Publications par catégorie

Archives de catégorie Luttes- Changer le système

Convoi solidaire pour la Grèce en février : une collecte sur Grenoble

RAPPEL  : COLLECTE JUSQU’AU 12 FÉVRIER 2019 POUR REMPLIR LES 27 FOURGONS

Nicolas conduira le camion de Savoie. Le collectif de Grenoble ne pouvant assurer comme pour les  précédents convois la coordination, la récupération et l’acheminement des fournitures auprès de Nicolas il viendra tenir un point de collecte à Grenoble . Nous publions la liste des besoins et des points de collectes pour ce convoi qui seront actualisés au fur et à mesure des confirmations par les lieux.

Rappel des besoins

Les besoins sont urgents en :

Fournitures bébés : lait infantile en poudre (tous âges) petits pots, mixers , soins bébés, sérum, vitamines, couches ( surtout 3, 4 et 5), lit parapluie, poussettes,

Jouets : tels que figurines, ballons, cordes à sauter, legos, stylo, feutres, ( pas de peluches),

Produits d’hygiène et paramédicaux : gels douches, shampoings, savons, protections périodiques, dentifrice, brosses à dents, lessives, pansements, produits ménagers, pansements, désinfectant, chevillères/genouillères, ( ni attelles, ni médicaments) Biafine, Cicatryl, fournitures dentistes (pour dispensaires autogérés),

Matériel : bouilloires, frigos, fours, machine à laver ( en état de marche), marmites, louches,

Base alimentaire : légumes secs, fruits secs, biscuits, céréales, pâtes,riz, lentilles, thé, café, autres. La date de péremption minimale recommandée est mars 2019.

Matériel spécifique pour la résistance :  ramettes papiers, photocopieuses ( en état de marche) ordinateurs, écrans, disques durs clés USB, carte SD, appareils photos/vidéos, téléphones…

n’oubliez pas des messages de soutien : avec éventuellement dessins, photos, affiches,autocollants, infos sur vos luttes…. Des confiseries fermées et non fragiles peuvent être ajoutées.

Important : la place dans les fourgons n’étant pas extensible, merci de vous en tenir à cette liste. Suite à des collectes sur place plus besoin de couvertures et de vêtements.

Soutien financier : chèque à l’ordre d’ANEPOS à envoyer à ANEPOS « Action Solidarité Grèce » BP10 81540 Sorèze . Cela permet aux collectifs sur place de compléter eux mêmes. Virement et Paypal possibles sur le site www.lamouretlarevolution.net dans la rubrique  » prochain convoi solidaire ».

Si vous voulez partir avec le collectif Anepos, avec votre véhicule, ou aider en créant un point collecte dans votre secteur géographique : solidarite@anepos.net.

Les lieux de collecte confirmés  à ce jour .

En Haute-Savoie (74) 

Attac 74 Chablais à contacter par Facebook, https://www.facebook.com/attac74chablaishttps://www.facebook.com/attac74chablais/?tn-str=k*F  ils répondent dans la journée

La ronde du bio, 307 route de Thones, 74 210 Faverges, https://larondedubio.com/ tous les jours sauf dimanche

En Savoie (73)

Caroline à Lescheraines 73 340 , en fin de journée 06 89 13 40 51

6 février à partir de 18h à ARCHIMALT 95 Rue de Bolliet, 73230 Saint-Alban-Leysse suivie à 20h d’un concert  organisé par des individu-es, des membres du Collectif Sans Frontières

En Isère ( 38)

Nicolas le chauffeur de Savoie tiendra une permanence mercredi 6 février de 14h à 16h dans la rue Berthe de Boissieux à Grenoble. Il y aura un drapeau grec pour le repérer ( tel 06 09 04 17 53 ).

Si un lieu solidaire ou un particulier souhaite être point de collecte pour une ou 2 soirées merci de se faire connaitre à cette adresse greceausterite@hotmail.com et se mettre en contact avec Nicolas pour organiser la récupération.

 

Entretien avec les Pinçon-Charlot

Les Pinçon-Charlot : «C’est Macron le capitaliste en chef qui mène la guerre des classes»

Par Simon Blin

Le storytelling médiatico-politique a voulu en faire un ovni politique, sans passif. Les deux sociologues affirment, au contraire, que la manière d’être et de gouverner du Président est très liée au milieu dans lequel il évolue : celui du pouvoir et de l’argent.

Pas sûr que le dernier livre du couple de sociologues raccommode Emmanuel Macron avec les gilets jaunes. Huit ans après le Président des riches (2010), une enquête sur l’oligarchie dans la France de Nicolas Sarkozy, Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon, ex-directeurs de recherche au CNRS, poursuivent leur travail d’investigation sur les accointances du pouvoir avec le monde de l’argent avec la sortie du Président des ultra-riches (La Découverte). Résultat, le portrait d’un gouvernant toujours plus proche des plus fortunés et encore plus éloigné du reste de la société. (Photo Johanna Bourgault)

Que doit-on attendre du «grand débat national», lancé le 15 janvier par Emmanuel Macron, étant donné que les principales revendications des gilets jaunes en termes de justice fiscale, comme le rétablissement de l’ISF, ne seront pas discutées ?

Peu de choses. La suppression de l’ISF symbolise à elle seule la fin de la solidarité des plus riches avec le reste de la société. Macron a aussi procédé à la création d’un prélèvement forfaitaire unique (PFU ou flat tax) sur les revenus du capital, mesure moins connue du grand public mais tout aussi importante. Non seulement les riches ne sont plus concernés par la solidarité nationale, mais en plus on les dispense de la progressivité de l’impôt sur les revenus du capital, c’est-à-dire de payer leurs impôts à hauteur de leur fortune. Que vous ayez seulement quelques actions, pour peu que vous en ayez, ou que vous soyez Bernard Arnault, vous paierez le même impôt forfaitaire. Avec Macron, les impostures se font en cascades. Car en répétant à l’envi que cet impôt forfaitaire était de 30 %, le gouvernement a oublié de préciser que ce chiffre comprend aussi le prélèvement social, la contribution additionnelle de solidarité pour l’autonomie et le prélèvement de solidarité. Au final, l’impôt forfaitaire en tant que tel n’est que de 12,8 %. Cela signifie que le plus mal payé des contribuables paie plus en impôts sur le revenu que le plus riche des actionnaires sur chaque euro de dividendes perçus.

A vous lire, ce tour de passe-passe fiscal semble faire partie du code génétique du Président…

Plus encore que chez ses prédécesseurs, le profil d’Emmanuel Macron se prête à la sociologie bourdieusienne, son habitus étant en adéquation parfaite avec les conditions de la pratique de sa position sociale. Autrement dit, sa manière d’être et de gouverner est très liée au milieu dans lequel il évolue : celui du pouvoir et de l’argent. Le storytelling médiatico-politique qui a entouré son élection a voulu nous faire croire à un ovni politique, sans passif. Mais notre enquête, qui croise le contenu de sa politique sociale et économique avec sa trajectoire sociobiographique et les réseaux oligarchiques, démontre qu’il est bien un enfant du sérail, adoubé par les puissants et soutenu par de généreux donateurs. A sa sortie de l’ENA, il intègre l’inspection des finances sous la direction de Jean-Pierre Jouyet, une des figures centrales du maillage oligarchique français. Très vite, Macron participe à la fameuse «commission Attali» («pour la libéralisation de croissance») sous Sarkozy, où il rencontre les plus grands patrons. Il occupe ensuite un poste de directeur à la banque Rothschild et devient en même temps le meneur du volet économique de la campagne de François Hollande pour la présidentielle. Entre la création du CICE et le pacte de responsabilité, il imprègne ensuite le mandat socialiste de la politique de l’offre selon laquelle plus on donne aux entreprises, plus elles investissent dans l’appareil productif. Enfin, il se sert de son poste de ministre de l’Economie pour concourir à la mandature suprême.

Derrière Emmanuel Macron, diriez-vous qu’il existe en pratique une solidarité de riches  ?

C’est pire que cela. Macron est pieds et poings liés face aux ultra-riches qui ont financé sa campagne. Il est leur obligé. Prenons une fois de plus l’exemple de la suppression de l’ISF. Cette mesure devait intervenir au 1er janvier 2018. Or sa suppression est une des premières décisions prises par Macron, en octobre 2017. Cette façon de précipiter l’agenda politique néolibéral est symptomatique de la pression exercée par les puissants, les nantis, les action­naires et les créanciers qui utilisent l’argent comme arme d’asservissement et de division des individus.

Pour autant, les gilets jaunes font preuve d’une unité remarquable…

En tant que sociologues, nous ­n’avions jamais imaginé qu’un jour un tel mouvement social surgirait. On s’est beaucoup fait à l’idée que les gens modestes, rivés aux urgences d’une vie quotidienne difficile, trouveraient leur bonheur dans l’achat d’un pavillon individuel installé à proximité d’un centre commercial. Comme si le bonheur était dans le magasin où l’on achète le dernier iPhone. C’était un leurre. Nous nous réjouissons de la colère qu’expriment les gilets jaunes. Elle ne s’arrêtera pas. Le processus est irréversible. Pour la première fois, ils ont permis d’interconnecter toutes les inégalités à partir d’une question à la fois de pouvoir d’achat et d’écologie. Ils ont mis en lumière l’imposture écologique du gouvernement. Nous savons désormais que seulement 19 % des recettes de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) seront directement dédiés à l’écologie.

Les gilets jaunes s’en sont pris aux beaux quartiers sur lesquels vous enquêtez depuis trente ans. Avez-vous été surpris  ?

Pas tant que ça. En refusant d’être parqués sur le Champ-de-Mars le 24 novembre, ils ont attaqué les hauts lieux du pouvoir. Ils ont dénoncé l’agrégation spatiale des élites sociales dans les quartiers huppés. Cela s’est fait grâce au court-circuitage des corps intermédiaires, ne se laissant pas prendre au piège institutionnel. En se rassemblant aux abords des Champs-Elysées, les gilets jaunes ont fait le choix de ne pas s’attaquer à leurs patrons, puisqu’ils ne sont pas en grève, mais de s’adresser directement à Macron en tant que chef d’entreprise de la France. C’est Macron, le capitaliste en chef, qui mène la guerre des classes en France. «Je suis votre chef», avait-il dit le 14 juillet 2017. C’est donc lui que les gilets jaunes interpellent. Logique. Maintenant, il faut espérer une convergence des luttes avec les syndicats, les cheminots et autres militants de gauche. Il faut être attentif à ne pas s’opposer les uns aux autres. Les gilets jaunes nous rendent le service du siècle.

