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Les 7 de Briançon lourdement condamné·e·s

Les 7 de Briançon lourdement condamné·e·s par le tribunal de Gap

[Communiqué Comité de soutien aux 3+4, Gisti, Anafé et La Cimade]

Le 13 décembre 2018, le tribunal correctionnel de Gap a déclaré les 7 de Briançon coupables d’aide à l’entrée sur le territoire d’une personne en situation irrégulière. Si la circonstance aggravante de bande organisée a été abandonnée, la lourdeur des peines prononcées (conformes aux réquisitions du parquet) marque un tournant dangereux dans la répression des personnes solidaires.

Benoit, Théo, Bastien, Lisa et Eleonora ont été condamnés à 6 mois d’emprisonnement avec sursis simple. Juan a été condamné à 12 mois d’emprisonnement dont 8 avec sursis simple et 4 fermes et Mathieu à 12 mois d’emprisonnement dont 4 fermes et 8 avec sursis avec mise à l’épreuve.

Nos organisations sont scandalisées et indignées par ce jugement qui criminalise encore une fois et de manière inédite des militant·e·s agissant en faveur des droits des personnes migrantes.

Le droit fondamental constitutionnel de manifester a donc été nié au profit d’une pénalisation toujours plus forte des personnes solidaires. Aussi, ce jugement va-t-il à l’encontre de l’obligation légale qu’a chacun·e de porter secours à une personne en danger. C’est un signal alarmant pour les défenseurs des droits humains en France qui font l’objet de pressions de plus en plus fortes de la part des forces de l’ordre et des autorités judiciaires.

Nos organisations se dressent aux côtés de Bastien, Benoît, Eleonora, Juan, Lisa, Mathieu et Théo et continueront de les soutenir et de dénoncer la situation de péril imminent des personnes migrantes dans les Alpes.

Lors de l’audience du 8 novembre 2018, les avocat·e·s et les prévenu·e·s ont pu dénoncer les violations quotidiennes des droits des personnes migrantes commises par les forces de l’ordre à la frontière franco-italienne, les agissements illégaux restés impunis à ce jour du groupuscule Génération Identitaire et les tentatives d’entraves au droit fondamental de manifester à la fois des prévenu·e·s mais aussi des personnes exilées.

Le Ministère public avait demandé au tribunal de condamner respectivement à 6 mois d’emprisonnement avec sursis simple pour Bastien, Benoît, Eleonora, Lisa et Théo ; 12 mois dont 4 mois d’emprisonnement ferme et 8 avec sursis simple pour Juan ; et 12 mois dont 4 mois d’emprisonnement ferme et 8 avec sursis avec mise à l’épreuve pour Mathieu.

Au-delà de la condamnation des 7 solidaires, le tribunal est resté sourd aux témoignages et preuves apportées par la défense, faisant le jeu ainsi des pratiques illégales de l’administration, les violations des droits et la traque des personnes migrantes. Alors que des personnes exilées, auxquelles nous essayons de venir en aide, meurent sur les routes dangereuses de la frontière franco-italienne, le tribunal correctionnel de Gap a fait le choix de condamner la solidarité.

Ce jugement est rendu alors que la Cour de cassation a annulé hier des décisions condamnant des militants pour « délit de solidarité ». L’occasion de rappeler que d’autres militants solidaires des personnes migrantes de Briançon sont convoqués devant la justice en janvier et en mars 2019.

Par ailleurs, les associations alertent sur la militarisation de la frontière qui contraint les personnes migrantes à se mettre en danger en montagne dans le froid et la neige. La présence policière permanente entrave le déroulement des maraudes visant à secourir les exilé·e·s.Soutenues par près de 50 000 personnes qui ont signé la pétition, nos organisations demandent l’abandon de toutes les poursuites pour délit de solidarité contre les personnes, dans les Alpes et ailleurs, qui agissent dans un esprit de fraternité.

Rappel des faits  :
Bastien, Benoit, Eleonora, Juan, Lisa, Mathieu et Théo étaient poursuivi·e·s pour avoir participé, en avril dernier, à une marche solidaire pour dénoncer les violences commises par le groupuscule identitaire à l’encontre des personnes exilées dans la région de Briançon et pour protester contre la militarisation de la frontière franco-italienne. L’État leur reproche d’avoir à cette occasion « facilité l’entrée de personnes illégales sur le territoire français », et de l’avoir fait « en bande organisée ».

Comité de soutien aux 3+4  : Article 1er, Le Cesai, CGT 05, Chemins Pluriels, Chez Marcel, CHUM, Collectif Maraudes, Comité de soutien aux 3+4 Genève, Comité de soutien aux 3+4 Marseille, Les Croquignards, Ensemble 05, La Fanfare Invisible, Icare 05, NO THT 05, PCF 05, Réseau hospitalité 05, Sud 05, Les Tabliers Volants, Tous Migrants.

SOS Méditerranée met fin à l’affrètement de l’aquarius

Chers amis,

Ceci n’est pas un message comme les autres.

Nous tenions à vous informer – le cœur lourd mais plein d’espoir -que nous avons décidé de mettre fin à l’affrètement de l’Aquarius, ce bateau citoyen qui a sauvé près de 30 000 vies en Méditerranée centrale grâce à votre soutien.

Comme vous pouvez l’imaginer, cette décision a été extrêmement difficile à prendre pour les équipes de SOS MEDITERRANEE comme pour notre partenaire médical Médecins Sans Frontières. Après 34 mois d’opérations, ce navire est devenu un symbole pour toutes celles et ceux qui, comme vous, considèrent que porter assistance aux personnes en détresse en mer est un impératif légal et moral qui doit primer sur toute considération.

Pourquoi une telle décision ?

Suite aux multiples manœuvres politiques le privant par deux fois de son pavillon (Gibraltar puis Panama), l’Aquarius est à quai à Marseille dans l’impossibilité de repartir. Nous avons appris en début de semaine que la Suisse n’offrirait pas son pavillon au bateau malgré le soutien de nombreux citoyens que nous remercions chaleureusement.

L’Aquarius doit aujourd’hui répondre à des accusations disproportionnées et infondées. Lundi 19 novembre, les autorités judiciaires italiennes ont demandé la mise sous séquestre du navire. A ce jour – à notre connaissance -, le juge italien n’a pas activé une demande de coopération avec la France pour la mise en exécution de cette demande, mais l’acharnement dont ce bateau est la cible rend très difficile son utilisation dans le cadre de notre mission à court et long terme, et nous contraint à nous en séparer.

Nous continuons notre mission

Cette nouvelle est certes difficile à accepter pour nous tous mais notre mission est de sauver des vies humaines. Nous ne pouvons pas accepter que l’on entrave notre action alors que, depuis le début de l’année, plus de 2 100 personnes sont mortes noyées en Méditerranée.

Nous sommes déterminés à repartir en mer le plus rapidement possible. Notre équipe étudie sérieusement plusieurs propositions pour trouver un nouveau navire afin de poursuivre durablement nos opérations de sauvetage dès le début de l’année prochaine.

C’est un nouveau défi que nous relèverons ensemble !

Rappelez-vous, il y a plus de trois ans, vous étiez déjà des milliers à vous engager dans cette aventure collective à laquelle personne ne croyait : affréter un navire citoyen pour sauver des vies en haute mer. 34 mois plus tard, ce sont près de 30 000 hommes, femmes et enfants qui ont été sauvés de la noyade, dont 6 bébés nés à bord de ce navire, grâce à votre mobilisation ! Cet incroyable engagement est l’une de nos plus grandes forces.

Portés par votre indéfectible soutien, nous sommes plus déterminés que jamais à prendre ce nouveau départ. C’est une promesse, nous repartirons bientôt sauver des vies !

Tant que des êtres humains risqueront leur vie en mer nous continuerons. Tant que vous serez à nos côtés, renoncer ne sera jamais une option.

Merci pour votre engagement,

L’équipe de SOS MEDITERRANEE
#TogetherForRescue

Gilets-jeunes La rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque

Gilets-jeunes

Temps des alarmes. Début décembre et à travers les medias grecs, les Gilets-jaunes occupent une bonne place dans l’actualité. Analyses certes parfois approximatives, voire désemparées devant les faits et surtout les gestes depuis les ultimes… Lumières de Paris. Parfois, avant de conclure d’ailleurs par une tournure d’avertissement: “Ne l’oublions pas, la France indique parfois la cadence à suivre, aux autres pays d’Europe, ce mouvement peut alors s’étendre ailleurs”, radio 90.1 cette semaine. Dire alors sans quoi que le peuple “fait sécession”.

Dans Athènes, novembre 2018

En même temps à Athènes c’est plutôt le mutisme qu’y règne, la circulation automobile est souvent fluctuante, comme on aime dire, sans entraves. Surtout, lorsque les échoppes ferment le centre-ville se vide, car alors le vieux cœur urbain trop serré se replie sur ses plaies ouvertes sur le néant. Dans les quartiers périphériques, certains cafés et bistrots ouverts durant la crise ont déjà fait faillite, d’autres ouvriront sans doute, et c’est parfois histoire de blanchir de l’argent par le biais d’activités légales, dans une économie de plus en plus déréglée, donc criminelle, d’en haut comme d’en bas.

L’autre jour, le propriétaire très âgé d’une maroquinerie de quartier, exprimait volontiers toute sa peine. “La boutique c’est jusqu’à ma retraite, que d’ailleurs je repousse. Quant au voisinage, eh bien il n’existe plus, nos liens, notre entraide, le simple fait que de dire bonjour parfois. Je m’enferme chez moi, j’ai arrêté de fumer et je réserve un euro par jour pour acheter les croquettes des chats, heureusement, mes deux enfants travaillent ici et ils n’ont pas quitté le pays. Ma fille est infirmière pour 600€ par mois, et mon fils employé dans la téléphonie pour à peu près le même salaire. Occupons-nous d’abord de notre état de santé, il faut rester en bonne santé, et pour le reste on avisera.”

Situation alors grecque D’après les récentes statistiques officielles, 4.312.395 personnes ont de dettes impayées envers l’administration fiscale, c’est-à-dire un demi-million de plus qu’en septembre dernier, et parmi eux, 1.797.492 contribuables verront leurs biens, lorsqu’ils en ont encore, saisis par le fisc, ce qui est déjà le cas pour 1.148.583 d’entre eux, presse grecque de la semaine. Notons que la population grecque dépasse à peine les dix millions d’habitants et qu’entre les banques, cédées à des fonds rapaces internationaux sous la gouvernance des escrocs de SYRIZA, et qui réclament des saisies par milliers et les saisies du fisc qui n’est pas grec non plus, près du 25% de la population se voit confisquer ses biens, essentiellement immobiliers, auxquels s’ajoutent ceux qui les ont déjà bradés pour les mêmes raisons.

Aux yeux des historiens du futur, il s’agit de la plus grande dépossession des biens publics et privés d’un pays et de sa population, sans lui déclarer la guerre, disons de type traditionnel. Une banque réclame même de la famille d’un entrepreneur qui s’est suicidé à Thessalonique, la somme de 590.000€, c’est pour dire, presse de la semaine.

Le siège du Conseil d’État… peint. Athènes, novembre 2018

La paupérisation très ordonnée de la classe moyenne, comme presque de toutes les autres classes sociales c’est tout un programme, et les Grecs commentent également les événements français, parfois sous un air de déjà-vu. “Oui, nous avons connu une période peut-être analogue durant les premières années de la crise. Dès l’arrivée de la Troïka et durant les grandes manifestations, c’était en mai 2010, les salopards du système ont envoyé sur place les casseurs anarchistes mettant le feu en marge des manifestations, et notamment à une agence bancaire, trois employés dont une jeune femme enceinte y ont trouvé la mort, et déjà, durant un temps les Grecs ont été tétanisés, puis retournés chez eux durant un moment.”

