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Yannis Youlountas et son nouveau film bientôt à Grenoble

 » L’amour et la révolution  » c’est le titre du 3eme film de Yannis Youlountas qui sort en salle le 25 février. Le collectif de Grenoble communiquera prochainement sur le lieu de la projection-débat en présence du réalisateur : date envisagée 23 avril.

Une mention figure sous le titre du film  » Non rien n’est fini en Grèce » interrogé à ce sujet Yannis Youlountas a donné un entretien à lundimatin  que l’on retranscrit ici .

Après Ne vivons plus comme des esclaves et Je lutte donc je suis, le réalisateur franco-grec Yannis Youlountas revient avec un nouveau long métrage : L’amour et la révolution. Vous pouvez voir la (longue) bande annonce qui suit ainsi que ses réponses aux quelques questions que nous lui avons envoyées.

La bande annonce ( longue) se trouve ici https://www.youtube.com/watch?v=4LHHR9LBga4&feature=share

lundimatin : Bonjour Yannis. Tu viens de terminer ton prochain film « L’amour et la révolution ». Sur l’affiche, on peut lire le sous-titre « Non, rien n’est fini en Grèce ». Qu’est-ce qui n’est « pas fini » selon toi ?

Yannis Youlountas : Ce sous-titre est notre réponse aux médias occidentaux qui, en Europe, laissent croire que tout est fini en Grèce. Cette désinformation intervient de deux façons. Tout d’abord un silence impressionnant, par rapport aux années précédentes, signifiant qu’il ne se passe plus grand-chose et que la situation s’est améliorée. Ensuite, quand la Grèce est brièvement évoquée, il ne s’agit que de chiffres incomplets et de déclarations mensongères. Les agences de presse parlent de croissance. Mais quelle croissance ? La croissance pour qui ? La croissance de quoi ? Avec la chute de moitié du coût de la main d’œuvre et des infrastructures, la Grèce est devenue un paradis pour les capitalistes, mais un enfer pour la plupart de ceux qui y vivent. Tsipras et les dirigeants européens claironnent depuis leurs salons feutrés que le plus dur est passé, alors qu’il ne fait que commencer. La situation sociale et écologique est dramatique, mais au milieu des ruines, des initiatives montrent que rien n’est terminé. Par exemple, depuis deux ans et demi, le mouvement social a accueilli de façon formidable, dans de nombreux squats, des dizaines de milliers de réfugiés et migrants qui ont ainsi pu échapper aux camps que l’Etat grec a mis en place ; des camps indignes conçus, pour la plupart, par des technocrates français envoyés par Bernard Cazeneuve début 2016. Et puis il y a les nouvelles résistances, mais là encore, motus en occident.

lundimatin : Dans la (longue) bande annonce que tu viens de mettre en ligne, une grande importance est donnée au groupe Rouvikonas. Peux-tu nous en parler un peu plus, étant donné que leurs actions semblent avoir une grande résonance en Grèce, mais restent fortement méconnues ici ?

Yannis Youlountas : Le groupe Rouvikonas est né il y a trois ans. Son nom signifie Rubicon en français, ce fleuve romain qui représentait la limite à ne pas dépasser. C’est une organisation politique anarchiste qui se définit comme une « opposition dans la rue » à l’action du gouvernement et de l’Etat. Une opposition directe qui frappe par surprise, mais sans jamais faire de victimes, tous les lieux où s’organise la destruction des conquis sociaux et du bien commun. Par exemple, Rouvikonas a détruit les locaux de Tirésias, organisme au service des banques qui avait conçu un grand fichier des personnes surendettées, ou encore le bureau du Taiped chargé de la privatisation du bien commun, ainsi que beaucoup d’autres temples de la bureaucratie au service du durcissement du capitalisme. Ces derniers mois, Rouvikonas a multiplié sabotages, occupations, y compris au sommet du pouvoir, blocages d’événements, par exemple les négociations avec la troïka. Rouvikonas défend aussi les victimes de la violence des patrons en organisant des représailles et soutient parallèlement des actions de solidarité indépendantes du pouvoir et des ONG. La plupart des membres de Rouvikonas sont des ouvriers, des étudiants, des chômeurs, hommes et femmes, qui ont simplement choisi avec courage et persévérance de ne pas laisser faire, quoi qu’il en coûte. Ils sont de plus en plus nombreux. Yorgos, l’un des fondateurs, qui intervient dans « L’amour et la révolution » est, à lui seul, sous le coup de 40 procès et risque plusieurs années de prison. Notre film comme les précédents a pour but, entre autres, de soutenir ces luttes à la fois en les faisant connaître, mais aussi de les aider à payer les amendes et les cautions. Nous ne sommes pas des reporters venus filmer à la sauvette pour faire du fric sur le dos de ceux qui résistent. Nous sommes des membres du mouvement social que nous connaissons bien et au service duquel nous agissons, d’Est en Ouest et d’Ouest en Est. Le cinéma est une arme. Une arme pour riposter, donner à voir et à penser autre chose, susciter l’envie d’agir en suggérant de multiples formes. C’est une arme contre la résignation, à condition de ne pas nous enfermer dans l’uniformité et le sectarisme, car il y a plein de façon d’agir. C’est aussi un moyen de soutenir nos prisonniers politiques, ainsi que nos principales initiatives solidaires autogérées : squats de réfugiés et de migrants, cuisines sociales, structures autogérées de santé, automédias. Fin 2013, nos compagnons d’Exarcheia ont commencé à utiliser l’expression « film solidaire ». Une expression qui nous plait bien et qu’on a conservée depuis.

 

Lundimatin : Le quartier d’Exarcheia est connu pour être le foyer contestataire et subversif historique d’Athènes. Tu sembles dire qu’il serait en « danger », qu’entends-tu par là ?

Yannis Youlountas : En effet, le pouvoir en Grèce et en Europe veut en finir avec Exarcheia, comme avec toutes les zones de résistance et d’expérimentation. En plus, ce quartier d’Athènes que la police peine à pénétrer sert de base à la plupart des groupes révolutionnaires qui le harcèlent, visibles ou invisibles, dont le plus connu est Rouvikonas. En Grèce, la propagande médiatique contre Exarcheia est énorme. Souvent ridicule. Parfois abominable. Par exemple, il est dit qu’Exarcheia est l’épicentre de la drogue à Athènes, alors que nos compagnons font la chasse aux dealers de drogues dures qui sont, à l’inverse, protégés par les flics à l’ouest du quartier, de façon très visible. L’État et la mafia ont tout intérêt à répandre l’aliénation et l’illusion dans les rangs de ceux qui leur résistent. Bref, c’est tout le contraire de ce que raconte la télé. L’épée de Damoclès au-dessus du quartier est double. La stratégie des conseillers de Tsipras est de gentrifier progressivement Exarcheia : projet d’une station de métro, grands travaux, aménagements, mais aussi achats de nombreux logements par des hommes d’affaires chinois invités de la dernière foire économique de Thessalonique (consacrée aux relations Grèce-Chine) pour les transformer en Airbnb, et par conséquent hausse des loyers… Pendant ce temps, le chef de la droite, Kiriakos Mitsotakis, promet solennellement de « nettoyer Exarcheia dès [son] premier mois », sitôt la future alternance passée, en évoquant un immense déploiement de forces de police, une opération quasi-militaire. Même si on prend sa menace au sérieux, la première des réponses a été une tornade de caricatures et de parodies satiriques. Bref, un grand éclat de rire dans le quartier et bien au-delà en Grèce.

 

Lundimatin : Après les émeutes massives de 2008, les mouvements sociaux quasi continus et l’effondrement économique du pays, de nombreux observateurs extérieurs s’attendaient à de possibles grands bouleversements politiques. Certains mettaient leurs espoirs dans Tsipras pendant que d’autres voyaient dans son élection une impasse inéluctable dans la politique classique. Trois ans plus tard, qu’en est-il ?

