Lafazanis d’ Unité Populaire, « persécuté par la Junte des colonels et maintenant par SYRIZA »
Lafazanis : « les policiers m’ont suivi, enregistré et filmé ». Une persécution marquant une profonde « une entorse à la démocratie«
Sous le titre « J’ai été persécuté par la Junte et maintenant par SYRIZA », Yorgos Katsiyannis présente dans « Parapolitika » de samedi 29 septembre 2018 un reportage sur la persécution dont Panayotis Lafazanis fait l’objet et l’entretien qu’il a eu avec lui.
Panayotis Lafazanis a révélé à Yorgos Katsiyannis que les services de sécurité suivaient et enregistraient toutes les manifestations de l’Unité populaire (LaE), particulièrement celles qui s’opposaient aux enchères, et que, d’abord et avant tout, ils suivaient, enregistraient et filmaient systématiquement Panayotis Lafazanis lui-même, non seulement dans le but de connaître ses mouvements, mais aussi de « fonder » des accusations à charge.
Les méthodes de persécution utilisées par les services de sécurité sur mandat du gouvernement reproduisent les pires années de la Grèce anticommuniste d’après la guerre civile si ce n’est sous une forme encore plus dangereuse, dans la mesure où les services de sécurité sont à présent équipés de moyens technologiques plus modernes et bien plus efficaces en matière de contrôle et de surveillance.
Les signalements de Panayotis Lafazanis sont étayés par les dossiers qui ont été constitués contre les militants et contre Panayotis Lafazanis lui-même, des dossiers qui abondent en montages d’enregistrements audio, témoignages d’écoutes et d’enregistrements vidéo, pour lesquels on estime qu’ils ont été réalisés avec l’autorisation du procureur !
La démocratie qui change le « NON » en « OUI », la démocratie des CRS, des matraques, de la guerre chimique, des enregistrements audios et vidéos par les services de renseignement et de la sécurité des partis politiques légitimes et de leurs dirigeants et responsables légitimes est chez nous et donne à la Grèce des apparences de démocratie à la turque.
Une démocratie criblée de trous, que personne ne remet en question du fait du système, parce que tout simplement, loin de gêner la « germano-américanocratie » dans le pays, elle la protège.
Ou plutôt, c’est ce qu’ils croient !
Mikis Theodorakis et le résistant Manolis Glezos , tous les deux poursuivis et emprisonnés par l’ état grec d’ après guerre civile et de la dictature des colonels ont exprimés leur soutien et solidarité envers P. Lafazanis et ont accusé le gouvernement Tsipas de « conduire le pays vers un chemin antidémocratique digne des époques les plus sombres» .
Article signé de Panayotis Lafazanis, Secrétaire du Conseil Politique de l’Unité Populaire (LaE), dans le journal « Ta Nea » de samedi 29 septembre 2018
Le défunt Konstantínos Mitsotákis avait dit que le policier c’est l’État. Il semble que le gouvernement Tsipras-Kamménos a été mis en place pour mettre en pratique ce célèbre adage dans toutes ses déclinaisons. Ce n’est pas seulement le policier qui est l’État, mais l’État lui-même qui devient « policier ». Le gouvernement Tsipras ne peut rien sans ses CRS. Il gouverne au sens littéral du terme avec ses patrouilles bardées de fer, les matraques et la guerre chimique.
La démocratie, particulièrement au cours des années de mémorandums, a cessé de fonctionner dans ce pays. La volonté du peuple et le vote du peuple n’ont quasiment aucune importance. La loi et la politique dans ce protectorat occupé sont les décisions des créanciers. La transformation consensuelle du « NON » au référendum en « OUI » humiliant a porté le coup final au cœur de la démocratie civile.
À présent, avec ces poursuites dont je fais l’objet, sur la base d’un demi-code pénal, voire de lois sur les armes, munitions, artifices, etc., ce n’est pas uniquement ma personne qui est visée. Pour la première fois depuis le retour à la démocratie en 1974 nous avons affaire à des poursuites, pour des raisons évidemment politiques, du fait de ma participation à un mouvement qui lutte contre les enchères des résidences principales et des biens populaires, qui concernent un responsable d’un parti démocratique considéré comme une menace pour le système. Nous sommes face à un virage criant qui marque une étape dans cette déviation profondément antidémocratique. La démocratie à la turque façon Erdogan est chez nous et va continuer si nous ne réagissons pas.
Je souligne que le coupable, de nature intestine, le « Département de protection de l’État et du régime démocratique » de la Sécurité de l’Attique, a échafaudé et envoyé au Parquet le dossier à ma charge, adoptant une politique évidente de couverture et de soutien qui provient des profondeurs du palais Maximou. Je ne m’attendais pas à ce que mes ex-collègues en arrivent là un jour, au point de déclencher une mutation antidémocratique de notre pays avec des poursuites contre moi. Ils ne supportent même pas notre voix. Ils craignent la dynamique ascendante de l’« Unité populaire » (LaE), la seule menace potentielle en des termes actuels qui demeure face aux centres abjects de l’ordre établi.
Naturellement, je ne suis pas venu pour m’excuser en répondant à la convocation du « Département de protection de l’État et du régime démocratique ». De tels départements protègent l’État, celui de la « germanoaméricanocratie », des créanciers et d’une démocratie inexistante qui a changé le NON en OUI.
J’ai déclaré de manière très directe que nous ne nous excusons pas, je ne reconnais pas et je ne légitime pas, par ma présence, les horreurs antidémocratiques et les poursuites politiques. Nous poursuivons, inébranlables et insoumis, ce difficile, mais noble combat.
La Grèce n’a pas besoin d’une nouvelle servilité qui va se consolider et se généraliser comme le cours naturel de son avenir. Car la Grèce ne peut simplement pas exister comme pays colonisé avec des esclaves pour citoyens.
Traduction : Vanessa de Pizzol