“Cette histoire se répète depuis, sauf que désormais nous savons… mais entre temps, SYRIZA l’imposteur tout comme l’ensemble de la classe politique, ces gens jouent la comédie ayant livré le pays aux étrangers et notamment à l’Allemagne. En attendant mieux ou sinon le pire, nous croquons notre kouloúri à cinquante centimes et nous buvons parfois notre café bien amer.” Mentalités grecques.

Signe encore des temps eschatologiques qui sont les nôtres, ceux de la paupérisation… plus la technologie, sur les affiches des théâtres en ce moment et non loin des… demeures des Sans-abri dans la ville d’Athéna, on y découvre “Alarmes”, cette pièce et en même temps critique hilarante contre la technologie moderne de Michael Frayn.

Petits pains ronds. Athènes, novembre 2018
Alarmes, la pièce. Athènes, novembre 2018
Emplacement… Sans-abri. Athènes, novembre 2018
Emplacement… Sans-abri. Athènes, novembre 2018

Cependant, les alarmes ne manquent pas. Depuis plus d’une semaine, de bien nombreux Lycées surtout en Grèce du Nord, en Macédoine, en Thrace et dans les îles de l’Égée, sont occupés et bloqués par leurs élèves. Ces derniers, manifestent alors au sujet de la trahison de Tsípras, s’agissant de “son” accord Macédonien de juin dernier, accord déjà rejeté par l’immense majorité, surtout en Grèce du Nord (voir les articles sur ce blog et sur ce sujet depuis février 2018).

Ainsi, et à défaut de Gilets-jaunes, la Grèce connaît en ce moment ses… Gilets-jeunes, dont l’élan patriotique est indéniable et d’ailleurs aussitôt attribué par le gouvernement des Tsiprosaures, comme pour le presque disons ensemble de la gauche grecque, aux agissements des Néonazis de l’Aube dorée. Peine perdue, car au-delà des manigances des Aubedoriens, les jeunes du pays réel, après avoir vu et vécu la paupérisation de leurs parents, le saccage des biens du pays par les escrocs qui gouvernent et par les rapaces mondialisés, après avoir senti le saccage et pour tout dire le viol de l’ultime espoir politique issu des années de crise, à savoir l’imposture de la Gauche à la SYRIZA, voilà que leur pays, la Macédoine grecque (plus de la moitié de Macédoine géographique), est ainsi offerte aux convoitises culturelles et même territoriales ouvertement exprimées chez les Slavomacédoniens du pays voisin, un peuple arrivé dans la région plusieurs siècles après la Macédoine de Philippe, d’Alexandre et d’ailleurs de la langue grecque.

Et ce n’est pas rien que cette mobilisation des jeunes, lorsque leur mouvement est tant dénigré par les pseudo-élites au Ministère de l’Éducation antinationale, comme d’une bonne partie de la presse mainstream, ainsi que des partis qui siègent au pseudo-Parlement, à l’exception évidemment des Aubedoriens, lesquels se frottent certes les mains, sauf que le pays réel fait de toute évidence la différence entre patriotisme et nationalisme. C’est d’ailleurs le manque total et délibéré de patriotisme qui caractérise les dirigeants actuels qui alimente le nationalisme et les Aubedoriens avec.

Il faut ici noter que le système nourrit et conserve comme il peut les Aubedoriens, histoire de discréditer toute idée et réaction patriotique, la baptisant ainsi fasciste etc. La suite est connue, car trop répétée et refaite alors jusqu’à l’usure. Le système des politiciens, d’ailleurs Sorites d’en haut (financées directement ou indirectement par les fonds du financier Sóros), insulte les élèves patriotes et en même temps, il mobilise les Antifa et autres Sorites… d’en bas, comme à Athènes, lors d’une manifestation peu suivie. Ceci dans le but de créer un climat, voire une réalité d’affrontement, à la manière d’une Guerre civile de bas voltage, histoire de garder le pays divisé et ainsi tétanisé. Il faut enfin noter, que ce même système traîne alors les pieds lorsqu’il s’agit de faire avancer le procès des Aubedoriens pour des faits tout de même avérés, à savoir, l’assassinat en 2012 du chanteur Pávlos Fýssas, à l’époque inconnu du grand public. C’est tout de même… étrange.

Élèves de la Macédoine grecque. Presse grecque, novembre 2018
Lycéens de la Macédoine grecque. Presse grecque, novembre 2018
Antifas et assimilés. Athènes, novembre 2018
Patriotes et antifascistes. Écoliers de la Macédoine grecque. Presse grecque, novembre 2018

En dépit des apparences, celles que les propagandes nourrissent bien entendu, les Gilets-jaunes français et les… Gilets-jeunes grecs relèvent de cette même sécession du peuple, signifiant cette même rupture de légitimité faussaire, s’agissant du simulacre des élites et de leur système. C’est certes frappant que de découvrir certains slogans de première vue “populistes et poujadistes” des lycéens grecs du type “La Démocratie a trahi et vendu la Macédoine”, sauf que c’est vrai, à la seule différence près, qu’il s’agit d’une pseudo-démocratie, autrement dit d’une “gouvernance” laquelle légifère depuis Bruxelles et depuis les entrailles du système Soros sans la moindre légitimité, en violation d’ailleurs constante de la Constitution comme de l’avis du peuple, referendum de 2015 compris.

Après tout, la décision Macédonienne de Tsípras (de Zaev et d’abord de Soros), n’est que la suite logique des politiques d’austérité et du démantèlement du pays, des droits des travailleurs et des citoyens, de la mise à mort de la classe moyenne, en somme, du dictat imposé par le système néocolonialiste et impérial de Bruxelles et en réalité de Berlin, avant d’arriver à ce qui n’était pas perceptible dès le départ des années de la Troïka depuis 2010: l’agenda géopolitique touchant désormais le noyau des intérêts grecs, dans les Balkans et dans le monde.

C’est comme si on disait pour ainsi faire comprendre les réalités grecques… si exemplaires, que dans un cas supposons-le imaginaire, la France, après avoir souffert durant dix ans de politiques austéritaires ayant entraîné la paupérisation généralisée de sa population, le manque total d’espoir en l’avenir, l’effondrement rapide et alors sans retour de sa classe moyenne, la destruction du Service public, le pays se verrait obligé que de céder son siège permanent au Conseil de Sécurité à l’ONU prétendument à l’Union Européenne et en réalité à l’Allemagne, ainsi que de transmettre… les clefs de son armement nucléaire à Berlin. Puis enfin, et dans ce même cas, supposons-le imaginaire, la région allemande frontalière de l’Alsace, devient alors un pays indépendant mais lié à l’Allemagne, nommé “Alsace de l’Est”, et que ce pays revendique alors très ouvertement l’annexion de l’Alsace française, le tout avec l’aimable… Collaboration des élites et des gouvernants.

Philippe de Macédoine et Georges Sadoul. Athènes, novembre 2018
Bouquiniste. Athènes, novembre 2018
Le Général Yánnis Makriyánnis. Bouquiniste, Athènes, novembre 2018

Eh bien, toute proportion gardée, ce scenario en apparence délirant de politique-fiction, c’est la stricte et bien affligeante réalité grecque des années 2015-2018, et voilà comment les mentalités du pays réel ont peut-être suffisamment dépassé les pseudo-clivages gauche-droite. Car… du pareil au même et pour évoquer un exemple parmi tant d’autres, les institutions Soros sont autant liées aux Syrizístes et aux autres PASÓKiens recyclés, qu’à la famille des Mitsotákis de la Nouvelle Démocratie. On sait que certains conseillers de Mitsotákis et de Tsípras sont de la… confrérie des Sorites (radio 90.1, novembre 2018), voir également “The American Spectator en 2017” – “La Grèce Cheval de Troie de Soros en Europe”.

Ainsi, tel cas de figure, Antigóni Liberáki, députée du parti “To Potámi”, formation si chère au spéculateur George Soros comme à Jean-Claude Juncker, et cousine de Mitsotákis, elle préside actuellement le Conseil d’administration de l’ONG Soros “Solidarity Now” en Grèce. Cette même Liberáki, elle avait tout de même déclaré en 2015…“que les pauvres font de bien mauvais choix dans la vie et dans les démocraties tandis que les riches font par contre les bons choix”. Antigóni Liberáki en tout cas, elle a fait le choix de George Soros, question… d’esprit ! Ou la… Collaboration des élites et autres petites histoires.

Temps des alarmes comme historicité alarmante. Cette Grèce accablée, nécrophile et de Soros, elle n’est certainement pas celle du Général Makriyánnis , ni celle des poètes Séféris ou Elýtis . Elle n’est pas non plus, le pays de Zíssimos Lorentzátos, penseur grec et d’ailleurs ami de Yórgos Séféris.

Cette Grèce. Athènes, novembre 2018
Musicien de rue. Athènes, novembre 2018
Décadence. Athènes, novembre 2018

Oui, Zíssimos Lorentzátos, comme le souligne sur son site Juan Asensio, “un des plus grands penseurs grecs du siècle passé, est un auteur pratiquement inconnu en France – signalons que je l’ai mentionné dans un de mes plus récents ouvrages – qui, dans un de ses textes les plus intéressants, ‘Le Centre perdu’, évoque la question poétique (…).”

“À bien considérer certains de ces signes, on peut comprendre que l’homme occidental, ou l’homme moderne, recherche une vision, ou un centre perdu, au-delà et en dehors des liens du rationalisme dans lesquels il s’est entravé lui-même. Or ce centre, dont la perte a déterminé toute la période de la Renaissance à nos jours, l’homme moderne le recherche de mille manières, c’est l’évidence, mais ‘l’unique nécessaire’ qui se trouve devant lui, il ne le voit pas, tant le sel, semble-t-il, s’est affadi sur la terre.” (…)

“Zíssimos Lorentzátos résume ses vues et leur confère une belle ampleur dans ce passage: ‘En nous laissant emporter sur le tapis volant de l’art moderne, il est naturel que nous ne puissions prendre avec nous ou soulever que des choses sans beaucoup de poids et extérieures, et que nous pensions que ces choses par elles-mêmes, ou l’accent personnel que nous leur donnons en tant que Grecs, renouvellent ou continuent notre tradition vivante, dès lors que nous adaptons et assimilons les modèles étrangers’.” (…)

“Et la conclusion de Zíssimos Lorentzátos de résonner dans le vide du désert, où nous continuons à marcher, courbés et la bouche dévorée par la soif, alors que s’agitent autour de nous des millions de pantins réels ou numériques: ‘Si les remarques que nous avons faites jusqu’ici ont quelque importance… il nous faudra comprendre que la civilisation moderne tout entière, et son art, a partout, tant dans la forme dite capitaliste que dans la forme socialiste ou communiste, perdu le centre métaphysique éternel de la vie, ou va le perdre, et que c’est là le problème crucial de l’époque, et sa mesure spirituelle, quand bien même ceci demeurerait caché, et quand bien même nous n’y prêterions pas attention, occupés jour et nuit comme nous le sommes par le vacarme insidieux du monde extérieur ou par la progression fantasmagorique de la technocratie contemporaine’.”, Juan Asensio, “Le Centre perdu de Zíssimos Lorentzátos”, et je dirais… le nôtre.

Ouverture prochaine d’une librairie. Athènes, novembre 2018
Le Centre perdu de… Noel. Athènes, novembre 2018
Le Centre… retrouvé des Dinosaures en spectacle. Athènes, novembre 2018

Je dirais que toute proportion gardée, Zíssimos Lorentzátos c’est le Günther Anders grec. Décidément, le Centre perdu de Lorentzátos et autant le nôtre, se trouve également à l’origine de la violence économique qui engendre en ce moment la violence sociale, ceci un peu partout. Comme le souligne Bertrand Renouvin au sujet des Gilets-jaunes en France sur son blog:

“Théorisée par les ultralibéraux, concrétisée par les gouvernements de droite et de gauche depuis plusieurs décennies, la violence économique engendre la violence sociale, dans une nation de plus en plus divisée entre riches et pauvres. Cette violence sociale a été longtemps, trop longtemps contenue. Elle a été canalisée par les grandes manifestations syndicales, dont les gouvernements ne tiennent plus aucun compte depuis l’immense protestation contre la réforme des retraites en 2010” (…).

