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Archives de catégorie Luttes- Changer le système

Soutien aux Vio.Me pour bloquer la vente aux enchères

La lutte des travailleurs de VIO.ME depuis 6 ans est une lutte emblématique en Grèce. Actionnaires et famille du groupe Philippou avaient abandonné l’usine et ses travailleurs impayés. Les travailleurs de VIO.ME ont pris leur affaires en main, ont reconverti la production de l’usine dans des produits de nettoyage écologiques, et ont organisé sa production de façon autogérée. Malgré une guérilla juridique et une absence de soutien des autorités, ils tiennent bon depuis 6 ans. Avec l’aide de leur Comité de soutien, des avocats et des professeurs de droit, ils ont soumis une proposition complète pour faire fonctionner l’usine de façon légale et efficace, à la fois économique et productive, et pour la distribution des produits.

Contre le gaspillage des deniers publics (cotisations fiscales et d’assurance des employés) et pour protéger l’intérêt public contre les énormes sommes que doivent les entreprises Filkeram SA et BIOME SA, ils exigent de confisquer aux propriétaires les biens immobiliers et mobiliers. Il existe des décisions irrévocables contre les employeurs. Les agences d’État et les organismes publics devraient déjà être intervenus. Ensuite, ils demandent à ce que les propriétés puissent être louées à la coopérative des employés de BIO.ME pour assurer les emplois.
En outre, ils exigent que les biens qui ont déjà été engagés (et exclus de la vente aux enchères) par un gouvernement précédent en 2012 soient confisqués et donnés à la coopérative pour qu’il entre directement en fonctionnement normal avec ce qui est requis pour une légalisation complète.

Les VIO.ME revendiquent un environnement de travail très différent de ceux qui existent en Grèce :
– Faire participer les employés et la société dans le contrôle de la production et de la distribution.
– Avec un contrôle permanent via les assemblées du fonctionnement économique
– Avec l’égalité absolue dans les décisions parce que nous avons tous une voix.
– Avec un salaire égal pour un temps de travail égal.
une production orientée vers les besoins sociaux et environnementaux et non sur l’accumulation de profit.

Les VIO.ME rappellent leur long combat . Les gouvernements qui se sont succédés tout ce temps, n’ont pas fait ce qu’ils ont promis. Ils n’ont déposé aucune proposition légale, indépendamment des allégations faites par les membres des partis politiques qui les soutiennent.

Les VIO.ME demandent le soutien de la société dans cette lutte, car elle influe sur la capacité de tous les employés de stimuler l’économie et la vie dans leurs mains . Avec la solidarité de toute la classe ouvrière et de la société , ils veulent imposer leur propre besoin avec leur propre droit civil!

Ils appellent à se mobiliser le jeudi 11 janvier à 9h devant le Tribunal de Thessalonique contre la Vente aux enchères:

VIO.ME N’EST PAS À VENDRE !

Soutenir le City Plazza

Gardez le City Plaza Hotel ouvert en 2018

Chers amis et camarades,

City Plaza, le “meilleur hôtel” dans une Europe aux barrières et au racisme croissants, fait aujourd’hui face à d’importantes difficultés financières. La campagne de collecte de fond internationale et les donations directes – qui ont été un succès durant la première année du projet – ont sévèrement diminué. C’est pourquoi, nous appelons une fois de plus à toutes les personnes et groupes qui ont rendu possible le projet de City Plaza à travers leurs contributions. Nous demandons aux groupes locaux et aux initiatives de diffuser le message et d’organiser des événements et soirées de solidarité. Nous demandons aux collectifs ou particuliers de se joindre à notre campagne, de partager nos vidéos et notre appel pour garder City Plaza en vie.Jusque ici, et depuis environ 20 mois, City Plaza a réussi à être une maison de dignité, de sécurité et de lutte pour plus de 1.700 personnes réfugiées – plus d’un tiers étant des bébés et enfants. Ceci est dû à l’effort infini d’une centaine d’activistes, à travers la solidarité et l’autogestion. Mais ce n’aurait pas été assez sans le support de nos donateurs et sans votre support.

City Plaza est entièrement basé sur le volontariat, sans aucun personnel rémunéré et fonds publics. Mais pour avancer, cela demande beaucoup de ressources. Pour le moment, City Plaza est à un important carrefour. Bien que les dépenses, quand on les compare aux camps officiels, soient plus basses de 1/5, les aliments frais et l’huile de cuisson prennent une grande portion du budget de City Plaza. Il y a aussi beaucoup d’autres dépenses – produits pour bébés, médicaments, lessive, matériel scolaire, produits de nettoyage et d’hygiène, etc.

City Plaza a besoin de votre soutien pour pouvoir continuer comme alternative de vie face à la dominante gestion européenne de l’immigration en Grèce.

Gardez le “meilleur hôtel en Europe” ouvert!

Rejoignez la campagne

https://youtu.be/3qHfyNIUsRo

 Le 22 avril 2016, 250 activistes et personnes réfugiées ont pris l’hôtel City Plaza dans le centre d’Athènes. L’hôtel et beaucoup d’autres affaires commerciales ont fermé pour plus de 6 ans après l’effondrement économique et à cause de la politique d’austérité gouvernementale. Cet hôtel abandonné a été transformé en un Espace de Logement et de Solidarité pour Réfugiés. Depuis, cette initiative de solidarité, durant plus de 600 jours, a assuré un logement gratuit et décent à plus de 1700 personnes dans l’hyper centre d’Athènes, sans la demande de leur nationalité ou permis de résidence. Ces personnes sont logées dans les 120 chambres de l’hôtel, 350-400 individus dans un même temps.

City Plaza a émergé comme une réponse directe du mouvement solidaire suite aux effets désastreux du Deal UE-Turquie et la fermeture militaire de la Route des Balkans. City Plaza a été squatté pour assurer aux personnes déplacées une alternative avec sécurité et dignité par rapport aux misérables, non hygiéniques et cruelles conditions des camps de réfugiés, hot-spots et des centres de détention. En faisant ça, City Plaza lance un message politique clair : des conditions de vie décentes pour tout le monde sont possibles, même dans un pays touché par la crise comme la Grèce.

En même temps, City Plaza est devenu un lieu de solidarité transnational et de lutte contre le régime de la migration en UE. Un espace de vie commune mais aussi un espace de lutte contre les nouvelles formes d’exclusions et de répressions qui ont émergé après le “long été de la migration” en 2015. Nous nous levons pour la liberté de bouger et le droit de rester, contre la coopération de l’UE avec les régimes autoritaires et répressifs en Turquie et en Libye. Nous condamnons la réimplantation de la pratique illégale de repoussement par le gouvernement grec et nous nous battons contre et les horribles conditions de vie pour les personnes réfugiées à l’est des îles Aegean.