Le Président des ultra-riches. Chronique du mépris de classe dans la politique d’Emmanuel Macron. La Découverte, «Zones», 176 pp., 14 euros.

Source https://www.liberation.fr/debats/2019/01/24/les-pincon-charlot-c-est-macron-le-capitaliste-en-chef-qui-mene-la-guerre-des-classes_1705100

« Tsipras acheté » La rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque. Il évoque plus particulièrement l’accord macédonien.

« Tsipras acheté »

L’heure du bilan, on y est presque. Bilan provisoire, déjà lourd. Le grand rassemblement populaire du dimanche violemment dispersé, d’après un plan on dirait désuet mais qui se répète cependant sans cesse au gré… des besoins primaires de la caste des mondialisateurs et assimilés qui nous gouvernent. Le grand jeu de chaises musicales au “Parlement” est en cours afin de permettre la ratification de l’accord macédonien de Tsípras, les petits partis sont pulvérisés puisqu’ils n’ont plus suffisamment de députés pour former un groupe parlementaire. Peu importe, c’est leur rôle qui prend fin. Les soi-disant casseurs et les Aubedoriens qui n’ont pas été du reste auront de leur côté “travaillé” sur le terrain ; lorsque les politiciens lobbyistes auront parachevé leur forfait: faire régner la peur, l’amertume, voire l’impuissance. Bûches brulées, pays sur les braises.

Dispersion du rassemblement, photo de Kostís Ntantámis. Presse du 20 janvier

Des élus qui lâchent leurs petits partis pour se ranger derrière SYRIZA devenu de fait minoritaire si l’on considère que ses propres députés, voilà pour l’actualité des pantins engagées. Thanássis Papachristópoulos, élu du parti des Grecs Indépendants qui se dit certes dégouté et annonce sa démission… seulement après avoir d’abord voté en faveur de l’accord… étranges motivations se disent ainsi certains à Athènes. Et depuis dimanche, ces Images du rassemblement populaire et de son histoire immédiate, comme celles réalisées par le reporteur Kostís Ntantámis, pigiste pour l’agence Sputnik, il a été blessé au cours de la manifestation et transporté à l’hôpital, son équipement lui a été volé. D’après l’Union des photojournalistes de Grèce, l’attaque contre les journalistes photos lors de la manifestation à Athènes a été “préméditée”, ces derniers “étant les cibles des agresseurs”.

Autre agression violente, celle du reporteur et documentariste Thomas Jacobi correspondant de la Croix ; il est entre autres le réalisateur d’un film documentaire sur l’Aube dorée et d’après ses déclarations, il avait été reconnu par des Aubedoriens sur place. “On aurait dû mettre nos casques et masques de protection, se désole la journaliste Angélique Kouroúnis, en poste à Athènes” peut-on lire à travers le reportage.

Les organisateurs du rassemblement ont publié certaines photos des dits casseurs, et ce qu’il faut retenir déjà, c’est que la presse, surtout internationale elle aura encore une fois donné comme image dominante, celle des casseurs et des agresseurs néonazis ou pas, tous réels comme autant fabriqués, sauf que l’essentiel réside ailleurs. Répétons-le, l’accord que Tsípras et sa bande déjà politiquement mafieuse imposent de la sorte par ce Putsch, viole d’emblée la Constitution, autant que l’esprit et la lettre des supposées institutions du très présumé régime démocratique. Andréas Dimitrópoulos, universitaire constitutionnaliste à la faculté d’Athènes joint par les journalistes de la radio 90.1 FM mardi matin 22 janvier, a dressé toute la liste des violations, article par article.

Rassemblement à Sýntagma. Athènes, le 20 janvier 2019
Casseurs et assimilés vus près de Sýntagma. Athènes, le 20 janvier (presse grecque)
La dispersion du rassemblent. Athènes, 20 janvier (presse grecque)

Et quant au procédé utilisé, voilà que la composition du Parlement issu des élections de septembre 2015, pour ce qui est des partis et des équilibres, elle n’est plus, et à la radio… en ce même mardi matin, le journaliste Yórgos Trángas sur 90.1 FM évoque avec amertume: “ces possibles millions de dollars ou d’euros versés du côté d’Athènes par les Puissances et par les lobbys à la Soros, justement pour faire passer cet accord. Ainsi, Tsípras est trop pressé pour parachever le travail et cela se voit trop, peut-être, que les valises sont déjà arrivées. Kamménos se montre furieux mais il est sans doute trop tard pour lui.”

“Un soir j’étais invité chez Kamménos, du temps où il était encore Ministre de la Défense. Je lui pose alors directement la question: ‘Quand bon sang quitteras-tu ce gouvernement dont la politique est si manifestement contraire aux intérêts fondamentaux du pays, rien qu’à travers le dossier macédonien ?’ Réponse de Kamménos: ‘Lorsque les États-Unis et Israël me donneront le signal.’ Je ne peux pas en dire davantage tant que je me trouve sur le sol… mouvant grec, chers auditeurs.”

“Sauf que la trahison finira par même étrangler Tsípras. Certes, le système des Puissances essayera à faire renaître le bipartisme grec, entre SYRIZA/PASOK et la Nouvelle Démocratie, pourtant, ce plan ne fonctionnera pas. SYRIZA retournera pratiquement et à terme à ses pourcentages des années 2000, et alors, un grand parti et mouvement patriotique finira par naître et il accédera même au pouvoir. Il ne faut pas se leurrer, nos seuls alliés sont les alliés de la Deuxième Guerre mondiale, à savoir, les Américains et les Anglais, et nous devons les convaincre davantage, tandis que les Allemands ont été toujours des ennemis de la Grèce”, 90.1 FM, zone matinale du 21 janvier 2019.

Parmi mes amis, il y en a qui trouvent ces analyses publiques fort insupportables, étant donné que dans la mesure où elles peuvent être vraies, elles ne provoquent pas une réaction collective, disons saine et salvatrice. Des auditeurs de l’émission de Trángas lui adressent ainsi leurs messages très nombreux, exprimant en somme toute l’agonie ontologique et nationale alors lente et terrible:

“Nous sommes paralysés, eh bien… que fait-elle la Justice ? Et que fait-elle enfin notre Armée ? Ces crimes des politiciens finiront par faire de nous des assassins”, message d’une femme en colère lu en direct, radio 90.1 FM. Mon ami M. prend parfois ses distances et pour ce faire, il se retire pour quelques jours auprès les moines du Mont Athos. “C’est d’une autre vérité, c’est un monde réel, alors insoupçonnable depuis notre quotidien factice”, me dit-il, après m’avoir envoyé ses photos du Mont Athos que je publie ici avec son autorisation.

Athènes, le 20 janvier 2019
Animaux adespotes au Mont Athos. Janvier 2019

Et du côté de l’autre monde, le nôtre, le journaliste Trángas poursuit dans son élan durant cette matinée du 22 janvier 20919: “Tsípras est un agent de Soros, et il l’a d’ailleurs rencontré plusieurs fois via Varoufákis, Tsípras est autant la marionnette, le Premier ministre Quisling de Merkel, et quant à Soros, il a placé ses agents à la fois chez Tsípras que chez Mitsotákis. Du temps où Kamménos était au Ministère, il avait conçu sa propre agence de renseignements, espionnant Tsípras, SYRIZA et surtout Kotziás le très compatible Soros au Ministère des Affaires Étrangères démissionné depuis peu. Kotziás a fait de même depuis son Ministère à l’encontre de Kamménos, sauf que Kamménos en sait davantage sur les Syrizístes que ces derniers sur lui. Cela promet !” Info ou alors intox, et pourquoi donc de tels propos publiquement tenus n’éveillent pas, si ce n’est que la simple curiosité de la Justice ?

En effet, Kamménos a publiquement déclaré “que l’accord Macédonien n’a pas été imposé par les États-Unis, j’ai posé directement la question à ceux de l’administration Trump car je les connais et je suis un ami des États-Unis, non, pour que cet accord passe, c’est Merkel et l’Europe qui pressent. Et je dirais même que l’accord est même capable de dynamiter les accords de Yalta relatifs aux Balkans, et je vous le dis, cela va mal se terminer, peut-être dans un bain de sang”, médias grecs du 22 janvier 2019.

Les manifestants du dimanche dernier sont temporairement sans doute rentrés chez eux, par cars entiers débordant d’amertume humaine ils ont emprunté l’autoroute du Nord depuis Athènes, ou des navires appareillant à destination des îles. Cirque d’hiver à Athènes, et qui n’est hélas pas le dernier. Trángas, après avoir rappelé “que Tsípras a grandi au sein d’une famille de promoteurs immobiliers réalisant des affaires avec et par les Colonels et de ce fait il est un clone des Colonels sous l’épiderme de la gauche, pour ne pas évoquer en plus le cas des familles grecques enrichies sous l’Occupation et que les Allemands ont toujours aidé et protégé à Athènes, des années durant la bien longue incubation de la nouvelle Allemagne”, il estime “que ce Tsípras des deux à trois dernières années offre en plus l’image de l’expression du corps comme du visage, trahissent un homme mentalement atteint, autrement-dit, souffrant de troubles sévères.”

Aux antipodes du psychisme de Tsípras, nos manifestants du dimanche, ont très chaudement applaudi la chanteuse Aphroditi Manou, pour sa prise de position lors du rassemblement: “Aléxis Tsípras, te souviens-tu de ce juillet 2015 lorsque j’avais chanté pour toi et pour le ‘NON’ au référendum et voilà que tu me jettes tant de lacrymogènes maintenant. Te souviens-tu qu’après ton discours, tu t’es rendue dans ma loge pour boire un verre de ma bouteille d’eau? Je ne peux plus respirer Aléxis, arrêtez-les. Elytis, Gátsos, le grand Séféris, nos poètes et tant d’autres, Rítsos, Tsaroúchis, Fassianos, Míkis Theodorákis, Mános Hadjidákis, Mélina Merkoúri, Stávros Xarhakos et Yánnis Markopoulos, Nikos Gavriil Pentzikis, voilà les ‘vrais fautifs’. Car ils ont semé en nous cette graine, ils ont marqué notre vie de leur souffle et des valeurs qui sont alors les nôtres. Et voilà que l’on dit de nous… que nous sommes des ‘imbéciles et des nationalistes’, c’est à eux donc qu’il faut alors le dire. Nos racines sont profondes. Nous allons tenir. Si les politiciens pensaient faire confiance à nous au lieu de procéder à ces choix criminels, nous les aiderions alors pour trouver une autre solution, et de toute notre âme.” Voilà ce qui n’a pas été relevé par exemple par les médias internationaux, à part bien entendu que l’atmosphère est devenue étouffante à cause des gaz lacrymogènes et des casseurs et autres agresseurs… déjà des évidences.