“Né d’une jacquerie fiscale qui s’est développée en revendication générale sur le pouvoir d’achat, le mouvement qui secoue la France rappelle une vérité fondamentale: le pouvoir politique a pour fonction essentielle de poser les conditions de la justice sociale, sinon il perd sa légitimité. C’est parce qu’ils ignoraient cette fonction que les présidents et les partis dominants ont été tour à tour éliminés”, blog de Bertrand Renouvin, le 03 décembre. Fin novembre, une telle manifestation syndicale a été organisée à Athènes et ailleurs en Grèce, ceci dans l’indifférence la plus totale exception faite aux perturbations causées par la grève dans les transports en commun à Athènes.

Simulacre de grève. Affiche syndicale, Athènes, novembre 2018
Foire du Régime crétois. Athènes, novembre 2018
Foire du Régime crétois. Athènes, novembre 2018

Temps des alarmes donc, entre Gilets-jaune et… Gilets-jeunes, tous deux à la Une des médias grecs, dont et surtout Internet. Au sujet des jeunes grecs,. Dimítris Konstantakópoulos, journaliste et analyste issu de la Gauche souligne sur son blog “que lorsque SYRIZA attaque le sentiment national des Grecs, alors, il est en train de scier la branche sur laquelle cette Gauche a trouvé appui pour arriver au pouvoir. (…) Les allégations des Syrizístes au sujet de l’élan patriotique des jeunes rappellent très exactement les allégations de la propagande et de la calomnie que les médias produisaient sous la dictature des Colonels.”

“Je note aussi les slogans des élèves relevés ici ou là, comme : Macédoine Terre Grecque, les Fascistes hors des écoles”, ou encore: “Ils ont vendu la Grèce et ils se courbent devant les étrangers, ce qui hélas est exact” (…) “Si cette mobilisation se range disons par un élan globalement situé à droite, ceci est alors rendu inévitable depuis que SYRIZA a abandonné la défense du pays, et que d’ailleurs, il se retourne contre le patriotisme grec, c’est-à-dire, cette force même qui l’a poussé au pouvoir, quand SYRIZA prétendait vouloir sortir le pays du régime néocolonial des Memoranda et de la Troïka.”, Dimítris Konstantakópoulos sur son blog, le 3 décembre 2018.

Temps des alarmes. En attendant si possible mieux, le système multiplie les “événements” commerciaux ou sinon sportifs (énième Marathon et dixième Tour d’Athènes), car au-delà de la propagande et de la calomnie, il y a aussi la distraction-divertissement, histoire de faire oublier le Centre perdu, et autant la “rupture de légitimité qui est une contestation heureuse et décisive de la légitimité faussaire, du simulacre des élites”.

Hermès de Greek Crisis, dit parfois, le Trismégiste. Athènes, décembre 2018

Analyses parfois fort justes, devant les faits. Époque peut-être de l’ultime résilience des peuples, des nations et des idées ; le tout, dans le vide du désert, où nous continuons à marcher, courbés et la bouche dévorée par la soif, alors que s’agitent autour de nous des millions de pantins réels ou numériques.

Ce pauvre blog a déjà sept ans, non sans peine et dont l’existence reste incertaine, malgré ses 700 billets, le tout sous le regard réconfortant de notre Hermès, dit parfois, le Trismégiste, en souvenir peut-être des autres aspects de la spiritualité ancienne précèdent le christianisme.

Sous le regard aussi de notre Mimi, on dirait qu’elle a vieilli tout d’un coup… en compagnie de ce blog.

Mimi de Greek Crisis. Athènes, décembre 2018

* Photo de couverture: Athènes, décembre 2018

Appel contre la répression des mouvements sociaux en Grèce

En plus de l’austérité imposée aux Grecs depuis huit ans, le gouvernement Syriza met en danger les libertés civiles du pays en réprimant personnalités politiques et militants.

Appel contre la répression des mouvements sociaux en Grèce Par Un collectif , de politiques et de personnalités civiles

Tribune.

La crise grecque ne fait plus la une des journaux, mais le peuple grec continue de souffrir de l’austérité implacable qui lui est imposée depuis plus de huit ans. Ceux qui s’opposent aux politiques des memoranda sont confrontés à une répression croissante. Les actions contre les saisies et la vente aux enchères des logements sont particulièrement prises pour cible. A la suite des diktats des créanciers à la Grèce, le gouvernement Syriza a considérablement intensifié, au cours des deux dernières années, la pression sur les propriétaires endettés pour aider les banques privées à recouvrer leurs emprunts. Une législation spéciale a été adoptée en décembre 2017 qui prévoit des peines pouvant aller jusqu’à six mois de prison pour les opposants aux saisies. En outre, le gouvernement a déplacé les procédures de vente aux enchères des salles de tribunal vers une plateforme électronique activée par des notaires de l’intérieur de leur cabinet.

Depuis le début de l’année, des dizaines de militants à travers le pays ont fait l’objet de poursuites et plusieurs procès sont en cours. Parmi les personnes mises en cause, figurent Panayiotis Lafazanis, ancien ministre de l’Energie du premier gouvernement Syriza et désormais secrétaire d’Unité populaire, Elias et Leonidas Papadopoulos, tous deux membres fondateurs du réseau « Je ne paierai pas » ainsi qu’Elias Smilios, conseiller municipal de la région de Thessalonique. C’est la première fois depuis la chute de la dictature qu’un dirigeant d’un parti politique démocratique fait l’objet de poursuites judiciaires pour ses activités militantes. En outre, les poursuites à l’encontre de ces militants ont été engagées par une branche spéciale des services de sécurité, le Département pour la protection de l’État et du régime démocratique, qui n’a fait preuve d’aucune activité à l’encontre d’Aube dorée ou de tout autre parti d’extrême droite. Ces militants risquent des peines de prison pouvant aller jusqu’à huit ans et demi.

C’est un moment critique pour la démocratie et les libertés civiles en Grèce. Nous exigeons l’abandon des poursuites à l’encontre tous les militant·e·s du mouvement contre les saisies et ventes aux enchères des logements. Nous exprimons notre solidarité à tous les Grecs confrontés à la répression pour leurs actions en faveur des droits sociaux.

Signatures collectives :

CUP (Candidature d’unité populaire), Catalogne ; Union Syndicale Co.Bas, Espagne ; Groupe parlementaire de La France insoumise ; Habita Association pour le droit au logement et à la ville, Portugal ; ODG Observatoire sur la dette et la globalisation, Espagne ; Plataforma de Afectados por la Hipoteca (PAH), Espagne ; Procés Constituent, Catalogne ; Sindicat de Llogaters i Llogateres (Syndicat des locataires), Espagne ; Association des Locataires Witten, Allemagne.

Premiers signataires :

Gilbert Achcar, politiste, SOAS, Université de Londres ; Tariq Ali, écrivain, Londres ; Cinzia Arruzza, philosophe, New School, New York ; Alain Badiou, philosophe, professeur émérite à l’ENS, Paris ; Ludivine Bantigny, historienne, Université de Caen ; Diego Borja, ancien ministre de l’économie de l’Équateur ; Noam Chomsky, linguiste, MIT, Etats-Unis ; Jorge Costa, député, Bloc de Gauche Portugal ; Sevim Dagdelen, député au Bundestag, Die Linke ; Fabio De Masi, député au Bundestag, Die Linke ; Irene Escorihuela, Présidente de l’Observatoire DESC, Espagne ; Sònia Farré Fidalgo, députée En Comú Podem, Espagne ; Teresa Forcades, Procés Constituent, Catalogne ; Heike Hänsel, députée au Bundestag, Die Linke ; Eric Hazan, éditeur, Paris ; Stefano Fassina, député Liberi e Uguali, ancien vice-ministre des Finances de l’Italie ; Pierre Khalfa, Fondation Copernic, Paris ; Stathis Kouvélakis, philosophe, King’s College Londres ; Costas Lapavitsas, économiste, SOAS Université de Londres ; Frédéric Lordon, philosophe et économiste, CNRS ; Francisco Louça, économiste, Université de Lisbonne ; Jean-Luc Mélenchon, président du groupe parlementaire de la France Insoumise ; Manolo Monereo, député, Podemos ; Michaël Löwy, sociologue, directeur émérite de recherche CNRS, Eric Toussaint, CADTM, Belgique ; Miguel Urban, député au Parlement Européen, Podemos ; Eleni Varikas, Professeure émérite, Université de Paris 8.

La liste complète des signataires disponible ici.

Source https://www.liberation.fr/debats/2018/11/27/appel-contre-la-repression-des-mouvements-sociaux-en-grece_1694566

Procès des 7 de Briançon

Procès des 7 de Briançon : des peines de prison requises et une mobilisation citoyenne très forte (La cimade)

L’audience du procès des 7 de Briançon poursuivis pour « aide à l’entrée sur le territoire français d’étrangers en situation irrégulière en bande organisée », qui s’est tenue le 8 novembre, a été marquée par la force et l’endurance de la défense et la mobilisation pacifique continue à l’extérieur du tribunal de Gap. Le verdict a été mis en délibéré au 13 décembre 2018.

C’est dans une ambiance tendue que l’audience s’est tenue pendant plus de 17 heures hier au tribunal correctionnel de Gap. Les longs débats, qui ont duré près de 11 heures, n’ont pas permis d’établir le caractère délictueux des faits reprochés, mais a été réaffirmé le caractère fondamental du droit de manifester.

Au terme d’1h30 de réquisitoire et après avoir finalement (et enfin !) abandonné la circonstance aggravante de « bande organisée », le Ministère public n’a même pas pris la peine d’établir la responsabilité individuelle de Bastien, Benoit, Eleonora, Juan, Lisa, Mathieu et Théo concernant les infractions qui leur étaient reprochées, principe pourtant indispensable en droit pénal. Il a néanmoins demandé au tribunal de condamner chacun des prévenu·e·s à respectivement 6 mois d’emprisonnement avec sursis simple pour Bastien, Benoit, Eleonora, Lisa et Théo ; 12 mois dont 8 avec sursis simple pour Juan ; et 12 mois dont 8 avec sursis avec mise à l’épreuve pour Mathieu.

En revanche, les avocat·e·s de la défense (Me Binimelis, Me Brengarth, Me Chaudon, Me Djermoune, Me Faure-Brac et Me Leclerc) ont brillamment démonté, aux termes de 3h10 de plaidoiries, un à un les quelques éléments avancés par le Parquet, et ont démontré qu’il n’y avait pas d’infraction à reprocher à des « marcheurs solidaires ». Le procès a également permis aux avocat·e·s et aux prévenu·e·s de dénoncer, à nouveau, les violations quotidiennes des droits des personnes migrantes commises par les forces de l’ordre à la frontière franco-italienne, les agissements illégaux restés impunis à ce jour du groupuscule Génération Identitaire et les tentatives d’entraves au droit fondamental de manifester à la fois des prévenu·e·s mais aussi des personnes exilées.

En face du tribunal, un rassemblement pacifique de soutien a réuni plus de 2 500 personnes venues de la région de Gap, de Briançon, de Marseille, Toulouse, Grenoble, etc. Collectifs, associations françaises et européennes et militant·e·s étaient rassemblé·e·s pour soutenir les prévenu·e·s et dénoncer les pressions, intimidations et poursuites à l’encontre des militant·e·s, et porter haut et fort leur attachement à la solidarité dans les Alpes et au-delà. C’est dans un esprit pacifique et déterminé que le soutien s’est organisé de 7 heures à 2 heures du matin, malgré une présence policière disproportionnée. La préfecture avait mobilisé plus d’une dizaine de camions de CRS, plus d’une dizaine de camions de gendarmes, de nombreux policiers en civil, et même un canon à eau.