Solidarity Will Win !

 

Contactez nous support@best-hotel-in-europe.eu

https://best-hotel-in-europe.eu/fr/gardez-le-city-plaza-hotel-ouvert/

Le récit du convoi solidaire de novembre

Le convoi de tous les dangers par ·  

Digne d’un polar !

Jamais convoi solidaire en Grèce n’a été aussi périlleux :
– barrage policier,
– filatures très visibles,
– pressions diverses,
– propagande médiatique,
– accusations délirantes,
– menaces fascistes explicites,
– plusieurs de nos lieux solidaires en grandes difficultés,
– l’un d’entre eux sur le point de mettre la clé sous la porte,
– attaque incendiaire néo-nazie sur un autre,
– inondations dramatiques,
– programme sans cesse chamboulé,
– six membres du convoi blessés par des policiers durant une manif,
– un autre arrêté et poursuivi en Justice puis libéré,
– un autre encore hospitalisé puis rapatrié en France…

On vous avait prévenus de longue date : ce convoi allait être plus politique que les précédents. Période importante. Météo moins clémente. Manif anniversaire. Nous savions également qu’après notre convoi très remarqué du printemps (26 fourgons), sous le feu malveillant des médias grecs, la surveillance du pouvoir et la haine des néo-nazis, nous serions probablement attendus. Sur les réseaux sociaux, début novembre, des fascistes cherchaient à savoir notre date exacte d’arrivée. Le pouvoir était également aux aguets. Qu’importe. Nous savions que ce serait compliqué et nous avions clairement prévenu nos candidats au voyage.

Contrairement au printemps, aucun enfant n’était admis dans le convoi, excepté Achille que nous avions prévu de laisser chez une parente à Athènes dès notre arrivée. Mais celle-ci, bien désolée, se décommanda au dernier moment, ajoutant une épreuve de plus durant le séjour : un petit gars de 8 ans avec nous dans ce qui allait devenir une véritable tempête.

Avec notre collectif Anepos, parallèlement à nos films solidaires, c’était la dixième fois depuis 2012 que nous coordonnions un transport de matériel vers nos lieux autogérés en Grèce, parfois très modestement avec de simples voitures, et c’était la quatrième fois durant l’année 2017 :
– 7 véhicules en janvier, dont 3 pour Athènes ;
– 26 fourgons en mars-avril (record absolu) ;
– 3 en août-septembre ;
– 16 véhicules en novembre-décembre, dont 15 fourgons et une voiture.

Au sens fort du mot convoi, c’était la deuxième fois seulement qu’on dépassait la quinzaine de véhicules et la trentaine de convoyeurs. Pour la plupart, nous venions du sud de la France : Bordeaux, Marseille et, surtout, les environs du Tarn (5 fourgons sur 16). D’autres nous avaient rejoint depuis la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, Limoges, la Bourgogne ou encore la Savoie, la Suisse et la Belgique. La moyenne d’âge était un peu plus élevée qu’à l’habitude et 18 convoyeurs sur 33 étaient déjà partis avec nous.

Seul regret : malgré notre appel pressant dans les réseaux antifascistes, plusieurs de nos camarades motivés avaient finalement du reporter leur départ. Nous n’étions donc qu’un quart des convoyeurs vraiment expérimentés dans ce domaine, alors que nous aurions souhaités être une bonne moitié dans ce profil, vu les circonstances délicates.

Cependant, le courage n’a pas manqué, personne dans le groupe n’a jeté l’éponge dans l’épreuve et, au final, dans des circonstances très difficiles, non sans quelques tensions inévitables, nous avons réussi à remplir tous nos objectifs, et plus encore, en participant également à la solidarité avec les sinistrés des inondations mortelles de l’ouest athénien.

Nous avons également battu le record absolu de soutien financier jamais apporté en convoi : 22 897 euros apportés contre 19 280 euros au printemps. Une somme répartie, à la suite de notre assemblée sur le ferry, entre 32 actions solidaires, principalement dans le quartier rebelle d’Exarcheia, mais aussi ailleurs à Athènes, ainsi qu’au Pirée, en Crète, à Lesbos ou encore à Thessalonique.

Une aide répartie, comme à l’habitude, environ à 50/50 entre précaires grecs et réfugiés/migrants, sans oublier le soutien aux camarades réprimés, poursuivis ou incarcérés.

Croulant sous les dettes, L’autre humain, fameux réseau de 17 cuisines sociales gratuites et autogérées, avait prévu de quitter avant la date du 15 décembre son lieu de vie spacieux dont la location n’était plus possible. Mais la solidarité de quelques dizaines d’ouvriers dans une usine voisine a finalement permis de rassembler un quart de la somme nécessaire. Alors, nous avons fait le reste, effaçant la totalité des dettes et assurant plusieurs mois de loyer d’avance.

Côté matériel, nous avons apporté une tonne et demi de lait infantile, plus de 10 000 couches, des soins et de la nourriture pour les bébés, des produits ménagers et d’hygiène, des fournitures médicales, des photocopieurs et des ordinateurs, de l’alimentation générale (nous avons aussi acheté un peu de frais sur place) et, bien sûr, des jouets très attendus, souvent accompagnés de messages, affiches, autocollants, ainsi que des dessins transmis par les écoles de Port-St-Louis dans les Bouches-du-Rhône. Valeur totale du chargement : environ 70 000 euros.

Tout ce qui a été demandé puis collecté a été transmis, sans exception, malgré les embûches, sans intermédiaire ni aucun frais, directement au mouvement social qui résiste en Grèce et organise l’entraide dans l’autogestion. C’était un défi cette fois, comme vous allez le voir en photos. Un défi relevé par mes 32 compagnons de voyage. Grand merci à elles, à eux d’avoir tenu bon dans l’adversité, chacun à sa façon. Même si ce ne fut pas toujours simple pour moi aussi, je leur tire mon chapeau, et Maud également.

Je n’en dis pas plus : les photos qui suivent vont vous résumer ce que nous avons traversé, durant ce dernier convoi solidaire de l’année, de mi-novembre à aujourd’hui, dans un tourbillon d’événements et une succession d’épreuves.

Merci à vous tou-te-s de votre soutien.

La suite au printemps. On en reparle en janvier.

Solidairement,

Yannis Youlountas

La suite ici, en images :
http://blogyy.net/2017/12/11/le-convoi-de-tous-les-dangers/
(récit, bilan, vidéos et photos, comme toujours libres d’usage)

 

Convoi solidaire Isère-Savoie : livraison de la collecte

En juillet 2017, Pierre Moscovici, commissaire européen aux affaires économiques, s’est félicité de  » l’amélioration spectaculaire » de la situation en Grèce. Pour les financiers peut-être mais certainement pas pour une grande partie des Grecs et pour les migrants.