Yannis Youlountas : Il n’y a pas de doute possible : l’élection de Tsipras a été une catastrophe. Après six mois d’agitation stérile aux côtés du pitre Varoufakis, la « capitulation » de Tsipras a assommé une grande partie de la population. Un choc qui a provoqué une immense résignation, une sorte de dépression, d’apathie profonde durant de longs mois pendant lesquels la plupart des pires lois sont passées comme une lettre à la Poste, sans résistance ou très peu. Même l’aile de gauche de Syriza qui a fait sécession a été laminée par le TINA de Tsipras et ses larmes de crocodile à la télé grecque. Dans le mouvement social, avant son arrivée au pouvoir, les avis à ce sujet étaient partagés. Malgré nos divergences fondamentales, certains se disaient naïvement qu’il limiterait un peu la casse en attendant mieux, d’autres ne croyaient pas du tout à une amélioration mais pensaient que l’arrivée de son parti aux affaires ferait tomber les masques et ouvrirait un boulevard aux composantes révolutionnaires. Mais la plupart craignaient ce qui allait finalement arriver : l’anesthésie quasi-totale du mouvement social durant plus d’un an, d’abord devant le spectacle de la bataille, puis celui de la défaite. Depuis, nous avons pris acte et essayons d’activer la résistance et les solidarités sous de nombreuses formes. L’Etat ayant abandonné la plupart de ses prérogatives sociales pour ne garder que les plus répressives, nous proposons l’autogestion et l’auto-organisation parmi les moyens non seulement de survivre, mais aussi d’expérimenter un autre futur.

Lundimatin : Ton film met en lumière des pratiques d’auto-organisation et de lutte très diverses, de l’aide aux migrants à la lutte contre la construction d’un aéroport, d’actions offensives et symboliques contre les lieux de pouvoir aux manifestations émeutières. Comment tout cela s’articule ?

Yannis Youlountas : Il n’y a pas de recette miracle ni de vérité absolue. A chacun d’essayer, d’inventer, d’expérimenter là où il se trouve, avec ceux qui l’entourent. La lutte contre le projet d’un nouvel aéroport à Kastelli, en Crète, n’est pas exactement la même que celle que j’ai pu voir à Notre-Dame-des-Landes. Par exemple, il n’y a pas à proprement parler de ZAD, d’occupation effective des terrains concernés (600 hectares sur lesquels 200 000 oliviers seraient coupés). Les gens qui résistent vivent dans la ville principale et les villages alentours, ils cultivent les terres qu’ils refusent de céder, organisent des concerts et des débats, et sabotent autant que possible les conférences des bureaucrates envoyés pour convaincre les habitants. L’abandon du projet d’aéroport en France a été une immense joie pour eux, car ils suivaient depuis longtemps la lutte exemplaire de Notre-Dame-des-Landes ; même si, on le sait, rien n’est fini, notamment pour l’avenir de la ZAD. Autre différence : en Grèce, le mouvement social se divise beaucoup moins sur la question de la violence. Les émeutes sont rarement décriées dans nos rangs. La diversité des formes d’actions est plutôt admise comme légitime, respectable et même nécessaire. D’autant plus que la violence subie, politique, économique et sociale, provoque une immense colère un peu partout. Tout le monde ne descend pas dans la rue dans le but de brûler une banque, mais peu râlent quand ils assistent à cela. De toutes façons, nos compagnons émeutiers ne sont pas là pour discuter sur le macadam : ils ne veulent plus de ce monde, de ses banques, de ses boutiques de luxe arrogantes ; ni des symboles du pouvoir ni des valets casqués qui le servent. Ils font ce qu’ils jugent bon de faire, sans que personne ne les gêne. Quant aux migrants, lors de leur arrivée massive en 2015, nous avons rapidement perçu cette nouvelle épreuve comme un défi : celui de montrer concrètement de quoi nous étions capables. Le mouvement social a rapidement ouvert un grand nombre de nouveaux squats, à commencer par le Notara 26 à Exarcheia dès le mois de septembre 2015, pour accueillir ces visiteurs et les inviter à s’organiser eux-mêmes avec le soutien des « solidaires ». C’est depuis une expérience formidable d’émancipation individuelle et sociale. Ce mélange de population est une grande richesse à Exarcheia et ailleurs en Grèce. Il permet d’échanger, de multiplier les initiatives et de propager l’idée de changer la vie bien au-delà des convaincus, des férus de politique et d’Histoire, parmi les premiers opprimés du capitalisme : les migrants de la guerre et de la misère.

 

Lundimatin : C’est une impression lointaine et donc peut-être erronée, mais il semble que la situation grecque soit étrangement « gelée ». D’un côté il y a un gouvernement réduit à une impuissance évidente, de l’autre des forces subversives nombreuses et bien organisées, mais restreintes à un état « minoritaire ». A quoi ressemble, selon toi, l’avenir à moyen terme du pays ?

Yannis Youlountas : Le monde n’a jamais changé du fait d’une majorité. De plus, il faut souvent bien peu de choses pour que tout bascule très vite. Le plus souvent quand on ne l’attend pas. En Grèce, nous assistons à une véritable gestation depuis neuf ans, bientôt dix. Nous sommes passés par toutes les étapes. Des étapes très formatrices : des émeutes qui ont fait trembler le pouvoir mais n’ont pas réussi à le faire tomber, des grèves générales répétées mais sans lendemain, des occupations et des assemblées sur des places qui ont attiré beaucoup de monde mais qui tournaient un peu en rond, des lieux autogérés qui proposaient des alternatives alléchantes mais sans vraiment gêner le système économique dominant, des tentatives syndicales et électorales qui ont échoué lamentablement, des démonstrations d’ouverture et d’accueil par-delà les frontières mais sans parvenir à obtenir des papiers pour tranquilliser nos amis migrants, des actions de sabotage et de blocage qui ont montré que le pouvoir est un géant aux pieds d’argile et que sa puissance n’est bâtie que sur du vent et des simulacres, mais beaucoup n’ont pas osé faire de même par peur des conséquences juridiques. La leçon de cette période exceptionnelle est sans doute qu’une seule façon d’agir ne suffit pas, que la diversité est notre richesse, que le respect mutuel parmi ceux qui luttent devrait nous accompagner partout et qu’on ne sait pas d’où viendra la goutte d’eau qui fera déborder le vase. Mais une chose est certaine, c’est que pour sortir de l’impasse mortifère, changer profondément la société et sauver la vie, nous n’avons pas d’autre choix que l’amour et la révolution.

 

Pour se tenir au courant de la sortie et de la diffusion du film, consultez www.lamouretlarevolution.net

 

Grèce. La droitisation de SYRIZA: un gouffre social, moral et idéologique

Publié par Alencontre le 1 – février – 2018

Par Antonis Ntavanellos

Le 15 janvier 2018 a été soumis au Parlement grec, et par la suite adopté par la majorité de SYRIZA-ANEL [Grecs indépendants], le projet de «loi-valise», par lequel le gouvernement Tsipras assure le «bon» déroulement de la 3e évaluation de la situation économique grecque par les créanciers. Ainsi, ce gouvernement suit sa route vers la fin formelle du programme du 3e mémorandum (signée le 14 août , annoncée pour août 2018.

D’ici à cette date le gouvernement doit encore éviter deux récifs. D’une part, les «stress tests» (tests de résistance bancaire) des banques grecques [Banque nationale de Grèce, Piraeus Bank, Alpha Bank et Eurobank], où il espère que les créanciers et la Commission européenne accepteront l’application de critères moins stricts, afin d’éviter le scénario d’une nouvelle recapitalisation des banques qui ferait exploser la vision optimiste de l’économie grecque actuellement diffusée. D’autre part, la stratégie de communication de Tsipras qui, malgré tous les problèmes, est déjà en train de préparer les prochaines élections. Il a encore en perspective la 4e évaluation (au printemps 2018), qui débouchera sur de nouvelles mesures d’austérité supplémentaires.

A condition que le gouvernement arrive à surmonter ces risques, il pourrait espérer obtenir une promesse favorable à des mesures «d’allégement» de la dette grecque, principalement un plus grand étalement dans le temps des indispensables remboursements. Dans tous les cas, les créanciers, pour l’instant, déclarent que le débat sur la dette sera officiellement ouvert après août 2018.

