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Piège en haute mer

Piège en haute mer

En Méditerranée, le ballet macabre des gardes-côtes libyens

Interceptions, intimidations, violence: la tension est à son comble entre les Libyens et les bateaux de sauvetage affrétés par les ONG.

«Le Temps» a passé deux semaines à bord de l’Aquarius, un bateau humanitaire qui se retrouve ballotté entre les vagues, les méthodes de pirates des gardes-côtes et les enjeux géopolitiques. Reportage

  • Reportage: Adrià Budry Carbó
  • Photos et vidéos: Camille Pagella

Ce n’est encore qu’une minuscule tache blanche dans l’immensité marine. Depuis la passerelle de l’Aquarius, le Genevois Basile Fischer ajuste une dernière fois ses jumelles. Trop gros pour être un déchet, et cette forme arrondie, proue en avant… Le sauveteur de garde du navire humanitaire en est désormais «sûr à 100%». A quelques milles nautiques, un bateau pneumatique surchargé tente de gagner les eaux internationales, loin de la Libye.

«SOS, MSF: préparez-vous pour intervention!» Le grésillement des talkies-walkies surprend le personnel en plein déjeuner dominical. En quelques minutes, la cafétéria se vide pourtant et les 39 membres de l’équipage de l’Aquarius rejoignent leur poste. Parmi eux, deux journalistes du Temps, embarqués pour une rotation de deux semaines. Sur le pont, le staff de Médecins sans frontières (MSF) – qui loue l’Aquarius à une compagnie privée allemande avec SOS Méditerranée – se prépare à prodiguer d’éventuels premiers secours aux passagers en détresse. A tribord, les sauveteurs ont déjà mis deux des trois zodiacs de secours à la mer. Les secondes s’écoulent comme des minutes pour les membres de l’équipage. Mais, alors que ceux-ci commencent à distinguer les quelque 120 occupants de l’embarcation de fortune, l’hélice de l’Aquarius cesse de tourner.

Bouée inaccessible

«Stand-by!» A bord, c’est l’incompréhension. Une vedette des gardes-côtes libyens fond désormais à grande vitesse sur le bateau pneumatique. L’emblématique Aquarius si facilement identifiable à sa couleur orange – et ses 77 mètres sont immobilisés à deux milles nautiques (3,7 kilomètres) de l’embarcation en détresse. Comme une bouée inaccessible.

Casquette vissée sur la tête et lunettes noires, Nick Romaniuk jongle entre les fréquences radio pour tenter de joindre le capitaine de la vedette libyenne Zuwara. Le responsable des opérations de sauvetage (ou «sarco», dans le jargon) a la mine grave. Comme les six autres personnes présentes dans le poste de commandement du bateau. La seule réponse intelligible sera finalement un tranchant «Go away».

Dans l’ordre des priorités d’un sarco, la sûreté de l’équipage passe avant celle des naufragés. D’expérience, Nick Romaniuk sait également qu’approcher l’Aquarius trop près d’une opération de sauvetage provoque un «effet aimant». Concrètement, des tentatives désespérées de fuite à la nage pour le rejoindre.

Migrants à la mer

Les deux zodiacs de sauvetage continuent de flotter à une centaine de mètres du bateau. L’opération libyenne est en passe de virer à la catastrophe. Au moins quatre personnes ont sauté à la mer après avoir été interceptées. Le clapotis de leurs bras est à peine perceptible. Sur l’Aquarius, tout le monde retient sa respiration, sauf l’adjoint du sarco, qui décrit la situation grâce à ses jumelles.

«On a failli les tirer de cet enfer (…) Ça s’est joué à quelques minutes, à quelques milles…»

Basile Fischer, sauveteur genevois sur l’Aquarius

«Des vies sont en danger. Nous devons être en mesure d’intervenir!» Nick Romaniuk plaide désormais directement auprès du MRCC. Le Centre italien de coordination des sauvetages est devenu, faute d’alternative libyenne, l’autorité décisionnaire pour toute cette partie de la Méditerranée. Ce jour-là, les fonctionnaires romains ont pourtant choisi de transférer la responsabilité du sauvetage aux Libyens. Malgré la proximité d’un navire mieux équipé pour ce type d’opérations et la présence d’une équipe médicale.

«Go away!» Le crépitement de la radio exige cette fois que l’Aquarius s’éloigne à 5 milles nautiques afin de ne pas «interférer» dans l’opération. Dans un mouvement lent, le navire humanitaire finit par s’éloigner du lieu du sauvetage.

Ceux qui s’approchent trop près

Le paradigme migratoire est en plein bouleversement en Méditerranée centrale, principale route vers l’Italie, empruntée par 181 000 personnes en 2016 et 119 000 en 2017, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. L’Union européenne y sous-traite désormais les opérations de sauvetage aux gardes-côtes libyens. Les migrants sont désormais «interceptés» puis ramenés dans la chaotique Libye post-Kadhafi, le pays qu’ils tentaient précisément de fuir.

INFOGRAPHIE. La carte des morts en Méditerranée depuis 2005, par Levi Westerveld, publiée dans «Le Temps» en décembre 2017. Chaque point rouge représente un décès en mer.

Plus d’informations sur cette carte: Méditerranée, le cimetière marin

Source https://www.letemps.ch/grand-format/piege-haute-mer

Mort subite pour la Clinique Sociale d’Εlliniko?

Communiqué de la clinique sociale d’Εlliniko.

https://initiativesolidaritebxl.wordpress.com/2018/06/05/mort-subite-pour-la-clinique-sociale-d%CE%B5lliniko

Nous disons NON et ne céderons pas sans lutte !

