Préface au livre d’Eric Toussaint sur la dette grecque par Zoe Konstantopoulou

Grèce : La lutte contre la dette odieuse et illégitime

Préface au livre d’Eric Toussaint sur la dette grecque  par Zoe Konstantopoulou

Annonce de la présentation publique du livre d’Eric Toussaint le 11 juillet 2017 à Athènes

C’est avec une joie toute particulière et le sens de mon devoir historique que j’ai accepté d’écrire la préface au recueil d’articles d’Éric Toussaint qui est publié, en grec, en 2017, par RedProject.

Ma collaboration avec Éric Toussaint, depuis février 2015 et les premiers jours de mon mandat de Présidente du Parlement hellénique, jusqu’au moment où je rédige ces lignes, en juillet 2017, constitue pour moi un honneur particulier et une expérience précieuse.

En cette période historique où tout est extrêmement instable, où la démocratie et la volonté populaire exprimée lors du référendum du 5 juillet 2017 sont violemment bafouées, où les engagements politiques du Gouvernement sont enfreints avec cynisme et où toutes les garanties fondamentales de la liberté et de la prospérité du peuple sont remises en cause, en cette période historique où le régime des mémorandums et de la debtocratie sont imposés avec violence, Éric Toussaint est un modèle de cohérence, de travail infatigable et désintéressé au service d’idéaux, de principes et de valeurs supérieures liées à la défense de l’être humain et de notre dignité, à la récupération de la souveraineté et des droits du peuple grec. Il est un véritable allié du peuple grec dans sa lutte pour sa libération. Un allié qui ne se rend pas, ne baisse pas le drapeau, et se bat constamment pour révéler la vérité sur la Dette de la Grèce et pour l’émancipation des citoyens, avec pour armes l’information, le savoir, la désobéissance.

Ses articles, repris dans la présente édition, sont un échantillon petit mais caractéristique du long travail réalisé par Éric Toussaint sur l’histoire de la dette et des mécanismes ayant permis de l’imposer en Grèce. Une histoire qui remonte aux toutes premières années de la Guerre pour l’Indépendance il y a deux siècles. Il s’agit également d’un échantillon caractéristique des connaissances approfondies de l’histoire, de la politique et de l’expérience révolutionnaire d’autres pays et d’autres peuples (Amérique Latine, Monde Arabe et autres), qui ont été transformés en victimes par l’arme de soumission qu’est la dette mais qui ont aussi résisté à cette imposition. Dans ce livre, l’analyse historique est utilisée pour comprendre la réalité contemporaine et mettre en lumière les évènements qui déterminent les destins des peuples.

De manière active, en acte et en pratique, Éric Toussaint écrit et agit pour forger les conditions qui permettront d’éliminer le joug économico-politique des mémorandums et du système dette. Il transmet ses connaissances avec le talent qui caractérisent le vrai maître, celui qui vulgarise le savoir et s’adresse au citoyen en tant que participant à part entière à la lutte historique que sont appelées à mener les générations actuelles.

Grande est l’importance des articles et de l’ouvrage d’Éric Toussaint, car leur contenu-même constitue un savoir précieux et nécessaire aux citoyens pour qu’ils prennent conscience du point historique et politique à partir duquel ils doivent agir. Mais c’est dû aussi à la personne-même d’Éric Toussaint et à sa contribution décisive à la préparation de la lutte de notre peuple pour revendiquer sa liberté.

La valeur de cet ouvrage réside précisément dans son contenu vivant qui, peut à lui seul réveiller et provoquer une réaction contre l’ensemble du plan stratégique du Régime visant à instaurer la déception, le découragement et le renoncement à un peuple qui veut pourtant reconquérir sa propre histoire, sa vie et son avenir.

Valeur d’autant plus grande si l’on se rappelle que les articles publiés dans cet ouvrage ne sont qu’une petite partie des articles dont Éric Toussaint est l’auteur et de ses interventions publiques de ces dernières années, tant sur la dette de la Grèce que sur le Système-dette dans son ensemble. Mais encore, si l’on pense que cet homme voyage depuis des décennies dans le monde entier, en soutien aux peuples qui ont besoin de s’opposer et de résister à leurs tyrans économiques et politiques. Si l’on pense également au fait que, dès la fin de septembre 2015, non seulement il n’a pas abandonné les Grecs et la Grèce mais il a accepté de continuer à travailler pour l’audit de la Dette du pays. Il a poursuivi sa contribution à la Commission pour la Vérité sur la Dette publique, transformée en association après avoir été la cible du gouvernement pro mémorandum de Tsipras II.

