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Alerte Grèce par Yannis Youlountas

ALERTE GRÈCE : 120 000 oliviers déjà coupés pour l’aéroport de Kastelli ! Une nouvelle crise humanitaire frappe les précaires ! Et autres nouvelles… par Yannis Youlountas

Bonjour,
 
En cette fin d’année, trois semaines après la répression féroce qui s’est abattue sur le mouvement social à Athènes(1), voici un nouveau point sur la situation.
 
HÉCATOMBE D’OLIVIERS COUPÉS, INONDATIONS DÉSASTREUSES 
ET COLÈRE CONTRE LE PROJET D’AÉROPORT À KASTELLI (CRÈTE)  
 
Le chantier pharaonique du nouvel aéroport de Crète fait des dégâts considérables actuellement, à 40km d’Héraklion. La barre des 100 000 oliviers coupés a été atteinte le mois dernier. Nous en sommes aujourd’hui à 120 000 arbres arrachés, ce qui génère des montagnes de souches d’une part et des étendues désertes d’autre part, aplanies n’importe comment par les bulldozers. 
 
 Les conséquences ne se sont pas faites attendre : la région alentour a été frappée à plusieurs reprises par de violentes inondations, notamment fin septembre et début novembre. L’écoulement des eaux a tellement dysfonctionné que, le 20 septembre, 50 des 80 maisons de Sklaverochori (un village à côté de Kastelli) ont été inondées. L’eau entrait même par les fenêtres ! Des dizaines de voitures étaient emportées par les flots boueux ! Les serres étaient ravagées et des animaux d’élevage noyés !
 
 La colère commence à gronder dans la zone, autrefois amadouée par les promesses en tous genres. Les habitants de Kastelli constatent par exemple que les travaux ne fournissent pas du travail à 1000 personnes comme promis, mais à 6 seulement ! De leur côté, les habitants d’Héraklion découvrent que l’espace libéré par l’ancien aéroport (si le nouveau venait à être fini, ce qui n’est pas encore certain) serait transformé en Riviera de luxe, avec des hôtels, des yachts et des terrains de golf, et non en poumon vert de la ville au service du grand nombre ! Les masques tombent. Tout confirme que construire ce nouvel aéroport est une absurdité. Pour dix fois moins cher, il eut été aisé d’ajouter une piste supplémentaire au précédent, avec quelques rochers sur la mer (comme à Nice, par exemple). Nous en avions parlé dans L’Amour et la Révolution, il y a deux ans. Film visible gratuitement ici :
(au sujet du projet d’aéroport à Kastelli, c’est à partir de 43:50) 
 
Au niveau du montage financier, les firmes françaises ne sont pas en reste. Alors qu’une filiale de Vinci participe aux travaux, le groupe Aéroport de Paris (qui a racheté la société indienne GMR Airports) vient de rejoindre le projet à hauteur de 17,5%.
 
Les opposants à l’aéroport de Kastelli parient sur une victoire sur le terrain juridique, au moyen de plusieurs recours. Mais la Justice grecque fait traîner au prétexte de la pandémie qui ralentit la procédure, ce qui retarde d’autant l’action juridique suivante, cette fois à l’échelle européenne, avec plus de chance de victoire pour les opposants. Cette stratégie du pourrissement et de la terre brûlée rappelle celle de l’État français dans le Tarn en 2014, quand la zone humide du Testet était inexorablement détruite sans attendre l’issue des recours juridiques. Aujourd’hui, il n’y a toujours pas de barrage à cet endroit, mais le mal est fait. À Kastelli, il n’y aura peut-être jamais d’aéroport, mais la zone est d’ores-et-déjà saccagée. 
 
Malheureusement, les maigres tentatives de lancer une ZAD sur la zone des travaux n’ont pas réussi. Toutes les constructions, symboles, cabanes, clôtures, pierres diversement assemblées ont été détruites. À l’instar des pouvoirs toujours plus autoritaires en Europe, le gouvernement grec ne veut pas permettre le moindre début d’implantation sur son chantier. Après plusieurs destructions partielles, la cabane que nous avions construite avec le convoi de mai 2018, puis reconstruite avec celui de février 2019 a été complètement rasée il y a quelques semaines. Vidéo de la construction ici, à 1:08:39 :https://youtu.be/wNSfoTYY3hA?t=4119
 
UNE NOUVELLE CRISE HUMANITAIRE FRAPPE LES PRÉCAIRES SUITE AUX RESTRICTIONS ANTICOVID ET AUX POLITIQUES ANTISOCIALES
 
Dix ans après le début de la « crise grecque », une nouvelle crise commence à s’abattre sur la base sociale dans le pays. Nous faisons face à un afflux énorme de personnes en grandes précarité dans toutes les lieux solidaires autogérés ! Des familles entières sont à la rue, des personnes âgées, des jeunes ou encore des personnes handicapées montrent des signes inquiétants de faim et d’épuisement. Les témoignages se multiplient, les langues se délient. Alors que nous entrons dans l’hiver, la catastrophe pressentie se confirme : la Grèce entre dans une nouvelle crise qui sera peut-être encore plus violente que la précédente.
 
Parmi les causes principales, les restrictions anticovid sont très souvent citées. Beaucoup de gens ont été ruinés cette année, se retrouvant avec des ressources insuffisantes, et sombrent maintenant dans la précarité. Le niveau d’endettement étant déjà élevé depuis une dizaine d’années en Grèce, la chute des revenus a fait le reste. En quelques semaines, toute une partie de la population a été frappée de plein fouet, malgré les maigres compensations financières d’un État trop occupé à acheter des rafales à Dassault et à renforcer l’équipement de sa police anti-émeutes.
 


