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Grèce : Démolition acharnée du service public d’éducation

Sur fond de budget insuffisant, on constate partout le manque d’enseignantEs, de nombreux locaux non rénovés et dangereux : la semaine passée, un plafond est tombé sur des élèves en Eubée.

Depuis quelque temps, la propagande de la droite tente de cacher les vraies responsabilités en engageant une véritable campagne nationale de diffamation contre les enseignantEs, présentéEs comme paresseuSEs et ne s’intéressant pas aux élèves !

Cette campagne odieuse s’explique entre autres par le fait que la profession refuse depuis plusieurs années une procédure dite d’évaluation, qui vise à exclure les enseignantEs qui refuseraient de se transformer en petits soldats d’exécution.

À lier à ce projet de « déprofessionnalisation », le nouveau programme du lycée : des examens nationaux chaque année, avec apprentissage par cœur et cours supplémentaires le soir dans les petites boîtes de répétition privées et coûteuses…

La répression prend ces derniers temps une dimension rappelant à certainEs les périodes salement brunes du pays. Répression contre les syndicalistes enseignantEs (autour de 2 500 poursuites administratives !) et contre le syndicalisme étudiant.

Flicage des universités, avec certainEs présidentEs en pointe, comme celui de l’Université Polytechnique d’Athènes : caméras, interdiction d’affichages (un étudiant vient de prendre 14 mois de prison pour un slogan pro-palestinien sur un mur de la fac).

Et violences policières intenses contre les manifs de la jeunesse scolarisée, comme récemment où des parents d’élèves et leurs jeunes enfants ont été gazéEs devant le rectorat athénien, où ils protestaient contre la pratique courante des fusions de classes.

À Polytechnique encore, le président a appelé les flics pour évacuer une AG étudiante en soutien à la mobilisation contre la loi sur la journée de travail de 13 heures ! Résultat : 15 étudiantEs arrêtéEs, et l’arrêt de toute poursuite est une des principales revendications actuelles.

Et, symbole de cette politique à la Trump, se prépare le plan d’exclusion des « étudiantEs éternelEs », c’est-à-dire avant tout des étudiantEs travailleurEs qui ont souvent besoin d’années supplémentaires pour finir leurs études : 285 000 pourraient être victimes de cette mesure inouïe de sélection sociale, que refuse évidemment le mouvement étudiant.

Contre cette rage de mise à mort du service public et contre la sélection sociale, la bataille s’organise : après la mobilisation de l’EN réussie du 6 novembre dans une quarantaine de villes, la commémoration du massacre des étudiantEs de Polytechnique le 17 novembre 1973 est une étape importante. Déjà, sur place, la foule de tout âge au milieu des stands syndicaux et politiques est une réponse cinglante à Mitsotakis et à ses sbires !

A. Sartzekis

Source https://lanticapitaliste.org

La Grèce sous Kyriakos Mitsotakis. Une crise prolongée sans issue en vue

Kyriakos Mitsotakis

Par Antonis Ntavanellos

Le journal To Vima (propriété de l’oligarque Evangelos Marinakis) – principal journal du centre politique qui donne traditionnellement le ton du débat dans les cercles de l’establishment grec – a conclu son éditorial du dimanche 5 octobre par une sombre prédiction d’une «crise politique prolongée, avec tout ce que cela implique…». Le même jour, le journal Kathimerini, principal quotidien du centre droit traditionnel (propriété de l’armateur Giannis Alafouzos), qui déclarait encore récemment sa conviction que «Mitsotakis n’avait pas de rival», a désormais inversé son jugement: «Le prochain adversaire de Mitsotakis… n’aura pas de rival.»

Les prévisions défavorables pour l’avenir de Kyriakos Mitsotakis [premier ministre depuis 2019], le leader de l’aile ultra-néolibérale qui dirige le parti Nouvelle Démocratie, sont évidentes dans les sondages d’opinion. Selon tous les sondages, Nouvelle Démocratie recueille actuellement moins de 25% des voix parmi ceux qui ont l’intention de voter. Un tel résultat exclut toute perspective pour la droite de former un gouvernement reposant sur un seul parti. Mais ce n’est pas tout. Vingt-cinq pour cent est le seuil fixé par la loi électorale pour que le parti en tête reçoive un «bonus» de 50 sièges supplémentaires au parlement, une disposition qui a été instituée pour renforcer les perspectives de stabilité gouvernementale. Cela soulève la possibilité sérieuse qu’après les prochaines élections, Nouvelle Démocratie se retrouve avec une petite fraction parlementaire, devenant ainsi le premier à perdre les avantages que la loi électorale accorde au parti en tête. Dans un tel scénario, une coalition entre Mitsotakis et le PASOK social-démocrate ou l’extrême droite nationaliste ne suffirait plus pour former un gouvernement. Une coalition tripartite plus large serait nécessaire et, compte tenu de la situation politique actuelle, si un gouvernement de coalition bipartite est particulièrement difficile, un gouvernement tripartite semble impossible.

Si les sondages d’opinion se confirment lors des élections (prévues pour 2027, mais qui pourraient avoir lieu en 2026), le capitalisme grec se dirige vers une crise de «gouvernabilité» avec des risques importants dans le contexte économique et géopolitique conflictuel de la période. Et sans solution alternative visible, du moins pour l’instant.

En fait, toutes les prévisions politiques reposent sur des sables mouvants. Lors des élections postérieures à 2019, dans la société grecque traditionnellement politisée, l’abstention a atteint des niveaux historiques. Environ 50% des électeurs inscrits ont refusé de se rendre aux urnes, les taux d’abstention étant plus élevés principalement dans les zones ouvrières. Parmi les 50% restants qui ont voté et ont l’intention de voter à nouveau, la majorité déclare dans tous les sondages que le critère décisif pour leur vote sera la lutte contre l’inflation et l’effondrement de l’État social. Pour ne laisser aucun doute sur la manière dont les évolutions sociales se reflètent dans l’arène politique, l’ancien Premier ministre Antonis Samaras [juin 2012-janvier 2015], représentant de l’aile droite dure, aujourd’hui exclu de Nouvelle Démocratie, a récemment déclaré que sous la direction de Mitsotakis, la droite grecque «a perdu 1,3 million d’électeurs depuis 2019, et cette perte est définitive». Si Antonis Samaras met finalement sa menace à exécution et crée un nouveau parti politique, situé entre Nouvelle Démocratie et l’extrême droite nationaliste et religieuse, les perspectives de Mitsotakis subiront un coup supplémentaire.

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La question sociale/de classe est à l’origine du déclin rapide actuel du parti néolibéral Nouvelle Démocratie, qui était arrivé au pouvoir triomphalement après la crise et la défaite de SYRIZA en 2019 et avait réaffirmé sa force après l’effondrement de SYRIZA en 2023 (suite à la défaite électorale qui a contraint Alexis Tsipras à démissionner).