Il convient de noter que la fin formelle du 3e mémorandum ne signifie pas la fin des politiques mémorandaires brutales. Comme il a été explicitement convenu lors de la signature par Tsipras du 3e mémorandum, la totalité des lois, règles et règlements, associés au mémorandum, l’ensemble des contre-réformes néolibérales des huit dernières années, resteront en vigueur, au même titre que la mise sous «surveillance» de l’économie grecque jusqu’en… 2060 (c’est-à-dire jusqu’à ce que soient remboursés au moins les 75% de la dette) !

Le projet de «loi-valise»

Les dispositions mises en place lors de la 3e évaluation comportaient plusieurs mesures brutales:

• L’article le plus controversé dans cette loi est celui qui autorise les banques et les administrations publiques de procéder par voie électronique à la mise aux enchères des domiciles des familles populaires qui sont dans l’incapacité de régler leurs dettes. Le gouvernement a déjà essayé de procéder à des ventes aux enchères en grand nombre. Mais il a rencontré une résistance importante, entre autres par des mobilisations (au sein desquelles l’Unité Populaire – LAE – a tenu le premier rôle) qui ont empêché les tribunaux de tenir audience et de rendre les décisions de mises aux enchères. Le gouvernement a tenté la répression, et il a lamentablement échoué, provoquant la présence encore plus nombreuse des manifestant·e·s devant et à l’intérieur des tribunaux. Aussi, l’apparition du Parti communiste grec (KKE) dans ces actions, qu’il a rejointes avec beaucoup de retard, a aidé à affermir la conviction que nous pouvions arrêter les décisions gouvernementales sur cette question, cruciale pour les banques et les créanciers. Le gouvernement tentera d’éviter cet affrontement en organisant dès à présent des ventes aux enchères électroniques, dans des centaines d’études de notaires de tout le pays. Mais le programme de vente aux enchères concerne un tel grand nombre de cas qu’existe l’espoir réaliste que le mouvement de résistance se déplacera vers les quartiers pour y livrer la bataille afin de mettre un cran d’arrêt aux expulsions.

• Un emblématique tournant réactionnaire a été également la modification radicale de la loi qui régissait le droit de grève. Cette loi a été conquise de hautes luttes ouvrières pendant la période ayant suivi la chute de la dictature [1974]. Aujourd’hui, un gouvernement, dont seul le nom renvoie au terme de gauche, a décidé que pour qu’une grève soit déclarée, 50% +1 des travailleurs d’une entreprise ou d’une branche doivent être présents et approuver la décision d’entrer en grève. Une telle réglementation fut pendant des décennies le souhait des cadres dirigeants capitalistes les plus extrémistes, un souhait qui semblait jusqu’à présent irréalisable.

Incontestablement, la «loi-valise» contient bien d’autres mesures critiques, telles que des coupes majeures dans les allocations familiales et les retraites, ainsi que des modalités facilitant encore plus les privatisations au sein des «secteurs stratégiques» comme ceux de l’électricité ou de l’eau.

La grève

Cette politique gouvernementale a été systématiquement aidée par la direction des bureaucraties syndicales des secteurs public et privé qui, sous la houlette d’une coalition de cadres du PASOK, de Nouvelle Démocratie et de SYRIZA, ont tout fait pour faire obstacle au démarrage et à l’organisation de sérieuses mobilisations. Ainsi les grandes confédérations se sont abstenues de décider la grève en laissant sans protection et appui les travailleurs et travailleuses qui avaient l’intention de s’engager dans de telles luttes.

Tout le poids est retombé sur les épaules des syndicats de base où la gauche est une force motrice. Mais, encore à ce niveau, l’attitude du KKE proposant une seule journée de grève au moment du vote de la «loi-valise», sans mobilisations préalables, réduisait l’importance de cette grève, la transformant en action symbolique «pour l’honneur». Tenant compte de toutes ces données et de notre expérience, nous estimons que la participation à la grève était plus grande que prévu, mais largement insuffisante à l’aune de ce qui aurait fallu pour arrêter l’offensive gouvernementale.

La grève s’est étendue en particulier dans les transports publics (près de 100%) et dans le secteur de la navigation. Néanmoins, cette grève dans transports faisait obstacle à la possibilité de se rendre sur les places où étaient appelées les manifestations. Ainsi, les rassemblements se sont essentiellement appuyés sur les militants déterminés de la gauche politique.

Une fois de plus l’expérience de l’après 2015 a été confirmée en Grèce: les gens sont indignés et en colère, mais pour l’heure cela ne se traduit pas dans une action directe de masse, car pèse sur eux la déception durable provoquée par la défaite de 2015, et le manque d’une alternative politique convaincante pour le renversement de la brutale austérité.

La droitisation

Tsipras, en capitalisant sur la déception populaire et ouvrière, opère donc un déplacement rapide de sa base sociale et se tourne vers les classes dominantes.

SYRIZA a déjà organisé autour d’elle une alliance avec le cercle de capitalistes qu’elle appelait avant 2015 «la face obscure de l’entrepreneuriat». Des capitalistes qui ont construit des fortunes sur divers trafics, sur le jeu, sur le blanchiment d’argent, sur leur présence forte dans le football et qui, toujours, dépendent des bonnes relations avec les gouvernements respectifs.

SYRIZA étend ses relations en direction des «familles» les plus traditionnelles de la bourgeoisie, mettant ainsi à profit ses relations avec les banques et une instrumentalisation particulière des privatisations. C’est-à-dire qu’elle prend soin, tout en attirant des investissements étrangers, d’assurer une place et un rôle des capitalistes autochtones en tant que «partenaires locaux» des fonds internationaux et des transnationales, prétendant ainsi résister, face aux forces supérieures des «marchés internationaux», à «la déshellénisation des entreprises».

Mais principalement, la direction de SYRIZA met en avant sur tous les tons l’argument de la stabilité. C’est-à-dire l’affirmation que le gouvernement SYRIZA-ANEL a appliqué à vive allure les dispositions mémorandaires, tout en réduisant sensiblement les réactions populaires et des masses laborieuses, en installant dans le pays un climat de «paix sociale» pour la première fois depuis des années.

L’ambition de servir les intérêts de la classe dominante dans son ensemble se prolonge, sans que ce soit un hasard, jusqu’au soutien à des velléités les plus inflexibles du nationalisme grec dans la région.

Le gouvernement, avec pour figures de proue les ministres de la Défense Panos Kammenos (Anel) et des Affaires étrangères Nikos Kotzias (SYRIZA), a poursuivi sans problème la politique de la droite à propos du Moyen-Orient et de la Méditerranée Orientale: le soutien ouvert aux Etats-Unis, l’intensification de la présence de l’OTAN en mer Egée, le renforcement de «l’axe» avec l’Etat d’Israël et avec la dictature de Sissi, avec pour but l’isolement de la Turquie d’Erdogan, instable et ambivalente. Le gain serait la participation au partage du pétrole et du gaz en Méditerranée orientale et du sud-est, et le renforcement du centre de gravité grec au niveau des développements et des perspectives à Chypre.

Récemment la diplomatie grecque se tourne vers l’ouest des Balkans. Elle se réjouit de prétendre résoudre le différend avec la République de Macédoine au sujet du «nom», sur la base des termes dictés par l’Etat grec.

Avec le plein soutien des Etats-Unis, de l’UE et de l’OTAN, les «négociateurs» grecs exigent un nouveau nom pour le pays voisin, un «nom composé» (il semblerait celui de «Nova Makedonja») qui remplacerait celui de «République de Macédoine», pour tous les usages (erga omnes: à l’intérieur du pays et à l’échelle internationale, dans le langage officiel comme au quotidien), qui serait écrit en alphabet cyrillique (?) et utilisé à l’international tel quel sans pouvoir être traduit ni conjugué.