En plus des poursuites intentées par le procureur de Gap contre Bastien, Benoit, Eleonora, Juan, Lisa, Mathieu et Théo, d’autres bénévoles solidaires des personnes migrantes de Briançon sont convoqués devant la justice en janvier 2019, comme Pierre de l’association Tous Migrants.

Christophe Deltombe, président de La Cimade, a dénoncé l’acharnement de certains procureurs contre celles et ceux qui défendent les droits humains en venant en aide aux personnes migrantes. Nos partenaires associatifs, notamment l’Anafé, le Comité de soutien et Tous migrants ont également témoigné de la situation très difficile à la frontière franco-italienne et du besoin de plus de solidarité active avec les personnes migrantes.

Soutenues par près de 50 000 personnes qui ont déjà signé la pétition lancée par les organisations signataires, les organisations ont publiquement appelé le tribunal à se prononcer en faveur de la relaxe des 7 de Briançon, et continuent à demander l’abandon de toutes les poursuites pour délit de solidarité contre les personnes, dans les Alpes et ailleurs, qui agissent dans un esprit de fraternité.

Source et photos  https://www.lacimade.org/proces-des-7-de-briancon-des-peines-de-prison-requises-et-une-mobilisation-citoyenne-tres-forte/

L’aquarius à nouveau attaqué

Chers amis,

A l’heure où l’Aquarius est la cible de nouvelles attaques, il nous semble important de vous donner en direct quelques explications sur la situation.

Ce lundi 19 novembre, les autorités judiciaires italiennes ont demandé la mise sous séquestre de l’Aquarius et ont engagé des poursuites contre notre partenaire médical, Médecins Sans Frontières (MSF). Cette mise en examen fait suite à une enquête ouverte par le Bureau du Procureur général de Catane (Italie) – qui avait déjà lancé par le passé des poursuites contre d’autres navires humanitaires – sur des prétendues anomalies observées dans le traitement des déchets à bord – en particulier les restes alimentaires, les vêtements des personnes secourues et les déchets issus des activités médicales.

MSF va faire appel de la décision auprès des instances de recours italiennes et SOS MEDITERRANEE soutient entièrement cette démarche. En effet, nous réfutons catégoriquement toute accusation de participation à des activités illégales. L’Aquarius a toujours suivi des procédures rigoureuses dans ses activités portuaires, qui n’ont jamais été remises en question en trois ans d’opérations.

Alors que d’autres navires d’ONG ont déjà été saisis, nous dénonçons cette nouvelle offensive dans la série d’attaques qui visent à criminaliser l’aide humanitaire en mer et à bloquer l’Aquarius au port.

Pour l’heure, l’Aquarius n’est pas mis sous séquestre. Étant à quai à Marseille, une telle décision relèverait de la juridiction française. Nous attendons donc des autorités françaises qu’elles fassent preuve de discernement dans la mise en œuvre de cette décision éminemment politique.

Bien que des pressions répétées aient réussi à interrompre temporairement nos opérations en mer, nos équipes travaillent jour après jour à des solutions qui nous permettront de poursuivre notre mission vitale et urgente de sauvetage. Nous demandons aux gouvernements européens de mettre fin à ces attaques et de prendre toutes les mesures nécessaires pour permettre à l’Aquarius de repartir au plus vite en mer. Ne l’oublions pas : au moins 2000 personnes sont mortes noyées cette année en Méditerranée et, en octobre, une personne sur cinq disparaissait ou perdait la vie en tentant la traversée de la Méditerranée centrale, un chiffre jamais atteint selon le HCR.

Portés par votre indéfectible soutien, nous nous engageons à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour continuer à porter assistance aux personnes en détresse en mer, un impératif légal et moral qui doit primer sur toute autre considération.

L’Aquarius est un bateau citoyen. Tant que vous serez à nos côtés, renoncer ne sera jamais une option.

Merci pour votre engagement,

L’équipe de SOS MEDITERRANEE
#SaveAquarius
#SaveRescueAtSea

PS : Si vous ne l’avez pas encore fait, nous vous invitons à signer et à partager la pétition disponible en 9 langues que nous avons lancée pour sauver l’Aquarius et le sauvetage en mer. C’est par ici !

Face à l’inacceptable, agissons pour porter secours et sauver des vies http://www.sosmediterranee.fr/

Construire un mouvement démocratique mondial pour contrer l’autoritarisme

  Appel salutaire de Bernie Sanders

 

  “Construire un mouvement démocratique mondial pour contrer l’autoritarisme”

 Par Yorgos Mitralias

L’appel lancé par Bernie Sanders le 9 octobre en faveur de la construction “d’un mouvement démocratique mondial pour contrer l’autoritarisme” met chacun et chacune de nous devant ses responsabilités: Oui ou non sommes-nous disposés à unir urgemment nos forces pour nous battre contre la peste autoritaire, raciste et d’extrême droite avant qu’il ne soit trop tard?

Évidemment, loin de Bernie Sanders l’idée de lancer un simple appel qui se contente de demi-mots ou de généralités confuses et sans objectifs clairs et précis. Au contraire, son long appel est appuyé sur une description détaillée et très bien argumentée d’abord de la menace mortifère qui pèse sur l’humanité et la planète et ensuite du mouvement mondial qui devra assumer la mission salutaire d’affronter cette menace dans un combat à mort. C’est ainsi qu’après avoir déploré le “trop peu d’attention” portée actuellement sur “une tendance inquiétante dans les affaires mondiales”, il commence par constater qu’on assiste aujourd’hui aux États Unis et au monde entier à “une lutte aux énormes conséquences” entre “deux visions concurrentes. D’un côté, nous voyons un mouvement mondial croissant vers l’autoritarisme, l’oligarchie et la kleptocratie. De l’autre côté, nous voyons un mouvement vers le renforcement de la démocratie, l’égalitarisme et la justice économique, sociale, raciale et environnementale”.

Ayant dessiné les contours du problème, Bernie Sanders peut maintenant balayer l’approche souvent anecdotique du “phénomène” Trump en constatant que “Donald Trump et le mouvement de droite qui le soutient ne sont pas un phénomène unique aux États-Unis. Partout dans le monde, en Europe, en Russie, au Moyen-Orient, en Asie, en Amérique latine et ailleurs, nous voyons des mouvements dirigés par des démagogues qui exploitent les craintes, les préjugés et les plaintes des gens pour conquérir le pouvoir et s’y accrocher”. Et Bernie de nommer les plus illustres de ces dirigeants autoritaires (Trump, Poutine, Erdogan, Duterte aux Philippines, Orban en Hongrie, Kim Jung Un en Corée du Nord, Netanyahu en Israël, Bolsonaro au Brésil) avant de préciser que “bien que les dirigeants qui composent cet axe puissent différer sur certaines questions, ils partagent des attributs essentiels : intolérance des minorités ethniques et religieuses, hostilité aux normes démocratiques, opposition à une presse libre, paranoïa constante à l’égard de complots étrangers et conviction que les chefs du gouvernement devrait pouvoir utiliser leurs postes de pouvoir pour servir leurs propres intérêts financiers égoïstes”. Sans oublier que “plusieurs de ces dirigeants sont également profondément liés à un réseau d’oligarques multimilliardaires qui considèrent le monde comme leur jouet économique”.

Tirant la leçon de cette profonde liaison entre ces dirigeants autoritaires et le réseau d’oligarques milliardaires, Bernie Sanders arrive à la conclusion que “jamais auparavant nous n’avions vu aussi clairement le pouvoir de l’argent sur la politique gouvernementale. Qu’il s’agisse des frères Koch, qui dépensent des centaines de millions de dollars pour démanteler les réglementations environnementales protégeant la santé des Américains, ou des monarchies autoritaires comme l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et le Qatar, qui dépensent à Washington des millions de dollars de leur richesse en énergie fossile pour promouvoir les intérêts de leurs régimes antidémocratiques, ou des entreprises géantes soutenant les groupes de réflexion afin de produire des recommandations politiques qui servent leurs propres intérêts financiers, il s’agit de la même chose : des puissants intérêts particuliers utilisent leur richesse pour influencer le gouvernement pour leurs propres avantages égoïstes”.

Mais, la menace devient encore plus importante du moment que “ces autoritaristes font partie d’un front commun. Ils sont en contact étroit les uns avec les autres, partagent des tactiques et, comme dans le cas des mouvements de droite européens et américains, partagent même certains des bailleurs de fonds. Par exemple, la famille Mercer, qui finance la tristement célèbre Cambridge Analytica Ltd, a également apporté son soutien à Donald Trump et à Breitbart News, qui opère en Europe, aux États-Unis et en Israël pour faire avancer le même programme anti-immigrés et antimusulman. Sheldon Adelson donne généreusement au Parti républicain et aux causes de droite aux États-Unis et en Israël, en promouvant un programme commun d’intolérance et de fanatisme dans les deux pays”. Alors, que faire face à ce « front commun » de l’autoritarisme et du grand capital qui menace directement nos libertés et nos droits démocratiques ?

La réponse de Bernie Sanders est on ne peut plus claire : « Pour lutter efficacement contre l’autoritarisme de droite, nous ne pouvons pas simplement être sur la défensive. Nous devons être proactifs et comprendre que défendre le statu quo qui a échoué au cours des dernières décennies n’est pas suffisant. En fait, nous devons reconnaître que les défis auxquels nous sommes confrontés sont le produit de ce statu quo ». Et Bernie de continuer en expliquant en détail ce qu’est ce « statu quo » contre lequel on doit se battre si on veut que notre combat contre l’autoritarisme ne soit condamné d’avance à l’échec : « Notre travail consiste donc à ne pas accepter le statu quo, ni à accepter des niveaux colossaux de richesse et d’inégalité de revenus, où 1 % les plus riches de la population mondiale possède la moitié de la richesse de la planète, tandis que les 70 % les plus pauvres de la population en âge de travailler ne représentent que 2,7 % de la richesse mondiale. Il ne faut pas accepter le déclin du niveau de vie de nombreux travailleurs dans le monde, ni accepter la réalité de 1,4 milliard de personnes vivant dans l’extrême pauvreté, alors que des millions d’enfants meurent de maladies facilement guérissables ». Et aussi : « Notre travail consiste à mobiliser l’ensemble de la planète pour qu’elle résiste à l’industrie des combustibles fossiles, qui continue à générer des profits énormes, tandis que leurs émissions de carbone détruisent la planète pour nos enfants et nos petits-enfants”.

L’énumération par Bernie des maux que génère ce “statu quo” est longue et instructive. Tout y passe, de la corruption généralisée à la catastrophe climatique, et de la folie des dépenses militaires au sort inhumain réservé aux migrants et réfugiés. Mais, Sanders ne se limite pas à dresser le tableau des méfaits du néolibéralisme. Pour lui, l’important est de résister, de se battre contre chacun de ces maux, d’ouvrir des fronts de lutte, et surtout d’unifier tous ces combats dans un énorme mouvement planétaire! La conclusion de son appel est plus qu’éloquente et nous interpelle tous et toutes de par le monde:

Pour terminer, permettez-moi simplement de dire que pour lutter efficacement contre les forces mondiales de l’oligarchie et de l’autoritarisme, nous avons besoin d’un mouvement international qui se mobilise avec une vision commune de prospérité partagée, de sécurité et de dignité pour tous, et qui s’attaque à l’énorme inégalité mondiale qui existe, non seulement sur le plan de la richesse mais aussi du pouvoir politique.

Un tel mouvement doit être prêt à penser de manière créative et audacieuse le monde que nous aimerions voir. Alors que l’axe autoritaire s’est engagé à démonter l’ordre mondial postérieur à la Seconde Guerre mondiale qu’il considère comme limitant son accès au pouvoir et à la richesse, il ne suffit pas que nous défendions  simplement cet ordre tel qu’il existe.

