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Froid et neige dans les camps de migrants

Une vague de froid s’abat sur la Grèce, le 16 février 2021. Capture d’écran Twitter

Les températures hivernales, proches de zéro, qui touchent actuellement la Grèce compliquent le quotidien des migrants, éprouvés par ce froid. Dans certains camps, les exilés vivent coupés du monde, sans eau ni électricité. Le Haut-commissariat pour les réfugiés, inquiet, a offert ces derniers jours des radiateurs dans les camps.

Neige, vent fort et glacial… Une vague de froid touche actuellement la Grèce, compliquant durement le quotidien des migrants vivant dans les camps du pays. « La situation est dramatique. Imaginez un peu, tout est blanc, recouvert de neige. Aucune infrastructure dans les camps n’est faite pour résister à ce temps », explique George, membre du collectif « Greek forum of Refugee » interrogé par InfoMigrants. « Même les routes sont fermées, je ne sais même pas si on peut accéder à certains camps. »

A Athènes, dans le camp de migrants de Malakasa où vivent plus de 1500 personnes, la neige a totalement recouvert les habitations. « Le camp est enterré sous la neige », écrivent des militants sur Twitter. L’eau et l’électricité ne fonctionnent plus. Pus de 700 enfants vivent là.

https://twitter.com/i/status/1361663789918208000

Même constat dans le camp athénien d’Eleonas. Sur les réseaux sociaux, les photos de tentes recouvertes par la neige ou de migrants pieds nus sont partagées par des journalistes et des collectifs d’aide aux exilés. Les migrants se réchauffent comme ils peuvent autour de feux de camp.

« Le robinet gèle »

Mahmoud, un demandeur d’asile afghan, qui vit dans le camp de Diavata à Thessalonique, dans le nord du pays, témoigne des mêmes conditions météo. « On m’a attribué une place dans un conteneur. Il fait moins froid à l’intérieur, c’est vrai, mais dès qu’on sort, on se met à grelotter. Cette année l’hiver est glacial, c’est l’enfer pour ceux qui dorment sous les tentes », raconte-t-il à InfoMigrants. « Lorsqu’un migrant doit se doucher, il doit laisser l’eau couler sinon le robinet gèle. »

Dans le camp de Diavata à Thessalonique, la neige complique la vie des migrants. Crédit : DR

Dans le camp de Diavata à Thessalonique, la neige complique la vie des migrants. Crédit : DR

Dans les îles à l’autre bout du pays, à Lesbos ou Samos, la situation est tout aussi problématique. « Je crois qu’il y a des endroits, sur les îles, où il n’y a plus non plus d’électricité », continue George du « Greek Forum of Refugees ».

Inquiète, la section grecque du Haut commissariat des réfugiés (HCR) a offert ces derniers jours « des radiateurs » dans les camps à travers le pays.

« Personne n’est en danger », selon le gouvernement grec

Le gouvernement se veut pourtant rassurant. « Personne n’est en danger dans le camp sur l’île de Lesbos », le plus peuplé du pays abritant plus de 6 000 demandeurs d’asile, a déclaré le secrétaire général de l’Asile, Manos Logothetis.

https://twitter.com/i/status/1361384886838435847″Nous œuvrons quotidiennement pour améliorer les conditions des camps d’accueil sur les îles », a-t-il ajouté, cité dans un média local.

A Lesbos, le camp sordide de Moria ravagé par deux incendies consécutifs en septembre a été remplacé par un camp temporaire érigé à la hâte sur un terrain inondable et en plein vent où des ONG dénoncent depuis des mois les mauvaises conditions et le manque d’infrastructures.

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Source https://www.infomigrants.net/fr/post/30294/une-vague-de-froid-et-de-neige-s-abat-sur-les-camps-de-migrants-en-grece

SOS MEDITERRANEE : retour sur 4 sauvetages

Retour en mer de l’Ocean Viking : 797 personnes secourues en 2021

Pour la première fois depuis le début des opérations de sauvetage avec l’Ocean Viking, nos équipes se sont retrouvées avec plus de 400 personnes rescapées à bord dont des jeunes enfants, des bébés, des femmes enceintes et des malades. Hier toute la journée et ce matin même, elles ont finalement pu débarquer à Augusta, en Sicile. Depuis le retour de l’Ocean Viking en Méditerranée centrale le 11 janvier dernier, 797 personnes ont été secourues par nos équipes tandis que les traversées continuent et que d’autres sont refoulées et renvoyées en Libye par les garde-côtes libyens.

Retour sur quatre sauvetages mouvementés en février

Elles sont originaires du Soudan (Nord), de la Côte d’Ivoire, du Mali, du Nigéria ou d’autres pays africains… En moins de 48 heures, un total de 423 personnes, parmi lesquelles 149 mineur.e.s dont 83% n’étaient pas accompagné.e.s et 37 femmes, ont été secourues par l’Ocean Viking la semaine dernière.

Ce jeudi 4 février, à 30 milles marins de Al Khoms, en Libye, aux premières lueurs du jour, un membre de l’équipe de sauvetage posté sur la passerelle repère à la jumelle une embarcation pneumatique en péril. L’alerte est donnée. Les canots de sauvetage sont aussitôt mis à l’eau et se rapprochent de la position. Il y a urgence  :  l’opération s’avère difficile et plusieurs personnes passent par-dessus bord. Mais nos équipes aguerries parviennent à les hisser dans le canot de sauvetage. Ce sont 121 rescapé.e.s, parmi lesquel.le.s 19 femmes et deux enfants en bas âge, qui sont mis en sécurité à bord de l’Ocean Viking.

A peine les équipes ont elles terminé ce premier sauvetage que le Moonbird, l’avion de l’ONG Sea Watch,  signale une seconde embarcation en détresse. Cette fois, ce sont 116 personnes qui seront mises en sécurité à bord de notre “navire ambulance” dont neuf enfants âgés de 12 ans et moins. Sur la passerelle, la veille continue.

La nuit sera courte. Un peu avant 7 heures du matin, le vendredi 5 février, l’équipe de sauvetage repère une embarcation pneumatique à la jumelle. A 9h, le sauvetage de 70 naufragé.e.s est achevé, dans les eaux internationales, à 40 milles nautiques de Al Khoms.

Alors même que nos équipes sont toujours engagées dans cette troisième opération, l’Ocean Viking est alerté d’un nouveau cas de détresse à proximité. Il s’agit encore une fois d’un bateau pneumatique.  L’embarcation de fortune est tellement surchargée que l’équipe doit déployer deux radeaux pneumatiques où répartir les naufragé.e.s pour stabiliser l’opération, avant de procéder au transfert des 116 femmes, hommes et enfants vers l’Ocean Viking.

Evacuation d’urgence et gestion de la Covid à bord

Ce vendredi après-midi, 423 personnes patientent sur le pont. La distribution d’eau, de nourriture, de vêtements secs et  de masques se poursuit, alors que la clinique ne désemplit pas. On y soigne les rescapé.e.s sans relâche: blessures et séquelles de torture, gale, douleurs, tests de grossesse… « Un cas particulièrement préoccupant  est sous observation : il s’agit d’un jeune Soudanais qui a une grave blessure à la tête après avoir été violemment battu en Libye… » explique Christine, la responsable de l’équipe médicale de SOS MEDITERRANEE.

Une patiente enceinte nécessite des soins intensifs qui ne peuvent être dispensés qu’à terre. En outre, elle et son compagnon sont testés positifs à la Covid-19. Le couple sera évacué en urgence samedi matin par un hélicoptère des Forces armées maltaises. Depuis, des tests rapides ont été menés notamment auprès des personnes rescapées ayant été en contact rapproché avec le couple : certaines d’entre elles seront testées positives. « Nous avions mis en place des procédures pour ce scénario, nous étions préparés et nous sommes en mesure d’isoler les cas positifs et de limiter la propagation de la COVID-19 à bord » déclare Luisa, la coordinatrice des opérations de recherche et de sauvetage à bord de l’Ocean Viking.

Dimanche, l’annonce arrive enfin : ce sera Augusta, en Italie. Le soulagement et la joie éclatent. Les femmes chantent, les enfants courent partout. Certains rient… pour la première fois depuis bien longtemps.

Ce lundi 8 février, les autorités sanitaires italiennes présentes à Augusta ont procédé à des tests de dépistage au Coronavirus en amont du débarquement : 49 personnes rescapées ont été testées positives. Aucun cas positif n’a été signalé parmi nos équipes mais elles seront soumises à une quarantaine de 14 jours.

