Grèce / appel à soutien urgent
Eva Betavatzi 25 mars 2021 Grèce : une démocratie en perdition (1re partie)2021-03-27T19:48:19+00:00
Grèce / appel à soutien urgent
Ils ont dit « non » aux éoliennes illégales
Du blocus des résidents dans la zone de Kissos Campos
Les habitants de Rethymnon ont envoyé un message fort aux investisseurs illégaux d’éoliennes hier, empêchant l’installation de trois éoliennes à un jet de pierre du village d’Adraktos dans les montagnes de la municipalité d’Agios Vasileiou. Dès 4 heures du matin, et après avoir été informés que les éoliennes avaient été déchargées dans le port de Souda, les habitants ont mis en place un barrage sur la route d’accès, plus précisément dans la zone de Kissos Campos.
Les camions transportant les éoliennes sont partis de La Canée et, en périphérie, via Héraklion, ils se sont déplacés sous l’escorte d’une forte force de police jusqu’à Fates, où ils sont restés stationnés pendant des heures. Au même moment, la municipalité d’Agios Vasileiou déposait une injonction contre la société « PPC Renewables » car, comme le souligne le maire Yannis Tatarakis, la société avait demandé à la municipalité l’autorisation de faire passer les véhicules lourds, autorisation qu’elle n’a jamais reçue.
Les membres de la Coordination Rethymnon contre Industrial RES qui ont procédé à la mobilisation directe soulignent que ce parc éolien fonctionne désormais sans permis, puisque l’approbation des conditions environnementales a expiré depuis septembre 2020, alors que surtout pour les trois nouvelles éoliennes que la société veut installer, il y a une illégalité flagrante. Comme indiqué dans Eph.Syn. Katerina Korres, membre du comité de coordination, selon la législation internationale, les éoliennes doivent être situées à une distance de plus de 500 mètres des habitations, alors que dans ce cas, elles seront situées à une distance de seulement 260 mètres du village d’Adraktos.
En effet, comme « Eph.Syn » l’avait souligné dans un précédent rapport. (« PPC nous soudoie pour installer des éoliennes » – 5.3.2020), la société « PPC Renewable » avait fait un effort manifeste pour influencer l’opinion des habitants afin qu’ils ne se conforment plus à la législation. Dans un document que nous avions rendu public, l’entreprise promettait des subventions faramineuses de 350 000 euros sur cinq ans aux associations locales des villages d’Adraktos, d’Akhtounta et de Vatos, villages dont la population permanente est respectivement de 35, 50 et… 10 habitants.
Aujourd’hui, près d’un an plus tard, l’entreprise est de retour, cette fois accompagnée des forces de police, dont on se demande comment elles protègent un investissement avec des violations évidentes de la loi. L’autorité municipale locale se tient aux côtés des habitants.
● Vers midi hier, il a été annoncé que les camions transportant les éoliennes retournaient à Héraklion et peut-être de là à Souda, tandis que les habitants ont déclaré être en vigilance constante pour toute autre tentative similaire.
Source https://www.efsyn.gr/efkriti/koinonia/298702_eipan-ohi-stis-paranomes-anemogennitries
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Athènes: le théâtre Embros resquattéUne assemblée bien remplie et enthousiaste d’Embros le dimanche 23 mai a décidé de poursuivre la défense du théâtre libre autogéré. La tentative de la police et de la Société de la Propriété Publique de resceller Embros le matin du lundi 24 mai a été contrée par les avocats du mouvement, les gens qui luttent, les forces de solidarité unies. Les travaux ont été arrêtés.
Nous commençons aujourd’hui lundi 24 mai et tous les jours à partir de 17 heures une semaine d’Art et Liberté devant le bâtiment et des travaux collectifs pour réparer les dégâts causés par l’expulsion.
Le samedi 29 mai, nous appelons à une journée d’action nationale des artistes, des assemblées de quartier et des centres sociaux dans tous les coins du pays pour défendre non seulement Embros mais tous les espaces libérés. Le pouvoir de l’auto-organisation peut arrêter la destruction de nos quartiers et de la nature menacée par la marée de l’exploitation et l’insolence de l’obscénité.
Le programme hebdomadaire des événements commence maintenant ! Il sera enrichi quotidiennement de nouvelles entrées. Nous invitons les groupes artistiques à présenter leurs idées et leurs travaux pendant la journée à l’extérieur du bâtiment.
Pourquoi Embros est expulsé ?