La solidarité est donc toujours d’actualité, (même si l’ordre des pharmaciens grecs estime aussi de son côté que les pharmacies sociales n’ont plus de raison d’être). C’est pour cela qu’un nouveau convoi solidaire part vers la Grèce en ce mois de novembre 2017. Il est organisé comme en mars par le collectif artistique et solidaire ANEPOS.

Seize fourgons partent de France de Belgique et de Suisse. Deux de ces fourgons le sont de Savoie, c’est dans un des deux, conduit par Nicolas, que le résultat de la collecte grenobloise sera acheminé vers la Grèce.

Lundi 6 novembre, 5 membres de notre collectif ont trié et mis en cartons, lait et couches pour bébé, nourriture, fournitures scolaires, produits d’hygiène, jouets, produits paramédicaux … et une bouteille de vin. Nous avons transporté les cartons à Challes les Eaux en Savoie à la ferme des Baraques où nous avons retrouvé Nicolas.

Gilles un des paysans boulangers de la ferme nous a accueilli et après avoir transvasé les cartons dans le fourgon nous nous sommes retrouvés, avec Attac Savoie, au chaud, et autour d’un verre  pour partager aussi ce que chacun avait préparé.

Nicolas nous a fait partagé son expérience du précédent convoi, nous avons échangé sur la situation en Grèce (nous étions beaucoup moins optimistes que M. Moscovici) et sur le rôle de laboratoire que lui ont attribué l’Union européenne, l’Allemagne (M. Schauble) et le FMI. Elle sert de terrain d’expérimentation, où il est testé comment, prenant le prétexte de dette et avec la complicité de ses dirigeants, on peut asservir un peuple et lui enlever le droit de choisir son destin. Tout cela pour satisfaire à l’ordre néolibéral la nouvelle dictature du XXIème siècle.

Migrants cibles de groupuscule fasciste

Le samedi 7 octobre, à Aspropyrgos, petite ville à l’ouest d’Attique, deux ouvriers agricoles pakistanais  ont été la cible d’une agression violente par un groupe de 5 hommes qui les ont frappés avec une brutalité particulière  avec de poings américains en concluant leur agression avec un coup de couteau. La victime la plus grièvement blessé, Asfak Mahmud, portait de blessures très importantes au visage et fut hospitalisé d’urgence.  Cet ouvrier pakistanais, installé en Grèce depuis dix ans, était devenu la cible du groupuscule fasciste à cause de ses activités antifasciste et antiraciste : il avait participé aux manifestations antiracistes organisées sur place en mai et juin dernier.

 C’est la énième agression des migrants dans cette petite ville où le taux de chômage atteint de records et une partie de la population habite dans des favelas ; selon les organisations antiracistes, on y dénombre une soixantaine d’attaques racistes depuis un an. Non seulement des personnes ont été grièvement blessés mais aussi  des maisons arbitrant des migrants attaquées en pleine nuit en mettant ainsi la vie de leurs habitants en danger. Les agresseurs sont connus des autorités, car leur groupe se promène en ville à visage découvert en proférant des injures racistes et en semant la terreur. D’ailleurs plusieurs d’entre eux ont été formellement identifiés par des victimes des agressions précédentes, mais malgré cela, aucun d’eux n’a   été  jusqu’à maintenant inquiété par la police. D’après Petros Konstantinou du KEERFA (Mouvement united Against racisme and fascist threat)  il s’agit du  même groupe qui avait attaqué la manifestation antiraciste du 17 juin dernier. Leur impunité ne saurait persister sans la connivence de la police et des autorités municipales. A chaque agression raciste, les premiers à être arrêtés sont les victimes, surtout s’il s’agit des sans-papiers, tandis que les agresseurs jouissent de la protection des forces de l’ordre.

Samedi dernier, les agresseurs après avoir lacéré  avec des poings américains et un couteau le visage de leurs victimes, ils ont menacé de les brûler vives si ils ne quittaient pas le pays. Les deux victimes ont reconnu deux de leurs agresseurs qui pour l’instant n’ont pas été arrêtés. Asfak Mahmud a confirmé avoir reçu à plusieurs reprises des menaces par des membres de l’Aube Dorée (nazis grecs)  qui très probablement est l’auteur de cette attaque, malgré un communiqué de démenti que l’organisation nazie a publié.

 Une deuxième agression raciste a eu lieu dans un quartier populaire d’Athènes à peine quelques heures après.  Un groupe de 15 a failli lyncher un ouvrier pakistanais qui rentrait chez lui après la fin de son travail tard dans la nuit du samedi au dimanche. Ils l’ont encerclé et n’arrêtaient de lui donner de coups de pied au visage et au corps jusqu’à ce quil perde connaissance. La victime, grièvement blessé, a été hospitalisée d’urgence; il devrait subir une opération nécessitant plusieurs jours d’hospitalisation. Le ministre de Protection du Citoyen (euphémisme pour l’Ordre public) Toskas après avoir reçu des représentants de la communauté pakistanaise a confirmé sa détermination de poursuivre les auteurs de ses actes odieux.  Sauf qu’il avait déjà affirmé la même chose en juin dernier sans que le régime d’impunité de sections d’assaut anti-immigré et de policiers qui les couvrent change d’un iota.

(source –en grec- Efimerida tôn Syntaktôn, )

Entretien avec Emmy Koutsopoulou

Dans un précédent article nous faisions état d’une mesure de licenciement à l’encontre d’Emmy Koutsopoulou, http://www.infoadrets.info/grece/solidarite-avec-emmy-koutsopoulou/psychiatre grecque, responsable de l’unité d’addictologie à l’hôpital oncologique d’Athènes, limogée de son poste par la direction de l’organisme grec de lutte contre la drogue – OKANA .

Il apparait que les décisions administratives prises à son encontre relèvent du domaine de la persécution politique, syndicale et professionnelle.

Pour connaitre son engagement voici une vidéo d’un entretien suite à une rencontre avec elle réalisée en été 2016 à Athènes. 

Aider un migrant un acte de défense des droits humains

Amnesty international | Condamnation d’une défenseuse des migrants tessinoise « Ni trafiquante, ni délinquante, mais défenseuse des droits humains! »

Suite au jugement rendu par le Tribunal pénal jeudi 28 septembre, qui condamne une défenseuse des migrants tessinoise, Amnesty International s’inquiète de la condamnation de personnes dont la seule motivation est de porter assistance aux personnes migrantes et réfugiées sans rechercher d’autre contrepartie que de voir les droits humains respectés.

