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Archives de catégorie Luttes- Changer le système

Convoi solidaire mai appel urgent

Le collectif de Grenoble qui a participé à la collecte pour le prochain convoi solidaire organisé par le collectif Anepos relaie l’appel de Yannis Youlountas qui alerte sur le niveau faible de remplissage des camions et des dons.

Grèce : appel urgent à solidarité

 A quelques jours du départ, le taux de remplissage des 17 fourgons atteint péniblement 60% et, pire encore, les dons ne sont qu’à 30% de l’objectif nécessaire. Alerte rouge.

GRÈCE : APPEL URGENT À SOLIDARITÉ

Le tri et chargement de la collecte dans le sud-est de la France a été effectué ce mercredi près de Marseille (photo). Celui du sud-ouest vient de commencer ce week-end près d’Albi.

Le bilan est le même : alors que les billets de ferry ne sont plus échangeables, les 17 fourgons peinent à se remplir ! Le taux de remplissage vient seulement de dépasser la moitié de la capacité totale et approche lentement des deux tiers. Nous attendons les toutes dernières collectes pour en savoir plus.

Côté dons, c’est l’alerte rouge : ils sont beaucoup plus bas que précédemment (30% de l’objectif) alors que les besoins sont encore plus importants, tant la situation est difficile : cuisines sociales gratuites, dispensaires médicaux autogérés, squat de réfugiés, collectifs solidaires et de luttes, etc.

La raison est simple. Elle est logique et légitime. Cette année, en France, vous avez été très sollicités par d’autres actions de solidarité, nombreuses et importantes, telles que :
– caisses de grève (cheminots, postiers, etc.) ;
– soutien aux victimes des violences policières ;
– collectes pour la ZAD ;
– collectes pour les migrants (à la frontière italienne et ailleurs).

On comprend très bien et on vous en félicite. Mais la Grèce reste la ligne de front principale contre le durcissement du capitalisme en Europe, ainsi que le grand piège à ciel ouvert des migrants. Beaucoup de nos lieux autogérés sont exsangues. Les collectifs de luttes sont écrasés de procès (parfois des dizaines, comme pour Rouvikonas). Les stocks de vivres sont au plus bas, six mois après le convoi de novembre 2017.

Les 45 camarades prêts à partir (de France et de Belgique) partent bénévolement et se déplacent à leurs frais. Ils prennent également le risque d’être harcelés par les autorités policières et inquiétés par les groupes fascistes (qui la dernière fois n’avaient pas manqué de nous menacer et de titrer à notre sujet dans leurs journaux en Grèce).

Nous comptons donc sur vous pour un petit coup de pouce, aussi modeste soit-il. La somme des petits (ou grands) gestes nous permettra peut-être d’atteindre l’aide nécessaire ou, au moins, de s’en rapprocher.

SI VOUS NE DEVEZ DONNER QU’UNE SEULE FOIS EN 2018 POUR NOS LIEUX ET ACTIONS EN GRÈCE, C’EST MAINTENANT QU’IL EST ESSENTIEL DE LE FAIRE.

Vu l’urgence et la proximité du départ, choisissez le soutien par virement ou par Paypal plutôt que par chèque (temps d’envoi postal + temps de traitement + temps d’encaissement).

Iban pour virement et bouton Paypal sur cette page :
http://lamouretlarevolution.net/spip.php?rubrique15

Merci de ne pas oublier la Grèce, première ligne de front contre le durcissement du capitalisme en Europe et grand piège à ciel ouvert des migrants.

Yannis Youlountas et les 44 autres camarades prêts à partir
Collectif artistique et solidaire ANEPOS

PS : principaux destinataires déjà aidés :
http://lamouretlarevolution.net/spip.php?rubrique14

[Mise à jour à 13h00] Si vous choisissez Paypal, sachez que ce site demande désormais d’ajouter aussi les chiffres après la virgule : ne vous trompez pas (une camarade qui voulait donner 200 euros tout à l’heure a donné 2,00 euros avant de s’en rendre compte par hasard).

Réfugiés : solidarité et luttes contre la menace raciste et fasciste

« La lutte continue pour que les réfugiéEs ne soient pas isolés dans des camps de rétention dans les îles »

NPA : Les articles de la rubrique Idées n’expriment pas nécessairement le point de vue de l’organisation mais de camarades qui interviennent dans les débats du mouvement ouvrier. Certains sont publiés par notre presse, d’autres sont issus de nos débats internes, d’autres encore sont des points de vue extérieurs à notre organisation, qui nous paraissent utiles.

Entretien. Alors que 35 migrantEs sont jugés par la justice grecque en raison de leur participation à une manifestation contre leurs conditions de détention sur l’île de Lesbos, nous avons rencontré Petros Constantinou, coordinateur de la Keerfa (Mouvements unis contre le racisme et la menace fasciste), et conseiller municipal Antarsya à Athènes.

Avec la Keerfa, vous dénoncez notamment « l’Europe forteresse ». Concrètement, de quoi s’agit-il ?

Les gouvernements des pays de l’UE appliquent des politiques racistes envers les immigréEs, en fermant les frontières, en abolissant les droits des réfugiéEs et l’asile, transformant l’Europe en une forteresse remplie de barrières et de camps de concentration, et la Méditerranée en tombe pour des milliers qui fuient l’Asie, le Moyen-Orient et l’Afrique. Ces politiques ouvrent la voie à une nouvelle montée de l’extrême droite et des partis fascistes en Europe.

Des interventions impérialistes, comme la dernière attaque de l’alliance États-Unis-France-Grande-Bretagne contre la Syrie, déracinent encore plus de personnes de leur pays. Les gouvernements eux-mêmes qui se présentent comme les sauveurs du peuple syrien, ferment leurs frontières aux réfugiéEs et renforcent les discriminations envers eux. Soixante-dix ans après la signature de la Convention de Genève, le droit à l’asile est miné au nom de politiques de loi, d’ordre et de sécurité et des choix ouvertement racistes avec l’islamophobie en tant qu’expression dominante. Les accords UE-Turquie-Libye depuis mars 2016 tentent de bloquer les réfugiés hors de l’UE en finançant des camps sur le territoire de la Turquie et la Libye, où réapparaît le commerce d’esclaves. Ils militarisent la garde des frontières avec Frontex et l’OTAN. En Grèce, ils imposent l’isolement des réfugiés dans les îles.

Ils désorientent les travailleurEs en accusant les immigrés d’être responsables de la pauvreté et du chômage.

Comment se manifeste la solidarité avec les migrantEs en Grèce ?

La résistance en Grèce est massive. En 2015, les réfugiéEs, avec un énorme mouvement de solidarité dans un pays de travailleurEs appauvris par les mémorandums et la troïka, ont réussi à briser les frontières et arriver partout en Europe. En 2016, les gouvernements de l’UE, notamment avec les accords avec la Libye et la Turquie, se sont retournés contre ce mouvement.

Des milliers de travailleurEs et de jeunes, avec leurs syndicats et leurs collectifs, ont soutenu les réfugiéEs. Aucun n’est resté sans nourriture ni sans toit. Ils ont revendiqué et imposé au gouvernement que les enfants des réfugiéEs soient inscrits dans les écoles publiques.

Comment réagit l’extrême droite ? 

Les néonazis d’Aube dorée, derrière le masque du parent indigné, ont essayé d’organiser une réaction à l’inscription des enfants dans les écoles. Ils ont échoué quand les syndicats d’enseignantEs, les associations de parents d’élèves, mais aussi tous les partis de la gauche, le Parti communiste, Antarsya, Unité populaire, ainsi que des gens de Syriza, ont défendu les écoles et fait plier les fascistes.

Le mouvement en Grèce après l’assassinat de Pavlos Fyssas en 2013 par les néonazis d’Aube dorée, avec un soulèvement massif et une grève générale, a imposé le procès d’Aube dorée et l’emprisonnement de plusieurs de ses cadres.

Les fascistes sont isolés et les attaques contre les immigréEs provoquent la colère. Le gouvernement Syriza-Anel fait face à d’importantes critiques en raison de la poursuite des politiques racistes. Le 17 mars des milliers de gens ont manifesté à Athènes avec les réfugiéEs, exigeant l’abolition de l’accord raciste UE-Turquie. Dans les îles de Lesbos, Chios et Samos, des réfugiéEs entament des grèves de la faim et organisent des manifestations pour gagner la liberté de circulation ; la police attaque les mobilisations et des réfugiéEs se retrouvent en procès. La lutte continue pour que les réfugiéEs puissent s’installer dans les villes et non dans des lieux-ghettos hors des villes, et pour qu’ils ne soient pas isolés dans des camps de rétention dans les îles.

Comment s’articulent les luttes de solidarité avec les migrantEs et le reste des mobilisations sociales ?

Le mouvement ouvrier, avec ses luttes et ses revendications, construit le front contre le racisme et contre les fascistes. Les travailleurEs municipaux, les écoles, les hôpitaux revendiquent des fonds et le renforcement des services de santé, d’éducation et de protection sociale, avec plus de personnel afin de pouvoir prendre soin de tous, locaux et immigrés. Ils demandent le droit à l’hébergement pour touTEs, ainsi que le droit au travail sans discriminations.

En mai 2017, des travailleurEs immigrés d’une usine de plastique ont fait grève pendant 19 jours quand le patron a frappé un des ouvriers qui demandait ses droits. Ils ont créé un syndicat et ont eu le soutien de toute la gauche. En bravant les intimidations racistes du patron, ils l’ont obligé à accepter un accord.

Et quand à nouveau les fascistes ont commencé à organiser des pogroms et des attaques contre des travailleurs agricoles à Aspropyrgos, des manifestations massives ont été organisées dans la région, obligeant la police à cesser de couvrir les fascistes qui ont été ensuite envoyés en prison et les attaques ont cessé.

Quel rôle pour la Keerfa ? 