Ces jours-ci, cette photo a circulé montrant un policier donnant un coup de pied à un sans-abri endormi pour le réveiller avant l’ouverture des magasins de la rue Ermou, l’une des plus chères et luxueuses du centre d’Athènes.

La politique antisociale du nouveau gouvernement est également en cause. Depuis le retour de la droite au pouvoir, les plus pauvres sont encore plus en difficultés, laissés pour compte et traqués sur les trottoirs des rues passantes. Il en est de même pour les migrants. Le gouvernement Mitsotakis frappe simultanément toutes les formes de solidarité : évacuation massive des squats de réfugiés (même si le Notara 26 résiste encore à Exarcheia), harcèlement incessant des actions solidaires autogérées (dont les nôtres), pression sur les ONG avec interdiction pour leurs membres de révéler ce qu’ils voient dans les camps de migrants en Grèce (oui, vous avez bien lu, et ce, depuis le décret du 30 novembre 2020). 

 
À Lesbos, rien n’a changé : le sinistre camp de Moria (détruit par un incendie) a simplement été remplacé par celui de Kara Tepe, entassant actuellement plus de 10 000 hommes, femmes et enfants dans le froid, la boue et la censure la plus totale. Il y a quelques jours, nous avons appris qu’une pénurie d’eau avait frappé les personnes enfermées dans ce camp construit sous les auspices de l’Union européenne !
 
SOLIDARITÉ : APPEL À SOUTIEN URGENT !
 
Une fois de plus, c’est le mouvement social qui est en première ligne de la solidarité, dans l’autogestion et l’horizontalité. Dans ce contexte extrêmement difficile, nous appelons à soutien de toute urgence. En effet, nous n’avons plus du tout les moyens de poursuivre nos actions sur tous les terrains comme les années précédentes (squats, cuisines sociales, aides aux précaires grecs et migrants, aides aux compagnons de lutte réprimés, convois de fourgons solidaires…). 
 
 
Le contexte est particulièrement frustrant : sans la pandémie et les longues restrictions de cette année 2020, nous aurions réussi à sortir un nouveau film accompagné d’une nouvelle tournée parmi vous. Mais cela n’a pas été possible. Les membres des collectifs grecs participants au film et plusieurs des collectifs souhaitant nous accueillir en France, Suisse et Belgique, à l’unisson, ont préféré reporter la sortie en 2021 pour nous permettre de faire les choses correctement : permettre au nouveau film d’être un outil d’animation des luttes à l’ouest de l’Europe (comme pour les trois films précédents depuis 7 ans qui ont rencontré de belles affluences : Ne vivons plus comme des esclaves, Je lutte donc je suis et L’amour et la Révolution) et d’être un moyen majeur de solidarité à l’autre bout, en Grèce. Nous n’avons pas peur des ruines sortira dès que possible durant cette année 2021. Nous vous l’annoncerons dès que nous serons prêts, notamment pour construire la tournée et vous faire découvrir les bandes-annonces et extraits. 
 
 
Sachez néanmoins que ce film est en cours tournage complémentaire. En effet, nous avons repris la caméra au poing pour compléter les événements depuis juillet 2019 (date de l’arrivée de la droite au pouvoir) : nous sommes allés un peu partout en Grèce, à la demande de nos compagnons et camarades, et nous incluons la période actuelle et ses conséquences.
 
 
Voilà pourquoi, nous sommes contraints de lancer cet appel, démunis face à l’urgence. Si vous voulez et pouvez soutenir nos initiatives solidaires, c’est ici (procédez plutôt par virement ou paypal que par chèque, c’est plus rapide) :
 
1- Pour effectuer un virement à ANEPOS 
IBAN : FR46 2004 1010 1610 8545 7L03 730
BIC : PSSTFRPPTOU 
Objet : « Action Solidarité Grèce »
 
2- Pour participer via PAYPAL, suivre le lien : 
 
 
3- Pour envoyer un chèque à l’ordre de ANEPOS
Objet : « Action Solidarité Grèce »
Adresse postale : ANEPOS – Action Solidarité Grèce – 6 allée Hernando – 13500 Martigues
 
Tél. Grèce (0030) 694 593 90 80 / Tél. France 06 24 06 67 98
 
 
Liste des lieux et collectifs aidés matériellement et/ou financièrement durant l’année écoulée (principalement de février à septembre 2020), malgré un contexte particulièrement difficile :
– Centre social autogéré Alimoura à Ioannina (nous avons financé la réparation du local qui avait été saccagé par une attaque fasciste) ; 
– Usine autogérée Bio.Me à Thessalonique (soutien et achat de savons et produits fabriqués par les ouvriers, alors que l’électricité venait de leur être coupée) ; 
– Mikropolis à Thessalonique (soutien au plus grand espace social libre de Grèce qui est actuellement en train de déménager) ; 
– Initiative antifasciste d’aide aux réfugiés près d’Évros (au moment où ces derniers étaient pris au piège entre les deux états grecs et turcs, et où des identitaires européens étaient venus pour tenter de pratiquer la chasse à l’homme, ainsi qu’à Lesbos) ; 
– Réseau Solidaire de Crète (et soutien à la création de nouveaux lieux dans l’île, dont nous vous reparlerons) 
– Initiative de Kastelli en Crète contre le nouvel aéroport (nous avons participé au financement de la procédure de Justice contre l’aéroport qui est en train de basculer à l’échelle européenne, alors que 120.000 des 200.000 oliviers ont déjà été coupés et que l’opinion est de plus en plus opposée au projet, nous avons également participé à plusieurs réunions et actions sur place, et soutenu les paysans en lutte contre ce projet) ; 
– Centre Social autogéré Favela au Pirée (soutien financier et achat de tee-shirts pour épauler ce lieu situé dans une zone où les fascistes rôdent souvent et où l’un d’entre nous, a été agressé violemment en juin 2019 par un groupe de néo-nazis qui lui avait tendu un guet-apens avant que les passagers d’une rame de tramway ne parviennent à le sauver) ; 
– K*Vox à Athènes (base d’un des groupes les plus actifs en Grèce) ; 
– Aide aux frais de Justice de plusieurs compagnons de luttes , notamment pour leur éviter d’aller en prison suite à des actions pourtant exemplaires ; 
– squat Notara 26 à Athènes (le plus ancien lieu d’accueil des réfugiés dans le quartier d’Exarcheia) ; 
– Plusieurs cuisines sociales, dont L’Autre Humain (soutien financier et livraison de produits alimentaires) ; 
– Structure autogérée de santé d’Exarcheia (soutien financier et livraison de matériel médical) ; 
– Réseau École Buissonnière-Pédagogie Freinet (soutien financier et livraison de fournitures en aide aux enfants précaires) ; 
– actions solidaires à Lesbos (nombreuses initiatives depuis mars et, surtout, après l’incendie du sinistre camp de Moria et l’errance de nombreuses familles en difficultés). 
 
