Plus de 150 000 migrants empêchés d’entrer en Grèce depuis janvier, selon les autorités
La Grèce a bloqué l’entrée de plus de 150 000 migrants à ses frontières maritimes et terrestres depuis le début de l’année, a déclaré dimanche le ministre grec des Migrations. Rien que pour le mois d’août, ce chiffre s’élève à 50 000.
« L’entrée de 154 102 migrants en situation irrégulière a été évitée depuis le début de l’année », a déclaré dimanche 4 septembre Notis Mitarachi, ministre grec des Migrations, au quotidien Eleftheros Typos. « Environ 50 000 ont tenté d’entrer en Grèce rien qu’au moins d’août », a-t-il ajouté.
Le 24 août, le ministre de la Protection civile avait avancé le chiffre de 25 000 interceptions depuis le début du mois. Chaque jour, « 1 500 à 1 700 tentatives [de franchissement] sont effectuées », avait précisé Notis Mitarachi.
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Des chiffres difficiles à vérifier en l’absence de données indépendantes. Les méthodes de calcul de ces tentatives de franchissement soulèvent elles-mêmes des questions. « Une possibilité est que ces chiffres proviennent des alertes générées par le système automatisé de surveillance de la frontière, ou bien qu’ils aient été élaborés par les départements locaux de garde-frontières », expliquait il y a 10 jours Lena Karamanidou, chercheuse spécialiste de la région de l’Evros, contactée par InfoMigrants.
Arsenal anti-migrants
Le contrôle des frontières est présenté comme une des grandes priorités du gouvernement conservateur grec arrivé au pouvoir en 2019 et qui vise sa réélection l’année prochaine. Le gouvernement multiplie les annonces ces dernières semaines.
Le 19 août, le ministre des Migrations avait fait part de son intention d’étendre de 80 km supplémentaires un mur de 40 km le long de la frontière gréco-turque matérialisée par le fleuve Evros. Quelques jours plus tard, le Conseil gouvernement de sécurité nationale grec (KYSEA) avait approuvé cette extension. À terme, l’objectif serait de clôturer l’ensemble des 220 km de frontière, afin de la rendre totalement hermétique.
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En outre, le gouvernement va installer de nouvelles caméras thermiques et déployer 250 garde-frontières supplémentaires.
Un ensemble de mesures qui viennent renforcer celles déjà existantes. La Grèce a investi ces dernières années dans un arsenal ultra-moderne : caméras thermiques et radars high-tech accrochés sur les pylônes le long de la frontière, et même deux canons sonores positionnés au sud et au nord de l’Evros.
Une centaine de personnes refoulées quotidiennement en mer
La Grèce est régulièrement pointée du doigt pour sa gestion des frontières. Elle a été accusée à plusieurs reprises de refoulements illégaux sur terre et sur mer par des ONG et des médias.
InfoMigrants a recueilli plusieurs témoignages de migrants affirmant avoir été renvoyés violemment en mer Égée vers les eaux turques. À l’été 2021, une Congolaise avait expliqué à la rédaction comment les garde-côtes grecs avaient refoulé son embarcation en mer, mettant les passagers en danger. « Ils nous ont menacé avec leur armes (…) Ils ont tourné autour de nous, ce qui a fait de grandes vagues et du courant », avait-elle rapporté.
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Fin 2020, un Guinéen avait raconté comment des hommes en uniforme avaient percé le canot dans lequel il se trouvait pour l’empêcher d’atteindre les îles grecques.
Dans un rapport accablant, dont des extraits ont été publiés fin juillet, l’Office européen de la lutte contre la fraude (Olaf) a démontré que l’ancienne direction de l’agence de surveillance des frontières Frontex avait connaissance des renvois illégaux de migrants menés en Grèce vers la Turquie entre 2020 et 2021. Frontex, qui a toujours nié être au courant de ces pratiques, en aurait même co-financé certains. La Grèce, elle, dément tout refoulement illégal à ses frontières.
Selon le dernier rapport de l’ONG norvégienne Aegean Boat Report, qui recense les « pushbacks » en mer Égée, jamais autant de migrants n’avaient été refoulés cet été. En moyenne, « 100 personnes ont été retrouvées à la dérive dans des radeaux de sauvetage et des canots pneumatiques, chaque jour du mois d’août, à la suite de refoulements effectués par les autorités grecques », peut-on lire dans le document. « Seulement 10% de toutes les personnes qui tentent de traverser en bateau vers les îles grecques réussissent et se retrouvent dans un camp », rapporte l’ONG.
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