Unis dans l’action commune de toute la gauche et des syndicats, la Keerfa mobilise beaucoup de monde qui peut barrer la route au racisme et aux fascistes. Cela a une importance énorme pour que les fascistes ne puissent pas profiter du mécontentement et gagner des gens à cause des compromis du gouvernement Syriza avec les capitalistes, avec son implication dans les antagonismes militaires dans la région, avec l’accord avec Israël et l’Égypte pour le contrôle de nouveaux gisements d’hydrocarbures. La voie reste ouverte pour que les gens qui se sont battus contre les mémorandums continuent de s’orienter vers la gauche même si cette lutte a été trahie par Syriza.

Propos recueillis par la rédaction

Source https://npa2009.org/idees/international/la-lutte-continue-pour-que-les-refugiees-ne-soient-pas-isoles-dans-des-camps-de

Au Col de l’Échelle, impunité pour les identitaires

Au Col de l’Échelle, impunité pour les identitaires d’un côté, prison ou tabassage pour les soutiens pacifiques des migrants de l’autre… Jusqu’où iront le gouvernement, la police et la justice pour décourager la solidarité ?

Alors que des citoyen·ne·s, associations et collectifs locaux se mobilisent depuis de longs mois pour organiser l’accueil de personnes exilées sur leur territoire face aux pratiques irrégulières des forces de l’ordre, les évènements de ce week-end à Briançon montrent bien que le délit de solidarité a encore de beaux jours devant lui.

Dans le cadre d’une mise en scène médiatique au col de l’Échelle à la frontière franco-italienne, le groupe d’extrême-droite Génération Identitaire a bloqué la frontière entre le 21 et 22 avril, étalant des messages haineux en pleine montagne, barrant la route à des personnes épuisées par un trajet en montagne, les mettant ainsi potentiellement en danger, puis relayant les photographies de leurs faits d’armes sur les réseaux sociaux à grand renfort de commentaires xénophobes. Ainsi, à l’instar de ce qui s’est passé lors de l’action organisée en Méditerranée à l’été 2017 pour saborder les sauvetages de personnes migrantes, des militant⋅e⋅s d’extrême droite de plusieurs pays européens sont venues bloquer symboliquement la frontière sans que les forces de l’ordre interviennent ou que les autorités condamnent clairement cette action, se bornant à évoquer des « gesticulations ».

Le dimanche 22 avril, une manifestation pacifique composée de plus de 150 personnes exilées et de leurs soutiens est partie de Clavière en Italie pour rejoindre Briançon à pieds et ainsi protester contre la militarisation de la frontière et la non prise en charge des personnes mineures ou en demande d’asile par les autorités françaises. Les organisations locales et régionales alertent depuis 2015 sur les atteintes systématiques aux droits des personnes migrantes à la frontière franco-italienne, de Menton à Briançon sans qu’elles soient entendues par les responsables politiques.

A l’issue de cette manifestation spontanée, six personnes ont été interpellées par les forces de l’ordre. Trois ont finalement été relâchées mais trois autres sont toujours en détention provisoire, enfermées à Gap et à Marseille. Poursuivies pour « avoir par aide directe ou indirecte, facilité ou tenté de faciliter l’entrée irrégulière en France de plus d’une vingtaine d’étrangers, avec cette circonstance que les faits ont été commis en bande organisée », elles risquent selon la loi française jusqu’à 10 ans de prison assortie de 750 000 euros d’amende. Le jugement ayant été renvoyé au 31 mai 2018, ces trois personnes originaires de Suisse et d’Italie resteront donc potentiellement enfermées jusqu’à cette date.

En marge de la manifestation, cinq participant·e·s attablé·e·s à la terrasse de l’Hôtel de la Gare à Briançon vont faire l’objet d’un contrôle d’identité. Les policiers demandent à l’une des personnes de les suivre, refusant d’en donner la raison. « On va pas te le répéter deux fois » lance un policier. La personne sort son téléphone pour prévenir un avocat, les policiers le lui arrachent et la projettent au sol, lui sautent dessus. Face contre terre, coups de matraque, clef de bras, coup de genoux, pouces enfoncés dans les yeux, étranglement, la personne est finalement traînée par les pieds dans les escaliers, toujours face contre terre, puis jetée sur le goudron deux mètres plus loin. Alertés par les cris, des gens arrivent, les policiers gazent tout le monde, y compris la personne gisant au sol, visage tuméfié, en sang, la mâchoire gonflée, respirant difficilement et aveuglée par les gaz lacrymogènes. Souffrant de multiples contusions, d’un énorme hématome à la mâchoire, d’une entorse aux cervicales, et de douleur au niveau de la trachée, cette victime de la violence policière est amenée aux urgences. Résultat : 10 jours d’interdiction totale de travail.

Il est inadmissible que ces personnes soient actuellement privées de liberté ou violentées alors qu’elles ont été interpellées dans le cadre d’une manifestation pacifique. En outre, ces militant·e·s de la solidarité ont participé à de nombreuses opérations de sauvetage en montagne, se rendant juste « coupables » d’assistance à personne en danger. Un cas de plus de dissuasion de la solidarité.

Le collectif Délinquants solidaires s’inquiète du peu de cas qui est fait par les pouvoirs publics de l’expression sans complexes d’une xénophobie et du blocage des frontières par des militant·e·s d’extrême-droite, qui a pour conséquences immédiates la mise en danger des personnes migrantes parmi lesquels des mineur·e·s, ainsi que le déni pur et simple du droit d’asile, qui est encore une obligation conventionnelle de la France.

Le collectif Délinquants solidaires condamne fermement la détention de soutiens des exilé⋅e⋅s et appelle à leur libération immédiate. Par ailleurs, il répète que la solidarité et l’accueil sur nos territoires manifestés par des milliers de citoyens et citoyennes doivent être encouragés au lieu d’être systématiquement dénigrés ou réprimés. Si les député·e·s ont raté l’occasion d’abroger le délit de solidarité, nous restons mobilisé·e·s et solidaires des personnes exilées pour réclamer un accès aux droits effectifs pour toutes et tous et le droit de s’organiser collectivement.

26 avril 2018
source Le Gisti (Groupe d’information et de soutien des immigré·e·s) http://gisti.org/spip.php?article5902

Grèce : détérioration intentionnelle des services publics de l’eau

Communiqué d’Unité Populaire de Thessalonique concernant la détérioration intentionnelle des services publics de l’eau

LA PANNE PROLONGÉE DU RÉSEAU D’EAU À THESSALONIQUE EST LE RÉSULTAT D’UNE DÉTÉRIORATION INTENTIONNELLE DE LA SITUATION DE LA COMPAGNIE DES EAUX (EYATH). DES RESPONSABILITÉS POLITIQUES ET JURIDIQUES SONT À RECHERCHER.

Une coupure d’eau qui dure plusieurs jours et qui concerne une ville de 1,5 millions d’habitants apparaît de France comme une vision apocalyptique venant d’un monde lointain. Ce n’est cependant que le résultat des politiques de marchandisation et de détérioration conséquente des services publics imposées par l’Union Européenne. La publication de cette nouvelle vise notamment à sensibiliser l’opinion publique française sur ce sujet, à l’heure où la lutte des cheminot-e-s et des autres salarié-e-s pourrait endiguer le tsunami néolibéral de la politique Macron.

Au moment où nous publions la traduction de ce communiqué le procureur de Thessalonique s’est déjà saisi de l’affaire et l’alimentation en eau se rétablit dans les quartiers touchés. L’affaire n’est cependant pas terminée car ses causes sont toujours agissantes. Suez, dont le patron Jean-Louis Chaussade accompagnait Emmanuel Macron, lors de sa dernière visite officielles en Grèce, continue à convoiter le marché de l’eau de Thessalonique.  L’intérêt de cet épisode reste toujours d’actualité.

Source: https://rproject.gr/article/i-vlavi-stin-eyath-synepeia-tis-apaxiosis-tis-na-apodothoyn-oi-eythynes-politikes-kai

Communiqué d’Unité Populaire, section de Thessalonique, 1ère circo

Le 01/04/2018

Les cinq jours – comptés aujourd’hui – de coupure d’eau à Thessalonique, en raison de la panne de la principale conduite d’alimentation du réseau, en provenance d’Aravissos ( panne déclarée le jour du fiasco du Congrès sur le développement régional), marquent de manière fracassante, les conséquences dévastatrices des politiques des mémorandums et de privatisation, mises en œuvre par tous les gouvernements grecs successifs : Nouvelle Démocratie, PASOK, SYRIZA-ANEL.

Depuis que le gouvernement PASOK a introduit la Compagnie des Eaux et d’assainissement de Thessalonique (EYATH) à la Bourse d’Athènes, sa privatisation a été mise en route, et elle aurait déjà été achevée s’il n’y avait pas eu un grand mouvement populaire majeur dans la ville de Thessalonique s’y opposant, ainsi qu’un référendum citoyen local rejetant le projet à une majorité écrasante en 2014. Ces actions ont réussi à ce jour d’arrêter le processus.

Cependant, la marche vers la privatisation a eu pour conséquences, comme de coutume dans le néolibéralisme, des investissements minimes et la réduction accélérée du personnel de la Compagnie. À cela se sont rajoutées les politiques des mémorandums réduisant les budgets des ministères en charge du service, de sorte que le réseau d’eau potable et le réseau des égouts, ne soient pas rénovés depuis 1970 avec toutes les conséquences imaginables sur la salubrité de l’eau  et l’approvisionnement de la ville en eau de qualité et quantité acceptables. Une telle situation est davantage choquante, lorsqu’il est connu qu’EYATH SA a enregistré un bénéfice avant impôts de 24,9 millions d’euros en 2017 contre 21,77 millions d’euros l’année précédente, soit une augmentation de 14,52% et des réserves de trésorerie de 65,2 millions d’euros, augmentées de 15%!

Le gouvernement refuse donc d’investir et de rénover un réseau problématique et dangereux, il licencie les salarié-e-s contractuel-le-s pour livrer au futur investisseur une entreprise aux profits amplifiés, aux fonds de trésorerie augmentés, usant de la même stratégie appliquée à l’Organisme du port de Thessalonique.

