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Archives de catégorie Luttes- Changer le système

Pour la défense d’Exarcheia avec Yannis Youlountas 5e partie

Pour rompre le silence des médias et la désinformation Yannis Youlountas s’exprime depuis Exarcheia à Athènes. Les 5 entretiens seront publiés sur ce site au fur et à mesure de leurs parutions.

Des membres de Radio Libertaire, Le Combat Syndicaliste et Le Monde Libertaire sont venus ensemble voir Yannis Youlountas à Exarcheia, pour regrouper leurs questions dans un seul entretien radio et écrit à paraître bientôt dans leurs médias. Les captations vidéos ci-dessous vous permettent de découvrir quelques extraits de cet entretien.

5e partie : sur le 4eme film en cours de tournage

 

Source http://blogyy.net/2019/09/25/pour-la-defense-dexarcheia-5-5-avec-yannis-youlountas/

Revoir la 3e et 4eme partie https://www.grece-austerite.ovh/pour-la-defense-dexarcheia-avec-y-youlountas-3e-et-4e-partie/

Revoir la 1e et 2eme partie https://www.grece-austerite.ovh/pour-la-defense-dexarcheia/

 

Ancien aéroport d’Athènes

 » Helleniko: un casino pour se consoler « 

par Mouvement anticapitaliste d’Ellinikó-Argyroúpoli :

Ils se sont entretués pour l’ancien aéroport. Il n’y a pas de bulletin d’information ou de journal télévisé qui n’en parle pas. « Tous les obstacles doivent être supprimés, les bulldozers arrivent, les projets doivent commencer le 19 ». Les journalistes, les députés et les ministres font pression pour que le crime soit poursuivi. La vente de Helleniko a longtemps été un sujet majeur sans malheureusement aucune résistance sérieuse, même sans opposition sur la scène politique traditionnelle. Alors pourquoi tant de stress, pourquoi un tel scénario ? Nous pensons que de plus en plus de gens comprennent ce qui se passe.

Nous nous souvenons de toutes les maquettes et des beaux contes de fées du plus grand parc présumé d’Europe. Quelques années viennent de s’écouler. Ensuite, de SYRIZA à Constantatos, tout le monde célébrait le parc métropolitain qui ferait l’envie des grandes capitales du monde. Où est tout cela maintenant? Le plus grand parc est lentement devenu un investissement et cet investissement deviendra un casino! Personne ne parle plus d’un plan complet. Gratte-ciels, casino, centre commercial et c’est tout. Le reste de la vaste région continuera à s’éroder, qui sait pour combien de décennies encore.

Ils doivent même être contraints à un «succès», un symbole d’investissement. Ils admettent que SYRIZA a ouvert la voie, mais ils veulent un exemple qu’ils ont «mieux fait». C’est pourquoi ils brûlent dans la ND. Mais c’est la plus grande preuve de leur échec. Ils ne peuvent pas faire chanter le développement. Ils changent les lois, donnent la terre, la mer et le ciel, mais les « bons » investisseurs en demandent toujours plus. Ils n’accepteront aucun des objectifs fous qu’ils se sont fixés, ils ne donneront aucun avantage, pas de miettes, car ils sont tous liés à la croissance. Le fanatisme continuera, l’anti-populisme s’intensifiera, mais ils se vanteront d’avoir fait de nous un casino pour trouver du réconfort.

C’est vraiment dommage d’avoir une zone aussi vaste, c’est dommage de rater une si belle occasion. Nous disons que l’ancien aéroport doit être exploité, devenir un espace utile pour beaucoup, répondre aux besoins sociaux. Nous disons qu’il doit y avoir un grand espace vert, c’est-à-dire que nous mettons une priorité spécifique, le vert. Bien sûr, il y a d’autres besoins sociaux. Nous avons besoin d’écoles, d’hôpitaux, d’infrastructures sportives, etc. Mais il existe dans le tissu urbain des installations et des espaces pour le faire ou prétendre le faire. Cependant, une telle opportunité pour un grand poumon vert en Attique pourrait ne plus exister. En d’autres termes, nous ne pensons pas que nous devrions nous battre pour un autre St. Niarchos, pour une autre marina de Flisvos. Ce n’est pas ce qui nous manque principalement. Nous reconnaissons, bien sûr, qu’il peut exister différentes perspectives répondant de manière hiérarchique aux besoins sociaux. Mais nous devons nous unir dans la base. L’investissement doit être annulé, leurs plans doivent être revus.