L’hiver en Méditerranée centrale : des départs qui ne faiblissent pas

Il faut se figurer l’hiver en Méditerranée : des vagues atteignant parfois jusqu’à cinq-six mètres de haut qui menacent de renverser les embarcations de fortune qui s’y aventurent, le vent, le froid qui  engourdit jusqu’à l’hypothermie… Autant de risques qui pèsent sur les femmes, les hommes et les enfants qui tentent de fuir l’enfer libyen en prenant la mer.

Et pourtant, les tentatives de traversée sur des embarcations de fortune sont nombreuses. Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), en fin de semaine dernière, plus de 1000 personnes sont parties de Libye par la mer en 24 heures à peine. La majorité d’entre elles seront interceptées par les garde-côtes libyens et renvoyées vers l’enfer en dépit des conventions et des lois internationales. Nos équipes ont d’ailleurs été témoin d’une de ces interceptions le mardi 20 janvier (pour en savoir plus, c’est ici).

Ce début d’année est aussi marqué par le peu de moyens de sauvetage en Méditerranée centrale.

Qu’il s’agisse des deux navires de l’ONG allemande Sea Watch, de celui de Sea Eye ou du Louise Michel, ou encore du navire italien Mediterraneo, ils sont tous victimes de blocages administratifs et immobilisés à quai. Seule l’ONG espagnole Proactiva, qui vient d’arriver sur zone avec son navire l’Open Arms et son voilier l’Astral, est opérationnelle avec SOS MEDITERRANEE et l’Ocean Viking. Les avions de Sea Watch et de Pilotes volontaires ont par contre pu décoller et assister les rares navires humanitaires dans la recherche des embarcations en détresse. Une aide précieuse tant la zone à couvrir est vaste.

Alors que notre équipe entre  en quarantaine après avoir secouru 797 personnes depuis le 21 janvier dernier, nous savons qu’il nous faut revenir au plus vite sauver des vies en Méditerranée centrale où les besoins sont immenses.

Pour en apprendre davantage sur le contexte en mer ces dernières semaines, lisez les deux dernières éditions de notre série Regards sur la Méditerranée centrale du
3 février 2021 et du 20 janvier 2021.

Crédits photos : Fabian Mondl / SOS MEDITERRANEE, Julia Schaefermeyer / SOS MEDITERRANEE  et Hippolyte / SOS MEDITERRANEE

Source https://www.sosmediterranee.fr/journal-de-bord/journal-bord-09-02-2021

Camp de Lesbos contaminé au plomb

Le camp de Kara Tepe, sur l’île grecque de Lesbos. Crédit : : Mehdi Chebil pour InfoMigrants

Une partie du camp pour migrants de Lesbos est contaminée au plomb, ont indiqué la semaine dernière les autorités grecques, confirmant les craintes des humanitaires. Une vingtaine d’ONG ont exhorté mardi le gouvernement à évacuer « immédiatement » les migrants et à les transférer dans des « installations appropriées ».

Faisant suite aux demandes incessantes de plusieurs ONG, dont Human rights watch (HRW) et Médecins sans frontières (MSF), le gouvernement grec a finalement procédé fin novembre à des relevés d’échantillons de sol du camp pour migrants de Lesbos, afin de tester sa contamination au plomb.

Le site de Kara Tepe, qui accueille plus de 7 000 personnes, est situé sur un ancien champ de tir militaire. « Les champs de tir sont bien connus comme étant des sites contaminés par le plomb en raison des balles, des coups de feu et des douilles qui contiennent du plomb et se retrouvent dans le sol », avait alerté début décembre HRW. « Le plomb peut facilement se propager dans l’air, en particulier dans des conditions sèches et venteuses, qui existent souvent à Lesbos », expliquait alors l’ONG.

Manque de transparence des autorités

Bien que les résultats soient tombés le 8 décembre, les autorités ne les ont rendu publics que le 23 janvier, soit sept semaines plus tard. Selon le gouvernement, un seul échantillon – sur les 12 effectués – provenant d’une partie inhabitée du camp de Kara Tepe « présente une concentration de plomb supérieure aux normes » internationales, sans donner plus de précisions.

Dans la foulée, le ministère grec des Migrations et de l’Asile a annoncé l’ouverture d’une enquête d’une « commission d’experts constituée par le Bureau européen d’appui en matière d’asile (EASO) » pour analyser le sol du camp où ont été logés « temporairement » les migrants du camp de Moria, détruit par le feu en septembre.

Dans un communiqué publié mercredi, HRW regrette le manque de transparence des autorités et leur demande « de publier le plan de test et les résultats des tests, qui devraient inclure des informations telles que les niveaux de plomb pour chaque échantillon, les profondeurs de l’échantillon et les emplacements exacts (…) » des relevés effectués. Selon l’ONG, cette absence d’information ne permet pas « d’évaluer ce que les résultats représentent ou de recommander des stratégies spécifiques pour faire face aux risques identifiés ».

Si la zone contaminée au plomb n’est pas habitée par des migrants, elle est néanmoins utilisée par des ONG qui ont installé des bureaux dans cette partie du camp. Des habitants, y compris des enfants, font quotidiennement la queue devant les locaux des humanitaires pour obtenir du soutien et des informations. « Les jeunes enfants risquent d’ingérer du plomb lorsqu’ils jouent ou s’assoient sur un sol contaminé », insiste HRW.

« Arrêtez de jouer avec la vie humaine »

« Le gouvernement grec a sciemment construit un camp de migrants sur un champ de tir, puis a fermé les yeux sur les risques potentiels pour la santé des résidents et des travailleurs », a de son côté affirmé Belkis Wille, chercheur principal sur les crises et les conflits à HRW.

Face aux critiques des ONG, le ministère des Migrations et de l’Asile a répondu le 23 janvier que des mesures adéquates avaient été prises pour empêcher tout risque de contamination, en plus « des mesures préventives prises dès le début de l’installation du camp » en septembre. Des travaux seront prochainement réalisés dans les lieux contaminés comme l’ajout d’un nouveau sol, de gravier et d’une base de ciment.

Mais ces réponses ne convainquent pas les humanitaires. Mardi 26 janvier, une vingtaine d’ONG ont publié une déclaration commune appelant à « l’évacuation immédiate du camp et le transfert des demandeurs d’asile dans des installations appropriées ». « Arrêtez de jouer avec les vies humaines, il est urgent d’assurer la santé des résidents et des travailleurs dans le camp de Lesbos », ont exhorté les ONG.

Source https://www.infomigrants.net/fr/post/29905/lesbos-le-camp-de-migrants-contamine-au-plomb-les-ong-demandent-son-evacuation?fbclid=IwAR2vq2llRnYW7GstFvwSuE4y_yzrgoR1Rw3GLIAc0hJ_JxeYpeAOvUboCqA

Nous, élus, avons décidé de soutenir SOS Méditerranée

TRIBUNE. « Nous, élus, avons décidé de soutenir SOS Méditerranée » : l’appel de 28 collectivités pour « l’inconditionnalité du sauvetage en mer » »

Ces élus, maires et présidents d’intercommunalités, de conseils départementaux et régionaux ont décidé, avec leurs assemblées locales, d’apporter un soutien moral et financier à SOS Méditerranée, qui vient en aide aux migrants.

© Fournis par Franceinfo

Vingt-huit maires ou présidents de collectivités lancent un appel dans une tribune publiée sur franceinfo.fr jeudi 21 janvier pour soutenir SOS Méditerranée et pour « affirmer collectivement l’inconditionnalité du sauvetage en mer ». La Méditerranée est « la route migratoire la plus meurtrière au monde », rappellent les signataires, parmi lesquels figurent la maire de Paris, Anne Hidalgo, les maires de Lyon (Grégory Doucet), Marseille (Benoît Payan), Lille (Martine Aubry), Bordeaux (Pierre Hurmic) ou Grenoble (Eric Piolle). Ils appellent les villes, intercommunalités, départements et régions de France à apporter « leur soutien moral et financier » aux trois missions poursuivies par l’association SOS Méditerranée : secourir les personnes en détresse en mer, protéger les rescapés et témoigner.

Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas et appelons les villes, intercommunalités, départements et régions de France à soutenir SOS Méditerranée.

Plus de 20 000 personnes ont péri noyées ces six dernières années en tentant de traverser la Méditerranée sur des embarcations de fortune. L’Organisation internationale des migrations a dénombré 1 224 morts sur la seule année 2020, dont 848 sur l’axe reliant la Libye à l’Europe. Faute de témoins, le nombre de naufrages et de victimes est en réalité bien plus élevé.

Ainsi, aux portes de l’Europe, la Méditerranée confirme son terrible statut de route migratoire la plus meurtrière au monde.

