Les fanfaronnades préélectorales de Mitsotakis l’an passé, comme quoi avec lui il n’y aurait plus de « problème immigré », avaient certes pour but de piquer aux nazis leur électorat et reflétaient aussi l’alignement de la droite sur le courant d’extrême droite, très présent désormais au pouvoir. Mais dans la réalité, c’est depuis un an une fuite en avant qui fait du gouvernement grec un émule des Orbán et Salvini, et il est urgent que le sort terrible infligé aux réfugiéEs en Grèce soit l’objet d’une large dénonciation internationale.
La semaine dernière, la police a repris ses intrusions dans des lieux habités par des réfugiéEs : à Exarcheia, une cinquantaine de personnes, dont de nombreux enfants, et presque toutes en règle, se sont retrouvées à dormir dehors, même si la solidarité a essayé de parer au plus pressé. Ceci est vu comme une répétition générale du projet piloté par Mitarakis, ministre « des Migrations et de l’asile » : pressé par la colère des habitantEs des îles proches de la Turquie, le gouvernement veut en partie « vider » les camps d’enregistrement, comme à Mytilène, en logeant les partants dans les « centres d’accueil » (blocs de logements, hôtels…) de la Grèce continentale. D’où le projet d’en chasser 10 000 occupantEs, sous prétexte que comme ils et elles sont en règle, ils et elles peuvent trouver du travail et payer un loyer… Cynisme accentué par la nomination confidentielle de directeurs de ces centres d’accueil, pour bon nombre membres du parti de droite et/ou ex-militaires, avec même à Pyrgos (Péloponnèse) un raciste auteur d’un livre édité par des nazis !
Impasse criminelle de la politique anti-réfugiéEs
Il semble que le seul objectif du pouvoir soit de décourager les réfugiéEs de venir en Grèce. C’est d’ailleurs à peu près ce qu’a benoîtement suggéré Mitarakis devant les instances européennes en parlant, sur fond de « menace asymétrique », d’une « force majeure » qui devait pousser l’Europe à la fermeté, et instrumentalisant le coronavirus1. Résultat : une volée de bois vert de la part d’instances sur les réfugiéEs, sur les libertés et de pas mal d’eurodéputés. Mais comme la réalité de la politique européenne, c’est l’Europe forteresse, le gouvernement grec poursuit sans état d’âme sa politique raciste, comme avec les renvois de réfugiéEs sur la rive turque du fleuve Evros ou sur les côtes orientales de l’Egée : une enquête de la Deutsche Welle établit à plusieurs dizaines ces renvois interdits par le droit international
Et tout aussi grave est le climat raciste entretenu par le pouvoir, avec des ministres parlant d’« invasion » : dans des lieux où devaient être accueillis des réfugiéEs, l’extrême droite se sent alors libre d’appeler à des rassemblements racistes pour « protéger l’intégrité » du lieu, comme on vient de le voir encore à Pella, lieu archéologique connu, où un hôtelier a subi tant de pressions qu’il a renoncé à ouvrir son établissement aux réfugiéEs. Ce racisme quotidien produit aussi ses « bavures » : un Crétois pris pour un Pakistanais vient de se faire tabasser par les policiers locaux…
Pour une riposte antiraciste, en Grèce et en Europe
Face à ce climat nauséabond, des ripostes locales existent heureusement, comme à Pella justement. Mais tout le monde en convient : il est grand temps de passer à la vitesse supérieure, pour un accueil des réfugiéEs dans des lieux sûrs et dignes, pour la fermeture des camps dégradants, sur les îles et sur le continent (Malakassa, Serrès…). Et bien sûr, ouverture des frontières européennes, et pas seulement pour accueillir les mineurEs sans famille. Mais cela suppose une campagne antiraciste menée en commun à l’échelle européenne !
À Athènes
1. Échec des racistes : croyant avoir « enfin» trouvé un foyer d’infection dans un centre de réfugiéEs en Argolide, ils préparaient leur ignoble campagne. Mais le virus semble avoir été « importé » par l’entourage de la famille royale hollandaise, qui a une résidence dans le coin ! Du coup, silence radio…