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Nouvelles restrictions d’accès aux soins pour les précaires

Les patients non assurés en Grèce ne peuvent obtenir des médicaments ou des tests que  sur ordonnance établie par les établissements publics. Exceptions

May 31, 2022

Les patients non assurés en Grèce ne pourront plus bénéficier de médicaments, de tests de laboratoire et de dépistages réguliers gratuitement ou contre un petit pourcentage de paiement de leur poche s’ils sont prescrits par des médecins privés. Cette décision entrera en vigueur le 1er juillet 2022.

Suite à une série de réactions, notamment de la part des associations de malades chroniques et de médecins, le ministère a dressé une liste d’exceptions.

Le ministère de la Santé a annoncé qu’à partir du 1er juillet, la prescription pour les personnes non assurées se fera uniquement par les médecins des structures de santé publique et non par les médecins privés comme c’était valable jusqu’à présent.

Selon la décision ministérielle, les catégories suivantes de citoyens non assurés (pour la plupart atteints de maladies chroniques) sont exclues des nouvelles mesures que le ministère de la santé applique pour supprimer les dépenses en faveur des plus vulnérables

a. Les jeunes non assurés jusqu’à 18 ans.

b. Les patients non assurés souffrant d’un handicap mental ou émotionnel, d’autisme, du syndrome de Down, de troubles bipolaires, de dépression avec symptômes psychotiques, d’infirmité motrice cérébrale ou de handicaps graves et multiples confirmés par les comités publics (KEPA) avec un pourcentage de 80 % et plus, quelle que soit l’affection.

c. Les patients non assurés atteints de maladies, figurant sur la liste B du n° ΔΥΓ3 (α) / οικ. 104747 / 26-10-2012 (Β ‘2883) décision conjointe des ministres de la Santé et du Travail et des Affaires sociales sur la modification et la reformulation de la décision ministérielle conjointe n°. Φ.42000 / οικ.2555 / 353 / 28-2-2012 ( Journal officiel 497 / Β / 2012) « Liste des maladies dont les médicaments sont administrés avec une participation réduite ou nulle de l’assuré », telle que modifiée par le n°. Φ.42000 / οικ. 12485/1481 / 6-6-2012 décision ministérielle conjointe (Journal officiel 1814 / Β / 2012) « , telle que modifiée et en vigueur de temps à autre, ainsi que les patients non assurés souffrant du syndrome d’immunodéficience (SIDA).

d. La prescription de tous les vaccins sans exception à tous les citoyens non assurés.

Dans les cas exclusivement énumérés ci-dessus, la prescription de médicaments, l’action thérapeutique et les examens de diagnostic seront effectués par tous les médecins certifiés dans le système de prescription électronique (EPS) qui servent dans les structures du système national de santé.

Pour les patients non assurés qui n’appartiennent pas aux catégories exclues mentionnées ci-dessus, la prescription via les formules obligatoirement prescrites électroniquement, si elle est faite par les médecins privés, et non dans les structures publiques, est faite avec une indication de participation du patient à 100%.

PS Ne vous étonnez pas si vous voyez de longues files d’attente devant les hôpitaux et centres de santé publics en sous-effectif, ce seront les assurés qui attendront un médecin pour prescrire des médicaments et des contrôles diagnostiques.

Les non-assurés peuvent être des chômeurs de longue durée, des indépendants, des personnes qui ont demandé une pension et attendent son approbation, des personnes handicapées qui ne peuvent pas travailler. Il en va de même pour ceux qui ont cotisé pendant de longues années à la sécurité sociale, mais qui ne sont plus sur le marché du travail pour quelque raison que ce soit.

Bienvenue dans mon monde néo-libéral grec.

Source www.keeptalkinggreece.com/2022/05/31/uninsured-patients-prescription-drugs-tests-public-facilities-exceptions/

Tensions Grèce-Turquie : un révélateur de la fragilité de l’OTAN

Les tensions entre la Grèce et la Turquie se ravivent autour de la question de l’armement. L’unité retrouvée de l’OTAN à la suite de l’agression russe en Ukraine montre ses contradictions et sa fragilité.