L’ancien aéroport doit être un espace public. Il doit appartenir au peuple et le peuple doit avoir une vraie raison de ce qui se passe là-bas.

Nous voulons un espace libre et accessible. Sécher les balustrades et les clôtures. Plutôt que Latsis ne l’occupe, cet espace doit être occupé par des foules, par des collectifs, par des réfugiés et des sans-abri.

Il n’y a pas de temps pour d’autres illusions. Prenez des initiatives unifiantes et militantes immédiates. Opposons-nous à ce que le nouveau gouvernement juge si important. Mais nous devons également placer la barre haute, exactement là où l’adversaire l’a posée. Nous ne nous battrons pas pour un étage au-dessus ou au-dessous de l’Acropole, nous ne demanderons pas moins de machines à sous ni plus de décorateurs. La question est plus grande. Tout finit par être simple maintenant. Nous ne pouvons pas accepter que le seul espoir d’améliorer nos vies soit de faire plus d’affaires avec ceux qui versent notre sang quotidiennement. L’espoir ne réside que dans les luttes de classe en suspens qui mettront au premier plan les besoins et les droits de la population.

                                                                                  Du vert à l’Helleniko !
                                                                  Du Feu pour les investissements ! »

source :pandiera.gr Ελληνικό: Ένα καζίνο για παρηγοριά Παντιέρα αντικαπιταλιστική ενημέρωση

Soutien aux VioMe

Des soutiens européens à une coopérative grecque

À Thessalonique, l’usine ­Vio.Me devait fermer, mais ses ouvriers l’ont reprise et continuent de la faire tourner. Avec l’appui d’autres pays…

« Cela fait presque sept ans que l’on fait des rondes toutes les nuits, dit-il riant, mais là, on ouvre les yeux plutôt deux fois qu’une ! » Le rire de Makis Anagnostou, la cinquantaine bien tassée, résonne dans le hangar de l’usine ­Vio.Me située dans les faubourgs de Thessalonique, dans le nord du pays. Il vérifie que toutes les portes sont bien fermées, les lève-palettes garés, les stocks de produits prêts à partir à l’exportation rangés, et sourit de satisfaction. « Ola kala », tout va bien.

Enfin presque. Il redoute une coupure du courant qui arrêterait cette expérience d’usine autogérée, qui dure depuis plus de six ans. « Depuis l’arrivée au pouvoir de Nouvelle Démocratie (parti conservateur qui a remporté les législatives), en juillet dernier, on s’attend d’un moment à l’autre à ce qu’ils coupent l’électricité », explique Makis, qui fait office de porte-parole de ­Vio.Me, avant d’assurer : « C’est la première chose qu’ils feront pour arrêter la production. »

La barbe poivre et sel, ses mains calleuses dans les poches de son bleu de travail, il a du mal à cacher son inquiétude : « On reçoit via les réseaux sociaux des menaces de leurs députés, du type : ”Vous allez dégager ! La fête est finie, vous n’aurez ni eau ni courant”. Des tas de choses comme ça. On s’y attendait mais quand même, ça fait bizarre. »

Un symbole au-delà des frontières grecques

Du coup, un appel a été lancé sur tous les réseaux sociaux d’Europe, cet été, pour trouver un générateur d’électricité  de 120 kW. But de l’opération : faire tourner l’usine, même en cas de coupure de courant définitive. Une délégation de ­Vio.Me est attendue en Allemagne dès le 15 octobre prochain pour une tournée d’information dans sept villes, et des réseaux solidaires français recherchent aussi activement une solution pour aider ­Vio.Me. Car cette usine est devenue un symbole bien au-delà des frontières grecques.