Le changement de l’appellation de l’Etat voisin devrait se reporter obligatoirement sur la qualification de sa langue et celle de la citoyenneté. Cette violation absurde du droit démocratique à l’autodétermination vise seulement à garantir l’usage grec exclusif du terme Macédoine.

Cet «arrangement» a pour vrai objectif l’intégration immédiate de la République de Macédoine à l’OTAN (probablement lors du prochain sommet, de juillet 2018) et le démarrage du processus de son intégration dans l’UE.

La véritable négociation s’est faite entre les grandes puissances occidentales et l’Etat grec, au sujet des contreparties suffisantes pour la levée du veto à l’intégration de la Macédoine à l’OTAN, émis par le gouvernement Karamanlis pendant le sommet de Bucarest, en 2008.

C’est pour cela qu’aujourd’hui l’OTAN et l’UE exercent une pression implacable sur le gouvernement de Zoran Zaev (en utilisant même l’influence des partis albanais qui se soucient peu de l’autodétermination «macédonienne»), afin qu’il accepte les conditions de la Grèce, en indiquant au gouvernement de Skopje qu’«il n’y a pas d’alternative».

En suivant cette politique, et par l’affirmation que l’extension de l’OTAN dans les Balkans renforcera la paix (!) et la démocratie (!!) dans la région, le gouvernement Tsipras s’efforce d’inclure dans son bilan une «réussite nationale», par la résolution, sur la base de la ligne des Etats-Unis, d’un problème qui stagnait pendant des décennies [1].

Ces mouvements tactiques font pression sur la direction de Nouvelle Démocratie, incarnée par Mitsotakis. En ayant conscience des bénéfices attendus par le capitalisme grec, Kyriakos Mitsotakis garde une «attitude responsable». Mais l’aile droite du parti et l’extrême droite nationaliste au-delà de Nouvelle Démocratie réagissent au plan idéologique, en organisant des rassemblements nationalistes [21 janvier à Thessalonique, avec 100’000 manifestants selon la police], en collaboration avec l’Eglise. Mais même ceux-là prennent soin de ne pas trop hausser le ton: d’une part, pour ne pas saborder par des provocations la politique du gouvernement, d’autre part, pour ne pas réduire les perspectives d’une victoire électorale de Nouvelle Démocratie.

Il s’agit d’une véritable incursion de Tsipras dans le projet politique de la droite. A travers celle-ci SYRIZA tente de suppléer à la perte de son influence parmi les couches populaires et laborieuses, ou de les réduire. Toutefois, tout porte à croire que cette tactique n’a pas de résultats spectaculaires, ou pas encore. Selon les déclarations d’un analyste critique radical, Tsipras est sur le chemin d’une bataille politique et électorale où il fera le constat que la faiblesse de la résistance des classes populaires est une chose, mais leur assentiment, fût-il seulement électoral, est tout autre chose.

Ce dont il y a toujours besoin en politique grecque, du point de vue des intérêts des travailleurs, c’est la création d’un pôle massif de la gauche radicale, qui servirait d’appui aux secteurs importants qui soutenaient SYRIZA, aujourd’hui déçus par sa politique et par son déplacement accéléré vers la droite. (Janvier 2018. Traduction par Manolis Kosadinos)

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[1] Selon Jaklina Naumovski dans Le Courrier des Balkans, «le mercredi 24 janvier, en marge du sommet de Davos, sept ans après la dernière rencontre à ce niveau, les chefs de gouvernement macédonien et grec, Zoran Zaev et Alexis Tsipras, se sont retrouvés pour poursuivre le dialogue autour du conflit du nom de la Macédoine, montrant ainsi un nouveau signe de détente dans les relations entre les deux pays. Cette rencontre qui intervient à peine trois jours après la manifestation massive de Thessalonique, et à quelques jours de la visite dans les deux capitales du médiateur des Nations unies, Matthew Nimetz, qui doit faire part de ses nouvelles propositions pour résoudre le principal litige diplomatique entre les deux pays… Alexis Tsipras a confirmé son intention de soutenir son voisin du nord dans le processus d’intégration euro-atlantique. Ainsi, parmi les mesures allant dans ce sens, il a annoncé l’ouverture du poste frontière Markova noga à Prespa. Il a également précisé son engagement à « soutenir les procédures suspendues par son gouvernement, plus précisément la candidature de son voisin à l’Initiative Adriatique-Ionienne (ESS) et faire en sorte que la deuxième phase de l’Accord de stabilisation et d’association (ASA) avec l’UE soit ratifiée par le Parlement grec ». Ils ont conclu que les réunions continueraient dans les semaines à venir, notamment au niveau des ministères des affaires étrangères. Une rencontre saluée unanimement par les représentants de l’UE.»

La manifestation de Thessalonique est certes significative. Elle a reçu, selon des informations de la presse, le soutien de celui qui veut racheter le port de cette ville et qui a des liens avec Poutine: Ivan Savidis, plus russe que grec. Il est aussi le propriétaire de l’équipe de football PAOK Salonique, un des trois plus importants clubs de Grèce, et cultive les rapports avec l’Eglise orthodoxe. En outre, il a opéré de nombreux rachats d’immeubles et d’hôtels, ainsi que de firmes dans les secteurs du tabac et du sucre. Tout cela n’empêche pas – au contraire, pourrait-on dire – qu’il entretienne une relation avec Tsipras. Le projet politique pourrait être de constituer une droite dure au nord – qui ne se mélange pas avec la figure criminalisée d’Aube dorée – et qui fasse obstacle, lors des prochaines élections, à une percée victorieuse de la Nouvelle Démocratie de Mitsotakis. Tsipras est «capable de tout»!

Une des personnalités de premier plan de cette manifestation était le militaire à la retraite, nationaliste affirmé: Frangos Frangoulis (ou Fragos Fragoulis selon la translitération). Il a occupé des postes importants dans l’armée, dans les troupes spéciales, et dans l’état-major et les services de renseignement et fut général en chef des armées. Il occupa le poste de ministre de la Défense, brièvement, dans le gouvernement de transition de P. Pikramenos (mai-juin 2012). Mise en perspective historique, cette manifestation est toutefois loin d’avoir eu l’ampleur de celle de 1992.

Une autre manifestation se prépare, pour le dimanche 4 février à Athènes, et dans ce cas la Nouvelle Démocratie veut faire la démonstration de sa capacité d’opposition à Tsipras, tout en laissant entendre qu’elle ne veut pas faire obstacle à l’élargissement de l’OTAN. Aube dorée sera présente, dans les marges. L’Eglise orthodoxe participe à l’opération. Comble de la confusion politique Mikis Théodorakis sera l’un des principaux orateurs. Manolis Glezos, invité, a refusé. (Rédaction A l’Encontre)

source https://alencontre.org/laune/grece-la-droitisation-de-syriza-est-un-gouffre-ideologique-et-moral-sans-fond.html

Ne touchez pas au droit de grève Athènes 15/1/2018

Manifestation devant un tribunal pour empêcher une vente aux enchères de logements

Rencontre entre Zoran Zaev et Alexis Tsipras, le 24 janvier 2018

Grèce : Ne touchez pas au droit de grève

Ne touchez pas au droit de grève Pas une maison aux mains de banquiers

COMMUNIQUE DU BUREAU POLITIQUE d’Unité populaire

À propos de la présentation au Parlement par le gouvernement Syriza-Anel du nouveau train de réformes mémorandaire antipopulaire

Ne touchez pas au droit de grève

Pas une maison aux mains de banquiers
Ne touchez pas aux allocations familiales
Non au bradage des biens publics

Le gouvernement Syriza-Anel a soumis au parlement par procédure rapide le train de réformes de 400 articles et 1600 pages contenant des mesures antipopulaires exigées comme préalable, lequel a été conclu avec le quartet des créanciers dans la perspective de la clôture de la troisième revue d’étape.

Le premier point concerne les enchères : après le 21/02/2018, elles seront effectuées en ligne, afin d’éviter les résistances et les interventions, jusqu’à présent couronnées de succès, de la mobilisation contre les enchères dans les tribunaux de paix de tout le pays.