 
À savoir également qu’une collecte de fournitures et matériels sera peut-être organisée en février 2021 en France, si les conditions de déplacement le permettent. Nous vous en reparlerons si cela s’avère faisable. Auquel cas, une liste des besoins sera rapidement diffusée et une dizaine de fourgons se chargeront du ramassage des denrées et objets nécessaires. Par contre, si ce n’est pas possible, l’appel de ce message va être notre seul et unique moyen d’action cet hiver.
 
UN PEU D’HUMOUR, APRÈS CES MAUVAISES NOUVELLES
 
Ça circule en ce moment en Grèce (où nous sommes encore en quarantaine avec des attestations nécessaires pour circuler) :
Humour toujours : en France, l’Église de la Très Sainte Consommation (collectif satirique) va bientôt décerner ses Doigts d’or. Il a été difficile pour le jury de départager les candidats malgré eux pour choisir les pires, tant cette année 2020 a été mémorable en délires de puissance et d’argent ! L’occasion de rire de cette société absurde en attendant sa transformation radicale le plus tôt possible :
Merci de votre soutien, quelle que soit la forme, ne serait-ce qu’en relayant l’info. Pour la partager où bon vous semble, vous pouvez aussi utiliser la publication de cette lettre ici : nouveau lien du blog  (vous y trouverez aussi les images en plus grand format)
 
Courage pour 2021 et au plaisir de vous retrouver ! 
 
Solidairement,
 
Maud et Yannis Youlountas po/ collectif artistique et solidaire ANEPOS avec les membres et soutiens des convois de mars, juillet et septembre 2020
 
 
Yannis Youlountas | 29/12/2020 à 10:36 | Catégories : Alerte | URL : https://wp.me/p6quRu-2tE