Parce que son fonctionnement bénévole quotidien est un contre-exemple vivant de la manière dominante dont nous sommes forcés de vivre, de penser et de ressentir. Si vous faites silence un instant à l’extérieur d’Embros et que vous tendez l’oreille, vous entendrez la vague de la commercialisation qui s’engouffre dans les ruelles adjacentes. Dans ce pays où le pouvoir économique et politique transforme tout en marchandise à vendre et à acheter, Embros offre sans aucun frais, sans aucun prix, l’art et la culture, la création et la solidarité, le commun, ce qui nous appartient à toutes et que nous voulons tous partager librement. C’est ce qui gênait les dirigeants et les grandes entreprises, c’est ce qu’ils voulaient murer. Ils voulaient que Embros soit réduit au silence parce qu’il entrave la libre circulation de l’argent, du marché, parce qu’il prouve que nous pouvons vivre, penser et nous sentir libres.
C’est le message que Embros communique et dans lequel il rencontre le Parc Drakopoulou et Ano-Kato à Patissia, les abris occupés pour réfugiés à Alexandra, Nosotros et K*Vox à Exarcheia, Lelas Karagianni à Kypseli, Rosa Nera à Chania et Evagelismos à Heraklion, Terra Incognita et Yfanet à Thessalonique, les luttes sociales contre les fermetures et la privatisation de Filopappos, Areos Field, le jardin botanique de Petroupolis, l’Académie de Platon, Strefis et la destruction de la place Exarcheia.
C’est là que ce message rencontre la lutte contre le fascisme, contre la misère économique et ouvrière, le désespoir des jeunes et les suicides des chômeurs, la persécution des militant-es, les actions pour arrêter la vente aux enchères des maisons. C’est là qu’il rencontre la lutte pour la défense de la nature dans nos montagnes, nos îles et nos villages, c’est là qu’il rencontre les projets autogérés, les squats et les lieux de rencontre des étudiant-es, les cuisines populaires, les assemblées de quartier, les groupes qui jouent de la musique dans la rue, une fille qui marche vite dans le noir parce que quelqu’un la suit.
Emros est le lieu où nous nous retrouvons avec le sang de nos morts – Zack, Killah P, Alexis Grigoropoulos, où vivent des artistes sans scène et des enfants sans arbre dans leur cour d’école, où nous produisons de l’art contre l’industrie de l’art, c’est là que Embros vit ; entre les espaces sociaux libérés et les moments de bonheur collectif, dans les rues, les parcs et les places, où les gens se réapproprient l’espace public, la gratuité, le public, sans commercialisation et sans argent.
Le samedi 29 mai, nous appelons à un rassemblement devant Embros à 17 heures et à une journée d’action nationale d’artistes, d’assemblées de quartier et de projets sociaux dans tous les coins du pays pour défendre non seulement Embros mais tous les espaces libérés.
Nous ne céderons pas nos rêves à l’obscurité.
Quand nous nous battons, nous nous battons pour nos vies !
24 mai 2020
Théâtre libre autogéré Embros
Riga Palamidou 2, Psiri
Athènes, Grèce
https://squ.at/r/7hz7
https://www.embros.gr/
Source https://fr.squat.net/2021/05/26/athenes-le-theatre-embros-resquatte/#more-48811
par A. Sartzekis
Cette année, le 1er Mai tombant dans les jours fériés de Pâques, le gouvernement l’avait généreusement repoussé au mardi 4 mai, qui faisait suite à un lundi férié. Ce grand pont ne pouvait bien sûr pas favoriser la mobilisation, et c’est bien ce que souhaitait la droite ultralibérale de Mitsotakis.
Alors, même si la direction de GSEE, la Confédération (unique) du secteur privé, liée à ce qui reste du Pasok, a organisé ce jour-là de très maigres rassemblements, EKA (Union locale d’Athènes), ADEDY (fédération – unique – du secteur public), la gauche et toutes ses composantes avaient décidé d’appeler à la grève et de fêter le 1er Mai… le 6 mai. La raison principale : l’importance de commencer une véritable mobilisation contre un projet fait sur mesure pour combler SEV, l’organisation du patronat.