Le 31 mai 2018, Elliniko A.E:, une agence quasi-gouvernementale, nous a envoyé un avis d’expulsion. La Clinique Sociale Métropolitaine d’ Εllliniko (CSME) devrá quitter les lieux le 30 juin 2018 au plus tard, afin que Elliniko A.E.puisse transférer les terrains à l’acheteur définitif.

Copie de l’avis d’expulsion avait été envoyée au Ministre aux Finances, M. Tsakalotos, au Ministre d’État M. Flabouraris, au Sécretaire Générale Coordonnateur Gouvernementale M. Papayannatos et à d’autres ministres et PDG de sociétées privées de développement immobilier.

À ce jour, on ne nous a pas proposé aucune solution ou alternative pour relocaliser la Clinique. On attend qu’on ramasse nos affaires et qu’on s’en aille avant le 30 juin. On nous a ordonné de fermer nos portes et d’arrêter immédiatement notre intense activité en bénéfice de la communauté.

Depuis décembre 2011 nous avons traité 7.366 patients et réalisé 64.025 consultations. Nous sommes pionniers dans le champ du recyclage de médicaments dans notre payes et grâce aux médicaments que nous avons rassemble, des centaines d’organisations et d’agences de partout dans la Grèce ont demandé et reçu de l’aide de notre part. En plus de les dispenser à nos propres patients, nous avons envoyé des médicaments et du matériel non seulement à d’autres cliniques sociales mais aussi à des hôpitaux, publiques, des services sociaux et à des organisations qui soignent des personnes handicapées, des crèches, des centres de réfugiés et beaucoup d’autres entités. La liste est très longue, car tous ceux qui s’adressaient à nous trouvaient toujours les portes grandes ouvertes et du support immédiat de la part des volontaires de la CSME et de ceux qui l’aident à fonctionner. Des milliers ont donné des médicaments, du matériel et des fournitures et leur travail, tant en Grèce que depuis l’étranger.

C’est à cause de ceci que des journalistes de tous les coins de la planète nous ont visité, ainsi que des universités et d’autres groupes qui souhaitaient établir des structures similaires à cette clinique gratuite que nous avons créé. Ils veulent tous savoir comment nous avons fait, comment nous travaillons.

La CSME a aidé (et ne doutez pas qu’elle continuera à le faire) tous ceux qui ont besoin de nos services, et ceci dans un esprit de solidarité et respect pour tous les êtres humains.

Hier même, 31 mai, dans une Assemblée Générale convoquée d’urgence, nos volontaires ont décidé de ne pas céder sans lutte. Aucun de nous ne pourra plus regarder dans les yeux de nos patients si nous admettons la défaite sans résistance.

Nous déclarons que nous ne quitterons pas les lieux et que nous résisterons à toute mesure prise pour nous empêcher l’accès jusqu’à ce qu’on trouve une alternative adéquate. Notre devoir primordial est et sera toujours de soigner nos patients. Nous ne resterons pas les bras croisés pendant qu’on détruit devant nos yeux les fruits de sept ans de travail. Nous avons rassemblé des médicaments et du matériel médical pour une valeur de centaines de milliers d’euros. Ils ne doivent pais être réduits à des déchets, mais distribués aux patients pour rétablir ou améliorer leur santé.

Le 14 juin nous donnerons une conférence de presse pour expliquer le fonctionnement de la clinique et na nécessité de qu’il continue.

CLINIQUE SOCIALE MÉTROPOLITAINE D’ELLINIKO


 

Voir la vidéo de 3 minutes extrait de « La tourmente grecque » tournée par Philippe Menut  qui présente notamment le fonctionnement de la clinique sociale d’Elliniko, animée par plus de cent bénévoles, symbole de solidarité autogestionnaire en Grèce. Une référence connue au plan international.

https://www.youtube.com/watch?v=FT9GmY0Oxgo#action=share

 

 

 

Grèce : L’affaire Novartis, un scandale aux airs de déjà-vu

Marie-Laure Coulmin Koutsaftis CADTM

cc William Hamon pour Flickr, 2008

Les investigations du FBI, suite aux Paradise Papers et aux Panama Papers, à l’encontre de la multinationale pharmaceutique Novartis ont éclaboussé fâcheusement plusieurs personnalités du monde politique grec. La Commission d’enquête du Parlement hellénique a renvoyé vers la justice le dossier concernant les accusations portées contre plusieurs hommes politiques, dont certains sont aussi parlementaires, ce qui devrait entraîner l’ouverture imminente d’une enquête. De nouveaux éléments de preuves concernant des comptes bancaires laissaient espérer des développements d’ici l’été 2018. Indépendamment des remugles soulevés par cette affaire, le gouvernement de Tsipras la met en exergue pour en faire sa vitrine de lutte contre la corruption, une des obligations mémorandaires de l’État grec … et mettre en difficulté ses adversaires politiques impliqués.

Pour ceux qui suivent l’actualité grecque, le parallèle de l’affaire Novartis avec le scandale SIEMENS s’impose. Pour tous les autres, la puanteur caractéristique de la corruption qui en émane évoque des affaires connues dans d’autres pays, au Nord comme au Sud.