Mont Athos. Janvier 2019
Par bateau. Port en Attique, janvier 2019

On jugerait en d’autres circonstances certains propos de Trángas de complotistes comme d’extrémistes. Mais c’était avant, bien avant, désormais, le puzzle se complète tout seul… et surtout il n’aura pas besoin de nous, sinon pour le défaire. Trángas ne dira certes pas toute la vérité, et il se déclare alors proche des Anglo-Saxons à chaque occasion, sauf qu’il n’est pas démenti, ni attaqué en Justice, et que son récit corrobore avec les numéros du cirque d’hiver politique qui est disons le nôtre, et qui ne nous divertira alors plus jamais.

De son côté, l’universitaire philosophe et théologien Chrístos Yannarás n’écrit pas autre chose à travers ses chroniques, celles que Kathimeriní publie, pourtant presse très autorisée, le style est différent mais et pourtant:

“Ils portent le titre de la ‘Gauche radicale’, pourtant, ils n’hésitent pas un seul instant à ‘lécher là exactement où ils ont craché durant des années’: Ils n’ont pas hésité à vendre les idéologies, les dogmes et les étendards révolutionnaires, à changer d’identité politique du jour au lendemain. Ils n’ont pas hésité à ignorer un référendum populaire qu’ils ont eux-mêmes provoqué comme à se transformer sans la moindre vergogne en valets des marchés financiers et de l’OTAN, comme autant, de se transformer en petits compères de Merkel. Et tout cette ridiculisation, uniquement pour le plaisir du pouvoir.”

“Dans le contexte actuel de la culture mondialisée et des impressions d’une réalité alors préfabriquée, l’Histoire n’est plus écrite par les épigones de Thucydide mais par ces ‘intellectuels organiques’, ces mandarins embauchés au service des marchés financiers et de l’OTAN. En Grèce, les mandarins locaux, manifestement et de manière alors flagrante, ils se passionnent pour la réélection de Tsípras lequel a été acheté de manière même ostentatoire, ou de celle de Kyriákos Mitsotákis manifestement insuffisant. De Fófi Genimatá du PASOK, de Stávros Theodorákis du parti de la Rivière, des Aubedoriens, voire autant, des staliniens incurables du PC, voilà ce qui complète ainsi la procession funéraire. Et dire que nous avons été gouvernés par de concitoyens au psychisme alors malade, c’était souvent vraisemblable. Aujourd’hui c’est alors flagrant”, quotidien “Kathimeriní” du 20 janvier 2019.

Un premier bilan du rassemblement au café. Athènes, le 20 janvier 2019

Dimítris Konstantakópoulos, il faut dire durant un autre temps conseiller à la Défense et aux Affaires étrangères pour SYRIZA, avant son accession au pouvoir, journaliste alors expérimenté et fin analyste des réalités grecques et géopolitiques de notre temps bien lourd, il adresse depuis son blog un appel désespéré à l’encontre de Tsípras:

“Je me suis rendu à la manifestation du dimanche, comme ce fut le cas l’année dernière. Je veux, à chaque fois que je le peux, voir de mes propres yeux et ainsi entendre ce que les gens ont à dire, leur parler et me faire ma propre opinion. Malgré les déclarations trompeuses et ridicules de la Police, le rassemblement était très massif et révélait ainsi toute l’inquiétude que suscite cette affaire pour une partie alors la plus importante du peuple grec. La présence massive de la jeunesse était même très impressionnante.”

“Je ne souhaite pas commenter les descriptions hideuses de la presse progouvernementale, rappelant les pires périodes du stalinisme grec et mondial. Les manifestants ayant participé au rassemblement, ils étaient pour la plupart les Grecs ordinaires. Rien de plus, rien de moins.”

“J’espère que le Premier ministre ainsi que les députés, comprendront enfin que la question de cet accord Macédonien n’appartient pas à la thématique ordinaire, courante, ceci parce qu’il touche à l’identité la plus profonde du peuple grec. Dès le début, lorsque cette question a été soulevée en janvier 2018, j’ai souligné qu’il ne peut être résolu que par un référendum. Quelle que soit l’opinion que l’on peut avoir sur cet Accord, il doit être soumis à référendum avant son éventuelle ratification, le soumettre alors au jugement du peuple grec, comme cela a également été réclamé par grand nombre de personnalités, parmi eux d’éminents représentants de notre culture, tels que Míkis Theodorákis, personnalités venant autant de la gauche que de la droite.”

“C’est la seule solution qui préservera la démocratie comme son fonctionnement à travers notre système politique, autant d’ailleurs que l’unité nationale du peuple grec et empêchera pour tout dire l’apparition de facteurs qui favorisent le Schisme, la division. Aucun Grec, démocrate et patriote ne veut voir dans notre pays une telle situation aux conséquences à chaque fois dévastatrices pour les Grecs, voire de Guerre civile, à chaque fois qu’elles sont apparues dans notre histoire”, Dimítris Konstantakópoulos sur son blog, le 21 janvier 2019.

La fin du rassemblement. Athènes, le 20 janvier 2019 (presse grecque)

Peine visiblement perdue et pourtant émouvante. Au soir du 22 janvier lorsque ceux des partis (supposés) de l’Opposition ont réclamé le texte final des amendements que ceux de Skopje auraient apporté à leur Constitution, histoire de dégager les articles ouvertement irrédentistes aux dépens des pays voisins, notamment la Grèce et la Bulgarie, sans quoi, l’Accord macédonien ne devait même pas être discuté au Parlement d’Athènes, Katroúgalos, ministrion délégué aux Affaires Étrangères et surtout étranges, a présenté la version en anglais, imprimée et téléchargée depuis le site Internet du Parlement de Skopje, en précisant que les changement n’y figurent pas parce qu’au pays voisin, on y ajoute seulement des Annexes à la fin du texte fondamental. Il a même promis sa traduction en grec en sollicitant toute la bonne science… des services de son ministère, presse grecque du 21 janvier 2019. Ahurissant.

Peine donc visiblement perdue. Comme pour les textes du mémorandum de la Troïka, les députés Syrizístes, et à l’époque aussi ceux de la nouvelle Démocratie et des autres partis aujourd’hui pulvérisés, ils ne l’auront même pas lu. Ainsi Tsípras et les siens, ils auraient été achetés comme le suggèrent des analystes si différents, à l’instar de Trángas ou de Yannáras, et on dirait que ces Syrizístes l’ont bien cherché et voulu. Cela se nomme un crime, et plus précisément celui de la haute trahison. Telle est en tout cas l’idée que les Grecs se partagent de plus en plus.

Dans les cafés, à travers les médias, dans la rue, des Grecs évoquent alors de plus en plus souvent les termes de l’article 120 de notre Constitution: “Le respect de la Constitution et des lois qui y sont conformes, ainsi que le dévouement à la Patrie et à la République constituent un devoir fondamental de tous les Hellènes. L’usurpation, de quelque manière que ce soit, de la souveraineté populaire et des pouvoirs qui en découlent est poursuivie dès le rétablissement du pouvoir légitime, à partir duquel commence à courir la prescription de ce crime. L’observation de la Constitution est confiée au patriotisme des Hellènes, qui ont le droit et le devoir de résister par tous les moyens à quiconque entreprendrait son abolition par la violence.” Histoire de se consoler ?

L’heure du bilan, on y est presque. Bilan provisoire, déjà lourd. Votre… blog observe alors médusé, et il participe comme il peut à la tragédie actuelle, c’est-à-dire, devant ce crime organisé d’en haut. Je remercie les lectrices/lecteurs et ami(e)s du blog pour leur soutien essentiel en ces terribles moments.

Merci. En Attique, janvier 2019

Ne l’oublions pas, la Grèce n’est qu’un exemple, hélas, il y en a bien d’autres. Ailleurs aussi, actualité oblige, la presse systémique évoque un “nouveau texte de coopération et d’intégration”. Les peuples intéressés en jugeront.
Bilan provisoire, déjà lourd, pauvres peuples. Bûches brulées, pays sur les braises

Votre… blog observe alors médusé. Mimi et Hermès de Greek Crisis, janvier 2019
* Photo de couverture: Au Mont Athos, janvier 2019

Convoi solidaire pour la Grèce février 2019

RAPPEL  : COLLECTE JUSQU’AU 12 FÉVRIER 2019 POUR REMPLIR LES 27 FOURGONS

Nicolas conduira le camion de Savoie. Le collectif de Grenoble ne pourra assurer comme pour les  précédents convois la coordination, la récupération et l’acheminement des fournitures auprès de Nicolas. En revanche nous publions la liste des besoins et des points de collectes provisoires pour ce convoi qui sera actualisé au fur et à mesure des confirmations par les lieux.

Rappel des besoins

Les besoins sont urgents en :

Fournitures bébés : lait infantile en poudre (tous âges) petits pots, mixers , soins bébés, sérum, vitamines, couches ( surtout 3, 4 et 5), lit parapluie, poussettes,

Jouets : tels que figurines, ballons, cordes à sauter, legos, stylo, feutres, ( pas de peluches),

Produits d’hygiène et paramédicaux : gels douches, shampoings, savons, protections périodiques, dentifrice, brosses à dents, lessives, pansements, produits ménagers, pansements, désinfectant, chevillères/genouillères, ( ni attelles, ni médicaments) Biafine, Cicatryl, fournitures dentistes (pour dispensaires autogérés),

Matériel : bouilloires, frigos, fours, machine à laver ( en état de marche), marmites, louches,

Base alimentaire : légumes secs, fruits secs, biscuits, céréales, pâtes,riz, lentilles, thé, café, autres. La date de péremption minimale recommandée est mars 2019.

Matériel spécifique pour la résistance :  ramettes papiers, photocopieuses ( en état de marche) ordinateurs, écrans, disques durs clés USB, carte SD, appareils photos/vidéos, téléphones…

n’oubliez pas des messages de soutien : avec éventuellement dessins, photos, affiches,autocollants, infos sur vos luttes…. Des confiseries fermées et non fragiles peuvent être ajoutées.

Important : la place dans les fourgons n’étant pas extensible, merci de vous en tenir à cette liste. Suite à des collectes sur place plus besoin de couvertures et de vêtements.