Attaque sur le temps de travail
Ce projet, concocté à un moment où, avec le confinement, les manifestations étaient souvent interdites et/ou violemment réprimées, s’attaque au temps de travail. Alors que celui-ci est, en Grèce, le plus élevé en Europe, le projet est de flexibiliser au maximum : si la référence pourrait rester en théorie une moyenne journalière de 8 heures, ce ne serait plus dans le cadre de 40 heures ni de cinq jours hebdomadaires. Les heures sup ne disparaitraient pas pour autant, leur rémunération serait diminuée de 50 %, et il est même prévu que leur plafond passe de 96 h/an (industrie) et 120 h/an (services) à 150 voire 180 h/an ! Pour certains secteurs, le dimanche deviendrait un jour ouvrable comme un autre.
Mais comme existent encore quelques conventions collectives, certes bien moins protectrices qu’avant les mémorandums, l’une des clés du projet est donc la « convention individuelle », que la droite au pouvoir, spécialiste en propagande, vante comme un hymne à la liberté, le ministre du Travail, le cynique Hadjizakis, expliquant qu’ainsi les travailleurEs pourraient se libérer pour la cueillette des olives… Pour aider à « choisir » la convention individuelle, le projet comprend évidemment un volet répressif : les menaces contre le syndicalisme et le droit de grève avec, entre autres interdictions et obligations, dans cette période de pressions patronales sur les syndiquéEs, que les sections syndicales déposent au ministère du Travail les éléments d’identification de leurs membres ! On le voit, ce projet est une attaque massive contre ce qu’il reste de droits aux travailleurEs, il est la traduction d’un rapport de l’ultralibéral Pissaridis sur les axes économiques pour la Grèce du 21e siècle.
Une première mobilisation encourageante
C’est donc face à ce projet mortifère que les organisations du mouvement ouvrier ont appelé à faire grève et à manifester le 6 mai, sans illusion sur le fait que, dans des conditions encore difficiles, ce ne serait pas un raz-de-marée. Mais à Athènes, ce sont 10 000 à 15 000 travailleurEs et jeunes au total qui ont manifesté, même si c’est en trois rassemblements : d’un côté le KKE (PC) et son bras syndical PAME, d’un autre EKA et ADEDY avec Syriza – en cortège un peu fourni, une première depuis 2015 ! – et une partie de la gauche anticapitaliste, l’autre partie formant un troisième pôle avec les syndicats de base, NAR, Synantissi… Et on a compté aussi des milliers de manifestantEs dans le reste du pays, première réponse déterminée à un gouvernement qui multiplie les cadeaux au patronat et s’apprête à offrir ensuite au privé la gestion d’une partie des retraites.
A. Sartzekis
Athènes, le 9 mai 2021
Source https://tpt4.org/2021/05/12/un-1er-mai-prometteur-en-grece/
Importantes manifestations contre le projet de loi sur le travail supprimant la journée de travail de 8 heures, le paiement des heures supplémentaires.
Portant des masques et des banderoles, les manifestants ont commencé à affluer dans le centre-ville d’Athènes jeudi matin, les manifestations pour la fête du travail ayant été déplacées du 1er mai (samedi de Pâques) au 6 mai. La principale revendication des manifestants cette année est le retrait du nouveau projet de loi sur le travail qui supprimera la journée de travail de 8 heures ainsi que le paiement des heures supplémentaires.
Le syndicat du secteur public ADEDY, le Centre du travail d’Athènes et le syndicat du parti communiste, PAME, ont appelé à cette grève.
Les participants sont également des syndicats et des associations de travailleurs qui ont été économiquement frappés, notamment par les mesures de lutte contre la pandémie.
Vidéo : L’association des musiciens de Pnahellenic devant le Parlement grec https://twitter.com/i/status/1390202502952493062 https://youtu.be/urJW6SGDYkM
Les syndicats se disent « déterminés à résister aux plans du gouvernement pour le retour à des conditions de travail moyenâgeuses ».
Les hôpitaux travaillent avec du personnel d’urgence, le personnel s’étant joint à la grève.
La grève a entraîné des perturbations dans les transports, les syndicats du métro, des tramways et des trolleybus ayant rejoint la grève de 24 heures et les navetteurs se rendant au travail avec des véhicules privés.
Grève de 24 heures
Lignes 2 et 3 du métro ainsi que la ligne 1 (train urbain ISAP)
Ferries et navires
Arrêt de travail de 4 heures
Contrôleurs aériens entre 11 heures et 15 heures jeudi.
Quatre vols internationaux et 14 vols intérieurs d’Aegean et Olympic Air ont été annulés, tandis que les heures de départ et d’arrivée de neuf autres vols internationaux et de 20 vols intérieurs ont été modifiées.
AFP
Quelque 6000 personnes ont défilé lors de plusieurs manifestations à Athènes, a indiqué une source policière. Des manifestations se tenaient aussi dans d’autres grandes villes du pays.