« L’assistance, une obligation morale »

Pourtant, l’assistance aux personnes en détresse en mer est non seulement une obligation morale, valeur cardinale chez les marins, mais aussi un devoir inscrit dans les textes internationaux et dans le corpus législatif français. Pourtant, l’Europe dispose de tous les moyens techniques, financiers et humains pour sauver ces vies.

Or, face à cette tragédie au long cours, les États européens se sont progressivement soustraits à leur obligation de secours en mer et de débarquement des rescapés en lieu sûr. Les navires de l’opération Mare Nostrum ont d’abord été retirés. Puis la coordination des opérations de recherche et de sauvetage en Méditerranée centrale a été déléguée à la Libye, un pays dont les garde-côtes ne disposent ni des moyens ni des compétences pour assumer une telle mission, et qui en aucun cas ne peut être considéré comme sûr pour le débarquement des personnes secourues.

Pour pallier cette défaillance des États, des citoyennes et des citoyens décidés à agir afin de ne plus laisser mourir des milliers de femmes, hommes et enfants affrètent des navires et leur portent secours. Ainsi a été créée en 2015 SOS Méditerranée. Bien implantée en France et labellisée en 2017 “Grande cause nationale » par l’État, l’association a, depuis cinq ans, sauvé 31 799 personnes, avec l’Aquarius les premières années, puis avec l’Ocean-Viking à compter d’août 2019.

Pour SOS Méditerranée comme pour toutes les ONG de sauvetage intervenant en Méditerranée centrale, l’année 2020 aura été des plus éprouvantes. Au printemps, les ports fermés d’une Europe confinée les ont amenées à suspendre leurs missions de sauvetage, tandis que les départs depuis la Libye se poursuivaient. Au déconfinement, à peine avaient-elles repris la mer qu’un véritable harcèlement administratif s’est abattu sur elles, aggravant là des pratiques observées depuis 2017 et avec pour seul résultat de les empêcher de rejoindre les zones de secours. Les navires humanitaires ne sont d’ailleurs plus les seules cibles de ce cynisme depuis que, en août dernier, le pétrolier Maersk-Etienne a été empêché par les autorités maltaises de débarquer les naufragés qu’il avait auparavant recueillis à la demande de ces mêmes autorités… De son côté, poursuivant son leitmotiv de respect du droit, qui est au fondement même de sa mission, il aura fallu cinq mois à SOS Méditerranée afin de satisfaire aux exigences zélées des autorités italiennes et lever la détention dont a été victime l’Ocean-Viking pour, enfin, reprendre ses opérations en mer le 11 janvier dernier.

« Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas »

Parce qu’elle nous montre le cap du refus de l’indifférence et que nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas, en cohérence avec les actions déjà menées par nos collectivités pour l’accueil et l’intégration des personnes exilées, nous, élu·e·s, maires et président·e·s d’intercommunalités, de conseils départementaux et régionaux avons décidé, avec nos assemblées locales, de soutenir SOS Méditerranée et d’affirmer collectivement l’inconditionnalité du sauvetage en mer.

Nous appelons aujourd’hui tou·te·s les maires et président·e·s des villes, intercommunalités, départements et régions de France à rejoindre la plateforme des collectivités solidaires avec SOS Méditerranée, lancée ce 21 janvier 2021, et à apporter leur soutien moral et financier aux trois missions poursuivies par cette association :

• Secourir les personnes en détresse en mer grâce à ses activités de recherche et de sauvetage

• Protéger les rescapés, à bord de son navire ambulance, en leur prodiguant les soins nécessaires jusqu’à leur débarquement dans un lieu sûr

• Témoigner du drame humain qui se déroule en Méditerranée centrale

De la plus petite à la plus grande, du littoral et de l’intérieur, du Centre, du Sud, du Nord, de l’Est et de l’Ouest, toutes nos collectivités sont concernées, chacune à la mesure de ses moyens. Il s’agit de sauver des vies, sans distinction, et de faire vivre la devise républicaine qui fait battre le cœur de nos territoires : liberté, égalité, fraternité. Il s’agit de sauver nos valeurs et d’assumer la part qui est la nôtre dans ce qui est l’honneur de notre pays.

Tant que les États européens se soustrairont à leurs devoirs, nous serons là pour nous mobiliser et les rappeler à leurs responsabilités, nous serons aux côtés des citoyennes et des citoyens de SOS Méditerranée pour faire vivre sa mission vitale de sauvetage en mer.

>>> La plateforme des collectivités solidaires françaises

Les signataires :

Anne Hidalgo, maire de Paris, Philippe Grosvalet, président du département de Loire-Atlantique, Carole Delga, présidente de la région Occitanie, Georges Meric, président du département de Haute-Garonne, Michael Delafosse, maire de Montpellier, président de Montpellier Méditerranée Métropole, Serge De Carli, maire de Mont-Saint-Martin, président de la communauté d’agglomération de Longwy, Cédric Van Styvendael, maire de Villeurbanne, Loïg Chesnais-Girard, président de la région Bretagne, Nathalie Sarrabezolles, présidente du département du Finistère, Bertrand Affile, maire de Saint-Herblain, Jean-Luc Chenut, président du département d’Ille-et-Vilaine, Pierrick Spizak, maire de Villerupt, David Samzun, maire de Saint-Nazaire, Thomas Dupont-Federici, maire de Bernières-sur-Mer, Martine Aubry, maire de Lille, Hermeline Malherbe, présidente du département des Pyrénées-Orientales, Bertrand Kern, maire de Pantin, Grégory Doucet, maire de Lyon, Pierre Hurmic, maire de Bordeaux

Benoît Payan, maire de Marseille, Hélène Sandragne, présidente du département de l’Aude, Eric Piolle, maire de Grenoble, Nathalie Appéré, maire de Rennes, présidente de Rennes Métropole, Hervé Neau, maire de Rezé, Kléber Mesquida, président du département de l’Hérault, Alain Lassus, président du département de la Nièvre, Johanna Rolland, maire de Nantes, Pierre Laulagnet, maire d’Alba-la-Romaine.

Source https://www.msn.com/fr-fr/actualite/monde/tribune-nous-%C3%A9lus-avons-d%C3%A9cid%C3%A9-de-soutenir-sos-m%C3%A9diterran%C3%A9e-lappel-de-28-collectivit%C3%A9s-pour-linconditionnalit%C3%A9-du-sauvetage-en-mer/ar-BB1cXcvB?ocid=wispr&li=BBoJvSH

Ramené·es à la frontière plutôt qu’à l’hôpital

Communiqué de presse du Collectif Maraude du Briançonnais

Ramené·es à la frontière plutôt qu’à l’hôpital

Samedi 16 janvier 2021, un peu avant 16 heures, l’hélicoptère du secours en montagne a déposé une famille exilée au poste de frontière de Montgenèvre au lieu de l’amener à l’hôpital. La manière dont s’est déroulé ce secours, à plus de 2000m d’altitude, d’un nourrisson de quelques jours, de son frère d’à peine un an et de leurs parents constitue une nouvelle escalade du gouvernement français dans le mépris des droits fondamentaux et la mise en danger des personnes exilées.

Les maraudeuses et maraudeurs présent·es à Montgenèvre samedi sont resté·es stupéfait·es en voyant l’hélicoptère se poser devant le poste de la police de l’air et des frontières (PAF) et faire descendre la famille. Ce n’est pas une pratique habituelle des secours en montagne et cela constitue clairement une mise en danger de cette famille.

« Il est impossible d’estimer l’état de santé d’un nourrisson à l’intérieur d’un hélicoptère. Ils auraient dû être emmené·s à l’hôpital ! D’ailleurs ils l’auraient certainement été s’ils n’étaient pas exilé·es » –  Justine Wyts, médecin généraliste bénévole maraudeuse pour Médecins du Monde, ayant assisté à la scène.

Ce samedi, cette famille et 18 autres exilé·es sont resté·es une dizaine d’heures dans les locaux de la PAF. Une fois n’est pas coutume, les services de la PAF ont, en pleine nuit, confié à l’association Tous Migrants la charge de mettre à l’abri ces 22 personnes :11 adultes dont 4 personnes âgées et 11 enfants. « Je veux les confier à votre association » a dit un policier à une bénévole de Tous Migrants en l’appelant autour de 1h du matin. C’est seulement le lendemain, dans la presse, que nous apprenons qu’avant de les relâcher, la préfecture leur à délivrer des Obligations de Quitter le Territoire Français, et des Interdictions de Retours sur le Territoire Français.

Un des bénévoles appelé par la PAF cette nuit-là, était convoqué le 18 janvier pour une audition libre au motif d’aide à l’entrée de personnes en situation irrégulière, suite à une interpellation le 11 janvier. Cette audition libre a étrangement été annulée suite aux évènements du 16 janvier.

