement donné, en février, son feu vert à la transaction. Un appel de soutien au centre de santé d’Elleniko circule ces jours-ci en Grèce et bien au-delà de ses frontières. Ses signataires soulignent son « immense contribution sociale et humanitaire » et sa valeur d’« exemple novateur de gestion communautaire des biens publics et de l’espace urbain ». Aux antipodes des arrangements entre « experts européens » et gros affairistes pour braquer tous les biens communs, ils appellent à soutenir la lutte du dispensaire social d’Elleniko « pour continuer sur la voie de la solidarité, de la dignité, du respect et de l’humanisme ».

La prison des peuples européens

La prison des peuples européens . Par Costas Lapavitsas

Mardi, 29 mai 2018

Le coup d’État

Le refus du président italien Sergio Mattarella d’accepter le schéma gouvernemental proposé par le Mouvement Cinq Étoiles et la Ligue constitue très clairement un coup d’État politique. Ce détournement donné comme tel de la volonté du peuple et de la démocratie ne s’est pas produit en Italie depuis la chute de Mussolini en 1943.

Tout aussi surprenante s’avère l’argumentation de Mattarella. Mon rôle, a-t-il déclaré, est de protéger les intérêts du pays, ce qui signifie ne pas mettre en danger, sous quelle que forme que ce soit, son appartenance à l’euro. Les Italiens peuvent bien avoir le gouvernement qu’ils veulent, pourvu qu’il accepte l’UEM.

Le fait que de source officielle on reconnaisse de manière absolument cynique que l’euro est une prison pour les peuples européens reste sans objet. Mattarella a rencontré un soutien sans faille auprès de l’establishment italien mais également auprès des puissantes forces de l’UE. En premier lieu le président Macron, celui-là même qui doit apporter le grand changement démocratique en Europe, a rendu publiquement hommage à sa « responsabilité ».

L’échec de l’Italie dans l’UEM

Il ne fait aucun doute que la participation de l’Italie à l’UEM s’est révélée désastreuse pour son économie. Le pays n’a encore pas retrouvé le niveau de son PIB de 2007, lorsque la crise mondiale a éclaté, et son taux de croissance est absolument anémique.

La raison principale en est l’austérité constante exigée par l’UEM, avec les coupes dans les dépenses publiques et la fiscalité qui ont durement frappé la demande intérieure et l’activité économique. Il s’agit d’une situation désastreuse pour un grand nombre de PME qui dépendent du marché intérieur. C’est une situation également désastreuse pour les salariés car les salaires sont le plus souvent orientés à la baisse quand le chômage reste élevé, poussant ainsi la jeunesse italienne à émigrer. Il s’agit, enfin, d’une situation désastreuse pour l’État car, outre que les services publics se voient sans cesse limités et les infrastructures se trouvent dans un état d’usure sans précédent, la dette publique a dépassé 130% du PIB, conséquence logique de l’absence de croissance.

Mais tout n’est pas négatif pour tout le monde. La réduction de la demande intérieure restreint les importations, tandis que parallèlement la pression salariale vers le bas a bénéficié à l’industrie d’exportation. L’Italie est le seul pays d’Europe doté d’un grand complexe industriel pouvant concurrencer l’Allemagne. La politique que lui a imposée l’UE a réussi à créer de légers excédents pour le commerce extérieur ces dernières années. Mais il n’existe aucune certitude que la hausse des exportations conduise à une accélération de la croissance dans la mesure où l’économie intérieure connaît une réduction constante.

Les finances absurdes et les signes de la rupture

Les économistes de bonne foi ne peuvent qu’être d’accord sur le fait que l’Italie a besoin d’une stimulation directe de sa demande intérieure, par une levée de l’austérité et une diminution de la fiscalité, de façon à redonner du souffle à son économie. C’est exactement ce qu’a proposé le programme économique du gouvernement Cinq Étoiles-Ligue. Mais le problème est que le durcissement institutionnel de l’austérité dans l’UE ces dernières années exige précisément l’inverse. En d’autres termes, un pays comme l’Italie avec une dette publique supérieure à 130% devra réaliser un excédent de 1,5% du PIB, et donc accroître l’austérité.

S’agissant des finances, on danse sur un volcan, ou peu importe l’image qu’on pourrait employer. Et ce sont justement ces finances absurdes qui dominent dans l’UE et l’UEM qu’on présente aux entreprises internationales comme une politique « sérieuse » et « responsable » par opposition aux « stupidités » des « populistes ». Ce sont ces finances qu’a été chargé de mettre en œuvre M. Carlo Cottarelli, celui sur lequel s’est porté le choix de Mattarella après le coup d’État, nouveau Premier ministre par intérim bénéficiant d’une longue expérience au FMI (pouvait-il en être autrement ?).

Le choix de Mattarella suscitera certainement des réactions et s’ensuivront de fortes turbulences politiques dans les mois à venir, très probablement avec des élections à la clé. Une situation que les marchés financiers internationaux ont bien comprise de sorte que le spread des obligations italiennes à dix ans a immédiatement explosé à 1,83%. Les signes de la crise ont commencé à devenir évidents, notamment si l’on tient compte de la difficile situation des banques italiennes qui détiennent de gros volumes de prêts improductifs, tandis que le pays est complètement en panne depuis environ deux décennies.

Pour la zone euro, le danger est évidemment immense. En pratique, aucune structure n’a changé en mieux ces dernières années. La situation s’est stabilisée après l’application d’une austérité sévère, de privatisations et d’une déréglementation des marchés, mais plus particulièrement à travers la production d’argent bon marché par la BCE de M. Draghi. Les contradictions fondamentales de l’union monétaire, qui proviennent de la domination du capital allemand, restent cependant inchangées. L’UEM pourrait difficilement survivre après une crise italienne généralisée.