Suite aux révélations du FBI, des témoignages sous serment ont été recueillis par la justice grecque contre les anciens Premiers ministres Panayiotis Pikrammenos et Antonis Samaras, ainsi que contre leurs ministres Yiannis Stournaras, Dimitris Avramopoulos, Adonis Yioryiadis, Andreas Lykourentzos et Marios Salmas pour le parti de droite Nouvelle Démocratie, et pour le parti socialiste PASOK, Andreas Loverdos, Evaggelos Venizelos et Yiorgos Koutroumanis. Des directeurs d’hôpitaux publics sont aussi visés par ces accusations, au total une trentaine de personnes.

La Grèce est l’un des pays qui contribue à indexer mondialement le prix courant des médicaments, ce qui a incité Novartis à intervenir directement auprès des officiels grecs concernés, principalement les ministres de la Santé et/ou des Finances, pour que ses produits soient mieux rémunérés que ceux de ses concurrents – il s’agissait notamment de médicaments anti-cancéreux, déjà fort onéreux.

Ainsi on trouve des accusations liées à la commande de vaccins contre la grippe aviaire pour l’ensemble de la population en Grèce, ainsi que pour un appel d’offre publique de 200 millions d’€ pour l’approvisionnement en tests préventifs contre le virus du Sida. Des sommes ont été versées par Novartis en « remerciement » d’un soutien consistant à surestimer le prix des médicaments du groupe ; à entériner la circulation de médicaments onéreux, dans le contexte des memoranda et du démantèlement du système national de santé (ESY) en Grèce. De même le paiement des dettes de l’État grec envers Novartis d’une hauteur de 65 millions d’€ a été facilité dans une période de gel des paiements publics, en échange d’une rétribution de 2 millions en espèce. La société Novartis a été favorisée par la surévaluation du prix de ses médicaments, des autorisations d’exploitation ont été accordés en processus accéléré.

La corruption passive et l’abus de confiance au détriment de l’administration ont porté un préjudice estimé à 3 milliards d’€ en échange de pots de vin distribués entre 2006 et début 2015 pour un total de 50 million € [1].

Une note manuscrite d’un premier ministre avec des numéros de téléphone portable a été remise au vice-président de Novartis Grèce, Frouzis, afin de le mettre en contact direct avec le vice-ministre de l’Économie, responsable des paiements de l’administration grecque à l’époque.

Yiannis Stournaras, l’actuel gouverneur de la Banque Centrale de Grèce et ancien Ministre des Finances de Samaras, a été salarié comme conseiller de Novartis en 2011, six mois [2] avant d’accéder à la fonction de Ministre de l’Économie.

Le vice-président de Novartis, qui était aussi à la tête de l’Union des entreprises pharmaceutiques de Grèce, envoyait régulièrement des missives personnelles à Adonis Yioryiadis alors Ministre de la santé du gouvernement Samaras de juin 2013 à septembre 2014, avec des conseils « législatifs », alors que parallèlement, il faisait état devant ses supérieurs de son influence sur le monde politique grec. Novartis comptait parmi les 14 entreprises du think tank de Samaras [3] qui allait « sortir la Grèce des programmes d’aide » pour la conduire « à la stabilité et au redressement. »

Novartis, un scandale comparable à l’affaire SIEMENS

Au total l’intégrité des hommes politiques au pouvoir au moment de l’affaire semble discutable malgré leurs protestations effarouchées. Ils appartiennent à la mouvance Pasok / Nouvelle Démocratie que l’on pouvait qualifier de « mémorandaire » jusqu’au volte-face de Tsipras en juillet 2015. Outre la conviction néolibérale affichée desdits ministres, l’appât du gain et l’évidente corruption semblent constituer un motif aussi trivial qu’évident. L’enquête sur les responsables politiques cités dans l’affaire est inévitable malgré la loi d’impunité dont bénéficient les ministres grecs : c’est aussi une obligation du troisième mémorandum que de « lutter contre la corruption » et c’est l’occasion pour l’actuel gouvernement de se montrer vertueux par contraste avec ses opposants politiques impliqués.

Comment une multinationale réussit à influencer les décisions politiques d’un gouvernement élu

Au-delà de son utilisation politique, cette affaire révèle au passage comment une fois de plus, une multinationale réussit à influencer les décisions politiques d’un gouvernement élu – après que le président de la filiale grecque de l’entreprise cimentière française Lafarge a dicté au représentant du FMI dans la troïka les mesures de casse du droit du travail en 2011 [4] .

L’affaire Novartis a causé un préjudice dans les caisses de l’État grec estimé par l’actuel gouvernement à 23 milliards de dollars [5] dus à la surévaluation du prix de certains médicaments au bénéfice de Novartis ; c’est-à-dire une somme égale aux mesures d’un mémorandum, tandis que les témoignages recueillis par la justice font état de pots-de-vin pour un total compris entre 50 millions et un milliard d’euros, versés à des responsables politiques. Le journal Ethnos fait remarquer que les dépenses pharmaceutiques en Grèce au cours de la période 2000-2015 ont été trois fois plus élevées que la moyenne européenne – alors même que les médicaments de base, malgré l’usage des génériques, manquaient cruellement dans les hôpitaux. Le Journal des Rédacteurs souligne qu’avec cette somme l’État grec aurait pu payer des salaires et des retraites pendant deux ans.

Encore plus trivialement, cet argent aurait pu servir à maintenir les investissements publics dans les domaines de l’Enfance et de la Famille. En effet, ces dépenses ont subi entre 2009 et 2013 une baisse de 48.7% ; pour la Santé, une baisse de 42.5%. Fin 2013, la diminution des dépenses pour les Services hospitaliers atteignait 41.8%. Parallèlement les dépenses publiques pour les médicaments et les équipements médicaux dans les hôpitaux ont baissé de 49.2% [6].