L’État militarise la frontière, traque les exilé·es et les reconduit quasi systématiquement en Italie sans même vérifier s’ils souhaitent demander l’asile en France. Cela constitue une violation du droit d’asile, des droits fondamentaux des personnes exilées à la frontière et, comme en témoigne la multiplication des secours en montagne et des hospitalisations, poussent ces derniers à prendre de plus en plus de risques pour rentrer en France.

Au lieu d’accueillir, l’État français rejette le problème, ferme les yeux et ose réprimer les citoyennes et citoyens qui appliquent le principe de fraternité et de solidarité. Ces dernières semaines les forces de l’ordre présentes à la frontière italienne ont augmenté la répression contre les Solidaires. Les contrôles arbitraires, notifications d’amendes, auditions libres et autres pressions envers les citoyens et citoyennes qui chaque soir essaient de porter assistance aux exilé.es se sont multipliés.

« La nuit du 8 janvier 2020, j’ai été contrôlé 4 fois par deux équipes de gendarmes alors que je maraudais dans Montgenèvre. Cette même soirée, j’ai été notifié de trois amendes alors que j’étais en possession de mon ordre de mission et de mon attestation dérogatoire de déplacement délivrés par l’association Tous Migrants ». – Un maraudeur

Les maraudeurs et maraudeuses dénoncent cet harcèlement qui n’a pour but que de fragiliser les dynamiques de solidarité qu’elles et ils ont construites depuis 2015. Entre le 8 et le 13 janvier, près d’une trentaine de notifications d’amende pour non-respect du couvre-feu ont été faites à l’encontre des maraudeurs et maraudeuses. Faut-il rappeler que les maraudes citoyennes, ainsi que l’unité mobile de mise à l’abri de Tous Migrants et Médecins du Monde rentre dans le cadre des dispositifs d’aides maintenus pendant le couvre-feu ? Du moins c’est ce que confirme Emmanuelle Wargon dans le communiqué du ministère chargé du logement daté du 17 octobre 2020 : « les maraudes et équipes mobiles auront leur activité maintenue grâce aux attestations que salariés et bénévoles pourront remplir et faire valoir ». La Préfecture des Hautes-Alpes et le Procureur sont informés de ces dispositifs. Les séries de contrôles et d’amende envers les maraudeurs et maraudeuses sont donc totalement abusives et doivent cesser. La solidarité ne peut être criminalisée.

L’unité mobile de mise à l’abri a permis depuis le mois de septembre de porter assistance à 196 personnes  dont :

  • au moins 12 familles
  • plus d’une cinquantaine d’enfants, dont 9 bébés (un avait 12 jours) et de nombreux enfants en bas âge ;
  • une dizaine de personnes âgées ; 
  • 4 mineurs non-accompagnés

Les pompiers et unités de secours n’arrivent pas toujours à temps. En militarisant la frontière et en criminalisant la solidarité, l’État se rend responsable des drames qui ont lieu aux frontières. Il n’est pas trop tard pour ouvrir les yeux. Le gouvernement français doit prendre ses responsabilités et cesser cette politique illégale, illégitime, dangereuse et barbare. Il en va de vies humaines.

Le Collectif Maraude,

constitué de plus de 200 citoyennes et citoyens

et des associations Tous Migrants, Médecins du Monde

Camp de Kara Tepe sous la neige

Après le froid glacial le camp de Kara Tepe sous la neige

George Pagoudis

Ce matin et plus tard dans l’après-midi, la tempête de neige est arrivée dans la ville de Mytilène, couvrant tout y compris le camp de Kara Tepe avec les 7 500 personnes qui vivent encore dans des tentes, dont plusieurs sans plancher.

 En outre, le camp fonctionne toujours avec une alimentation électrique insuffisante, ce qui met en danger des vies, vue des températures polaires. Concrètement, l’alimentation se fait secteur par secteur et seulement pendant une demi-heure afin d’atteindre progressivement toutes les tentes. En conséquence, les réfugiés passent des heures dramatiques sans lumière ni chauffage et des personnes connaissant bien les conditions de vie,  expriment des craintes de voir bientôt un grand nombre de réfugiés tomber malades et d’avoir besoin d’un traitement dans un proche avenir.

Cependant, au lieu de se préparer correctement tout au long de la période précédente, les autorités ont laissé le camp avec une alimentation électrique minimale. Il est caractéristique que certains générateurs qui avaient été donnés par une ONG bien connue et qui étaient toujours en état de fonctionner après la destruction de Moria, ont cessé de fonctionner dans la période précédente, après avoir été détruits par les inondations précédentes. De son côté, le commandant du camp, Nikos Babakos, dans une communication téléphonique avec EF.SYN., a déclaré que «les générateurs qui existent maintenant peuvent couvrir les besoins du camp pendant 16 heures par jour. Cependant, nous sommes obligés de les fermer le matin, tandis que malheureusement l’un d’entre eux a été endommagé.», a-t-il noté. Comme il l’a souligné, le problème vient du fait que le camp n’est pas encore connecté au réseau principal de Deï (EDF grec), malgré le fait qu’il soit très proche de l’usine. « Malheureusement, la bureaucratie ne nous a pas encore permis de nous connecter », a-t-il déclaré, qualifiant la situation de difficile mais gérable.

https://www.efsyn.gr/node/277445 (en grec)

Neige et verglas couvrent également Samos et Chios et il est fort à parier que les réfugiés là aussi sont exposés au pire,  en particulier ceux qui vivent dans la jungle autour du camp officiel de Vathy.

L’Ocean Viking repart

Ce matin, l’Ocean Viking a quitté le port de Marseille et mis cap sur la Méditerranée centrale. Après des mois d’immobilisation, notre ambulance des mers a repris sa mission : répondre aux appels de détresse de celles et ceux qui se noient.

En 2020, c’est grâce à votre confiance sans faille et à votre soutien toujours renouvelé que nous avons pu surmonter les nombreux obstacles qui ont marqué l’année. Aujourd’hui, c’est grâce à vous que nous sommes en mer, toujours aussi déterminés à venir au secours des personnes qui fuient au péril de leur vie.

Nos équipes, à terre comme à bord de l’Ocean Viking, vous souhaitent donc une année 2021 faite d’espoir et de solidarité, placée sous le signe de ce nouveau départ.

Ensemble, nous ne renoncerons jamais aux valeurs d’humanité qui sont les nôtres. Tant qu’il le faudra, nous continuerons à tendre la main aux personnes qui se noient !

Merci d’être à nos côtés et meilleurs vœux,

L’équipe de SOS MEDITERRANEE
#TogetherForRescue

https://www.sosmediterranee.fr/

Grèce : Extrême droitisation du gouvernement

Nouveau point sur la situation en Grèce (extrême-droitisation du gouvernement et autres nouvelles) par · Source et photos sur le site  http://blogyy.net/2021/01/11/extreme-droitisation-du-gouvernement-et-autres-nouvelles/

Trois sujets dans cette publication  :

– l’actualité brûlante en Grèce, dont les médias occidentaux ne disent presque rien ;

– vos questions sur cette actualité qui appellent des réponses et des précisions ;

– un bilan provisoire de l’appel à soutien du 30 décembre 2020 pour les actions solidaires autogérées qui, étant beaucoup plus faible qu’à l’habitude, nous conduit à vous alerter (réunion d’urgence hier).

L’EXTRÊME-DROITE EST LOIN D’AVOIR DISPARU EN GRÈCE

Depuis plusieurs jours, vous êtes nombreux à nous interroger sur la situation actuelle de l’extrême-droite en Grèce. Vous avez entendu parler d’un remaniement gouvernemental qui fait scandale, quelques semaines seulement après l’emprisonnement des principaux dirigeants du parti Aube Dorée. Et vous n’entendez plus parler de crimes et d’agressions. Tout porte à croire que la situation est devenue calme. Alors que se passe-t-il vraiment ? L’extrême-droite a-t-elle disparu en Grèce ou a-t-elle seulement changé de forme ?

En réalité, nous assistons à une mutation de l’extrême-droite grecque sur le modèle de beaucoup d’autres pays européens. Non seulement un nouveau parti nationaliste un peu moins radical (« La Solution Grecque ») a piqué une grosse partie de l’électorat d’Aube Dorée, mais surtout le premier ministre de droite, Kyriakos Mitsotakis, ne cesse de renforcer la présence de l’extrême-droite dans ses gouvernements successifs. Ce qui conduit à une politique toujours plus violente à l’égard du mouvement social, des précaires et des migrants.