La rupture

Pour les peuples européens, dans la prison de l’euro, les choses ont désormais commencé à se rapprocher des conditions de survie. Il est évident qu’aucune réforme dans le sens d’une amélioration pour les intérêts populaires ne peut voir le jour. La seule perspective réaliste qui s’offre est celle de la rupture.

Mais la rupture n’est pas encore quelque chose de facile, même en Italie. Comme je l’ai déjà mentionné, le grand capital industriel d’exportation en Italie, qui est concentré au Nord, est rentable et s’est adapté à l’UEM. Il ne veut pas du danger politique et social de la rupture. La masse des PME, d’un autre côté, est impitoyablement frappée et réagit. Le travail salarié et les couches populaires défavorisées, enfin, font face à une pression constante, mais ne réagissent pas de manière coordonnée.

Le pays tout entier est en train d’étouffer, sans qu’apparaissent clairement les forces de classe permettant de résoudre le problème.

L’apathie sociale se reflète dans le chaos politique. La Ligue est une formation d’extrême droite ayant des caractéristiques fascistes dans laquelle personne ne peut placer la moindre confiance. Le Mouvement Cinq Étoiles est un patchwork de protestations sans pouvoir ni structure. Le parti de droite de Berlusconi se définit par son absence de fiabilité et son insolvabilité. Mais la tragédie concerne le Parti Démocrate, le principal héritier de la grande gauche italienne, que le malheureux Matteo Renzi a transformé en terminus européiste craintif de l’establishment italien. Pour le moment aucun leadership politique fort pouvant réellement créer la rupture en faveur des couches laborieuses et populaires ne transparaît.

Et dans notre pays ?

Enfin, concernant la Grèce, son peuple a toujours laissé une marge pour la rupture, comme l’a montré de manière éclatante l’été 2015. Son principal adversaire n’était pas Wolfgang Schäuble. C’était l’establishment grec, qui a fait alliance avec les créanciers et a œuvré contre vents et marées pour que le pays reste dans l’euro à tout prix. La raison était évidente. La rupture serait ce qu’il peut advenir de plus dangereux pour les mécanismes de classe qui dominent la situation grecque.

Les couches laborieuses et populaires n’avaient pas la force de s’organiser de manière indépendante pour imposer leurs propres intérêts. Elles ont demandé du soutien auprès du système politique, ont cherché quel leadership pourrait gérer la rupture. Le tort immense qu’a fait et continue de faire Syriza, c’est qu’il a fermé les yeux sur la rupture et a transigé pleinement avec l’ordre établi du pays, humiliant la volonté populaire.

Dans cette situation d’essoufflement qu’affronte aujourd’hui la Grèce, il est bon de nous rappeler qu’aucune condition de stabilité sociale et politique n’existe ni n’est envisageable dans la prison de l’euro. Quoi que puissent en penser les propriétaires et les occupants, la perspective de la rupture est et sera présente parce qu’elle porte la promesse de la croissance économique, de la renaissance sociale, de la démocratie et de la souveraineté populaire. L’Italie a beaucoup à nous apprendre concernant la voie que notre pays devra suivre.

Traduction : Vanessa de Pizzol

Costas Lapavistas est professeur d’économie à l’École des études orientales et africaines de l’Université de Londres. Élu député de Syriza en janvier 2015, il a fait partie du groupe de députés et de militants qui ont quitté le parti en septembre 2015 pour créer le nouveau parti Unité Populaire (Laiki Enotita), après l’acceptation par le Premier ministre Tsipras du 3ème Mémorandum imposé par l’Eurogroupe, en dépit du « Non » massif des électeurs lors du référendum de juillet 2015.

Source https://unitepopulaire-fr.org/2018/06/17/la-prison-des-peuples-europeens-costas-lapavitsas/

Casinos vs santé La rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis  Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif  et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque.

Casinos vs santé

Ciel gris, admirables orages ce week-end sur la Grèce. À Athènes, la lourdeur est autant politique, entre le mémorandum 4bis adopté cette semaine, et en prime, cette parodie d’accord présumé sur l’affaire dite macédonienne, imposée par les États-Unis, l’Otan, Bruxelles et Berlin à la marionnette Tsípras, et voila que toute la Grèce se rebiffe. Nous y reviendrons. Cependant, un autre événement a eu lieu cette semaine et il a été malheureusement ignoré des… grands médias. Une conférence de presse exceptionnelle avait été tenue par les responsables du Centre Médical Solidaire et Métropolitain d’Ellinikón jeudi 14 juin, émotion alors et aussi espoir, le blog “Greek Crisis” y était invité.

Ceux d’Ellinikón à Bruxelles en 2015 (presse grecque)

Au beau milieu de cette Grèce du chaos ordonnancé, le Centre Médical Solidaire et Métropolitain d’Ellinikón vient de recevoir il y a peu, “sa” lettre d’expulsion. La société Ellinikón S.A. ayant “acquis” l’ensemble du site de l’ancien aéroport sous la “gouvernance” Tsípras, tout doit… entrer visiblement dans le nouvel ordre des choses et des affaires, l’ultimatum adressé aux médecins bénévoles, ainsi qu’à l’ensemble des solidaires du centre Médical avait été fixé pour la fin du mois de ce juin 2018. Les… investisseurs ne doivent plus attendre, c’est bien banal.