Les  responsabilités de la précédente administration d’EYATH, comme de l’actuelle, ainsi que des ministres en charge du dossier sont énormes  car leur choix ont conduit une grande partie d’une ville très peuplée à la pénurie d’eau, engendrant des risques graves pour la santé publique, le marasme l’activité économique déjà en souffrance avant cela, l’augmentation des coûts pour nettoyage et la consommation d’eau potable. Ces responsabilités doivent être attribuées aux fautifs, aussi bien sur le plan politique que sur le plan juridique. Ce dernier aspect relève  de l’intervention directe du procureur. D’autant plus qu’un épisode similaire est susceptible de se reproduire, car la rénovation du réseau n’est pas prévue dans un proche avenir.

La réunion « urgente » organisée par la directrice du cabinet du Premier Ministre le cinquième (!!!) jour de la coupure d’eau, sa visite à la station de pompage de Dendropotamos pour s’assurer de la pureté de l’eau le cinquième (!!) jour de la coupure, les déclarations anodines de la ministre en charge Mme Kollias à la sortie de cette réunion, prétendant  qu’une solution du problème serait en route, ne font que susciter de l’exaspération chez nos concitoyen-ne-s déjà fatigué-e-s qui, au-delà de l’incurie à l’égard de ce service public, de l’évitement des responsabilités découlant de leurs politiques coupables, entendent de l’ironie à leur encontre de la part des dirigeants.

Unité Populaire exige du gouvernement et de l’administration d’EYATH l’arrêt de tout processus de vente du service. Elle déclare qu’elle continuera sans relâche sa lutte pour que l’eau, bien social, ne soit pas privatisée. Pour que la Compagnie des Eaux et d’assainissement de Thessalonique (EYATH) reste un service public, pour sa reconstruction et sa gestion sociale, dans l’intérêt des habitants de la ville, avec la protection du travail et l’amélioration de ses conditions.

La reconstruction démocratique l’administration publique mais aussi de tous les services publics est nécessaire, rejetant les  pratiques clientélistes, pour qu’ils puissent répondre efficacement aux besoins de la société et de la reconstruction de l’économie, au service de la qualité et non du profit.

Références :

Entretien avec Makis Anagnostou (Vio.Me)

« Lorsque nous avons décidé de remettre l’usine en marche à notre propre compte, une écrasante majorité des travailleur-Es y a été favorable »

NPA 8 avril 2018

Entretien. Nous avons rencontré Makis Anagnostou (membre du collectif des travailleurs de Vio.Me) et Marco Gastine (producteur du film Prochain Arrêt : Utopia) pour discuter avec eux de l’expérience de Vio.Me, une usine qui était menacée de fermeture par la crise grecque et que les travailleurEs, regroupés en collectif, on reprise en main.

Pouvez-vous brièvement raconter l’histoire de votre entreprise (grève, occupation, réouverture d’usine, etc.) ?

Les problèmes de Vio.Me, la petite entreprise de fabrication de colle pour carrelages située à Thessalonique, dans laquelle nous travaillons, ont commencé avec le début de la crise grecque en 2009 et l’effondrement du secteur du bâtiment. La direction de l’entreprise, volant au secours de la maison-mère, la fabrique multinationale de carreaux de céramique Philkeram-Johnson, en difficulté, a alors transféré une grosse partie de son capital à celle-ci. Elle en a fait payer le contrecoup à nous, ses ouvrierEs : suppression des primes, mise en disponibilité, licenciements et retard dans le paiement des salaires… En même temps, le bruit courait que l’usine allait fermer et que la direction amassait autant d’argent qu’elle le pouvait dans cette perspective. Nous en avons eu la preuve : elle ne payait plus ses fournisseurs de services (électricité, gaz, eau).

Dans l’usine il y avait une organisation syndicale, le syndicat des ouvriers de Vio.Me, qui avait une philosophie différente de celle des syndicats traditionnels : faire participer à l’action et aux prises de décision, non seulement ses membres, mais aussi touTEs les travailleurEs de l’usine. Cette philosophie a été mise en pratique lorsque la direction de l’entreprise a proposé au syndicat de négocier. Les patrons ont alors fait diverses propositions à la délégation du syndicat. Mais, au lieu de répondre immédiatement au nom de leurs adhérentEs comme le font d’habitude les directions syndicales, la délégation est retournée devant les travailleurEs de l’usine et leur a demandé de cesser le travail pour débattre des propositions de la direction. Ainsi tous les travailleurEs ont assumé la décision qui a été prise d’occuper l’usine. Ce mode de fonctionnement a permis à tout le monde de partager la responsabilité des décisions et de s’impliquer dans l’action. Ainsi, lorsque nous avons décidé en 2013, après un an d’occupation, de remettre l’usine en marche à notre propre compte, une écrasante majorité des travailleurEs y a été favorable.

Comment s’est déroulée la remise en marche ?

Auparavant, au vu des énormes retards de paiement des salaires, nous avions fait usage du droit de rétention (suspension du travail, accompagnée d’une indemnité financée par les revenus de l’entreprise), octroyé par la législation grecque aux travailleurEs en cas de non-paiement prolongé des salaires. Ceci nous a permis d’avoir une petite rémunération, de rester dans l’usine et de contrôler les ventes afin que la direction ne puisse profiter de celles-ci à nos dépens. Puis, voyant que la prime de rétention touchait à sa fin et qu’en conséquence nous n’aurions plus aucune source de revenus, nous avons fait appel à la solidarité à Thessalonique et alentour, pour assurer notre subsistance. Cela nous a permis, non seulement de recueillir suffisamment de nourriture pour tenir un bon bout de temps, mais également de rencontrer beaucoup de monde sur lequel nous nous sommes par la suite appuyé pour continuer notre lutte. De concert avec nos nouveaux amis, de membres de collectifs locaux et de militantEs politiques et syndicaux, nous avons créé un large comité de soutien à la lutte Vio.Me. Nous avons par la suite étendu le réseau de solidarité à l’ensemble de la Grèce et aussi en Europe.

Ceci nous a donné le courage de passer à la remise en marche de l’usine. Peu après la remise en état de l’outil de production, nous avons compris que les colles pour carrelages que l’entreprise produisait auparavant ne pourraient plus s’écouler sur le marché, vu l’effondrement du secteur du bâtiment. Nous avons alors décidé, sur les conseils du comité de solidarité, de nous lancer dans la production de nouveaux produits, des savons liquides et autres produits d’entretien naturels, puis des savons de Marseille. Ceux-ci répondaient aux besoins d’une grande partie de la population qui, en raison de la crise, avait beaucoup de difficultés à se les procurer à un prix raisonnable dans les supermarchés.

La production a réellement commencé en février 2013. En 2016, nous nous sommes lancés dans la production d’une version écologique de ces produits, avec l’aide d’un ingénieur chimiste solidaire. C’est ainsi que nous avons réussi à maintenir l’usine en activité. La production nous permet aujourd’hui de toucher un salaire, égal pour tous. Son montant est encore très modeste, mais nous sommes persuadés qu’une fois l’entreprise pleinement légalisée, les entraves à la production seront levées. Nous pourrons alors toucher un salaire plus décent que celui auquel le capital européen et mondial nous condamne actuellement. Dans le même temps, nous essayons de créer (avec d’autres travailleurEs et des étudiantEs) les conditions d’une autre économie, d’une « économie des travailleurEs ». Nous venons par exemple d’ouvrir un « dispensaire ouvrier » autogéré s’adressant à toute la population alentour.

Existe-t-il d’autres exemples d’usines occupées et/ou autogérées en Grèce ?

D’autres usines ont été occupées et les ouvrierEs ont essayé d’entrer dans un processus similaire au nôtre, comme la SEKAP (Coopérative hellénique des tabacs) ou les ciments Halkis. Mais l’État et la bureaucratie syndicale qui contrôlent encore largement la classe ouvrière grecque ont réussi à mettre des embûches et à faire échouer de telles expériences. En revanche, il existe en Grèce de nombreuses expériences de collectifs ou de coopératives autogérées fonctionnant sur les mêmes principes que les nôtres : égalité totale, solidarité et démocratie directe.

Quels sont les exemples de solidarité en Grèce et dans le monde ?

Nous avons des contacts avec divers mouvements en Grèce et à l’étranger. Notre lutte est coordonnée avec celle des habitantEs de Chalcidique qui se sont insurgés contre l’exploitation minière aurifère dans leur région, avec celle de sections syndicales qui croient encore en la classe ouvrière et de militantEs dévoués à la défense d’une société durement touchée par la crise. Nous avons des contacts avec des militantEs en Allemagne, des usines en Italie, des mouvements sociaux en Espagne, et les travailleurEs des usines récupérées d’Argentine, du Chili et d’Uruguay.

Quelles ont été les réactions des partis politiques et du gouvernement en Grèce ?

Nous nous sommes d’abord adressés au Parti communiste grec (KKE) où nous nous sommes vu répondre que le parti était en complet désaccord avec la philosophie de notre lutte, mais qu’il lui apporterait tout de même son soutien en tant que conflit du travail. Mais ils n’ont eu de cesse depuis lors de nous combattre en pratique et en théorie. Syriza a formellement décidé de nous soutenir lors de son congrès, mais en pratique son gouvernement en a fait le moins possible et n’a jamais appliqué ses promesses électorales de légaliser notre entreprise. Nous sommes par contre soutenus par une grande partie de la gauche extraparlementaire et de la mouvance anarchiste. Nous avons discuté avec tous les gouvernements qui se sont succédé ces six dernières années, aucun ne s’est déclaré opposé à nous, mais aucun n’a fait quoi que ce soit pour nous.

Avec qui êtes-vous en contact en France et comment peut-on vous aider ?