Selon le droit international, le trafic de migrants implique d’en retirer un bénéfice matériel ou financier, pas moral. Et selon ces mêmes règles internationales, qui lient les autorités suisses, l’État doit prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les personnes ou associations qui œuvrent à la protection des droits humains et qui en dénoncent les violations. Dans son rapport « Italie : Expulsions illégales et violences à l’égard de migrants », publié en 2016, Amnesty International a fait état des pressions de l’Union européenne (UE) visant à inciter l’Italie à durcir le ton contre les personnes réfugiées et migrantes. Or, ces pressions ont débouché sur des expulsions illégales et des mauvais traitements susceptibles de constituer des actes de torture dans certains cas. Malgré ces carences du système d’asile italien dénoncées par Amnesty International, des organisations de la société civile ont indiqué que durant la seconde moitié de 2016, les autorités suisses avaient procédé à des renvois forcés illégaux vers l’Italie, qui concerneraient plusieurs milliers de demandeurs d’asile, dont plusieurs centaines de mineurs non accompagnés. Certaines de ces personnes avaient des proches établis en Suisse.

C’est dans ce cadre-là qu’Amnesty International s’inquiète du jugement rendu par le Tribunal pénal de Bellinzona ce jeudi 28 septembre, qui a reconnu Lisa Bosia Mirra coupable d’incitation répétée à l’entrée illégale et l’a condamnée à une peine pécuniaire avec sursis. Ce jugement ouvre la voie à la condamnation de multiples personnes dont la seule motivation est de porter assistance aux personnes migrantes et réfugiées sans autre contrepartie que de voir les droits humains respectés.

« Ni trafiquante, ni délinquante, Lisa Bosia Mirra est avant tout une défenseuse des droits humains », souligne Denise Graf, experte asile pour Amnesty International en Suisse. « Car il s’agissait bien de protéger les droits violés des mineurs et autres personnes vulnérables, qui étaient confrontés à l’inaction, aux défaillances et même aux atteintes à ces droits, portées par les autorités suisses et italiennes. » Lisa Bosia Mirra a porté assistance, avec son association Firdaus, à des migrants et des migrantes qui étaient bloqués dans le parc devant la gare S. Giovanni à Côme en raison des contrôles de frontière systématiques introduits par les autorités suisses. L’aide consistait à leur apporter de la nourriture, à établir des dossiers pour les mineurs non accompagnés en vue d’une entrée en Suisse, en contactant des membres de leur famille basés en Suisse, et à un soutien à des personnes particulièrement vulnérables pour entrer en Suisse ou se rendre en Allemagne.

Nadia Boehlen Porte-parole d’ Amnesty International Section suisse

Retrouvez ici  l’article “Les critères éthiques de la résistance”, qui présente une réflexion sur les problèmes liés à nos engagements en matière d’asile, et en particulier sur la question de l’attitude à adopter à l’égard du cadre que nous impose la politique de l’État dans ce domaine. Cet article de Pierre Bühler, professeur à la faculté de théologie à l’université de Zurich, est paru dans le numéro 130 de la revue Vivre Ensemble.

Pour info, Lisa Bosia Mirra organise une longue « Marche pour les droits et la dignité humaine » en Suisse, qui débutera en octobre. Plus d’informations ici:

http://www.sosf.ch/fr/sujets/divers/informations-articles/bainvegni-fugitivs-marsch.html

Un autre regard sur la visite d’E.Macron à Athènes

le 7/9/17 publié par  
 Manolis Glezos : Je n’accepte pas l’invitation à être présent aujourd’hui à la profanation de la Pnyx

La France, son peuple, les luttes du peuple et ses représentants ont toujours été les bienvenus pour le peuple grec.

Je me souviendrai toujours de l’énorme contribution de la France officielle, sous le Général De Gaulle, et du peuple français, qui ont empêché l’exécution des peines de mort qui nous avaient été infligées par le régime grec qui a suivi la guerre civile.

Mais, la visite d’aujourd’hui présente une différence majeure.

Aujourd’hui, c’est le droit du plus fort qui s’impose.

La Grèce impuissante, grâce aux mémorandums, accueille en tant qu’investisseurs l’invasion financière la plus cynique, en la personne d’un groupe  qui accompagne le président français.

Les infrastructures qui n’ont pas encore été cédées, sont dans la file d’attente.

Nous ne vendons pas, nous bradons.

Ils n’investissent pas, ils augmentent leur propre richesse en suçant toute trace de vie du peuple grec.

Simple bilan, simples mathématiques.

Et tout cela sous le régime d’un chantage inédit du point de vue historique.

Avec l’épée du maître-chanteur sur la table, qu’accompagne un cynique “Vae Victis” (Malheur aux vaincus).

Rien ne peut modifier l’estime que nous nourrissons pour le peuple français.

Mais, nous n’accepterons pas comme faits accomplis ce qui sera convenu entre les groupes d’entrepreneurs qui accompagnent le Président de la République Française et le Premier ministre de Grèce.

C’est pourquoi je n’accepte pas l’invitation à être présent aujourd’hui à la profanation de la Pnyx.

Manolis Glezos

Athènes, le 7 septembre 2017

Voir l’article complet et les autres photos  Manolis Glezos : Je n’accepte pas l’invitation à être présent aujourd’hui à la profanation de la Pnyx

le texte original en grec http://tlaxcala-int.org/article.asp?reference=21454

le 7/7 Par Constant Kaimakis  MACRON VIENT SE FAIRE VOIR CHEZ LES GRECS …« ΜΑΚΡΟΝ, ΜΑΚΡΙΑ! » (MACRON, DÉGAGE! )

La venue de Macron en Grèce s’est déroulée dans une Athènes transformée en véritable forteresse. Centre ville bouclé, tous les sites français sous haute protection policière, plus de 2000 policiers mobilisés, des centaines de flics en civil, hélicoptères, l’État grec n’avait pas lésiné pour « sécuriser » la visite du Président français et empêcher toute sorte de manifestation… La venue de Macron en Grèce a provoqué de vives réactions et à la même heure 2 manifestations étaient prévues dans Athènes. Jouant sur les mots ( Macron , phonétiquement, veut dire « loin » en grec… ) les manifestants ont pris pour slogan : « MACRON, LOIN! … MACRON, DÉGAGE! » 
Symbole fort de cette 1 ère journée de visite de Macron à Athènes, les discours de fin de journée avaient lieu sur la colline du Pnyx au centre d’Athènes, située à l’ouest de l’Acropole et surplombant l’ancienne Agora. Malgré les interdictions de manifester prises par le pouvoir grec, la manifestation prévue en fin d’après midi souhaitait se rendre en cortège au Pnyx. Malgré une imposante force policière anti-émeute, elle a pu se former mais a été réprimée par les MAT ( CRS) qui ont frappé des militants de LAE ( Unité Populaire) et ont gazé les manifestants ( cf Photos et vidéos) . Panagiotis Lafazanis , secrétaire général de LAE a déclaré que les interdictions de manifester « rappellent des temps sombres qu’a connu le pays . Nous avons bravé les interdictions et nous nous sommes retrouvés dans la rue pour protester contre la visite du président français, qui est ici comme un agent avec une délégation d’ hommes d’affaires pour saisir ce qu’il peut être vendu dans ce pays. » 
Manolis Glezos, l’infatigable résistant, a refusé l’invitation officielle de se rendre à ce qu’il a qualifié de « profanation du Pnyx » par des « people » et des « affairistes » plus cyniques que jamais!