Soutien financier : chèque à l’ordre d’ANEPOS à envoyer à ANEPOS « Action Solidarité Grèce » BP10 81540 Sorèze . Cela permet aux collectifs sur place de compléter eux mêmes. Virement et Paypal possibles sur le site www.lamouretlarevolution.net dans la rubrique  » prochain convoi solidaire ».

Si vous voulez partir avec le collectif Anepos, avec votre véhicule, ou aider en créant un point collecte dans votre secteur géographique : solidarite@anepos.net.

Les lieux de collecte confirmés  à ce jour ( liste en cours)

En Haute-Savoie (74) 

Attac 74 Chablais à contacter par Facebook, https://www.facebook.com/attac74chablaishttps://www.facebook.com/attac74chablais/?tn-str=k*F  ils répondent dans la journée

La ronde du bio, 307 route de Thones, 74 210 Faverges, https://larondedubio.com/ tous les jours sauf dimanche

En Savoie (73)

Caroline à Lescheraines 73 340 , en fin de journée 06 89 13 40 51

6 février à partir de 18h à ARCHIMALT 95 Rue de Bolliet, 73230 Saint-Alban-Leysse suivie à 20h d’un concert  organisé par des individu-es, des membres du Collectif Sans Frontières

En Isère ( 38) A ce jour pas de lieu. Si un lieu solidaire ou un particulier souhaite être point de collecte pour une ou 2 soirées merci de se faire connaitre à cette adresse greceausterite@hotmail.com et il sera mis en contact avec Nicolas pour organiser la récupération.

 

Convoi solidaire pour la Grèce de février 2019

RAPPEL  : COLLECTE JUSQU’AU 12 FÉVRIER 2019 POUR REMPLIR LES 27 FOURGONS

Nicolas conduira le camion de Savoie. Le collectif de Grenoble ne pourra assurer comme pour les  précédents convois la coordination, la récupération et l’acheminement des fournitures auprès de Nicolas. En revanche nous publions la liste des besoins et des points de collectes provisoires pour ce convoi qui sera actualisé au fur et à mesure des confirmations par les lieux.

Rappel des besoins

Les besoins sont urgents en :

Fournitures bébés : lait infantile en poudre (tous âges) petits pots, mixers , soins bébés, sérum, vitamines, couches ( surtout 3, 4 et 5), lit parapluie, poussettes,

Jouets : tels que figurines, ballons, cordes à sauter, legos, stylo, feutres, ( pas de peluches),

Produits d’hygiène et paramédicaux : gels douches, shampoings, savons, protections périodiques, dentifrice, brosses à dents, lessives, pansements, produits ménagers, pansements, désinfectant, chevillères/genouillères, ( ni attelles, ni médicaments) Biafine, Cicatryl, fournitures dentistes (pour dispensaires autogérés),

Matériel : bouilloires, frigos, fours, machine à laver ( en état de marche), marmites, louches,

Base alimentaire : légumes secs, fruits secs, biscuits, céréales, pâtes,riz, lentilles, thé, café, autres. La date de péremption minimale recommandée est mars 2019.

Matériel spécifique pour la résistance :  ramettes papiers, photocopieuses ( en état de marche) ordinateurs, écrans, disques durs clés USB, carte SD, appareils photos/vidéos, téléphones…

n’oubliez pas des messages de soutien : avec éventuellement dessins, photos, affiches,autocollants, infos sur vos luttes…. Des confiseries fermées et non fragiles peuvent être ajoutées.

Important : la place dans les fourgons n’étant pas extensible, merci de vous en tenir à cette liste. Suite à des collectes sur place plus besoin de couvertures et de vêtements.

Soutien financier : chèque à l’ordre d’ANEPOS à envoyer à ANEPOS « Action Solidarité Grèce » BP10 81540 Sorèze . Cela permet aux collectifs sur place de compléter eux mêmes. Virement et Paypal possibles sur le site www.lamouretlarevolution.net dans la rubrique  » prochain convoi solidaire ».

Si vous voulez partir avec le collectif Anepos, avec votre véhicule, ou aider en créant un point collecte dans votre secteur géographique : solidarite@anepos.net.

Les lieux de collecte confirmés  à ce jour ( liste en cours)

En Haute-Savoie (74) 

Attac 74 Chablais à contacter par Facebook, https://www.facebook.com/attac74chablaishttps://www.facebook.com/attac74chablais/?tn-str=k*F  ils répondent dans la journée

La ronde du bio, 307 route de Thones, 74 210 Faverges, https://larondedubio.com/ tous les jours sauf dimanche

En Savoie (73)

Caroline à Lescheraines 73 340 , en fin de journée 06 89 13 40 51

6 février à partir de 18h à ARCHIMALT 95 Rue de Bolliet, 73230 Saint-Alban-Leysse suivie à 20h d’un concert  organisé par des individu-es, des membres du Collectif Sans Frontières

En Isère ( 38) A ce jour pas de lieu. Si un lieu solidaire ou un particulier souhaite être point de collecte pour une ou 2 soirées merci de se faire connaitre à cette adresse greceausterite@hotmail.com et il sera mis en contact avec Nicolas pour organiser la récupération.

 

Grand convoi solidaire vers la Grèce de février 2019

COLLECTE JUSQU’AU 12 FÉVRIER 2019 POUR REMPLIR LES 27 FOURGONS PRÊTS À PARTIR !

Nicolas conduira le camion de Savoie. Le collectif de Grenoble ne pourra assurer comme pour les  précédents convois la coordination, la récupération et l’acheminement des fournitures auprès de Nicolas. En revanche nous publierons prochainement la liste des points de collecte pour ce convoi ou lieux de rencontre avec Nicolas.

Rappel des besoins

Les besoins sont urgents en :

Fournitures bébés : lait infantile en poudre (tous âges) petits pots, mixers , soins bébés, sérum, vitamines, couches ( surtout 3, 4 et 5), lit parapluie, poussettes,

Jouets : tels que figurines, ballons, cordes à sauter, legos, stylo, feutres, ( pas de peluches),

Produits d’hygiène et paramédicaux : gels douches, shampoings, savons, protections périodiques, dentifrice, brosses à dents, lessives, pansements, produits ménagers, pansements, désinfectant, chevillères/genouillères, ( ni attelles, ni médicaments) Biafine, Cicatryl, fournitures dentistes (pour dispensaires autogérés),

Matériel : bouilloires, frigos, fours, machine à laver ( en état de marche), marmites, louches,

Base alimentaire : légumes secs, fruits secs, biscuits, céréales, pâtes,riz, lentilles, thé, café, autres. La date de péremption minimale recommandée est mars 2019.

Matériel spécifique pour la résistance :  ramettes papiers, photocopieuses ( en état de marche) ordinateurs, écrans, disques durs clés USB, carte SD, appareils photos/vidéos, téléphones…

n’oubliez pas des messages de soutien : avec éventuellement dessins, photos, affiches,autocollants, infos sur vos luttes…. Des confiseries fermées et non fragiles peuvent être ajoutées.

Important : la place dans les fourgons n’étant pas extensible, merci de vous en tenir à cette liste. Suite à des collectes sur place plus besoin de couvertures et de vêtements.

Soutien financier : chèque à l’ordre d’ANEPOS à envoyer à ANEPOS « Action Solidarité Grèce » BP10 81540 Sorèze . Cela permet aux collectifs sur place de compléter eux mêmes. Virement et Paypal possibles sur le site www.lamouretlarevolution.net dans la rubrique  » prochain convoi solidaire ».

Si vous voulez partir avec le collectif Anepos, avec votre véhicule, ou aider en créant un point collecte dans votre secteur géographique : solidarite@anepos.net.

SOS Méditerranée répond aux questions

Chers amis,

Le vendredi 7 décembre nous vous partagions notre décision de mettre fin à l’affrètement de l’Aquarius et notre volonté de trouver au plus vite un nouveau navire pour repartir sauver des vies en mer. Suite à cette annonce, nous avons reçu de nombreuses questions de votre part comme par exemple :

Est-ce que la fin d’affrètement de l’Aquarius signifie la fin des opérations de sauvetage pour SOS MEDITERRANEE ?
Que vont devenir l’Aquarius et le reste de l’équipage ?
En quoi changer de navire vous permettra de continuer vos opérations de sauvetage ?
À quoi vont servir les dons tant que vous n’avez pas de nouveau navire ?
Quand pensez-vous repartir ?

Toutes ces questions sont importantes et vous en avez certainement d’autres. Nous vous proposons de nous retrouver en direct.

Mercredi 19 décembre à 12h30 sur YouTube

Sophie BEAU, cofondatrice et directrice de l’association SOS MEDITERRANEE France et Frédéric Penard, directeur des opérations de SOS MEDITERRANEE répondront à vos questions. Cette « discussion » durera environ 45 minutes et sera accessible via ce lien privé auquel vous pouvez accéder librement.

Vous pourrez poser vos questions en direct dans les commentaires mais pour cela il faut vous créer ou vous connecter avec un compte YouTube. Si vous préférez nous poser vos questions par écrit, vous pouvez nous envoyer un email jusqu’au 18/12 à question@sosmediterranee.org.

Face à l’inacceptable, restons mobilisés pour repartir sauver des vies en mer.

Merci pour votre engagement,

L’équipe de SOS MEDITERRANEE
#TogetherForRescue

 

 

Annonces de Macron : un enfumage

Annonces de Macron : un enfumage pour préserver l’injustice fiscale et les cadeaux faits aux riches par Attac France

Alors que l’ensemble du pays est parcouru d’une puissante aspiration à plus d’égalité sociale et fiscale, Emmanuel Macron s’est enfin exprimé, après trois semaines de silence, mais refuse de changer de cap.

Derrière quelques mesures « sociales » qui cachent un affaiblissement de la protection sociale et le refus d’une augmentation générale des salaires, Emmanuel Macron a surtout confirmé les très importants cadeaux fiscaux faits aux plus riches (ISF, Flat tax, etc), son agenda néolibéral (réformes des retraites, de la fonction publique et de l’assurance chômage) et la poursuite de la baisse des dépenses publiques au détriment de la présence et de la qualité des services publics.

L’exécutif pense-t-il vraiment pouvoir se sortir d’une crise sociale et politique majeure en accélérant la mise en œuvre d’une politique largement rejetée dans le pays ?

Emmanuel Macron est toujours le Président des ultra-riches : il a fait le choix de préserver les intérêts des 1% les plus riches en ne revenant pas sur la suppression de l’ISF, l’allégement de l’Exit tax ou l’instauration de la Flat tax. Contrairement à ce qu’il prétend, l’exécutif n’a pas écouté les exigences populaires exprimées depuis des semaines en faveur de mesures fiscales plus redistributives : il maintient le cap d’une politique profondément inégalitaire et inefficace qui grève le budget de l’État.