Il s’agit de la deuxième grève en Grèce cette semaine. Mardi, de nombreux employés des transports publics ont participé à une grève générale à l’appel de la Confédération générale des travailleurs grecs (GSEE) pour la célébration de la fête du travail.
Le ministre du Travail, Costis Hatzidakis, a déclaré que les nouvelles règles permettent au personnel de négocier avec la direction la possibilité de travailler plus d’heures pendant une partie de l’année, et de prendre ensuite plus de congés.
Pour les partis d’opposition, la réforme constitue au contraire un « retour en arrière douloureux » en matière de droit du travail – et les critiques affirment qu’elle officialise l’exploitation des heures supplémentaires par des patrons sans scrupules, qui se pratique déjà depuis des années.
« Les heures supplémentaires non rémunérées sont un problème central du marché du travail grec (…et) les mécanismes d’inspection du travail ont été démantelés« , a déclaré Nassos Iliopoulos, porte-parole du principal parti d’opposition, Syriza, sur Skai TV.
Il a également souligné que, dans le cadre du nouveau système, les travailleurs négocieront sans négociation collective, et seront donc à la merci des employeurs.
« C’est une proposition pour une main-d’œuvre flexible et mal payée, une proposition du passé« , a-t-il déclaré.
Les syndicats s’opposent également aux changements prévus par la loi concernant le vote des grèves, le gouvernement cherchant à permettre à leurs membres de voter à distance.
Source https://www.keeptalkinggreece.com/2021/05/06/greece-proststs-labor-bill/
traduit avec www.DeepL.com/Translator (version gratuite)
Vous trouverez ci-dessous l’appel à mobilisation pour soutenir les solidaires de Briançon poursuivis pour délit de solidarité.
Les procès auront lieu :
– le 22 avril au Tribunal de Gap en première instance pour deux maraudeurs interpellés le 19 novembre alors qu’ils étaient en train de porter secours à une famille afghane sur le territoire français .
– le 27 mai à la Cour d’Appel de Grenoble pour les 3+4 de Briançon suite à la manifestation antifasciste du 22 avril 2018 (en réponse à l’occupation du col de l’Echelle par le groupement « Génération Identitaire »)
Vous pouvez les soutenir :
– en signant la pétition pour exiger leur relaxe http://chng.it/TbYL4kjZ
– en les soutenant financièrement https://www.papayoux-solidarite.com/fr/collecte/appel-a-soutien-3-4-2-de-briancon
– en transférant cet appel à vos réseaux amis et militants
– et enfin par votre présence devant les tribunaux lors des procès
Vidéo d’appel à mobilisation : https://www.youtube.com/watch?v=75yELKZGlXI
NOS MONTAGNES NE DEVIENDRONT PAS UN CIMETIÈRE !
L’équipe du Comité de soutien aux 3+4+2
Contact : relaxe3.4.2briancon@gmail.com
Voir l’appel Appel à soutien Brianconnais
Depuis quelques semaines, les rues d’Athènes, de Thessalonique, et de plusieurs autres villes de Grèce grondent de colère face aux mesures du gouvernement de droite, aux déclarations des dirigeants politiques, à la manipulation médiatique et aux violences policières. La grève de la faim du détenu Dimitris Koufontinas, ancien dirigeant du groupe « 17 Novembre » a également permis de révéler le visage répressif du gouvernement et alimenté les protestations de la rue. Confronté à l’échec patent de sa gestion de la crise sanitaire et à l’effondrement d’une économie dépendante de la mono-industrie du tourisme, le pouvoir poursuit sa fuite en avant autoritaire.