Dans les articles sélectionnés, Éric traite de manière systématique de l’Histoire en analysant le parcours du système de la dette, en Grèce, de la Guerre d’indépendance à ce jour. En consignant les évènements historiques contemporains et en les analysant. En mettant en avant les similitudes et les analogies criantes dans l’activité des créanciers en Grèce, depuis deux siècles, par le biais de la mise sous tutelle du pays par des puissances étrangères et de l’implication spéculative des banques et des banquiers. Et, enfin, en formulant des propositions et des solutions. Des solutions qui passent par les citoyens et les Gouvernements que les citoyens soutiendront pour mettre en œuvre des programmes politiques radicaux de libération sociale.

Ce qui n’est pas dit dans les articles sélectionnés, c’est le rôle d’Éric Toussaint lui-même dans la formation de l’Histoire, par le biais de son précieux travail en tant que Coordinateur scientifique de la Commission pour la Vérité sur la Dette publique, pour le déchiffrement et la délégitimation de la dette imposée à notre peuple et notre pays.

C’est donc ce rôle historique d’Éric Toussaint, lors de notre collaboration, de février 2015 à ce jour et notamment dans la période critique de février à septembre 2015, que j’entreprendrai de mettre en avant dans les pages qui suivent.

J’estime que c’est là mon devoir.

Car Éric Toussaint n’est pas un observateur de l’histoire. Il est un transformateur actif de l’histoire.

En 2015, avec la formation de la Commission pour la Vérité sur la Dette publique, nous avons engagé ensemble une bataille historique qui n’est pas encore achevée, qu’il est important de consigner et de poursuivre jusqu’à la fin.

Je parlerai donc ici de l’Histoire de la Commission du Parlement hellénique pour la Vérité sur la Dette publique et du rôle central d’Éric Toussaint. Je parlerai des conditions dans lesquelles a commencé cette entreprise historique de la première commission institutionnelle d’audit de la dette d’un État membre de l’Union européenne, à ce jour.

Cela permettra d’ajouter une pièce nécessaire à la mosaïque précieuse des articles de l’auteur, concernant l’auteur lui-même.

POUR L’HISTOIRE
MA RENCONTRE AVEC ÉRIC TOUSSAINT ET LA CRÉATION DE LA COMMISSION POUR LA VÉRITÉ SUR LA DETTE

En février 2015, le téléphone spécial du Président du Parlement a sonné : c’était un ministre du Gouvernement de l’époque.

« Zoé, Éric Toussaint est là. Nous étions en train de discuter et il voudrait te rendre visite pour discuter. »

« Dis-lui de venir à mon bureau, aujourd’hui. Je le cherchais, moi aussi. »

Le vif souvenir que j’avais d’Éric Toussaint, que je n’avais pas rencontré personnellement, remontait au grand festival de la jeunesse de Syriza, en octobre 2012, alors que le parti était devenu premier parti d’opposition, alors que l’avenir était ouvert devant lui. Éric avait prononcé un discours enflammé et avait été porté aux nues.

Lui-même ne s’en souvient pas du tout, comme il me l’a révélé plus tard, car il était particulièrement abattu : il avait constaté, ce jour-là, que Tsipras commençait déjà à faire marche arrière sur ses engagements concernant l’audit et l’annulation de la dette, chose que la majorité d’entre nous, qui n’avons pas participé à la trahison qui allait venir, avons beaucoup tardé à réaliser, malheureusement.

Dans mon discours d’ouverture en tant que Présidente du Parlement, le 6 février 2015, immédiatement après mon élection, j’avais annoncé que le Parlement allait contribuer activement à l’audit et à l’annulation de la dette.

À la première réunion du groupe parlementaire après cette séance, le député des écologistes avait demandé, très angoissé, s’il « était permis de dire des choses pareilles en pleine négociation, alors que le Premier ministre et le ministre des finances n’utilisent absolument pas ces termes. » Je lui ai alors répondu que c’était le programme sur la base duquel nous avions été élus et que nous devions non seulement le dire, mais aussi le faire. Personne n’osa me contredire. Toutefois, il était déjà clair que le Gouvernement lui-même n’entreprendrait aucune initiative concernant un audit ou une annulation de la dette et que le groupe parlementaire restait impuissant face aux développements.