Dans un pays où les salaires et les retraites sont restés pratiquement «gelés» pendant une décennie, l’inflation s’est avérée être un fléau pour les revenus réels de ceux qui vivent de leur travail. En 2025, l’inflation s’élevait à 2,6%, tandis que les prévisions pour 2026 sont de 2,2%. Cependant, l’inflation réelle sur les biens de consommation courante pour le gros de la population a grimpé en flèche. Les syndicats estiment que les prix des denrées alimentaires ont augmenté de plus de 13% par an ces dernières années! Le coût du logement (loyer, électricité, eau, télécommunications, etc.) est devenu totalement inabordable. Selon les estimations des syndicats, et conformément à notre expérience courante, un salaire ou une pension mensuelle moyenne ne suffit qu’à une famille de trois personnes pour vivre au seuil de pauvreté pendant 20 jours par mois. Un exemple révélateur de ce processus d’appauvrissement est qu’au cours de l’été 2025 50% de la population locale n’avait pas les moyens de s’offrir ne serait-ce que quelques jours de vacances.

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Malgré son déclin, Mitsotakis fait face à cette situation avec un engagement absolu en faveur des contre-réformes néolibérales.

Après le vol des réserves des fonds de sécurité sociale, qui ont été utilisées pour rembourser une partie de la dette après 2012, la classe ouvrière grecque dispose désormais de l’un des pires systèmes de sécurité sociale d’Europe. L’âge de la retraite est déjà fixé à 67 ans, et une pension complète nécessite 40 ans de vie active. La pension moyenne n’est que de 841 euros, la plus basse de la zone euro, tandis que la pension minimale, dont vivent 18% des retraité·e·s, est de 470 euros! Cinquante-cinq pour cent des retraités vivent avec une pension inférieure à 700 euros par mois. Et pourtant, en 2026, une réforme encore plus défavorable de ce système misérable est prévue. L’âge limite sera porté à 69 ans, tandis que le niveau actuel des pensions devra être réduit (!) de peut-être jusqu’à 30% (!!). Au-delà de la tendance générale à la réduction, les plans du gouvernement prévoient d’utiliser les ressources des fonds de la sécurité sociale pour financer… des programmes d’armement! Je ne sais pas si le gouvernement survivra lorsque ces changements réactionnaires seront officiellement introduits, mais cela donnera certainement lieu à une bataille sociale et politique majeure.

En Grèce, la durée moyenne du temps de travail des salariés est la plus élevée d’Europe. Elle atteint 1886 heures par an, soit 316 heures de plus que la moyenne de 1570 heures des États membres de l’UE.

Selon les statistiques officielles, 21% de la main-d’œuvre travaille plus de 45 heures par semaine. Et cela selon les statistiques officielles, alors que tout le monde sait qu’après l’affaiblissement délibéré de tous les mécanismes de contrôle et d’inspection sur le marché du travail, la situation réelle est bien pire. La preuve irréfutable en est la recrudescence des «accidents» mortels sur le lieu de travail: jusqu’en 2019, leur nombre variait entre 25 et 30 par an, alors que dans les premiers mois de 2025, 131 travailleurs ont perdu la vie dans des «accidents» du travail. Dans ce contexte désastreux, le gouvernement organise une réforme qui rendra tous les aspects du temps de travail extrêmement flexibles. Le projet de loi proposé par le brutal ministre du Travail, Niki Kerameos, légalise une journée de travail pouvant aller jusqu’à 13 heures (!!!) pour un seul employeur, établit des «contrats» d’un ou deux jours, permet l’embauche ou le licenciement ainsi que la modification des horaires de travail sur simple SMS de l’employeur, prévoit la fragmentation des congés annuels obligatoires en plusieurs parties, en fonction des besoins de l’entreprise, etc. [Le parlement a approuvé la loi pour l’introduction des 13 heures le 14 octobre par une majorité de 158 sur 300 députés.]

L’ampleur du défi a été ressentie par les membres du mouvement syndical. La pression exercée sur l’alliance bureaucratique entre le PASOK et les syndicalistes de droite – qui contrôle la Confédération générale des travailleurs du secteur privé (GSEE) – a contraint la GSEE à déclarer, après un certain temps, une grève nationale de 24 heures le 1er octobre, puis une autre le 13 octobre. La méthode de l’appareil bureaucratique syndical est bien connue: il déclare une grève pour faire baisser la pression interne de la base, sans rien faire pour l’organiser efficacement. Néanmoins, l’importance de ces grèves ne peut être sous-estimée. Le temps de travail devient un terrain de bataille avec le gouvernement, et les sections les plus radicales du mouvement syndical, qui sont plus fortes à la base, ont la possibilité – et l’obligation! – d’organiser les prochaines étapes.

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Les scandales politiques ont été un autre facteur majeur de l’affaiblissement politique du gouvernement Mitsotakis. Il y a trois ans, la scène politique a été secouée par des révélations concernant un mécanisme illégal de surveillance et d’écoute téléphonique qui enregistrait secrètement les communications et la vie privée des opposants et des «amis» de Kyriakos Mitsotakis.

L’entourage du Premier ministre a utilisé les services secrets nationaux et collaboré avec une société composée d’anciens membres des services secrets israéliens (qui commercialisent un logiciel espion illégal baptisé «Predator») afin de surveiller le leader du PASOK Nikos Androulakis [depuis 2021], les responsables parlementaires de SYRIZA, plusieurs ministres de Nouvelle Démocratie, les dirigeants de l’armée, de nombreux diplomates, des hommes d’affaires connus, ainsi que des milliers de citoyens dont les noms restent inconnus. Les dirigeants de Nouvelle Démocratie ont payé un prix politique considérable, mais ont finalement réussi à contrôler les révélations et à protéger le réseau qui dirigeait la surveillance.

Il n’en a pas été de même avec le dernier scandale en date à l’OPEKEPE (l’agence qui distribue les subventions européennes aux agriculteurs et aux éleveurs). Malgré les efforts du gouvernement pour dissimuler la vérité, il a finalement été révélé que les fonds d’aide européens, au lieu d’atteindre les agriculteurs et les éleveurs, ont fini entre les mains des responsables du parti Nouvelle Démocratie, qui les ont utilisés (au-delà du financement de leur train de vie luxueux) pour mettre en place un mécanisme d’achat massif de votes dans les zones rurales. L’implication du Parquet européen [1] dans cette affaire risque d’entraîner la suspension, voire la suppression des subventions européennes, ce qui aurait un impact direct sur les relations du parti au pouvoir avec une grande partie des agriculteurs. Et ces révélations ont, jusqu’à présent, «brûlé» deux ministres de premier plan: Lefteris Avgenakis, ancien ministre de l’Agriculture (et «homme d’influence» important dans la circonscription électorale cruciale de Crète) et son successeur au ministère de l’Agriculture, Makis Voridis (étoile montante de l’extrême droite qui est toutefois allié à Kyriakos Mitsotakis).