Les résidences et les biens du peuple seront en effet conduits jusqu’au « marteau » par un simple clic depuis un ordinateur, et sont concernés non seulement ceux qui doivent de l’argent aux banques mais, pour la première fois, également ceux qui doivent plus de 500 euros à l’État et aux caisses d’assurances. Les résidences, terrains, bureaux, magasins, parcelles de terre seront en outre vendus par procédure expresse et sur la base de leur valeur commerciale, c’est-à-dire à un prix dérisoire.

Ce prix peut ne pas suffire pour couvrir les dettes des débiteurs avec, pour ces derniers, le résultat suivant : ils vont non seulement perdre leurs biens immobiliers mais resteront encore débiteurs vis-à-vis de l’administration fiscale et des caisses d’assurance au risque de se voir confisquer d’autres éléments de leur patrimoine.

En outre, le critère « local » pour les notaires d’une région, se voit supprimé puisque, avec la forme de chantage qui s’exerce sur eux, leur compétence concernant la vente aux enchères peut être transférée par les demandeurs aux notaires appartenant à l’ordre de la capitale (un cadeau synonyme de provocation au groupe de tête déloyal de l’ordre notarial d’Athènes-Le Pirée).

Après l’abolition des conventions collectives, la baisse du salaire minimum d’environ 22% et d’environ 32% pour les jeunes de moins de 25 ans, la réduction des indemnités de licenciement, la libéralisation des licenciements collectifs, on assiste également à une offensive contre celui qui subit l’occupation, par de rudes combats et le sang du droit de grève, par le renforcement du cadre légal dans lequel la grève doit être proclamée par les instances syndicales de premier niveau. Désormais, un appel à la grève devra obtenir un quorum de 50% augmenté d’1% de ses membres régulièrement inscrits, alors que jusqu’à présent l’assemblée générale pouvait lancer l’appel en s’appuyant sur un pourcentage moindre pour le quorum, ou encore la direction.

C’était une partie de ce que prévoyait l’article 4 de sinistre mémoire dans la première décennie des années 80, contre lequel avaient fait front tous les travailleurs et que le mouvement ouvrier a concrètement abrogé. C’est la première fois depuis lors qu’on cherche à modifier la loi 1264/2012, que même les gouvernements les plus à droite n’avaient pas osé toucher.

Dans le même temps, la disposition selon laquelle les conflits de travail doivent conduire à une médiation obligatoire très lente et très coûteuse, est mise en avant.

On a donc la mise en œuvre de l’obligation, de faire précéder toute procédure de recours juridictionnel du travailleur pour la résolution de conflits de travail tant individuels que collectifs, d’une médiation comportant un coût supplémentaire, qu’il soit financier ou temporel, faute de quoi cette action sera jugée irrecevable.

En outre, l’indemnité pour travaux insalubres se voit remise en question pour certaines catégories d’agents de la fonction publique (hôpitaux, femmes de ménage de collectivités locales, etc.). Ce train de réformes favorise également les coupes dans les allocations familiales. Leur diminution sera effective au 01/01/2018 par l’adoption de nouvelles conditions de ressources beaucoup plus strictes. Leur application portera préjudice à plus de 100 000 familles avec enfants, familles nombreuses, de trois enfants, qui soit subiront des diminutions allant jusqu’à 32% soit perdront totalement leurs allocations.

Pour finir, les mesures d’accélération du bradage des biens publics sont favorisées, avec la DEI (compagnie d’électricité grecque) en première ligne, afin que l’engagement mémorandaire pris par le gouvernement concernant des recettes provenant de ce bradage devant atteindre 2,7 milliards d’euros en 2018 puisse s’appliquer.

Concrètement, le train de réformes prévoit l’intégration immédiate en 2018, dans la « Société grecque d’investissement et de biens », filiale du Superfund, de toutes les actions de biens publics grecs même concernant les 19 entreprises publiques – celles que l’Etat contrôle intégralement (LTA : Poste grecque, ΟΑSΑ : office des transports urbains d’Athènes, ΟSΕ : compagnie des chemins de fer de Grèce, OKAA : Organisme des marchés centraux et de la pêche, Helexpo : Exposition internationale de Thessalonique, ΟΑΚΑ : Complexe sportif olympique d’Athènes, ΕLVΟ : industrie grecque de véhicules, secteur du bâtiment), celles cotées en bourse où l’Etat est actionnaire majoritaire (DEI, EYDAP : Compagnie de l’eau d’Athènes, EYATH : Compagnie de l’eau de Thessalonique) et celles où l’Etat est actionnaire minoritaire (Aéroport international d’Athènes, Magasins hors taxes). Le transfert de ces DEKO (entreprises et organismes publics) dans le Superfund n’a d’autre but que leur liquidation totale.

Face à tout cela, une réponse politique immédiate s’impose et une intervention dans la lutte du mouvement syndical ouvrier et de tous les groupes sociaux qui en font les frais.

Nous appelons toutes les organisations syndicales, prioritairement celles de troisième et deuxième niveau, et tout le monde ouvrier à faire front dans la lutte contre le massacre du droit de grève par des mouvements de grève actifs, massifs et unitaires, qui s’accompagneront de protestations, de rassemblements, de défilés et de marches dans toute la Grèce.

Enfin, il est absolument indispensable de constituer un grand front social et politique de toutes les forces effectives de gauche antimémorandaires et démocratiques, sans exception, qui insufflera de nouveaux combats et redonnera un nouvel espoir au peuple et aux jeunes.

Traduction Vanessa de Pizzol

Grèce : limitation du droit de grève

Mouvement de contestation en Grèce contre le projet de Tsipras de limiter le droit de grève

En Grèce, le projet du gouvernement de limiter le droit de grève a provoqué vendredi dernier un mouvement de contestation important. A Athènes la journée a été marquée par de gigantesques embouteillages, provoqués par les blocages des transports publics, des trains et des bateaux ainsi que par un ralentissement du fonctionnement des hôpitaux.

Pablo Morao lundi 15 janvier

Crédits photo : Aris Messinis/AFP

Les nouvelles réformes du gouvernement n’ont pas plu aux travailleurs et ils l’ont fait savoir en exerçant, vendredi dernier, leur droit acquis de haute lutte : la grève. Un droit que le gouvernement entend réduire. Alors que jusqu’ici, les syndicats pouvaient lancer une grève s’ils disposaient du soutien de 20% de leurs membres, le gouvernement entend passer ce taux à 50%, durcissant de fait la possibilité de journées d’action.

A l’appel des principaux syndicats, 20 000 personnes ont défilé dans les rues de Athènes. Particulièrement suivie dans les transports publics, la grève a provoqué des embouteillages monstres autour de la capitale grecque. Les dockers se sont également mobilisés en bloquant les bateaux, tandis que les hôpitaux fonctionnaient au ralenti.

Cette mesure portée par le gouvernement de Syriza fait partie des 140 « actions prioritaires » imposées par la Troïka, des mesures dont la mise en place constitue la condition de l’obtention d’aides financières et d’étalement de la dette. Depuis qu’il a capitulé devant la Troika et les créanciers, le gouvernement de Tsipras a mis en place scrupuleusement ce programme concocté par le FMI, la BCE, le Mécanisme Européen de Stabilité et la Commission Européenne. En parallèle de cette politique, la droite de Nouvelle Démocratie continue sa progression dans les sondages.

Imposée par les créanciers, la remise en cause du droit de grève illustre de manière particulièrement criante 3 années de trahisons. Par-delà toutes les souffrances qu’il aura et continue de causer, le gouvernement Tsipras aura au moins eu le mérite de démontrer les limites inhérentes à tout projet de « gauche » qui ne pose pas comme horizon la rupture avec l’ordre capitaliste, quand bien même il serait soutenu par des mobilisations et par un peuple qui avait exprimé clairement, lors du référendum de juillet 2015, son refus des plans austéritaires de la Troika.