Le cardiologue Yórgos Vichas, co-initiateur du Centre, a expliqué lors de la conférence de presse que dans un premier temps, le gouvernement est resté indifférent et muet devant le scandale de son expulsion, de même que l’Ordre des médecins d’Athènes comme d’ailleurs, à l’exception notable de l’Ordre des dentistes du Pirée. Solidarité disons soluble. Yórgos Vichas a également insisté sur le fait que le Centre Médical Solidaire et Métropolitain d’Ellinikón ne quittera pas les lieux, tant qu’une véritable solution de délocalisation ne soit trouvée, proposée et débattue.

“Ceci est d’ailleurs une obligation de la Politeía, autrement-dit du gouvernement, et cela sous ces seules conditions alors posées par nous: Que notre Centre Médical Solidaire puisse poursuivre dans sa mission sans la moindre modification ni interférence dans son mode de fonctionnement. N’oublions pas que notre centre rempli une mission d’intérêt public, nous accueillons entre 700 et 1000 patients par mois, et notre action est pour tout dire connue et reconnue jusqu’à l’étranger. Cette semaine, une manifestation de soutien à notre Centre a eu lieu devant les représentations diplomatiques grecques à Bruxelles, et ce n’est qu’un début dans les réactions.”, Yórgos Vichas durant la conférence de presse (le 14 juin 2018).

Chaos, Athènes, années dites de crise
Ambulance… Grèce, années dites de crise (presse grecque)
“Les médecins grecs émigrent en Allemagne” (presse grecque, 2014)

“Nous venons d’apprendre que Panos Skourlétis, Ministre (SYRIZA) de l’Intérieur vient d’intervenir cette semaine à l’Assemblée en faveur de notre Centre et ceci, après plus de deux semaines de silence. Que s’est-il alors passé ? D’après nos informations, il y aurait eu un mail de la Troïka (‘Institutions’), exigeant du gouvernement que de ne pas expulser notre structure avant de trouver une solution définitive et durable.”

“Cette issue, vraisemblablement positive avait été entre autres, le résultat de nombreuses pressions internationales, faisant suite à toute cette formidable chaîne de solidarité qui nous entoure et qui nous encourage depuis les autres pays en Europe et même ailleurs.” Un peu ‘off the record’, les bénévoles du Centre Médical Solidaire et Métropolitain d’Ellinikón ont encore indiqué que comme la… formule bien trouvée, laquelle avait été lancée ces derniers jours à Bruxelles fut: “Casinos vs Santé”, et que comme cette formule a été jugée visiblement préjudiciable pour l’image de marque des… investisseurs, alors, la Troïka aurait finalement jugé bon d’intervenir pour indiquer au gouvernement grec que le Centre Médical Solidaire devait rester en place faute de solution de relocalisation.

Non à l’expulsion du Centre. Ellinikón, 14 juin 2018
Yórgos Vichas lors de la conférence de presse du 14 juin

Ceux du Centre, ont à l’occasion rappelé que leur bel exemple si réussi aux dires et aux yeux de tous, est autant un cas d’école, car le fonctionnement s’opère sans aucune hiérarchie entre les bénévoles, et que cette structure libre n’a pas d’existence juridique officielle.

“Notre grande force, c’est celle des citoyens ; et nous pratiquons à la fois la solidarité, la dénonciation des responsabilités, et la résistance. C’est pour cette raison que notre Centre n’a pas voulu recevoir le Prix qui lui a été décerné par le Parlement européen en 2015… Les bourreaux ne peuvent pas en même temps nous récompenser pour nos actions”, conférence de presse du 14 juin 2018.

“Le site de l’ancien aéroport n’est pas à vendre”, luttes des années 2011-2017
La… zone euro. Presse grecque, années dites de crise
Sur un certain Tsípras. Place de la Constitution, 2016 (presse grecque)

Il a été également évoqué que depuis ses débuts en 2011, près de 70.000 patients se sont adressés au Centre Médical Solidaire et Métropolitain d’Ellinikón, et 7.000 d’entre eux ont été suivis et pris en charge de manière constante. Actuellement, près de 9.000 boîtes de médicaments sont administrées par le centre chaque mois, tandis qu’en moyenne 30.000 autres boîtes sont offertes chaque mois par le Centre d’Ellinikón à d’autres structures qui en font la demande suivant leurs besoins urgents.

L’action du Centre, ce sont aussi près de 4.900 examens médicaux (imagerie et laboratoire) effectués par ses soins, ainsi que 128 interventions chirurgicales urgentes que certaines structures privées ont voulu prendre entièrement et gratuitement en charge au bénéfice des patients suivis à Ellinikón.

“Nos actions sont à la fois larges et ciblées”, a voulu préciser Yorgos Vichas. “Nous avons été à l’origine de 48 pièces de théâtre, comme nous sommes à l’origine de nombreuses structures informelles de solidarité et d’échange de services entre chômeurs. Au départ, nous avions même instauré une ‘banque de temps’, sauf que très rapidement elle n’a plus été nécessaire. Les échanges se font alors spontanément, suivant les besoin et voilà que la nécessité de compter a aussitôt disparu.”

Manifestantes. Athènes, temps de crise
“Après la crise ?” MuCEM, Marseille, 2014

“Notons que parmi les structures qui nous ont sollicités pour recevoir les médicaments de notre part, on compte certains hôpitaux publics et parfois militaires, les autres Centres de Santé solidaires bien entendu, l’Église, l’administration pénitentiaire, les Centres d’accueil pour refugiés et migrants, les dispensaires publics surtout ceux des îles, Médecins du Monde, d’autres ONG et enfin, certains établissements scolaires publics.”