Plus que tout, Mitsotakis a payé le prix du scandale entourant la tentative du gouvernement de dissimuler sa responsabilité dans le crime de Tempé [accident ferroviaire ayant provoqué la mort de nombreux étudiants]. Les parents et les proches des 57 personnes qui ont péri dans la collision injustifiable et absurde de deux trains à Tempé se sont organisés collectivement et ont rejeté les tentatives visant à clore l’affaire rapidement et sans heurts. Leurs appels à protester ont donné lieu à des manifestations empreintes de colère et d’une ampleur considérable à l’échelle nationale. Récemment, la grève de la faim de Panos Routsi, un livreur albanais, père d’un des jeunes tués à Tempé, a suscité un énorme soutien populaire, des gens se rassemblant chaque jour devant sa tente installée devant le bâtiment du Parlement, sur la place Syntagma. Cette lutte a contraint le gouvernement à un recul embarrassant: l’exhumation des corps et une enquête médico-légale approfondie sur les causes de leur mort ont été ordonnées. L’enquête porte sur l’affirmation des proches selon laquelle, au-delà de la responsabilité pénale de la collision entre les deux trains, il existe également une grave responsabilité dans le transport illégal de produits chimiques et de carburant dans l’un des wagons, qui a provoqué la grave explosion qui a augmenté le nombre de décès parmi les passagers. Si cette allégation est confirmée (révélant le lien entre la société privée Hellenic Trains et le gouvernement avec les principaux réseaux de contrebande de carburant à Athènes), cela pourrait probablement porter un coup fatal à Mitsotakis. [Selon un récent sondage, demandé par Palapolitika Radio, 9 Grecs sur 10 pensent que la corruption a augmenté (67,4%) ou est au même niveau (23,2%) sous le gouvernement de Nouvelle Démocratie. – KTC, 16 octobre 2025]

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Pour contrer tout cela, le gouvernement Mitsotakis avait deux «atouts» principaux à faire valoir.

Premièrement, il avait assuré une croissance rapide du capitalisme grec, atteignant une croissance du PIB supérieure à la moyenne européenne (selon les données de l’OCDE, 2% de croissance en 2025 et une prévision de 2,1% en 2026). Il est vrai que les banques, bénéficiant de l’accord conclu avec les créanciers en 2018 (un accord faussement qualifié de sortie des «mémorandums» d’austérité), ont retrouvé leur rentabilité et distribuent à nouveau de généreux dividendes à leurs actionnaires. Il est vrai que, profitant de la hausse incontrôlée des prix, de nombreuses entreprises ont retrouvé une rentabilité élevée dans des secteurs spécifiques (raffineries, alimentation, énergie, logistique, santé privée, etc.). Il est vrai que les armateurs grecs, dans un contexte d’instabilité géopolitique, ont confirmé leur position de leader dans la concurrence maritime internationale. Et il est exact que les entreprises «traditionnelles» comme les nouvelles «start-ups» ont profité du passage à une «économie de guerre» pour faire de grands progrès (principalement en tant que fournisseurs de grandes multinationales) dans le domaine des armes et des technologies connexes. Cependant, tout cela est lié à l’augmentation sans précédent des inégalités sociales. La promesse du gouvernement selon laquelle la croissance finirait par profiter aux couches les plus défavorisées de la société s’est avérée être une vaste fraude politique.

Deuxièmement, Mitsotakis s’est appuyé sur sa promesse de conduire à une «mise à niveau géopolitique» du capitalisme grec par rapport à son concurrent direct en Méditerranée orientale, à savoir la Turquie. D’énormes ressources ont été allouées à cette fin. Le programme d’armement de l’État grec avait pris des proportions importantes bien avant que Trump n’exige une augmentation des dépenses militaires de tous les États membres de l’OTAN. En consolidant l’axe diplomatique et militaire avec l’État d’Israël (les fondements d’un tel accord avaient été établis sous Tsipras), Mitsotakis a fait de l’État grec le plus fervent partisan de Netanyahou dans la région. Cherchant à exploiter les failles créées dans les relations américano-turques par la politique étrangère plus «non alignée» et «multidimensionnelle» d’Erdogan, Mitsotakis a promu un renforcement sans précédent des relations gréco-états-uniennes et une expansion significative de la présence de l’OTAN en Grèce. Le port de Souda en Crète est désormais devenu la base la plus importante de l’OTAN en Méditerranée, le port d’Alexandroupolis est devenu la «porte d’entrée» du corridor terrestre stratégique de l’OTAN vers la mer Noire et l’Ukraine, tandis que dans de nombreuses régions du pays (Thessalie, Péloponnèse, etc.), de nouvelles installations de l’OTAN ont vu le jour ou d’anciennes ont été agrandies dans le cadre d’activités opaques et secrètes. Le mouvement de masse de solidarité avec la Palestine, exigeant la rupture immédiate des relations étroites avec l’État d’Israël, a naturellement ciblé tous ces paramètres d’identification profonde à l’impérialisme euro-atlantique.

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Cependant, on ne peut pas jouer indéfiniment avec les dures réalités de la géographie et des données démographiques. En raison de sa situation géographique et de sa taille, l’importance de la Turquie pour les impérialistes euro-atlantiques reste considérable. Les efforts déployés par Trump et les dirigeants européens pour réintégrer plus fermement Erdogan dans le camp politique de l’OTAN laissent en suspens la stratégie concurrentielle des gouvernements grecs de ces dernières années. Les voix des principaux «experts» de l’État grec, qui affirment publiquement que le moment est venu d’adopter une politique de «compréhension» avec la Turquie, alertent Mitsotakis sur un nouveau casse-tête politique. En effet, ni son parti ni ses alliés ne sont prêts pour un tel changement, si et quand les développements internationaux le rendront nécessaire.

Tout cela signifie que le gouvernement réactionnaire et néolibéral à l’extrême dirigé par Kyriakos Mitsotakis est désormais un gouvernement instable et faible.

Personne ne pense qu’il soit encore sûr de parier que «Mitsotakis restera jusqu’en 2027», date à laquelle son deuxième mandat prendra fin. Les médias grand public, ainsi que des groupes de députés et de responsables de Nouvelle Démocratie, discutent désormais ouvertement de tous les scénarios possibles: la possibilité de recourir à des élections anticipées après une crise gouvernementale soudaine, la possibilité d’un changement de direction au sein de Nouvelle Démocratie avant les prochaines élections, ainsi que la possibilité d’un «atterrissage brutal»: Nouvelle Démocratie se présentant aux urnes avec Mitsotakis à sa tête, subissant une défaite et se trouvant dans l’incapacité de former un gouvernement. Il faudrait alors organiser de nouvelles élections – après un changement de direction au sein du parti de droite – et trouver des partenaires pour former un gouvernement de coalition, ce qui reste une question ouverte.

Je ne doute pas que ce gouvernement aurait été renversé depuis longtemps s’il avait été confronté à une opposition efficace.