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Une contestation qui s’amplifie
Usant et abusant de la force, la police est en première ligne pour faire régner la terreur, allant même jusqu’à menacer de mort des manifestant.e.s[1]. Elle bénéficie du soutien indéfectible du gouvernement de Kyriakos Mitsotakis, qui a augmenté le budget qui lui est destiné de plusieurs millions. Parmi les nombreuses mesures liberticides de Mitsotakis figure la création d’une nouvelle unité chargée de surveiller les campus et de se livrer à la chasse aux groupes militants de gauche et anarchistes. Des millions d’euros lui seront consacrés, qui ne seront pas investis dans le système de santé, dans l’éducation, dans l’aide à l’accès au logement, ou dans l’aide aux ménages en difficulté, aux personnes âgées, à celles qui sont vulnérables, ou encore aux personnes demandeuses d’asile. L’argent public coule également à flot pour l’armée et le renforcement de la marine militaire, face à un conflit latent avec la Turquie autour des gisements gaziers en mer Égée et en Méditerranée orientale. De l’argent encore est généreusement alloué à des médias (20 millions inéquitablement distribués pour diffuser des messages sur le coronavirus) contrôlés par le premier ministre lui-même lequel ne s’est pas privé, dès le début de son mandat, de centraliser le contrôle de la presse autour de sa propre fonction. Les mensonges ainsi relayés sont de plus en plus énormes : l’information est systématiquement tronquée dans le but de masquer l’autoritarisme du gouvernement et les scandales à répétition qui touchent le cercle proche de Mitsotakis, dont celui qui met en cause l’ancien directeur du Théâtre national grec de pédophilie, un protégé du gouvernement.
Impunité, violence, corruption, état d’exception permanent, la démocratie ne cesse de s’effriter en Grèce. Le 8 mars, une famille assise sur un banc de la place centrale de Nea Smyrni, une banlieue de classes moyennes d’Athènes, a été interpellée par des policiers car, dans le cadre des mesures de confinement, il est interdit de s’asseoir dans l’espace public. Un jeune homme s’est interposé pour protester contre cette apparente absurdité. Les policiers l’ont violemment frappé à coups de matraque en acier, dont l’usage par la police est pourtant interdit. L’incident n’est pas anecdotique, il révèle l’ampleur de la crise politique que traverse le pays. De nombreuses manifestations sont organisées malgré l’interdiction des rassemblements, pour dénoncer l’autoritarisme, les mesures sanitaires répressives, les abus policiers, l’intransigeance à l’égard du gréviste de la faim Dimitris Koufontinas (et la loi contre les mouvements organisés dans les Universités, etc). Après les urnes en 2015, face à la Troïka, et les bancs des tribunaux, où s’est tenu jusqu’en octobre 2020 le procès d’Aube Dorée, la rue est devenue aujourd’hui le seul lieu de combat pour une démocratie en perdition.
Une police universitaire pour mater les campus
En février, le parlement grec votait une loi qui vise à instaurer une unité de police « spéciale » destinée à surveiller les campus universitaires. La Grèce devient ainsi le seul (ou le premier ?) pays européen à se doter d’une telle police universitaire : pas moins de 1030 policiers, équipés de matraques et de sprays anti-agression. La présentation du projet de loi, un mois auparavant, avait suscité la colère des étudiant.e.s, soutenus par l’ensemble de la gauche et par une grande partie de l’opinion choquée par le souvenir ravivé des jours sombres de la dictature des colonels. Des mobilisations importantes ont eu lieu dans toute la Grèce, et se sont poursuivies pendant plusieurs semaines. Elles ont été violemment réprimées. Outre l’usage systématique de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes, les policiers ont violemment frappés les étudiant.e.s, même celles et ceux qui étaient menotté.e.s. Les journalistes, les enseignant.e.s et les parents, n’ont pas échappé aux coups de matraque.
Sous prétexte de répondre à un « besoin sécuritaire », la loi pour les Universités (dite loi Éducation) du gouvernement cache une volonté d’écraser les mouvements de contestation qui s’organisent sur les campus. Pour ceux et celles qui se souviennent de l’insurrection étudiante et populaire de novembre 1973 contre la dictature des colonels, au cours de laquelle un char militaire avait littéralement défoncé l’enceinte de l’Ecole Polytechnique d’Athènes , marquant une répression qui a fait des dizaines de morts, la nouvelle loi pour les Universités apparait comme une menace évidente pour la démocratie. Le souvenir du 17 novembre 1973, une date qui a marqué le début de la fin de la junte militaire, a conduit, quelques années plus tard, à l’interdiction pour les forces de l’ordre d’entrer dans les campus. Cette garantie des libertés au sein des campus, appellée en grec « l’asile universitaire », fut instaurée en 1982 par le premier gouvernement socialiste d’Andréas Papandréou. Supprimée une première fois en 2011, par un PASOK désormais converti au néolibéralisme musclé, rétablie par Syriza en 2017, elle est de nouveau abrogée par Mitsotakis et une majorité au parlement en août 2019,.