Il apparut très vite qu’une telle initiative devait s’appuyer sur des personnes disposant des connaissances nécessaires mais également ayant déjà une expérience analogue dans le domaine de l’audit de la dette et du rejet des dettes odieuses et illégales. Éric Toussaint était de toute évidence la figure emblématique de cette lutte qui soutenait avec ferveur, par ses interventions publiques et ses visites en Grèce, que la dette devait être auditée et que, dans la mesure où elle s’avérait odieuse, illégale, illégitime et/ou non viable, elle devait être annulée. Une position parfaitement en phase avec le droit international, la protection internationale des droits de l’homme et du droit humanitaire international.

16 février 2015, ma première rencontre avec Éric Toussaint

Notre première rencontre ne dura pas longtemps. Je connaissais son expérience précieuse et sa contribution à l’audit de la dette et, notamment, sa participation à la Commission d’audit de la dette de l’Équateur. Il était clair pour moi qu’il s’agissait d’une personne qui, depuis des décennies, avait contribué avec désintéressement à révéler le mécanisme de soumission des peuples par le biais de la dette et à lutter pour libérer les peuples et les citoyens du joug de la dette illégitime. Je voulais qu’il me parle de son expérience et tout ce qu’il me dit fut effectivement particulièrement éclairant.

Je lui demandai alors s’il était disposé à entreprendre l’audit de la dette grecque pour le compte du Parlement hellénique et s’il pouvait rester en Grèce pour que nous nous rencontrions une semaine plus tard pour discuter des modalités de cet audit. Il me répondit par l’affirmative aux deux questions. J’ai demandé que soit immédiatement publié un bulletin de presse du Parlement concernant ma rencontre avec Eric Toussaint, afin de lancer le message : nous avançons vers la réalisation de nos engagements.

Vers l’instauration de la Commission pour la Vérité sur la Dette publique

Les jours qui suivirent furent denses et dramatiques. Élection du Président de la République, le 18 février 2015. Communication de l’accord du 20 février 2015. En apprenant par les médias le contenu de cet accord le 20 février, je sentis la terre se dérober sous mes pieds : il contenait la reconnaissance de la dette et l’engagement de la responsabilité de son remboursement ! Je demandai à voir Tsipras immédiatement. Je le vis le lendemain, le 21 février, dans son bureau au Parlement, immédiatement après la réunion du Conseil. Flambouraris attendait dehors, entrant et ressortant constamment et faisant pression pour qu’ils partent à Égine.

Je dis à Tsipras que cet accord était un mémorandum et que nous devions nous en dégager au plus tôt. Qu’il fallait immédiatement révoquer la formulation concernant la dette, par le biais de communications officielles par tous les acteurs. Qu’il fallait suivre une stratégie précise. Réaliser un audit de la dette. Agir concernant les dettes allemandes à l’égard de la Grèce suite à l’invasion et à l’occupation nazie au cours de la seconde guerre mondiale. Ouverture de l’affaire Siemens et de toutes les affaires de corruption. Tsipras s’efforçait de me convaincre que l’accord n’était pas un mémorandum. Il prétendait que la reconnaissance de la dette ne portait que sur les paiements qui seraient effectués au cours des 4 mois à venir et, en même, temps, il marquait avec embarras son accord avec mes suggestions.

J’étais présente lorsqu’il expliqua à Pablo Iglesias, dirigeant de Podemos, que « ce que nous avons obtenu n’est pas blanc, n’est pas noir, nous avons réussi le gris. »

Je quittai cette rencontre après avoir annoncé à Tsipras que j’entamerai immédiatement l’audit de la dette au Parlement et constituerai la Commission pour les dettes allemandes, après avoir obtenu son consentement.

Quelques jours plus tard, je rencontrai à nouveau Éric.

Il était morose et préoccupé.

Je commençai à parler avec lui de la commission qu’il fallait mettre sur pied pour mener l’audit de la dette. Je lui dis que je pensais à une commission conforme à une disposition spéciale du règlement du Parlement qui permettait au Président de l’Assemblée de constituer des commissions composées de personnes extraparlementaires et dont l’objet portait sur des affaires n’ayant pas trait aux affaires courantes du Parlement. Je lui expliquai que j’envisageais cette commission comme une commission internationale et nationale, composée de scientifiques et de citoyens, dont le mandat serait clairement de déchiffrer les conditions dans lesquelles la dette publique grecque avait été créée et gonflée et d’élaborer l’argumentaire permettant de dénoncer toute partie de la dette qui serait jugée illégale, odieuse et non remboursable. Il était positif, mais réservé.