Irena Mathilde

La semaine dernière, lors de sa rencontre avec Joe Biden, le premier ministre grec a pris la parole devant le Congrès américain et demandé aux parlementaires de prendre en compte les violations de l’espace aérien de la Grèce par la Turquie lorsqu’ils décideraient de leur politique d’armement pour la défense en Méditerranée orientale. Par ces déclarations, Mitsotakis cherchait à empêcher la vente d’avions F16 par les États-Unis à la Turquie qui, après avoir été exclue du programme d’avions de chasse américains F-35 pour avoir acheté le système de défense antiaérienne russe S-400, cherche à moderniser son armement. En réaction, Erdogan a annoncé qu’il ne participerait pas à une « réunion stratégique de conseil » où il aurait dû rencontrer son homologue grec, expliquant : « Nous étions convenus de ne pas impliquer de pays tiers dans notre différend […]. Il n’existe plus pour moi. Je n’accepterai jamais de le rencontrer. Nous allons poursuivre notre chemin avec des responsables politiques honorables. »

Alors que l’union de l’OTAN vient tout juste de se reconstituer autour de la guerre en Ukraine, les tensions internes réapparaissent et menacent cette unité retrouvée.

La Turquie tente de se repositionner sur la scène internationale et les tensions avec la Grèce se ravivent

Ayant une histoire commune de tensions et d’affrontements armés, la Grèce et la Turquie étaient au bord d’un nouveau conflit armé en 2020, quand la Turquie a envoyé des navires dans les eaux méditerranéennes disputées avec la Grèce pour explorer des hydrocarbures tout ijuste découverts et dont la valeur était estimée à 400 milliards de dollars sur 25 ans. Depuis, les deux pays continuent de se livrer une concurrence aiguë, dont l’armement est la pierre angulaire. En décembre 2020, la Grèce achetait ainsi 18 Rafales à la France, retournant la situation à son avantage et plaçant la Turquie face à un adversaire doté d’avions de chasse plus modernes que les siens, la pénalisant par là dans ce jeu des puissances dans lequel la domination des airs est un élément central. En septembre 2021, la France annonçait de plus vendre de nouvelles armes de contrôle maritime et trois frégates militaires d’ici 2024 à la Grèce. Pour la Turquie, l’achat d’avions F16 aux États-Unis constitue donc un moyen essentiel de moderniser son armement pour rétablir la balance.

Or, depuis la guerre en Ukraine, l’ensemble des puissances impérialistes ont fait bloc derrière l’OTAN, mettant les frictions internes sous le tapis. La Turquie et la Grèce ont même fait mine de se réconcilier lors de la rencontre entre Mitsotakis et Erdogan à Istanbul au mois de mars. Mais l’unité de l’OTAN est très précaire, et la guerre en Ukraine n’efface pas la lutte pour les intérêts économiques et géopolitiques de ses membres. La Turquie, en particulier, cherche à se repositionner sur le plan géopolitique depuis son isolement sur la scène internationale après l’achat des missiles S-400.

C’est en ce sens qu’il faut comprendre les déclarations d’Erdogan à l’adresse de Mitsotakis, mais également son opposition apparente à l’intégration de la Finlande et de la Suède dans l’OTAN. En profitant de la condition d’approbation à l’unanimité pour intégrer l’alliance transatlantique, Erdogan tente ainsi de négocier une place de choix au sein de cette dernière. Son opposition constitue en effet pour lui un moyen de faire pression sur la Suède pour négocier la fin de son embargo sur la vente d’armes depuis 2019 et, surtout, un moyen de s’assurer la vente des avions F-16 par les États-Unis. Tout cela dans un contexte de forte crise politique en Turquie : avec une inflation à 70% en avril selon les chiffres officiels, la plus forte depuis 20 ans, la popularité d’Erdogan est au plus bas. User des ressorts nationalistes lui permet ainsi de créer un semblant d’unité nationale et de reconstituer sa base de soutien autour de sa politique internationale.