Vidéo manif de LAE : https://www.pscp.tv/w/1MYxNXqymvzGw
https://youtu.be/WI4QeasA-BY

Demain, pour son 2 ème jour de visite, Macron sera accueilli à Thessalonique par une manif des salariés de la Sté des eaux de Thessalonique (ΕΥΑΘ) qui protestent contre la réunion, qualifiée de « grande braderie » , prévue avec le gouvernement grec et les entrepreneurs français qui accompagnent Macron Voir les photos https://www.facebook.com/constant.kaimakis/posts/1952040198397531?pnref=story

le 8/9 par Yannis Youlontas http://blogyy.net/2017/09/07/desintox-le-voyage-en-grece-de-macron/

 

 

Quelle alternative anticapitaliste au rouleau compresseur de l’Union européenne ?

Revue mensuelle L’Anticapitaliste n°89 (juillet-août 2017) – Léon Crémieux et Christian Varin

Toute lutte d’émancipation, toute lutte révolutionnaire dans un des pays de l’Union européenne doit prendre en compte la réalité de cette entité. Elle représente un ensemble de structures qui ont pris en grande partie le relais des structures étatiques pour remanier le pouvoir des capitalistes, et représente donc autant d’obstacles aux luttes d’émancipation.

Mais l’Union européenne c’est aussi des centaines de millions de femmes et d’hommes qui subissent la même exploitation et la même oppression, organisée désormais au sein de cette entité. Aussi, toute lutte d’émancipation dans un des pays de l’UE doit tenir compte de ces nouveaux obstacles, des armes dressées par les capitalistes à l’échelle européenne, mais elle peut aussi tenir compte de cette nouvelle force que peut représenter l’action commune, coordonnée, des classes populaires de l’Union européenne.

La construction européenne a été pensée avant tout pour aider les dirigeants d’entreprise du continent (selon l’idéologie postulant que ce sont eux qui portent le progrès). Elle a enfourché, dans les années suivant la Deuxième Guerre mondiale, une aspiration réelle des populations européennes à en finir avec les frontières, les obstacles à la communication et les risques de guerres, et l’a retournée pour bâtir un nouveau carcan. Construite par en haut par un personnel politique dévoué au libéralisme et aux intérêts des grands groupes capitalistes basés en Europe, elle a été une arme économique à leur service, avec une monnaie et un marché unique dynamisant les pays exportateurs et leur ouvrant, dans les années 2000, le marché des entrants d’Europe de l’Est.

Maître d’œuvre de l’agenda néolibéral

Retournant l’une après l’autre les quelques politiques de solidarité commune qui lui avaient été utiles pour légitimer son décollage, dès les années 1980 elle a été maître d’ouvrage pour la mise en œuvre de l’agenda libéral de l’Ecole de Chicago dans tous les pays de l’UE. Les outils antidémocratiques des institutions européennes (Commission et Conseil, Banque centrale) les différents traités (Maastricht, Luxembourg, Lisbonne) ont été et sont les armes de guerre utilisées contre les droits sociaux des classes populaires, acquis au sein des Etats nationaux. Cet attirail a été renforcé en 2012 par le TSCG (Traité sur la stabilité, la coopération et la gouvernance). Ce traité, avec la signature honteuse de Hollande et des députés PS, est un nœud coulant permanent, permettant un contrôle des budgets et des finances publiques de chaque pays de la zone euro. C’est lui qui a cadré les politiques d’austérité visant à juguler les crises des dettes souveraines après 2008.

Confrontée à l’exacerbation de la recherche des taux de profits dans le contexte de faible croissance des dernières années, l’Union s’est consolidée comme proto-Etat, utile pour contraindre chaque gouvernement à des politiques d’ajustement structurel, sous prétexte de réduction de la dette et de discipline budgétaire. La Grèce a subi avec force tous ces mécanismes de régression sociale, ce carcan institutionnel et bancaire (avec le MES, mécanisme européen de stabilité, qui aide et renfloue les banques tout en imposant aux Etats le respect des règles du pacte budgétaire).

Nous avons donc bien affaire à une structure politique et économique cohérente, entièrement dévolue aux intérêts capitalistes, disposant de plusieurs attributs du pouvoir politique et économique, et fonctionnant en totale autonomie vis-à-vis de tout contrôle populaire. En cela toute politique de rupture avec l’austérité se mettrait ipso facto en infraction avec les règles des traités, les impératifs budgétaires fixés au niveau européen. Toute illusion sur des compromis ou des marges de négociations relèvent de l’utopie. Les seuls compromis temporaires possibles ne pourraient être que l’œuvre d’une mobilisation populaire de grande envergure avec la prise de contrôle de tous les outils de contrôle financier, banques, contrôle des changes, la maîtrise des outils de production et de distribution.

Aussi tout programme de rupture doit clairement intégrer ces éléments et leur mise en œuvre doit être réalisée sans délai, dès les premiers pas d’une politique anti-austérité. Toute vision d’une simple victoire électorale parlementaire et de la réalisation d’un programme progressiste, assorti d’une renégociation ferme mais prometteuse à l’échelle européenne, est soit trompeuse soit suicidaire. Car les blocages des institutions européennes n’interviendraient pas seulement en cas de remises en cause des structures capitalistes d’un pays de l’UE, mais dès la simple volonté de remise en cause des plans d’ajustement structurel imposés au niveau européen.

 Un programme d’action qui assume les affrontements

Aussi ne peut-on être qu’en désaccord, partiel ou total avec les démarches que proposent beaucoup de partis qui se réclament du combat contre l’austérité, à l’instar de la FI et du PCF, à l’instar aussi du programme de Jeremy Corbyn ou du dernier document émanant du Parti de la gauche européenne. Dans ces programmes, qui sont le plus souvent des programmes de gouvernement et non d’action pour une mobilisation populaire, n’apparaissent pas les exigences de rupture avec les règles budgétaires de l’UE, de prise de contrôle du système bancaire et des changes. Ils ont au moins le mérite de chercher la voie d’une rupture avec les injonctions des capitalistes européens, et cela engage donc à un débat avec celles et ceux qui les portent.