« Je vois que quelque chose te préoccupe. Je veux que nous parlions de manière directe », lui dis-je.

« Zoé, je suis très angoissé. Quelle est ta position à propos de l’accord du 20 février ? »

« Éric, je considère que cet accord est un véritable camouflet. Je l’ai dit au Premier ministre et je l’ai informé sur mon intention d’entreprendre les initiatives nécessaires pour renverser cet accord, et il m’a donné son consentement. La Commission d’audit de la dette dont je te propose d’entreprendre la coordination scientifique est une initiative cruciale dans ce sens. »

Il me regardait toujours d’un air scrutateur.

« Quant à ce qui te préoccupe, d’après ce que je comprends, voilà ce que j’ai à te dire : j’ai prévenu formellement le Premier ministre de ne pas présenter cet accord au Parlement. » Je répétai la même chose à la réunion du Groupe parlementaire, dans les jours suivants. Lors du vote qui s’est tenu au sein du groupe, le 25 février, je votai NON au texte de l’accord, ce qui mit le feu aux poudres et fit immédiatement de moi une cible. « Ce que j’ai à te dire c’est que si, malgré tout, cet accord était présenté au Parlement, moi je ne le voterai pas. »

Son visage s’éclaira, il semblait soulagé. Je voyais qu’il était encore préoccupé par l’évolution globale, mais il était important pour lui de savoir qu’il pouvait compter sur notre entente. Bien plus tard, il me confirma qu’il s’était agi d’un moment déterminant car il avait compris que la personne qui lui demandait de s’engager et de s’impliquer dans cette lutte frontale contre les mécanismes de soumission entendait bien aller au bout de ce qu’elle disait.

C’est ainsi que tout a commencé.

« Je veux que tu assumes le poste de Coordinateur scientifique de la Commission et que tu me dises ce que tu attends de moi », lui dis-je.

« C’est toi qui doit présider la Commission et ses travaux, pour garantir que tout sera réalisé sans obstacles », me dit-il.

C’est ainsi qu’est née la première et unique commission institutionnelle d’audit de la dette sur le sol européen à ce jour.

Tout simplement.

Par des gens de parole.

Le passage à l’action

Le 17 mars 2015, lors d’une conférence de presse avec Éric Toussaint et Sofia Sakorafa, députée européenne que j’avais invitée pour qu’elle se charge de la liaison entre la Commission et le Parlement européen et les Parlements des États membres de l’Union, l’on annonça la constitution et la composition d’une commission spéciale du Parlement pour l’audit de la dette. La commission serait internationale, composée de scientifiques étrangers et Grecs, d’activistes, de membres de mouvements mais aussi de simples citoyens.

Et le 4 avril 2015 eut lieu la Réunion d’inauguration de la Commission pour la vérité sur la dette publique, au sein du Parlement, en accès libre pour les citoyens et en retransmission directe, dans toute la Grèce, via la chaîne télévisée du Parlement.

La Commission a réalisé des réunions ouvertes et des conférences de presse. Elle s’est penchée sur des dossiers pénaux liés aux mémorandums. Elle a ouvert des dossiers pénaux portant sur des affaires de corruption. Elle s’est déplacée dans des ministères, mais elle a aussi auditionné des témoins. Tout cela, dans une période de rebondissements quotidiens et au milieu d’un véritable bombardement de propagande et de dénigrement de la Commission par les médias qui en ciblaient les membres. Éric devint la cible de la presse à scandale qui commentait ses sandales, sa chemise verte, sa queue de cheval. Mais il ne se trouva personne pour contester ses compétences scientifiques de manière argumentée. Et, contrairement à la guerre que lui menaient les médias, les citoyens du pays l’accueillaient partout avec enthousiasme, en l’embrassant et en le remerciant pour ce qu’il faisait pour notre pays.

Les 17 et 18 juin 2015, lors d’une réunion publique, la Commission publia et présenta son rapport préalable, dans lequel elle documentait pourquoi la dette grecque est illégale, illégitime, odieuse et non viable. Elle y exposait et analysait de manière approfondie les raisons pour lesquelles cette dette qui est un levier et un instrument de chantage ne peut pas et ne doit pas être remboursée.