L’OTAN face à la guerre en Ukraine : une unité retrouvée très fragile

Dans ce contexte, si d’habitude, les Occidentaux ont tendance à soutenir la Grèce, cette fois-ci, les États-Unis prennent des pincettes. Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, a ainsi affirmé à propos de l’opposition de la Turquie au sein de l’OTAN : « Nous avons confiance dans le fait qu’au bout du compte, la Finlande et la Suède auront un processus d’adhésion effectif et efficace et que les préoccupations de la Turquie pourront être traitées. » Et pour cause : la Turquie est une alliée bien trop importante, notamment par son contrôle des détroits reliant les mers Noire et Méditerranée.

Or, pour la France, qui est habituée à être un allié indéfectible de la Grèce, la situation est plus compliquée. Depuis plusieurs années, le gouvernement français attise le conflit entre les deux puissances pour défendre ses intérêts économiques et géopolitiques. Le contrat de vente des 18 Rafale à la Grèce, de 2 milliards d’euros en tout, constituait ainsi un beau cadeau pour une de ses plus grosses entreprises, Dassault Aviation. En outre, le soutien de la France à la Grèce doit se comprendre par sa volonté de maintenir et d’étendre son hégémonie en Méditerranée, où elle se heurte à l’avancée de la Turquie, autour de la découverte des gisements gaziers mais également de la concurrence pour les marchés, les routes commerciales et les partenariats avec les pays méditerranéens. En somme, il n’est pas dit que sur ce dossier-là, l’OTAN fasse bloc.

Dans cette concurrence, les travailleurs et les classes populaires vont payer la facture

Dans cette résurgence des tensions entre la Grèce et la Turquie, ce sont bien les travailleurs et les classes populaires qui vont payer la facture. Selon le Financial Times, la livre turque a déjà chuté de plus de 1% ce mardi en raison de la politique étrangère d’Erdogan, les factures des importations augmentent et les réserves en devise de la banque centrale turque ont connu le 13 mai la plus forte baisse de l’année. L’inflation, elle, connaît son plus haut niveau depuis 20 ans, et la population turque fait déjà face à une augmentation terrible du coût de la vie.

Mais ces tensions se traduisent également sur le terrain le plus brutal et inhumain qui puisse exister. Ce mardi, le gouvernement grec a ainsi annoncé que ses garde-côtes avaient empêché 600 migrants d’entrer en Grèce sous prétexte que la Turquie ne respectait pas l’accord « UE-Turquie » de 2016 prévoyant une surveillance de la frontière par les autorités turques. En 2020, quand la Turquie avait ouvert ses frontières pour que les migrants passent en Grèce, ce sont 102 personnes qui étaient mortes lors de la traversée pendant l’année. Une fois de plus, les migrants se retrouvent au milieu du conflit réactionnaire entre la Grèce et la Turquie.

En somme, les contradictions du bloc de l’OTAN refont surface et menacent son unité tout juste retrouvée. Dans ce contexte, ce sont les travailleurs et les classes populaires qui vont payer la facture des tensions réactionnaires internes au bloc et de la remilitarisation de l’Europe.

Source https://www.revolutionpermanente.fr/Tensions-Grece-Turquie-un-revelateur-de-la-fragilite-de-l-OTAN

Le Conseil d’État juge que la police dans les universités est constitutionnelle

La session plénière du Conseil d’État a jugé mercredi qu’une police universitaire, qui est également composée de gardes spéciaux, ne viole pas les principes de liberté académique et de pleine autonomie des établissements d’enseignement supérieur.