Un programme anticapitaliste doit conjuguer des mesures sociales anti-austérité, des mesures unilatérales de prise de contrôle de l’ensemble du système bancaire et un contrôle des changes. Il doit aussi impérativement s’adresser aux populations, à toutes les organisations sociales, politiques et syndicales pour une rupture anticapitaliste à l’échelle européenne, pour conjuguer nos forces à l’échelle internationale. On ne peut pas sérieusement envisager un processus dans lequel, en France, un président ou un parti leader jouerait sur les institutions nationales pour une politique plébiscitaire tout en posant ses conditions en Europe, de gouvernement à gouvernement, dans le respect des protocoles et traités actuels.

D’abord, parce qu’un pouvoir anticapitaliste, ou qui voudrait seulement s’attaquer vraiment aux orientations libérales, devrait être basé sur des assemblées mobilisées à tous les niveaux dans un très fort mouvement social de contestation de l’ordre établi et de transformation d’ensemble de la société. Ce mouvement serait immédiatement confronté à une lutte féroce des oligarchies capitalistes française et européenne pour le renverser. Il est illusoire de penser que le patronat « français » pourrait partager les intérêts et les exigences des classes populaires de ce pays face au « pouvoir de Bruxelles » en serrant les rangs autour d’un patriotisme étatique (néogaulliste ?)

La France étant un pilier de l’Union européenne, il faudrait prendre immédiatement les décisions qui apparaîtraient nécessaires en désobéissant aux principes néolibéraux de l’Union européenne, en s’adressant aux peuples par-dessus les gouvernements, en justifiant les mesures prises par l’intérêt des classes populaires de manière à la fois ferme et pédagogique, en refusant toute limitation de mise en œuvre des exigences populaires au nom du respect des principes absurdes de l’euro ou du Traité de Lisbonne – l’enjeu étant de ne pas être totalement ligotés en  quelques semaines !

Il n’existe pas de gouvernements anti-austérité ou antilibéral en Europe et le cadre institutionnel de l’Union amplifie le caractère libéral de cet ensemble politique. Le rapport ne peut donc être que conflictuel dès le premier jour d’un gouvernement anti-austérité. Le dialogue à ouvrir immédiatement ne serait pas avec les autres gouvernements européens ou les instances de l’UE, mais avec les autres populations de l’UE, les mouvements syndicaux et populaires pour agir ensemble. La diplomatie feutrée de Bruxelles ou Strasbourg serait un étouffoir aux antipodes de nos intérêts, alors que se déchaînerait à vive allure la machine de guerre libérale utilisant toutes les armes institutionnelles et bancaires à sa disposition, tout en employant à fond un arsenal de médias dévoués aux intérêts capitalistes.

 Construire des outils européens

La nécessité, probable, de devoir organiser cette lutte d’abord dans le cadre national, ne doit pas faire oublier celle de construire des outils d’organisation et de pouvoir populaire à l’échelle européenne. Il faut donc une assemblée constituante européenne, permettant de coordonner à un niveau international la révolution des peuples européens ayant renversé le pouvoir des puissances d’argent et, par d’immenses débats libres et démocratiques, prenant à bras le corps les problèmes essentiels des populations : donner du travail à toutes et tous, planifier la résolution des crises du logement, de la santé, de l’éducation et de la formation, de l’agriculture, des droits de toutes les couches spécifiquement opprimées.

Une telle construction européenne discuterait des expériences nouvelles et enthousiasmantes des uns et des autres, viserait à aider d’autres ensembles internationaux à se libérer de l’emprise du profit, de la concurrence et de la guerre, et prendrait en charge les questions qui ne trouvent pas de solution au seul niveau national, avant tout liées aux questions d’écologie et d’échanges : transport, énergie, échanges équilibrés, aide au développement pour remplacer la situation de pillage du Tiers-monde par une recherche commune des solutions aux désastres actuels que sont les guerres, la rareté des terres, de l’eau et des matières premières, les pandémies, la destruction de la biodiversité, etc.

Quels que soient les rythmes de mise en place d’une telle assemblée, elles doit être un de nos objectifs dans la mise en place d’un rapport de forces européen, fondé non pas sur des alliances improbables avec les gouvernements en place dans le cadre des institutions actuelles, mais sur l’alliance des classes populaires en Europe pour la mise à bas des institutions actuelles. Par ailleurs, seul un outil de ce type serait à même de débattre et d’élaborer un projet européen précisant le type de lien entre des structures de pouvoir populaire se combinant à différentes échelles – celles des régions, des nations, des Etats, de l’Europe elle-même, et des pays limitrophes à l’Est et au Sud.

Cette idée n’a pas la même matrice que celle mise en avant par exemple par Iglesias dans Podemos, de gouvernements de plusieurs pays européens pouvant dévier tous ensemble la trajectoire de l’UE. L’obtention d’un éventuel compromis temporaire avec les institutions européennes n’aurait éventuellement de sens que dans une dynamique populaire de transformation sociale et démocratique s’affrontant à l’UE. Le débat dans Podemos, avec tout son intérêt et ses limites actuelles, est celui du rapport de forces imaginable pour contraindre les dirigeants de l’Europe néolibérale à reculer.

 Les conditions d’un processus de rupture

Il faudra une sacrée mobilisation d’en bas, difficile à imaginer dans la conjoncture actuelle, pour imposer une autre Europe ! Mais dans un monde aussi mouvant que celui que nous connaissons, on voit comme les choses peuvent changer très vite – pour le pire comme, nous l’espérons encore, pour le meilleur. Dans tous les cas, un projet de rupture dans un pays de l’UE ne peut sûrement pas intégrer dans sa stratégie un appui d’éventuels gouvernements sociaux-démocrates, alors que ces derniers assument comme ceux de droite des politiques libérales et l’acceptation des traités et des règles de l’UE.

Tout processus de rupture devrait prendre, sans attendre de nouvelles discussions dans les institutions de l’UE, les mesures nécessaires même si elles sont contradictoires avec les traités. Il est indispensable de s’émanciper tout de suite des chaînes institutionnelles et réglementaires de l’Union, dès lors qu’elles sont contraires aux exigences sociales de première urgence.

L’expérience grecque montre bien que les dirigeants européens mettraient tout en œuvre pour bloquer un gouvernement anticapitaliste, anti-austérité. Cela impose l’application immédiate d’un programme d’urgence qui impose la prise en main des banques et des échanges financiers. Avec les mesures sociales sur les salaires, l’emploi, les retraites, ce seraient les premières urgences. En cela, évidemment, la rupture serait immédiate avec les traités et les règles communautaires. Et il faudrait être immédiatement prêt à utiliser tous les moyens pour empêcher une asphyxie financière : émission d’euros sans contrôle de la BCE, double monnaie, sortie de l’euro.