En France, elle fait rêver les nombreux collectifs de soutien aux Grecs qui se sont créés dès le début de la crise, en 2010. Ainsi Claudine et Hervé Ricou, deux Bretons retraités, qui font régulièrement le trajet de Rennes (Ille-et-Vilaine) à Thessalonique pour s’approvisionner. Lorsque Claudine parle de ­Vio.Me, elle se met à rêver : « À l’époque de Lip, j’avais acheté des actions. Nous sommes les derniers à avoir acheté un Solex à notre fils, quand on espérait encore que l’usine allait s’en sortir. Maintenant j’achète des savons et du liquide vaisselle. C’est le même combat. »

Même mobilisation à Paris et dans le sud de la France, (*) à Montpellier notamment, où les collectifs locaux approvisionnent toute la région et achètent des médicaments qu’ils envoient aux dispensaires grecs, avec les bénéfices engrangés. Idem à Berlin, ou trois boutiques en ligne relaient les produits ­Vio.Me.

En Grèce, de nombreux volontaires vont, à leur frais, chercher ces produits à Thessalonique pour les déposer dans des épiceries alternatives. Bien sûr, il n’y a pas une fête populaire, pas un marché, pas un festival sans ces petites savonnettes bio sur les étalages. « On ne vend pas que des savons », souligne Makis avec un grand sourire, avant de préciser : « On vend une part d’utopie qui peut devenir réalité. Dans tous nos produits, nous mettons une petite note qui explique ce que l’on fait et quels sont les enjeux de notre travail. » Et, de fait, l’enjeu est de taille.

« Quand on a commencé, on espérait tenir six mois, grand maximum »

Au départ, en 1961, ­Vio.Me était une usine de colle à carreaux qui marchait bien, mais la concurrence chinoise a changé progressivement la donne : « Il était impossible de concurrencer leurs prix », se souvient Christina Philippou, ancienne patronne de l’usine. Puis la crise de 2010 est arrivée. Les commandes baissaient et la famille Philippou, lâchée par les banques et ses partenaires britanniques, songeait à se déclarer en faillite pour se délocaliser en Bulgarie.

Les nouvelles lois d’austérité qui venaient d’être votées lui donnaient ce droit, sans avoir à dédommager les salariés. Dimitris Kourmatsiolis, 49 ans, ouvrier depuis l’âge de 14 ans, s’en étrangle encore : « Nous avions accepté d’abord une baisse des salaires, puis pendant plusieurs mois on a continué à travailler sans être payés, pour sauver l’usine. Les commandes arrivaient et les nouvelles machines avaient même été commandées… »

Alors, un soir, la grande décision de l’occupation de l’usine a été prise. Dimitris a encore du mal à y croire : « Vous vous rendez compte ? Cela fait presque sept ans que nous nous battons, que nous maintenons cette usine ouverte, que nous faisons vivre nos familles. Jamais on n’aurait cru tenir aussi longtemps ! » La voix de Makis est plus grave : « Quand on a commencé, on espérait tenir six mois, grand maximum, car on voulait toucher nos salaires impayés. Mais alors qu’on attendait qu’une solution vienne d’en haut, on s’est dit : et pourquoi ne pas se prendre en main ? »

Le terrain de l’usine de nouveau mis aux enchères

La première décision prise collectivement a été de payer les machines qui devaient venir, puis d’honorer les commandes. « On paniquait, se souvient Makis. On n’avait jamais vu des livres de comptes, ni fait des bilans, mais on a appris. Des camarades d’autres expériences autogérées, d’Europe et même d’Amérique latine, sont venus nous apprendre. Et on a prouvé que si nous, des ouvriers qui ont à peine terminé l’école primaire, avons réussi, alors tout le monde peut le faire. »

Pour Christina Philippou, ces arguments n’ont aucune valeur : « ­Vio.Me a un permis pour faire de la colle, pas pour fabriquer des savons. Ils ne payent pas l’électricité, ils occupent mon usine depuis presque sept ans… Comment est-ce possible ? » Même si elle est aigrie, l’ancienne patronne de l’usine affirme avoir tourné la page, ajoutant même : « Il faut qu’une solution soit donnée aux ouvriers, et à moi qui ai tout perdu. J’ai payé pour les autres. On m’a condamnée à dix ans de prison pour quatre millions de dettes envers la Sécurité sociale, alors qu’en Grèce, même si tu tues ta mère, tu n’as pas une telle peine. Cette histoire est politique… »

Sur ce dernier point, Makis est d’accord, mais pas pour les mêmes raisons. Malgré tout le soutien international et un succès commercial inespéré, tout peut encore s’écrouler. Le 19 octobre prochain, le terrain de l’usine sera de nouveau mis aux enchères. « On fera capoter la vente, comme on a fait capoter toutes les autres, même s’ils ne cessent de baisser les prix pour trouver des acheteurs. On va résister jusqu’au bout. Notre succès les gêne, mais on tiendra le coup. »

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Des produits locaux, bios et coopératifs

Comment ?