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Selon le communiqué, il a été décidé à l’unanimité qu' »aucune disposition de la loi 4777/2021 ne montre que les libertés individuelles sont mises en danger. »
Le raisonnement de l’assemblée plénière pour la décision est « l’intérêt public. »
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Les juges ont noté que « le législateur considère que l’intérêt public, qui consiste à garantir l’ordre et la sécurité publics mais aussi à assurer l’exercice sans entrave des libertés académiques, impose le maintien de l’ordre dans les locaux des universités, après une série de mesures plus douces de sécurité et de protection du personnel et des biens des universités, qui ont été jugées inopportunes par le législateur pour servir ces objectifs. »
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Malgré les réactions des universitaires, le gouvernement conservateur a décidé de créer un corps de police spécial pour protéger les universités contre les dommages, les occupations par des groupes anti-autoritaires et pour empêcher l’accès de personnes qui n’ont rien à voir avec les institutions.
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En attendant la mise en place de ce nouveau corps de police, le gouvernement continue de déployer des forces de police anti-émeute dans les universités, comme à Thessalonique mardi dernier.
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La police anti-émeute a lancé une attaque dans le bâtiment de l’école des sciences alors que les étudiants étaient en cours. L’amphithéâtre principal a été rempli de gaz lacrymogène et les étudiants effrayés ont essayé de sortir.
Une vidéo a capturé les moments où la police anti-émeute entre dans le bâtiment, tire des gaz lacrymogènes et traîne un étudiant blessé à l’extérieur.
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La police anti-émeute a été déployée après qu’un groupe d’anti-autoritaires a démoli à coups de masse la nouvelle bibliothèque dans une zone de l’université qu’ils occupaient auparavant.
Les affrontements entre la police anti-émeute et les étudiants se sont poursuivis jusqu’à tard mardi et également mercredi matin.

Grève de 24h contre l’inflation

En Grèce, une grève de vingt-quatre heures contre l’inflation, qui bat des records

Le gouvernement grec a octroyé des aides sociales d’un montant total de 4 milliards d’euros pour faire face à l’inflation galopante. Mais les syndicats et l’opposition de gauche jugent ces mesures insuffisantes.

Des manifestants à Athènes, 1er mai, pour la Journée internationale des travailleurs.

Les services publics, les transports maritimes, ferroviaires et urbains ainsi qu’une majorité des entreprises privées de Grèce tournaient au ralenti, lundi 2 mai, en raison d’une grève générale de vingt-quatre heures à l’appel des syndicats du privé et du public pour protester contre la flambée des prix. Les transports en commun athéniens fonctionnaient comme un dimanche tandis que les supermarchés et les magasins étaient fermés en ce lundi férié, au lendemain du 1er-Mai.

Lors des traditionnels défilés de la Journée internationale des travailleurs dimanche, environ 9 000 manifestants ont arpenté les rues à Athènes, en réclamant du gouvernement grec davantage de mesures pour défendre le pouvoir d’achat face à l’impact de l’inflation sur les ménages.

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Une électricité qui a presque doublé en un an

L’inflation en Grèce a atteint 9,4 % en avril, selon l’office européen des statistiques Eurostat, un chiffre bien au-dessus de la moyenne européenne, qui se situe à 7,5 %. En mars, d’après la même source, les seuls prix de l’électricité ne sont plus très loin d’avoir doublé – + 79,3 % en rythme annuel –, sur fond de flambée des prix de l’énergie à la suite de l’invasion russe de l’Ukraine.

Le gouvernement grec a octroyé des aides sociales d’un montant total de 4 milliards d’euros pour faire face à l’inflation galopante. Le 1er-Mai, le salaire minimum a également été augmenté de 50 euros par mois, et s’établit désormais à 713 euros brut. Mais les syndicats et l’opposition de gauche jugent ces mesures insuffisantes et réclament notamment que le salaire minimum soit porté à 825 euros brut par mois.

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Le Monde avec AFP

Source https://www.lemonde.fr/international/article/2022/05/02/en-grece-une-greve-de-vingt-quatre-heures-contre-l-inflation-qui-bat-des-records_6124443_3210.html

Politiques de privatisation des ressources thermales

Grèce : Écueils et inconvénients des politiques de privatisation des ressources thermales

Par Dr Emmanuel Kosadinos, Psychiatre, étudiant en médecine thermale à l’Université de Lorraine-Nancy
Membre du CA de l’Association pour les politiques de santé en Europe (IAHPE)

Considérations générales et historiques

La saga des tribulations de la Grèce sous le régime néolibérale ne fait plus l’actualité : la domination des intérêts privés sur les besoins communs est désormais établie dans le pays après un bref intervalle de lutte pour l’émancipation contre rapport de forces écrasant.