Ce rapport a été envoyé et officiellement remis au Président de la République, au Premier ministre, à tous les ministres et aux membres du Parlement. Il a été envoyé à tous les Présidents des Parlements de l’Union européenne. Il a été envoyé au Président du Parlement européen et à tous les eurodéputés.

Il n’a été utilisé par aucun acteur gouvernemental. Pas même au moment le plus critique des négociations, quelques jours plus tard. Pas même à l’heure de l’ultimatum. Pas même pendant la semaine avant le référendum. Pas même pendant la semaine après le référendum qui a abouti à la grande trahison du 13 juillet 2015, où Tsipras s’est rendu aux créanciers, en acceptant entièrement la dette illégale et en soumettant le pays aux termes de remboursement les plus dégradants, cristallisés dans les préalables au 3e mémorandum et dans le 3e mémorandum lui-même.

Les conclusions de la Commission pour la Vérité sur la Dette sont bien là. Et elles étayent pleinement le peuple grec dans sa lutte pour se libérer du joug de la dette.

Ces conclusions sont, de manière décisives, le résultat du désintéressement, des efforts infatigables, du dévouement d’Éric Toussaint dans son soutien essentiel à notre peuple. Elles sont dues au choix transparent des collaborateurs internationaux et des personnes irréprochables qui ont contribué à leur élaboration. Elles sont dues à la persévérance des membres qui voulaient que la Commission pour la Vérité remplisse sa mission, en dépit d’une propagande digne de Goebbels dont elle a été la cible dès sa constitution.

Pour éviter que cette Commission – ainsi que d’autres commissions cruciales – poursuive ses travaux, le Parlement a été dissout au mois d’août 2015.

Car il était impossible autrement de contourner l’existence d’un organe institutionnel du Parlement qui contestait et déconstruisait de façon documentée la dette par laquelle nous avons été soumis à l’esclavage. Ils ne voulaient pas non plus permettre une mise en relation avec le travail réalisé sur les dettes de l’Allemagne ou sur l’affaire Siemens et, en général, sur la corruption, grâce aux travaux de la Commission pour la Vérité sur la Dette. Il ne fallait pas que l’audit progresse au point qu’on puisse identifier et désigner ceux qui étaient à l’origine du surendettement du pays et ceux qui avaient profité de ce processus scandaleux.

Même après la dissolution de l’Assemblée et avant la prestation de serment du nouveau Parlement, la Commission a tenu sa réunion programmée, fin septembre 2015. Et elle a publié son 2e rapport, qui documente le caractère illégal de la nouvelle dette liée au 3e mémorandum.

Immédiatement après cette dernière réunion parlementaire de la Commission, notre action commune passa à un autre niveau. La Commission devint la cible privilégiée du nouveau régime. Ses conclusions furent retirées du site web du Parlement. Ensuite, on lui retira ses bureaux. On proclama la clôture de ses travaux. Les archives personnelles et les effets de ses membres furent saisis et l’accès aux conclusions restantes fut interdit.

Avec Éric, nous nous sommes lancés dans une course à l’information des citoyens et de la communauté internationale sur la véritable situation de la dette grecque, avec des discours en France, Espagne, Amérique, Belgique, Portugal, Allemagne, Danemark, France. En mars 2016, nous avons transformé la Commission pour la vérité en association, en en maintenant la composition initiale. En novembre 2016 à Athènes s’est tenue la première réunion internationale de la Commission pour la Vérité sur la Dette dans une salle comble du Barreau d’Athènes.

La question de la dette a été intégrée au programme de l’Initiative paneuropéenne « Plan B ». En même temps, Éric a transmis l’expérience de la Grèce aux collectivités locales d’Espagne, là où les élus étaient prêts à entreprendre des initiatives radicales du même genre.

La lutte continue.

En rédigeant cette préface, je souhaite et j’espère qu’il ne s’agit pas uniquement de la préface d’une édition mais le prologue des étapes à venir d’un parcours historique, difficile mais victorieux, vers la libération de notre peuple du Régime de la dette et des mémorandums.

Avec Éric pour compagnon de route, combattant sur la ligne du front.


Traduit du grec par Corinne Cooreman. Révision de la traduction par Marie-Laure Coulmin

rédaction

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