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Cependant, en Grèce aujourd’hui, l’opposition parlementaire est enlisée dans une profonde crise politique et organisationnelle.

Le PASOK, le parti social-démocrate historique, a frôlé l’extinction en adoptant des politiques d’austérité néolibérales et en gouvernant en coalition avec la droite pendant les années de crise. La nouvelle direction dirigée par Nikos Androulakis a réussi dans une certaine mesure à reconstruire la force du parti, mais il est clair qu’elle n’a pas le pouvoir politique nécessaire pour sortir des limites d’un parti mineur «de deuxième rang», dont l’influence électorale oscille juste au-dessus ou en dessous de 12%. Sur la question cruciale des perspectives gouvernementales, Androulakis rejette toute alliance avec Mitsotakis, mais reste ouvert à la possibilité d’une coalition avec la droite sous une nouvelle direction de ND.

SYRIZA a été mise en pièces. Ceux qui ont conservé l’étiquette du parti, sous la direction de Sokratis Famellos (ancien social-démocrate, président de SYRIZA depuis novembre 2024), sont en recul constant et, selon certains sondages, ils pourraient même être confrontés au problème existentiel d’atteindre les 3% (quorum) lors des prochaines élections, seuil fixé par la loi électorale pour entrer au parlement. Une scission «de gauche», appelée la Nouvelle Gauche, qui a quitté SYRIZA en 2023 refusant de subir l’humiliation totale que représentait l’ère de Stefanos Kasselakis à la tête du parti [du 24 septembre 2023 au 8 novembre 2024], se trouve bien en dessous du seuil de survie parlementaire. Ceux qui ont suivi Stefanos Kaselakis dans sa nouvelle aventure, après qu’il a été exclu de la direction de SYRIZA et a quitté le parti, sont désormais politiquement absents, tandis que dans les sondages ils oscillent quelque part en dessous des 3%.

Dans ce paysage de désintégration, dont il porte la responsabilité décisive, Alexis Tsipras tente de réapparaître en «messie», annonçant son grand «retour». Tsipras s’adresse désormais à un public qui dépasse les limites de son ancien parti: il parle d’une large recomposition du «progressisme» qui inclura des parties de SYRIZA, des parties du PASOK, mais aussi des parties «démocratiques» du centre-droit. La politique qu’il met en avant dans ce sens témoigne d’une transformation politique complète: Tsipras se déclare désormais partisan du «capitalisme démocratique» et insiste sur la nécessité d’un «virage patriotique» sur toutes les questions de la rivalité gréco-turque pour la souveraineté en Méditerranée orientale. Traditionnellement en Grèce, flatter le nationalisme anti-turc a été une caractéristique indéniable de tous les escrocs politiques.

Le projet «Retour de Tsipras» bénéficie du soutien de certains acteurs majeurs de la classe dirigeante (notamment les oligarques Vagelis Marinakis et Dimitris Melissanidis [transport maritime et pétrole], entre autres). Cependant, on ne sait pas encore s’ils lui réservent un rôle important ou s’il sera écarté comme un citron pressé une fois que les transformations nécessaires et inévitables du champ politique actuel auront été menées à bien.

L’extrême droite conserve une base électorale cumulée de plus de 10%, répartie entre ses principales composantes: le parti nationaliste Solution grecque dirigé par la star de la télévision trash Kyriakos Velopoulos; le parti fondamentaliste religieux «Niki» qui se réfère à la tradition obscurantiste grecque orthodoxe; les yuppies racistes de La voix de la raison, dirigés par Aphrodite Latinopoulou [membre du Parlement européen, elle reprend tous les thèmes de l’extrême droite], fan de Trump. L’effondrement du parti nazi Aube dorée lors de son affrontement avec le mouvement antifasciste après le meurtre de Pavlos Fyssas (en 2013), ainsi que la tradition politique grecque qui consiste à attirer les figures «sérieuses» de l’extrême droite au sein du large mouvement Nouvelle Démocratie, ont pour l’instant privé l’extrême droite du personnel politique et du potentiel de leadership nécessaires pour permettre une croissance massive similaire à celle observée dans d’autres pays européens. Mais seulement pour l’instant. L’arrivée de la nouvelle ambassadrice américaine en Grèce, Kimberly Guilfoyle [ex-procureure du district San Francisco, personnalité de l’audiovisuel], est anticipée par l’extrême droite organisée, et également saluée par la presse, comme un «tournant» dans les efforts visant à développer un courant «trumpiste» dans la sphère politique grecque.

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Au sein de la gauche organisée, la principale force reste le Parti communiste grec (KKE). À l’approche de son 22e congrès (janvier 2026), il semble qu’il s’en tiendra à sa tactique actuelle: éviter les responsabilités qui correspondent à la dimension de son organisation, éviter les initiatives politiques qui pourraient conduire à des conflits non maîtrisables, et préférer un processus de croissance lent et contrôlé, mesuré principalement par l’augmentation progressive de son influence électorale.

Le document principal présentant les positions politiques du Comité central du KKE en vue du 22e congrès, dominé par le slogan «la question centrale est le PARTI!», ne laisse aucun doute sur cette orientation vers un développement centré sur soi-même, par petites étapes et, surtout, contrôlées.

La gauche anticapitaliste radicale conserve une force considérable et a joué un rôle de premier plan dans le mouvement de solidarité avec la Palestine. Cependant, les problèmes de consolidation politique et organisationnelle restent préoccupants et entravent les initiatives politiques «majeures» qui permettraient une contre-attaque.

Dans le domaine électoral, MERA25 s’est distingué – en alliance avec l’Unité populaire – comme un choix visible, sous la direction et la représentation de Yanis Varoufakis. L’analyse politique floue de Varoufakis, qui cible un certain «techno-féodalisme» et un certain «capitalisme cloud», ses positions politiques douteuses sur l’UE existante (mais aussi, plus récemment, sur la Chine et la Russie), ainsi que le fonctionnement de haut en bas de cette alliance, ont conduit à deux tentatives électorales infructueuses qui n’ont pas été expliquées par le parti. Cela devrait servir d’avertissement pour la prochaine fois.

Dans ce contexte, DEA, en collaboration avec cinq autres organisations de la gauche anticapitaliste radicale, a lancé une initiative visant à créer une démarche politique unifiée qui rejette à la fois le sectarisme égocentrique et la soumission à l’opportunisme politique. Dans le cadre de cette initiative, la question de la constitution d’une alliance électorale plus large reste posée et souhaitable, mais avec des conditions politiques préalables et une orientation politique plus claires.

Cependant, ces questions font déjà l’objet d’un autre article, qui sera publié ultérieurement. Le bon départ de notre initiative (en collaboration avec nos camarades de l’APO, Anametrisi, Metavasi, Xekinima et KEMA) et la participation importante à nos premiers événements publics nous permettent d’envisager les prochaines étapes avec optimisme. (Article reçu le 15 octobre 2025)

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[1] Le Parquet européen est un organe indépendant de l’Union européenne chargé de rechercher, poursuivre et renvoyer en jugement les auteurs d’infractions pénales portant atteinte aux intérêts financiers de l’Union telles que la fraude, la corruption, le blanchiment de capitaux, la fraude transfrontière à la TVA. Le Parquet européen a commencé ses activités le 1er juin 2021. (Réd.)