Nous sommes en contact étroit, dans votre pays, avec l’usine Fralib, ainsi qu’avec le mouvement contre l’aéroport de Notre-dame-des-Landes. Nous pensons que, dans un premier temps, il faut exiger du gouvernement grec qu’il résolve le problème du terrain sur lequel est implanté l’usine Vio.Me et qui est menacé d’être vendu aux enchères à des investisseurs privés. On peut également faire voter des motions de soutien par les syndicats et, enfin, faire connaître la lutte de Vio.Me dans les diverses organisations de travailleurEs pour réaliser des commandes collectives de nos produits (savons de Marseille ou produits d’entretien écologiques) afin de nous soutenir financièrement. Nous pensons que si vous pouviez faire cela, vous aideriez grandement notre lutte, et que vous contribueriez ainsi à rapprocher toutes celles et tous ceux qui luttent pour leurs droits. Dans le but de construire une nouvelle société, une société dans laquelle les humains compteront plus que les profits.

Propos recueillis par Alain Krivine

Le film vient de sortir en salle en France et est disponible pour des réunions/ventes de solidarité : www.filmsdesdeuxrives.com/

Source https://www.anti-k.org/2018/04/09/lorsque-nous-avons-decide-de-remettre-lusine-en-marche-a-notre-propre-compte-une-ecrasante-majorite-des-travailleures-y-a-ete-favorable/


Le collectif de Grenoble a déjà projeté le film en 2017 mais comme chaque année depuis la venue de Makis à Grenoble, une commande groupée des produits Vio.Me sera organisée à l’automne et une soirée consacrée à l’autogestion .

Que fait la gauche européenne devant l’extradition de Puigdemont

Tandis que reviennent en Europe les démons de l’entre-deux-guerres

Empêchons que Puigdemont subisse le sort de Companys !

30 mars par Yorgos Mitralias

Voici donc que l’indomptable Catalogne et son peuple intrépide se trouvent de nouveau, après 80 ans (!), à l’épicentre de cette tragédie européenne toujours recommencée ! Aujourd’hui comme alors les protagonistes du drame, qui menace -une fois de plus- de foutre en l’air notre vieux continent, sont exactement les mêmes : D’un coté, les présidents traqués bien que très démocratiquement élus de la République Catalane en révolte, qui demandent l’asile à nos “démocraties” européennes. Et de l’autre, l’Allemagne qui les emprisonne avant de les livrer à leurs bourreaux de Madrid qui défendent par tous les moyens “l’unité” de l’État des Bourbons et des épigones de Franco !

Aujourd’hui, en l’an 2018 de notre ère, le président destitué et recherché bien que démocratiquement élu, est Carles Puigdemont, détenu actuellement quelque part en Allemagne du nord, en attendant d’être extradé à l’État Espagnol. Hier, c’est a dire en 1940, c’était le président de la jeune République de Catalogne Lluis Companys, bien populaire et démocratiquement élu en 1934, lequel s’exile en France à la fin de la guerre civile. En 1940, il est arrêté par la police secrète de l’Allemagne nazie qui occupe la France. Le président socialiste de la République Catalane est alors livré à la Gestapo laquelle acquiesce à la demande du dictateur Franco et livre Companys à ses bourreaux fascistes Espagnols.

La suite des événements est connue et suffisamment agréable aux épigones actuels de Franco pour qu’ils l’invoquent publiquement afin de terroriser le peuple catalan. C’est ainsi que le 8 octobre 2017, c’est à dire une semaine après le referendum pour l’indépendance catalane et deux jours après le 83e anniversaire de la première déclaration d’indépendance de la Catalogne, Pablo Casado, étoile montante du parti Populaire de Mariano Rajoy, avertissait publiquement Carles Puigdemont … “qu’il pourrait connaître le meme sort que son prédécesseur Lluis Companys” ! Quel a été donc ce “sort” de Companys que Casado et ses amis de Madrid invoquent de façon si ignoble et cynique ?

La réponse est donnée dans l’article biographique de Companys sur Wikipedia : “Mais Companys fut livré à la dictature militaire franquiste par la police secrète de l’Allemagne nazie, le 13 août 1940. Jugé et condamné par un tribunal militaire, il fut, après avoir été torturé, fusillé au château de Montjuic à Barcelone le 15 octobre 19407. Il ne voulut pas qu’on lui bande les yeux et mourut face au peloton d’exécution en criant « pour la Catalogne ! »

Voici donc le “sort” que les épigones de Franco à Madrid promettent publiquement et sans vergogne à M. Puigdemont. Et notre Europe Unie “démocratique” que fait-elle devant cette barbarie ? Comment exprime-t-elle sa révolte et sa désapprobation ? Malheureusement, il n’y a ni révolte ni désapprobation de sa part. Et le pire est que cette Europe-là néolibérale et autoritaire est plutôt complice quand elle soutient activement les épigones de Franco et leurs projets meurtriers. Quand elle regarde sans broncher les procureurs de M. Rajoy en train de fouler aux pieds toute notion de démocratie en remplissant les prisons avec des dizaines d’élus et des centaines de citoyens Catalans parce qu’ils “osent” revendiquer leur liberté. Quand elle feint ne pas voir les policiers de Madrid en train d’envoyer aux hôpitaux des centaines et des milliers de citoyens Catalans qui manifestent pacifiquement et quand elle feint ne pas entendre les ministres de M. Rajoy déclarer que l’armée espagnole est prête à intervenir en Catalogne !

Mais, que dire de ce qui est encore plus décourageant, du comportement inénarrable de la gauche européenne et grecque, de la gauche de -presque- toute sensibilité et couleur. Ce n’est pas seulement qu’elle ne voit pas que les événements tragiques de Catalogne commencent à ressembler comme deux gouttes d’eau à ceux de 1936 et 1937, qui ont conduit finalement à l’énorme bain de sang de la Deuxième Boucherie Mondiale. Ni qu’elle ne comprend pas que de même qu’il y a 80 ans, ce qui se joue aujourd’hui en Catalogne est aussi son propre sort. C’est surtout que notre gauche contemporaine semble avoir perdu toute capacité de s’émouvoir et de se solidariser avec les victimes sans défense de la répression d’État quand elle voit muette et indifférente le sang couler dans les rues de Barcelone et les autocrates de Madrid fouler aux pieds jour après jour les plus élémentaires des droits démocratiques des citoyens Catalans.

Malheureusement, une fois de plus, la conclusion est bien triste : La gauche ne fait pas son travail quand l’ennemi de classe non seulement fait le sien mais il le fait trop bien. Comme par exemple le font l’Allemagne et sa classe dominante qui se prépare à extrader à Madrid le président élu de Catalogne… “dans le cadre de la très bonne collaboration de deux pays”, comme aiment répéter ces derniers jours les proches de Mme Merkel. Et en effet, la collaboration germano-espagnole est vraiment “très bonne” si on pense que les deux États continuent de payer mutuellement les pensions de ceux de leurs citoyens impliqués au début des années ‘40 dans d’horribles crimes de guerre.

Il s’agit du scandale germano-espagnol qu’ensemble avec le député Andrej Hunko du parti allemand Die Linke, nous avons révélé il y a trois ans à l’opinion publique de la Grèce, et même d’autres pays, quand à l’occasion du refus du gouvernement allemand de reconnaître les dettes et autres réparations de guerre de l’Allemagne envers la Grèce, nous révélions et dénoncions les faits… “incroyables mais vrais” suivants : Qu’en vertu de l’ accord germano-espagnol signé en 1963 par le dictateur Franco et le chancelier allemand d’alors K​onrad Adenauer, l’Allemagne se chargeait d’assurer le paiement des pensions des membres de la tristement célèbre “Division Azul” espagnole qui ont combattu aux cotés de la Wermacht au front de l’Est et durant le siège de Stalingrad. De l’autre coté, l’Espagne prenait en charge le paiement des pensions des survivants ou de descendants des membres de l’égaiement tristement célèbre “Légion Condor” nazie, responsable des crimes de guerre durant la guerre civile espagnole, et surtout d’avoir rasé au sol Guernica, le berceau de la nation basque. Nous écrivions même que, répondant à une interpellation de M.Hunko, la chancelière Merkel avait révélé devant le Parlement Allemand la somme exacte de ces pensions que l’État allemand continue de payer jusqu’à aujourd’hui !…

Alors, on ne peut que s’écrier…qu’il est beau notre monde “démocratique” si angéliquement façonné. Et force est de constater qu’une fois de plus, nos tyrans font très bien leur travail immonde car, ayant commencé -de nouveau(!)- par la Catalogne et l’écrasement de son peuple, ils sont maintenant en train de nous préparer des lendemains peut être analogues du passé le plus cauchemardesque. Mais, nous qui sommes la multitude, nous les démocrates et les gens de gauche, que faisons-nous ? Qu’est-ce qu’on attend pour faire un tant soit peu notre travail ? Qu’est-ce qu’on attend pour montrer notre solidarité aux représentants élus du peuple catalan embastillés par les Inquisiteurs de Madrid ? Qu’est-ce qu’on attend pour descendre dans la rue pour manifester notre solidarité à l’héroïque peuple de Catalogne, l’unique oasis de résistance de masse et d’exemplaire auto-organisation populaire dans toute l’Europe ? Qu’est-ce qu’on attend avant qu’il ne soit trop tard ?…

Yorgos Mitralias

Journaliste, Giorgos Mitralias est l’un des fondateurs et animateurs du Comité grec contre la dette, membre du réseau international CADTM et de la Campagne Grecque pour l’Audit de la Dette. Membre de la Commission pour la vérité sur la dette grecque et initiateur de l’appel de soutien à cette Commission.

Source http://www.cadtm.org/Empechons-que-Puigdemont-subisse

Le collectif et le convoi solidaire vers la Grèce de mai 2018

Convoi solidaire vers la Grèce de mai 2018

Un convoyeur de Grenoble participera au convoi

Tout comme pour le convoi de mars et novembre 2017 notre collectif organise sur Grenoble une collecte des fournitures qui seront transportées en Grèce par Christophe qui participera à ce convoi organisé par le collectif Anepos.