Nous devons examiner honnêtement comment cet ordre n’a pas tenu bon nombre de ses promesses et comment les autoritaires ont exploité ces échecs avec habileté afin d’obtenir un soutien pour leur programme. Nous devons saisir cette occasion pour reconceptualiser un ordre mondial fondé sur la solidarité humaine, un ordre qui reconnaît que chaque personne sur cette planète partage une humanité commune, que nous voulons tous que nos enfants grandissent en bonne santé, aient une bonne éducation et occupent un emploi décent, boivent de l’eau potable, respirent de l’air pur et vivent en paix. Notre travail consiste à rejoindre ceux qui, partout dans le monde, partagent ces valeurs et luttent pour un monde meilleur.

Les autoritaires cherchent le pouvoir en promouvant la division et la haine. Nous allons promouvoir l’unité et l’inclusion.

À une époque où la richesse et la technologie explosent, nous avons le potentiel de créer une vie décente pour tous. Notre travail consiste à bâtir sur notre humanité commune et à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour nous opposer à toutes les forces, qu’il s’agisse d’un pouvoir gouvernemental irresponsable ou d’un pouvoir entrepreneurial déraisonnable, qui tentent de nous diviser et de nous opposer. Nous savons que ces forces travaillent ensemble à travers les frontières. Nous devons faire la même chose”.

Naturellement, on peut ne pas être d’accord avec tout ce que professe et propose Bernie Sanders. Mais, force est de reconnaitre que cet appel vient du politicien le plus populaire des États Unis, qui fait ce qu’il dit et dont l’honnêteté -chose très rare par les temps qui courent- est généralement reconnue et appréciée. Que son appel va droit au cœur de l’ensemble des impasses et des malheurs de ce début du 21e siècle, sans oublier les plus terribles des problèmes existentiels qui tourmentent l’humanité. Qu’il se distingue par son réalisme, qu’il refuse tout fatalisme et passe à l’acte en faisant des propositions concrètes intéressant l’écrasante majorité des populations sans rien perdre de sa radicalité. Qu’il arrive au moment peut être le plus critique des temps modernes quand l’avenir du genre humain et de la planète tient à un fil. Et enfin, qu’on pas le choix car il n’y a personne d’autre qui ose adresser à l’humanité et aux exploités une proposition d’action digne de son nom, capable de (ré)donner confiance, espoir et surtout envie de lutter aux laissés-pour-compte de la barbarie néolibérale.

Alors, à chacun et à chacune de décider quelle suite donner à l’appel de Bernie Sanders. L’extrême urgence de la situation actuelle et ses terribles enjeux feront sans doute réfléchir…

* Pour lire le texte complet (en anglais) et visionner la vidéo de l’appel de Bernie Sanders, cliquez sur: https://www.contra-xreos.gr/ksenoglossa-arthra/1337-bernie-sanders-building-a-global-democratic-movement-to-counter-authoritarianism.html

Appel pour que cessent les violations des droits des personnes exilées

Action collective Frontière franco-Italienne
À Briançon, les violations systématiques des droits des personnes exilées doivent cesser

Les 12 et 13 octobre 2018, nos organisations se sont mobilisées à la frontière franco-italienne, vers Briançon, afin de témoigner des pratiques illégales et des violences commises contre les personnes exilées. Ce que les observateurs ont constaté confirme les alertes émises par les associations locales depuis plusieurs mois :

  • refoulements de personnes exilées dont des mineurs ;
  • contrôles discriminatoires ;
  • courses-poursuites dans la montagne ;
  • propos menaçants et insultants ;
  • entraves à l’enregistrement des demandes d’asile ;
  • absence d’interprètes, etc.

« La liste des pratiques illégales est longue, et nous joignons nos voix à celles des ONG locales afin que le gouvernement français ne fasse plus la sourde oreille et que cessent ces pratiques illégales et dégradantes », a déclaré Agnès Lerolle [1], chargée de coordination des acteurs à la frontière franco-italienne. 

Lors de l’observation continue à la frontière qui s’est déroulée les 12 et 13 octobre 2018, 60 personnes se sont mobilisées dont six avocats du barreau de Gap et trois avocats italiens. De multiples violations des droits ont été constatées :

  • refoulements de 26 personnes depuis le poste de la police aux frontières de Montgenèvre vers Clavière, premier village italien, sans examen individuel de leur situation ni possibilité de demander l’asile ;
  • non-prise en compte de la minorité de 8 personnes, qui se sont pourtant déclarées mineures auprès des forces de l’ordre.

Les avocats français et les avocats italiens qui se sont relayés sur le terrain pendant les deux jours afin de permettre aux personnes refoulées de faire valoir leurs droits, ont pu déposer 11 « référés-libertés » devant le tribunal administratif de Marseille, dont huit pour des mineurs isolés refoulés. 

Aucune protection n’est possible à la frontière, malgré le passage périlleux tenté par les personnes migrantes dans le froid, sans nourriture et sans eau.

Moussa*, originaire de Côte d’Ivoire, refoulé vendredi 12 octobre vers l’Italie, a raconté son interpellation : poursuivi dans un sentier par les gendarmes qui lui ont dit « arrête-toi, on va tirer », il a alors paniqué et glissé, son genou a claqué. Au poste de police, il a demandé à voir un médecin, ce qui lui a été refusé. Il a ensuite été refoulé vers l’Italie et ce n’est qu’à ce moment-là qu’il a pu rencontrer un médecin bénévole qui a pu le soigner.

Les observateurs ont pu collecter de nombreux témoignages d’incompréhension, de violation des droits et d’absence de prise en charge des personnes vulnérables, ainsi que des menaces proférées par les policiers.

Mineur isolé originaire également de Côte d’Ivoire, Ibrahim* a été interpellé par des gendarmes le samedi 13 octobre, dans les sentiers de montagne. Après son refoulement, il a raconté aux militants les propos des gendarmes : « Vous n’êtes pas Français, vous ne pouvez pas vivre en France sans être Français et vous n’êtes pas près de devenir Français ». Emmené au poste de police, il a déclaré sa minorité mais les policiers lui ont alors répondu « La plupart des personnes mentent sur leur date de naissance, pourquoi je te croirais ? ». Ibrahim a ensuite été reconduit en Italie, sans accès à la protection à laquelle il a droit.

Ces témoignages confortent ceux recueillis depuis plusieurs mois par les acteurs locaux qui soutiennent au quotidien les personnes refoulées à la frontière.

Simon* a ainsi témoigné aux militants, fin avril 2018 : « J’ai dit que j’étais mineur, ils ont éclaté de rire (…). J’ai présenté mes papiers guinéens et un homme [un policier] (…) a dit que ces papiers étaient des faux, il les a déchirés. »

Bakary* a également témoigné des propos des policiers lors de son arrestation, toujours en juin 2018 : « La prochaine fois que vous essayez de traverser, on vous renvoie direct en Libye. »

Ces pratiques illégales et ces comportements sont inacceptables dans un État de droit. L’inhumanité et l’hypocrisie de ces atteintes sont intolérables. Comme lors de nos dernières observations en juin 2018 du côté de Menton, nous réitérons notre demande au gouvernement français de cesser ces violations de toute urgence et de protéger ces personnes tel que l’exige le droit.

Mardi 16 octobre 2018

* Les prénoms ont été changés afin de respecter l’anonymat des témoins. 

Associations signataires :

  • Amnesty International France
  • Anafé
  • Chemins pluriels
  • Emmaüs France
  • Gisti
  • Icare 05
  • La Cimade
  • Médecins du Monde
  • Médecins sans frontières
  • Refuges Solidaires
  • Secours Catholique Caritas France
  • Tous Migrants

 

[1] Agnès Lerolle coordonne un an les actions des associations nationales (CAFFIM) et locales engagées auprès des personnes migrantes à la frontière franco-italienne.

Mise en examen d’un chef de parti en Grèce

La mise en examen de Panayiotis Lafazanis est une sinistre première pour la 2e république hellénique, du jamais vu depuis la dictature des colonels 

Un long réquisitoire à charge invoquant une bonne partie du Code Pénal grec.

Le secrétaire d’Unité Populaire (LaE) a déclaré: « L’intimidation et les poursuites vindicatives qui ciblent ma personne ne passeront pas comme ça! »

« C’est avec un sentiment de dégoût et de honte pour la déchéance de mon pays, que j’ai aujourd’hui réceptionné la convocation de déférer devant  la Direction de la Sécurité de la région d’Attique, plus précisément, prenez bien note, devant le « Département de la protection de l’État et du régime Républicain », dans le cadre d’une enquête préliminaire ordonnée par le Procureur Général d’Athènes.

Cette convocation, en vue d’une mise en examen, concerne des accusations relatives à une bonne partie du Code Pénal grec, encore même à la législation qui concerne le port et usage d’arme et les pétards et feux d’artifice. Il s’agit en réalité de la criminalisation de mon action contre les ventes aux enchères, action pour la défense des résidences principales et des biens des foyers populaires.

Force est de constater qu’aujourd’hui en Grèce nous sommes face à un gouvernement qui brade le pays tout entier, au point de légiférer un transfert de propriété de sites archéologiques et monuments historiques au Fonds des biens publics à privatiser, organisme sous administration étrangère.

Nous sommes face à un gouvernement d’exécutants, incarnant la subordination totale et la colonisation du pays, un gouvernement devenu un pion entre les mains de centres impérialistes sans scrupules.

Un gouvernement qui, en substance, abolit la Démocratie et gouverne en s’appuyant sur les forces de police anti-émeute et l’usage des gaz chimiques contre les manifestants.

C’est bien le gouvernement de la paupérisation généralisée, s’appuyant essentiellement sur le consensus des partis politiques de l’establishment oligarchique, qui semble avoir désormais fait le choix d’inaugurer une nouvelle ère de répression politique sans nuances ni prétextes, répression vindicative en ce qui concerne ma personne, afin de faire céder la résistance, le moral et la dynamique ascendante de ces mouvements et forces politiques qui ne se soumettent pas, ne baissent pas la tête, ne se laissent pas abattre, ne se découragent pas et ne désarment pas suite à la désillusion, mais qui au contraire, continuent à brandir les drapeaux de la Gauche, celle que le gouvernement a trahie mais qui reste cependant toujours vivante en animant le grand projet toujours d’actualité d’une société d’humanité et de liberté.

C’est bien la première fois que je subis des poursuites judiciaires depuis l’époque de répression politique subie de la part de la junte militaire du colonel Papadopoulos, puis du général de brigade Ioannidis. Ce n’est pas pour moi une tragédie, mais c’en est une pour mon pays, car je suis le premier responsable de parti politique démocratique de la période post-dictature, qui est convoqué pour répondre à des accusations clairement politiques mettant en jeu une bonne partie du Code Pénal grec. Elles m’ont été adressées, et j’y trouve de l’ironie, par le dit « Département de la Défense de la Sécurité de l’État et de Protection du Régime Républicain ».

Il est bien connu que de telles pratiques sont aujourd’hui appliquées en Turquie voisine. Je les combats personnellement lorsqu’elles ont lieu là-bas, non seulement en les dénonçant depuis Athènes mais en me rendant encore sur place, à Ankara et à Istanbul.

Le gouvernement, et l’ensemble de l’establishment qui soutiennent la politique des mémorandums, ne sont pas seulement dérangés par ma position politique et la lutte d’Unité Populaire pour la défense des résidences principales contre des mises aux enchères injustes, arbitraires et non démocratiques. Ils ne sont pas dérangés seulement par nos luttes contre les débranchements des compteurs d’électricité des foyers modestes prévus de s’intensifier dans les mois à venir, au point d’en devenir un cauchemar pour la société.

Ils ne sont pas même dérangés seulement par notre résistance politique et sociale en faveur de salaires et retraites décents, des conquis salariaux et des droits sociaux.

