Ce devait être le discours de l’union nationale, ralliant au gouvernement grec du parti de la gauche radicale Syriza l’ensemble des partis d’opposition dans la lutte contre l’austérité et les douloureuses négociations à Bruxelles. Or la discussion d’urgence, qui s’est tenue dans la soirée du lundi 30 mars au Parlement grec, a confirmé les antagonismes apparemment irréconciliables entre le premier ministre, Alexis Tsipras, et les leaders des principaux partis d’opposition.
» Au lieu des 3,5 % d’excédent primaire que vous aviez promis au peuple grec pour 2014, nous avons trouvé un excédent d’à peine 0,3 % du produit intérieur brut – PIB – , s’élevant tout juste à 592 millions d’euros « , a lancé le premier ministre, lors d’un discours très offensif à l’encontre du précédent gouvernement conservateur dirigé par Andonis Samaras. » Nous avons hérité d’un déficit de 2,5 milliards d’euros. (…) Quelles réformes avez-vous vraiment menées pendant ces cinq années d’austérité ? Le licenciement de fonctionnaires ? La fermeture d’écoles et d’hôpitaux ? La Grèce n’avait pas besoin de ces réformes-là ! «
M. Tsipras a bien évoqué quelques-unes des mesures encore en cours de discussion avec les créanciers – comme la lutte contre le trafic de carburant ou d’alcool ou contre la fraude fiscale –, mais sans entrer dans les détails. » Allez-vous soutenir notre tactique de négociations pour mettre fin à l’austérité ou allez-vous continuer à vous faire le porte-parole des vues néolibérales européennes les plus extrêmes ? « , a finalement demandé le premier ministre. » Pourquoi nous avoir fait venir ici ce soir ? Où sont ces informations sur les négociations que vous deviez nous donner ? « , a vertement répliqué M. Samaras, président du parti conservateur Nouvelle Démocratie (ND). Il n’y avait en réalité que peu de chance que M. Tsipras obtienne un chèque en blanc de l’opposition, tant l’inimitié réciproque est forte. Alors à quoi bon cette réunion ?
» Nous avons montré aux Grecs à quel point nous tentons de mener une politique différente du précédent gouvernement, affirme un député de Syriza. A quel point nous luttons pour eux à Bruxelles. « De difficiles négociations sont, en effet, toujours en cours entre Athènes et le » groupe de Bruxelles » (Fonds monétaire international, Union et Banque centrale européennes), qui a planché tout le week-end jusqu’au 30 mars midi, sur les réformes proposées le vendredi 27 par le gouvernement grec.