Pour rajouter à la provocation, le budget annuel prévu pour cette unité spéciale représente la première année de sa constituion plus de la moitié de celui alloué à l’enseignement supérieur dans son ensemble : 20 millions d’euros pour la police universitaire, auxquels il faut ajouter 30 millions pour son équipement, contre 91,6 millions d’euros pour l‘enseignement supérieur.[2]. Malgré l’opposition d’un grand nombre d’universitaires, et même de la fédération nationale de la police[3], et les mobilisations qui ont eu lieu durant plusieurs semaines dans le pays pour exiger l’abandon du projet, le parlement a voté la loi le 11 février dernier.
Avant même la constitution de cette unité spéciale, les violences policières dans les campus universitaires ne se font pas attendre. Pour ne citer qu’un seul exemple, le 11 mars dernier, les étudiant.e.s de l’Université Aristote de Thessalonique ont été brutalement pris à partie lors de la fin, pourtant annoncée, d’une occupation des locaux de l’administration débutée deux semaines auparavant. La police a pénétré dans le campus quelques heures plus tôt, sans attendre la libération des lieux, et a attaqué au moment des prises de parole annonçant le départ des occupant.e.s[4].
La loi nouvellement adoptée vise également à modifier le système d’admission des étudiant.e.s et à réduire la durée des études, à quelques exceptions près, prévues pour celles et ceux qui doivent travailler pour payer leurs études et pour les personnes confrontées à des problèmes de santé. Un seuil d’admission plus strict sera également imposé. Il s’agit de limiter l’accès à l’enseignement supérieure public. Une grande partie des jeunes se retrouveront exlu.e.s ou privé.e.s d’accès au bénéfice d’établissements privés, à condition bien sûr de pouvoir payer les droits d’inscriptions. Répression accrue et renforcement des discriminations de classe, tels sont les deux volets de la politique gouvernementale à l’égard de l’enseignement supérieur.
La brutalité policière à son comble
L’incident de Nea Smyrni a révélé l’impunité d’une police qui se livre à des violences à l’encontre de la population.
Une vidéo diffusée largement sur les réseaux sociaux[5] – devenus une alternative essentielle à la désinformation des médias dominants aux mains d’oligarques proches du gouvernement – illustre l’ampleur du régime de terreur qui s’installe progressivement sous couvert du confinement strict pour cause de crise sanitaire. Cette fois, il ne s’agissait ni d’une manifestation, ni d’un rassemblement, ni d’une occupation de locaux, mais d’un jeune homme qui a voulu protester contre l’amende que des policiers étaient sur le point d’infliger à une famille assise sur un banc.
500 personnes se sont rassemblées le jour-même pour protester contre l’agression policière, elles ont été violemment dispersées. S’en sont suivi des dénonciations et des annonces molles de la part du Ministre de l’ordre public, Michalis Chrysochoides. Aristotelia Peloni, porte-parole de l’exécutif, a déclaré que le gouvernement « essaie (…) de sortir le pays de cette crise sanitaire sans précédent avec le moins de pertes possibles. Malheureusement, l’opposition exploite les tensions et enflamme le climat politique et social ».[6] À l’opposé de ces accusations, une fraction du syndicat de la police a déclaré que « les violences policières excessives et inutiles des derniers jours sont dues à des ordres venus d’en haut. »[7]
Deux jours plus tard, près 15.000 personnes se sont rassemblées dans ce quartier d’Athènes, réputé calme, dont la population est issue de la classe moyenne. Lors de ce rassemblement, un policier a été blessé, ainsi que des dizaines de manifestant.e.s. Les médias se sont immédiatement saisis de l’incident pour affirmer que les actes commis à l’encontre du policier étaient le fait de partisans de Syriza, ce qui s’est très vite avéré un mensonge grossier. Les arrestations effectuées quelques heures plus tard par la police elle-même ont révélé qu’il s’agissait vraisemblablement de hooligans de clubs de foot qui avaient annoncé préalablement leur participation au rassemblement sur les réseaux sociaux.
Les médias dominants ont relayé en boucle les images de l’agression du policier, en omettant délibérément de montrer les milliers d’images qui attestent de la brutalité policière et qui circulent quotidiennement sur la toile[8], les nombreuses arrestations qui s’ensuivent, et les violences et agressions sexuelles commises lors des gardes à vue. Cerise sur le gâteau, le premier ministre ne s’est pas privé d’affirmer lui aussi la responsabilité des membres de Syriza pour les violences survenues ce jour-là. L’acharnement contre l’opposition vient de tous les côtés.
La grève de la faim Dimitris Koufontinas
Si Dimitris Koufontinas n’avait pas annoncé, dimanche 14 mars, qu’il arrêtait la grève de la faim entamée depuis plus de deux mois pour dénoncer ses conditions de détentions injustes – et surtout illégales – sa mort aurait été de la responsabilité directe du Premier ministre lui-même.