(photo voir sur le site)

À quoi cela ressemble-t-il concrètement, dans notre quotidien en Grèce ? À un État toujours plus brutal, autoritaire et raciste. Voici quelques exemples depuis 18 mois :

— la répression est féroce contre les anarchistes et autres révolutionnaires, premières cibles du nouveau gouvernement comme il l’avait annoncé dès juillet 2019 lors de son arrivée au pouvoir ;
— le quartier libertaire d’Exarcheia est pris en étau et beaucoup des squats en Grèce ont été violemment évacués au fil des mois ;
— l’asile universitaire et d’autres mesures symboliques fortes prises à l’issue de la chute de la dictature des Colonels en 1974 ont été supprimés ;
— les initiatives solidaires autogérées sont harcelées dès lors qu’elles refusent de collaborer avec le pouvoir et les institutions ;
— la situation dans les prisons est catastrophique, au point que le Comité pour la prévention de la torture et traitements inhumains (CPT) du Conseil de l’Europe a publié un rapport alarmant le 9 avril 2020 dans lequel il demande au gouvernement grec de faire cesser les « mauvais traitements persistants des détenus » qui sont « une pratique courante dans toute la Grèce ».
— L’Union Européenne est cependant complice quand il s’agit des camps de réfugiés qu’elle cofinance en Grèce et qui s’avèrent pires que les précédents, en particulier au niveau censure et isolement, comme c’est le cas à Kara Tepe (Lesbos) où les membres des ONG sont désormais dans l’interdiction de révéler ce qu’ils voient, depuis le décret du 30 novembre 2020.
— Le Comité international de secours (IRC) a annoncé le 17 décembre une hausse importante des cas d’automutilation (+66%) et des problèmes de santé mentale (+71%) dans les camps en Grèce, une situation dramatique qui toucherait « les trois-quart » des exilés rencontrés à Lesbos, Samos et Chios.
— Refusant de remédier à ces souffrances, le premier ministre grec a choisi, au contraire, de venir apporter son soutien aux gardiens des camps de migrants et aux gardes-côtes en mer Égée pourtant réputés pour leur irrespect des règles de base dans l’aide aux personnes en détresse (qui vont par exemple jusqu’à provoquer la noyade de migrants désespérés en les refoulant avec des armes à feu et des bâtons ou en endommageant leurs embarcations).
— Contrairement à ce que prétend une rumeur fausse, les agressions de réfugiés n’ont pas cessé en Grèce, il y en a souvent malheureusement. Par exemple ce samedi 26 décembre 2020, une dizaines de fascistes armés de couteaux, de bâtons et de barres de fer ont attaqué un centre d’hébergement pour mineurs isolés (de 12 à 15 ans), près de Thessalonique. Ils ont brisé la porte d’entrée, pénétré l’enceinte et frappés les enfants en criant des slogans racistes. Parmi les 4 jeunes réfugiés blessés, l’un d’entre eux a été transporté à l’hôpital avec de graves problèmes respiratoires dus à des coups dans la poitrine. Une information relayée par une partie seulement de la presse grecque et aucun média occidental excepté infomigrants :

https://www.infomigrants.net/fr/post/29330/grece-deux-personnes-interpellees-apres-l-attaque-d-un-centre-pour-mineurs-isoles

— Autour des camps de la mer Égée, les agressions racistes sont également monnaie courante. Le 12 décembre 2020, un policier et trois garde-frontières ont été inculpés pour avoir battu des migrants quelques jours plus tôt, près du camp de Kara Tepe à Lesbos. Une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux a montré les quatre fascistes en uniformes en train de battre deux demandeurs d’asile revenant d’un supermarché, puis de continuer à les frapper longuement après leur avoir passé les menottes. Ils ont été suspendus de leurs fonctions mais laissés en liberté jusqu’à leur procès où ils seront jugés pour « sévices » et « torture ». (photo voir sur le site)

Comme on l’a compris, ce n’est pas parce que les principaux dirigeants d’un parti fasciste ont fini par être mis en prison (au bout de dix ans d’agressions et de crimes plus odieux les uns que les autres, donc extrêmement tard) que le fascisme a pour autant disparu en Grèce. Non seulement, les agressions se poursuivent, mais surtout l’État grec vient de renforcer la présence de l’extrême-droite au sommet de l’exécutif.

Pour le dire autrement : qu’Aube Dorée disparaisse enfin est une bonne chose évidemment. Mais pour les antifascistes en Grèce, combattre un groupuscule fasciste durant toutes ces années et combattre un gouvernement d’extrême-droite n’est pas la même chose. La normalisation de l’extrême-droite, toujours plus présente au sein des nouveaux gouvernements successifs est un problème d’une autre envergure car, de cette façon, elle prend directement le contrôle de la Loi, du pouvoir et des outils de la répression, encore plus que par le passé. (photo voir sur le site)

LA GRÈCE PASSE AU BLEU MARINE

Un nouveau remaniement a eu lieu la semaine dernière qui confirme ce cap particulièrement inquiétant. Le nouveau ministre de l’intérieur, premier flic du pays, est désormais l’une des figures historiques du fascisme en Grèce, après avoir longuement milité pour la libération du Colonel Papadopoulos et le rétablissement de la dictature. Il s’appelle Makis Voridis.

Pour commencer, regardez cette photo de son intervention à une réunion publique du parti EPEN (organisation politique siamoise du Front national, avec un référence explicite à l’inspirateur Jean-Marie Le Pen) dans les années 80 à l’hôtel Caravel. Makis Voridis fait son discours devant le portrait de son mentor, le dictateur Papadopoulos, et déclare déjà ouvertement : « Abattons les choses et les personnes qui tentent de nous arrêter ! » (photo voir sur le site)

Regardez-le en compagnie des chefs du parti pour le retour de la dictature. Une dictature qui, faut-il le rappeler, a emprisonné, torturé et assassiné de nombreux opposants. (photo voir sur le site)

Aux élections de 1984 et 1988, les discours de Voridis appelaient au rétablissement de la dictature. Son slogan était : « La libération du pays viendra de la prison de Korydallos » (où était enfermé le Colonel Papadopoulos). (photo voir sur le site)

Quand il était étudiant, Voridis était surnommé « La hache » car il dirigeait un groupe fasciste qui poursuivait les étudiants gauchistes avec des battes de base-ball et sa fameuse hache, comme le montre cette photo prise en 1985 dans l’université de droit d’Athènes (à droite, l’une de ses victimes). Il a d’ailleurs été exclu de la fac cette année-là pour ses violentes attaques. (photo voir sur le site)

En 1986, le sinistre comité de soutien de Papadopoulos a reçu la visite de Jean-Marie Le Pen venu appeler à la libération de l’ancien dictateur et au retour de la junte. (photo voir sur le site)

Dans les années 1990, Makis Voridis participe à la structure pan-européenne mise en place par Bruno Gollnisch au nom du Front national. Ici, il célèbre le 30ème anniversaire du putsch des Colonels, sur un plateau de télévision le 21 avril 1997, avec son ami de l’époque : le néo-nazi Michaloliakos, futur chef d’Aube Dorée.

23 ans plus tard, suite à des choix stratégiques différents, l’un est au pouvoir et l’autre en prison. (photo voir sur le site)

Devenu très proche de Jean-Marie Le Pen, Makis Voridis  vient célébrer le 36ème anniversaire du putsch des Colonels le 21 avril 2003 au congrès du Front National qui se déroule à Nice. (photo voir sur le site)

En 2005, Voridis adhère à un nouveau parti nationaliste grec : le LAOS. Il continue de voyager au sein de l’extrême-droite européenne. Par exemple, il intervient le 8 novembre 2009 au congrès de fondation du Parti de la France, à l’invitation de son ami Carl Lang. (photo voir sur le site)

C’est en 2012, après 30 ans de service au sein de l’extrême-droite grecque et européenne, qu’il rejoint opportunément l’aile droite du parti Nouvelle Démocratie en lorgnant une part de gâteau du pouvoir.