Rappel des besoins et modalités de récupération des fournitures

Les besoins sont urgents en :

Fournitures bébés : lait infantile en poudre (tous âges) petits pots, mixers de type babycook, soins bébés, sérum, vitamines, couches ( surtout 3, 4 et 5)

Jouets : petites tailles tels que figurines, ballons, cordes à sauter, légos, jeu d’échecs ( ni peluches ni encombrants),

Produits d’hygiène et paramédicaux : gels douches, protections périodiques, dentifrice, brosses à dents, lessives, pansements, désinfectant, chevillères/genouillères, ( ni attelles, ni médicaments) Biafine, Cicatryl,

Base alimentaire : légumes secs, fruits secs, biscuits, céréales, pâtes,riz, lentilles, thé, café, autres. La date de péremption minimale recommandée est juin 2018.

et n’oubliez pas des messages de soutien : avec dessins, photos, affiches,autocollants, infos sur vos luttes….des confiseries fermées et non fragiles peuvent être ajoutées.

Matériel spécifique pour la résistance : photocopieuses( en état de marche) ramettes papiers, ordinateurs, appareils photos/vidéos ( pour les contre- médias), disjoncteurs, dominos, câbles électrique 3G ( 1,5mm et 2,5mm), outils de bricolage.

Important : la place dans les fourgons n’étant pas extensible, merci de vous en tenir à cette liste.

Vous pouvez aussi  envoyer des chèques libellés à l’ordre d’ANEPOS en indiquant au dos « Convoi Isère-Savoie de mai 2018 »

soit directement à l’adresse suivante : ANEPOS « Action Solidarité Grèce » BP10 81540 Sorèze,

soit par l’intermédiaire du collectif de Grenoble lors des rendez-vous  ou dans la boite aux lettres (n° 86) d’Attac 38 à la MDA rue Berthe de Boissieux à Grenoble.

Rendez-vous pour la récupération des fournitures sur Grenoble :

le samedi 21 avril de 15h à 17 h Rue Félix Poulat à Grenoble (barnum rouge à côté de l’église)

le lundi 23 avril à partir de 19h avant la projection du film l’Amour et la Révolution à l’Espace Aragon 19 Boulevard Jules Ferry 38190 Villard-Bonnot

le mercredi 25 avril de 17h à 19h devant le MIN (marché de gros) 117 rue des Alliés à Grenoble

le mercredi 2 mai de 17h à 19h devant le MIN (marché de gros) 117 rue des Alliés à Grenoble.

L’appel de novembre d’Anepos qui reste d’actualité

Pas question de baisser les bras,
pas question de laisser faire…

En soutenant notre convergence de luttes, par-delà les frontières, entre mouvements sociaux, vous épaulez les initiatives solidaires autogérées qui, en Grèce, font face au durcissement des politiques austéritaires (forte hausse de la mortalité infantile, baisse de 50% de la retraite complémentaire pour les plus pauvres, expulsion de milliers de personnes de leur logement, nombreuses familles qui ne survivent que grâce à la solidarité) et au drame de la crise des réfugiés (dont beaucoup d’enfants, parfois orphelins, qui ont traversé la mer Égée et ont échappé aux camps indignes et inhumains).

Notre action n’est pas humanitaire, mais politique et solidaire, sans intermédiaire : nous soutenons directement nos camarades grecs et les encourageons à continuer à résister et à s’entraider. La liste des principaux besoins est à votre disposition, préparée avec eux pour des livraisons à Exarcheia (Athènes), Thessalonique et plusieurs îles. A vous de participer, si vous le désirez et comme vous le désirez.

Pas question de baisser les bras, ni ici, ni là-bas. Pas question de laisser faire. Pas question de rester chacun dans notre coin d’Europe face à la violence du pouvoir qui nous opprime, détruit le bien commun et nous vole nos vies. Pas question de subir sans agir de toutes les façons possibles : insoumission, résistance, création, solidarité…

Cette action n’est peut-être pas grand-chose face à l’ampleur du désastre, mais elle encourage à poursuivre nos luttes qui convergent vers un même but : reprendre nos vies en mains et montrer ce dont nous sommes capables ensemble.

Hauts les cœurs !

Le collectif artistique et solidaire Anepos
Les conducteurs des fourgons des convois
Les organisateurs de la collecte

Compte rendu des convois de mars et novembre 2017 http://lamouretlarevolution.net/spip.php?rubrique15

Le 27 mars à Nice en soutien à Yannis Youlountas et Jean-Jacques Rue

MOBILISATION DE SOUTIEN

aux solidaires par-delà les frontières,

Yannis Youlountas et Jean-Jacques Rue,

poursuivis par les identitaires de Defend Europe

LUNDI 26 ET MARDI 27 MARS 2018

ANTIBES ET NICE

Durant l’été 2017, une expédition raciste a tenté d’entraver le sauvetage en mer des migrants en mer Méditerranée par les ONG. Telle une milice fasciste, les principaux dirigeants identitaires européens ont affrété le « navire C-Star » contre les associations humanitaires et les personnes qui fuient la guerre et la misère, parmi lesquelles des enfants.

Heureusement, sur l’une et l’autre rive, des centaines de militants antiracistes et antifascistes se sont mis en réseau pour les en empêcher. Dès lors, la débâcle de l’expédition Defend Europe a été retentissante : première alerte en Egypte, blocage du bateau à Chypre, abandon du projet d’escale en Crète, manifestations en Sicile, nouvel abandon en Tunisie, panne au large de la Libye et, enfin, capitulation au large de Malte suivie de la fuite des chefs identitaires européens.

Quelques mois après cet échec total, Defend Europe contre-attaque en justice pour se venger.

Les chefs identitaires allemand, français et italien de Defend Europe poursuivent Yannis Youlountas, seul membre visible du réseau antifasciste Defend Mediterranea, opposé à l’action de Defend Europe, pour « diffamation » et « injures publiques », principalement pour l’utilisation du mot « nazi » dans plusieurs communiqués tels que : « Les nazillons toujours coincés sur leur bateau », « La croisière nazie s’amuse », « Un navire d’aide aux migrants envoyé au secours des nazillons en panne » ou encore « Décidément, le bateau nazi au pavillon mongol nous fait beaucoup rire ».

Ils poursuivent également Jean-Jacques Rue, journaliste satirique et ami de Yannis, pour avoir partagé et commenté, avec beaucoup de colère, de verve et non sans humour, l’une des publications de ce dernier.

Ils leur demandent à tous les deux des sommes colossales (plusieurs dizaines de milliers d’euros chacun) non seulement dans le but de gagner beaucoup d’argent, mais aussi de mettre en grandes difficultés ces deux militants aux revenus modestes. Jean-Jacques Rue risque même jusqu’à 3 ans de prison pour un soi-disant appel au meurtre, alors que c’est, au contraire, l’action de vouloir gêner les actions de sauvetage en mer qui est à l’évidence une mise en danger de la vie d’autrui.

Le procès aura lieu
le mardi 27 mars 2018 à 13h30 au Tribunal correctionnel de Nice.

Nous vous invitons à venir soutenir et rencontrer Yannis Youlountas et Jean-Jacques Rue durant trois moments de discussion, de partage, de convergence de luttes et de solidarité par-delà les frontières :

LUNDI 26 MARS À ANTIBES au cinéma Le Casino (avenue du 24 août)

18h30 Projection de Sur la route d’Exarcheia – Récit d’un convoi solidaire en Utopie de Eloïse Lebourg (57 minutes) qui raconte l’aide internationale apportée aux exilé.e.s bloqué.e.s en Grèce et au mouvement social grec à travers le regard de 4 enfants participant à un convoi venu de France, de Suisse et de Belgique.

19h30 Rencontre avec Yannis Youlountas, Jean-Jacques Rue et plusieurs personnages des films

20h30  Projection de L’Amour et la Révolution – Non, rien n’est fini en Grèce de Yannis Youlountas (1h17) qui raconte l’actualité des luttes et des solidarités en Grèce, notamment avec les exilé.e.s

21h50 repas partagé

MARDI 27 MARS À NICE devant le Palais de Justice

13h30 RASSEMBLEMENT DE SOUTIEN FACE A LA XENOPHOBIE

(avant et pendant le procès de Yannis et Jean-Jacques)

MARDI 27 MARS À NICE à la salle de FSGT (27, rue Smollet)

Accueil et rencontre, dès la fin du procès

19h30 Projection de Sur la route d’Exarcheia – Récit d’un convoi solidaire en Utopie de Eloïse Lebourg

20h30 débat  « Construction de la solidarité par-delà les frontières »

puis repas partagé et musique !

Comité de soutien de Yannis et Jean-Jacques

et

SOlidarité MIgrant.e.s COllectif 06 : Artisans du monde 06, ATTAC France, Citoyens solidaires 06, Défends Ta Citoyenneté !, FCPE, FSU 06, LDH section de Nice, Ligue des Droits de l’Homme Paca, Mouvement de la Paix, MRAP 06, Planning familial 06, RESF 06, Roya Citoyenne, Solidaires 06, Solidaires étudiant.e.s Nice, Syndicat des Avocats de France, Vallées solidaires 06

Réseau antifasciste DEFEND MEDITERRANEA

et d’autres collectifs, organisations et associations de France, de Grèce et d’ailleurs.
Liste en cours, nous contacter à l’adresse courriel ci-dessous (collectifs, organisations et associations uniquement).

 Contact comité de soutien de Yannis et Jean-Jacques : yetjj@youlountas.net ou 06 18 26 84 95

Pot commun « Solidarité avec Yannis et Jean-Jacques » : https://www.lepotcommun.fr/pot/hvfshv5n

Yannis Youlountas et son nouveau film bientôt à Grenoble

 » L’amour et la révolution  » c’est le titre du 3eme film de Yannis Youlountas qui sort en salle le 25 février. Le collectif de Grenoble communiquera prochainement sur le lieu de la projection-débat en présence du réalisateur : date envisagée 23 avril.

Une mention figure sous le titre du film  » Non rien n’est fini en Grèce » interrogé à ce sujet Yannis Youlountas a donné un entretien à lundimatin  que l’on retranscrit ici .

Après Ne vivons plus comme des esclaves et Je lutte donc je suis, le réalisateur franco-grec Yannis Youlountas revient avec un nouveau long métrage : L’amour et la révolution. Vous pouvez voir la (longue) bande annonce qui suit ainsi que ses réponses aux quelques questions que nous lui avons envoyées.