Dérive autoritaire en Grèce comme en France

Par Yannis Youlountas 7/12/20

ACTUELLEMENT EN GRÈCE : LE MOUVEMENT SOCIAL FAIT FACE À UNE FORTE RÉPRESSION POLICIÈRE ET REND HOMMAGE À LA RÉSISTANCE CONTRE LA LOI SÉCURITÉ GLOBALE EN FRANCE
Ce soir, le quartier d’Exarcheia est sous un déluge d’armes et d’uniformes. Pour empêcher toute révolte, l’état grec a déployé un véritable régiment de flics appuyé par deux hélicoptères et plusieurs drones. Des cris éclatent ici et là, ainsi que des explosions. Un immeuble inhabité est en feu. Depuis un an, la police grecque tente d’affaiblir le quartier en évacuant beaucoup de squats, mais certains résistent encore, en particulier le Notara 26 et le K*Vox. Cependant, depuis ce matin, la nouvelle irruption policière a atteint un niveau sans précédent. Non seulement par le nombre, mais aussi par des actes particulièrement choquants.
Pour commencer, en ce jour anniversaire de l’assassinat du jeune anarchiste Alexis Grigoropoulos par un policier à Exarcheia le 6 décembre 2008, les forces de l’ordre des puissants nous ont empêchés de nous rendre sur le lieu de recueillement où se trouve la plaque commémorative, à l’endroit où il a été assassiné à l’âge de quinze ans ! Pire encore, des dizaines de personnes ont été arrêtées pour avoir essayé de passer. Plus de 160 aux dernières nouvelles, en quelques heures ! L’un des flics a même arraché un bouquet de roses déposé sur les lieux avant de le détruire devant les caméras. Les images ont rapidement fait le tour de la Grèce provoquant déjà un scandale ce soir.
De plus, les journalistes ont été empêchés de continuer à filmer dans le quartier et repoussés le plus loin possible des « opérations de police ». Certains ont vu leur matériel abîmé, d’autres ont été refoulés violemment, notamment mes amis journalistes indépendants Alexandros Katsis et Mario Lolos (auteur de plusieurs des photos), parfois à coup de matraque !
Les dizaines de compagnon.nes et camarades arrêtés n’ont pas baissé la tête et, celles et ceux qui le pouvaient ont levé le poing à l’unisson avec la foule choquée mais persévérante.
Une fois de plus, des policiers ouvertement néonazis ont été remarqués parmi les « troupes » envoyées pour empêcher toute « révolte du 6 décembre » (cf. photos montrant les signes de reconnaissance sur leurs casques).
Rien de nouveau sous le soleil : le fascisme reste le gardien zélé du capitalisme. Il n’est pas une réelle opposition au système politique et économique actuel. Au contraire : à chaque situation de crise, il en est le stade ultime, au fil des dérives autoritaires.
Aujourd’hui, personne n’a pu entrer dans Exarcheia sans être contrôlé, même les taxis ! Dans Athènes, 31 stations de métro ont été fermées ! Plusieurs lieux ont été bloqués, parfois avec des militant.es à l’intérieur, sans eau et sans nourriture durant la journée. Des compagnons ont été poursuivis dans le quartier par des policiers qui ont osé faire exploser leurs grenades à l’intérieur d’un bâtiment, au risque de tuer les personnes visées.
Voyant venir cette rude journée d’anniversaire, certain.es ont voulu manifester deux jours plus tôt, le 4 décembre, mais ce fut très difficile également, en particulier place Syntagma, devant le parlement.
Simultanément, le groupe Rouvikonas a riposté dans cinq lieux de pouvoir contre la politique du gouvernement, en particulier, contre son traitement des faillites et des situations catastrophiques engendrées par la crise actuelle. Une crise qui est avant tout celle du capitalisme lui-même, mettant en évidence, une fois de plus, son absurdité économique, sociale et écologique. Le capitalisme, c’est la mort. Lui résister, c’est participer à sauver la vie, tant qu’il en est encore temps.
Dans son communiqué et ses tracts, Rouvikonas évoque l’exemple de la résistance à la loi sécurité globale en France qui, malgré un contexte très difficile pour les mobilisations, parvient à faire reculer le pouvoir :
« Comme ils l’ont fait en France, où, de la même sale manière, l’État a tenté de garantir le droit à la répression absolue et où la base sociale française est descendue dans la rue et l’a forcée à se retirer. »
Communiqué complet ici : https://rouvikonas.gr/archives/4710
Comme d’autres collectifs à Athènes, en Crète et ailleurs, Rouvikonas est aussi omniprésent sur le terrain de la solidarité en ces mois difficiles. En partenariat avec plusieurs cuisines sociales, le groupe anarchiste basé à Exarcheia et à Keratsini participe activement aux initiatives solidaires autogérées du mouvement social.
L’un des articles avec photos à ce sujet :
Nous essayons de faire la même chose en ce moment en Crète, plus modestement, sur une île où la résistance se poursuit tant bien que mal, aussi bien contre les grands projets nuisibles que contre le système politique et économique dans son ensemble. Des lieux sont en train de naître (nous en reparlerons) et des actions se multiplient. Parmi d’autres, hier soir, une grande banderole a été hissée sur la forteresse du port d’Héraklion, à la vue des habitants, des marins et des passagers : « Aucune police ne parviendra à vous protéger pour votre responsabilité immense dans les conséquences de cette pandémie ».
Communiqué complet avec photos : https://athens.indymedia.org/post/1608943/
En effet, cette pandémie révèle une fois de plus les profondes inégalités face au confinement et à ses conséquences. Pire encore, la covid19 offre un nouveau prétexte au pouvoir pour nous voler ce qui nous reste de liberté dans cette société toujours plus autoritaire. Après le terrorisme, voici le temps du virus. Les breaking news s’enchaînent à l’infini. Tous les moyens sont bons pour tourner la vis, encore et encore, et nous enfermer brutalement dans une société dystopique, où l’État ose se mêler de tout ce qui fait nos vies, de ses moindres replis, aux confins de notre intimité.
Celles et ceux qui n’avaient pas encore compris ce qu’est l’État devraient ouvrir les yeux à cette occasion : quelle que soit la guerre qu’il déclare en notre nom, contre ceci ou cela, c’est toujours nous qui subissons ses caprices, ses lubies et ses ordres tombés du ciel.
À l’inverse, Exarcheia fait partie de ces lieux où, ces dernières années, nous avons montré qu’il est possible de prendre nos vies en mains, dans l’autogestion, l’entraide, la création, la résistance, la démocratie directe et même l’anarchie — qui est, comme le soulignait Élisée Reclus, « la plus haute expression de l’ordre » et non le chaos comme le prétendent les médias à la botte.
Triste jour pour ce quartier d’Athènes étouffé par le pouvoir et ses valets. Mais le grain est semé et, en attendant qu’il puisse se répandre à nouveau dans Exarcheia, il est déjà en train de pousser dans de nouveaux lieux en Grèce 😉
Douces pensées à vous tou.tes. Tenez bon. Et encore bravo pour la lutte contre la loi sécurité globale, même si rien n’est fini !
Yannis Youlountas

Grèce Grève du secteur public jeudi 26 nov

Les travailleurs de la santé grecs se joignent à la grève du secteur public jeudi
   
Les travailleurs de la santé participent jeudi à la grève nationale de 24 heures annoncée par l’ADEDY, le plus grand syndicat du secteur public grec, qui exige des mesures de protection pour les employés et des embauches massives dans le secteur de la santé.

La Fédération panhellénique des employés des hôpitaux publics (POEDIN) a appelé ses membres à se rassembler à l’entrée des hôpitaux à 8 heures du matin.

Un rassemblement suivra à midi au ministère de la santé, en présence de la POEDIN et des dirigeants des syndicats de l’Attique.

Les travailleurs réclament le rétablissement des 13e et 14e salaires – les primes de Pâques, d’été et de Noël qui ont été supprimées pendant la crise économique – et que le gouvernement garantisse toutes les mesures de protection pendant la pandémie, grâce à un personnel, un financement et des moyens de protection personnelle adéquats.