Mais la sortie immédiate de l’euro, en tant que telle, n’est pas la réponse miracle. Par contre, il ne devrait y avoir aucune hésitation à la mettre en œuvre dans ce processus. Tout cela ne serait évidemment possible que par une forte mobilisation populaire, créant le rapport de forces suffisant, bloquant toutes les manœuvres de sabotage économique ou politique. Il s’agit de rassembler par des démonstrations pratiques, avec des structures de mobilisation et de débat,  des couches populaires qui, comme on l’a vu en Grèce, ont des a priori différents sur l’UE et l’euro en soi, sous peine de ne pouvoir compter sur une mobilisation populaire majoritaire et offensive, indispensable face à la détermination des possédants.

Ces propositions ne visent pas à s’enfermer avec nos propres capitalistes dans nos frontières reconstruites, cela n’améliorerait en rien la situation des travailleur-se-s du pays. Par contre, les traités et la monnaie ont été mis sur pied par les dirigeants, notamment français et allemands, pour suivre les intérêts des grands groupes industriels et commerciaux. Ces propositions imposeraient un combat au sein de l’espace national et la recherche d’alliances au niveau européen, un message aux autres travailleurs de l’Union européenne pour conjuguer nos forces afin de mettre à bas ce système qui est nuisible pour tous.

L’exemple grec est malheureusement édifiant. Il y avait une contradiction présente dès le départ : mettre en œuvre le programme social de Syriza, même celui édulcoré avancé à Thessalonique en septembre 2014, impliquait un affrontement avec les institutions européennes, la rupture des engagements pris par les gouvernements précédents. Le chemin à suivre était d’appliquer le programme anti-austérité plébiscité deux fois dans les urnes et pour cela de suspendre tout remboursement de la dette et prendre des mesures sociales d’urgence, tout en prenant le contrôle du système bancaire, en se donnant les moyens de mobiliser le peuple grec et les autres peuples européens dont la solidarité était nécessaire.

Tous les pays d’Europe sont aujourd’hui soumis, à un niveau ou à un autre, aux règles de l’UE. Il faut mettre à bas un système et des institutions forgées, construites dans le seul intérêt des grands groupes capitalistes. C’est l’intérêt commun de tous les peuples, de tous et toutes les travailleur-se-s d’Europe. L’UE n’est pas réformable, mais le combat commun contre elle démarre évidemment au sein de l’UE, pour en briser les chaînes. Mettre à bas ce système est possible et indispensable, cela exige de créer un rapport de force dans lequel il faudra l’action solidaire de nous tous et toutes en Europe.

http://www.anti-k.org/2017/08/25/quelle-alternative-anticapitaliste-au-rouleau-compresseur-de-lunion-europeenne%E2%80%89/

Zoe Konstatopoulou aux Universités d’Attac à Toulouse

Attac cherche son équilibre avec le parti de Mélenchon par Elsa Sabado sur Mediapart

Attac réunit son université d’été à Toulouse. Entre la dynamique autour de La France insoumise, qui porte une partie de son programme, et la défense de sa place particulière, à côté, et pas dans le mouvement politique, l’organisation est tiraillée.

Toulouse (Haute-Garonne), envoyée spéciale.-  À presque vingt ans d’âge, Attac a réussi à rassembler 2 000 personnes à son « Université d’été des mouvements sociaux ». Dans les corridors chauds et venteux de l’université refaite à neuf, se pressent militants français, allemands, belges, espagnols, grecs, en lutte contre les multiples conséquences du néolibéralisme. Syndicalistes, écologistes radicaux, militants contre la finance, la dette et l’évasion fiscale, sont venus préparer leur rentrée sociale dans une foule d’ateliers, de forums, de meetings. Et « pour la première fois dans l’histoire des universités d’été d’Attac, il y a un espace ouvert pour parler des relations entre les mouvements sociaux et les partis politiques », relève Annick Coupé, ancienne porte-parole de l’union syndicale Sud-Solidaires, organisation fondatrice d’Attac.

En France, les données de cette rentrée sont particulières. En mai, Emmanuel Macron, représentant de l’exact opposé des valeurs d’Attac, est arrivé au pouvoir. Mais la séquence électorale a surtout vu une montée en puissance de La France insoumise à gauche de l’échiquier français, écrasant le reste des forces politiques sur son chemin. Or, une bonne partie des bataillons d’Attac a mené la campagne de Jean-Luc Mélenchon. Se pose donc avec acuité la question du rapport entre le mouvement social et le parti politique. D’où ce débat du jeudi 24 août dans l’amphi C de l’université du Mirail.

Le discours que tous attendent dans cette salle, c’est celui d’Éric Coquerel, un des piliers de La France insoumise, engagé depuis des années dans les collectifs unitaires rassemblant mouvements, syndicats et partis sur diverses questions. « Pendant des années, nous avons cherché à construire des alternatives, des mouvements de résistance au libéralisme à travers des cartels d’organisation à gauche de la gauche, sans parvenir à dépasser les intérêts de la somme de nos appareils. Le débat n’est pas le même qu’il y a cinq ans. Aujourd’hui, il n’est pas anodin que des forces de gauche radicale soient en capacité de prendre le pouvoir. Podemos fait 20 %, Syriza est au pouvoir en Grèce, le Labour, en Angleterre, fait de très bons scores. En France, la FI tient ce rôle », avance-t-il. Avant de lister les caractères de son mouvement politique, qui se trouvent être très proches de ceux d’Attac, dont le programme s’appuie sur le travail des associations : adhésion directe, implication citoyenne, éducation populaire.

Pour le député de Seine-Saint-Denis, désormais, la question n’est plus d’organiser la résistance au néolibéralisme, car la réponse est toute trouvée, c’est La France insoumise. « La question, c’est de la rendre majoritaire. » Une phrase finit de faire tiquer une partie de l’assemblée : « Si la question des liens avec les mouvements sociaux se pose, elle ne se pose pas en externalité. Vous, c’est nous et nous c’est vous », conclut l’insoumis. Car si une partie importante des adhérents d’Attac a voté, voire mené la campagne de Jean-Luc Mélenchon, c’est loin d’être le cas de tous : nombreux sont ceux qui cumulent leurs cotisations à Attac et chez EELV, au NPA, à la gauche du PS. Et quand bien même leur cœur balancerait pour la FI, les adhérents d’Attac tiennent à l’autonomie du mouvement vis-à-vis des forces politiques. Cette préoccupation renvoie notamment à l’histoire du mouvement ouvrier français, marqué par la question de l’indépendance syndicale.