La pandémie COVID a fourni au gouvernement actuel de Nouvelle Démocratie le prétexte idéal pour mettre sous quarantaine toutes velléités de protestation : restez chez vous, il n’y a rien à voir dehors !

Contre les récalcitrants la méthode forte a été utilisée.

Pendant ce temps l’eau continue à couler, à envelopper le pays et imprégner ses paysages, cette même eau donne qui à la Grèce les couleurs de son drapeau, le bleu azuré des rivages et des lacs reflétant le ciel serein, le blanc de l’écume, des sources et des cascades.

L’eau est un bien commun par excellence non seulement parce que, comme l’air, ses circuits naturels de production et de circulation ne connaissent pas de limites, et donc échappent tout naturellement aux lois de la propriété, mais aussi car il fut, est et restera le support indispensable de toute forme de vie carbonée (dont la matière se compose d’unions chimiques de l’élément carbone) y compris sur des astres lointains si tant est qu’elle s’y développerait.

Depuis toujours les lois coutumières ont garanti la propriété commune de l’eau comme l’ont également fait, au moins en principe et partiellement, les lois (y compris constitutionnelles) de plusieurs États modernes.

Toutefois, à l’ère du capitalisme néolibéral que nous traversons, l’eau sous toutes ses formes d’utilisation (de boisson, domestique, agricole, etc) fait l’objet de convoitise de la part des grands intérêts privés qui y voient une «source» de profit et de spéculation, et tentent de s’incruster aux différents points de son circuit, avec la licence de gouvernements et de législations complaisants, pour l’exploiter et facturer aux consommateurs son accès.

L’eau qui nous intéresse dans cet article et celle qui jaillit de réservoirs naturels profonds  de la terre et dont les caractéristiques de température, de composition chimique, voire de radioactivité, la rendent propre à l’usage médical, sous forme de boisson, d’inhalation ou de bains d’immersion. Il s’agit de l’eau «de source thermale» dont la Grèce est particulièrement pourvue, du fait de son relief géographique accentué et de son positionnement sur une zone d’activité géologique intense.

La Grèce est également l’espace où historiquement les rapports entre le bien être humain et la nature, l’eau en particulier, furent pour la première fois décrits en termes d’observation objective et de déduction logique, par l’école hippocratique de la médecine, en rupture désormais définitive avec l’approche mystique, mythologique ou religieuse.

L’utilisation médicale (au sens contemporain) des eaux thermales grecques démarre dès la mise en place de l’État moderne avec la création du premier établissement en 1830 sur l’île de Thermia (appelée aujourd’hui Kythnos) sous l’influence de la médecine allemande. Le thermalisme grec a depuis marché dans les pas du thermalisme européen. Il a progressivement gagné le public des classes moyennes, connaissant son acné et la création de plusieurs établissements entre les deux guerres mondiales, puis une étape à la fois de popularisation et de déclin après la deuxième guerre, concurrencé par la pharmacologie et les techniques médico-chirurgicales en plein essor.

Bilan succinct de l’existant actuel

La décennie de 2010 qui fut en Europe, et en France en particulier, une phase de regain d’intérêt et de nouveau développement du thermalisme, est pour la Grèce une étape de faillite de son État et de son économie. Ainsi, malgré un travail réglementaire et législatif important effectué avant et même pendant la crise, le manque cruel de capitaux, notamment publics, à livré une part importante des établissements à l’impitoyable usure du temps et des éléments pour se retrouver aujourd’hui en état littéralement de ruines.

Il s’agit ici de bien noter que l’asphyxie économique des collectivités locales et territoriales grecques, résultat de l’application des memorandums d’austérité, est le premier facteur responsable de cette situation déplorable, compte tenu du fait que nombre d’établissements fonctionnaient (et certains fonctionnent encore) en régie municipale ou territoriale.