Vio. Me emploie 15 salariés à temps plein, qui touchent tous le même salaire, environ 500 €. Tout le monde tourne sur tous les postes de production. Les décisions sont toutes prises collectivement le matin, autour d’un café. Les ouvriers produisent 1 600 savons par semaine et en gardent 3 000 en stock. En 2014, ils créent une société coopérative dotée d’un compte en banque, mais ils ne sont pas propriétaires de leurs actifs.

Pourquoi ?

En 2011, la maison mère de Vio. Me, Phillkeram Jonhson, entreprise gréco-britannique de carrelage, dépose le bilan. Les 70 salariés de la filiale, qui fabriquait de la colle pour carrelage, sont licenciés sans indemnités. Ils décident, pour éviter que les machines ne soient vendues au poids ou délocalisées, d’occuper l’usine. Avec un seul mot d’ordre, devenu leur logo : « Occuper, Résister, Produire. »

En 2012, ils décident, sous l’impulsion d’autres coopératives autogérées, notamment d’Argentine, de produire seuls des produits d’entretien écologiques, car le BTP s’est écroulé et que personne n’achetait plus de la colle à carreaux. Ils travaillent dès lors avec des produits locaux, dont l’huile d’olive bio, qui proviennent de régions économiquement sinistrées.

Et vous ?

Quelque 60 % de la production de Vio. Me part à l’exportation (Allemagne, France, Italie, Espagne, Suisse, Roumanie, Bulgarie) et ses produits sont disponibles au supermarché parisien La Louve, par exemple.

et bientôt dans le  nouveau supermarché coopératif parisien » Les grains de sel « dans le 13ème  http://www.lesgrainsdesel.fr/

Thomas Jacobi, correspondant à Thessalonique (Grèce),


(*) Le collectif de Grenoble continue à soutenir la lutte des VioMe en organisant pour la 4eme année une commande groupée de leurs produits. Une projection-débat est en cours de programmation dans la 1ere quinzaine d’octobre pour le lancement de la commande.Les informations seront données prochainement sur ce site.

Pour la défense d’Exarcheia avec Y. Youlountas 3e et 4e partie

Pour rompre le silence des médias et la désinformation Yannis Youlountas s’exprime depuis Exarcheia à Athènes. Les 5 entretiens seront publiés sur ce site au fur et à mesure de leurs parutions.

Des membres de Radio Libertaire, Le Combat Syndicaliste et Le Monde Libertaire sont venus ensemble voir Yannis Youlountas à Exarcheia, pour regrouper leurs questions dans un seul entretien radio et écrit à paraître bientôt dans leurs médias. Les captations vidéos ci-dessous vous permettent de découvrir quelques extraits de cet entretien.

3eme partie (sur la démocratie) https://youtu.be/TU8cIWnyheM

4eme partie ( sur les luttes internationales) https://youtu.be/qar9JQHegwQ

revoir la 1e et 2eme partie https://www.grece-austerite.ovh/pour-la-defense-dexarcheia/

Grèce : l’expérience autogestionnaire des Viome menacée

Les 19 septembre et 24 octobre, les travailleurs de Viome à Thessalonique tenteront une nouvelle fois d’empêcher la vente aux enchères de leur usine. Cet été, Makis et Vasilis, l’un ouvrier, l’autre membre du collectif de soutien d’Athènes à l’usine autogérée, ont répondu à nos questions.

Déclarée en faillite en 2011, l’usine Viome est d’abord occupée pendant un an par ses travailleurs qui réclament le paiement de leurs salaires. En 2012, les salariés redémarrent l’activité à leur compte et remplacent la production de colles pour carrelage par la fabrication de savons et lessives écologiques. Depuis plus de six ans, une vingtaine de travailleurs gèrent collectivement l’entreprise et se battent contre la vente aux enchères du site.