Yannick Jadot, à la tribune, porte la contradiction : « Il y a des désaccords chez les militants des mouvements sociaux, notamment sur la question de l’Europe. Un seul mouvement politique ne peut pas incarner la diversité du mouvement social », commence le député européen. « Quand on est un leader, on doit rassembler contre cette logique d’hégémonie », estime un adhérent d’Attac. Annick Coupé, ancienne porte-parole de l’union syndicale solidaire et au bureau d’Attac, voit elle aussi d’un mauvais œil les ambitions de La France insoumise. « On a déjà vu cela dans l’histoire du mouvement ouvrier : le parti communiste prenait en charge les mouvements de femmes, de jeunes, la CGT… mais les mouvements sociaux sont des contrepouvoirs y compris au sein de leur camp. La politique du parti communiste quant aux questions féminines était très traditionnelle. Il a fallu que le mouvement féministe se construise à côté, en friction pour qu’il finisse par intégrer ses revendications. La FI a une tendance naturelle à considérer qu’ils ont la légitimité pour incarner le mouvement social dans sa globalité », déplore la syndicaliste.

Une défiance que ne partage pas Flavia Verri, engagée à la fois à la FI et à Attac : « En ce moment, je participe à un collectif unitaire contre le CETA, impulsé notamment par Attac. Nous envisageons de lancer un référendum contre les traités de libre-échange. Nous aimerions que les députés de la FI portent nos propositions, qu’ils interviennent lors de la ratification du traité à l’Assemblée. Je vois ainsi notre collaboration : nous apportons notre expertise aux élus », veut croire cette militante.

Complémentarité versus concurrence

Que dire alors de la date de la manifestation contre la loi travail proposée par la seule France insoumise, fixée sans consulter aucune autre force politique au 23 septembre, quelques jours après celle appelée par les syndicats ? « Pour moi, ces deux dates sont complémentaires. Elles ne ciblent pas les même personnes : il y a ceux qui peuvent faire grève et les autres, et ils peuvent agir dans le même sens. » Benjamin Joyeux, écologiste et contributeur à Mediapart, s’inscrit en faux contre ces arguments : « Il s’agit d’une initiative purement identitaire, car elle intervient après la fin des négociations. Le but n’est pas d’influer sur celles-ci, mais de faire la démonstration que la FI est la seule force d’opposition à Macron. Ce n’est pas étonnant, lorsqu’on sait que Mélenchon comme Iglesias de Podemos s’inspirent de la théorie gramsciste de l’hégémonie », analyse l’altermondialiste.

« Il faut acter qu’aujourd’hui, il y a une force politique à la gauche du PS qui permet de drainer des gens nouveaux, qui n’ont jamais milité, et de dépasser le cercle des convaincus habituels. Attac gardera son autonomie par rapport à La France insoumise comme elle l’a gardée vis-à-vis de l’ensemble des autres forces politiques et syndicales. Nous, nous voulons renforcer nos luttes communes avec La France insoumise, mais nous voulons travailler en complémentarité plutôt qu’en concurrence », souligne Aurélie Trouvé, actuelle présidente d’Attac, qui tente de faire la synthèse, sans brusquer les militants de la FI adhérents à Attac, tout en continuant de défendre une autre voie.

Une des particularités d’Attac tient à son existence dans divers pays. Les interventions des altermondialistes dont les pays sont en avance sur la France quant à l’éclosion d’une force de gauche radicale importante invitent à rester prudents. En Espagne, par exemple, les cadres du mouvement social ont été nommés à des postes à responsabilité dans les mairies prises par Podemos ou Izquierda Unida, comme à Barcelone ou à Cadix. Les représentants espagnols rappellent, lors du débat, la nécessité de rompre avec les institutions, car l’endettement les empêche de satisfaire les revendications pour lesquelles ils ont été élus. Plus grave encore, alors qu’ils ont les poings liés dans les institutions, ils sont absents sur le terrain de la rue, et n’occupent plus leur rôle de contre-pouvoir. « Et pendant que la droite se refait une santé à Barcelone, nous ne sommes pas là », s’inquiète un adhérent espagnol présent dans la salle.

Syriza, un dauphin dans la mer des mouvements sociaux

L’expérience partagée par Zoi Konstantopoulou est tragique. Cette avocate militante des droits de l’homme a présidé le parlement grec les neuf premiers mois du gouvernement Tsipras. Elle a alors réalisé un audit de la dette de la Grèce, avec Éric Toussaint, dirigeant du CADTM (comité pour l’abolition des dettes illégitimes), une des organisations qui pèsent à Attac, et demandé son annulation. La militante a ensuite rompu avec fracas avec Tsipras lorsque celui-ci a finalement signé, le 15 juillet 2015, l’accord avec la troïka – FMI, Banque centrale européenne, Union européenne – imposant une politique d’austérité aux conséquences catastrophiques pour les Grecs, qui se poursuit encore aujourd’hui. Très proche de Jean-Luc Mélenchon, elle anime avec lui « Le Plan B », rassemblant les dirigeants de gauche radicale sur la même ligne sur les questions européennes. « Nous avions l’habitude de dire que Syriza nageait dans les mouvements sociaux comme un dauphin dans la mer. Mais malheureusement, cette relation n’a pas eu les conséquences que j’imaginais. Arrivés au pouvoir, les dirigeants de ces mouvements sociaux sont devenus des cadres gouvernementaux. Si vous m’aviez posé la question en mai-juin 2015, j’étais à 95 % sûre qu’Alexis Tsipras ne signerait pas d’accord avec la troïka. Et si les 5 % restants se réalisaient, j’étais sûre à 100 % qu’il n’obtiendrait pas la majorité dans Syriza, justement parce qu’il s’agissait de militants de longue date », narre Zoi Konstantopoulou. « J’ai vu le représentant emblématique de la lutte contre la privatisation des ports devenir ministre des affaires maritimes, apposer sa signature sur le document de privatisation du Pirée. Un grand militant contre la dictature et pour les droits de l’homme est désormais président des affaires économiques du gouvernement qui a fait un coup contre la démocratie et le mandat que leur avait donné le peuple », affirme l’ancienne présidente du parlement. « Les mouvements sociaux ont perdu leur autonomie vis-à-vis de Syriza, et lorsque Tsipras a trahi, la plupart des cadres gouvernementaux ont préféré rester au pouvoir plutôt que défendre le mandat populaire. Si les mouvements sociaux cèdent à un parti, et que ce parti perd sa notion de fidélité au peuple, c’est la recette de l’échec », avant de jouer les Cassandres : « La Grèce est le futur de la France, de la Belgique, de l’Allemagne. »

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