L’annonce d’une hausse du SMIC de 100 euros est une véritable arnaque puisque le SMIC n’est pas revalorisé, pas plus que les salaires juste au-dessus du SMIC. Le salaire perçu va augmenter via la hausse de la prime d’activité, qui était déjà dans les tuyaux. Magnifique tour de passe-passe que tente le Président. Plutôt que de faire financer les hausses de salaires par les entreprises, il fait payer les contribuables. La défiscalisation des heures supplémentaires profitera d’ailleurs aux salarié·e·s les mieux payé·e·s et qui ont la possibilité d’en faire. C’est par ailleurs des ressources en moins pour le budget de l’État. La désocialisation conduira mécaniquement à une fragilisation de notre système de protection sociale »

Les populations les plus en difficulté sont par ailleurs oubliées : aucune augmentation des minimas sociaux n’a été annoncée, tandis que les retraites ne sont toujours pas indexées sur le coût de la vie, une revendication exprimée depuis plusieurs semaines. Étudiant·e·s et lycéen·ne·s, mobilisé·e·s dans la rue et largement réprimé·e·s, sont complètement ignoré·e·s par l’exécutif.

Emmanuel Macron s’entête à poursuivre une politique qui consiste à basculer la fiscalité des entreprises sur les ménages et à préserver les intérêts acquis des multinationales (CICE, CIR, etc) et de leurs actionnaires ; alors que les investissements-climat des entreprises françaises stagnent depuis plusieurs années et pourraient même baisser en 2018, l’exécutif rate l’occasion de réorienter, par voie réglementaire et fiscale, les investissements privés vers la transition écologique et ainsi réduire les émissions de gaz à effet de serre du pays qui sont reparties à la hausse

En refusant de réduire structurellement les inégalités fiscales et sociales dans le pays, Emmanuel Macron confirme avoir endossé son costume de « Président des riches » au détriment des intérêts des plus pauvres et plus précaires, mais également au détriment d’une politique de transition écologique chaque jour plus nécessaire. La baisse confirmée de la dépense publique ne pourra qu’aggraver la situation des services publics et de la protection sociale. La poursuite de son agenda néolibéral (réformes des retraites, de la fonction publique et de l’assurance chômage) illustre le mépris et l’incompréhension du gouvernement envers les mobilisations en cours. De plus, Emmanuel Macron n’hésite pas à faire un appel du pied à l’extrême-droite sur la question de l’immigration pour tenter de détourner la colère sociale actuelle.

Le pouvoir reste sourd aux exigences légitimes exprimées. Attac France appelle ses adhérent·e·s, et ses comités locaux à rester mobilisé·e·s et être présent·e·s dans les mobilisations des jours à venir, notamment le vendredi 14 à l’appel d’organisations syndicales et samedi 15 décembre à l’occasion de l’acte 5 du mouvement des « gilets jaunes », pour exiger plus de justice sociale, fiscale et écologique.

P.-S.

Crédits photo : Brice Le Gall

Le fond de l’air est jaune

Le fond de l’air est jaune par Cédric Durand ( Contretemps)

Soulèvement populaire pour la justice fiscale et le pouvoir d’achat, les gilets jaunes cristallisent la convergence de toutes les colères contre Emmanuel Macron et, au-delà, le capitalisme néolibéral mondialisé dont il est le nom. De l’événement gilets jaunes ou de la structure du macronisme, qui va digérer l’autre ? Le simple fait que la question se pose est déjà extraordinaire. Un examen de clinique politique rudimentaire ne peut que renforcer le constat. L’arrogance de classe présidentielle et sa proximité avec les milieux financiers ont beaucoup contribué à faire monter la pression dans la cocotte-minute qui explose aujourd’hui. Mais la question politique posée par les gilets jaunes dépasse le cas Macron. Une fissure historique est ouverte. La tâche de toutes les forces anticapitalistes est d’élargir la brèche.

Coup d’arrêt

Arrière-garde du néolibéralisme triomphant des années 1990, Emmanuel Macron et ses soutiens ont hérité du pouvoir par un concours de circonstance. Qu’en ont-ils fait ? Sans coup férir, ils ont engagé le programme d’ajustement structurel que des décennies de résistances sociales n’ont eu de cesse de ralentir. La blitzkrieg fut un succès. Droit du travail, fiscalité, privatisations… Jouant sur l’avantage psychologique d’une victoire électorale surprise, la nouvelle équipe avança simultanément sur tous les fronts, déroulant sans ménagement un agenda entièrement structuré par les mots d’ordre éternels du capital que sont la compétitivité et l’attractivité pour les investisseurs.

Les réformes s’enchainaient à un rythme si effréné que, par l’effet domino des complémentarités institutionnelles, on pouvait craindre qu’elles ne fassent éclater ce qui reste du compromis social qui singularise l’hexagone depuis le milieu du XXe siècle. D’ailleurs, c’était l’objectif. Emmanuel Macron avait fait d’une détermination totale sa marque de fabrique. Au printemps dernier, il déclarait sur Fox News qu’il n’y avait « aucune chance » qu’il recule sur la réforme de la SNCF car, disait-il, « si j’arrête, comment pensez-vous que je serai en mesure de moderniser le pays ? ».

Eh bien c’est chose faite ! Emmanuel Macron a été arrêté. Il a un genou à terre. Pour la première fois du quinquennat, le pouvoir a cédé à la rue. En décidant d’abord d’annuler les hausses prévues sur les carburants puis de prendre une série de mesures limitées sur le pouvoir d’achat,  il a concédé sa subordination en dernier ressort au mouvement populaire. Et, comme Macron l’avait justement anticipé, la signification principale de ce coup d’arrêt, c’est que la normalisation néolibérale de la France qu’il s’était donné pour mission d’accomplir ne pourra pas avoir lieu dans l’immédiat.

Montée des profondeurs du pays, la colère des gilets jaune a brutalement donné corps à L’illusion du bloc bourgeois identifiée par Bruno Amable et Stefano Palombarini[1]. Faire de la France une Start-up Nation, mobiliser la finance pour sauver le climat et jouer les premiers de cordée… les signifiants positifs auxquels se rattache la feuille de route macroniste sont très minoritaires dans le pays. Et ils le sont d’autant plus qu’à l’heure des premiers bilans ils n’ont pas trouvé de confirmation dans le mouvement réel du revenu disponible et de l’emploi.

En haut, les firmes et les très riches ont tout de suite perçu les dividendes de l’élection de leur candidat. Mais en bas, les classes moyennes et populaires ont pris de plein fouet les politiques de la nouvelle majorité. Ces politiques ont accru la pression fiscale à laquelle la fraction de droite des classes moyennes et populaires est particulièrement sensible et, en même temps, mis en joue les garanties collectives, les services publics et la protection sociale auxquelles les fractions de gauche tiennent par dessus tout. Le mouvement des gilets jaunes est une contre-attaque sur ces deux fronts ; et de droite et de gauche donc, il a brutalement siphonné le carburant politique du pouvoir qui se retrouve en panne sèche sur la bande d’arrêt d’urgence.

Le temps de la discorde

En quatre semaines, la révolte des gilets jaunes est devenue un événement politique majeur, peut-être même le plus importants des cinquante dernières années en France. Sa puissance proto-révolutionnaire est le produit d’une combinaison inédite.

La géographie d’abord est très particulière. Il s’agit d’un mouvement périphérique qui, de péages en ronds-points, a tissé un maillage serré sur tout le territoire.  C’est ainsi qu’il s’est donné une grande visibilité,  une forte transversalité sociale – agrégeant de multiples catégories – et une puissante capacité de diffusion. Le fait que 20 % de la population française se considère comme « Gilet Jaunes »[2] est significatif.  Une fois le gilet jaune comme signifiant flottant de la révolte fixé, la structure en réseau permet toutes les appropriations et toutes les déclinaisons, favorisant ainsi l’agrégation des colères et leur convergence en plein Paris, au plus près des lieux de pouvoir.

Initiée sur les réseaux sociaux, la mobilisation des gilets jaunes ne fait l’objet d’aucun encadrement syndical ou politique. Cela ne veut bien entendu pas dire que les ressources militantes ne s’y déploient pas. Souvent, parmi les groupes qui entrent en action, quelques individus ont eu des expériences syndicales, politiques, associatives ou  furent impliqués dans des luttes citoyennes, dans des ZAD. Surtout, cette lutte produit une nouvelle synthèse dans laquelle l’accumulation de rage contenue pendant trop longtemps et d’expériences des combats de ces dernières années sonnent ensemble l’heure de la revanche.

En haut ça tangue. Très fort… Le fait que le premier recul consenti se soit fait dans la cacophonie – plus de 24h d’ambigüité les 4 et 5 décembre sur le caractère pérenne de la non-application de la taxe sur les carburants – est un symptôme du désarroi qui s’est emparé des plus hauts cercles du pouvoir. Au moment où la crise éclate, il ne reste plus rien de l’élan de la fulgurante victoire présidentielle. Le gouvernement s’est rétréci, la hiérarchie policière est fragilisée par l’affaire Benalla, la jeune garde de conseillers présidentiels sourde aux remontées de ses administrations est aveugle sur la situation politique, les parlementaires déboussolés sont aux abonnés absents, le parti présidentiel inarticulé, sans ancrage territorial s’avère complètement inopérant pour endiguer la vague. Échaudé par l’accueil reçu au Puy en Velay, Emmanuel Macron se terre dans son palais. Il est « un peu perdu » nous dit un conseiller. En réalité paniqué, craignant pour sa vie.

Tous ces éléments participent de l’isolement de l’exécutif. Un isolement qu’il s’efforce de briser à partir du 5 décembre. D’abord en constituant une coalition contre « les désordres » et les  « violences », ce qu’il est parvenu à réaliser avec un certain succès pour la journée du 8 décembre. Le premier ministre se payant le luxe de remercier tous les responsables politiques, syndicaux et associatifs qui ont accepté de rejoindre son appel au calme. Un moyen d’essayer de contrebalancer une réalité contrariante. En dépit d’une stratégie de la tension maximale et d’une répression à la fois brutale et massive, la mobilisation ne faiblit pas mais s’enracine. Il y a toujours autant de monde dans la rue et des jonctions s’opèrent avec les écologistes des marches pour le climat et avec la jeunesse scolarisée.