“Notre mission publique est ainsi complémentaire à celle du système de Santé, surtout lorsque ce dernier ne peut plus remplir son rôle ni ses missions, d’où d’ailleurs cet oxymore alors de taille: L’État fait appel à nous en reconnaissant notre rôle et en même temps ce même État… organise et met en exécution la fermeture brutale de notre Centre.”

Lorsque j’ai co-organisé en 2014 MuCEM à Marseille cette émouvante semaine riche en débats et en manifestations sous le titre “Après la crise ?”, Yórgos Vichas avait été parmi les nôtres dès le départ. Comme il y a déjà quatre ans, ses actes rejoignent les paroles, et son verbe est toujours aussi aiguisé.

“Nous exposons la situation de la Santé en Grèce sous la Troïka, nous dénonçons cette politique à travers l’Europe et le monde, nous considérons que cette politique introduite et planifiée par l’Union Européenne, par le FMI, par la BCE et par les gouvernements grecs est une forme de génocide. D’ailleurs, j’ai eu l’occasion d’en débattre de manière très constructive avec certains juristes internationaux lors d’un conférence en Suisse il y a quelques mois, sur cette dimension juridique de l’affaire grecque”, précise-t-il Yórgos Vichas (conférence de presse du 14 juin à Athènes).

Malade d’une tumeur ? Athènes, mai 2018
Vieux café. Athènes, 2018

Et nous avons bu ensuite toute notre tasse des impressions du jour dans un vieux café d’Athènes, sous le regard des retraités, tout comme sous celui des animaux adespotes (sans maître) des lieux. Nous savons que depuis… le fait si bien accompli de la dite crise, les retraités couverts certes par la Sécurité Sociale grecque, représentent désormais près de la moitié des patients qui trouvent… refuge au Centre Médical Solidaire et Métropolitain d’Ellinikón.

“Ils viennent vers nous car leur semblant de retraite (souvent de moins de 400€ par mois) ne leur permet pas de couvrir les frais de participation pour ce qui tient des médicaments prescrits. Dans la même logique, nous recevons de plus en plus ceux qui ne sont ni retraités, ni actifs, personnes alors âgées entre 55 et 60 ans, génération dont la détresse est alors évidente”, précisent-ils les responsables du Centre d’Ellinikón.

Dans le même ordre d’idées, la “gouvernance” SYRIZA se met désormais à octroyer depuis quelques mois, des aides allant de 100 à 300 euros par mois, à une petite fraction des larges paupérisés du pays, après les avoir dépouillés de leurs biens, tout comme, après les avoir privés de travail. Les conditions d’octroi de ce type d’aide sont draconiennes, notamment, les tristes… élus ne doivent pas posséder grand-chose en immobilier ou autre type de bien.

Sous entendu: Bradez vos biens car vous ne retrouverez plus de travail et encore moins la moindre manière d’entreprendre… d’en bas. Ainsi, le système d’assistanat globalisant fera de vous des assistés, qui plus est, chroniquement dépressifs, dépendants, et historiquement inoffensifs pour les globalisateurs. Le tout, avec l’aimable participation de la sous-traitance clientéliste de SYRIZA, comme autant des autres partis politiques participant à la mascarade pseudo-démocratique actuelle, et pour tout dire, très exactement payés pour. C’est décidément pour cette raison que la législation SYRIZA/Troïka du moment se soucie alors davantage des casinos que de la santé publique.

Trière sacrée, céramique antique, Athènes, 2018
Notre poète Elytis. Années 1990
Dormir en paix. Athènes, mai 2018

Il est ainsi loin le temps des Trières sacrées des Anciens, de même que celui de notre poète Elytis pour qui, la poésie commence là où la mort n’a pas le dernier mot. br />
Elytis s’est d’ailleurs longtemps posé la question d’Hölderlin “à quoi bon des poètes dans ces temps si sombres?”. Oui, à quoi bon des poètes et des bénévoles, à l’image de ceux Centre Médical Solidaire et Métropolitain d’Ellinikón ? Peut-être, parce que la poésie commence là où la mort n’a pas le dernier mot.

Sous le regard des animaux adespotes. Athènes, mai 2018

mais aussi pour un voyage éthique, pour voir la Grèce autrement “De l’image à l’imaginaire: La Grèce, au-delà… des idées reçues !”   http://greece-terra-incognita.com/

SOS méditerranéenne L’aquarius se dirige vers l’Espagne

Depuis 21h cette nuit, l’Aquarius fait route vers le port de Valence, en Espagne, pour procéder au débarquement de 630 personnes secourues le week-end dernier en Méditerranée centrale. Retour sur cinq jours de crise pour SOS MEDITERRANEE.

Dans la nuit de samedi à dimanche, l’Aquarius a procédé à 6 opérations en mer dont un sauvetage critique sous l’instruction du Centre de coordination des secours maritimes italien (IMRCC). 630 personnes, dont 7 femmes enceintes et 123 mineurs non accompagnés, ont pu être mis en sécurité à bord. Parmi elles, 400 personnes avaient été transférées depuis des navires italiens.

Dimanche après-midi, quelques heures après que l’Aquarius eut reçu du IMRCC l’instruction de remonter vers un « port sûr » en Sicile, la presse faisait état d’une déclaration des autorités italiennes annonçant la fermeture des ports italiens et sollicitant les autorités maltaises pour prendre en charge le débarquement. Le soir même, l’Aquarius recevait du IMRCC l’instruction de s’arrêter dans les eaux internationales, à 35 milles nautiques de l’Italie et 27 milles nautiques de Malte.

Mardi 12 juin, après plus de 36h de stand-by et d’imbroglio diplomatique entre Malte et l’Italie, et alors que la situation des 630 rescapés menaçait de devenir critique, l’Aquarius a reçu l’instruction des autorités maritimes compétentes de mettre le cap vers le port de Valence, désigné comme « port sûr » suite à une proposition du gouvernement espagnol.

