Le 16 mars 2018, 16 personnes ont perdu la vie dans un naufrage survenu au large de l’île grecque d’Agathonisi, en mer Égée. Seules trois personnes ont pu atteindre l’île le lendemain, après des heures passées dans l’eau. Les familles de 14 victimes ont saisi la justice européenne pour dénoncer le rôle des gardes-côtes grecs dans ce drame.
C’est un manquement des autorités grecques qui a coûté la vie à au moins 16 personnes, décédées lors d’un naufrage survenu le 16 mars 2018 au large de l’île d’Agathonisi. Dans un arrêt rendu le 14 octobre, la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) a jugé que les autorités grecques n’avaient pas agi promptement de manière à sauver les vies mises en danger lors de ce naufrage, rapporte l’ONG Refugee support Aegean qui représentait les familles de 14 victimes.
« Les autorités grecques n’ont pas pris les mesures nécessaires pour secourir les personnes concernées, alors qu’elles auraient dû être conscientes du danger immédiat dès le moment où elles ont été informées de l’incident par un proche des victimes, tôt dans la matinée du 16 mars », détaille l’ONG dans un communiqué. Et d’ajouter : « La Cour a également condamné la Grèce pour l’inefficacité de l’enquête pénale sur l’incident, qui a conduit le procureur du tribunal maritime du Pirée à classer l’affaire. »
Effectivement, selon le déroulé des événements, les gardes-côtes grecs auraient pu secourir les naufragés s’ils avaient réagi rapidement aux premiers messages de détresse envoyés par le frère de l’une des victimes.
Désaccord sur la date du drame
Partie de la ville turque de Didim, l’embarcation de migrants s’est retrouvée en difficulté entre 1h30 et 2 heures après son départ, alors qu’elle se trouvait au large d’Agathonisi, au sud de l’île de Samos. Une Afghane à bord du bateau prévient alors son frère qui se trouve à Samos que l’embarcation est en train de couler.
Le frère de la jeune femme alerte immédiatement le numéro d’urgence internationale 112 puis échange à de nombreuses reprises avec le centre de coordination des secours des gardes-côtes grecs à qui il indique la localisation du bateau. Mais, malgré tous ces efforts, aucun dispositif de secours n’est envoyé le 16 mars.
Au moins 16 personnes perdent la vie dans le naufrage et ce n’est que le lendemain, après avoir passé des heures dans l’eau, que les trois survivants – deux femmes et un homme – parviennent à accoster sur Agathonisi.
Ce n’est alors que dans la matinée du 17 mars les gardes-côtes grecs lancent une opération de recherche et sauvetage dans la zone du naufrage. Seize corps sont retrouvés mais aucun survivant n’est trouvé en mer. Dans leur récit des faits, les autorités grecques ont avancé que le naufrage avait eu lieu le 17 mars et que leur opération avait donc été lancée à temps.
Enquêtes classées
Par la suite, une enquête pénale préliminaire sur les circonstances du naufrage a été ouverte et, « parallèlement, la Direction des affaires internes des garde-côtes grecs a ouvert une enquête disciplinaire sur la responsabilité éventuelle des garde-côtes », selon RSA. Mais celles-ci ont été classées sans suite.
Ce n’est pas la première fois qu’Athènes est condamnée par la CEDH pour des faits concernant les exilés sur son sol. En mars 2025, la cour a jugé que la Grèce était responsable de la mort d’un mineur irakien. Ce jour-là, Ameer Mokhlas avait été mortellement touché par un coup de feu tiré par un garde-côte alors qu’il se trouvait sur un yacht battant pavillon turc qui transportait illégalement des migrants près de l’île grecque de Symi.
Pour la CEDH, qui siège à Strasbourg, l’enquête des autorités grecques « comportait de nombreuses lacunes qui ont conduit notamment à la perte d’éléments de preuve, et qui ont affecté le caractère effectif de l’enquête, laquelle en particulier n’a pas permis d’établir les circonstances exactes dans lesquelles le décès de Ameer Mokhlas était survenu et d’identifier et – le cas échéant – de sanctionner les responsables ».
Source https://www.infomigrants.net