La bande annonce ( longue) se trouve ici https://www.youtube.com/watch?v=4LHHR9LBga4&feature=share

lundimatin : Bonjour Yannis. Tu viens de terminer ton prochain film « L’amour et la révolution ». Sur l’affiche, on peut lire le sous-titre « Non, rien n’est fini en Grèce ». Qu’est-ce qui n’est « pas fini » selon toi ?

Yannis Youlountas : Ce sous-titre est notre réponse aux médias occidentaux qui, en Europe, laissent croire que tout est fini en Grèce. Cette désinformation intervient de deux façons. Tout d’abord un silence impressionnant, par rapport aux années précédentes, signifiant qu’il ne se passe plus grand-chose et que la situation s’est améliorée. Ensuite, quand la Grèce est brièvement évoquée, il ne s’agit que de chiffres incomplets et de déclarations mensongères. Les agences de presse parlent de croissance. Mais quelle croissance ? La croissance pour qui ? La croissance de quoi ? Avec la chute de moitié du coût de la main d’œuvre et des infrastructures, la Grèce est devenue un paradis pour les capitalistes, mais un enfer pour la plupart de ceux qui y vivent. Tsipras et les dirigeants européens claironnent depuis leurs salons feutrés que le plus dur est passé, alors qu’il ne fait que commencer. La situation sociale et écologique est dramatique, mais au milieu des ruines, des initiatives montrent que rien n’est terminé. Par exemple, depuis deux ans et demi, le mouvement social a accueilli de façon formidable, dans de nombreux squats, des dizaines de milliers de réfugiés et migrants qui ont ainsi pu échapper aux camps que l’Etat grec a mis en place ; des camps indignes conçus, pour la plupart, par des technocrates français envoyés par Bernard Cazeneuve début 2016. Et puis il y a les nouvelles résistances, mais là encore, motus en occident.

lundimatin : Dans la (longue) bande annonce que tu viens de mettre en ligne, une grande importance est donnée au groupe Rouvikonas. Peux-tu nous en parler un peu plus, étant donné que leurs actions semblent avoir une grande résonance en Grèce, mais restent fortement méconnues ici ?

Yannis Youlountas : Le groupe Rouvikonas est né il y a trois ans. Son nom signifie Rubicon en français, ce fleuve romain qui représentait la limite à ne pas dépasser. C’est une organisation politique anarchiste qui se définit comme une « opposition dans la rue » à l’action du gouvernement et de l’Etat. Une opposition directe qui frappe par surprise, mais sans jamais faire de victimes, tous les lieux où s’organise la destruction des conquis sociaux et du bien commun. Par exemple, Rouvikonas a détruit les locaux de Tirésias, organisme au service des banques qui avait conçu un grand fichier des personnes surendettées, ou encore le bureau du Taiped chargé de la privatisation du bien commun, ainsi que beaucoup d’autres temples de la bureaucratie au service du durcissement du capitalisme. Ces derniers mois, Rouvikonas a multiplié sabotages, occupations, y compris au sommet du pouvoir, blocages d’événements, par exemple les négociations avec la troïka. Rouvikonas défend aussi les victimes de la violence des patrons en organisant des représailles et soutient parallèlement des actions de solidarité indépendantes du pouvoir et des ONG. La plupart des membres de Rouvikonas sont des ouvriers, des étudiants, des chômeurs, hommes et femmes, qui ont simplement choisi avec courage et persévérance de ne pas laisser faire, quoi qu’il en coûte. Ils sont de plus en plus nombreux. Yorgos, l’un des fondateurs, qui intervient dans « L’amour et la révolution » est, à lui seul, sous le coup de 40 procès et risque plusieurs années de prison. Notre film comme les précédents a pour but, entre autres, de soutenir ces luttes à la fois en les faisant connaître, mais aussi de les aider à payer les amendes et les cautions. Nous ne sommes pas des reporters venus filmer à la sauvette pour faire du fric sur le dos de ceux qui résistent. Nous sommes des membres du mouvement social que nous connaissons bien et au service duquel nous agissons, d’Est en Ouest et d’Ouest en Est. Le cinéma est une arme. Une arme pour riposter, donner à voir et à penser autre chose, susciter l’envie d’agir en suggérant de multiples formes. C’est une arme contre la résignation, à condition de ne pas nous enfermer dans l’uniformité et le sectarisme, car il y a plein de façon d’agir. C’est aussi un moyen de soutenir nos prisonniers politiques, ainsi que nos principales initiatives solidaires autogérées : squats de réfugiés et de migrants, cuisines sociales, structures autogérées de santé, automédias. Fin 2013, nos compagnons d’Exarcheia ont commencé à utiliser l’expression « film solidaire ». Une expression qui nous plait bien et qu’on a conservée depuis.

 

Lundimatin : Le quartier d’Exarcheia est connu pour être le foyer contestataire et subversif historique d’Athènes. Tu sembles dire qu’il serait en « danger », qu’entends-tu par là ?

Yannis Youlountas : En effet, le pouvoir en Grèce et en Europe veut en finir avec Exarcheia, comme avec toutes les zones de résistance et d’expérimentation. En plus, ce quartier d’Athènes que la police peine à pénétrer sert de base à la plupart des groupes révolutionnaires qui le harcèlent, visibles ou invisibles, dont le plus connu est Rouvikonas. En Grèce, la propagande médiatique contre Exarcheia est énorme. Souvent ridicule. Parfois abominable. Par exemple, il est dit qu’Exarcheia est l’épicentre de la drogue à Athènes, alors que nos compagnons font la chasse aux dealers de drogues dures qui sont, à l’inverse, protégés par les flics à l’ouest du quartier, de façon très visible. L’État et la mafia ont tout intérêt à répandre l’aliénation et l’illusion dans les rangs de ceux qui leur résistent. Bref, c’est tout le contraire de ce que raconte la télé. L’épée de Damoclès au-dessus du quartier est double. La stratégie des conseillers de Tsipras est de gentrifier progressivement Exarcheia : projet d’une station de métro, grands travaux, aménagements, mais aussi achats de nombreux logements par des hommes d’affaires chinois invités de la dernière foire économique de Thessalonique (consacrée aux relations Grèce-Chine) pour les transformer en Airbnb, et par conséquent hausse des loyers… Pendant ce temps, le chef de la droite, Kiriakos Mitsotakis, promet solennellement de « nettoyer Exarcheia dès [son] premier mois », sitôt la future alternance passée, en évoquant un immense déploiement de forces de police, une opération quasi-militaire. Même si on prend sa menace au sérieux, la première des réponses a été une tornade de caricatures et de parodies satiriques. Bref, un grand éclat de rire dans le quartier et bien au-delà en Grèce.

 

Lundimatin : Après les émeutes massives de 2008, les mouvements sociaux quasi continus et l’effondrement économique du pays, de nombreux observateurs extérieurs s’attendaient à de possibles grands bouleversements politiques. Certains mettaient leurs espoirs dans Tsipras pendant que d’autres voyaient dans son élection une impasse inéluctable dans la politique classique. Trois ans plus tard, qu’en est-il ?

Yannis Youlountas : Il n’y a pas de doute possible : l’élection de Tsipras a été une catastrophe. Après six mois d’agitation stérile aux côtés du pitre Varoufakis, la « capitulation » de Tsipras a assommé une grande partie de la population. Un choc qui a provoqué une immense résignation, une sorte de dépression, d’apathie profonde durant de longs mois pendant lesquels la plupart des pires lois sont passées comme une lettre à la Poste, sans résistance ou très peu. Même l’aile de gauche de Syriza qui a fait sécession a été laminée par le TINA de Tsipras et ses larmes de crocodile à la télé grecque. Dans le mouvement social, avant son arrivée au pouvoir, les avis à ce sujet étaient partagés. Malgré nos divergences fondamentales, certains se disaient naïvement qu’il limiterait un peu la casse en attendant mieux, d’autres ne croyaient pas du tout à une amélioration mais pensaient que l’arrivée de son parti aux affaires ferait tomber les masques et ouvrirait un boulevard aux composantes révolutionnaires. Mais la plupart craignaient ce qui allait finalement arriver : l’anesthésie quasi-totale du mouvement social durant plus d’un an, d’abord devant le spectacle de la bataille, puis celui de la défaite. Depuis, nous avons pris acte et essayons d’activer la résistance et les solidarités sous de nombreuses formes. L’Etat ayant abandonné la plupart de ses prérogatives sociales pour ne garder que les plus répressives, nous proposons l’autogestion et l’auto-organisation parmi les moyens non seulement de survivre, mais aussi d’expérimenter un autre futur.

Lundimatin : Ton film met en lumière des pratiques d’auto-organisation et de lutte très diverses, de l’aide aux migrants à la lutte contre la construction d’un aéroport, d’actions offensives et symboliques contre les lieux de pouvoir aux manifestations émeutières. Comment tout cela s’articule ?