La distance entre l’Aquarius et Valence était alors de 760 miles marins, soit plus de 1 500 km. À une vitesse de croisière de 8 nœuds susceptible de varier en fonction des conditions météorologiques, il faudra au moins quatre jours de navigation avant que l’Aquarius ne rejoigne sa destination.

Afin d’assurer la sécurité des rescapés et des équipes à bord pour cette longue traversée, 524 des 630 rescapés ont été transbordés hier dans l’après-midi sur deux navires italiens qui se rendent avec l’Aquarius jusqu’à Valence. En outre, des vivres ont été donnés par un navire de la marine maltaise puis par les autorités italiennes.

SOS MEDITERRANEE a accueilli avec soulagement la proposition d’accueil de l’Espagne, qui permet de dénouer la crise en cours, mais s’alarme des entraves à ses opérations de sauvetage et appelle les dirigeants des Etats européens à trouver de toute urgence une solution politique adéquate.

Plus que jamais, nous avons besoin de votre soutien.

http://www.sosmediterranee.fr/

Une pétition contre l’expulsion de la clinique d’Elliniko

Invitation à signer la pétition en ligne pour soutenir le Dispensaire Social d’Elliniko, en Grèce, menacé d’expulsion suite à la privatisation du site.

 Le lien est le suivant :  https://chn.ge/2JQMVYR 

SOUTIEN A LA CLINIQUE SOCIALE METROPOLITAINE D ELLINIKO.

POUR SON MAINTIEN , CONTRE SON EXPULSION :

La compagnie d’Etat ELLINIKO S.A. a publié la semaine dernière un ultimatum demandant à la clinique sociale d’Elliniko (MKIE) d’évacuer les locaux où elle exerce depuis sa création, dans l’enceinte de l’ancien aéroport public d’Elliniko ; cet ultimatum a pour objectif de faciliter la privatisation du site (exigée par les créanciers, prévue par le mémorandum signé par le gouvernement grec), malgré l’opposition de toutes celles / tous ceux qui y réclament la création d’un parc métropolitain, espace vert d’activités culturelles, sociales et sportives ouvertes à tou.te.s.

L’Etat demande ainsi à la clinique de vider les lieux d’ici le 30 juin 2018, sans proposer de solution alternative (installation dans un autre bâtiment public). Cette expulsion met donc en danger l’activité même de la clinique.

La clinique sociale d’Elliniko a été fondée en décembre 2011 dans la lancée des vastes mobilisations de la place Syntagma.

Elle incarne depuis lors la réponse des citoyens socialement actifs et sensibles à la violence de la crise et à l’austérité imposée au plus grand nombre par un petit nombre de décideurs.

La clinique sociale d’Elliniko est une structure emblématique du mouvement des dispensaires sociaux autogérés grecs apparus pour résister aux conséquences sanitaires de l’austérité massive imposée au peuple grec avec les mémorandums par la troïka (banque centrale européenne, commission européenne, fond monétaire international)

Son principal objectif est de fournir des services de santé et des médicaments gratuits à toute personne non assurée, sans emploi, sans ressources — aux premières victimes de la crise abandonnées par les services de santé publique. Le centre, depuis sa fondation, revendique dans le même temps des soins médicaux gratuits et universels.

En plaçant les êtres humains — et non la maladie — au centre de sa pratique de soins, son action défend et illustre une autre façon d’organiser et de penser la prestation de services de santé.

Fondé sur l’auto-organisation, l’autonomie, l’horizontalité, radicalement indépendant des pouvoirs politiques ou économiques, le MKIE inspire et rassemble des centaines de bénévoles. Tout au long de ces années, ces bénévoles ont reçu et accompagné près de 7.400 patients, à l’occasion de plus de 64.000 consultations. Ses besoins sont par ailleurs soutenus par des actions de solidarité développées, en Grèce et à l’étranger, par des milliers de personnes.

La clinique sociale d’Elliniko répond depuis ses débuts aux besoins de personnes habitant dans toute la région de l’Attique, et au-delà. Il a offert ses services aux camps de réfugiés, à des ONG et des hôpitaux publics. Le centre d’Elliniko veut continuer sans aucun obstacle ses activités ; le besoin en est toujours aussi pressant. Pour cette raison, son personnel est déterminé à lutter côte à côte avec ses patients et celles et ceux qui le soutiennent.

Nous, soussigné(e)s reconnaissons l’immense contribution sociale et humanitaire du MKIE. Nous voyons en outre en lui un exemple novateur de gestion communautaire des biens publics et de l’espace urbain, un incubateur d’approches novatrices en matière de pratiques de santé, un espace où de nouvelles relations sociales et de nouveaux savoirs sont produits.

Nous le soutenons sans réserve dans sa lutte, sur la voie de la solidarité, de la dignité, du respect et de l’humanisme et demandons aux autorités grecs de permettre le maintien des activités de la clinique sociale métropolitaine d’ Elliniko.