Ancien membre du groupe 17 Novembre, âgé aujourd’hui de 63 ans, Koufontinas a reconnu sa participation dans plusieurs assassinats dont celui du beau-frère de l’actuel Premier ministre, Pavlos Bakoyiannis[9]. Après toutes ces années de prison, la loi prévoit pour tous les détenus des conditions d’incarcération moins strictes. Or, sa demande de transfert depuis la prison de haute sécurité où il a été placé par le gouvernement actuel vers la prison de Korydallos a été refusée jusqu’au vote d’une loi faite sur mesure pour son cas début mars, quelques mois après sa demande. Parmi les six partis représentés au Parlement grec, quatre se sont positionnés en faveur de la demande de transfert de Koufontinas. Ils ont été suivis par l’Association des juges et procureurs et de nombreuses organisations, personnalités, journalistes, médecins, artistes, universitaires, y compris au niveau international. Des mobilisations massives ont eu lieu en Grèce, qui ont rassemblé l’ensemble des mouvements de la gauche radicale (collectifs, syndicats, mouvements étudiants, etc …) ainsi que les groupes anarchistes.
Mais Mitsotakis n’a pas cédé à la pression populaire et déclaré qu’il ne cèderait pas au chantage du « terroriste ». D’un point de vue juridique, cette qualification est infondée, puisque la notion même n’a été introduite dans la loi grecque qu’en 2004, après son procès. Koufontinas a été ainsi privé de ses droits de manière totalement arbitraire, à la grande joie des médias dominants, de l’extrême-droite, des forces de l’ordre et de l’ambassade des États-Unis. L’« affaire Koufontinas » a révélé une fois de plus, mais de manière encore plus brutale, que les dirigeants grecs s’estiment au-dessus de leurs propres lois. La législation est modifiée après coup en fonction de ce qui les arrange , conduisant à un régime d’exception qui ne nécessite aucune justification légale ou politique -l’invocation du « terrorisme » ou du coronavirus semblent en effet suffire à la propagande médiatique. .
Placé dans l’unité de soins intensifs à l’hôpital de Lamia, le prisonnier a échappé à la mort, le 24 février, lorsque les autorités judiciaires ont ordonné son alimentation forcée au 48ième jour de grève de la faim. Cette mesure est considérée comme un acte de torture selon la législation internationales, à moins que le gréviste soit « capable de former un jugement rationnel et intact »[10]. Dans le cas de Koufontinas, elle a été ordonnée par le procureur du tribunal local de première instance, une décision prise sans concertation qui a montré que le pouvoir n’était pas disposé à céder, condamnant ainsi implicitement à mort le gréviste
C’est finalement la mobilisation populaire multiforme et le soutien international qui a incité Dimitris Koufontinas à annoncer l’arrêt de sa grève de la faim le 14 mars. Un appel des mouvements de gauche a également été lancé le 64ème jour de la grève, après l’épuisement de tous les recours légaux pour obtenir le transfert dans la prison de Korydallos, qui demandait à Koufontinas de se réalimenter tant que la mobilisation se poursuivait.
Une fuite en avant autoritaire qui se poursuit
Le bref aperçu des luttes qui ont (et qui continuent de) mobiliser des milliers de personnes en Grèce, et ailleurs dans le monde en solidarité, contre la création d’une police universitaire et les violences d’une police agissant en toute impunité, avec le soutien des médias et du gouvernement, marque le début d’une montée des luttes et des résistances sociales. Le mouvement pour la liberté et la dignité du peuple grec rejoint les combats des peuples de Belgique, de France, d’Angleterre, d’Italie, d’Espagne, de Turquie, de Chypre et d’ailleurs, c’est pourquoi il est important de faire circuler l’information. La mobilisation de rue et la solidarité sont au centre de ce combat pour une démocratie en perdition. Les Grec.que.s ne sont pas dupes, ils et elles savent que derrière l’affaire Koufontinas se cachent les Etats-Unis, et que derrière la loi Éducation et les violences policières, on retrouve la mouvance néofasciste d’Aube Dorée. En octobre dernier, les mouvements antifascistes criaient « les nazis en prison », appelant le tribunal à condamner les membres d’Aube Dorée. Demain ils et elles appelleront les membres de Nouvelle Démocratie à les rejoindre.
Merci à Marina Kontara pour ses suggestions et sa relecture.