Après avoir été nommé ministre de l’Agriculture du premier gouvernement Mitsotakis, c’est cet homme qui, la semaine dernière, a pris le contrôle du ministère de l’intérieur et qui va donner ses ordres à la police. (photo voir sur le site)

Autre choix particulièrement ironique de Mitsotakis : une députée notoirement antimigrants est promue au poste de ministre adjointe à l’Intégration des réfugiés. Sofia Voultepsi a notamment déclaré que les migrants sont des « envahisseurs non armés ». Une autre fois, elle a osé dire : « il y a des humains qui vivent dans le voisinage des Roms ». (photo voir sur le site)

Mitsotakis n’a pas fait pire en se déclarant satisfait des conditions de vie des migrants dans le camp de Kara Tepe ce 31 décembre 2020 : (photo voir sur le site)

Traduction de l’article de Inotos : « Lesbos : Kyriakos Mitsotakis est heureux de la structure des réfugiés à Kara Tepe. Le Premier ministre a semblé presque excité par ce qu’il a vu à Kara Tepe lors de sa visite à Lesbos, refusant de se rappeler les images récentes du camp de réfugiés inondé et leurs appels désespérés pour des conditions de vie humaines. » (photo voir sur le site)

Pendant ce temps, une autre figure historique de l’extrême droite en Grèce garde sa place au gouvernement : Adonis Georgiadis est un autre transfuge du parti d’extrême droite LAOS. Lui aussi en a fait des vertes et des pas mûres. En 2006 par exemple, il a co-édité en Grèce un pamphlet antisémite intitulé « Juifs, l’entière vérité » qui faisait l’apologie d’Adolf Hitler et appelait à l’extermination des Juifs.

Adonis Giorgadis a également propagé des opinions violentes à l’égard des musulmans et d’autres non orthodoxes. Parmi ses sorties célèbres, il a notamment déclaré que la gauche a « remis la Grèce entre les mains des musulmans et autres déchets comme ça ». (photo voir sur le site)

Devenu proche de Mitsotakis, Giorgadis reste ministre de la Croissance et de l’Investissement. Les 120 000 oliviers déjà coupés à Kastelli en Crète, c’est lui. Comme quoi, l’extrême-droite n’est pas plus écolo que la droite.(photo voir sur le site)

UNE DÉRIVE AUTORITAIRE DANS L’AIR DU TEMPS

Comme on l’a vu ces derniers mois, en Grèce comme en France, tous les prétextes sont bons pour dominer, exploiter, culpabiliser et piétiner un peu plus la foule désorientée. Une foule inconsciente de sa capacité à renverser le cours des choses pour prendre sa vie en mains, perdue dans le repli sur soi, le crétinisme et la recherche de boucs-émissaires encore plus pauvres.

Le capitalisme ne nous protège pas du fascisme, et pour cause : le fascisme est la forme ultime du capitalisme. Il est déjà présent en germe dans tous les replis de notre société basée sur la domination et l’exploitation, en dépit de ses déclarations d’intention et de ses belles devises. Le fascisme est partout dès lors que l’autorité se manifeste, menace et brutalise : dans le couple, dans l’éducation, dans notre rapport à la vie et à la Terre sous toutes les formes, dans la guerre économique ou militaire, dans la misère invisibilisée comme dans le luxe pétaradant, dans la hiérarchie de la production et dans celle de l’administration… partout ! Ce n’est qu’une question de degré, d’opportunité, de circonstance. Une différence qui va jusqu’à montrer du doigt avant de tuer, au lieu de le faire silencieusement dans l’hypocrisie et les faux habits de la démocratie. (photo voir sur le site)

Combattre le fascisme sans remettre en question la société autoritaire qui légitime les rapports de domination et le capitalisme qui organise l’exploitation, c’est jeter des pierres dans l’eau : on peut se satisfaire d’un peu de bruit et de quelques vaguelettes un bref instant, mais le fond reste le même. Car le fond du problème, en réalité, c’est tout le système qui l’engendre. La Justice bourgeoise ne suffira pas à nous débarrasser du fascisme, ni en Grèce ni en France. La preuve : il est toujours là, et plus puissant encore, comme un hydre aux multiples têtes qui repoussent sans cesse.

Il n’est pas étonnant qu’en cette période de crise, des libéraux et des membres de l’extrême-droite se rapprochent et s’unissent : le fascisme gagne toujours de l’avancement en temps de crise. Quand le pouvoir se raidit, se durcit, se cramponne à ses privilèges. Car le fascisme est le joker du capitalisme. Il est son vrai visage, dans le trouble et l’agitation, quand le masque démocratique tombe.  (photo voir sur le site)

LE VIRUS DE LA MISÈRE

La Grèce commence à vivre une nouvelle crise sociale et humanitaire peut-être encore plus grave que la précédente. Malgré les signes avant-coureurs qui nous entourent et la dette abyssale qui va bientôt atteindre les 200% du PIB (selon l’agence de notation Moody’s), l’État grec s’empresse d’acheter d’innombrables armes parmi lesquelles 18 Rafales au français Dassault pour 2,5 milliards d’euros (dont 1,5 milliards à régler l’an prochain). Kyriakos Mitsotakis a décidé de doubler son budget militaire dès l’année prochaine, alors qu’il est déjà l’un des plus élevés en Europe toutes proportions gardées. Parmi ses emplettes, il a également prévu de nouvelles frégates, des hélicoptères et des drones en veux-tu en voilà. Il va aussi embaucher 15.000 bidasses de plus.

À cause d’Erdogan ? En apparence oui, mais en réalité, vu le recrutement massif également chez les flics, les nouveaux gadgets qui leur sont destinés, ainsi que pour renforcer la surveillance des opposants politiques, on peut supposer que ces armes peuvent servir à tout. L’Histoire l’a montré en maintes occasions. Ce ne sont pas seulement les tensions géopolitiques qui génèrent cette attitude du pouvoir, vu qu’elles durent depuis très longtemps avec les dirigeants turcs successifs, mais aussi les risques de troubles intérieurs en Grèce dans une période de plus en plus sombre. À force de réprimer les activistes, on peut craindre de les radicaliser. À force de laisser la base sociale s’enfoncer dans la misère, on peut craindre qu’elle se rebiffe. Même si on semble aujourd’hui très loin d’un nouveau soulèvement en Grèce, on sait par expérience que ces choses là peuvent arriver très vite. Il suffit parfois d’une étincelle, d’une goutte d’eau ou de sang. (photo voir sur le site)

Une autre rumeur fausse concerne la pseudo bonne santé de l’économie grecque, au prétexte que l’État est en train de rembourser sa dette au FMI de façon anticipée (en l’occurrence 3,6 milliards de prêts qui devaient expirer en 2021 et 2022). Il lui restera encore à payer 1,2 milliards à l’instance internationale par la suite. Mais, en réalité, l’État grec n’a évidemment pas l’argent pour rembourser ce prêt : il ne fait qu’emprunter simultanément sur les marchés financiers auprès de créanciers moins exigeants que le FMI (qui a tendance à dicter la politique des pays où il intervient). C’est tout ! Idem pour les baisses d’impôts qui sont surtout des cadeaux aux patrons et aux actionnaires. L’essentiel des 1,2 milliards offerts se résume aux baisses des impôts sur les bénéfices des entreprises (de 28 à 24%) et de la taxation des dividendes (de 10 à 5%). Autrement dit, c’est une probable hausse de la TVA (l’impôt qui frappe tout le monde, surtout les pauvres puisqu’ils consomment une proportion plus forte de leur faible revenu) qui devra compenser ce nouveau cadeau aux riches. Mitsotakis, c’est Robin des Bois à l’envers. Pas étonnant qu’il soit copain avec Macron. (photo voir sur le site)

Parmi les autres chaises musicales entre les ministères, le très libéral Kostis Hadjidakis laisse le ministère de l’Environnement et de l’Énergie, au sein duquel il a déverrouillé l’exploitation des territoires sauvages et protégés, pour celui du Travail, avec pour mission d’utiliser le prétexte de la crise actuelle pour en finir avec les ruines du droit du Travail en Grèce. En août 2019, un nouveau projet de loi a déjà été adopté qui supprime la condition obligatoire pour justifier le licenciement d’un employé. Idem concernant la rémunération des heures supplémentaires qui n’est plus impérative. Tout ça à cause du virus, bien sûr ! Ben voyons ! (photo voir sur le site)

Même chose pour les étudiants les plus pauvres qui vont voir disparaître 20.000 places dans les universités en 2021, au bénéfice des écoles privées. Les études sont donc réservées à ceux qui ont de l’argent grâce à leur famille. Les autres iront tout simplement au turbin, en bas de l’échelle sociale, comme leurs parents. La lutte des classes, il semble que ça existe encore, contrairement à ce que nous affirment les éditocrates ridicules.  Et que dire du budget accordé à la santé qui va baissé de 17% en 2021, en pleine saturation des capacités hospitalières ?