Source https://alencontre.org

15 ANS DE « CRISE GRECQUE » 200 ANS D’ENTRAIDE RÉVOLUTIONNAIRE FRANCE-GRÈCE  

Au sommaire de cette lettre d’info :

Quelques nouvelles de Grèce et une réflexion sur nos luttes, 15 ans après le début de ce qu’on a appelé la « crise grecque », alors que les nouveaux chiffres d’Eurostat et d’Elstat sont désastreux et font encore de la Grèce le pays de l’Union Européenne où frappe le plus la pauvreté, proportionnellement au coût de la vie. Une misère face à laquelle le mouvement social s’organise dans l’entraide et l’autogestion, tout en lançant de nouvelles réflexions sur nos succès et nos échecs dans les luttes.

À l’occasion de cet anniversaire, je vous propose de remonter encore plus loin le fil des liens étroits entre nos luttes, il y a 200 ans, depuis le soutien populaire français à la Révolution grecque, surtout à partir de l’automne 1825, en évoquant certains points peu connus.

— Ensuite, nous lançons un appel à soutien, six mois après notre convoi solidaire de mars-avril, alors que se prépare actuellement la livraison automnale à nos initiatives solidaires autogérées (que nous effectuons chaque année, depuis douze ans, en alternance avec les grands convois printaniers au départ de la France, de la Suisse et de la Belgique). Notamment des livraisons de légumes, fruits et huile d’olive en provenance de Crète, mais aussi d’achats groupés de produits essentiels à prix réduit, ainsi qu’un soutien financier à certains collectifs et lieux autogérés en grandes difficultés, en fonction de nos moyens (à savoir que les moyens apportés par notre quatrième film documentaire étant presque épuisés, votre soutien est à nouveau crucial, même très modeste, si vous le pouvez).

Source http://blogyy.net

La poste hellénique va fermer 204 agences, soit environ 40 % de ses agences dans toute la Grèce

La décision soudaine de la Poste hellénique ELTA de fermer 204 de ses 456 agences à travers la Grèce a suscité l’indignation vendredi, non seulement parmi les communautés vivant dans les zones reculées des montagnes ou des îles, mais aussi parmi les partis d’opposition et les députés du parti au pouvoir, la Nouvelle Démocratie.

La décision annoncée vendredi 31 octobre par la direction de l’organisme public ELTA entrera en vigueur le 3 novembre 2025.

Sur les 204 agences qui fermeront définitivement, 40 sont situées en Attique et les 164 autres dans plusieurs régions.

La réduction correspond à environ 45% du réseau total.

Ministre des finances : Des décisions difficiles mais nécessaires

En réponse aux réactions suscitées par la fermeture de 204 agences, le ministre de l’économie nationale et des finances, Kyriakos Pierrakakis, a déclaré que « lorsqu’il s’agit d’ELTA, tous les paramètres doivent être pris en compte dans les décisions ».

Ces dernières années, le gouvernement a fourni un soutien financier substantiel pour assurer la survie d’ELTA – non pas pour les fermer, mais pour les restructurer », a-t-il déclaré à l’Assemblée générale des Nations unies.

Il a reconnu que les conditions entourant ELTA « sont d’importance nationale », expliquant que c’est précisément la raison pour laquelle le gouvernement a soutenu financièrement l’organisation – avec une augmentation de capital de plus de 250 millions d’euros et un plan de sortie volontaire – visant à la restructurer pour assurer sa viabilité à long terme.

Il a souligné que la fermeture des bureaux de poste « n’est pas une question nouvelle ; c’est une discussion qui a commencé sous les gouvernements précédents ».

 » Aujourd’hui, cependant, nous nous trouvons là où nous sommes », a poursuivi le ministre, « et ELTA doit encore faire face à des défis majeurs en matière de restructuration. »

Il a rappelé que le PDG de l’entreprise avait déclaré plus tôt que les volumes de courrier n’atteignaient plus que 10 % de ce qu’ils étaient il y a dix ans, soulignant la nécessité de « décisions difficiles ».

« L’objectif est de survivre. ELTA a un problème. Elle doit faire face à trop de problèmes. Le courrier représente 10 % de ce qu’il était. Des décisions difficiles doivent être prises. Je reconnais que tous les paramètres doivent être pris en compte. Et c’est ce qui se passe », a déclaré le ministre des finances.

Déclin et chute

Ce vaste mouvement de restructuration, qui est en train d’être Cette tentative, une fois de plus, indique de la manière la plus claire que la filiale du Superfund a du mal à se débarrasser de problèmes anciens liés à une gestion maladroite, à de graves problèmes financiers, qui ont été exacerbés par le déclin de la poste aux lettres, qui constituait autrefois sa principale source de revenus, et à son incapacité à répondre aux exigences modernes du commerce électronique.

Malgré tous les efforts déployés, l’image négative des performances n’a pas été inversée, l’Organisation restant bloquée dans la zone des pertes et des capitaux propres négatifs. Selon les états 2024, les revenus d’ELTA ont atteint 249 millions d’euros contre 243,28 millions d’euros l’année précédente, soit une augmentation de 2,3 %.

Les citoyens en colère

Sur les réseaux sociaux, les Grecs ont déjà commencé à se plaindre de la fermeture prochaine des bureaux de poste, même dans les villes de plus de 20 000 habitants, dont certaines connaissent un fort taux de tourisme, ou dans les camps militaires et chez les personnes âgées qui reçoivent leur pension en liquide par « leur » facteur, car elles n’ont pas accès aux distributeurs automatiques de billets ou aux banques.

Qui remplacera le service ELTA ? Les sociétés de courrier privées, bien sûr, à un prix plus élevé. Il est à noter que l’une des plateformes de livraison de produits alimentaires a informé ses clients qu’elle n’était pas en mesure de fournir des services de livraison de produits alimentaires.

Il y a deux ou trois jours, ils ont annoncé à leurs clients qu’ils pouvaient envoyer leurs colis et/ou leurs courriers par ce biais.

Pouvez-vous imaginer le temps qu’ils ont mis à préparer leur nouveau service ? Assez longtemps avant que les Grecs ne le sachent…

PS : C’est du déjà-vu entre le gouvernement et ses copains. Et dire que le gouvernement essaie de convaincre les citoyens de quitter les villes pour aller vivre dans les « friches » de la campagne ! (Ah, allez vous faire foutre ! – excusez mon langage.)