 Pouvez-vous nous expliquer pourquoi votre usine est régulièrement mise aux enchères ?

Makis : Le terrain où se trouve l’usine appartenait à l’entreprise Filkeram & Johnson, la maison mère de Viome. Du fait de la faillite de l’entreprise, il sera vendu aux enchères afin de régler les dettes envers les fournisseurs. Mais nous ne toucherons rien alors que l’entreprise a aussi énormément de dettes envers nous. Nous occupons 1/5 du terrain correspondant à l’espace qu’occupait l’ancienne filiale. Nous produisons les produits que vous connaissez et résistons en même temps à la vente aux enchères de ce 1/5 de terrain où nous nous trouvons.

Vasilis : Les enchères consistent en une tentative de cession/vente des biens immobiliers de la société mère – Filkeram & Johnson – ainsi que de l’immobilier de la coopérative. Cela risque ainsi d’entraver le fonctionnement et l’expérimentation de l’autogestion à l’usine Viome. Il s’agit d’une procédure légale qui permet aux créanciers/débiteurs de l’entreprise en faillite de réclamer leurs prêts par la vente de biens mobiliers et immobiliers.

 Comment êtes-vous parvenus à les empêcher jusqu’à présent ?

Makis : En assurant une forte présence dans les tribunaux afin d’empêcher la venue d’acheteurs potentiels. Parallèlement, nous avançons notre proposition auprès des ministères concernés : nous demandons la légalisation du fonctionnement de l’usine en nous rendant le terrain, qui est de toute façon retenu par l’État à cause des impayés de Filkeram & Johnson sur la TVA.

Vasilis : Ayant comme objectif stratégique de continuer la production de cette usine occupée, l’assemblée des travailleurs et le mouvement de solidarité qui la soutient sont constamment en alerte et en lutte. Nous avons réussi jusqu’à présent à rendre les enchères infructueuses. Nos principaux moyens pour empêcher la vente sont les appels à des résolutions solidaires de la part des syndicats et des collectifs, des campagnes d’information sur internet et dans des espaces sociaux très fréquentés, des piquets dans des ministères ou d’autres institutions concernées. À cela s’ajoute notre présence massive lors des ventes aux enchères aux tribunaux de Thessalonique et au ministère du Travail à Athènes.

 Quand est-ce que sont les prochaines enchères, et quels en sont les enjeux ?

Makis : Prochainement, il y a deux séances de vente aux enchères en septembre et en octobre. Vu que le prix du terrain a beaucoup baissé, il y a un risque qu’un acheteur potentiel tente de nous expulser. Plus le prix de vente baisse plus les investisseurs capitalistes s’y intéressent.

Vasilis : La chute des prix de l’immobilier – 30 millions d’euros lors de la première vente aux enchères contre 10 millions aujourd’hui – finit par inciter de façon importante les acheteurs potentiels. Compte tenu du soutien de l’État et des gouvernements aux investisseurs privés, de leur hostilité à l’égard du caractère social et ouvrier de l’autogestion, mais aussi du message émancipateur de la reprise d’unités de production en faillite par les travailleurs, le danger est de plus en plus grand. Les 19 septembre et 24 octobre 2019 se dérouleront la suite des trois enchères stériles du 4e tour/cycle qui ont eu lieu les 13, 20 et 27 juin 2019.

 Comment s’organise la solidarité ?

Vasilis : L’Assemblée des travailleurs de Viome participera avec les syndicats de classe (syndicats de base) à la grande manifestation au moment de la 84e Foire internationale de Thessalonique. Chaque année, le Premier ministre y annonce de nouvelles mesures, généralement anti-ouvrières et antisociales, en vue de la présentation du prochain budget. Viome y lancera un nouvel appel au soutien. Également, le deuxième festival Coopenair a lieu à l’usine Viome les 11, 12 et 13 octobre. Il est coorganisé par des coopératives de travail radicales venant des différentes régions de la Grèce. Discuter de la diffusion et de l’extension du travail en coopérative avec nos compagnons permettra de revoir notre stratégie et de décider de nos actions en cours pour que l’usine reste aux mains des employés.

 L’activité a été relancée il y a six ans avec une nouvelle production sous le contrôle des ouvriers. Ne pouvez-vous pas reprendre la propriété de l’usine ?