Politiques néolibérales

Il est nécessaire de rappeler, que l’octroi de prêts financiers à la Grèce par la BCE et le FMI c’est fait sous la condition de privatisation accélérée d’une large part du patrimoine public du pays, infrastructures, entreprises, espaces publics, etc. Cette grande manœuvre politique et financière, peu contributive à l’amenuisement de la dette publique mais bien détrimentielle pour la souveraineté économique et même nationale du pays, a été effectuée par la mise en place de fonds ad hoc de privatisation, initialement (2011) du Fonds de développement des actifs de la République hellénique (HRADF – TAIPED) puis par l’absorption de celui-ci en 2015 dans la Société hellénique d’actifs et de participations (HCAP) aux statuts davantage permissifs à la cession accélérée du patrimoine public. Ces deux organismes sont des sociétés anonymes de droit privé sous supervision des créanciers de la Grèce. Si les recettes anticipées des privatisations ne sont pas susceptibles de réduire de manière importante la dette publique de la Grèce, celles déjà enregistrées par la cession effective des biens de l’État n’en sont qu’une maigre fraction. La démarche des privatisations massives est cependant justifiée par «le besoin de créer dans le pays une ambiance attractive pour l’investissement de capitaux qui produira le redémarrage de l’économie». En attendant que cela soit vérifié par les faits, nous restons dans la sphère des conjectures sinon de l’idéologie, en l’occurrence néolibérale.

Cadre législatif et réglementaire préexistant

En ce qui concerne les sources thermales de la Grèce (dont le nombre de sources certifiées dépasse la centaine pour un pays dont la population n’est que le sixième de celle de la France) il est essentiel d’indiquer que les réservoirs d’eaux souterraines sont considérées partie des ressources du sous-sol, qualifiées comme telles et protégées par toutes les Constitutions successives de l’État grec depuis 1911 (actuellement sous l’article 18) en tant que biens communs soumis à une législation spécifique.

La reconnaissance de l’importance des sources thermales et de leur protection a été renforcée par la Directive 60/2000 du Parlement Européen sur la protection de l’eau, non spécifique ni contraignante, toutefois motif de la condamnation de la Grèce pour sa non application.

L’État grec a mis à jour la législation sur les sources thermales en 2006 par une loi dédiée, définissant leurs conditions de fonctionnement, de gestion et de propriété, à la suite des lois antérieures de 1920, 1930 et 1960. Dans ce texte législatif le terme «thermalisme» (d’étymologie pourtant grecque) voit le jour pour la première fois dans le langage officiel du pays.

Les installations de surface rattachées aux sources thermales bénéficient de statuts de propriété très divers, municipaux, territoriaux, voire privés. Une petite seulement partie de ces installations de surface (et établissements à vocation thermale) appartient à la Société de biens immobiliers de l’État, ETAD. Les sources elles-mêmes ont été considérées à ce jour relevant de la compétence de l’Organisme National du Tourisme, EOT, jadis gestionnaire d’un important patrimoine et aujourd’hui quasiment réduit à une coquille vide. Cette dissociation des droits de propriété des installations, des surfaces au sol et des ressources profondes, tout en étant logique, n’est pas sans créer quelques complications.

En ce qui concerne la Société de biens immobiliers de l’État (ETAD) il n’est pas anodin qu’elle ait été mise en question pour manque de transparence de sa gestion, notamment en termes de recrutement et de traitement des personnels, et qu’elle fait tout récemment l’objet d’une enquête judiciaire.

Privatisations

Force est de constater que la privatisation des sources thermales grecques s’est heurtée, à la rareté et réticence des capitaux privés, mais aussi à des obstacles législatifs et à la méfiance de quelques municipalités, qui ne souhaitent pas se dessaisir d’une ressource pourvoyeuse de tourisme, de recettes, de vitalité culturelle et de moyens de politique sociale.