Yannis Youlountas : Il n’y a pas de recette miracle ni de vérité absolue. A chacun d’essayer, d’inventer, d’expérimenter là où il se trouve, avec ceux qui l’entourent. La lutte contre le projet d’un nouvel aéroport à Kastelli, en Crète, n’est pas exactement la même que celle que j’ai pu voir à Notre-Dame-des-Landes. Par exemple, il n’y a pas à proprement parler de ZAD, d’occupation effective des terrains concernés (600 hectares sur lesquels 200 000 oliviers seraient coupés). Les gens qui résistent vivent dans la ville principale et les villages alentours, ils cultivent les terres qu’ils refusent de céder, organisent des concerts et des débats, et sabotent autant que possible les conférences des bureaucrates envoyés pour convaincre les habitants. L’abandon du projet d’aéroport en France a été une immense joie pour eux, car ils suivaient depuis longtemps la lutte exemplaire de Notre-Dame-des-Landes ; même si, on le sait, rien n’est fini, notamment pour l’avenir de la ZAD. Autre différence : en Grèce, le mouvement social se divise beaucoup moins sur la question de la violence. Les émeutes sont rarement décriées dans nos rangs. La diversité des formes d’actions est plutôt admise comme légitime, respectable et même nécessaire. D’autant plus que la violence subie, politique, économique et sociale, provoque une immense colère un peu partout. Tout le monde ne descend pas dans la rue dans le but de brûler une banque, mais peu râlent quand ils assistent à cela. De toutes façons, nos compagnons émeutiers ne sont pas là pour discuter sur le macadam : ils ne veulent plus de ce monde, de ses banques, de ses boutiques de luxe arrogantes ; ni des symboles du pouvoir ni des valets casqués qui le servent. Ils font ce qu’ils jugent bon de faire, sans que personne ne les gêne. Quant aux migrants, lors de leur arrivée massive en 2015, nous avons rapidement perçu cette nouvelle épreuve comme un défi : celui de montrer concrètement de quoi nous étions capables. Le mouvement social a rapidement ouvert un grand nombre de nouveaux squats, à commencer par le Notara 26 à Exarcheia dès le mois de septembre 2015, pour accueillir ces visiteurs et les inviter à s’organiser eux-mêmes avec le soutien des « solidaires ». C’est depuis une expérience formidable d’émancipation individuelle et sociale. Ce mélange de population est une grande richesse à Exarcheia et ailleurs en Grèce. Il permet d’échanger, de multiplier les initiatives et de propager l’idée de changer la vie bien au-delà des convaincus, des férus de politique et d’Histoire, parmi les premiers opprimés du capitalisme : les migrants de la guerre et de la misère.

 

Lundimatin : C’est une impression lointaine et donc peut-être erronée, mais il semble que la situation grecque soit étrangement « gelée ». D’un côté il y a un gouvernement réduit à une impuissance évidente, de l’autre des forces subversives nombreuses et bien organisées, mais restreintes à un état « minoritaire ». A quoi ressemble, selon toi, l’avenir à moyen terme du pays ?

Yannis Youlountas : Le monde n’a jamais changé du fait d’une majorité. De plus, il faut souvent bien peu de choses pour que tout bascule très vite. Le plus souvent quand on ne l’attend pas. En Grèce, nous assistons à une véritable gestation depuis neuf ans, bientôt dix. Nous sommes passés par toutes les étapes. Des étapes très formatrices : des émeutes qui ont fait trembler le pouvoir mais n’ont pas réussi à le faire tomber, des grèves générales répétées mais sans lendemain, des occupations et des assemblées sur des places qui ont attiré beaucoup de monde mais qui tournaient un peu en rond, des lieux autogérés qui proposaient des alternatives alléchantes mais sans vraiment gêner le système économique dominant, des tentatives syndicales et électorales qui ont échoué lamentablement, des démonstrations d’ouverture et d’accueil par-delà les frontières mais sans parvenir à obtenir des papiers pour tranquilliser nos amis migrants, des actions de sabotage et de blocage qui ont montré que le pouvoir est un géant aux pieds d’argile et que sa puissance n’est bâtie que sur du vent et des simulacres, mais beaucoup n’ont pas osé faire de même par peur des conséquences juridiques. La leçon de cette période exceptionnelle est sans doute qu’une seule façon d’agir ne suffit pas, que la diversité est notre richesse, que le respect mutuel parmi ceux qui luttent devrait nous accompagner partout et qu’on ne sait pas d’où viendra la goutte d’eau qui fera déborder le vase. Mais une chose est certaine, c’est que pour sortir de l’impasse mortifère, changer profondément la société et sauver la vie, nous n’avons pas d’autre choix que l’amour et la révolution.

 

Pour se tenir au courant de la sortie et de la diffusion du film, consultez www.lamouretlarevolution.net

 

Grèce. La droitisation de SYRIZA: un gouffre social, moral et idéologique

Publié par Alencontre le 1 – février – 2018

Par Antonis Ntavanellos

Le 15 janvier 2018 a été soumis au Parlement grec, et par la suite adopté par la majorité de SYRIZA-ANEL [Grecs indépendants], le projet de «loi-valise», par lequel le gouvernement Tsipras assure le «bon» déroulement de la 3e évaluation de la situation économique grecque par les créanciers. Ainsi, ce gouvernement suit sa route vers la fin formelle du programme du 3e mémorandum (signée le 14 août , annoncée pour août 2018.

D’ici à cette date le gouvernement doit encore éviter deux récifs. D’une part, les «stress tests» (tests de résistance bancaire) des banques grecques [Banque nationale de Grèce, Piraeus Bank, Alpha Bank et Eurobank], où il espère que les créanciers et la Commission européenne accepteront l’application de critères moins stricts, afin d’éviter le scénario d’une nouvelle recapitalisation des banques qui ferait exploser la vision optimiste de l’économie grecque actuellement diffusée. D’autre part, la stratégie de communication de Tsipras qui, malgré tous les problèmes, est déjà en train de préparer les prochaines élections. Il a encore en perspective la 4e évaluation (au printemps 2018), qui débouchera sur de nouvelles mesures d’austérité supplémentaires.

A condition que le gouvernement arrive à surmonter ces risques, il pourrait espérer obtenir une promesse favorable à des mesures «d’allégement» de la dette grecque, principalement un plus grand étalement dans le temps des indispensables remboursements. Dans tous les cas, les créanciers, pour l’instant, déclarent que le débat sur la dette sera officiellement ouvert après août 2018.

Il convient de noter que la fin formelle du 3e mémorandum ne signifie pas la fin des politiques mémorandaires brutales. Comme il a été explicitement convenu lors de la signature par Tsipras du 3e mémorandum, la totalité des lois, règles et règlements, associés au mémorandum, l’ensemble des contre-réformes néolibérales des huit dernières années, resteront en vigueur, au même titre que la mise sous «surveillance» de l’économie grecque jusqu’en… 2060 (c’est-à-dire jusqu’à ce que soient remboursés au moins les 75% de la dette) !

Le projet de «loi-valise»

Les dispositions mises en place lors de la 3e évaluation comportaient plusieurs mesures brutales:

• L’article le plus controversé dans cette loi est celui qui autorise les banques et les administrations publiques de procéder par voie électronique à la mise aux enchères des domiciles des familles populaires qui sont dans l’incapacité de régler leurs dettes. Le gouvernement a déjà essayé de procéder à des ventes aux enchères en grand nombre. Mais il a rencontré une résistance importante, entre autres par des mobilisations (au sein desquelles l’Unité Populaire – LAE – a tenu le premier rôle) qui ont empêché les tribunaux de tenir audience et de rendre les décisions de mises aux enchères. Le gouvernement a tenté la répression, et il a lamentablement échoué, provoquant la présence encore plus nombreuse des manifestant·e·s devant et à l’intérieur des tribunaux. Aussi, l’apparition du Parti communiste grec (KKE) dans ces actions, qu’il a rejointes avec beaucoup de retard, a aidé à affermir la conviction que nous pouvions arrêter les décisions gouvernementales sur cette question, cruciale pour les banques et les créanciers. Le gouvernement tentera d’éviter cet affrontement en organisant dès à présent des ventes aux enchères électroniques, dans des centaines d’études de notaires de tout le pays. Mais le programme de vente aux enchères concerne un tel grand nombre de cas qu’existe l’espoir réaliste que le mouvement de résistance se déplacera vers les quartiers pour y livrer la bataille afin de mettre un cran d’arrêt aux expulsions.

• Un emblématique tournant réactionnaire a été également la modification radicale de la loi qui régissait le droit de grève. Cette loi a été conquise de hautes luttes ouvrières pendant la période ayant suivi la chute de la dictature [1974]. Aujourd’hui, un gouvernement, dont seul le nom renvoie au terme de gauche, a décidé que pour qu’une grève soit déclarée, 50% +1 des travailleurs d’une entreprise ou d’une branche doivent être présents et approuver la décision d’entrer en grève. Une telle réglementation fut pendant des décennies le souhait des cadres dirigeants capitalistes les plus extrémistes, un souhait qui semblait jusqu’à présent irréalisable.

Incontestablement, la «loi-valise» contient bien d’autres mesures critiques, telles que des coupes majeures dans les allocations familiales et les retraites, ainsi que des modalités facilitant encore plus les privatisations au sein des «secteurs stratégiques» comme ceux de l’électricité ou de l’eau.

La grève

Cette politique gouvernementale a été systématiquement aidée par la direction des bureaucraties syndicales des secteurs public et privé qui, sous la houlette d’une coalition de cadres du PASOK, de Nouvelle Démocratie et de SYRIZA, ont tout fait pour faire obstacle au démarrage et à l’organisation de sérieuses mobilisations. Ainsi les grandes confédérations se sont abstenues de décider la grève en laissant sans protection et appui les travailleurs et travailleuses qui avaient l’intention de s’engager dans de telles luttes.

Tout le poids est retombé sur les épaules des syndicats de base où la gauche est une force motrice. Mais, encore à ce niveau, l’attitude du KKE proposant une seule journée de grève au moment du vote de la «loi-valise», sans mobilisations préalables, réduisait l’importance de cette grève, la transformant en action symbolique «pour l’honneur». Tenant compte de toutes ces données et de notre expérience, nous estimons que la participation à la grève était plus grande que prévu, mais largement insuffisante à l’aune de ce qui aurait fallu pour arrêter l’offensive gouvernementale.

La grève s’est étendue en particulier dans les transports publics (près de 100%) et dans le secteur de la navigation. Néanmoins, cette grève dans transports faisait obstacle à la possibilité de se rendre sur les places où étaient appelées les manifestations. Ainsi, les rassemblements se sont essentiellement appuyés sur les militants déterminés de la gauche politique.

Une fois de plus l’expérience de l’après 2015 a été confirmée en Grèce: les gens sont indignés et en colère, mais pour l’heure cela ne se traduit pas dans une action directe de masse, car pèse sur eux la déception durable provoquée par la défaite de 2015, et le manque d’une alternative politique convaincante pour le renversement de la brutale austérité.

La droitisation

Tsipras, en capitalisant sur la déception populaire et ouvrière, opère donc un déplacement rapide de sa base sociale et se tourne vers les classes dominantes.