Au lendemain du 8 décembre, l’exécutif poursuit sa manœuvre de désencerclement, se met en quête d’une nouvelle combinaison politique qui lui permette de renforcer son assise. Consultant tous azimuts, il lâche un peu de lest sur le pouvoir d’achat et cherche de nouveaux appuis, au-delà d’une majorité parlementaire numériquement forte mais socialement très étroite. C’est à ce stade des développements politiques que correspond l’intervention présidentielle du 10 décembre. Quelques rodomontades sur l’ordre républicain, un acte de contrition forcé et des concessions calculées au plus juste pour espérer faire baisser la pression. Rien de plus.

C’est un aveu de faiblesse et un encouragement à la poursuite de la mobilisation. Mais cela ne doit pas faire oublier qu’il reste encore au pouvoir de nombreuses cartes en main, jusqu’à la suspension complète des libertés démocratiques ordinaires. La constitution donne la possibilité au Président de la République de recourir aux pouvoirs exceptionnels. Si, en 1958, De Gaulle pouvait tenter de rassurer en déclarant : « Pourquoi voulez-vous qu’à soixante sept ans je commence une carrière de dictateur ? ». Maintenant c’est Emmanuel Macron qui dispose de l’article 16 et lui n’a que 40 ans… L’ombre d’un devenir autoritaire plane sur un régime entré dans une crise existentielle.

Des contradictions au sein du peuple gilets jaunes

Une des singularités de ce mouvement est de poser frontalement la question du pouvoir : « Macron démission ! » est un mot d’ordre unanime qui sature tous les autres. Mais le contenu social de cette revendication reste indéterminé. Une bataille qui se joue sur les réseaux sociaux, dans les prises de parole, sur les chasubles jaunes, sur les pancartes, sur les murs… C’est évidemment une difficulté majeure.

Dans ce mouvement cohabitent, dans une grande confusion, des affects de gauche et des affects de droite, une grande masse de gens peu politisés, des militants anticapitalistes et des fascistes. De plus, il est impossible d’ignorer que les accessions au pouvoir de Bolsonaro au Brésil, l’alliance M5S–Legga en Italie et même, à la limite, Trump aux États-Unis sont, à des degrés divers, des répliques de mobilisations sociales au contenu initialement indéterminé : contre la hausse du prix des transports au Brésil, contre la corruption et contre des impôts considérés comme injustes en Italie ou encore, même si là l’ancrage côté républicain était plus évident, contre les sauvetages bancaires avec le Tea Party étatsunien.

Pour le dire vite, il y a dans les mouvements décadrés qui caractérisent cette décennie 2010 la recherche d’une issue hors du néolibéralisme. Une sortie qui peut se faire dans deux directions. La première est celle d’un réencastrement dans la communauté nationale : il s’agit alors de tenter de colmater la polarisation de classe à coup de panique identitaire. Si l’ennemi principal devient le migrant ou l’exportateur chinois, une autre politique pro-capitaliste est possible.

C’est la stratégie Trump-Salvini-Wauquiez-Le Pen qui rompt avec l’idéologie de la mondialisation heureuse pour mieux consolider les acquis politiques arrachés par les classes les plus riches ces dernières décennies. Mais cette ligne inspire jusqu’au gouvernement. En témoigne la manipulation grossière tentée par le Ministre de l’Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, lorsqu’il répond aux questions du Figaro le 7 décembre:

« Il ne s’agit pas seulement d’un ras-le-bol fiscal, mais d’une crise identitaire. (…)  ils se posent la question de l’avenir de nos enfants, s’interrogent sur la place des religions et notamment de l’islam. ».

Mêler l’Islam au prix de l’essence et le pouvoir d’achat, il fallait oser ! Malheureusement, cette réaction résonne avec les efforts de l’extrême droite pour mettre la question du pseudo « pacte de Marrakech » sur les migrations au cœur des discussions des gilets jaunes. La lucidité oblige à s’en inquiéter. A l’échelle internationale, les droites nationalistes ont une longueur d’avance. Et, du point de vue du capital, c’est aussi le chemin qui est le moins dangereux.

La seconde voie, est celle de la gauche et des mouvements sociaux. Une direction solidement élaborée dans la critique du néolibéralisme depuis les années 1990. Au sein des gilets jaunes, les demandes de justice sociale, de hausse des salaires, de défense des services publics et d’hostilité à l’oligarchie se nourrissent de plusieurs décennies de critique du capitalisme mondialisé et financiarisé. La centralité des revendications sur le rétablissement de l’ISF, la circulation des vidéos de François Ruffin ou d’Olivier Besancenot témoigne de la vitalité de cette main gauche du mouvement.

Mais le fait que ces demandes prennent corps hors des cadres de la gauche et des mouvements et que la mobilisation pose abruptement la question du pouvoir, est aussi un désaveu. La dénonciation du néolibéralisme par la gauche ne s’est pas imposée comme une perspective stratégique clairement articulée. Si l’on veut faire une autre comparaison internationale, l’émergence de Podemos en contrepoint au mouvement espagnol des places, apparaît comme l’exemple d’un débouché politique à gauche. Mais, hélas, un débouché qui est déjà acculé à un accord de soutien d’un gouvernement socialiste PSOE et semble toucher ses propres limites.

Il ne s’agit pas de détailler les circonstances, batailles et bifurcations qui singularisent les différentes trajectoires évoquées. Il s’agit seulement de se souvenir de ces expériences récentes pour souligner que l’énergie politique formidable déjà dégagée par les gilets jaunes ne restera pas sans lendemain. Aujourd’hui,  l’urgence c’est de tenir et d’élargir le front, d’arracher tout ce qui est possible au gouvernement, de tenter de le déstabiliser jusqu’à le faire chuter, d’apprendre et de découvrir ensemble de nouveaux horizons politiques. Mais c’est aussi, dans le même mouvement, d’anticiper sur la bataille qui viendra  après. Et là, c’est déjà une polarisation entre droite extrême et gauche conséquente qui se profile.

Questions de fins

Bien sûr, le fait que la hausse des prix des carburants ait mis le feu à la plaine de l’exaspération sociale n’a rien d’anecdotique. C’est même le symptôme d’une discordance des temps bien plus profonde que l’aporie du macronisme. Cela a été répété sur tous les tons, un des aspects clés des turbulences actuelles, c’est la désarticulation du temps long du réchauffement climatique et du temps court des fins de mois difficiles. Mais il n’est pas moins important de noter que la conflagration actuelle résulte aussi de la collision entre la discipline de fer de la mondialisation et les aspirations démocratiques.

À ce propos, Olivier Blanchard, l’ancien économiste en chef du FMI postait le 6 décembre ce tweet surprenant :

« Se pourrait-il que, compte tenu des contraintes politiques pesant sur la demande de redistribution et les contraintes liées à la mobilité des capitaux, nous ne soyons pas en mesure de réduire suffisamment les inégalités et l’insécurité pour prévenir le populisme et les révolutions ? Qu’est-ce qui vient après le capitalisme ?« .

Qu’est-ce qui vient après le capitalisme ? C’est bien l’éléphant dans la pièce où se bousculent exigences populaires, crise écologique et impasses économiques.

Le philosophe Fredric Jameson écrivait qu’il est aujourd’hui « plus facile d’imaginer la fin du monde que d’imaginer la fin du capitalisme ». Enfermées dans l’éternel présent du néolibéralisme, assignées à résidence par le tourbillon incessant des injonctions marchandes, nos sociétés ont perdu le sens de l’histoire. Le futur se réduit à deux options également déprimantes : la répétition éternelle de ce qui est déjà ou bien l’apocalypse. Pour Jameson, ce qui importe vraiment c’est que le temps recommence à transmettre les signaux de l’altérité, du changement, de l’utopie :

« Le problème à résoudre est celui de sortir du présent sans vent du postmoderne pour revenir à un temps historique réel, à une histoire faite d’êtres humains »[3].

Une histoire faite d’êtres humains. Pour que cela advienne, la colère qui fait monter les barrages et les barricades est une énergie indispensable. Mais elle ne suffira pas. Il lui faudra aussi l’ambition collective d’inventer un futur qualitativement différent de l’éternité marchande.

Notes

[1] Bruno Amable et Stefano Palombarini, L’iIllusion du bloc bourgeois, Raisons d’agir, 2017.

[2] http://premium.lefigaro.fr/vox/societe/2018/12/06/31003-20181206ARTFIG00255-gilets-jaunes-un-mouvement-en-voie-de-durcissement.php

[3] Fredric Jameson, « Future City », New Left Review, May-June 2003

Trêve de Noël La rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque.

Trêve de Noël

En ce moment dans l’autre pays réel c’est le temps des amours. Rivalités et alors bagarres entre nos braves matous qui se battent dans les rues et sous les immeubles athéniens. Cela étant dit, c’est reculer pour aussitôt revenir à la charge sans évidemment jamais finir dans… l’extermination mutuelle. Chez les humains, pratiquement technoïdes mais pas encore entièrement, les formes de luttes vraies ou fausses trouvent toujours leurs formes diverses et variées. Nous y sommes encore, entre, tantôt l’amorce d’un rassemblement… finalement plutôt approximatif des gilets-jaunes samedi 15 décembre place de la Constitution, tantôt, sur les mêmes lieux, de la manifestation organisée à l’initiative des… automates du syndicalisme des retraités du PC grec. Le tout, sous… l’arbre, forcement celui de la municipalité et de Noël. Marchands sans Temple.

L’arbre de Noël en construction. Athènes, place Sýntagma, décembre 2018

Dans les quartiers même périphériques, et pas qu’à Athènes, on installe les marchés dits de Noël. Entre autres objets de pacotille, ce sont surtout les dégustations, épiceries et autres pâtisseries, si besoin traditionnelles qui se taillent la part du lion de la consommation. Mais ce n’est presque que 30% de la population du pays qui reste concerné on dirait. Les médias systématiquement… systémiques reproduisent alors ce reportage de la Deutsche Welle… de la métropole, où il est question d’une enquête récente du “Transnational Institute” néerlandais, au sujet de la pauvreté des Grecs… devenue endémique.

D’après cette enquête sur la situation générale… de la Colonie grecque en ce moment, “14% des enfants grecs souffrent de malnutrition car ils ne peuvent même pas disposer d’un plat de viande, de poulet ou de poisson tous les deux jours. Le reportage débute par la description de la situation chez un poissonnier central à Marathon. ‘C’est déjà midi et je n’ai pas vu un seul client. Personne n’a franchi notre porte dit son propriétaire María Hassíotou. Comme les clients ne sont pas encore venus, ils ne viendront probablement plus du tout de la journée, encore un autre jour pour les gens… au régime légumes secs et pâtes, ajoute-t-elle.”