Le gouvernement et tout l’establishment qui imposent les mémorandums ou qui en profitent, sont essentiellement dérangés par la dynamique ascendante d’Unité Populaire, qu’ils tentent vainement de dissimuler par leurs faux sondages,  dérangés par le fait que cette dynamique pourrait modifier la carte politique dans un futur proche, et envoyer aux poubelles toute cette partie de la Grèce qui porte la décadence, la corruption, l’escroquerie politique, la collusion d’intérêts, l’appropriation frauduleuse des biens d’autrui et la servitude volontaire aux puissances étrangères.

La répression exercée envers ma personne n’a pas le but de m’intimider. Mes anciens camarades, haineux et vindicatifs, de la direction de SYRIZA et du gouvernement, me connaissent assez pour savoir que cela ne passera pas comme ça.

La persécution envers ma personne ainsi qu’envers les trois militants qui comparaissent mardi (09/10) au Palais de Justice d’Athènes suite à leur résistance aux enchères, les 20 militants réprimés pour la même raison à Volos, les 15 poursuivis à Nafplio, les 2 de Thessalonique , a pour but de réprimer tout un mouvement,  qui s’étend et marque bien l’étape traversée aujourd’hui par la Grèce, un mouvement qui effraie et menace certains, qui est efficace et enregistre des victoires.

Nous assurons les faussaires politiques, les vindicatifs haineux et les fous du pouvoir, qui aspirent à rivaliser dans les persécutions les pires moments d’intolérance qu’a connus notre pays au cours de la période après la guerre civile, qu’ils n’arriveront à intimider personne et que leurs sinistres desseins anti-démocratiques tomberont à l’eau.

Les jours de leur pouvoir non démocratique sont comptés, car la Grèce fera l’expérience d’un nouveau printemps et d’un nouvel espoir, en laminant les forces destructives qui portent aujourd’hui les mémorandums et l’austérité.»

Déclaration de Maître Sarantos Theodoropoulos conseil juridique de Panayiotis Lafazanis

Avec une profonde tristesse et un étonnement sincère, j’ai pris connaissance de la situation tragi-comique, de la convocation devant la Sécurité de l’État d’un dirigeant politique pour y répondre de ses activités politiques, situation jamais vue depuis l’époque du ministère aux Affaires Intérieures grecques du général de brigade des blindés Stylianos Pattakos.

Par des manipulations, que même le régime Erdogan aurait enviées, l’opposition aux mises aux enchères est présentée pour rébellion, trouble de l’ordre public et de la paix domestique, dégradations simples ou aggravées des biens d’autrui, insulte, violence physique simples ou potentiellement dangereuse, notamment contre des agents de police. L’esprit retors de ceux qui ont forgé le réquisitoire insensé n’a pas omis d’y rajouter des infractions à la loi sur les armes et munitions et encore à la loi sur les pétards et feux d’artifice.

Heureusement les 7 mars, 21 mars et 28 mars 2018, les caméras des journalistes ont immortalisé l’orgie de répression asphyxiante exercée contre le mouvement populaire, et l’opinion publique a son propre avis sur les accusations abusives contre Panayiotis Lafazanis, uniquement motivées par le désir de vengeance de certains face à la cohérence de son parcours politique.

Je tiens à rappeler la seule convocation pénale d’un ridicule comparable à celle-ci, conservée dans ma mémoire, une convocation de police, adressée au syndicaliste Diamantis Mavridoglou pour avoir lâché en famille un cerf-volant le mardi gras, selon la coutume, en contre-bas d’une montagne dans la région d’Attique, en 1960.

Je soutiendrai de toutes mes forces Panayiotis Lafazanis dans ses luttes. Dans notre pays, les jours du général de brigade Pattakos sont définitivement du passé et les jours d’Erdogan ne doivent jamais advenir.

LE DOCUMENT D’ACCUSATION ADRESSÉ À PANAYIOTIS LAFAZANIS

Toutes les charges contre Panayiotis Lafazanis et les peines encourues

Nous énumérons ci-dessous les charges portées contre Panayiotis Lafazanis, et les seize (16) articles du Code Pénal qui  auraient été enfreints selon le réquisitoire d’accusation, lui faisant encourir, par cumul des peines, neuf ans d’emprisonnement !

  • Rébellion à l’autorité (article 167 du Code Pénal grec, un an d’emprisonnement)
  • Violences simples (article 308 du CP grec, peine de 6 mois de prison ou amende de 3 000 €)
  • Violences pouvant entrainer des lésions dangereuses  (article 309 du CP grec, 3 mois d’emprisonnement)
  • Violences contre agents de police (article 315- A du CP grec, circonstance aggravante)
  • Trouble de la paix domestique (article 334-3 du CP grec, 6 mois d’emprisonnement)
  • Dégradations simples des biens d’autrui (peine d’emprisonnement maximale de 2 ans)
  • Dégradations graves (article 382 CP, 6 mois d’emprisonnement minimal)
  • Insulte (article 361 du CP grec, jusqu’à un an d’emprisonnement)
  • Menaces (article 333 CP, jusqu’à un an d’emprisonnement)
  • Récidive d’un crime ou délit (article 98 CP)
  • Sur le cumul des peines (article 94 CP)
  • Complicité à un crime ou délit (article 45 CP)
  • Trouble de l’ordre public (article 189 CP, jusqu’à un an d’emprisonnement)
  • Tentative de commettre un crime ou délit (article 42 CP)
  • Infraction à la  loi 2168/93 sur les armes et munitions (de 6 mois à 5 ans d’emprisonnement)
  • Infraction à la  loi  456/76  sur les pétards et feux d’artifice (de 6 mois à 2 ans d’emprisonnement)

Source : Iskra.gr

Traduction E. Kosadinos

A la mémoire de Zak Kostopoulos

Comme une prière : à la mémoire de Zak Kostopoulos par

Zac Zackie est mort assassiné le 21 Septembre à Athènes.

Au début, le jeune homme sur les images n’a pas de nom. Nous le regardons mourir avant de savoir qui il est. C’est n’importe qui. Ce n’est personne. La scène a été capturée par une caméra ou un portable en surplomb, à quelques mètres de la scène, et les images sont de mauvaise qualité.

Puis, au bout de quelques heures, la silhouette que deux hommes frappent en plein jour dans le centre d’Athènes acquiert un nom.

Nous recevons la nouvelle en plein cœur : le jeune homme à terre n’est autre que Zak, collègue, ami d’enfance ou simple voisin, amant ou être cher, performer et reine des drag shows athéniens sous le nom de Zackie Oh !, militant des droits de la communauté LGBTQI et séropositif — un des seuls à parler publiquement, en Grèce, de son statut sérologique.

Les images de l’assassinat deviennent rétrospectivement intolérables, comme si on ne réalisait qu’alors que quelqu’un est mort pour de vrai.

Vendredi 21 septembre, je lis en fin d’après-midi sur mon fil d’actualité qu’un braqueur a été passé à tabac dans le quartier d’Omónoia par le propriétaire d’une bijouterie. Je ne me rappelle plus ce que j’ai à faire à ce moment précis mais je rabats l’écran. Je finis par regarder la vidéo dans la nuit — les images sont floues, on ne peut pas reconnaître le visage. Le titre de l’article qui accompagne le film mentionne invariablement, quel que soit le média, la tentative de vol à main armée qui aurait précédé la scène.

Un jeune homme assez grand titube derrière la vitrine d’une joaillerie et peine à soulever l’extincteur avec lequel il a visiblement l’intention de fracasser la porte vitrée pour sortir. Il est bizarrement seul à l’intérieur du magasin. Il tangue comme un ours pris au piège dans une cage de verre. L’extincteur qu’il balance à bout de bras donne l’impression de l’attirer vers le sol. De l’extérieur, deux types déchaînés et visiblement plus âgés, dont l’un en chemise rose, l’apostrophent et balancent dans sa direction des projectiles au travers des vitres. On entend faiblement des cris et les réactions horrifiées d’une femme. On apprendra que les projectiles sont des pierres et un cendrier, que l’homme en rose est le propriétaire du lieu, que le deuxième est un agent immobilier qui fait partie des cadres d’une formation d’extrême-droite, le Front Patriotique.

À l’intérieur du magasin, le jeune homme finit par lâcher l’extincteur après avoir été atteint par un objet ou une pierre, se couche et s’engage en rampant à l’intérieur de la vitrine, sous le présentoir, comme s’il tentait de s’extraire d’un cauchemar ou de se blottir dans un endroit plus sûr. Les deux hommes fracassent la vitrine à coups de pied et l’atteignent à la tête. Le jeune homme se traîne sur les éclats de verre jusqu’au trottoir. On distingue de dos les silhouettes de badauds qui assistent à la scène. Un homme en chemisette jaune, à l’arrière-plan, discute au téléphone. Deux hommes s’interposent après que le bijoutier ait shooté comme dans un ballon dans la tête du jeune homme. La vidéo s’arrête là.

Vers 18 heures, samedi, un ami poste la photo de Zak accompagnée de l’acronyme employé par la plupart des utilisateurs de Facebook pour saluer la mort d’une célébrité, R.I.P. Je ne parviens pas tout de suite à faire le lien, à comprendre que Zak et le jeune homme tué rue Gládstonos sont une seule et même personne.

Sur la deuxième vidéo, prise depuis un balcon ou une fenêtre, Zak se relève quelques minutes après avoir subi l’attaque. Il a le crâne bandé et semble avoir du mal à s’orienter. Il reçoit un coup de pied au bas du dos, s’éloigne en titubant, un morceau de verre à la main, trébuche contre les tables d’un café, s’affale de tout son long avant que les agents se précipitent sur lui. La troisième vidéo, publiée quelques jours plus tard, est plus insupportable encore car elle montre Zak en train de mourir, couché face contre le trottoir, en sang. Son visage est bleu, huit policiers s’acharnent sur son corps inerte, lui passent des menottes dans le dos — il est probable que ce sont les gestes qu’ils font pour lui lier les mains qui provoquent ou précipitent à cet instant sa mort par étouffement.

Les témoignages recueillis rapportent que l’ambulance emporte son corps sans enclencher de sirène, qu’il est donc sans doute déjà mort lorsque le véhicule démarre. Il est mort dans tous les cas à son arrivée à l’hôpital, et toujours menotté. Les infirmiers présents sur place le prennent, diront-ils, « pour un Africain » à cause de la teinte de sa peau. La vidéo est insupportable parce qu’on y reconnaît parfaitement son visage et que ceux qui s’acharnent sur lui sont ceux qui auraient dû lui porter secours.

On ignore encore qu’il est entré dans la bijouterie pour y trouver refuge. On a tendance à croire l’hypothèse du larcin, beaucoup moins celle du braquage, non seulement parce qu’aucune arme n’apparaît dans ses mains — sauf à considérer comme une arme le bout de verre qu’il saisit au tout dernier moment dans une tentative désespérée de fuite —, mais parce qu’il avait toute forme de violence en horreur. Vol ou pas, les images sont celles d’un homme en situation de très grande faiblesse et il n’est pas possible d’attendre qu’il soit lavé de tous soupçons pour dire que sa mort est infâme.

Aucune des vidéos publiées ne permet d’estimer le nombre de badauds qui assistent au lynchage mais les témoignages qui commencent à paraître parlent d’une foule de plus de cinquante personnes, certaines filmant la scène sur leurs portables.