Ils souhaitent également que le personnel sous contrat temporaire bénéficie d’un statut permanent.

Source https://www.ekathimerini.com/259567/article/ekathimerini/news/greek-health-workers-to-join-public-sector-strike-on-thursday


Les travailleurs du métro, du tram et du train urbain d’Athènes se mettent en grève le 26 novembre

Les travailleurs du métro, du tramway et du train urbain ISAP se joindront à la grève de 24 heures le jeudi 26 novembre 2020.

Dans une annonce, les employés de STASY ont déclaré qu’ils n’étaient « pas prêts à accepter l’utilisation de la pandémie comme un « outil » pour faire passer une législation anti-travailleurs qui bafoue des décennies de droits ».

Ils ont également déclaré que les propositions du gouvernement pour l’abolition de la journée de huit heures, des heures supplémentaires non payées, des restrictions supplémentaires des actions de grève, l’affaiblissement des possibilités de conflits du travail et la réduction des allocations pour les chômeurs, « ne peuvent pas être acceptées par les travailleurs ».

Ils ont également demandé que davantage de mesures soient prises pour lutter contre la pandémie à STASY, notamment des installations pour le dépistage du Covid-19 chez le personnel aux frais de l’entreprise et la signature d’une nouvelle convention collective de travail.

Les syndicats du secteur public, le Centre du travail d’Athènes et d’autres organismes ont appelé à une grève de 24 heures. En dépit des restrictions imposées par le confinement, les syndicats ont appelé à des rassemblements d’un nombre limité de personnes à Athènes et dans d’autres villes.

Taxons la finance en Europe

Mobilisation collective pour obtenir 57 milliards d’euros en taxant la finance en Europe

« On a tous conscience d’être dans un moment crucial. Le mélange de la crise sociale, sanitaire et climatique nous dirige vers un chaos. Il faut dégager des moyens financiers pour y faire face. » Pierre Larrouturou

Après 18 jours de grève de la faim et 10 kilos en moins, l’eurodéputé Pierre Larrouturou a mis fin à son jeûne pour valoriser la mobilisation collective. Dernière ligne droite de son combat : il n’a plus que 4 semaines pour convaincre un maximum de dirigeants européens de taxer la finance d’ici le Conseil européen des 10 et 11 décembre. En jeu : 57 milliards d’euros de recettes annuelles pour un plan climat vraiment efficace et le remboursement de la dette commune du plan de relance européen. Parmi les pays encore opposés à des mesures ambitieuses : la France. L’eurodéputé appelle chaque citoyen à se joindre à la mobilisation.

Une mobilisation collective représentative de la diversité des points de vue

Le 17 novembre, Pierre Larrouturou a lancé le deuxième acte de sa campagne pour la taxe des transactions financières (TTF) en Europe sous la forme d’une conférence de presse collective, accompagné de soutiens de plus en plus nombreux qui détonnent par leur diversité : ONG et activistes bien entendu, mais aussi politiques de différents bords.

Parmi ces derniers, des personnalités initialement opposées à la taxation de la finance qui ont changé d’avis face à la gravité des enjeux écologiques et sociaux comme le Maire de Saint-Etienne Gaël Perdriau, Vice-Président du groupe politique français Les Républicains/

« Soutenir Pierre Larrouturou dans son combat a été un vrai processus de réflexion. Au sein de ma formation politique LR et avec mon expérience de maire, je me suis questionné autour de deux thématiques centrales : le bien être social et le développement durable. Et j’ai compris que les salariés perdent leur capacité à s’adapter et à évoluer dans un système qui va de plus en plus vite, où les individus se retrouvent enfermés dans la précarité. Au cours des 40 dernières années, la rentabilité est devenu notre unique objectif, et la finance est devenue la finalité de notre société quand elle ne devrait en être qu’un outil. La crise des Gilets Jaunes a montré l’écart entre la nécessaire transition écologique et la capacité individuelle des gens à y répondre. Il faut donc revoir notre système d’imposition et de taxation pour répondre aux besoins de la France : taxer les transactions financières en Europe est devenu un impératif sociétal. » explique-t-il lors de la conférence de presse

Un constat partagé par Jean-Luc Crucke, Ministre Wallon du Budget et des Finances, un libéral initialement hostile à cette idée qui y voit désormais « la seule opportunité économique efficace face aux géants chinois et américains » mais aussi un geste de solidarité indispensable au moment où de nombreuses personnes sont plongées dans la misère. Cela renvoie à l’un des fondements de l’Europe : ne pas être qu’un marché, mais aussi défendre une certaine idée de la dignité humaine.

Une vision partagée par Philippe Laurent, Secrétaire général de l’Association des Maires de France, Président du Conseil des Communes et Régions d’Europe.

« L’UE doit disposer de ressources propres pour ne pas dépendre de la seule contribution des Etats. Cette proposition a l’immense avantage de procurer 57 milliards d’euros de ressources annuelles à l’UE pour lui permettre de mener des politiques pérennes de transition écologique et sociale sans avoir besoin de négocier de façon permanente avec les Etats. »

La France à convaincre

Taxer les transactions financières en Europe n’est pas une idée nouvelle. L’outil pour le faire est même prêt depuis la directive de septembre 2011, lorsque la Commission européenne était pourtant dirigée par José Manuel Barroso, qui a été embauché par la banque d’affaires Goldman Sachs juste après la fin de son mandat européen. C’est donc une question de volonté politique.

Et en 2020, les lignes bougent depuis quelques mois, de façon positive pour les défenseurs de cette TTF. Le ministre allemand du développement et celui des finances, ainsi qu’Angela Merkel elle-même considèrent que cette TTF fait partie des solutions indispensables à mettre en place. A la veille de rendre la présidence de l’UE, l’Allemagne veut se démarquer par une mesure écologique et sociale vraiment ambitieuse.