L’affaire Novartis est un scandale aussi retentissant que l’affaire Siemens – il faut espérer qu’il n’y aura pas de compromis judiciaire avec Novartis comme celui signé en 2013 avec Siemens par l’actuel gouverneur de la Banque de Grèce Yannis Stournaras, alors Ministre des Finances et par la suite l’un des acteurs funestes de l’étouffement bancaire imposé par la BCE au gouvernement de gauche radicale Syriza dans le premier semestre 2015 [7].

Encore une fois, une multinationale lubrifie à coup de pots-de-vin et de cadeaux les cadres politiques et exécutifs d’un gouvernement souverain : ce schéma habituel de la corruption n’est pas une exclusivité grecque. L’exemple actuel du gouvernement Rajoy contraint en juin 2018 à la démission pour corruption aggravée, les traces d’une corruption généralisée du monde politique français avec ses nombreuses collusions entre monde des affaires et monde politique – le va-et-vient entre multinationales et exécutif dans la Commission européenne, via les lobbies, sans que quiconque s’en formalise au final – tous ces cas de détournement du pouvoir au profit d’une oligarchie capitaliste sont les symptômes de la maladie qui entraîne la planète dans une course fatale à sa destruction écologique.

Dans un contexte d’état d’urgence économique, en état de guerre latente au nom du terrorisme et de la « crise de la dette publique », les grands groupes financiers mettent les États à leur service en utilisant tout leur arsenal de « gouvernance » économique et répressive. Il est grand temps de défaire par tous les moyens ces collusions fatales entre monde de la finance et monde politique, qui n’ont d’autre but que de décourager la participation citoyenne à la gestion de la vie en commun. Il est grand temps de nous ressaisir de la gestion de nos propres vies en redonnant la priorité aux droits humains élémentaires, avant les logiques de profit gérés désormais par des logarithmes fous entre les mains d’une oligarchie corrompue. Il est grand temps d’instaurer un contrôle démocratique sur les échanges bancaires et financiers, pour commencer par le commencement : empêcher les transactions obscures entre dirigeants élus et grands groupes financiers.

Le scandale Siemens implique plusieurs hommes politiques et haut-cadres de l’administration grecque, accusés et confondus pour corruption passive et active et blanchiment d’argent dans le cadre de contrats publics concernant des ventes d’équipement militaire mais aussi pendant la préparation des jeux olympiques de 2004 et dans l’installation du réseau téléphonique public OTE (Voir Okeanews). Siemens a distribué (en Grèce comme dans d’autres pays) des milliards en pots de vin pour s’assurer de marchés publics.

L’implantation de Siemens en Grèce et ses rapports incestueux avec l’État grec remontent à l’occupation, quand la compagnie allemande, liée à la Deutsche Bank (qui était elle-même liée à la Banque de Grèce par un accord d’exploitation du lignite, des surfaces agricoles et des ressources hydrauliques), travaillait avec la compagnie privée de téléphonie grecque. (Voir Siemens Scandal, Siemens Hellas, Christopher Pappas et Verdict et noms des accusés).
Les liens étroits entre Siemens et l’État grec se poursuivent sous l’ère du premier ministre PASOK Simitis. Comme l’écrit Éric Toussaint dans son article Pistes pour l’audit de la dette de la Grèce : « Plusieurs contrats ont été passés avec la transnationale allemande Siemens, accusée – tant par la justice allemande que grecque – d’avoir versé des commissions et autres pots de vin au personnel politique, militaire et administratif grec de l’époque pour un montant approchant le milliard d’euros. Le principal dirigeant de la firme Siemens-Hellas [22], qui a reconnu avoir ’financé’ les deux grands partis grecs, s’est enfui en 2010 en Allemagne et la justice allemande a rejeté la demande d’extradition introduite par la Grèce. Ces scandales incluent la vente, par Siemens et ses associés internationaux, du système antimissiles Patriot (1999, 10 millions d’euros en pots de vin), la digitalisation des centres téléphoniques de l’OTE-Organisme Grec des Télécommunications (pots de vin de 100 millions d’euros), le système de sécurité ’C4I’ acheté à l’occasion des JO 2004 et qui n’a jamais fonctionné, la vente de matériel aux chemins de fer grecs (OSE), du système de télécommunications Hermès à l’armée grecque, d’équipements très coûteux vendus aux hôpitaux grecs. Début mars 2015, s’est ouvert à Athènes un procès qui porte sur un des nombreux dossiers de corruption dans lesquels Siemens est impliqué, celui lié à OTE [23]. Parmi les 64 suspects, 13 sont des ressortissants allemands, cadres de la société mère. Selon la décision des juges, Siemens aurait versé environ 70 millions d’euros pour décrocher un contrat et pour numériser le réseau de télécommunications public grec de l’époque, OTE (le contrat date de 1997). Parmi les suspects, l’ancien homme fort de Siemens Hellas, Michalis Christoforakos, qui s’est enfui en Allemagne et que les autorités allemandes refusent toujours d’extrader vers la Grèce. Les accusations font référence à du ’blanchiment d’argent’ et à de la ’corruption active et passive’. Theodoros Tsoukatos, conseiller de l’ancien premier ministre de premier ministre de 1996 à 2004, Kostas Simitis (PASOK) est également sur la liste des suspects. Tsoukatos semble avoir distribué 1 000 000 de Deustche Mark et a maintenu que les fonds se sont retrouvés dans les comptes du PASOK. Les autres suspects sont des cadres supérieurs de la filiale grecque de Siemens, ainsi que des ressortissants allemands qui auraient approuvés les pots de vin et les paiements. Le seul politicien grec ayant jusqu’à maintenant été condamné en relation avec ce scandale est l’ancien ministre des Transports, Tasos Mantelis, qui a écopé de trois ans de prison avec sursis en 2011 après avoir été reconnu coupable d’avoir accepté des paiements de 450 000 deutsche mark (230 000 €) de Siemens entre 1998 et 2000. »