Il faut tenir compte que même dans le contexte actuel de déclin évident de l’activité thermale en Grèce, celle-ci représentait avant la pandémie COVID près de 400.000 entrées par an, un chiffre national annuel d’affaires de 6 millions d’euros, 0,03% du PIB en 2019.

Aussi, le partenariat avec les structures sociales de proximité offre sur certains sites des espaces de soins, de réhabilitation et de bien être gratuits aux citoyennes et citoyens, notamment âgés, qui ne sauraient y avoir accès sans l’action sociale des collectivités locales mentionnées, notamment Crenides, déclarée aussi station du parcours thermal européen par l’EHTTA.

La privatisation des sources thermales et minérales de la Grèce est souvent présentée comme la voie obligatoire pour leur réhabilitation et exploitation efficaces, message qui trouve un certain écho dans l’opinion publique du fait de l’actuel dysfonctionnement, voire délabrement, de nombreuses parmi celles actuellement sous régie publique.

Toutefois la privatisation, surtout dans les conditions d’urgence qui se sont imposées à la Grèce ces dernières années, est loin d’avoir fait ses preuves.

La cession des sources n’a pas conduit à la mise en place d’installations adéquates ni à l’augmentation de l’offre de services au public, sauf exceptions concernant parfois des installations thermales subventionnées ou qui étaient sous exploitation privée dejà avant les programmes actuels de privatisation.

Forages arrêtés, travaux de réhabilitation ou de mise en valeur sans cesse reportés, usines de mise en bouteille fermées après une brève durée de fonctionnement, les indices que l’exploitation privée n’est guère plus efficace que celle publique avec en plus le défaut de l’absence d’objectifs à caractère social, sanitaire, culturel ou écologique. Certaines installations, conçues dès le départ comme annexes secondaires d’entreprises hôtelières, sont simplement restées en jachère.

Certes les coûts de la mise en état des installations, bien supérieurs aux faibles prix d’acquisition ou de cession obtenus lors de l’offre massive de biens à privatiser, sauraient partiellement expliquer la stagnation des projets.

Les exigences des normes techniques et sanitaires, ainsi que la longue durée des procédures de certification et accréditation constituent pour les candidats exploitants des obstacles qu’ils ont parfois du mal à surmonter.

Des difficultés supplémentaires dérivent du fait que nombre de sources ou établissements thermaux sont situés à proximité immédiate du rivage maritime et de ce fait soumis aux contraintes de la loi grecque de protection du littoral, qui définit à 100 mètres la largeur de cette zone.

Notons ici que, à ce jour, les concessionnaires acquéreurs n’étaient pas contraints de développer la ressource vers un objectif défini, notamment de thermalisme médical, car la cession concernait essentiellement le bien immobilier de l’installation avec son terrain.

D’éventuelles nécessaires interventions au niveau de l’environnement naturel ou urbanistique sont souvent confrontées à des obstacles réglementaires. Ce dernier point est souvent mis en avant par les partisans inconditionnels des privatisations comme le seul déterminant de l’échec des projets de privatisation, de leur «non maturation» comme ils disent en langage technolibéral.

Il est cependant bien légitime de s’interroger si les cessions de sources ou établissements thermaux aux intérêts privés sont toujours porteuses de projets de revalorisation et d’offre de services au public, ou si quelques unes parmi elles ne sont simplement des «investissements» d’opportunité, voire des investissements «comptables» pour des capitaux en quête de domiciliation.

Loi de décembre 2021 et création de la société IPE SA

Pour accélérer le processus de «mise en valeur» des ressources thermales, le gouvernement actuel du parti de Nouvelle Démocratie, de droite néolibérale, a décidé pendant l’année de pandémie 2021 de légiférer sur le statut des sources thermales de la Grèce, par une série de dispositions, co-inscrites au sein d’une seule loi de réglementation du tourisme, traitant également d’autres questions «périphériques» par exemple des normes de fonctionnement des bus touristiques. Cependant il ne s’agit pas de «cavaliers législatifs» à proprement parler (dont hélas la législation grecque abonde) compte tenu que le thermalisme en Grèce est sous l’autorité du Ministère du Tourisme.