Makis : Non. À la suite d’une décision de justice, le terrain est considéré comme une seule unité. Il est interdit d’en vendre une seule partie, donc le 1/5 où nous nous trouvons. Seul l’ensemble des 150 000 m2 peuvent être vendus, mais le prix reste trop élevé pour nous.

 Vasilis : Les travailleurs de la coopérative Viome restent au sein de l’usine avec une demande politique principale : « les usines et la gestion de la richesse aux mains de ceux qui produisent ». Nos positions sont connues et nous codécidons avec la société en lutte et le mouvement de solidarité qui nous entoure. Dans ce contexte, nous avons déposé une proposition visant à réclamer les parcelles appartenant à Viome et leur concession pour un loyer symbolique, en contrepartie des dettes contractées par la sécurité sociale et les impôts de la sécurité sociale. Sachant que le pouvoir et ses agents sont hostiles à l’expérience Viome et que tout est une question de rapport de force, nous ne réussirons que dans la mesure où le mouvement antagoniste large et la solidarité de classe se renforceront.

 Est-ce que le retour de la droite au pouvoir change quelque chose pour Viome ?

Makis : Oui, le risque de répression est plus élevé à cause de la connivence qui existe entre le nouveau gouvernement et une partie de l’extrême droite.

Vasilis : Syriza en tant qu’opposition avait utilisé et manipulé les luttes des mouvements sociaux pour accéder au pouvoir et gouverner le pays pendant cinq ans. Viome incluse. Alexis Tsipras était venu à l’usine annoncer une solution pour les unités de production en faillite, abandonnées par les patrons pendant la crise. Son choix de gérer la crise systémique dans le cadre des politiques néolibérales a fait de lui, non seulement un gestionnaire de la situation antérieure, mais également un homme lâche qui n’a pas osé geler les parcelles de Viome contre ses anciens propriétaires qui doivent de l’argent à l’État. Ce choix a également eu pour effet d’éloigner les soutiens de Syriza de la réelle solidarité avec la lutte des travailleurs.

 La politique du nouveau gouvernement, telle qu’elle est formulée dans son programme, sera un mélange de néolibéralisme extrême, de privatisations pour le grand capital et les élites, avec en parallèle des attaques contre les droits sociaux et les conquêtes restantes du mouvement ouvrier. En ce sens, la question de Viome rentre dans le cadre de ces choix. C’est pourquoi, comme nous l’avons toujours souligné, le problème de Viome est relatif à la question sociale dans son ensemble. Et sa solution contribue aux luttes sociales.

 Comment est-il possible d’aider Viome en dehors de la Grèce ?

Makis : Une des possibilités serait de mettre la pression au gouvernement grec pour trouver une solution rapide aux problèmes de Viome. Par exemple, bombarder de courriers les ambassades grecques ou les ministères concernés, celui du Travail, de l’Économie et du Développement. Il est aussi aidant d’avoir l’appui de quelques parlementaires. Enfin en soutenant Viome par l’achat de ses produits dans votre ville.

Vasilis : Au-delà de la promotion de la solidarité politique et de la sensibilisation du public européen au sujet de Viome, notre réelle force réside dans nos propres produits. Il s’agit de nettoyants naturels et écologiques de haute qualité, distribués aujourd’hui dans plusieurs villes européennes par le biais de réseaux de solidarité et d’espaces de coopération. L’aide des médias alternatifs à cet égard est pour nous bienvenue et plus que jamais nécessaire.

Interview et traduction réalisées par Kostas, un militant libertaire grec vivant en France.

Source https://rapportsdeforce.fr/ici-et-maintenant/grece-lexperience-autogestionnaire-des-viome-menacee-09124158

Appel des VioMe

« Le texte d’un appel du comité de solidarité avec VIOME et de ses employés pour participer à la Manifestation à Thessalonique (samedi 18h00 Kamara) et contre les ventes aux enchères de BIOME qui vont suivre (19 septembre, 24 octobre)

APPEL DES VIO.ME TOUJOURS EN LUTTE :

Ils ne nous ont pas payé.

Ils ne nous ont pas respecté et ont essayé de nous virer. Pour fermer l’usine.