“L’histoire met en lumière la réalité de milliers de ménages dont la subsistance est désormais basée sur le revenu des grands-parents. Seulement, les retraites ont été réduites à treize reprises depuis 2009, laissant les familles avec des revenus considérablement moindres, sans même avoir accès au nécessaire.”, reportage repris par les médias grecs, samedi 15 décembre.

Sur les trottoirs d’Athènes, les produits locaux attendent ainsi longtemps leurs clients, et sur cette même photo à droite… un retraité paupérisé “fait ses courses” dans la petite poubelle accrochée au lampadaire. L’arbre qui ne cache plus la forêt, Noël et ses marchands sans Temple. D’autres nouvelles crisiques, apparaissent alors dans la rubrique des faits trop divers pour ensuite disparaître à jamais. La dépouille pendue et décomposée de Syrmó Kanlídou, une femme travailleuse pauvre de 60 ans, disparue depuis trois mois, vient d’être retrouvée dans une forêt non loin de son village en Thrace, région située au nord-est du pays, près de la Bulgarie et de la Turquie. Le reportage disponible évoque les difficultés de survie, ainsi que celles au sein de sa famille, presse locale du 14 décembre. De la situation disons générale… de la Colonie grecque en ce moment.

Installation du marché de Noël. Athènes, décembre 2018
Installation du marché de Noël. Athènes, décembre 2018
Produits locaux et… retraité paupérisé. Athènes, décembre 2018
Photo de Syrmó Kanlídou. Presse de Thrace, le 14 décembre 2018

Cette nouvelle “normalité”, savamment construite durant toutes ces années de mutation, dites “années de crise”, n’est en réalité que l’illustration de la décomposition recherchée du corps social. Des liens entre les Grecs qui ne sont plus, des lambeaux du système politique et des marionnettes de tout calibre qui sont les siennes, sans parler de l’espionnite exacerbée, comme du temps des guerres mondiales du siècle dernier, et c’est autant, une des raisons ayant conduit à la discrétion des luttes, dont ces manifestations devenues muséales et totalement inoffensives du PC grec, membre à part entière du théâtre à travers sans doute l’ultime conversion cosmétique du régime de la dite démocratie représentative, avant sa disparition complète et même confirmée dans les formes, c’est pour bientôt.

Hasard peut-être du calendrier, tout comme des tristes symboles, le rassemblent de ceux du PC samedi 15 décembre à Athènes, avait débuté près du bâtiment historique du Front National de Libération (EAM) pro-communiste, attaqué en décembre 1944 par les troupes et les blindés britanniques. C’était durant la deuxième phase de la Guerre civile en Grèce, entre 1944 et 1949, ayant opposé ceux de gauche à ceux de la droite. Jusqu’à nos jours et étant donné que certaines archives ne sont toujours pas accessibles, des zones d’hombre subsistent quant à la terrible double décision ayant conduit à une guerre fratricide et de trop, faisant ainsi suite à la barbarie de l’Occupation allemande laquelle a largement détruit le pays. On sait déjà depuis longtemps que les Balkans avaient été partagés à l’époque entre Staline et Churchill, et que dans ce partage, la Grèce n’allait pas quitter le giron occidental. Mais disons alors… que l’histoire ne se répète pas toujours.

Et pour revenir à la discrétion des luttes actuelles, notons tout de même, que plus de 27.000 rassemblements populaires importants ou mineurs ont eu lieu en Grèce, rien qu’entre 2011 et 2015, d’après les éléments disponibles, presse grecque par exemple le quotidien “Kathimeriní” en 2016. Ce n’est pas rien, sauf que le résultat n’a pas été à la hauteur, et aujourd’hui nous savons pourquoi. En tout cas actuellement, et comme ces luttes ont été historiquement celles initiées sous l’impulsion de la gauche et que la gauche en l’occurrence Syrizíste a ainsi trahi le peuple, ses luttes et la patrie avec, ce n’est que par le biais du patriotisme, traditionnellement de droite, voir l’affaire Macédonienne par exemple, que les Grecs se mobilisent, lorsqu’ils se mobilisent, en tout cas pour le moment.

Vendredi 14 décembre donc, et les mandarins Tsiprosaures se sont réunis dans un stade fermé à Thessalonique pour écouter Tsípras évoquer sa petite musique Macédonienne. Des participants sont arrivés depuis Athènes en autocars payés par le parti, tandis que le service d’ordre aux brassards rouges filtrait les participants au cas où, et tout participant porteur du drapeau national, ou suspect de ne pas être en phase avec le Syrizísme et ses apocryphes, il se voyait alors aussitôt refoulé et même livré aux forces de l’ordre… après un “Face control” rapide, presse grecque du 15 décembre.

Rassemblement des retraités à l’initiative du PC grec. Athènes, le 15 décembre 2018
Blindés britanniques devant le siège de l’EAM. Athènes, décembre 1944
Même endroit dans les années 2010 (photo presse grecque)

Il faut dire que pour l’immense majorité des Grecs du Nord et des régions grecques de la Macédoine et de la Thrace, l’arrivée même de Tsípras est ressentie comme une insulte. Pour garder à distance le pays réel, les prétoriens de la “Gauche radicale” ont mobilisé 2.000 policiers, 18 compagnies de CRS, des hommes de la Police des renseignements et des missions spéciales, des drones et des hélicoptères de la police, ainsi que deux blindés de la police, presse du 14 décembre 2018.

Le Syrizísme tangible plus la matraque. Ou comme l’écrit Státhis Stavrópoulos dessinateur de presse et éditorialiste issu de la gauche d’antan dans “To Pontíki” : “Tsípras est devenu puéril, il aborde les problèmes nationaux dont les relations entre la Grèce et les autres pays n’ayant en tête que la simple et unique planification politicienne face aux autres partis, ses adversaires à abattre. En vain ! Cependant et en ce moment même, l’Accord Macédonien de Tsípras de l’été dernier est uniquement perçu comme un catalyseur des évolutions politiques et non pas à la hauteur d’un enjeu national d’une importance alors primordiale.”

“On aurait pu à propos de Tsípras, évoquer le cas d’un apprenti sorcier lequel n’est pas en mesure de maîtriser les conséquences de ses actes dans l’affaire Macédonienne. Eh bien non, on aurait tort que de l’exprimer ainsi, tout simplement parce que Tsípras c’est la marionnette de Geoffrey Pyatt, l’Ambassadeur des États-Unis. Tsípras se montre alors très dur vis-à-vis du peuple, et il devient parfaitement docile devant ses maîtres, à savoir, ses patrons: Soros, Rothschild, Merkel, Trump et compagnie”, “To Pontíki” du 15 décembre 2018.

Discours donc à la noix de Tsípras, accolades avec Notopoúlou sa ministre bimbo, candidate SYRIZA aux prochaines municipales à Thessalonique, et surtout, il faut le rappeler illégalement promue (d’après même ses propres déclarations) au sein du service Tourisme de la Municipalité de Thessalonique, et depuis, propulsée jusqu’au poste de Ministre. Notopoúlou, dont la mère est la compagne du père de Nikos Pappás, ce dernier également ministre et évidemment ami de Tsípras depuis les années de l’école. On retrouve alors il faut dire l’équivalent dans le clan des Mitsotákis par exemple… le népotisme valeur sûre, et autant ultime stade peut-être sous le régime de la colonisation. Ainsi, à Thessalonique, en dehors du cénacle, les CRS “s’occupaient” alors du peuple, lequel n’avait l’air de vouloir perdre son identité culturelle et encore moins son pays.

Thessalonique sous surveillance. Discours de Tsípras, le 14 décembre (presse grecque)
Le pays réel et son identité. Thessalonique, le 14 décembre (presse grecque)
Tsípras et Notopoúlou. Thessalonique, le 14 décembre (presse grecque)
Accueil… de Tsípras à Thessalonique, le 14 décembre (presse grecque)

Le pays se cherche et il ne se retrouve pas. Début décembre, une réunion ouverte avait été initiée par le mouvement “Ardin”, sous son initiateur Yórgos Karambélias, à la marge de sa réunion nationale et annuelle. “Ardin” est un mouvement d’abord culturel très actif dans le domaine également de l’édition, il est comme son initiateur, issu de la gauche, devenue… méta-gauche patriotique.

Ni plus ni moins, l’analyse et en même temps appel de Karambélias et de son mouvement, développe l’idée qu’actuellement en Grèce il y a urgence pour un mouvement à la fois démocratique et patriotique, ce n’est pas tout à fait nouveau, sauf que ce type d’analyse (dont “Ardin” n’a pas le monopole), est dans l’air du temps en Grèce.

“L’aventure grecque sous le memoranda et sous la Troïka, un régime qui dure depuis près de 10 ans, a achevé de manière violente et alors dévastatrice ce que les gouvernements, entre autres ceux de Simítis – PASOK des années 2000 – avaient en leurs temps initié, en promettant une Grèce du XXIe siècle forte et sous un régime apportant aussi la prospérité sociale. En lieu et place de cela, ces gouvernements ont parachevé l’intégration parasitaire de la Grèce au sein de la mondialisation conduisant le pays vers son effondrement profond, non seulement économique, mais aussi social, voire total et pour tout dire existentiel. En somme, par la transformation de la Grèce en une colonie économique, qui plus est, menacée par le néo-ottomanisme de la Turquie actuelle. Nous assistons aussi à l’effondrement démographique et productif du pays, comme aux phénomènes de la paupérisation et de la marginalisation des classes populaires et moyennes, ainsi qu’à son déclin culturel.”

“Ou bien le peuple grec va renverser ces conditions négatives, ou sinon, il mènera alors la lutte devant le spectre de son propre éclipse, clôturant ainsi de manière terrible, son pari fait sur la liberté, consacré il y a 200 ans avec la Révolution de 1821 lorsqu’il était question de se libérer du joug ottoman.”