Depuis deux mois, 5000 Grecs sont morts du covid19. Mais combien sont morts de la misère qui frappe de plus en plus fort ? Et combien vont mourir dans les prochains mois, directement ou indirectement, du fait des événements qui se produisent actuellement ? La crise sanitaire est l’arbre qui cache la forêt de la crise sociale qui va suivre et commence déjà. Et tout ça, non pas à cause du virus lui-même et de ses conséquences immédiates, mais du fait des choix politiques qui sont faits au même moment. Le pouvoir aime à profiter de toutes les opportunités, même avec les meilleures prétextes, pour accroître sa domination, nous domestiquer, nous soumettre, nous exploiter,  nous presser comme des citrons. (photo voir sur le site)

Ensuite, il nous jette des miettes pour tenter de faire oublier tout ce qu’il nous prend. En Grèce, un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté (3,5 millions d’habitants) et la moitié des sans-abris d’Athènes survivent avec moins de 20 euros par mois. Mais la mairie d’Athènes (dirigée par le neveu du premier ministre) se complait à rendre public que, durant l’année 2019, elle a fait 2606 lavages de vêtements (8 par jour), distribué 5200 médicaments (11 par jour) et transmis 2900 bons d’achats de 50 euros en partenariat avec des supermarchés et le Lions Club de Kifissia. Des chiffres en réalité ridicules pour une immense commune avec un budget important face à une telle misère. Une aide grotesque de la part de dirigeants qui font partie des responsables de ladite misère.

Voilà pourquoi nous refusons de collaborer avec le pouvoir et ses institutions. En Grèce, le mouvement social a majoritairement choisi l’autogestion et l’indépendance la plus totale dans ses actions de solidarité. La plupart des lieux autogérés refusent de signer une quelconque convention et conçoivent l’entraide comme un élément de la lutte. C’est notamment le cas de tous ceux que nous vous avons présentés dans nos films depuis 8 ans (en particulier ceux dont nous sommes membres).

BILAN PROVISOIRE DE L’APPEL À SOUTIEN DU 30/12/2020 : UN ÉCHEC PRÉVISIBLE

L’appel à soutien lancé il y a dix jours pour les actions solidaires autogérées (du fait de nos difficultés cet hiver) a reçu un écho beaucoup plus faible qu’à l’habitude. Nous avons totalisé moins de 2000 euros (entre le 30/12 et le 10/01), sans doute à cause du contexte économique inquiétant. Nous le redoutions un peu. Lors d’une réunion d’urgence qui s’est tenue hier, nous avons décidé de vous alerter. Il est bon que celles et ceux qui peuvent contribuer sachent que d’autres ne le peuvent plus en ce moment et que la plupart de nos projets en cours sont gelés (à commencer par les achats de nourriture et de produits de première nécessité pour une vingtaine de lieux et collectifs). Aujourd’hui, nous vous informons simplement de la situation et vous laissons voir ce que vous pouvez peut-être faire. Si vous êtes en difficulté, surtout ne contribuez pas : ne vous mettez pas en danger, partagez juste l’appel, c’est déjà un soutien appréciable. Comme nous le disions dans le message précédent, il n’est pas certain que nous pourrons lancer une collecte cet hiver suivi d’un convoi solidaire, vu le contexte compliqué.

Le message précédent : http://blogyy.net/2020/12/29/alerte-grece-120-000-oliviers-deja-coupes-pour-laeroport-de-kastelli-et-autres-nouvelles/

Nous devons également attendre encore plusieurs mois avant de sortir le nouveau film (qui sera comme toujours en soutien des collectifs et lieux présentés) : Après Ne vivons plus comme des esclaves (2013), Je lutte donc je suis (2015) et L’Amour et la Révolution (2018), Nous n’avons pas peur des ruines sortira probablement en septembre 2021, avec la participation d’un grand nombre de collectifs du mouvement social et beaucoup de belles surprises (musiques, lieux, etc.).

Voilà pourquoi, sans convoi et sans film actuellement, sans même la possibilité d’organiser des concerts de soutien, il ne nous reste plus que cet appel crucial pour parvenir à réaliser les actions les plus nécessaires et urgentes.

Rappel des trois façons de participer (de préférence par virement ou Paypal, car ça va plus vite que par chèque) :

1- Pour effectuer un virement à ANEPOS

IBAN : FR46 2004 1010 1610 8545 7L03 730

BIC : PSSTFRPPTOU

Objet : « Action Solidarité Grèce »

2- Pour participer via PAYPAL, suivre le lien :

https://www.paypal.com/cgi-bin/webscr?cmd=_s-xclick&hosted_button_id=LMQPCV4FHXUGY&source=url

3- Pour envoyer un chèque à l’ordre de ANEPOS

Objet : « Action Solidarité Grèce »

Adresse postale : ANEPOS – Action Solidarité Grèce – 6 allée Hernando – 13500 Martigues

Contact : solidarite@anepos.net

Tél. Grèce (0030) 694 593 90 80 / Tél. France 06 24 06 67 98

Liste des lieux et collectifs aidés matériellement et/ou financièrement durant l’année écoulée (principalement de février à septembre 2020), malgré un contexte particulièrement difficile :

– Centre social autogéré Alimoura à Ioannina (nous avons financé la réparation du local qui avait été saccagé par une attaque fasciste) ;

– Usine autogérée Bio.Me à Thessalonique (soutien et achat de savons et produits fabriqués par les ouvriers, alors que l’électricité venait de leur être coupée) ;

– Mikropolis à Thessalonique (soutien au plus grand espace social libre de Grèce qui est actuellement en train de déménager) ;

– Initiative antifasciste d’aide aux réfugiés près d’Évros (au moment où ces derniers étaient pris au piège entre les deux états grecs et turcs, et où des identitaires européens étaient venus pour tenter de pratiquer la chasse à l’homme, ainsi qu’à Lesbos) ;

– Réseau Solidaire de Crète (et soutien à la création de nouveaux lieux dans l’île, dont nous vous reparlerons)

– Initiative de Kastelli en Crète contre le nouvel aéroport (nous avons participé au financement de la procédure de Justice contre l’aéroport qui est en train de basculer à l’échelle européenne, alors que 120.000 des 200.000 oliviers ont déjà été coupés et que l’opinion est de plus en plus opposée au projet, nous avons également participé à plusieurs réunions et actions sur place, et soutenu les paysans en lutte contre ce projet) 

– Centre Social autogéré Favela au Pirée (soutien financier et achat de tee-shirts pour épauler ce lieu situé dans une zone où les fascistes rôdent souvent et où l’un d’entre nous, a été agressé violemment en juin 2019 par un groupe de néo-nazis qui lui avait tendu un guet-apens avant que les passagers d’une rame de tramway ne parviennent à le sauver) ;

– K*Vox à Athènes (base d’un des groupes les plus actifs en Grèce) ;

– Aide aux frais de Justice de plusieurs compagnons de luttes , notamment pour leur éviter d’aller en prison suite à des actions pourtant exemplaires ;

– squat Notara 26 à Athènes (le plus ancien lieu d’accueil des réfugiés dans le quartier d’Exarcheia) ;

– Plusieurs cuisines sociales (soutien financier et livraison de produits alimentaires) ;

– Structure autogérée de santé d’Exarcheia (soutien financier et livraison de matériel médical) ;

– Réseau École Buissonnière-Pédagogie Freinet (soutien financier et livraison de fournitures en aide aux enfants précaires) ;

– actions solidaires à Lesbos (nombreuses initiatives depuis mars et, surtout, après l’incendie du sinistre camp de Moria et l’errance de nombreuses familles en difficultés).

CONTRE L’AÉROPORT DE KASTELLI (SUITE)

Vous avez été nombreux à réagir aux images montrant les milliers d’oliviers arrachés (120.000 au total pour l’instant) et les inondations de septembre 2020 causées par cette déforestation insensée. Voici encore d’autres images, celles des inondations de novembre 2020 pour les mêmes raisons, toujours autour de Kastelli, ainsi que la visite du principal responsable sur place, début 2020

Tenez bon. Bon courage pour 2021 et à bientôt,

Maud et Yannis Youlountas po/ collectif artistique et solidaire Anepos

(suite à la réunion d’urgence du 10 janvier 2021

Rapport sur la rétention migrants

Un réseau de chercheurs et militants soutenus par le groupe de la Gauche unitaire européenne au Parlement européen a récemment publié un rapport sur la rétention des migrants. Ils estiment que ces pratiques sont de plus en plus obscures, compliquées et même illégales, notamment en Italie, en Grèce, en Espagne et même en Allemagne.

Qu’il s’agisse des pays en première ligne des arrivées comme l’Italie, la Grèce et l’Espagne ou ceux de destination comme l’Allemagne, la rétention administrative des migrants survient de plus en plus en dehors des cadres juridiques existants. C’est en tout cas l’amer constat dressé par Migreurop, un réseau d’associations et de chercheurs, qui a enquêté sur les pratiques de privation de libertés des exilés en 2019.