Source https://www.keeptalkinggreece

Grèce : le cerveau présumé d’une fraude massive aux aides européennes derrière les barreaux

Le principal suspect d’un réseau de détournement de fonds agricoles européens en Grèce a été incarcéré, marquant une étape clé dans l’enquête sur cette affaire de fraude à grande échelle

Le chef présumé d’un vaste réseau de détournement de subventions agricoles européennes en Grèce a été placé en détention provisoire, a annoncé l’agence de presse ANA lundi, portant à dix le nombre de personnes en prison dans le cadre de cette enquête européenne. À l’issue d’une longue audition devant un procureur européen, le suspect, âgé de 38 ans, aurait reconnu une partie des faits qui lui sont reprochés tout en affirmant que « ces actes ont été commis par de nombreuses personnes », a précisé l’agence grecque.

Trente-sept personnes avaient été interpellées mercredi dans toute la Grèce en lien avec une fraude « massive et systématique », ainsi que « des activités de blanchiment d’argent », selon le Parquet européen basé au Luxembourg. Les auditions des personnes interpellées doivent se poursuivre ce lundi. Accusés d’avoir illégalement augmenté les aides européennes d’agriculteurs corses, deux hauts fonctionnaires seront jugés à Paris pour « détournement de fonds publics » et un troisième pour complicité.

Arnaques, enseignements peu qualitatifs, financements obscurs… Le secteur est victime d’abus et de fraudes diverses. Un plan de lutte a été présenté à l’été 2025

Le Parquet européen a assuré que ce réseau, qui opérait depuis au moins 2018, disposait d’« une structure hiérarchique claire, avec des rôles distincts ». Le montant du préjudice au budget européen a été estimé à près de 20 millions d’euros.

Pour obtenir des aides agricoles de l’Union européenne, le réseau est soupçonné « d’avoir déclaré frauduleusement des terres agricoles et des pâturages qui ne leur appartenaient pas » et d’avoir « gonflé artificiellement le nombre de têtes de bétail ». Certains ayant reçu des aides n’avaient aucun lien avec le secteur agricole.

Selon la chaîne de télévision publique ERT, le noyau dirigeant de l’organisation était composé du chef présumé, de son père, de son ex-épouse, ainsi que d’un employé d’un centre de réception des déclarations sur l’île de Crète. Ce dernier, qui nie les faits, a également été placé en détention provisoire.

Le scandale, qui éclabousse la Grèce depuis le printemps, a conduit notamment à la dissolution de l’organisme chargé en Grèce de la distribution des subventions agricoles européennes, l’OPEKEPE, et d’un ministre en vue du gouvernement de Kyriakos Mitsotakis.

Le Premier ministre a assuré dimanche vouloir tout mettre en œuvre « quel qu’en soit le coût politique », pour faire la lumière sur cette affaire embarrassante pour son camp au pouvoir depuis 2019. « Nous ne reculerons pas, quel qu’en soit le coût politique, tant que tous ceux qui ont bénéficié de subventions illégales ne seront pas dénoncés et punis », a-t-il insisté.

Source https://www.sudouest.fr

Mer Egée : au moins 17 morts après le naufrage d’un bateau de migrants au large de la Turquie

Un sac mortuaire repose sur le rivage après le naufrage d’un bateau de migrants au large de Bodrum, dans la province occidentale de Mugla, en Turquie, le 24 octobre 2025. Crédit : Reuters

Au moins 17 personnes sont mortes après un naufrage survenu au large de la province de Mugla, en Turquie, ce vendredi. Seules deux personnes ont survécu.

Selon les dernières informations, le naufrage d’un canot pneumatique a coûté la mort à 17 personnes, ont annoncé les gardes-côtes vendredi. C’est un Afghan qui a survécu à la catastrophe et a nagé jusqu’au continent qui a donné l’alerte peu après 1h00 du matin, selon un communiqué du bureau du gouverneur de Mugla. Il a indiqué avoir nagé six heures avant d’atteindre la terre ferme.

« Les corps sans vie de 16 migrants irréguliers et celui d’un passeur ont été repêchés », ont précisé les autorités dans un communiqué, ajoutant que deux migrants ont été secourus. Les autorités locales avaient précédemment fait état de 14 morts, sans préciser leurs nationalités.

Selon le rescapé, le navire a commencé à prendre l’eau puis a coulé au large de Bodrum. Cette station balnéaire est située à proximité de plusieurs îles grecques, parmi lesquelles Kos, un des points d’entrée dans l’Union européenne en mer Egée. Moins de cinq kilomètres séparent Kos de la Turquie.

Des recherches sont toujours en cours pour retrouver d’éventuels disparus. « Les efforts de recherche et de sauvetage pour d’autres migrants irréguliers considérés comme disparus se poursuivent avec quatre bateaux des garde-côtes, une équipe spéciale de plongée des garde-côtes et un hélicoptère », a déclaré le bureau du gouverneur.

Les naufrages sont fréquents lors de ces traversées entre les côtes turques et les îles grecques voisines. Deux femmes ont été retrouvées mortes sur une côte rocheuse de l’île grecque de Chios, où une embarcation de fortune transportant 29 migrants s’est échouée, le 16 octobre.

Quelques jours plus tôt, le 7 octobre, quatre corps avaient été repêchés par les gardes-côtes au large de Lesbos après le naufrage de leur embarcation gonflable transportant au total 38 migrants. Et deux jours avant, le corps d’une femme avait été retrouvé, aussi au large de Lesbos, et 17 personnes avaient été secourues après le naufrage de l’embarcation.

Près de 1 400 personnes tentant des traversées ont disparu ou ont été retrouvées mortes en mer Méditerranée en 2025, selon l’Organisation internationale pour les migrations.

La mer Égée est une voie de transit fréquente pour des milliers de migrants qui tentent de traverser l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient vers l’Europe, en particulier depuis la Turquie. Mais cette route est de moins en moins empruntée.

Ces derniers mois, les exilés sont de plus en plus nombreux à tenter de rejoindre la Crète, destination touristique très prisée, et Gavdos, petite île située à proximité, en partant de Tobrouk, à l’est de la Libye. Selon les autorités grecques, près de 14 000 personnes sont arrivées en Crète depuis le début de l’année, contre à peine 5 000 en 2024.

Face à cette forte recrudescence des arrivées, Athènes accueille et forme depuis le mois d’août des gardes-côtes libyens chargés d’intercepter les migrants en mer. Trois navires de guerre devaient également être déployés au large des eaux libyennes pour stopper les embarcations de fortune.

Le gouvernement conservateur, qui ne cesse de durcir sa politique migratoire, a aussi décidé de serrer la vis d’un point de vue législatif : les migrants venant d’Afrique du Nord – de Libye, donc – et qui arrivent en Crète, ne peuvent plus déposer de dossier d’asile en Grèce. Cette suspension temporaire des demandes d’asile est effective depuis le mois de juillet. La mesure a été largement dénoncée par de nombreuses organisations internationales, dont le Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) et le Conseil de l’Europe.