Notes

[1http://www.amna.gr/en/article/228053/Novartis-case-file-points-to-kickbacks-worth-50-mln-euros–sources-say

[2Στενές επαφές φαρμακευτικού τύπου, par Thanos Kamilalis in ThePressProject 19/03/2018

[3http://tvxs.gr/news/ellada/success-story-tis-novartis-me-think-tank-samara

[4Hold-up social : comment le droit du travail a été démantelé en Europe, sans aucun bénéfice sur l’emploi et les gens et Bastamag, Comment le cimentier Lafarge a demandé et obtenu le démantèlement du droit du travail en Grèce
Par ailleurs Lafarge serait aussi impliqué dans des accords avec l’État islamique : Le Figaro, « En Syrie, Lafarge se serait « arrangé » avec l’État islamique » et « Comment Lafarge se serait arrangé avec Daesh pour garder son usine en Syrie »

[5http://www.tovima.gr/politics/article/?aid=942040

[6] Source : Eurostat, General Government expenditure by function (COFOG) (gov_10a_exp)

[7Στενές επαφές φαρμακευτικού τύπου, par Thanos Kamilalis in ThePressProject 19/03/2018

Source http://www.cadtm.org/Grece-L-affaire-Novartis-un-scandale-aux-airs-de-deja-vu

Grèce : rapport sur les demandes d’asile

Rapport annuel de 2017 pour la Grèce publié par Asylum Information Database où on trouve les chiffres concernant les demandes d’asile et les décisions prises en première instance et en appel. Le rapport a été établi par le Greek Council for Refugees.

http://www.asylumineurope.org/reports/country/greece

Les demandes d’asile en 2017 augmentent et s’élèvent à 58.661, c’est à dire 8,5% de demandes de toute l’UE et avec la population grecque, 5.295  par million d’habitants ce qui est le c’est le plus haut pourcentage par habitant pour toute l’Europe.

Particulièrement alarmant est le traitement des demandes des Syriens dans les îles : parmi les 1.276 demandes examinées, pour 912 la Turquie fut considérée « pays tiers sûr », ce qui veut dire que 71,4% de demandes furent rejetés en première instance.

Ce qui est également alarment  est l’inversion de tendance entre les décisions en appel avec l’ancienne procédure et la nouvelle. On constate que là où avec les anciennes Commissions de Recours il n’y avait pas de décisions négatives  nettes mais renvois pour statuts humanitaires, avec la nouvelle composition de Commissions et l’intégration à celles-ci des juges, le pourcentage de refus net s’élève à 93,63%. Ce pourcentage particulièrement inquiétant de refus en deuxième instance laisse supposer que les juges agissent en fonction de critères politiques, et notamment en fonction de l’accord UE-Turquie.

Le rapport constate que pendant l’année des pressions ont été exercées par les autorités européennes et grecques afin de restreindre le nombre de demandeurs reconnus comme personnes vulnérables, ce qui leur octroyait le droit d’échapper au confinement géographique aux îles. Ce qui a eu comme résultat  que plusieurs personnes vulnérables n’ont pas été reconnues comme telles et ont été privées de soins médicaux et de aide humanitaire.  Un autre point noir est la systématisation de la détention pour les demandeurs déboutés.

L’ensemble du tableau dressé par ce rapport est plus qu’alarmant

VS

SOS Méditerranée Une 6eme naissance à bord

Une 6e naissance dans un contexte houleux

Il était 15h45, en ce samedi après-midi du 25 mai, lorsqu’il a poussé son premier cri dans la clinique de l’Aquarius. Sa maman, presque incrédule d’avoir survécu aux sévices subis durant une année en Libye et à la traversée en mer, a lâché dans un souffle : « Miracle ». Ce sera le nom que portera ce magnifique garçon de 2,8 kg.

La jeune maman, malgré son état d’épuisement, est aussitôt sortie sur le pont et a présenté Miracle à ses compagnons de voyage… Une joie immense a alors envahi l’assistance, les chants des femmes se sont élevés comme une libération, comme un cri au ciel pour lui avoir donné la vie, et avoir conservé la leur. Rare moment de pur bonheur à bord.

Si cet enfant et sa mère sont vivants, cela relève en effet presque du miracle. Détenue pendant plus d’un an en Libye avec son compagnon, la jeune femme y a été torturée, brisée, affamée, rançonnée, mais a finalement réussi à s’enfuir. Elle a pris la mer une première fois le mercredi mais le moteur du bateau pneumatique a cessé de fonctionner peu après avoir quitté la plage et tous les occupants ont été ramenés à terre. Les passeurs les ont alors obligés à se cacher en attendant leur retour. Elle est restée terrée là pendant 24 heures, terrifiée, sans eau ni nourriture.  Les passeurs sont revenus un jour plus tard, les poussant de nouveau dans cette mer de ténèbres, pour une traversée tout aussi effrayante.