SYRIZA a déjà organisé autour d’elle une alliance avec le cercle de capitalistes qu’elle appelait avant 2015 «la face obscure de l’entrepreneuriat». Des capitalistes qui ont construit des fortunes sur divers trafics, sur le jeu, sur le blanchiment d’argent, sur leur présence forte dans le football et qui, toujours, dépendent des bonnes relations avec les gouvernements respectifs.

SYRIZA étend ses relations en direction des «familles» les plus traditionnelles de la bourgeoisie, mettant ainsi à profit ses relations avec les banques et une instrumentalisation particulière des privatisations. C’est-à-dire qu’elle prend soin, tout en attirant des investissements étrangers, d’assurer une place et un rôle des capitalistes autochtones en tant que «partenaires locaux» des fonds internationaux et des transnationales, prétendant ainsi résister, face aux forces supérieures des «marchés internationaux», à «la déshellénisation des entreprises».

Mais principalement, la direction de SYRIZA met en avant sur tous les tons l’argument de la stabilité. C’est-à-dire l’affirmation que le gouvernement SYRIZA-ANEL a appliqué à vive allure les dispositions mémorandaires, tout en réduisant sensiblement les réactions populaires et des masses laborieuses, en installant dans le pays un climat de «paix sociale» pour la première fois depuis des années.

L’ambition de servir les intérêts de la classe dominante dans son ensemble se prolonge, sans que ce soit un hasard, jusqu’au soutien à des velléités les plus inflexibles du nationalisme grec dans la région.

Le gouvernement, avec pour figures de proue les ministres de la Défense Panos Kammenos (Anel) et des Affaires étrangères Nikos Kotzias (SYRIZA), a poursuivi sans problème la politique de la droite à propos du Moyen-Orient et de la Méditerranée Orientale: le soutien ouvert aux Etats-Unis, l’intensification de la présence de l’OTAN en mer Egée, le renforcement de «l’axe» avec l’Etat d’Israël et avec la dictature de Sissi, avec pour but l’isolement de la Turquie d’Erdogan, instable et ambivalente. Le gain serait la participation au partage du pétrole et du gaz en Méditerranée orientale et du sud-est, et le renforcement du centre de gravité grec au niveau des développements et des perspectives à Chypre.

Récemment la diplomatie grecque se tourne vers l’ouest des Balkans. Elle se réjouit de prétendre résoudre le différend avec la République de Macédoine au sujet du «nom», sur la base des termes dictés par l’Etat grec.

Avec le plein soutien des Etats-Unis, de l’UE et de l’OTAN, les «négociateurs» grecs exigent un nouveau nom pour le pays voisin, un «nom composé» (il semblerait celui de «Nova Makedonja») qui remplacerait celui de «République de Macédoine», pour tous les usages (erga omnes: à l’intérieur du pays et à l’échelle internationale, dans le langage officiel comme au quotidien), qui serait écrit en alphabet cyrillique (?) et utilisé à l’international tel quel sans pouvoir être traduit ni conjugué.

Le changement de l’appellation de l’Etat voisin devrait se reporter obligatoirement sur la qualification de sa langue et celle de la citoyenneté. Cette violation absurde du droit démocratique à l’autodétermination vise seulement à garantir l’usage grec exclusif du terme Macédoine.

Cet «arrangement» a pour vrai objectif l’intégration immédiate de la République de Macédoine à l’OTAN (probablement lors du prochain sommet, de juillet 2018) et le démarrage du processus de son intégration dans l’UE.

La véritable négociation s’est faite entre les grandes puissances occidentales et l’Etat grec, au sujet des contreparties suffisantes pour la levée du veto à l’intégration de la Macédoine à l’OTAN, émis par le gouvernement Karamanlis pendant le sommet de Bucarest, en 2008.

C’est pour cela qu’aujourd’hui l’OTAN et l’UE exercent une pression implacable sur le gouvernement de Zoran Zaev (en utilisant même l’influence des partis albanais qui se soucient peu de l’autodétermination «macédonienne»), afin qu’il accepte les conditions de la Grèce, en indiquant au gouvernement de Skopje qu’«il n’y a pas d’alternative».

En suivant cette politique, et par l’affirmation que l’extension de l’OTAN dans les Balkans renforcera la paix (!) et la démocratie (!!) dans la région, le gouvernement Tsipras s’efforce d’inclure dans son bilan une «réussite nationale», par la résolution, sur la base de la ligne des Etats-Unis, d’un problème qui stagnait pendant des décennies [1].

Ces mouvements tactiques font pression sur la direction de Nouvelle Démocratie, incarnée par Mitsotakis. En ayant conscience des bénéfices attendus par le capitalisme grec, Kyriakos Mitsotakis garde une «attitude responsable». Mais l’aile droite du parti et l’extrême droite nationaliste au-delà de Nouvelle Démocratie réagissent au plan idéologique, en organisant des rassemblements nationalistes [21 janvier à Thessalonique, avec 100’000 manifestants selon la police], en collaboration avec l’Eglise. Mais même ceux-là prennent soin de ne pas trop hausser le ton: d’une part, pour ne pas saborder par des provocations la politique du gouvernement, d’autre part, pour ne pas réduire les perspectives d’une victoire électorale de Nouvelle Démocratie.

Il s’agit d’une véritable incursion de Tsipras dans le projet politique de la droite. A travers celle-ci SYRIZA tente de suppléer à la perte de son influence parmi les couches populaires et laborieuses, ou de les réduire. Toutefois, tout porte à croire que cette tactique n’a pas de résultats spectaculaires, ou pas encore. Selon les déclarations d’un analyste critique radical, Tsipras est sur le chemin d’une bataille politique et électorale où il fera le constat que la faiblesse de la résistance des classes populaires est une chose, mais leur assentiment, fût-il seulement électoral, est tout autre chose.

Ce dont il y a toujours besoin en politique grecque, du point de vue des intérêts des travailleurs, c’est la création d’un pôle massif de la gauche radicale, qui servirait d’appui aux secteurs importants qui soutenaient SYRIZA, aujourd’hui déçus par sa politique et par son déplacement accéléré vers la droite. (Janvier 2018. Traduction par Manolis Kosadinos)

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[1] Selon Jaklina Naumovski dans Le Courrier des Balkans, «le mercredi 24 janvier, en marge du sommet de Davos, sept ans après la dernière rencontre à ce niveau, les chefs de gouvernement macédonien et grec, Zoran Zaev et Alexis Tsipras, se sont retrouvés pour poursuivre le dialogue autour du conflit du nom de la Macédoine, montrant ainsi un nouveau signe de détente dans les relations entre les deux pays. Cette rencontre qui intervient à peine trois jours après la manifestation massive de Thessalonique, et à quelques jours de la visite dans les deux capitales du médiateur des Nations unies, Matthew Nimetz, qui doit faire part de ses nouvelles propositions pour résoudre le principal litige diplomatique entre les deux pays… Alexis Tsipras a confirmé son intention de soutenir son voisin du nord dans le processus d’intégration euro-atlantique. Ainsi, parmi les mesures allant dans ce sens, il a annoncé l’ouverture du poste frontière Markova noga à Prespa. Il a également précisé son engagement à « soutenir les procédures suspendues par son gouvernement, plus précisément la candidature de son voisin à l’Initiative Adriatique-Ionienne (ESS) et faire en sorte que la deuxième phase de l’Accord de stabilisation et d’association (ASA) avec l’UE soit ratifiée par le Parlement grec ». Ils ont conclu que les réunions continueraient dans les semaines à venir, notamment au niveau des ministères des affaires étrangères. Une rencontre saluée unanimement par les représentants de l’UE.»

La manifestation de Thessalonique est certes significative. Elle a reçu, selon des informations de la presse, le soutien de celui qui veut racheter le port de cette ville et qui a des liens avec Poutine: Ivan Savidis, plus russe que grec. Il est aussi le propriétaire de l’équipe de football PAOK Salonique, un des trois plus importants clubs de Grèce, et cultive les rapports avec l’Eglise orthodoxe. En outre, il a opéré de nombreux rachats d’immeubles et d’hôtels, ainsi que de firmes dans les secteurs du tabac et du sucre. Tout cela n’empêche pas – au contraire, pourrait-on dire – qu’il entretienne une relation avec Tsipras. Le projet politique pourrait être de constituer une droite dure au nord – qui ne se mélange pas avec la figure criminalisée d’Aube dorée – et qui fasse obstacle, lors des prochaines élections, à une percée victorieuse de la Nouvelle Démocratie de Mitsotakis. Tsipras est «capable de tout»!

Une des personnalités de premier plan de cette manifestation était le militaire à la retraite, nationaliste affirmé: Frangos Frangoulis (ou Fragos Fragoulis selon la translitération). Il a occupé des postes importants dans l’armée, dans les troupes spéciales, et dans l’état-major et les services de renseignement et fut général en chef des armées. Il occupa le poste de ministre de la Défense, brièvement, dans le gouvernement de transition de P. Pikramenos (mai-juin 2012). Mise en perspective historique, cette manifestation est toutefois loin d’avoir eu l’ampleur de celle de 1992.

Une autre manifestation se prépare, pour le dimanche 4 février à Athènes, et dans ce cas la Nouvelle Démocratie veut faire la démonstration de sa capacité d’opposition à Tsipras, tout en laissant entendre qu’elle ne veut pas faire obstacle à l’élargissement de l’OTAN. Aube dorée sera présente, dans les marges. L’Eglise orthodoxe participe à l’opération. Comble de la confusion politique Mikis Théodorakis sera l’un des principaux orateurs. Manolis Glezos, invité, a refusé. (Rédaction A l’Encontre)

source https://alencontre.org/laune/grece-la-droitisation-de-syriza-est-un-gouffre-ideologique-et-moral-sans-fond.html

Ne touchez pas au droit de grève Athènes 15/1/2018

Manifestation devant un tribunal pour empêcher une vente aux enchères de logements

Rencontre entre Zoran Zaev et Alexis Tsipras, le 24 janvier 2018

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