Source https://www.infomigrants.net

« Moyen Âge » : en Grèce, le Parlement vote la possibilité d’une journée de travail de 13 heures

Dans un pays où l’économie s’est redressée depuis la crise financière mais reste plombée par des bas salaires, la possibilité d’un travail quotidien de 13 heures existe déjà mais uniquement si un employé dispose de deux employeurs ou plus. La gauche dénonce « un véritable Moyen Âge du travail ».

Les députés grecs ont adopté ce jeudi 16 octobre un projet de loi qui instaure la possibilité d’une journée de travail de 13 heures dans le secteur privé.

A l’issue de deux jours de débat houleux, une majorité d’élus, surtout ceux de la droite au pouvoir, a voté en faveur de ce texte porté par le gouvernement conservateur, qui prévoit que, moyennant une rémunération supplémentaire, un employé puisse travailler jusqu’à 13 heures par jour pour un seul employeur durant un nombre de jours limité par an.  

L’une des principales formations de l’opposition, Syriza (gauche), a refusé de participer au vote, fustigeant une « monstruosité législative, une dérégulation du travail qui s’attaque (…) aux droits fondamentaux » des travailleurs, selon Christos Giannoulis, porte-parole du groupe parlementaire.

A deux reprises, le 1er octobre et mardi, la Grèce s’est retrouvée partiellement paralysée par une grève générale pour protester contre cette réforme.  

Dans un pays où l’économie s’est redressée depuis la crise financière mais reste plombée par des bas salaires, la possibilité d’un travail quotidien de 13 heures existe déjà mais uniquement si un employé dispose de deux employeurs ou plus.

« Nous donnons désormais la possibilité (à un employé) d’effectuer ce travail supplémentaire chez le même employeur, sans déplacement, avec une rémunération majorée de 40% », a défendu au Parlement la ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Niki Kerameus.

Elle a assuré que cela se ferait sur la base du volontariat et qu’aucun employé ne pourrait y être contraint.

Elle a insisté sur le fait que selon elle, « il existe des travailleurs qui demandent à travailler davantage d’heures » surtout dans le secteur du tourisme, l’un des principaux moteurs de l’économie où l’été, serveurs, personnels hôteliers et cuisiniers enchaînent les journées à rallonge.

La durée légale du temps de travail quotidien en Grèce est actuellement de huit heures avec la possibilité d’effectuer jusqu’à trois heures supplémentaires.

Les détracteurs du projet dénoncent la forte dérégulation du marché du travail engagée par le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis depuis son arrivée au pouvoir en 2019.

« La journée de 13 heures n’est pas venue de nulle part », a ainsi souligné Nikos Androulakis, le dirigeant du principal parti d’opposition, le Pasok (centre-gauche).

« C’est le nouveau maillon d’une chaîne de démantèlement méthodique des droits des travailleurs », a-t-il ajouté.

Mais le parti de droite de Kyriakos Mitsotakis, Nouvelle-Démocratie (ND), a fait valoir le fort recul du chômage en Grèce depuis son arrivée au pouvoir. Le taux de chômage a chuté de 18% à 8% en 6 ans.

« Le gouvernement instaure un véritable Moyen Âge du travail », a dénoncé le dirigeant de Syriza, Sokratis Famellos.

Juste avant le vote des députés, la ministre du Travail a une nouvelle fois souligné que cette disposition ne serait valable que jusqu’à 37 jours par an, soit environ trois jours par mois et sur la base du volontariat.

Auparavant, elle avait dénoncé « une utilisation trompeuse du terme « journée de 13 heures » car cela « laisse entendre que tout le monde travaillerait 13 heures par jour ».

Employés du privé et du public sont descendus à deux reprises dans les rues pour fustiger une « nouvelle aggravation d’une situation déjà profondément problématique », selon la Confédération des travailleurs grecs (GSEE).

Elle affirme que beaucoup d’employés n’auront guère la possibilité de refuser de travailler 13 heures « compte tenu du rapport de force déséquilibré entre employeur et salarié, renforcé par la précarité qui prévaut sur le marché du travail ».

En outre, les contrôles de l’Inspection du travail sont faibles, arguent les opposants au projet.

Les syndicats estiment également que le droit à un repos obligatoire quotidien de 11 heures sera bafoué, notamment en raison du temps de transport pour se rendre sur le lieu de travail.

En Grèce, au deuxième trimestre 2025, 20,9% des salariés de 20 à 64 ans travaillaient plus de 45 heures par semaine, contre 10,8% dans l’ensemble de l’UE, selon Eurostat.

Le gouvernement a déjà instauré la possibilité d’une semaine de travail de six jours, notamment en cas de forte demande dans un secteur comme le tourisme.

Source https://www.brut.media

La Cour européenne des droits de l’Homme juge les gardes-côtes grecs responsables de la mort de 16 exilés lors d’un naufrage survenu en 2018

Le 16 mars 2018, 16 personnes ont perdu la vie dans un naufrage survenu au large de l’île grecque d’Agathonisi, en mer Égée. Seules trois personnes ont pu atteindre l’île le lendemain, après des heures passées dans l’eau. Les familles de 14 victimes ont saisi la justice européenne pour dénoncer le rôle des gardes-côtes grecs dans ce drame.

C’est un manquement des autorités grecques qui a coûté la vie à au moins 16 personnes, décédées lors d’un naufrage survenu le 16 mars 2018 au large de l’île d’Agathonisi. Dans un arrêt rendu le 14 octobre, la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) a jugé que les autorités grecques n’avaient pas agi promptement de manière à sauver les vies mises en danger lors de ce naufrage, rapporte l’ONG Refugee support Aegean qui représentait les familles de 14 victimes.

« Les autorités grecques n’ont pas pris les mesures nécessaires pour secourir les personnes concernées, alors qu’elles auraient dû être conscientes du danger immédiat dès le moment où elles ont été informées de l’incident par un proche des victimes, tôt dans la matinée du 16 mars », détaille l’ONG dans un communiqué. Et d’ajouter : « La Cour a également condamné la Grèce pour l’inefficacité de l’enquête pénale sur l’incident, qui a conduit le procureur du tribunal maritime du Pirée à classer l’affaire. »

Effectivement, selon le déroulé des événements, les gardes-côtes grecs auraient pu secourir les naufragés s’ils avaient réagi rapidement aux premiers messages de détresse envoyés par le frère de l’une des victimes.

Partie de la ville turque de Didim, l’embarcation de migrants s’est retrouvée en difficulté entre 1h30 et 2 heures après son départ, alors qu’elle se trouvait au large d’Agathonisi, au sud de l’île de Samos. Une Afghane à bord du bateau prévient alors son frère qui se trouve à Samos que l’embarcation est en train de couler.

Le frère de la jeune femme alerte immédiatement le numéro d’urgence internationale 112 puis échange à de nombreuses reprises avec le centre de coordination des secours des gardes-côtes grecs à qui il indique la localisation du bateau. Mais, malgré tous ces efforts, aucun dispositif de secours n’est envoyé le 16 mars.