[1] Le chef de la brigade « Drasi » (Action) n°36 a été filmé en train de dire à ses subordonnés qu’ils pouvaient tuer des manifestants : https://www.youtube.com/watch?v=csD6-Juy5GI
[2] https://www.lemonde.fr/international/article/2021/02/12/en-grece-le-gouvernement-instaure-une-police-speciale-dans-les-universites_6069728_3210.html
[3] https://www.bastamag.net/Non-aa-la-police-dans-les-universitees-tribune-contre-une-nouvelle-loi-liberticide-en-Grece
[4] Voir la video https://www.youtube.com/watch?app=desktop&v=DDhGgSwKRoU&feature=share
[5] https://www.youtube.com/watch?v=8GgEyOPgkyk.
[6] https://www.lefigaro.fr/flash-actu/grece-tolle-apres-une-intervention-musclee-de-la-police-pour-faire-respecter-le-confinement-20210307
[7] https://www.keeptalkinggreece.com/2021/03/08/greece-police-beat-citizen-nea-smyrni/
[8] Un site internet nommé très ironiquement « memonomena peristatika » (incidents isolés), regroupe des images de violences policières afin de démontrer qu’il s’agit bien d’incidents systématiques et pas du tout « isolés » comme le prétendent les médias : https://memonomenaperistatika.gr/
[9] Sur le procès du groupe et le contexte historique, cf. Eleni Varikas , « Grèce : quand la procédure pénale écrit l’histoire », Vacarme, 2003, n° 23, p. 120-123. en libre accès sur cairn.info/revue-vacarme-2003-2-page-120.htm
[10] https://www.keeptalkinggreece.com/2021/02/24/koufontinas-force-feeding-court/
Source https://www.contretemps.eu/grece-democratie-autoritarisme-repression/
« On ne retire aucun mot, on ne baisse pas d’un décibel »
Solidarité avec les artistes en lutte
Nous subissons une énorme attaque du capitalisme et de la soi-disant « démocratie » qui le sert. Cette attaque nous frappe sur les lieux de travail, elle a frappé les étudiants et frappe maintenant même le monde de l’art.
Dans notre pays, le pouvoir a abandonné les artistes au chômage. Au moment où tous les lieux de culture sont fermés, il préfèrent donner de l’argent aux flics, aux médias et aux grandes entreprises (Aegean, Entrepreneurs des péages) au lieu d’accorder une allocation aux artistes pour qu’ils puissent vivre. Mais que peut-on attendre d’un gouvernement qui cherche sa clientèle dans les églises plutôt que dans le théâtre.
Mais il n’en est pas resté là. Il a ensuite tenté de faire adopter une loi qui contrôlerait également l’Art, poursuivant toute personne qu’ils considéraient comme une menace. Si nous ne résistons pas, la Loi contre l’Art sera – sous une forme ou une autre – un fait accompli. Cela devient plus effrayant encore si l’on pense que d’armes supplémentaires sont données au Service (anti)-terroriste qui a emprisonné Irianna et Theofilou, fabriquant des preuves contre eux comme il sait si bien le faire.
Cette tentative de faire taire tous ceux qui résistent, s’étend à d’autres pays que la Grèce.
En Espagne, un artiste, le communiste catalan Pablo Hasel, est en prison pour avoir commis le « crime » d’insulter le roi. On dirait une actualité des années 1920, mais cela s’est produit juste avant-hier. Au XXIe siècle, il y a encore des rois, avec ou sans couronne. Quand on les défie véritablement, ils vous persécutent sous couvert d’une prétendue démocratie. Contre Hasel, l’Etat espagnol a avec lui tous les puissants, à l’intérieur et à l’extérieur des frontières. Activement ou avec leur silence consentant. Le roi, le gouvernement social-démocrate, l’Union européenne, les descendants de Franco.
Nous, en Grèce, en Turquie, en Catalogne, tout ce que nous avons, c’est nous-mêmes – la Solidarité internationale.
Nous, les travailleurs et travailleuses de SE VIOME, ressentons le besoin de soutenir les travailleurs de l’Art. Car pendant toutes ces années, des centaines de personnes sont venues dans notre usine pour montrer leur solidarité et dresser leurs partitions comme un bouclier contre la répression.
Les ouvriers de l’usine VIOME occupée envoient leur solidarité à Pablo Hasel et à tous les artistes qui se battent contre les rois, qu’ils aient des trônes ou de grandes entreprises.
#PabloHaselLibertad