Dès lors, la grève constitue l’ultime moyen de lutte d’un peuple qui souffre et que ses dirigeants ont choisi de sacrifier sur l’autel de l’austérité. La limitation de ce droit apparaît comme un moyen de faire taire les travailleurs. Une mesure paradoxale car cela fait bien longtemps que le gouvernement est sourd à toutes leurs revendications

http://www.revolutionpermanente.fr/Grece-les-travailleurs-en-greve-pour-le-droit-de-greve

Le Portugal à feu et à cran

paru dans CQFD n°159 (novembre 2017), par Mickael Correia, illustré par Emilie Seto

À en croire nos plus brillants analystes, le Portugal sort la tête de l’eau après avoir subi les affres de l’austérité. Mais derrière les chiffres clinquants d’une croissance sur le retour se cache une tout autre réalité : celle d’une population abandonnée à son sort par les pouvoirs publics. Chronique d’un État qui se dévoie et d’un peuple portugais qui s’organise.

«  L’improbable redressement », «  la vigueur après la rigueur » ou encore « la résurrection économique du Portugal », exulte depuis plusieurs mois la presse française [1]. Depuis l’avènement fin 2015 d’une coalition de gauche au pouvoir [2], le pays serait en passe de tourner la page de l’austérité. L’augmentation du salaire minimum et la baisse des impôts sur le revenu auraient fait redémarrer l’économie. En tournant le dos au dogme libéral, le gouvernement de gauche plurielle est même devenu un objet d’adulation pour les médias français, qui n’hésitent plus à parler de « modèle portugais ».

Campagnes en feu

Et pourtant. Depuis cet été, c’est plus un sentiment de rage que de justice sociale que partagent les Portugais. En octobre, pour la deuxième fois en quatre mois, le pays a été frappé par les incendies les plus meurtriers de son histoire. En un été, plus de cent personnes auront trouvé la mort dans des feux de forêt. La cause de cette catastrophe ? Le vaste chantier de réduction des dépenses publiques mené par l’État portugais depuis cinq ans [3]. Après que la plantation de l’eucalyptus (un arbre très inflammable, mais à grande rentabilité économique) a été libéralisée en 2013 pour relancer une économie rurale en berne, le gouvernement de gauche a divisé par quatre les effectifs des services forestiers. De même, la coalition au pouvoir a dès 2016 privatisé la lutte anti-incendie aérienne et s’est refusée à financer une politique forestière publique, austérité oblige. Ces économies sur le dos de services publics essentiels dans un pays recouvert à plus d’un tiers par la forêt ont tellement exaspéré les Portugais que la ministre de l’Intérieur a été contrainte de démissionner le 18 octobre dernier. Mais que le populo des champs se rassure : le pays brûle, certes, mais le déficit public recule.

Villes à vendre

Malgré ses promesses, la coalition de gauche n’a toujours pas modifié la loi sur les locations de logements (Lei das rendas), mise en place par ses prédécesseurs de centre-droit. Cette loi autorise les propriétaires à signer des baux à très court terme et facilite l’expulsion des locataires de longue date. Elle a pour but d’inciter les proprios à louer aux touristes et d’attirer les fonds d’investissement pour qu’ils spéculent dans l’immobilier. Ces trois dernières années, la municipalité socialiste de Lisbonne a ainsi pu revendre une centaine d’immeubles d’habitation publics à des investisseurs sans scrupules qui les ont réhabilités en apparts haut de gamme. La frénésie immobilière, l’explosion des locations Airbnb et la gentrification sont telles qu’elles ont entraîné l’expulsion massive de dizaines de milliers d’habitants des quartiers populaires des centres-villes [4].

La gauche gouvernementale semble par ailleurs très bien s’accommoder des exonérations fiscales créées par la droite pour attirer les retraités européens [5] et les grandes fortunes étrangères investissant dans le pays, créant de facto un eldorado immobilier. Mais encore une fois, que le populo des villes se rassure : il ne peut plus se loger certes, mais l’investissement revient.

Entraide rurale & luttes de quartier

Face à l’incurie d’un État quasi inexistant aux yeux des Portugais, nombre d’entre eux renouent avec l’ajudada, une ancienne pratique rurale qui voyait une même communauté s’entraider en cas de gros labeur agricole ou de coup dur. En août 2016, après qu’un feu de forêt a ravagé plus de 400 voitures en marge du festival de danses traditionnelles Andanças, les autorités ont décidé fissa que personne n’était responsable du sinistre. Mais les automobilistes concernés ne se sont pas laissé faire. « On a vite compris qu’en coopérant tous ensemble, on pouvait trouver par nous-mêmes la meilleure solution possible », explique Rui, l’un des organisateurs du rassemblement. Une ajudada autogérée a alors été lancée par les victimes de l’incendie, avec caisse commune de solidarité, appui juridique, prêt de matériel et de véhicules [6].

Suite aux feux de forêt de cet été, de nombreux autres réseaux d’entraide dans l’esprit des ajudadas ont fleuri à travers le pays. À Viseu, les habitants ont ainsi organisé une caravane de solidarité de trente camionnettes, qui effectue depuis octobre la tournée des villages reculés les plus touchés par les flammes. Et dans les hauteurs de la Serra da Estrela, une caisse de soutien autonome pour acheter collectivement plusieurs tonnes de foin a été lancée à destination des paysans qui ont perdu leur récolte dans les incendies.

À Lisbonne, autour du quartier populaire de la Mouraria, seize familles se sont quant à elles auto-organisées face à leur propriétaire, qui voulait les expulser mi-2017. Après nombre de manifestations, de coups de pressions sur les élus et de sardinades solidaires, les locataires ont obtenu en août dernier la garantie qu’ils ne se feraient pas déloger. « La loi permet de m’expulser en toute légalité, je ne pouvais rien faire d’autre que m’accrocher et lutter pour mon quartier », résume une habitante. Enfin, depuis septembre dernier, une Assemblée d’occupation de Lisbonne squatte tout un immeuble appartenant à la municipalité. Alors qu’à une des fenêtres du bâtiment occupé flotte une banderole « En définitive, nous voulons tout », les squatteurs assurent : « Nous ne voulons pas seulement soustraire cette maison aux griffes de la spéculation, mais en faire un espace d’habitation utile à toutes et à tous. » Un autre modèle portugais, en somme.

Notes

[1Respectivement, Les Échos (22 juin 2017), Libération (20 avril 2017) et Capital (19 septembre 2017).

[2La coalition rassemble les socialistes, les communistes, les Verts et les anti-capitalistes du Bloco de Esquerda.

[3Voir l’article « Y a le feu à l’austérité », publié dans le n° 156 de CQFD, juillet-août 2017.

[4Voir « Lisbonne tremble encore », article publié dans CQFD n° 147, octobre 2016.

[5En 2016, on estimait qu’environ 25 000 Français s’étaient installés au Portugal.

[6 Voir le site ajudadaandancas2016.

Grève et marche à Athènes contre une réforme du droit de grève

Par Agence Reuters

ATHENES (Reuters) – Plusieurs milliers de Grecs ont manifesté vendredi dans le centre d’Athènes contre des réformes que le Parlement doit adopter la semaine prochaine en échange d’une nouvelle aide internationale.

Une grève, la première de l’année en Grèce, a parallèlement provoqué de nombreuses perturbations dans la capitale.

Le métro d’Athènes, emprunté quotidiennement par 938.000 usagers, est resté portes closes, provoquant d’importants embouteillages dans la ville de 3,8 millions d’habitants.

Les dockers ont paralysé le trafic portuaire et les hôpitaux publics ont dû faire appel à du personnel de remplacement.

D’autres arrêts de travail sont programmés lundi, jour de l’examen par le Parlement d’un projet de loi prévoyant notamment une réorganisation des prestations familiales, la mise en place d’une nouvelle procédure pour les saisies de biens immobiliers et un durcissement des conditions d’appel à la grève.

« Pas touche à la grève ! », « Non à l’esclavage moderne » ou « Soulèvement ! » ont crié des manifestants lors d’une marche qui a rassemblé quelque 20.000 personnes dans le centre d’Athènes.

Des incidents se sont produits devant le Parlement, où les élus débattaient du projet de loi. La police est intervenue brièvement à l’aide de gaz lacrymogène pour disperser quelques individus tentant d’approcher le bâtiment.