Au moins 16 personnes perdent la vie dans le naufrage et ce n’est que le lendemain, après avoir passé des heures dans l’eau, que les trois survivants – deux femmes et un homme – parviennent à accoster sur Agathonisi.

Ce n’est alors que dans la matinée du 17 mars  les gardes-côtes grecs lancent une opération de recherche et sauvetage dans la zone du naufrage. Seize corps sont retrouvés mais aucun survivant n’est trouvé en mer. Dans leur récit des faits, les autorités grecques ont avancé que le naufrage avait eu lieu le 17 mars et que leur opération avait donc été lancée à temps.

Par la suite, une enquête pénale préliminaire sur les circonstances du naufrage a été ouverte et, « parallèlement, la Direction des affaires internes des garde-côtes grecs a ouvert une enquête disciplinaire sur la responsabilité éventuelle des garde-côtes », selon RSA. Mais celles-ci ont été classées sans suite.

Ce n’est pas la première fois qu’Athènes est condamnée par la CEDH pour des faits concernant les exilés sur son sol. En mars 2025, la cour a jugé que la Grèce était responsable de la mort d’un mineur irakien. Ce jour-là, Ameer Mokhlas avait été mortellement touché par un coup de feu tiré par un garde-côte alors qu’il se trouvait sur un yacht battant pavillon turc qui transportait illégalement des migrants près de l’île grecque de Symi.

Pour la CEDH, qui siège à Strasbourg, l’enquête des autorités grecques « comportait de nombreuses lacunes qui ont conduit notamment à la perte d’éléments de preuve, et qui ont affecté le caractère effectif de l’enquête, laquelle en particulier n’a pas permis d’établir les circonstances exactes dans lesquelles le décès de Ameer Mokhlas était survenu et d’identifier et – le cas échéant – de sanctionner les responsables ».

Source https://www.infomigrants.net

Plusieurs manifs : Tempi- Temps de travail- subventions européennes- soutien peuple palestinien

Grèce : Le retour à l’esclavage ne passera pas !

Crédit Photo Grèce – campement du gréviste de la faim Panos Routsi – photo NPA

Le 1er octobre, une grève générale était appelée par la GSEE (confédé unique du privé), l’ADEDY (fédé unique du public) et de nombreuses fédérations et syndicats. Très suivie, elle était centrée sur le refus d’un projet de loi monstrueux : permettre une journée de travail de 13 heures pour le même employeur (on sait que de nombreux Grecs sont réduitEs depuis longtemps à avoir deux emplois).

Provocation du gouvernement ultralibéral « offrant » cette mesure, qui vaudrait pour 37 jours annuels, en promettant la liberté de choix pour l’employeur comme pour le salariéE ! Après la mesure de 2024 permettant des semaines de 6 jours de travail, la surexploitation des salariéEs prend des allures orwelliennes, et l’augmentation des accidents du travail, sur fond de bas salaires et de casse des services publics, en est l’illustration. Et c’est la même logique à l’œuvre dans le secteur public, où la moindre critique syndicale aux mesures de « rentabilisation » conduit à des sanctions, voire à des licenciements, notamment dans l’éducation.

Même si la manif athénienne manquait un peu de punch (autour de 15 000 personnes dans les différents cortèges), le pays a connu une bonne mobilisation dans la rue, et surtout, on assiste ici aussi à une convergence des colères qui s’accumulent. Colère contre l’étouffement des nombreux scandales — le dernier en date portant sur des subventions agricoles européennes versées par la droite pour clientélisme. Contre les cadeaux aux fascistes (le führer criminel d’Aube dorée vient d’être libéré pour raisons médicales…), avec le 18 septembre une grosse manif antifa pour l’hommage annuel à Pavlos Fyssas, assassiné par les tueurs nazis.

Et, très fort dans la période, le soutien au peuple palestinien, avec de très nombreux drapeaux et slogans dans les cortèges, est indispensable face à la complicité de Mitsotakis avec Netanyahu. Cet été, des rassemblements (réprimés !) ont protesté contre les provocations de touristes mais aussi de soldats israélienNEs en croisière drapeaux au vent, se permettant d’arracher des affiches de soutien au peuple palestinien et d’insulter les habitantEs solidaires. Et bien sûr, le soutien à la flottille pour Gaza (avec une petite trentaine de Grecs) était très fort (les bateaux ont été attaqués mercredi soir), et la mobilisation continue. Par contre, faiblesse dramatique : toujours aucune forme de soutien à la résistance populaire ukrainienne…

Soutien aussi à Panos Routsi, père d’une des victimes de la tragédie (ou plutôt crime) ferroviaire de Tèmbi en 2023, qui réclame des examens sur le corps de son fils, avec le soupçon persistant du transport illégal par un des deux trains d’une substance explosive. En grève de la faim depuis le 15 septembre devant le Parlement, son combat est massivement soutenu, et les cortèges l’ont salué, montrant la très large volonté populaire de rendre justice aux 57 victimes.

Se pose dès maintenant la question de la suite, urgente !

Dernière minute : victoire pour Panos Routsi – et pour toutes les familles des 57 victimes – qui vient d’obtenir, le 7 octobre, satisfaction à ses demandes, soutenues par plus de 80 % de la population !

A. Sartzekis, Athènes, le 5 octobre 2025.

Source https://npa-lanticapitaliste.org

Les travailleurs portuaires de sept pays et de la Grèce coordonnent le blocus d’Israël

Des travailleurs portuaires de sept pays, dont la Grèce, se sont réunis à Gênes, en Italie, pour coordonner un effort visant à bloquer les livraisons d’armes à Israël, une initiative qui, selon Politico, pourrait se transformer en un boycott commercial plus large.

Le syndicat italien USB accueille des syndicalistes des ports d’Espagne, de France, de Grèce, de Chypre, du Maroc et d’Allemagne, dans le but de développer une stratégie commune.

« Nous espérons que de cette réunion émergera un plan d’actions sérieuses et concrètes, immédiates et à long terme », a déclaré Francesco Stazzoli, membre du comité exécutif de l’USB chargé de la coordination internationale.

Les discussions portent sur l’exclusion des exportations militaires vers Israël, mais pourraient s’étendre à des mesures visant l’ensemble du transport entre Israël et l’UE. « À l’avenir, cela pourrait se traduire par une action syndicale coordonnée dans les ports européens, non seulement contre les armes, mais contre toutes les marchandises destinées à Israël », a souligné Stazzoli.

L’initiative a débuté comme un effort de coordination des travailleurs portuaires méditerranéens dans le but de faire des ports des « zones sans armes ». Le besoin s’est accru au cours de l’été, lorsque des navires transportant des armes et du matériel militaire à destination d’Israël ont accosté au Pirée, à Marseille et à Gênes.

« Ce qui a commencé comme un plan de front commun à l’automne pour augmenter la pression et perturber le chargement et le déchargement des armes dans les ports européens a été remodelé par les événements récents », a-t-il déclaré.

Source https://info-war.gr

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