Jeudi matin, le canot  pneumatique surchargé est repéré, puis secouru par le navire de la marine italienne San Giorgio. A la nuit tombée, les 69 rescapés, dont 4 femmes enceintes, sont finalement transbordés vers l’Aquarius, où ils sont pris en charge par les sauveteurs de SOS MEDITERRANEE et le personnel médical de Médecins Sans Frontières.

L’Aquarius contraint et forcé d’arrêter les recherches

Le lendemain, le temps est au beau fixe. Conditions météorologiques favorables pour des départs de Libye à bord d’embarcations de fortune. Le coordinateur des sauvetages arrive sur la passerelle, sa mine est grave. Ailleurs dans l’immensité, les marins-sauveteurs savent qu’il y a très certainement des embarcations en péril et des centaines de personnes qui ont besoin d’aide. Au cours de la matinée, les signalements du Centre de coordination des sauvetage se succèdent, les unités de secours présentes sur la zone sont débordées. Entre jeudi et vendredi 1500 personnes sont secourues en pleine mer à l’Est de Tripoli.

Mû par les valeurs de solidarité en mer, l’Aquarius offre son assistance, mais l’ordre du Centre de coordination de secours maritime à Rome est sans appel : l’Aquarius doit repartir vers les côtes avec seulement 69 passagers à son bord, alors qu’il pourrait en accueillir beaucoup plus, déchargeant ainsi les autres bateaux de sauvetage. C’est la deuxième fois que SOS MEDITERRANEE est confrontée à pareille situation en quelques semaines.

Pendant ce temps, peut-être, d’autres enfants ne verront jamais le jour. Personne n’entendra jamais la prière de leur mère, perdue dans la grande bleue. Les marins le savent. Alors la naissance de Miracle vient mettre un peu de baume au cœur des équipes. L’Aquarius débarquera finalement les 70 rescapés à Catane, en Sicile, le dimanche 27 mai au matin avant de repartir en mer. Bon vent, petit Miracle !

Lire le communiqué du 26 mai 

Voir la vidéo de la célébration sur le bateau

PHOTOS : Guglielmo Mangiapane / SOS MEDITERRANEE

Face à l’inacceptable, agissons pour porter secours et sauver des vies http://www.sosmediterranee.fr/

 

L’Italie d’abord La rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis  Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif  et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque.

L’Italie d’abord !

Joli monde. Aux législatives du 4 mars dernier, les Italiens ont massivement voté en faveur de deux formations lesquelles sont porteuses d’un difficile message, espérons-le constructif en dépit des hésitations : Briser le carcan européiste, si cher à Jean-Claude Juncker lequel déclarait en 2015 : “il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens déjà ratifiés”. Ce n’est pour l’instant certes qu’un message, cependant, ce qui frappe déjà les esprits tient du refus du président Mattarella de nommer Paolo Savona, 81 ans, eurosceptique déclaré, à la tête du ministère des Finances. Une fois de plus (et de trop ?) les masques tombent.

Manifestations d’antan. Athènes, années dites de crise

Nous ignorons très naturellement les suites de l’histoire, celles notamment des prochaines très probables élections en Italie ainsi provoquées par le Putsch permanent européiste pour dire les choses de leur vrai nom. Cependant, depuis Athènes, nous saisissons alors mieux qu’ailleurs, tout le sens inique de ce Putsch, initié par cette politique supposée et présentée comme étant soi-disant unique entre Berlin, Bruxelles et Paris entre autres. Lorsque par exemple Matteo Salvini, (chef du parti de la Ligue), en pleine ascension politique après les législatives du 4 mars, déclare que “les journaux et les politiciens allemands nous insultent: Italiens mendiants, fainéants, adeptes de l’évasion fiscale, pique-assiettes et ingrats. Et nous, on devrait choisir un ministre de l’Economie qui les satisfait ? Non merci ! Les Italiens d’abord”, il a raison, (propos enfin reproduits par les médias français).

Ces propos de Matteo Salvini rappellent ainsi ces déclarations, et autant situations très analogues au sujet de la Grèce, c’était en Janvier 2015. En cette lointaine époque… un certain Alexis Tsipras avait prétendu incarner réellement la Constitution du pays, autrement-dit, celle du peuple supposé souverain, ceci faisant face au diktat des institutions non-représentatives, voire, dépourvues de toute légalité en matière de Droit international, à l’instar de l’Eurogroupe, pour ne nommer que cette salle de torture du seul européisme réellement existant.

Depuis, et faisant comme on sait suite au référendum de juillet 2015, trahit par Tsipras et par sa bande d’escrocs de la coalition SYRIZA/ANEL, le petit pays a été piétiné jusqu’aux entrailles de sa dignité et ainsi vassalisé pour 99 ans, d’après la signature d’Alexis Tsipras, par les forces néo-colonisatrices européistes. Ce qui s’y applique en lieu et place de programme politique autonome, tient du génocide économique, culturel et en fin de compte démographique est toujours en cours en pleine hétéronomie.

Une fin… de l’histoire absolument planifiée, avec l’aimable participation de Tsipras, lequel à mon humble avis, tout comme à l’avis du plus grand nombre en Grèce, avait été de toute évidence… franchement “préparé” pour cette tâche, sans oublier non plus, cette “étrange” neutralisation plutôt volontaire, de l’essentiel des autres forces pseudo-politiques du pays. Joli monde !