Même le ministre autrichien des finances, Gernot Blümel, a prévenu que l’Autriche quitterait le groupe de pays qui élaborent actuelle une TTF européenne si cette dernière n’est pas assez ambitieuse.

Dans une lettre adressée aux Ministères des Etats membres, il accuse la France de vouloir privilégier une taxation à laquelle pourraient échapper 99% des transactions financières en refusant de taxer les produits dérivés et le trading à haute fréquence  !

En France, l’enjeu autour de la mobilisation collective est donc de taille car le soutien inconditionnel d’Emmanuel Macron à une TTF véritablement ambitieuse pourrait tout changer en créant un effet d’entraînement qui permettrait de ne pas être bloqué par un vote à l’unanimité.

La crise de partout, sauf pour la finance

Les soutiens grandissants de l’eurodéputé en sont convaincus : c’est maintenant que tout se joue. « Si rien n’est fait, un budget indécent, largement insuffisant face à l’urgence sanitaire, climatique et sociale, sera adopté. Jusque 2027. » Date du prochain vote du budget général de l’Europe.

« L’essentiel de l’argent circule dans des stratosphères déconnectées de l’économie réelle. Cela aggrave les inégalités sociales et les impacts environnementaux. Une fois tous les 7 ans, nous avons une chance de ré-orienter le cadre annuel pluri-européen ; c’est maintenant qu’il faut la créer, c’est une chance à ne pas laisser passer. Les membres de l’UE doivent assumer leur responsabilité : allez toutes et tous sur la plateforme dédiée, écrivez-leur. Il faut comprendre qu’il est temps de contribuer au bien commun. » plaide Arnaud Schwartz, Président de la FNE

Ainsi, les volumes échangés sur les marchés financiers européens sont 45% plus élevés qu’en 2010. Un accaparement des richesses qui n’est plus acceptable en période de crise pour les ONG.

« Les inégalités deviennent immorales et insupportables car depuis 2008 rien n’a été fait ou presque sur la taxation de la finance ! L’un des acteurs principaux à avoir bloqué la taxation financière, c’est Emmanuel Macron aussi bien en Europe qu’en France. Mais aujourd’hui la crise accroît la pauvreté, fait exploser la dette française, il va donc bien falloir prendre l’argent là où il est généré : dans le milieu de la finance qui est complètement sous-taxé. J’espère que cet appel sera entendu par Emmanuel Macron car c’est là que ça doit bouger. Ne vous faites pas avoir par les prochains articles qui vont sortir pour expliquer que la finance va mal, c’est faux. » analyse Alexandre Naulot, Responsable de campagnes France chez WE MOVE EUROPE

Des constats qui ont convaincu la vingtaine grévistes de la faim qui ont rejoint Pierre Larrouturou dans son combat, mais aussi l’activiste pour le climat Camille Etienne et les dizaines de milliers de personnes ayant interpellé Emmanuel Macron et Angela Merkel via les réseaux.

Au cours des quatre prochaines semaines, de nombreuses actions et temps d’échange auront ainsi lieu pour faire pencher la balance en faveur de cette taxe sur les transactions financières. Réponse les 10 et 11 décembre.

Plus d’infos : https://taxonslaspeculation.eu/home/

Source https://lareleveetlapeste.fr/mobilisation-collective-pour-obtenir-57-milliards-deuros-en-taxant-la-finance-en-europe/?utm_source=actus_lilo

Une grève générale en prévision

Grèce : le syndicat PAME prépare une grande grève générale contre le passage à 60h de travail par semaine et la restriction des droits ouvriers et syndicaux

« L’appel à la grève générale est la priorité absolue de chaque syndicat. Nous préparons une réponse massive et militante avec une grève générale partout, dans les usines, les hôtels, les chantiers de construction, les magasins » : en Grèce, le syndicat PAME est vent debout contre une série de mesures autoritaires et pro-patronales.

Le gouvernement grec veut en effet passer la durée légale de travail hebdomadaire à 60h par semaine, en augmentant la durée légale quotidienne de travail de 8 à 10h. Ces 2h supplémentaires de travail sont sans contreparties salariales. De plus, le gouvernement souhaite, via la loi, interdire les piquets de grève et fortement restreindre le droit de se syndiquer.

Également, si cette loi passe, le droit de négociation collective ne sera reconnu qu’aux syndicats qui auront soumis leur registre numérique, les noms de leurs membres, à l’État et aux patrons. Autrement dit, le gouvernement veut que les organisations ouvrières livrent les noms de leurs syndiqués à l’Etat et au patronat.

Au cours d’un premier rassemblement organisé la semaine dernière, le PAME, affilié à la Fédération Syndicale Mondiale avait déjà dénoncé « un recul en arrière de 100 ans ». Pour le syndicat grec, « Ils veulent interdire les syndicats et les grèves des travailleurs. La pandémie se transforme en une formidable opportunité pour le gouvernement et les patrons. ».

Partout, des voix s’élèvent en Grèce, mais aussi en Espagne et en Italie pour exprimer le ras-le-bol général. Construisons, en France, une mobilisation pour redonner confiance aux classes populaires en créant le rapport de force qui permettra une alternative politique et économique en faveur des intérêts de ceux et celles qui produisent les richesses dans ce pays !

Source https://www.facebook.com/La-Gr%C3%A8ce-en-r%C3%A9sistance-485903964798525/?hc_location=ufi

La Sécu, un bien commun

Par Jean-Marie Harribey Membre du conseil scientifique d’Attac.