PREMIERS SIGNATAIRES :

Danielle MONTEL,  militante CGT, pharmacologue retraitée SANOFI

Jean VIGNES,   ancien secrétaire de la Fédération SUD santé-sociaux

Eric TOUSSAINT,  Porte parole du CADTM international et ex-coordinateur scientifique de la Commission pour la vérité sur la dette grecque instituée par la présidente du parlement hellénique en avril 2015
Héléne DERRIEN, Présidente de la coordination nationale de défense des hôpitaux et maternités de proximité

Caroline FIAT, Députée Insoumise, commission des affaires sociales de l’assemblée nationale

Patrick SAURIN, syndicaliste SUD-CADTM-membre de la commission pour la vérité sur la dette publique grecque

Roxanne MITRALIAS, militante écologiste

Alexis CUKIER, Philosophe, Université de Poitiers

Jaime PASTOR, professeur universitaire Madrid, éditeur revue Viento Sur

Vicky SKOUMBI, Rédactrice en chef de la revue grecque αληthεια

Michel ANTONY, Ancien président de la Coordination Nationale de Défense des Hôpitaux et Maternités de Proximité

Iñaki Moreno SUESKIN,  plate-forme Navarre de la santé, Pampelune

Pascal FRANCHET, Président du CADTM France, membre du Conseil Scientifique d’ATTAC

Hélène COLOMBANI, Présidente de la Fédération Nationale des Centres de Santé (FNCS)

Frédéric LORDON, économiste,  chercheur au Centre de Sociologie Européenne

Alexis KARACOSTAS, Médecin psychiatre Paris

Miguel URBAN CRESPO , député européen  Podemos

Odile HELIER, Anthropologue

Philippe MENUT, Réalisateur du film ‘’la tourmente grec’’

Maud GELLY, Médecin, Bobigny 93, CGT

Panos ANGELOPOULOS, Traducteur

Daniel TANURO, ingénieur agronome environnementaliste

Françoise NAY, Médecin, responsable de la Coordination Nationale de Défense des Hôpitaux et Maternités de Proximité

Pascal BOISSEL, Président de l’Union Syndicale de la Psychiatrie

Carine ROSTELEUR, Secrétaire régionale de la Centrale Générale des Services Publics, Belgique

Patrick SILBERSTEIN, Médecin, éditions Syllepse

Jean-yves LEFEUVRE, Délégué Général de la Fédération Nationale des Centres de Santé (FNCS)

Françoise JAFFE, Infirmière Saint-Malo

Benoit BORRITS,  Journaliste Paris

Verveine ANGELI Union Syndicale Solidaires – collectif France Grèce pour la santé Paris

Jérémie BAZART, dentiste Saint-Denis 93, Syndicat National des Chirurgiens Dentiste de Centre de Santé

Angélique KOUROUNIS, Journaliste

Emmanuel KOSADINOS Médecin psychiatre Paris

Stathis KOUVELAKIS, professeur de philosophie politique au Kings ‘collège de Londres

Rosine LEVERRIER, Vice présidente de la Coordination Nationale de Défense des Hôpitaux et Maternités de Proximité

André LOCUSSOL, Economiste Paris, avec les grecs 56

Danièle SENE, infirmière,  Asalée Paris 18

Jean-Claude LAUMONNIER, Cadre de santé retraité

Joseph MAATOUK, Secrétaire de la Coordination Nationale de Défense des Hôpitaux et Maternités de Proximité

Jérôme BONNARD, Porte-parole SUD solidaires-BPCE

Marie-Laure Coulmin KOUTSAFTIS, Journaliste Paris

Patrick DUBREUIL Médecin généraliste, Nantes, Syndicat de la Médecine Générale

Eliane MANDINE, Chargée de recherche  SANOFI, retraitée

Bruno PERCEBOIS, Médecin pédiatre 93, Collectif Solidarité France Grèce pour la Santé

Jean MALIFAUD, universitaire SNESUP-FSU

Christine CHALIER, Journaliste

Renè TOURIGUINE, avec les grecs 56, Bretagne Grèce Solidarité Santé

Elena PANIGOULI, Collectif solidarité France Grèce pour la santé Paris

Marc DEVOS, Collectif solidarité Grèce 67

Anne-marie FARMAKIDES, Collectif solidarité France Grèce pour la santé

Jean-claude CHAILLEY, Résistance Sociale

Jan MALEWSKI, Rédacteur de la revue Inprecor

Pieretta SAKELLARIOU, Psychologue, auteure, Toulouse

Philippe GASSER, Vice président de l’Union Syndicale de la Psychiatrie

Alain VERREMA, Professeur d’université président de l’association ADAG (aide aux dispensaires autogérés grecs)  Strasbourg

Jean-pierre MARTIN, Psychiatre paris

Yannis YOULOUNTAS    , Réalisateur ‘’je lutte donc je suis’’

David FAROUT, Collectif Soutien au Peuple Grec Paris 5eme/13eme

Morgane NATAF, Collectif Soutien au Peuple Grec Paris 5eme/13eme

Roger CHAMP, Comite de Solidarité avec le Peuple Grec, Lyon

Catherine QUEVERDO, Collectif Soutien au Peuple Grec Paris 5eme/13eme

Michael SINODINOS, Collectif Solidarité Grèce Caen

Catherine ZAMBETTAKIS, Collectif Solidarité Grèce Caen

Jean-Albert GUIDOU, militant UL- CGT Bobigny 93

Paul CESBRON Médecin

Dominique MALHERBE, Saint Jacques de la lande

Omar KEZOUIT, coordinateur ATTAC, association ACDA (Algerie)