Dans les minutes puis les heures qui suivent, les policiers, au lieu d’isoler les lieux, laissent le propriétaire y faire le ménage. Le bijoutier est photographié face à la vitrine éclairée, balayant les éclats comme un travailleur consciencieux à la fin de sa journée de travail. Il paraît étrangement calme et n’a pas changé de vêtements. Il porte toujours la même chemise rose. Après le départ de l’ambulance, il a donné une interview à une chaîne de télévision privée dans laquelle il explique avoir agi sous le coup de l’exaspération, pour défendre son bien. Sa version est relayée par la quasi-totalité des médias. Une présentatrice en vue invitera bientôt les téléspectateurs à dire s’ils comprennent « la réaction du bijoutier » face à « un homme armé d’un couteau ». Une chaîne liée à une personnalité d’extrême-droite leur soumet la question suivante : « Êtes-vous favorables à ce qu’un braqueur homosexuel et séropositif soit considéré comme un héros ? » Un troisième « sondage » entend établir dans quelle proportion les Grecs considèrent les étrangers et les homosexuels comme des « voisins indésirables ». Selon un mécanisme bien rôdé, la victime se retrouve immédiatement sur le banc des accusés. Un ou deux jours plus tard, l’homme en rose revient sur ses premières déclarations, reconnaît qu’aucune attaque à main armée n’a eu lieu, mais le mensonge initial a produit son effet : plus de dix jours après les faits, beaucoup continuent de croire que le propriétaire a agi en état de légitime défense, s’est fait « justice tout seul » et a voulu « protéger son affaire » — la société grecque est en grande part constituée de petits propriétaires.

La « négligence » policière trouve une explication assez simple : les toxicos ou les immigrés passés à tabac et évacués par les premiers secours à la suite de ce type de violences sont en général des anonymes ; personne ou presque ne s’enquiert d’eux, ne cherche à avoir de leurs nouvelles ou ne vient réclamer leur corps. Le représentant de l’Union des employés de police a raison : les policiers ont agi comme ils le font toujours face aux plus vulnérables — sans se douter que la victime avait cette fois des centaines d’ami.e.s et des milliers de followers.

Le rapport d’autopsie affirme que le corps de Zak ne porte aucune lésion susceptible d’avoir entraîné sa mort, que les causes de son décès sont à première vue « indéfinissables » ou « indiscernables », « αδιευκρίνιστα ». L’adjectif suscite la stupeur. On apprend qu’il faudra attendre les résultats des analyses histologiques et toxicologiques, qui ne seront rendus publics que dans un mois, mais aussi que deux des médecins légistes ont eu dans un passé récent partie liée avec la formation néo-nazie Aube Dorée. Face à l’incrédulité, l’un d’eux s’efforce de minorer les conclusions du rapport.

Plusieurs professionnels de santé dénoncent le silence du Service d’aide médicale d’urgence, remettent en cause le comportement des brancardiers arrivés sur les lieux avant la mort de Zak et qui ont accepté de transporter son corps menotté. Le syndicat des médecins hospitaliers parle d’outrage au mort. L’attitude des huit policiers est en revanche défendue par leur représentant syndical (« telles sont nos pratiques, que ça vous plaise ou non »), qui profite d’une intervention télévisée pour envoyer un message de défi à peine voilé au gouvernement grec. Son attitude et sa rhétorique remettent immanquablement au goût du jour le vieux terme de « παρακράτος » qui désigne les forces d’extrême-droite agissant au cœur de l’État, de la police et de la Justice : « État profond », « État dans l’État », « forces paraétatiques ». Ce responsable instrumentalise de surcroît la « peur du sida » en suggérant que les policiers auraient autant que possible évité de toucher Zak, l’auraient déplacé du pied pour éviter d’être contaminés et de contaminer par la suite « leurs enfants ».

La version initialement défendue par la presse évoque un mur rongé d’humidité, un papier peint qui ne tient pas et dont les bandes se détachent et tombent au sol les unes après les autres.

De plus en plus de témoignages, à rebours de la thèse du hold-up, du larcin, du « coup de folie » ou de l’agressivité dont Zak aurait fait preuve, évoquent une altercation ou une attaque ayant eu lieu avant. Une employée travaillant pour la boulangerie-café située à l’angle de la rue rapporte que Zak était quelques minutes plus tôt en état de panique, qu’il criait, que deux ou trois personnes l’entouraient, s’efforçant peut-être de le rassurer, que l’une d’entre elles serait entrée dans son établissement pour lui rapporter une bouteille d’eau — lorsqu’elle est ressortie, Zak était déjà piégé à l’intérieur de la bijouterie. Avec qui parlait-il ? Pourquoi celui qui s’est proposé de lui porter de l’eau a-t-il disparu ? Les fils de discussion prennent parfois la tournure d’une enquête à plusieurs comme si, face à l’incurie policière, la recherche de la vérité avait été prise en mains par les médias sociaux. C. note qu’une des choses les plus insupportables est de penser qu’on ne saura peut-être jamais.

E., qui défend les droits de personnes incarcérées, repasse les vidéos en boucle et finit par remarquer un détail qu’elle isole sur une capture d’écran : l’intérieur de la porte vitrée comportait déjà des traces de sang avant la ruée du bijoutier et de l’agent immobilier ; Zak saignait peut-être déjà lorsqu’il est entré dans la boutique.

Après l’avoir frappé, l’agent immobilier quitte les lieux et prend le temps d’écrire un tweet dans lequel il affirme que Zak se serait suicidé avec le morceau de verre qu’il tenait à la main.

Une foule de questions nous obsèdent. Pourquoi Zak s’est-il réfugié dans cette bijouterie ? Était-il poursuivi ? Un épisode de bullying a-t-il précédé le passage à tabac ? Pourquoi la vitrine de la bijouterie était-elle faite de vitres normales et pas, comme la plupart des boutiques de ce genre, de doubles vitraux incassables ? Est-il vrai que la boutique ne disposait, comme le prétend son propriétaire, d’aucune caméra de sécurité et que les bijouteries de ce quartier sont des lieux de fourgue où les toxicomanes viennent régulièrement déposer des objets volés contre une somme dérisoire ? Pourquoi les nombreux témoins se taisent-ils ? Pourquoi le gouvernement et l’autorité de tutelle des policiers, le « ministère de la protection du citoyen », demeurent-ils silencieux ?

La deuxième vidéo permet de distinguer le couteau que tient derrière lui, à main nue, un des flics qui entourent son corps comme s’il s’apprêtait à le disposer sur la scène du crime. On sait aujourd’hui que ce couteau ne porte pas les empreintes digitales de Zak. La plupart des pièces qui devraient figurer au dossier sont manquantes, aucune photographie des lieux n’a été prise et aucun prélèvement n’y a été effectué après les faits, les services de police refusent ostensiblement d’exécuter les ordres du juge d’instruction, les vidéos de sécurité des boutiques alentour n’ont pas encore été saisies. On se demande si l’intention du policier n’était pas de déposer le couteau dans la flaque de sang qui couvrait cette partie de l’asphalte de façon que l’arme comporte un échantillon d’ADN facilement identifiable.

Quelques jours après l’enterrement, la famille de Zak, ses parents, son frère, plusieurs de ses ami.e.s lancent dans la presse des appels à témoins.

Au moment où j’écris ces lignes (4 octobre), une nouvelle vidéo prise depuis la boulangerie faisant face à la bijouterie montre Zak, quelques minutes avant sa mort, faisant irruption sur le trottoir de la rue Gládstonos et demandant de l’aide à des passants. Il s’apprête à entrer dans la boulangerie mais un homme en chemisette jaune lui barre le passage ; Zak se détourne et se dirige vers la bijouterie. Depuis la fenêtre d’un bureau, une femme l’a aperçu, quelques secondes plus tôt, criant « à l’aide » à l’angle de la rue Patissíon, s’approcher de deux jeunes femmes pour leur demander secours puis s’engouffrer, après le départ précipité de celles-ci, dans la rue où il sera tué quelques instants plus tard.

Zak est aussi Zackie, ou Zackie Oh !, et a un drag show hebdomadaire dans une petite boîte athénienne.

Zak porte aussi un nom de femme, connaît sa peur et redoute plus que tout ceux qui ne la connaissent pas.

Zak est un activiste qui défend les droits des séropositifs et de la communauté LGBTQI. Sur les médias sociaux ou dans la revue Antivirus, des centaines de jeunes lisent ses textes, toujours drôles, dans lesquels il a l’habitude de se moquer de lui-même.

Zak est un artiste queer qui a joué au KET, notre espace, et que je croise parfois rue Kýprou, car nous habitons le même quartier. Un jeune homme aux yeux lumineux, aux cheveux courts et bouclés et aux longs cils qui promène son chien le jour où je le présente à ma fille de cinq ans — Elèni lève les yeux vers lui puis regarde le chien et sourit. Je l’aperçois, un autre jour, qui descend la rue en dansant, des écouteurs sur les oreilles, lui fais signe ; sans m’entendre, il continue à descendre la rue d’un pas léger, les paupières baissées, en dansant pour lui seul.

Une amie se souvient de la mobilisation qui a permis de retrouver son chien, Snoopys, une boule de poils blancs, il y a quelques mois. Après l’assassinat, Snoopys est confié à son frère, qui possède lui aussi un chien. Snoopys reprend peu à peu du poil de la bête — les premiers jours, écrit M., il ne mangeait pas et paraissait totalement perdu.

Dans un reportage récent, on voit Zak traverser notre quartier, qui compte sans doute le plus grand nombre d’immigrés d’Athènes, et confier qu’il n’a jamais été agressé par des étrangers, « toujours par des Grecs », mais qu’il s’en est heureusement toujours tiré à bon compte — « parce que je cours vite », dit-il en souriant après un silence, « et parce que je peux pousser des cris très stridents quand j’ai peur. »

Il y a de la gourmandise dans son sourire et de la peur dans ses yeux — une trace instinctive de la peur qui lui reste des innombrables fois où il s’est fait moquer, houspiller, menacer, insulter dans la rue — la peur que cela dérape, que les choses aillent brusquement trop loin.

Il sait parfaitement où il est, dans quel monde et quelle société il vit, les réactions que peut entraîner la simple présence d’un garçon manifestement gay et, bien pire, d’un homme perruqué et habillé en femme, même de la part de très jeunes : lors d’une interview qui est réalisée sur la promenade de Phokíonos, il est interrompu par une bande de gamins qui l’apostrophent et finissent par exiger de lui qu’il leur dise s’il est un homme ou une femme. La caméra filme ses yeux. Pendant que les garçons le houspillent, Zak reste silencieux et allume une cigarette. La lassitude et la douleur affleurent, même — surtout — face à des gamins. Une petite fille prend son parti, se détache du groupe de garçons qui s’éloignent et entame la conversation. Zak retrouve peu à peu son calme et recommence à respirer en discutant avec la petite fille.

Dans un autre reportage, on le voit passer progressivement de Zak à Zackie, se maquiller devant la glace, mettre sa perruque — celle qu’il portait lors du show qu’il a donné dans notre espace avec d’autres drag-queens lors du festival « Sound Acts » que nous avons accueilli en 2016.

Pendant la marche de mercredi dernier, D. brandit une de ses chaussures argentées comme un drapeau de ralliement. Nous marchons tou.te.s derrière la chaussure de Zackie Oh !, qui me fait penser au soulier perdu de Cendrillon.

Cendrillon et les vampires.

Sur une photo publiée sur Facebook, les chaussures de Zak (des baskets noires et blanches) et les chaussures de Zackie (des escarpins à talons hauts, argentés) sont délacées et déposées à l’entrée de son appartement de part et d’autre de la même chaise, en vis-à-vis, séparées par un vide, comme si elles discutaient de son absence.

Au moment où les brancardiers ont emporté son corps, une de ces baskets noires est restée au sol à côté de la flaque de sang. Quelques jours plus tard, on ne sait toujours pas pourquoi un des policiers la lui a ôté.

« Pas comme ça, pas maintenant » : les derniers mots de Ce que j’appelle oubli, que nous avions présenté il y a trois ans dans notre espace, en grec, me reviennent en mémoire, ces jours où nous découvrons ce qui s’est passé, strate par strate, une couche d’horreur après l’autre : « όχι έτσι, όχι τώρα ».