Le projet de loi est dénoncé par de nombreux Grecs, qui ont vu leurs revenus chuter et leurs conditions de vie se dégrader fortement depuis le premier plan de sauvetage financier du pays en 2010.

Deux autres plans de renflouement ont été accordés depuis par les Européens et le Fonds monétaire international (FMI).

« Cela revient à abolir le droit de grève. De telles choses ne s’étaient produites que sous la junte », a déclaré un officier de marine à la retraite, George Papaspyropoulos, en référence à la dictature des colonels (1967-74).

« Ce gouvernement n’a de gauche que le nom, mais en réalité, c’est une junte », a-t-il dit.

Le gouvernement est dirigé depuis 2015 par l’alliance de gauche Syriza.

Pour le moment, un syndicat peut lancer un appel à la grève s’il est soutenu par un tiers de ses membres. La nouvelle loi relèverait ce seuil à 50%.

Le gouvernement justifie ces réformes par la nécessité de recevoir de l’argent frais. Le troisième plan de renflouement, toujours en cours, expire en août.

Jusqu’à présent, la Grèce a perçu 40,2 milliards d’euros sur les 86 milliards prévus. Elle espère recevoir prochainement une nouvelle tranche de 4,5 milliards.

Constant Kaimakis vidéos :

les manifestants sont nombreux https://youtu.be/9kyqueOf2YA  https://youtu.be/Nyd41qv-PkE
les manifestants et les lacrymogènes  https://youtu.be/OyP4UG9-qnY
https://youtu.be/j47hGufinTo

A Vaulx en Velin une soirée en soutien au City Plazza

Dans le prolongement de cet article https://www.grece-austerite.ovh/soutenir-le-city-plazza/ le représentant emblématique de City Plazza Giorgos Athanassakis sera présent en France pour alerter sur la situation de cet espace d’accueil pour réfugiés et de la nécessité de les soutenir.

Une soirée est organisée ce mardi 16 janvier 2018 à 19h30 à Vaulx en Velin par : On Vaulx mieux que ça (OVMQC), Éclaireuses Éclaireurs de France, groupe Jean Bart, Comité de solidarité avec le peuple grec (CSPG) Lyonnais.

Projection du film
City Babel. Il faut pas croire
L’histoire d’une famille réfugiée et bloquée en Grèce

Le film la suit dans son quotidien et nous présente sa vie au City Plaza (28 min)
et débat
Avec une présentation par Camille Schnéegans, bénévole au City Plaza,
et Giorgos Athanassakis,
des témoignages d’Éclaireuses et d’Éclaireurs de France
bénévoles en août 201 7,
et des chants improvisés par Émilie Souillot

TRACT SOIREE CITY PLAZA

Écouter son intervention en français lors de la soirée du 26 mai 2016 organisée par Mediapart au Théâtre de la Ville, à Paris https://www.youtube.com/watch?v=Xv03q9Q2NFQ

Soutien aux Vio.Me pour bloquer la vente aux enchères

La lutte des travailleurs de VIO.ME depuis 6 ans est une lutte emblématique en Grèce. Actionnaires et famille du groupe Philippou avaient abandonné l’usine et ses travailleurs impayés. Les travailleurs de VIO.ME ont pris leur affaires en main, ont reconverti la production de l’usine dans des produits de nettoyage écologiques, et ont organisé sa production de façon autogérée. Malgré une guérilla juridique et une absence de soutien des autorités, ils tiennent bon depuis 6 ans. Avec l’aide de leur Comité de soutien, des avocats et des professeurs de droit, ils ont soumis une proposition complète pour faire fonctionner l’usine de façon légale et efficace, à la fois économique et productive, et pour la distribution des produits.

Contre le gaspillage des deniers publics (cotisations fiscales et d’assurance des employés) et pour protéger l’intérêt public contre les énormes sommes que doivent les entreprises Filkeram SA et BIOME SA, ils exigent de confisquer aux propriétaires les biens immobiliers et mobiliers. Il existe des décisions irrévocables contre les employeurs. Les agences d’État et les organismes publics devraient déjà être intervenus. Ensuite, ils demandent à ce que les propriétés puissent être louées à la coopérative des employés de BIO.ME pour assurer les emplois.
En outre, ils exigent que les biens qui ont déjà été engagés (et exclus de la vente aux enchères) par un gouvernement précédent en 2012 soient confisqués et donnés à la coopérative pour qu’il entre directement en fonctionnement normal avec ce qui est requis pour une légalisation complète.

Les VIO.ME revendiquent un environnement de travail très différent de ceux qui existent en Grèce :
– Faire participer les employés et la société dans le contrôle de la production et de la distribution.
– Avec un contrôle permanent via les assemblées du fonctionnement économique
– Avec l’égalité absolue dans les décisions parce que nous avons tous une voix.
– Avec un salaire égal pour un temps de travail égal.
une production orientée vers les besoins sociaux et environnementaux et non sur l’accumulation de profit.

Les VIO.ME rappellent leur long combat . Les gouvernements qui se sont succédés tout ce temps, n’ont pas fait ce qu’ils ont promis. Ils n’ont déposé aucune proposition légale, indépendamment des allégations faites par les membres des partis politiques qui les soutiennent.

Les VIO.ME demandent le soutien de la société dans cette lutte, car elle influe sur la capacité de tous les employés de stimuler l’économie et la vie dans leurs mains . Avec la solidarité de toute la classe ouvrière et de la société , ils veulent imposer leur propre besoin avec leur propre droit civil!

Ils appellent à se mobiliser le jeudi 11 janvier à 9h devant le Tribunal de Thessalonique contre la Vente aux enchères:

VIO.ME N’EST PAS À VENDRE !

Soutenir le City Plazza

Gardez le City Plaza Hotel ouvert en 2018

Chers amis et camarades,

City Plaza, le “meilleur hôtel” dans une Europe aux barrières et au racisme croissants, fait aujourd’hui face à d’importantes difficultés financières. La campagne de collecte de fond internationale et les donations directes – qui ont été un succès durant la première année du projet – ont sévèrement diminué. C’est pourquoi, nous appelons une fois de plus à toutes les personnes et groupes qui ont rendu possible le projet de City Plaza à travers leurs contributions. Nous demandons aux groupes locaux et aux initiatives de diffuser le message et d’organiser des événements et soirées de solidarité. Nous demandons aux collectifs ou particuliers de se joindre à notre campagne, de partager nos vidéos et notre appel pour garder City Plaza en vie.Jusque ici, et depuis environ 20 mois, City Plaza a réussi à être une maison de dignité, de sécurité et de lutte pour plus de 1.700 personnes réfugiées – plus d’un tiers étant des bébés et enfants. Ceci est dû à l’effort infini d’une centaine d’activistes, à travers la solidarité et l’autogestion. Mais ce n’aurait pas été assez sans le support de nos donateurs et sans votre support.

City Plaza est entièrement basé sur le volontariat, sans aucun personnel rémunéré et fonds publics. Mais pour avancer, cela demande beaucoup de ressources. Pour le moment, City Plaza est à un important carrefour. Bien que les dépenses, quand on les compare aux camps officiels, soient plus basses de 1/5, les aliments frais et l’huile de cuisson prennent une grande portion du budget de City Plaza. Il y a aussi beaucoup d’autres dépenses – produits pour bébés, médicaments, lessive, matériel scolaire, produits de nettoyage et d’hygiène, etc.

City Plaza a besoin de votre soutien pour pouvoir continuer comme alternative de vie face à la dominante gestion européenne de l’immigration en Grèce.

Gardez le “meilleur hôtel en Europe” ouvert!