Cela fait 8 ans que nous avons répondu. Et nous leur avons répondu pour de bon.
« Si vous ne pouvez pas, nous pouvons »
Nous avons l’usine et nous travaillons.
Seulement nous avons toujours travaillé et ils nous ont eu. Et ils ont eu l’argent.
Maintenant, nous ne travaillons plus  que pour nous et personne ne nous commande.
Nous parlons tous ensemble, nous travaillons avec la démocratie
Nous décidons lors de notre assemblée générale et partageons la richesse que nous produisons.
Notre travail nous appartient et non à un gros actionnaire paresseux.
La route n’était pas facile. Ils sont allés nous couper l’eau, nous frapper dans les marches, nous vendre aux enchères.
Et pourtant, nous sommes toujours là. Aux côtés du mouvement syndical en difficulté ainsi que de nos collègues grecs et étrangers, nous luttons pour gagner notre vie.
Les associations de travailleurs du monde entier soutiennent nos produits.
Notre solidarité et notre travail tournent maintenant à la vitesse supérieure.
Nous vous invitons donc à faire de même. C’est la seule route ici que nous pouvons suivre.
Nous vous invitons à vous joindre à nous et à tenter votre chance entre vos mains.
Nous serons avec vous dans ce combat.
Nous vous invitons à nous rejoindre À 18h00 à Kamara- Thessalonique
Nous vous invitons à nous aider à annuler toutes les enchères qu’ils  essaient de nous faire. À partir du 19 septembre dans les tribunaux de Thessalonique.
Syndicat des travailleurs de VIOME
BIOME Solidarité Initiative ouverte »
source : https://www.facebook.com/…/a.18992551103…/2354773764762612/…

Le collectif de Grenoble continue à soutenir la lutte des VioMe en organisant pour la 4eme année une commande groupée de leurs produits. Des contacts sont pris pour faire ce lancement lors d’une projection-débat dans la 1ere quinzaine d’octobre.Les informations seront données prochainement sur ce site.

Pour la défense d’Exarcheia avec Y.Youlountas 1e et 2eme partie

Pour rompre le silence des médias et la désinformation Yannis Youlountas s’exprime depuis Exarcheia à Athènes. Les 5 entretiens seront publiés sur ce site au fur et à mesure de leurs parutions.

Des membres de Radio Libertaire, Le Combat Syndicaliste et Le Monde Libertaire sont venus ensemble voir Yannis Youlountas à Exarcheia, pour regrouper leurs questions dans un seul entretien radio et écrit à paraître bientôt dans leurs médias. Les captations vidéos ci-dessous vous permettent de découvrir quelques extraits de cet entretien.

1 ere partie (sur la situation du quartier)

Source http://blogyy.net/2019/09/08/pour-la-defense-dexarcheia-premiere-partie/

2eme partie (sur Rouvikonas) https://youtu.be/B7mzVthJUug

 

Manifeste – L’Appel du contre-G7

Manifeste rédigé par les organisations des plateformes Alternatives G7 et G7 EZ ! à l’occasion de la clôture du contre-sommet à Hendaye et Irun.

Le contre-G7 d’Hendaye et Irun a rassemblé des milliers de participant.e.s et permis d’organiser des centaines d’activités, de faire vivre un camp alternatif et de multiplier les actions et manifestations de rue.

Nous nous mobilisons face à un G7 divisé et dont il ne sortira rien. Il reste, malgré ses beaux discours sur la réduction des inégalités, le symbole de politiques néolibérales et autoritaires. Il porte des politiques qui ont creusé les inégalités sociales, renforcé les divisions et les dominations dues au racisme et au patriarcat, organisé l’industrialisation de l’agriculture, nourri l’industrie de l’armement, accéléré les crises environnementales, les dérèglements climatiques et la chute de la biodiversité. Il colonise des continents et pille leurs ressources naturelles. Il lève des murailles et empêche la libre circulation des personnes les plus pauvres.