A. raconte à F. que lors de l’enterrement, qui a eu lieu à Itèa, les ami.e.s de la victime étaient en drag dans l’église de province où la cérémonie s’est tenue. Il raconte les paillettes dorées projetées dans l’air au-dessus du cercueil, le strass brillant sur les visages des grands-mères, les regards gênés.

C. dit : nous étions nous aussi, autrement, sa famille.

K. s’étonne de la naïveté de ceux et celles qui s’attendaient à ce que la famille respecte son athéisme, son refus des usages orthodoxes — la famille a toujours en Grèce le dernier mot et l’Église parvient presque toujours à récupérer les corps. J. fait ressurgir un texte dans lequel Zak évoque l’enterrement religieux d’un ami, qui aurait voulu être incinéré et n’aurait jamais accepté d’être enterré par les popes. F. est certain que Zak aurait aimé porter pour l’occasion une robe de mariée. L’image des drag-queens entonnant Madonna sous la nef et saupoudrant le cercueil de paillettes nous console. La communauté queer cherche et trouve sa façon à elle de lui faire ses adieux.

Les gens s’enlacent en se retrouvant devant le bâtiment 9 du tribunal d’Athènes ou sur la place Omónoia, avant le départ de la marche. Le long de l’avenue Stadíou, plusieurs avancent en silence, en pleurant ou en se tenant enlacés — un genre de procession funéraire et politique, entre rires et larmes.

Sur le sol de la rue Gládstonos, près d’une bouche à égout, des bougies allumées et des fleurs marquent l’endroit où il s’est effondré après qu’un membre des services d’urgence lui ait bandé la tête, qu’il se soit relevé et ait fait quelques pas en titubant avant de s’étaler
contre les tables. (Hier, lors de la marche du 2 octobre, ces tables de plastique blanc étaient toujours là, les cafés ouverts.)

Sur le rideau de la bijouterie à présent abaissé, T. L. a scotché un texte à sa mémoire : « Ils ont peur de nous et nous tuent / peur du ciel que nous regardons / peur du muret / où nous nous appuyons / peur des paroles que nous prononçons / tous les deux, à voix basse, / peur des paroles que nous prononcerons demain tou.te.s ensemble / peur de nous, Zak, mon amour ; / et s’ils nous tuent / ils nous craignent encore plus / morts. » Odyssèas publie un poème écrit pour lui un an auparavant : « Je suis tout ce que vous redoutez / tout ce que vous combattez / (…) tout ce dont vous avez peur / de tomber amoureux. »

Le sens premier des initiales R.I.P., Rest In Peace, se modifie. Dans son texte sur l’enterrement, F. dit : Rest In Power. L. emploie l’expression Rest In Pride. C’est peut-être l’expression qui lui va le mieux. Le mot power résonne à propos de lui comme dans ce passage d’Une Saison en Enfer  : « Faiblesse ou force : te voilà, c’est la force. » La force de Zak vient de sa fragilité, une fragilité qu’il assume si fort qu’elle est perçue comme une menace par ces « gens normaux » dont la normalité apparaît maintenant sous un jour monstrueux. Il est fort, il est faible, il est lui-même, multiple, il ne fait pas semblant.

Les journalistes l’appellent à présent « la victime ». Dèspina se souvient de lui embrassant un garçon lors d’un happening en faveur de la reconnaissance des couples homosexuels ; sur la photographie, Zak enlace son partenaire d’une main et tient de l’autre l’extrémité d’une pancarte sur laquelle est écrit : « La provocation c’est l’homophobie, pas les baisers. » À la droite de l’image, un couple de jeunes femmes s’embrasse en prenant la même pose, forcément théâtrale, tout en tenant l’autre extrémité du panneau. « Faisons attention les unes aux autres », dit H. À table, ma fille me jette un regard en coin mais semble se retenir de me demander pourquoi j’ai soudain les larmes aux yeux. Je me plonge dans la lecture des posts, sur Twitter ou Facebook. J’ai le sentiment que nous sommes revenus au tout début du cycle, à cette année 2008 marquée par des incendies criminels puis par l’assassinat d’A., jeune anarchiste de 15 ans, que les épisodes de violence nue qui ont marqué le début de la crise recommencent, mais la répétition du même a quelque chose de plus tragique, de plus désespéré qu’à l’époque. L. nous enjoint de parler de Zak : « Parlez de Zak, n’arrêtez pas de parler, parlez de la danse et des larmes que vous avez partagées, parlez de ses beaux cheveux, de sa taille, de son amour pour Madonna, parlez de Zak jusqu’à ce que votre langue se dessèche, parlez sans cesse, avec des murmures ou des cris, parlez du Zak que nous connaissons, parlez de la société grecque qui a assassiné Zak, parlez de ses assassins, parlez. » G. ne parvient pas à parler de lui au passé et écrit en utilisant les deux temps, il est, il était, comme s’il se refusait encore à faire la coupure, comme si la mort était un exil dans le temps. L’exil d’un(e) seul(e). G., encore, écrit qu’il vient de passer deux jours les yeux au plafond, à pleurer. Il est dévasté, comme tou.te.s les ami.e.s de la communauté queer, mais fait pourtant partie de celles et ceux qui organisent la première marche, une manifestation qui se termine à Omónoia sur le Like a prayer de Madonna — je ne me doutais pas qu’on pouvait chanter Madonna en dressant le poing au ciel.

Pour certains anarchistes présents lors de l’AG qui suit cette première marche, les membres de la communauté LGBTQI sont des sujets « apolitiques ». Certains — les plus virils et les plus forts en gueule, les plus cons mais ceux, aussi, qui savent monopoliser la parole et imposer le silence aux autres — se proposent de leur donner des cours de marxisme, de catéchisme révolutionnaire. G. arrache brusquement son bonnet et découvre son crâne avant de déclarer, debout face à l’amphithéâtre, que les travestis, les gays, les lesbiennes, les trans vivent l’anarchie au jour le jour, en Grèce. L’assemblée coule à pic, la rencontre entre les deux mondes se résume presque à une fin de non-recevoir. Le slogan opposé aux gamins qui voulaient défoncer sur le passage du cortège quelques distributeurs automatiques — dehors, les machos — ne passe pas, le fait que certains anarchistes utilisent les termes de « putain », de « pédé » et de « tapioles » comme des insultes non plus. M. se souvient de ce moment où un jeune homme a accusé les trans de « faire du sentiment » — « comme si nous n’étions pas en deuil et comme si les sentiments n’étaient pas politiques ». « On ne change rien sans colère, sans larmes, sans rires, sans joie, sans humour, sans peur, ma chérie », rétorque F., une transsexuelle aux cheveux blonds assise sur l’estrade du bas, qui finit par tout envoyer bouler et crie sans respecter la procédure des tours de parole.

L. se souvient de la fouille au corps à laquelle elle a été soumise après avoir été dévêtue par une employée de police au septième étage de l’immeuble de GADA, le siège de la police d’Athènes, des « flics de bureaux », de la transphobie et du racisme qu’ils exsudaient par toutes leurs pores, du 6 décembre 2008, du 13 septembre 2013, de l’été 2012, « quand ils ont arrêté Tassos ».

K. poste une vidéo prise à Brooklyn montrant un gamin noir qui, après avoir absorbé du cannabis synthétique, cette drogue appelée aussi Spice, ou K2, et qui est réputée provoquer hallucinations, crises d’angoisse, épisodes psychotiques, est pris de spasmes ultra-violents qui le projettent au bas des marches d’un escalier puis le tournent et le retournent comme une crête sur le trottoir. Le gamin hurle, paraît être en train d’étouffer, se lève, ne contrôle plus ses jambes qu’il précipite contre le mur. Une femme ramasse et garde à la main son portefeuille tombé à terre puis s’esquive, trois hommes filment la scène sur leurs portables tout en apostrophant le jeune homme en détresse, un homme en costume l’évite, un autre lui presse la cheville pour l’immobiliser. Le gamin porte dans le dos un cartable d’écolier bleu ciel, son cartable lui aussi semble être pris de spasmes.

On pleure puis on a envie de vomir. La colère a sur les larmes et la nausée l’avantage de nous projeter en avant. La deuxième marche est reportée de samedi à mardi en raison du mauvais temps. Je passe les jours qui suivent dans l’attente du mardi comme si la manifestation était le seul lieu où déposer et partager la peine — les lectures et les débats sur les réseaux sociaux finissent par donner mal au crâne et laissent un goût amer de temps mort, d’heures et de minutes perdues. La mort de Zak a eu lieu il y a six jours, sept jours, huit jours ; nous nous éloignons chaque jour du jour où il est mort, ce jour qui aura été le dernier pour lui, mais pas pour nous, et semble un point qui s’amenuise sur l’océan. Nous l’abandonnons loin derrière comme sur une île déserte, nous continuons à avancer, le temps nous emporte, plus lui.

« Je suis terrifiée par le fascisme qui monte, écrit C., sa vitesse. » « Je suis terrifiée par la pensée que nous ne saurons peut-être jamais ce qui t’est arrivé. » « Je suis terrifiée à la pensée que nous nous étions promis de nous retrouver bientôt pour que tu me maquilles et que nous avons fini par nous retrouver à tes obsèques. » « Je suis terrifiée à l’idée que tu t’es retrouvé seul, entièrement seul face au démon que tu redoutais tant, la haine. » « Je suis terrifiée quand je pense, je n’arrête pas d’y penser, que tu as laissé échapper ton dernier souffle entouré d’assassins qui voyaient en toi quelqu’un de dangereux ; dangereux, toi !? » « Je suis terrifiée par leur haine mais me souviens que tu arrivais à convertir tout ce qui te terrorisait en motif d’action. Et je te promets que tes assassins seront condamnés. Je t’en donne ma parole, notre parole à tou.te.s. La société que tu voulais, c’est nous qui allons la construire, même si c’est la dernière des choses que nous ferons jamais. »

« Le fait que Zak soit probablement entré pour y chercher refuge dans le lieu qui devait le conduire à la mort est à lui seul une raison de pleurer jusqu’à la fin de ses jours », écrit V.

« Votre normalité pue le sang » dit un pochoir qui apparaît sur les murs de la ville au surlendemain de sa mort.

Sur la page d’un groupe d’entraide de la communauté LGBTQI, W. envoie un SOS : il recherche d’urgence un.e colocataire disposant de son propre espace jusqu’en septembre prochain, pas trop loin du métro. Son budget est de 150 euros par mois, tout compris, au moins jusqu’à ce qu’il trouve un second job. Il a fait des études supérieures dans le domaine de la pétrochimie et pense qu’il ne lui sera pas trop difficile de tenir un plateau et de servir des clients « pas forcément aimables ». L., qui se sent terriblement isolé et souffre de crises de panique depuis la mort de Zak, lui répond aussitôt.

La mort de Zak fait remonter à la surface toutes les peurs de la communauté LGBTQI, peurs qui atteignent pour certain.e.s un point de paroxysme insupportable, et toutes les haines de la société grecque. Les commentaires publiés en ligne sous les articles de presse, les posts Facebook ou les tweets sont quelquefois presque aussi violents que les images de l’assassinat. « Il frétille encore », remarque un lecteur en-dessous d’un article décrivant le lynchage. À la veille de la manifestation du 2, le parti Aube Dorée organise une manifestation en motos à travers la ville, une parade. Un homosexuel de 17 ans est pendu en Iran après avoir été accusé d’avoir eu une relation avec un jeune homme de son âge. Tara Fares, ex-Miss Irak et blogueuse influente, est abattue dans une rue de Bagdad.

S. publie une photo de Zak sur laquelle il porte un beau tee-shirt bleu avec les mots : « Protéger et survivre. »

« The Trick Is To Keep Breathing. » C’est un titre de chanson — la dernière chanson qu’il poste sur Twitter à la veille de sa mort. « Le truc, dit la chanson, c’est de continuer à respirer. »

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Dimitris Alexakis

Athènes, jeudi 4 octobre 2018

https://www.facebook.com/justice4ZakZackie/

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