Rejoignez la campagne

https://youtu.be/3qHfyNIUsRo

 Le 22 avril 2016, 250 activistes et personnes réfugiées ont pris l’hôtel City Plaza dans le centre d’Athènes. L’hôtel et beaucoup d’autres affaires commerciales ont fermé pour plus de 6 ans après l’effondrement économique et à cause de la politique d’austérité gouvernementale. Cet hôtel abandonné a été transformé en un Espace de Logement et de Solidarité pour Réfugiés. Depuis, cette initiative de solidarité, durant plus de 600 jours, a assuré un logement gratuit et décent à plus de 1700 personnes dans l’hyper centre d’Athènes, sans la demande de leur nationalité ou permis de résidence. Ces personnes sont logées dans les 120 chambres de l’hôtel, 350-400 individus dans un même temps.

City Plaza a émergé comme une réponse directe du mouvement solidaire suite aux effets désastreux du Deal UE-Turquie et la fermeture militaire de la Route des Balkans. City Plaza a été squatté pour assurer aux personnes déplacées une alternative avec sécurité et dignité par rapport aux misérables, non hygiéniques et cruelles conditions des camps de réfugiés, hot-spots et des centres de détention. En faisant ça, City Plaza lance un message politique clair : des conditions de vie décentes pour tout le monde sont possibles, même dans un pays touché par la crise comme la Grèce.

En même temps, City Plaza est devenu un lieu de solidarité transnational et de lutte contre le régime de la migration en UE. Un espace de vie commune mais aussi un espace de lutte contre les nouvelles formes d’exclusions et de répressions qui ont émergé après le “long été de la migration” en 2015. Nous nous levons pour la liberté de bouger et le droit de rester, contre la coopération de l’UE avec les régimes autoritaires et répressifs en Turquie et en Libye. Nous condamnons la réimplantation de la pratique illégale de repoussement par le gouvernement grec et nous nous battons contre et les horribles conditions de vie pour les personnes réfugiées à l’est des îles Aegean.

Solidarity Will Win !

 

Contactez nous support@best-hotel-in-europe.eu

https://best-hotel-in-europe.eu/fr/gardez-le-city-plaza-hotel-ouvert/

Le récit du convoi solidaire de novembre

Le convoi de tous les dangers par ·  

Digne d’un polar !

Jamais convoi solidaire en Grèce n’a été aussi périlleux :
– barrage policier,
– filatures très visibles,
– pressions diverses,
– propagande médiatique,
– accusations délirantes,
– menaces fascistes explicites,
– plusieurs de nos lieux solidaires en grandes difficultés,
– l’un d’entre eux sur le point de mettre la clé sous la porte,
– attaque incendiaire néo-nazie sur un autre,
– inondations dramatiques,
– programme sans cesse chamboulé,
– six membres du convoi blessés par des policiers durant une manif,
– un autre arrêté et poursuivi en Justice puis libéré,
– un autre encore hospitalisé puis rapatrié en France…

On vous avait prévenus de longue date : ce convoi allait être plus politique que les précédents. Période importante. Météo moins clémente. Manif anniversaire. Nous savions également qu’après notre convoi très remarqué du printemps (26 fourgons), sous le feu malveillant des médias grecs, la surveillance du pouvoir et la haine des néo-nazis, nous serions probablement attendus. Sur les réseaux sociaux, début novembre, des fascistes cherchaient à savoir notre date exacte d’arrivée. Le pouvoir était également aux aguets. Qu’importe. Nous savions que ce serait compliqué et nous avions clairement prévenu nos candidats au voyage.

Contrairement au printemps, aucun enfant n’était admis dans le convoi, excepté Achille que nous avions prévu de laisser chez une parente à Athènes dès notre arrivée. Mais celle-ci, bien désolée, se décommanda au dernier moment, ajoutant une épreuve de plus durant le séjour : un petit gars de 8 ans avec nous dans ce qui allait devenir une véritable tempête.

Avec notre collectif Anepos, parallèlement à nos films solidaires, c’était la dixième fois depuis 2012 que nous coordonnions un transport de matériel vers nos lieux autogérés en Grèce, parfois très modestement avec de simples voitures, et c’était la quatrième fois durant l’année 2017 :
– 7 véhicules en janvier, dont 3 pour Athènes ;
– 26 fourgons en mars-avril (record absolu) ;
– 3 en août-septembre ;
– 16 véhicules en novembre-décembre, dont 15 fourgons et une voiture.

Au sens fort du mot convoi, c’était la deuxième fois seulement qu’on dépassait la quinzaine de véhicules et la trentaine de convoyeurs. Pour la plupart, nous venions du sud de la France : Bordeaux, Marseille et, surtout, les environs du Tarn (5 fourgons sur 16). D’autres nous avaient rejoint depuis la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, Limoges, la Bourgogne ou encore la Savoie, la Suisse et la Belgique. La moyenne d’âge était un peu plus élevée qu’à l’habitude et 18 convoyeurs sur 33 étaient déjà partis avec nous.

Seul regret : malgré notre appel pressant dans les réseaux antifascistes, plusieurs de nos camarades motivés avaient finalement du reporter leur départ. Nous n’étions donc qu’un quart des convoyeurs vraiment expérimentés dans ce domaine, alors que nous aurions souhaités être une bonne moitié dans ce profil, vu les circonstances délicates.

Cependant, le courage n’a pas manqué, personne dans le groupe n’a jeté l’éponge dans l’épreuve et, au final, dans des circonstances très difficiles, non sans quelques tensions inévitables, nous avons réussi à remplir tous nos objectifs, et plus encore, en participant également à la solidarité avec les sinistrés des inondations mortelles de l’ouest athénien.

Nous avons également battu le record absolu de soutien financier jamais apporté en convoi : 22 897 euros apportés contre 19 280 euros au printemps. Une somme répartie, à la suite de notre assemblée sur le ferry, entre 32 actions solidaires, principalement dans le quartier rebelle d’Exarcheia, mais aussi ailleurs à Athènes, ainsi qu’au Pirée, en Crète, à Lesbos ou encore à Thessalonique.

Une aide répartie, comme à l’habitude, environ à 50/50 entre précaires grecs et réfugiés/migrants, sans oublier le soutien aux camarades réprimés, poursuivis ou incarcérés.

Croulant sous les dettes, L’autre humain, fameux réseau de 17 cuisines sociales gratuites et autogérées, avait prévu de quitter avant la date du 15 décembre son lieu de vie spacieux dont la location n’était plus possible. Mais la solidarité de quelques dizaines d’ouvriers dans une usine voisine a finalement permis de rassembler un quart de la somme nécessaire. Alors, nous avons fait le reste, effaçant la totalité des dettes et assurant plusieurs mois de loyer d’avance.

Côté matériel, nous avons apporté une tonne et demi de lait infantile, plus de 10 000 couches, des soins et de la nourriture pour les bébés, des produits ménagers et d’hygiène, des fournitures médicales, des photocopieurs et des ordinateurs, de l’alimentation générale (nous avons aussi acheté un peu de frais sur place) et, bien sûr, des jouets très attendus, souvent accompagnés de messages, affiches, autocollants, ainsi que des dessins transmis par les écoles de Port-St-Louis dans les Bouches-du-Rhône. Valeur totale du chargement : environ 70 000 euros.

Tout ce qui a été demandé puis collecté a été transmis, sans exception, malgré les embûches, sans intermédiaire ni aucun frais, directement au mouvement social qui résiste en Grèce et organise l’entraide dans l’autogestion. C’était un défi cette fois, comme vous allez le voir en photos. Un défi relevé par mes 32 compagnons de voyage. Grand merci à elles, à eux d’avoir tenu bon dans l’adversité, chacun à sa façon. Même si ce ne fut pas toujours simple pour moi aussi, je leur tire mon chapeau, et Maud également.

Je n’en dis pas plus : les photos qui suivent vont vous résumer ce que nous avons traversé, durant ce dernier convoi solidaire de l’année, de mi-novembre à aujourd’hui, dans un tourbillon d’événements et une succession d’épreuves.

Merci à vous tou-te-s de votre soutien.

La suite au printemps. On en reparle en janvier.

Solidairement,

Yannis Youlountas

La suite ici, en images :
http://blogyy.net/2017/12/11/le-convoi-de-tous-les-dangers/
(récit, bilan, vidéos et photos, comme toujours libres d’usage)

 

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