Dans les années 1990, les institutions internationales et le G7 avaient promis que la mondialisation néolibérale allait permettre le triomphe de la “démocratie de marché”, le développement des pays et la réduction des inégalités. Toutes ces promesses se sont fracassées sur les crises majeures du système, la montée de l’autoritarisme sur tous les continents et l’explosion des inégalités et de la précarité, qui touche en priorité les femmes. Et il n’est resté qu’une vérité crue : ce système à la prétention de transformer toutes les réalités du monde, qu’elles soient humaines ou naturelles, en marchandises à la merci de marchés financiers avides de profits ; d’offrir aux multinationales un marché-monde pour leurs produits uniformisés ; et de proposer comme seules aspirations et rêves aux populations du monde entier une consommation sans limite de ces marchandises. Tout cela en multipliant leurs profits au détriment de travailleur.se.s eux-aussi réduit.e.s en marchandise jetable et précarisée.

Avec ce contre-G7 nous voulons démontrer qu’il est possible de résister au système capitaliste qui scie la branche sur laquelle l’Humanité est assise. A l’inverse de la mondialisation néolibérale, il est possible de développer des alternatives en partant des territoires et des collectifs humains qui priorisent la collaboration à la compétition, les biens communs et les droits humains aux profits privés, la garantie d’un logement digne pour toutes et tous à la spéculation, l’égalité et la diversité à la réussite individuelle et à l’uniformisation culturelle. Ici au Pays Basque, comme dans beaucoup d’autres endroits du monde, se construisent des relations différentes, d’autres systèmes fondés sur la coopération, les circuits courts, des relations entre humains et nature respectueuses et une démocratie réelle.

Il ne s’agit pas d’idéaliser des réalités qui sont contradictoires, mais de comprendre que remettre les pieds sur nos territoires et développer des coopérations multiples permettent de mieux répondre aux défis auxquels nous faisons face. Oppression des femmes, drame et chasse des migrant.e.s, dérèglements climatiques, industrialisation de l’agriculture et de l’alimentation, extinction de la biodiversité, détricotage du droit du travail, recul des libertés publiques, démantèlement des États providence… tout ceci nous appelle à renforcer les luttes et les solidarités aux niveaux local, national, étatique, continental et mondial.

Nos alternatives, qui mettent en oeuvre les valeurs de démocratie, de solidarité et d’égalité entre les femmes et les hommes, sont incompatibles avec le développement du capitalisme néolibéral qui s’appuie sur les États dominants et défend les intérêts des marchés financiers et des multinationales par la multiplication d’accords de libre-échange destructeurs, la privatisation des services publics et des biens communs…. Aujourd’hui, toute forme de contestation de ce système se traduit par des répressions policières et des restrictions aux libertés publiques de plus en plus importantes et la banalisation des interventions militaires.

Nos alternatives construisent des territoires plus solidaires, plus résilients face aux crises majeures et à l’effondrement à venir, et mieux armés contre la marchandisation de nos sociétés et de nos vies, la délocalisation et la mise en compétition des peuples et des individus, la destruction de la nature et des cultures populaires. Nos alternatives .

Elles permettent également aux citoyen.ne.s, et en particulier aux plus précaires, de se réapproprier l’exercice de la démocratie, de renouer avec l’engagement politique, de reprendre conscience de leur pouvoir de peser sur le cours des choses, comme nous l’avons vu avec le mouvement des Gilets Jaunes, les mobilisations féministes et les marches pour le climat. Ceci implique de reconnaître le droit à l’expérimentation et à l’autodétermination sur les terrains politiques, économiques, alimentaires, énergétiques et culturels. Nous sommes à ce titre solidaires des mobilisations actuelles des citoyen.ne.s en Algérie, à Hong Kong, en Catalogne, en Palestine, au Soudan et ailleurs.

L’accélération et l’aggravation des dégâts sociaux, écologiques et démocratiques causés à l’échelle planétaire par l’offensive néolibérale, comme nous le voyons aujourd’hui en Amazonie, rend urgente la mise en place d’alliances et de stratégies permettant d’inverser au plus vite le cours des choses. Ce contre-G7 est une étape importante pour la construction de ces alliances nécessaires entre mouvements sociaux, environnementaux, syndicaux, féministes, politiques. Une étape pour les constructions d’alliances sur des terrains spécifiques, mais aussi pour des alliances de plus large portée, d’alliances globales qui pourront être décisives pour les actions à venir.

Les plateformes Alternatives G7 et G7 EZ !

Source https://france.attac.org/se-mobiliser/contre-le-g7-et-son-monde/article/manifeste-l-appel-du-contre-g7

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