Manifestations d’antan. Athènes, années dites de crise
Manifestante. Athènes, 2012
Cultures humaines. Fouilles dans les Cyclades

Nos amis d’Italie doivent retenir la triste leçon du cas grec pour ne pas tomber dans le même piège, quelle que soit d’ailleurs leur sensibilité politique première. N’oublions pas que le carcan européiste a placé un peu partout ses hommes et femmes marionnettes, dont ceux, occupant ces postes généralement sans pouvoir réel et encore moins légitime pour en plus outrepasser le cadre constitutionnel, à l’instar des présidents Mattarella en Italie et Pavlopoulos en Grèce. Au cas où le bon peuple “ d’en bas” fait “fausse route”, ces présidents seront toujours là, pour entraver au cas par cas, le fonctionnement encore subsistant et éventuel des institutions représentatives et démocratiques.

Les colporteurs du situationnisme européiste démâté, iront alors raconter au moyen de leurs medias que leurs contradicteurs, “tantôt de l’extrême-gauche, tantôt de l’extrême-droite incarnent alors les dangereux populismes du moment, dont la montée devrait être jugulée”. Tantôt les Tsiprosaures en 2015, tantôt ceux de la France Insoumise, en passant par la Ligue en Italie entre autres, la liste est bien longue.

Pourtant, le pire des extrémismes en Europe depuis les totalitarismes du Vingtième siècle, n’est autre que celui des institutions européistes méta-démocratiques et pratiquement soviétisées, pour ceux qui ne l’auraient pas encore compris. Ce n’est plus une question de gauche et de droite, en tout cas dans un premier temps, mais d’abord, de résistance comme de survie organisatrice d’un autre projet collectif, voire européen concerté à partir de zéro.

Comme le souligne Philippe Grasset, à travers son analyse sous le titre : “Du Parthénon au Colisée”, “l’Europe a le sens du symbole, ou bien est-ce l’Histoire qui choisit d’imposer aux piètres artisans de la déstructuration qu’ils sont tous les instruments et toutes les circonstances qu’il faut pour donner au symbole qui en émerge toute la force qui importe et ainsi les placer devant le spectacle des ruines qu’ils accumulent… Je l’avoue et je suis sûr que je n’étonnerai personne, je suis partisan du deuxième terme de cette alternative du symbole. Eux, les déconstructeurs qui entropisent comme s’ils étaient anthropophages, ils ne savent pas grand’chose, ni de l’art ni de la puissance du symbole ; quand on fait dans l’entropie, on reste sur sa faim et l’on finit par se manger soi-même… (…)”

Arrogance des ministrions Syrizistes. Athènes, janvier 2018
Garde Evzone Athènes, 2018
Médecins et manifestants. Athènes, années de la Troïka

“Ce qu’on veut faire avec l’Italie aujourd’hui, à peine selon une autre méthode, c’est ce qu’on fit avec la Grèce il y a trois ans. L’Histoire nous impose, avec sa Grâce sans retenue, un symbole qui court du Parthénon au Colisée, de Platon à Julien l’Apostat (…) Il résulte de ce préambule quasi-antique que l’Europe-UE parvient ainsi à mettre les deux berceaux de la civilisation dont elle se réclame dans la même crèche de son imposture.”, article daté du 28/05/2018.

Ceci-dit, tout le monde admettra que l’Italie n’a pas la petite taille démographique ou géopolitique de la Grèce, ce qui n’arrangera sans doute pas les affaires de l’élite allemande et germano compatible qui fait de l’institutionnalisme européiste une sorte de Conférence de Wannsee… alors permanente et sans cesse réactualisée. Jusqu’où ?

Ce qui reste à prouver, tient de la volonté et la persévérance des politiques en Italie, ainsi que du fait que cette même volonté de résistance et de changement constructifs, puisse être partagée par une partie du moins des élites économiques et industrielles de l’Italie, au-delà des prochaines élections législatives, probablement en Septembre. Car au contraire et en Grèce, l’ensemble de la dite élite politique, comme de celle supposée élite intellectuelle et autant économique, tout ce beau monde “ d’en haut”, a très délibérément préféré la mise à mort du pays réel, plutôt que de s’opposer au carcan infligé.

Devant le supposé Parlement. Athènes, mai 2018
Notre époque est hallucinante. Athènes, 2018
Réalités grecques. Athènes, 2018

Notre époque est ainsi largement hallucinante. La garde Evzone veille devant le supposé Parlement grec, et à Rome, c’est la garde d’honneur qui rappelle encore ce que l’Italie doit préserver de sa souveraineté et autant de son identité. En effet… “Les Italiens d’abord”, en somme, les peuples de cette Europe d’abord, où sinon c’est l’Européisme anthropophage qui détruira tout.

Ainsi, et à défaut d’une telle tabula rasa, le moindre retour à un minimum même de démocratie demeurera impossible. Car il n’y a pas de “Plan-B” possible. Dans le même ordre d’idées, la moindre supposée refonte des institutions et constitutions aux pays concernés, une… hypothétique 6ème République en France n’est que fausse route pour ne pas distinguer les évidences. Déjà, les citoyens devenus sujets européistes, devraient comprendre qu’il faut d’abord et définitivement boycotter les dites élections européennes, même si les formations politiques supposées critiques, de gauche comme d’ailleurs de droite iront encore faire campagne.

Un valet du système Karlo Kottareli du FMI devenu Président du Conseil en Italie contre la volonté du peuple Italien, rempli très exactement le rôle du banquier Papadémos, toujours non élu, et installé au poste de Premier ministre à Athènes par Berlin entre 2011 et 2012. C’est alors une période cruciale qui s’inaugure pour nos amis Italiens, lesquels doivent mieux comprendre désormais ce qui les attend, à défaut de réagir à temps.