Ce fut, en 1945, une victoire politique du mouvement ouvrier que d’instaurer une socialisation d’une partie du salaire.

Le concept de bien commun a été réhabilité pour désigner à la fois les biens que la collectivité décide d’élever au statut de « communs » et la méthode démocratique pour les gérer collectivement. Mais, le plus souvent, ce concept concerne les biens que la dévastation écologique menée par le capitalisme productiviste menace, condamne et/ou privatise : l’eau, l’air, toutes les ressources naturelles, la terre, la préservation du climat, les connaissances, etc. En témoignent les nombreuses luttes qui sont menées par des communautés, des associations, partout dans le monde, pour en asseoir la légitimité et en assurer la pérennité.

Mais il est une institution à propos de laquelle il est rarement dit qu’elle relève du bien commun dans ses deux acceptions. Il s’agit de la Sécurité sociale, dont nous devrions célébrer le 75e anniversaire pour en rappeler le sens politique. D’une part, la Sécu réalise une mise en commun d’une partie de la valeur ajoutée par le travail, par le biais de la cotisation sociale calculée par un pourcentage du salaire. Ce fut, en 1945, une victoire politique du mouvement ouvrier, grâce à la pression de la CGT et du Parti communiste, que d’instaurer une socialisation d’une partie du salaire. Une socialisation qui est passée en quelques décennies de 0 à 40 % environ de ce salaire, cotisation incluse. Certes, cette avancée politique a été affaiblie idéologiquement par l’invention d’une trouvaille sémantique distinguant cotisation salariale et cotisation patronale, alors que c’est le travail qui paie tout (puisque, de toute façon, il crée toute la valeur économique). Il n’en reste pas moins que le principe de la Sécu est l’une des victoires sociales les plus impressionnantes du XXe siècle, au point d’avoir progressivement permis d’universaliser la protection sociale.

D’autre part, lors de sa création, la Sécu inaugurait un mode de gestion salarial, indépendant de l’État, qui faisait des travailleurs les artisans de leur émancipation grâce à la socialisation d’une partie du fruit de leur travail. L’attaque déclenchée par les forces du capital contre la Sécu a commencé par là : déposséder progressivement les travailleurs de la gestion de leur patrimoine ; depuis 1967, ils n’élisent plus leurs représentants à la Sécu. Ensuite sont venues de multiples érosions du financement de la Sécu par des exonérations de cotisations pour les employeurs, qui atteignent aujourd’hui 60 milliards d’euros par an. La fiscalité remplaçant les cotisations salariales est venue affaiblir encore davantage la visibilité du lien entre travail et protection sociale.

Pour couronner le tout, désormais, c’est le Parlement, donc le gouvernement dans les institutions lézardées de la Ve République, qui fixe le montant des recettes et des dépenses de la Sécu dans le cadre de la loi de financement de la Sécurité sociale, et qui en fait un outil de régulation de ladite dépense publique, au moment où l’idéologie libérale entend la réduire par tous les bouts.

L’enjeu des luttes sur la protection sociale est crucial, d’où leur âpreté, par exemple sur les retraites. Il y aurait beaucoup à gagner si le concept de bien commun n’était pas réservé à l’écologie mais étendu à l’ensemble des conditions de la vie sociale.

Jean-Marie Harribey Membre du conseil scientifique d’Attac.

Source http://www.politis.fr/articles/2020/09/la-secu-un-bien-commun-42335/

Pour que le Briançonnais reste un territoire solidaire avec les exilés

 Appel à soutiens 

Terre historique de passages d’hommes et de femmes à la frontière entre la France et l’Italie, le Briançonnais a vu se développer sur la période récente un remarquable réseau de solidarité et d’hospitalité venant au secours des exilés qui, au péril de leur vie, ont franchi cette frontière et leur offrant, avec le soutien des autorités locales, un refuge temporaire. Le maire de la ville de Briançon, nouvellement élu, a décidé de fermer ce refuge ainsi que le local des secours. Bénévoles et associations se mobilisent aujourd’hui pour s’opposer à cette décision aux conséquences humanitaires dramatiques.

Depuis cinq ans, plus de 11 000 hommes, femmes et enfants jetés sur les routes de l’exil ont traversé au péril de leur vie la frontière franco-italienne haute-alpine, souvent dans la nuit, le froid, ou la neige, au milieu de montagnes dont ils méconnaissent les dangers. Tous ont ensuite transité une ou quelques nuits par Briançon, brève escale dans leur périple migratoire.

Un élan de solidarité, porté par des centaines de bénévoles, organisé par des associations et soutenu par la Ville et la Communauté de communes du Briançonnais, a permis de mettre à l’abri et d’accueillir dignement toutes ces personnes :

  • Un lieu d’accueil d’urgence offre depuis trois ans à ces exilés de passage, hébergement, nourriture, soins, vêtements, conseils juridiques sur le droit d’asile et chaleur humaine. Installé dans un bâtiment mis à disposition par la Communauté de communes, il est géré par l’association Refuges Solidaires.
  • En amont, dans la montagne, des maraudeurs solidaires portent secours aux exilés en danger – perdus, épuisés, en hypothermie -, avec l’appui de Tous Migrants et Médecins du Monde. Sans les maraudes, le bilan de cinq morts et trois handicapés à vie que la région a connu ces trois dernières années aurait été encore plus terrible. Un local technique a été mis à disposition de Tous Migrants pour le stockage du matériel de secours en montagne.

Il s’agit d’une initiative d’accueil exemplaire, mise en lumière par les médias du monde entier et récompensée par l’attribution de la mention spéciale du prix des Droits de l’Homme 2019 de la Commission nationale consultative des droits de l’homme à l’association Tous Migrants.

