31/08/2017 par Constant Kaimakis 16 Accidents de travail mortels en 2 mois, l’Hécatombe estivale en Grèce :
Cet été, à la lecture quotidienne des médias grecs , j’avais ce sentiment d’une répétition d’accidents du travail mortels qui revenaient souvent dans les divers articles.
Les journalistes du « Rizopastis » et de « The Press Project » viennent malheureusement confirmer ce fait : pas moins de 16 travailleurs sont morts à la tâche depuis 2 mois.
Rien que ces 3 derniers jours, 3 accidents mortels sont survenus à Marathon, au Pirée, en Chalkidiki. Un autre travailleur a succombé à ses blessures de son accident survenu le 1 er août à Skala (Laconie). Le journal « RIZOPASTIS » fait ainsi état de 16 morts au boulot qui « montre encore une fois que les zones de travail et les conditions de travail, le manque de mesures d’hygiène et de sécurité, l’ intensification, la généralisation de la « flexibilité » pose d’ énormes risques pour la santé, la sécurité et la vie même des travailleurs. » .
Le lourd tribu a été payé notamment par les services de nettoyages municipaux . Là, la tension est à son comble avec le conflit qui dure depuis des mois sur la question des contrats de travail où bon nombre de maires avec leur municipalité refusent de titulariser des contractuels qui accumulent non seulement les contrats de quelques mois mais aussi la fatigue et le non paiement ou le retard de salaires. On compte ainsi les décès des travailleurs des municipalités de Zografou et Marathon et des blessés graves chez les entrepreneurs de la municipalité de Thessalonique.
Se référant à la situation dans les municipalités de l’Attique, le syndicat des employés municipaux OTA a déclaré : « La situation des accidents dans les services de nettoyage des municipalités est tragique. Le fonctionnement 24 heures sur 24 porte préjudice à la sécurité des collègues qui sont stressés et exposés à une série de sérieux dangers. Il y a une grande responsabilité de l’autorité municipale qui utilise la législation anti-travail pour envoyer des travailleurs à 2 ou 3 heures du matin pour ramasser les ordures. Le fait est , que ce travail pénible et dangereux de la collecte des ordures est de plus en plus fait par des travailleurs ayant des formes de travail flexibles, sans expérience et sans formation , ce qui est le résultat des politiques de l’UE que ce gouvernement met également en œuvre et développe. Le ministre de l’Intérieur Skourletis ose dire ainsi qu ‘il a résolu la question des contrats, au même moment , où les travailleurs vivent dans l’insécurité et dans l’incertitude. Nous demandons au gouvernement de prendre enfin des mesures pour la santé et la sécurité des employés dans le secteur du nettoyage. Cela ne peut plus durer! Les employés ne /doivent pas accepter comme « normalité » qu’on aille travailler pour une bouchée de pain, en risquant de ne pas rentrer chez soi, et en sachant que demain, nous serons au chômage. Grâce à notre lutte organisée, nous devons réclamer des conditions de travail humaines, des mesures pour notre santé et la sécurité, l’emploi permanent et stable pour tous ».
Autre secteur, même situation. Sur le Port du Pirée , COSCO fait mener des cadences infernales à ses travailleurs au nom du profit. Pire, l’accident mortel d’un employé dimanche soir a révélé que COSCO n’a pas d’ ambulance moderne pour couvrir les besoins accrus des travailleurs portuaires qui travaillent sous pression. Le syndicat des employés portuaires DEL a ainsi déclaré : « La tragédie mortelle de ce collègue est la suite de l’intensification du travail qui vise à accroître la compétitivité et la rentabilité de COSCO. Il fait suite à la grande masse des accidents du travail, les blessures et les maladies enregistrées au cours des dernières années en raison de l’intensification du travail dans les zones portuaires ».
Le lundi précédent, 21 août, c’est la mort d’un bucheron de 45 ans à SKOURIES au Lac Karatzas, qui est mort écrasé par un arbre dans le chantier de la déforestation qui a lieu dans la région pour le compte de la Société Hellas Gold. Il existe une coopérative de forestiers dans la région, mais « Hellas Gold » travaille avec des entrepreneurs privés. Les coopératives forestières de la région ont annoncé depuis deux ans qu’elles refusent de coopérer avec l’entreprise en protestant contre la destruction de l’environnement. Et à Skouries aussi on connait bon nombre d’accidents mortels notamment dans les mines…
Pour terminer, le « panorama » de cette hécatombe estivale, début Août, un employé de l’aéroport de Corfou (aujourd’hui géré par la Sté Allemande Fraport) est aussi décédé au travail. L’employé chargé de faire rentrer et sortir les appareils des places de stationnement, travaillait dans des conditions extrêmes de chaleur, a eu un malaise et a succombé lors de son transfert à l’hôpital . Selon les rapports de la presse locale, il y a des dizaines de plaintes concernant l’évanouissement des nettoyeurs d’aéronefs et d’autres travailleurs aéroportuaires, en particulier au milieu d’une vague de chaleur. Fraport se dédouane de ces situations en disant que la responsabilité en incombe aux sociétés aéronautiques, ici en l’occurrence SWISSPORT qui a fait la réponse suivante «Nous ne considérons pas qu’il soit utile de commenter»…. Et la société Fraport répondant à une question sur le traitement de plaintes semblables concernant les conditions de travail pour les entreprises coopérantes, a rajouté que, surtout dans les jours de vague de chaleur à Corfou et dans d’autres îles … » Nous offrons de l’eau à tous les employés dans des incidents similaires appartenant à notre entreprise ou à une autre société. »
Prenant la parole quelques jours après drame, George Mavronas, président du Syndicat des travailleurs de l’aéroport se plaignait que l’aéroport ne compte pas de médecin permanent et des conditions de travail désespérantes quelques mois seulement après réception de l’aéroport par les Allemands de Fraport. « Est-il possible pour un aéroport qui dessert 3 millions de passagers par an de ne pas avoir de médecin permanent à l’aéroport? Nous voyons constamment des collègues à nos côtés qui subissent des insolations, qui s’évanouissent, tombant sous le surmenage… Il n’y a pas d’air conditionné dans la plupart des zones aéroportuaires, la climatisation est constamment endommagée, en particulier dans les autobus transportant des touristes, des citoyens et des travailleurs d’aéronefs », a-t-il ajouté.
Cela se passe aujourd’hui en Grèce , en août 2017 …