Philippe CHARTREUX, Saint Jacques de la lande

Janie ARNEGUY, Conseillère municipale Ensemble ! Nimes 30

Franck PROUHET, Médecin généraliste conseiller municipal NPA Canteleu 76

Jean claude SCHWENDEMANN, Président Alsace Crète

Florence SAVOURNIN, universitaire Toulouse

Marie-jean SAURET, psychanalyste, universitaire, Toulouse

Hervé RICOU, Avec les Grecs 29

Maxime BITTER, producteur

Thomas IACOBI, Journaliste

Claudine RICOU Avec les Grecs 29

Sylviane HOCHER, cadre infirmier en retraite

Comite Solidarité avec le Peuple grec LYON

Association Autogestion

Association Bretagne Grece Solidarité Santé

Association Grèce France Résistance

Collectif Solidarité grèce 67

Syndicat de la médecine générale

Union Syndicale de la Psychiatrie

Collectif Solidarité France Grèce pour la Santé

Association Solidarité Normandie Grèce

Centrale Générale des Services Publics ACOD Belgique

Centrale Générale des Services Publics ALR-LRB Belgique

Centrale Générale des Services Publics ALR Bruxelles secteur santé

Centrale Générale des Services Publics Hôpital Brugmann

Garanti sans virus. www.avast.com

Blocus sur le bateau Aquarius

AQUARIUS  :  UNE HONTE EUROPEENNE

L’idéal européen envoyé par le fond. Lundi 11 juin, le gouvernement italien a maintenu mordicus sa décision de fermer tous les ports du pays à l’Aquarius, navire humanitaire bloqué en mer depuis la veille alors qu’il faisait route vers la Sicile avec 629 migrants à son bord, dont 123 mineurs isolés et sept femmes enceintes.

Dans l’urgence, et dans un silence assourdissant côté français, c’est le premier ministre espagnol qui s’est dressé pour offrir une solution de rechange au bateau de SOS Méditerranée, affrété en collaboration avec Médecins sans frontières (MSF).« Il est de notre obligation d’aider à éviter une catastrophe humanitaire et d’offrir un “port sûr” à ces personnes », a réagi Pedro Sánchez lundi après-midi, en proposant que la ville de Valence, sur la côte est du pays, recueille l’ensemble des exilés, dont plusieurs ont été récupérés ce week-end in extremis alors que leurs embarcations pneumatiques étaient déjà en train de couler. Pour le socialiste, il s’agit simplement que « l’Es­pagne ho­nore [ses] en­ga­ge­ments in­ter­na­tio­naux en ma­tière de crise hu­ma­ni­taire ».

Lundi dans la soirée, l’équipage de l’Aquarius (qui a « repêché » plus de 30 000 migrants en quatre ans) indiquait cependant qu’il ne bougeait pas, « dans l’attente d’instructions de la part des autorités maritimes compétentes », rappelant que trois jours minimum de mer seraient nécessaires pour rejoindre Valence.

D’après un communiqué diffusé par l’ONG, aucune vie à bord n’est plus en péril immédiat, mais « tous les rescapés sont épuisés et déshydratés parce qu’ils ont passé de longues heures à la dérive dans des canots. Il y a beaucoup de rescapés brûlés par le mélange d’essence et d’eau de mer ». Réagissant au blocus italien, le président de l’association semblait se frotter les yeux pour y croire : « Nous ne pouvons pas imaginer que des préoccupations politiques prévalent sur la situation humanitaire de centaines de personnes tout juste sauvées d’une noyade certaine et qui viennent de quitter l’enfer libyen. »

Et pourtant. Le blocus italien a été annoncé dimanche par le ministre de l’intérieur en personne, Matteo Salvini, entré au gouvernement le 31 mai à la faveur d’une coalition entre son parti d’extrême droite (La Ligue) et les populistes du M5S, formée à l’issue des législatives de mars dernier. C’était lui déjà, le 3 juin, qui avait prévenu que l’Italie ne deviendrait pas « le camp de réfugiés de l’Europe » et qui avait appelé les 500 000 « clandestins » du pays à « faire leurs valises ». Au-delà de ces paroles incendiaires, Matteo Salvini avait besoin d’un acte symbolique, le voici.

L’Aquarius a dû stopper les gaz dimanche alors qu’il croisait grosso modo à équidistance des côtes italiennes et maltaises, précisément à 35 milles nautiques de la Sicile et 28 milles de Malte, l’Italie estimant qu’il revenait plutôt à son micro-voisin, lui aussi membre de l’Union européenne, d’accueillir les 629 migrants.« Malte n’est pas l’autorité qui coordonne le dossier et n’en a pas la compétence », a répliqué le porte-parole du gouvernement maltais, prêt à un long bras de fer diplomatique -sa marine s’est contentée lundi soir de ravitailler l’Aquarius en bouteilles d’eau et en nouilles. Son argument ? Les sauvetages opérés durant le week-end par l’Aquarius (au nombre de six) ont tous été supervisés par le Centre de coordination des secours (MRCC) de Rome. Mieux : une partie des 600 passagers ont été tirés de leurs embarcations précaires par des gardes-côtes transalpins, qui les ont ensuite transbordés sur le navire de SOS Méditerranée, épaulés d’un hélicoptère et d’un vaisseau de la marine italienne.

Pour le correspondant du Monde à Rome, tout s’est même « passé comme si les autorités italiennes avaient cherché à “remplir” le plus possible l’Aquarius » afin que l’annonce du blocus par Matteo Salvini produise un impact maximal, le jour où des élections municipales étaient organisées notamment en Sicile, où la Ligue jouait très gros.

« L’Italie commence à partir d’aujourd’hui à dire non au trafic d’êtres humains, non au business de l’immigration clandestine », a tonné Matteo Salvini, dans un texte publié sur Facebook. « Malte n’accueille personne, la France repousse les migrants à sa frontière, l’Espagne défend ses frontières avec les armes En Europe, tout le monde s’occupe de ses affaires. » Alors lui aussi désormais : « Fermons les ports », a revendiqué le leader d’extrême droite, slogan qui se répand depuis comme une traînée de poudre sur les réseaux sociaux.