“Non à l’euro”. Athènes, 2018
“Le cholera politique dehors. Quelle démocratie ?”. Athènes, 2018
Sous l’Acropole. Athènes, 2018

C’est-à-dire, réagir au-delà des fractures de type gauche/droite qui n’ont guère de sens devant le rouleau compresseur du totalitarisme européiste et bancocrate, réagir autant en fonction des seuls intérêts du peuple d’Italie, tout comme de sa survie alors souveraine. L’Histoire nous impose, avec sa Grâce sans retenue, un symbole qui court du Parthénon au Colisée, de Platon à Julien l’Apostat… et en même temps, les masques tombent.

Sous l’Acropole on commente l’actualité de cette Italie si proche sous un brin d’amertume et autant d’espoir. “Non, ils ne vont tout de même pas faire plier l’Italie…”.

Joli monde. Dans Athènes comme à Rome, c’est autant le moment des premiers chattons adespotes (sans maître) de l’année 2018, nos animaux si admirés et pour tout dire… mendiants, fainéants, pique-assiettes et ingrats. Les Italiens, les Grecs, les autres peuples… et les adespotes d’abord !

Chatton adespote et sa mère. Athènes, mai 2018
* Photo de couverture: Expression murale. Athènes, 2018

mais aussi pour un voyage éthique, pour voir la Grèce autrement “De l’image à l’imaginaire: La Grèce, au-delà… des idées reçues !”   http://greece-terra-incognita.com/

Le documentaire « This is not a coup »

Après  « Debtocracy », « Catastroïka », et « Fascism Inc  le 4eme documentaire du réalisateur Aris Chatzistefanou « This is not a coup  » ( ce n’est pas un coup d’état) sous-titré en français.
Ce documentaire décrit les interventions financières de la BCE en Italie, Portugal, Chypre et Grèce. Ex chefs d’état (D. Christofias), ministres (O. Lafontaine), cadres de l’UE (E. Davignon), économistes et commentateurs éminents (A. Friedman, A. Petifor, O. Jones, etc.) analysent la relation des institutions avec les banques et les grandes entreprises. Il est démontré que la pression des créanciers s’est imposée pour faire plier les gouvernements, voire les renverser..

https://vimeo.com/168905073?ref=fb-share&1 (pour avoir le sous-titrage en français cliquez sur CC) durée 1h20

Relire l’article d’Amélie Poinssot sur Mediapart avant la sortie du documentaire https://blogs.mediapart.fr/amelie-poinssot/blog/090216/not-coup-un-documentaire-grec-soutenir

Grèce : Restructuration de la dette toujours pas

La Grèce n’en aura jamais fini

23 mai par François Leclerc CADTM


(CC – Flickr – Dimitris Kamaras)

Paralysées par leurs divisions, les autorités européennes ne parviennent toujours pas à sauver les apparences en déclarant la Grèce bonne pour le service. Elles enchaînent la crise italienne qui se profile avec la grecque qu’elles ne parviennent pas à conclure.

La dernière dernière revue du 3e plan de sauvetage a été bouclée samedi dernier et sera soumise à l’Eurogroupe le 24 mai prochain. Le 21 juin prochain, un accord concluant huit années ininterrompues de mise sous tutelle de la Grèce sera recherché afin de permettre, moyennant la mise en œuvre d’un train de 88 dernières mesures, de débloquer un dernier versement de 11 à 12 milliards d’euros.

La Grèce est désormais sur « une ligne droite », croit pouvoir affirmer le commissaire Pierre Moscovici, qui prend ses désirs pour des réalités. Mais pour être probant, il lui reste encore à régler le gros morceaux de la restructuration de la dette, tant de fois évoquée et ajournée, qui continue de diviser les européens et le FMI. Et c’est une toute autre paire de manches !

Les mesures d’austérité imposées par la Troïka ont plongé le pays dans une profonde récession durant neuf années, lui faisant subir un traitement de choc aux conséquences sociales dévastatrices dont elle est sortie économiquement amoindrie et fragilisée. Le miracle dont se prévalent ceux qui veulent faire croire que la Grèce est tirée d’affaire est un grossier habillage, tant qu’une restructuration de la dette ne sera pas opérée.

D’un montant de 178% du PIB en 2012, la dette étant insoutenable, que faire ? Un projet de rééchelonnement et d’abaissement des taux existe – et non de restructuration via un abandon partiel de créance – mais il suppose pour être réaliste que soient atteint année après année des objectifs de surplus budgétaires de 3,5% pour honorer les remboursements correspondants. Or si un surplus budgétaire est bien dégagé, les prévisions de croissance pour l’année en cours les justifiant sont déjà revues à la baisse, en dessous de 2%, par la Commission aussi bien que par le gouvernement grec.

Les opinions divergent totalement sur le mécanisme à mettre en œuvre. Le gouvernement français défend le principe d’une mécanisme automatique de réaménagement de la dette liant celui-ci à la croissance effective, et non a des objectifs de surplus inatteignables, tandis que les autorités allemandes réclament qu’il soit conditionné à un vote annuel du Bundestag si ceux-ci ne sont pas atteints, sans identifier les mesures complémentaires qui pourraient être exigées d’une Grèce déjà exsangue. Somme toute, les autorités allemandes pratiquent à leur façon l’extraterritorialité judiciaire américaine qu’elles condamnent !

Quel prix les Grecs vont-ils devoir encore payer pour que les bonnes âmes aient raison sur le papier ?

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