Dans un rapport d’une trentaine de pages publié en décembre 2020 intitulé « Exilé·e·s enfermé·e·s et exclu·e·s – Détention informelle et illégale en Espagne, en Grèce, en Italie et en Allemagne », les chercheurs démontrent que des formes de rétention informelles voire illégales « ont gagné en importance et sont devenues partie intégrante du fonctionnement du régime frontalier de l’Union européenne ». Ils craignent que ces pratiques ne deviennent la règle au sein du Vieux continent, à l’heure où un éventuel « Pacte européen sur la migration » est en discussion à Bruxelles.

En première ligne, ces pays qui filtrent les migrants à la frontière
Il y a d’abord les pays de première arrivée comme l’Italie, la Grèce ou encore l’Espagne dont le rôle, selon Migreurop, est de « filtrer les exilés et de mettre un terme à leur mobilité, considérée indésirable et illégitime, afin qu’ils et elles n’atteignent pas les autres États membres », peut-on lire dans le rapport. Dans cette optique, les chercheurs relèvent que la rétention ayant lieu aux frontières extérieures est généralement de très courte durée (à l’exception des îles grecques) et souvent non réglementée afin de pouvoir expulser rapidement les exilés vers un autre pays ou de les refouler de l’autre côté de la frontière. « Elle se déroule loin des centres de rétention ‘traditionnels’ et plutôt dans des lieux informels, y compris les zones frontalières et les postes de police, avec un accès très limité aux droits, tels que l’information ou celui d’être représenté·e par un avocat », notent encore les chercheurs.

>> À (re)lire : L’Italie critiquée pour ses renvois de migrants vers la Slovénie

En outre ces dernières années, de plus en plus de centres de rétention ont pris de nouvelles formes : c’est le cas des hotspots en Italie qui, en 2019, comptaient 7 757 détenus pour 890 places et en Grèce où l’on dénombre 38 423 occupants pour 6 178 places, ou encore des CATE en Espagne avec 15 288 détenus pour 1 020 places. « Le but est d’accélérer les expulsions aux frontières, dans une perspective strictement sécuritaire. En réalité, cela se traduit par une sur-occupation de ces sas de privation de liberté, où des milliers de personnes bloquées dans leur parcours migratoire sont plongées dans l’attente et l’incertitude », explique Migreurop.

Une situation qu’il est d’autant plus difficile d’appréhender que les chiffres des rétentions et refoulements se basent sur des méthodes de calcul propres à chaque pays, pouvant être interprétés de façon variable. Ainsi, d’après Migreurop, en 2019, l’Espagne a par exemple refusé l’accès à son territoire à 493 455 personnes, « la plupart d’entre elles ayant été privées de liberté dans des installations frontalières avant d’être renvoyées. » Pourtant, les données officielles sur les migrants retenus dans les centres de pré-expulsion et autres structures reconnues en Espagne ne représentent que 28 781 détenus cette même année.

Nouveaux motifs de rétention et augmentation des accords de réadmission Outre les pays de première arrivée, les pays de destination de l’Ouest et du Nord de l’Europe ne sont pas en reste, selon Migreurop qui a étudié tout particulièrement le cas de l’Allemagne. Les chercheurs décrivent « des mécanismes de détention sophistiqués visant à renvoyer (les exilés) vers les États de première arrivée dans l’UE (en vertu du règlement de Dublin) ou dans un pays d’origine ou de transit dit tiers (par le biais d’accords de réadmission ou, de plus en plus, d‘accords informels tels que la Déclaration UE/Turquie, le « Joint Way Forward » sur l’Afghanistan, ou les Procédures Opérationnelles Standard) ».

>> À (re)lire : France : « La rétention administrative, c’est de la criminalisation des personnes étrangères »

S’ajoutent de nouveaux motifs de rétention introduits outre-Rhin ces dernières années : « Un recours plus important à la détention et la multiplication des motifs et fondements juridiques sur lesquels s’appuie l’Allemagne permet de procéder à un nombre conséquent d’expulsions (22 097 en 2019) », affirme Migreurop, notant également que la capacité des lieux de détention avant renvoi a fortement augmenté passant de 438 places en 2015 à au moins 745 places en 2019.

« Une politique migratoire de dissuasion » à l’origine « d’énormes souffrances » Dans ce contexte, Migreurop dénonce « une politique migratoire de dissuasion » à l’origine « d’énormes souffrances » comme celles constamment pointées du doigt sur l’île grecque de Lesbos. Les chercheurs craignent que le « Pacte européen sur l’asile et les migrations » actuellement sur la table des négociations au Conseil et au Parlement européen ne vienne normaliser ces pratiques de rétention illégales. « Loin de proposer des innovations centrées sur les droits humains, ce Pacte est un outil qui permet aux États membres de systématiser une politique répressive née il y a 30 ans, ainsi que des pratiques brutales de détention de plus en plus informelles et précaires. »

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Le texte prévoit notamment la mise en place d’une procédure de contrôle des candidats à l’exil ayant été secourus en mer ou étant entrés sur le territoire européen sans papiers d’identité. Avec cette mesure, les pays membres pourraient exiger des migrants qu’ils se maintiennent à la frontière extérieure ou dans une zone de transit, « sans doute dans des conditions coercitives », le temps d’examiner la recevabilité de leur demande. Nombreux seraient alors ceux qui se verraient orientés vers une procédure accélérée d’asile, ou de renvoi à la frontière, impliquant là encore très probablement un placement en rétention. « Désormais, l’option envisagée par les États membres est de transformer en loi cette politique de banalisation de la violence et les mauvaises pratiques existantes, réduisant à peau de chagrin la défense des droits humains », regrette Migreurop.

L’ensemble des propositions du Pacte présentées par la Commission européenne en septembre dernier doivent désormais être discutées et approuvées par le Conseil et le Parlement européen. La Commission européenne espère une entrée en vigueur en 2022.

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Les chercheurs de Migreurop, quant à eux, comptent poursuivre leurs investigations sur les rétentions illégales et les mauvais traitements des migrants en Europe. Ils assurent que si leur rapport s’en tient à l’analyse de quatre États, « cette réalité est néanmoins bien visible et tangible dans d’autres zones géographiques ». Leur prochain objectif : enquêter sur les Balkans en 2021.

Source https://www.infomigrants.net/fr/post/29461/en-allemagne-espagne-grece-et-italie-de-plus-en-plus-de-detentions-illegales-de-migrants

Le camp de Samos face à un désastre sanitaire

Des morsures de rats, de serpents… Le camp de Samos face à un désastre sanitaire Par Charlotte Boitiaux

     Le camp de Samos en Grèce. Crédit : Reuters

Depuis plusieurs mois, l’ONG Médecins sans frontières alerte sur la situation sanitaire sur l’île grecque de Samos où vivent des milliers de migrants entassés dans des campements insalubres. Une campagne de vaccination anti-tétanos a été lancée pour protéger les hommes, les femmes et les enfants exposés, entre autres, aux morsures de rats et de serpents.

Depuis des mois, Médecins sans frontières (MSF) alerte sur le fait que le camp de migrants de Vathy sur l’île de Samos, en Grèce, « n’est pas un endroit sûr ». Environ 3 500 migrants – syriens, afghans, congolais ou encore irakiens – y vivent « dans des conditions absolument misérables » à flanc de colline, dans des cabanes en bois ou des abris faits de bâches et de couvertures, rappelle Dora Vangi, chargée de la communication pour MSF en Grèce. L’accès à l’eau et à la nourriture y est limité. Et les incendies de ces derniers mois n’ont rien arrangé. 

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Face à la dégradation de la situation, une campagne de vaccination contre le tétanos a été lancée par MSF. Le but : protéger la population de ces campements « qui n’ont d’autre choix que de vivre dans la saleté et les ordures » contre cette maladie qui peut se contracter à des travers des plaies infectées ou encore des morsures d’animaux.

Les déchets dans le camp de Samos, en décembre 2019. Crédit : InfoMigrants

« Les morsures, ce n’est pas nouveau »

Et à Samos, les blessures par morsures ne sont pas rares. « Selon nos équipes médicales, des rats, des scorpions et des serpents mordent des enfants et des adultes », explique Dora Vangi de MSF. « Ce n’est pas nouveau, nous alertons sur ce problème depuis longtemps ».

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Pour l’heure, l’ONG a annoncé avoir déjà vacciné environ 2 200 hommes, femmes et enfants de plus de six ans depuis le début du mois de décembre.

Les autorités grecques prévoient le déplacement de tous les demandeurs d’asile des îles grecques vers le continent et dans un nouveau camp fermé sur Samos, d’une capacité de 1 200 personnes, d’ici le début d’année 2021.

Source https://www.infomigrants.net/fr/post/29283/des-morsures-de-rats-de-serpents-le-camp-de-samos-face-a-un-desastre-sanitaire

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