En réplique, plusieurs maires de ports siciliens ou situés dans la région déshéritée des Pouilles, de Palerme à Tarente, en passant par Messine, proposaient d’ouvrir leurs portes à l’Aquarius. Naples est « prête à sauver des vies humaines », a ainsi tweeté le premier édile de la ville Luigi de Magistris, qualifiant Matteo Salvini de « sans-cœur ». Mais au regard du droit italien, cette décision ne saurait leur revenir.« Merci aux maires qui ouvrent leurs bras, a tout de même applaudi le Sea-Watch, autre navire humanitaire affrété par une ONG allemande, sans migrant à son bord ces jours-ci, mais que Matteo Salvini menace de laisser lui aussi sans point de chute en Italie. Vous êtes les ports de l’humanité ! »

Confronté à ce scénario lamentable, la Commission européenne a simplement demandé, lundi, « un règlement rapide » du bras de fer entre Malte et l’Italie, tandis qu’un porte-parole du gouvernement allemand en appelait au devoir « humanitaire » et au sens des responsabilités de toutes les parties. Sollicité par Mediapart, le cabinet de Gérard Collomb, le ministre de l’intérieur français, n’a pas réagi à ce stade. Ni plus ni moins que le président de la République, silencieux.

De leur côté, les eurodéputés socialistes fustigent, dans un communiqué, ce « bras de fer entre pays européens fuyant [leurs] responsabilités communes », estimant que l’attitude italienne « relève d’un comportement illégal », que celle des autorités maltaises mérite « une condamnation morale ». Surtout, ils s’inquiètent de la capacité de l’Union européenne à se mettre d’accord sur la réforme du règlement de Dublin, qui prévoit depuis 2003 que l’État responsable d’une demande d’asile est celui par lequel le migrant est arrivé (bien souvent la Grèce et l’Italie, pays de « première ligne »), qui autorise par exemple Paris à demander le renvoi vers Rome de tous les demandeurs d’asile de France ayant laissé des empreintes dans la « Botte ».

À cent lieues d’une véritable solidarité européenne, ce texte a tellement exaspéré les gouvernements transalpins successifs que les forces de l’ordre italiennes laissent de plus en plus de migrants traverser le pays sans les enregistrer, et qu’elles font mariner nombre de demandes de transfert émises par Paris – moins de 1 000 ont pu être effectués vers l’Italie en 2017.

Le refoulement de l’Aquarius « démontre une fois encore le besoin urgent d’une alternative au règlement de Dublin », clament de leur côté les eurodéputés écologistes, jugeant que celui-ci « fait peser une pression disproportionnée sur les États membres situés aux frontières extérieures de l’UE ». L’alternative à leurs yeux ? « Un système plus juste tenant compte des liens [familiaux] » et « appliquant un quota d’admission équitable entre États membres ». En attendant, ils demandent « à Emmanuel Macron de s’engager en faveur du respect des droits fondamentaux » et à la France de permettre à l’Aquarius « de débarquer ses passagers dans un port français ». Si ce n’est cette fois-ci, alors la suivante !

« [Il faut] partager la responsabilité des demandeurs d’asile entre tous les pays de l’UE », abonde Ian Brossat, chef de file des communistes aux élections européennes et adjoint d’Anne Hidalgo à la mairie de Paris (qui a déjà demandé un « moratoire » dans l’application de « Dublin » après l’évacuation du campement du Millénaire).

Au niveau européen, cependant, les discussions sur la réforme du règlement sont aussi mal engagées que possible. Le règlement de Dublin est « mort », a même clamé le secrétaire d’État à l’immigration belge, Théo Francken, lors d’une réunion des ministres de l’intérieur le 4 juin dernier. Nationaliste flamand, il s’est déclaré partisan décomplexé de la politique du « push-back », soit justement du refoulement des bateaux de migrants.

Alors que le sujet est inscrit à l’ordre du jour du prochain conseil européen (des 28 et 29 juin), le texte élaboré par l’actuelle présidence bulgare de l’UE n’a quasiment aucune chance d’être adopté – il esquisse certes un dispositif de répartition par quotas pour alléger les pays « de première ligne », mais ce dernier serait uniquement actionnable en cas de « situation exceptionnelle », à l’issue d’un vote à la majorité qualifiée. En l’état, cette proposition ne satisfait ni la Grèce ni l’Italie, qui réclament beaucoup plus de solidarité. Et il va déjà beaucoup trop loin pour d’autres – notamment en Europe centrale ou orientale.

Face au gouffre politique, les réflexions partent d’ailleurs dans tous les sens. Mardi 5 juin, le premier ministre danois a ainsi annoncé que son pays était en discussion avec l’Autriche (qui doit bientôt assumer la présidence tournante de l’UE) et « d’autres pays » pour proposer la création de « centres communs de réception et d’expulsion » situés en dehors du territoire de l’UE, semble-t-il en Albanie ou au Kosovo. La solidarité est décidément en berne.

Pour mémoire, afin de décharger un peu la Grèce et l’Italie, la Commission européenne avait lancé en 2015 une expérience de « relocalisation » des demandeurs d’asile au sein de l’UE, permettant de contourner « Dublin » à petite échelle, au bénéfice de migrants appelés à décrocher sans trop de difficulté le statut de réfugiés (ressortissants syriens ou érythréens par exemple). Alors qu’il était prévu de « relocaliser » moins de 100 000 migrants à l’échelle de toute l’UE, seuls 35 % des objectifs ont été remplis au 31 mai.

La France, par exemple, n’a exécuté que 25 % de ses objectifs en accueillant 5 000 demandeurs d’asile venus de Grèce surtout, un peu d’Italie. Une goutte d’eau.

Traduire / Μεταφράστε