Yórgos Karambélias, ‘Ardin’, Athènes, le 8 décembre 2018
Sur le site de Delphes. Années 1960 (photo presse grecque)
Ouvrier sur l’Acropole dans les années 1960 (photo presse grecque)

“Aujourd’hui, la société est profondément divisée en deux grandes fractions sociales et somme toute, politiques. D’une part, les il y les ‘mondialisateurs’, s’agissant des élites économiques, politiques et intellectuelles, des ‘bobos bohèmes’ des médias et du spectacle, des riches hyper-mobiles et privilégiés, toutes ces classes ayant relié leur propre prospérité à l’ethno-nihilisme, autrement-dit, la négation revendiquée et autant active des nations, allant jusqu’à livrer notre pays à la mondialisation, tout en aggravant naturellement les inégalités sociales. Le rôle pionnier dans cette impulsion revient actuellement au gouvernement SYRIZA-ANEL, et son allié objectif n’est autre que le parti de la très ethno-nihiliste et néolibérale Nouvelle démocratie de Mitsotákis.”

“Les autres alliés de SYRIZA-ANEL sont évidemment, la social-démocratie européiste issue des restes du PASOK ainsi que le parti de Stávros Theodorákis ‘To Potámi’, sans oublier l’aile NATOoïste de la gauche extraparlementaire et des Antifa. Ce bloc, malgré les disparités en son sein, constitue alors un écosystème de pouvoir, lequel monopolise tous les postes possible, allant du Parlement aux médias, en passant par l’État et les ministères, sans oublier les universités, marginalisant ainsi économiquement, socialement et culturellement la très grande majorité de la société grecque.”

“Et en ce qui concerne la Gauche, eh bien dans sa plus grande partie, elle a subi une mutation fondamentale au passage précis entre le siècle qui nous a précédés et le nôtre. Elle récuse les réalités telles que la nation, l’identité nationale, la souveraineté nationale et populaire, ainsi que la communauté démocratique qui en résulte. Ainsi, la Gauche abandonne la défense de l’État-nation aux mains de l’extrême-droite, comme elle abandonne par la même occasion toute référence fondamentale aux réalités collectives, telles, que le peuple ou les non-privilégiés. Ces allusions pourtant, elles ont historiquement été celles de la Gauche durant toute la deuxième moitié du siècle passé en Grèce, sauf qu’elles sont abandonnées car la Gauche a radicalement changé.”

“Désormais, elle s’aligne de plus en plus ouvertement sur les vues et préceptes des néolibéraux, ainsi qu’à leur agenda, entre autres, ‘l’ouverture des frontières’, l’installation sur le devant de la scène des visions et des demandes de la part des minorités culturelles ou du genre par exemple, elle s’aligne autant sur la dislocation programmée du caractère national du système éducatif.”

Períssa à Santorin, 1963 (photo presse grecque)
Períssa à Santorin, années 2010 (photo presse grecque)
Publicité pour des investisseurs Chinois. Kiosque à Athènes, décembre 2018

“De cette manière, la Gauche perd tout son rôle passé, libérateur et patriote – laissons de côté le PC grec, lequel n’est autre qu’un parti musée – et elle devient ainsi une composante de la mondialisation. Cette Gauche va désormais œuvrer pour la mise en place et la généralisation de ‘l’Homme nouveau’ des mondialisateurs, à savoir, un individu consommateur sans attaches, c’est-à-dire hors-sol, apatride, dépourvu de ses qualités d’être social, foncièrement egocentrique, sans défense devant les forces du totalitarisme techno-féodal. Ce dernier, voudrait même désormais intervenir même dans l’essentiel biologique de l’existence humaine par le transhumanisme méta-anthropique. Et ce n’est pas un paradoxe lorsque donc à travers le nouveau positionnement et ainsi rôle de cette Gauche que de la voir contribuer et de manière essentielle, au déferlement de la mondialisation ; d’où d’ailleurs depuis peu en Grèce, l’invention de la formule alors inédite: ‘Gauche NATOoïste’.”

“Ainsi, la Droite néolibérale incarne le néolibéralisme économique et la mondialisation économique quand la Gauche incarne le néolibéralisme idéologique et culturel, ainsi que la corruption volontaire des identités collectives, lesquelles sont remplacées quasi-exclusivement par de droits des individus et des minorités. Il va de soi que dans un tel monde, la mise en place d’un marché mondialisé est facilité par le fait qu’en face de lui, il ne trouvera, ni nations, ni classes sociales, mais seulement des individus.”

“Avec l’arrivée de SYRIZA au pouvoir, ce partage des tâches entre la Gauche et la Droite a pris fin de manière sans doute provisoire, puisque SYRIZA est chargé d’incarner, à la fois le néolibéralisme économique et autant culturel, ainsi que les dictats de la mondialisation économique, en suivant à ce niveau cette même double politique de Georges Soros, ce dernier comme on sait, il a assemblé ces deux composantes dans son action mondialisatrice.”

Naufragés en ville. Athènes, décembre 2018
Le Mont Olympe. Novembre 2018
Reserve naturelle. Nord de la Grèce, novembre 2018

“De l’autre côté, se trouvent tous ceux qui défendent l’enracinement de la société grecque, la cohésion de sa communauté, l’autonomie de l’État, le rétablissement de sa viabilité, ainsi que la poursuite de la civilisation grecque dans le présent comme dans l’avenir – ni plus ni moins, ceux qui souhaite que l’hellénisme puisse rester actif dans l’histoire durant ce nouveau siècle. Ce pôle du patriotisme rassemble la majeure partie de la société grecque, autrement-dit, les perdants et les paupérisés de la crise, et en même temps, tous ceux qui résistent et qui donc œuvrent alors au quotidien pour que les dynamiques internes, spirituelles et productives du pays puissent encore en quelque sorte exister. Eh bien, cette majeure partie de la société grecque demeure toujours exclue de la scène politique, autant que des institutions du systémisme culturel et spirituel.”

“Il y a donc un manque de concentration comme d’expression frontale pour cet espace démocratique et patriotique. Et cette incapacité à se regrouper, sa fragmentation, n’est pas seulement le fait de la responsabilité des ‘chefs’, mais elle reflète un manque de vision et de plan communs et qui pourraient répondre à la demande patriotique. Car il faut dire, dans l’espace du patriotisme démocrate, aux yeux de certains, prédominent alors la dimension économique et sociale, et pour d’autres, c’est l’aspect strictement national et géopolitique qui prévaut, sans alors parvenir à la composition pourtant nécessaire entre ces deux éléments.”

Mémoire Paléochrétienne. Macédoine grecque, novembre 2018

“C’est aussi pour ces raisons, qu’au cours de la dernière décennie, et durant l’intensification de la crise, les forces politiques ayant pris le devant de la scène, sont celles qui ont tiré profit, surtout via l’usurpation, de l’indignation des Grecs comme de la psychologie collective correspondante; à savoir: SYRIZA, ANEL et aussi l’Aube dorée. Et en ce moment, ce sont les escrocs et les aventuriers qui veulent également monter sur la vague paneuropéenne du populisme de droite.”

“Cependant, notre adversaire, la mondialisation, devrait être traité d’abord sur le champ pratique de la politique créatrice de l’avenir du pays. C’est pourquoi nous devons répondre aux vrais besoins collectifs de la société grecque. C’est-à-dire, réponde à la multiple question du grand ‘comment’, quant à la stratégie nationale pour la défense des droits et de l’intégrité du pays, quant au rétablissement de la souveraineté, de la justice sociale et de la démocratie, sans oublier le rétablissement de sa production, de son Éducation, de sa démographie, de sa Défense, de la préservation de la cohésion nationale et de l’environnement, et pour finir, à la restauration de toute sa dimension culturelle”, texte et intervention de Yórgos Karambélias dont une version courte est consultable sur le site du mouvement “Ardin”, décembre 2018.

Toute prévision s’avère de moins en moins évidente. Et l’intérêt de l’analyse de Karambélias ne présage alors rien de très discernable, quant à son initiative politique. En tout état de cause, la coupure grecque n’est plus celle savamment entretenue entre une certaine Droite et une certaine Gauche, c’est bien clair. Dans le même ordre d’idées, le mouvement des gilets-jaunes, relève autant de cette dichotomie alors radicale, entre les uns et les autres, tous les autres.

Arbre de Noël illuminé. Athènes, décembre 2018 (photo presse grecque)

Les masques sont suffisamment tombés, sauf que le système peut encore en fabriquer. C’est bien connu, chez les humains, pratiquement technoïdes mais pas encore entièrement, les formes de luttes, vraies ou fausses trouvent leurs formes diverses et variées. Le pays réel du temps des premiers engagements politiques de la génération de Yórgos Karambélias, ayant même connu directement les luttes des années 1960, n’est plus du tout le même. On mesure la distance en feuilletant… de façon numérique certaines photos permettant la comparaison qui n’est d’ailleurs pas qu’esthétique. Ainsi et au niveau politique, depuis SYRIZA, la Gauche grecque est définitivement morte, et les Grecs se montrent autant dubitatifs devant la nouvelle… Galaxie des partis et mouvements politiques situés à droite et qui se déclarent plus patriotes que jamais. Marché… de Noël.

Et comme le ridicule ne tue plus, voilà que Lafazánis, chef de l’Unité Populaire (ancienne aile gauche de SYRIZA jusqu’à 2015), a fait son apparition samedi 15 décembre à Paris, déguisé en gilet-jaune, histoire de récupérer l’irrécupérable et ceci, après avoir défilé avec ses amis, toujours en gilet-jaune à Athènes deux semaines plus tôt, il faut dire dans l’indifférence la plus totale, pis encore, sous le rire moqueur et forcement jaune des Athéniens amusés devant un tel théâtre. Pauvres gens pour qui, les élections qui s’approchent semblent alors être si cruciales pour… retrouver un siège chauffant et surtout payant au “Parlement”, il faut dire, pendant bien entendu que la grande mascarade “démocratique” trouve encore ses spectateurs.

Lafazánis à Paris le 15 décembre 2018 (photo presse grecque)

De toute façon et cas de besoin… très systémique, l’avenir immédiat conduira après des élections plus cosmétiques que jamais, à une coalition entre les différents partis alors comparses et complices car tout ce petit monde il incarnant alors les rôles voulus et complémentaires dans cette pièce du dernier peut-être théâtre de la pseudo-démocratie représentative, sauf certaines rares exceptions.

En ce moment et dans l’autre pays réel, c’est heureusement le temps des amours. Rivalités et bagarres entre nos braves matous qui se battent sous les immeubles athéniens, entre une… “Trêve de Noël” pour des croquettes. Et sur la Place de la Constitution, l’arbre de la municipalité et de Noël vient d’être illuminé.par les humains.

Marchands sans Temple et nouvelle “normalité”, savamment construite durant toutes ces années de mutation, dites “années de crise”.

Trêve… pour des croquettes. Athènes, décembre 2018
* Photo de couverture: Rivalités et alors bagarres. Athènes, décembre 2018
Translate »