Cette mobilisation est aujourd’hui mise à mal par la décision du nouveau maire de Briançon et président de la Communauté de communes, Arnaud Murgia, de fermer le refuge solidaire et le local technique des maraudes [1].

Il s’agit là une entrave grave aux opérations de secours et d’accueil des exilés, mettant leur vie en danger.

La décision du maire, si elle est exécutée, aurait également pour conséquence de jeter les exilés à la rue, ne leur laissant d’autres solutions que de dormir dans les espaces publics, alors que les températures nocturnes frôlent déjà zéro degré dans Briançon, et qu’il est physiquement impossible de survivre à l’extérieur en plein hiver. Ce faisant, le président de la Communauté de communes créerait les conditions d’un véritable drame humanitaire, avec de nouveaux morts en montagne et à nos portes. Il en porterait l’entière responsabilité morale.

Au-delà, il s’agirait d’une atteinte grave au droit des associations et bénévoles de s’organiser pour porter secours. En exigeant la fermeture de ces deux lieux complémentaires et indispensables au bon fonctionnement des opérations humanitaires, le nouveau maire fragilise l’écosystème associatif et bénévole local, et tourne le dos à la plus élémentaire solidarité montagnarde. Cette attitude fait écho aux récentes interdictions de distribution de nourriture dans le Calaisis, à la fermeture du centre d’accueil de la Croix-Rouge près de Menton, aux amendes infligées aux bénévoles humanitaires durant le confinement et plus largement aux atteintes grandissantes portées aux actions associatives et collectives.

Le devoir d’assistance à personne en danger est un devoir moral et juridique ; il s’impose à toutes et tous : citoyens, associations, mais aussi et d’abord collectivités territoriales et État. Le fait que les gouvernements européens ne respectent pas leurs obligations en matière de sauvetage et d’accueil des personnes, et qu’ils ferment volontairement les yeux sur les drames humains dont l’actualité se fait chaque jour écho, en Méditerranée comme dans les Alpes, n’exonère personne.

Nous, bénévoles et associations actives sur place, dont Refuges Solidaires, Tous Migrants, le Secours Catholique, Médecins du Monde, ne sommes pas résignés. Pour éviter de nouveaux drames, nous continuerons à accueillir, secourir et exiger le respect des droits des personnes exilées.

Parce que nous refusons que nos montagnes deviennent un cimetière, à l’instar de la Méditerranée, parce que nous refusons qu’une personne, quelle qu’elle soit, se retrouve à la rue, nous appelons citoyens, associations, institutions, élus, collectivités à soutenir notre combat pour la mise à disposition des locaux indispensables au secours et à l’accueil digne des personnes exilées et en détresse, le respect de leurs droits fondamentaux et l’arrêt des poursuites contre les bénévoles, les associations et les défenseurs des droits.

Organisations et personnalités signataires : voir ici, à l’adresse de la pétition sur Change.org

Mobilisons-nous pour que le Briançonnais reste un territoire solidaire ! 

VIOME encore devant les tribunaux

BIOME N’EST PAS A VENDRE ! NOUS BLOQUONS LES VENTES AUX ENCHERES !

Ils ne nous ont pas payés. Ils ne nous ont pas respectés et ils ont essayé de nous virer. Fermé l’usine.
Cela fait neuf ans que nous avons répondu. Et nous leur avons répondu pour de bon.
« Si vous ne pouvez pas, nous le pouvons. »
Nous avons pris l’usine et nous y travaillons.
Nous l’avons toujours fait nous-mêmes et ils nous ont commandé. Et ils ont pris l’argent.
Maintenant nous sommes les seuls à travailler, et personne ne nous ordonne.
Nous discutons ensemble, nous opérons en urgence.
Nous décidons dans notre assemblée générale et partageons la richesse que nous générons.
Notre travail nous appartient et non à un gros actionnaire paresseux.
La route n’a pas été facile. Ils ont coupé notre électricité, ils ont essayé de couper notre eau, nous ont frappé pendant les marches, nous vendent aux enchères.
Et pourtant, nous sommes toujours là. Avec le mouvement du travail en difficulté et le mouvement plus large de la concurrence, avec nos collègues/soeurs de Grèce et de l’étranger, nous luttons pour vivre.
Les syndicats de travailleurs du monde entier soutiennent nos produits.
La solidarité et notre travail sont en train de changer de cap.
Et toi aussi. C’est la seule façon qu’ils nous ont amenés ici.
Nous vous invitons à nous soutenir et à prendre votre chance entre vos mains.
Nous serons là avec vous dans ce combat.
Cette usine , ils veulent la fermer, la vendre, la niquer.
Nous ne les laisserons pas faire.
Nous avons réussi à empêcher la vente (et l’expulsion de l’usine) lors de plus de 20 ventes aux enchères précédentes  Nous avons mis – nous et vous – nos corps en avant pour montrer que nous ne tomberons pas.

Nous vous invitons à nous aider à annuler toutes les enchères qu’ils essaient de nous faire. Nous commençons le 17 septembre dans les tribunaux de Thessalonique à 11h00.

Nous vous invitons à participer à l’initiative de solidarité ouverte à BIOME, qui se déroule chaque mercredi

TOUS AUX TRIBUNAUX POUR BLOQUER LES ACTIONS : 9/17, 9/24, 1/10, 8/10, 5/11 !
Syndicat des travailleurs de Biome
Initiative de solidarité ouverte BIOME


Dernière nouvelle : Pas de proposition le 17 ; prochaine vente aux enchères le 24

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