Cette proposition de loi fut accueillie avec beaucoup de critiques par le Regroupement central des municipalités de Grèce (KEDE) et par l’Union grecque des municipalités aux sources thermales (SDIPE). Cette deuxième association regroupe en son sein plus de 50 municipalités portant sur leur territoire des sources thermales et elle est membre de l’Association Européenne des villes thermales historiques (EHTTA).

Le point central de la nouvelle loi est la création par l’État de la société «Sources thermales de Grèce SA» (IPE SA), de droit privé, au siège social dans la capitale du pays, ayant autorité de regrouper et centraliser l’ensemble des ressources thermales de la Grèce dans la perspective de leur future exploitation et privatisation.

Les critiques initiales des associations des collectivités locales pointaient l’absence de concertation officielle pendant l’élaboration du texte de loi, perçu comme une dépossession imposée, une centralisation contre-productive, une attaque de plus contre les collectivités locales.

Indiquons ici que, comme en France, les ressources thermales se situent dans des territoires excentrés de la Grèce, pays montagneux, maritime et insulaire, la capitale du pays et sa région en étant dépourvues, sauf pour le lac thermal de Vouliagmeni.

Après une pleine année (2021) de «dialogue social» le projet de loi fut amendé deux fois, et le texte finalement voté porte les traces de ces amendements. Ni le gouvernement, ni les élus locaux ne pouvaient se permettre d’engager un «bras de fer» sur un sujet considéré périphérique alors que les crises sanitaire, sociale et géopolitique ébranlent le pays. La concertation a été facilitée par le fait que bon d’élus locaux sont politiquement proches du gouvernement actuel.

Ainsi, dans l’état final de la loi, votée fin décembre 2021, les collectivités locales ont la possibilité d’adhérer «volontairement» à la nouvelle société, et même le représentant du regroupement national (KEDE) siège de droit à son CA dont il peut briguer la présidence.

Les droits actuels de propriété municipale sur les sources et les installations sont prolongés de trois ans, période pendant laquelle les municipalités ont obligation de soumettre pour approbation des projets d’exploitation des sources à la société IPE SA.

Suite à ces amendements aussi bien la SDIPE que la KEDE ont apporté leur soutien à la nouvelle loi, en émettant cependant des «réserves» qui ne sont pas des moindres.

Précisément les associations auraient souhaité que IPE SA n’ait pas la compétence d’approuver les projets d’exploitation des municipalités mais juste d’en être informée.

Les associations déplorent également que des litiges de propriété entre les municipalités et l’État central ne soient pas encore résolus, concernant notamment des sources thermales municipales situées dans la zone du littoral (dans les 100 mètres du rivage maritime), que la loi grecque sur le littoral attribue à l’État central. Nombre de sources thermales répondent à ce cas de figure, dont la source de Kallithea sur l’île de Rhodes, recommandées déjà par Hippocrate au 5e siècle avant JC et aujourd’hui en cessation d’activité.

Et enfin «last but not least» les associations de collectivités déplorent l’absence totale de projets de subventions d’État pour le développement local des ressources thermales.

De telles mesures de financement, susceptibles d’enclencher des financements européens complémentaires, nécessaires pour la revitalisation du thermalisme en Grèce et au développement périphérique du pays, brillent par leur absence au moment même où le  gouvernement présente sa loi comme un phare dans le parcours du thermalisme grec.

Certes les purges d’austérité auxquelles est soumise la Grèce depuis plus de 10 ans ne sont pas favorables aux investissements publics. Cependant, comme il a été démontré par plusieurs économistes, les retours sur investissement sous forme de recettes fiscales et de cotisations sociales, bénéficiant surtout aux territoires périphériques défavorisés, peuvent être considérables, estimées pour la France à hauteur de 260 millions d’euros pour les activités thermales, 800 euros par cure thermale.

Évoquons au passage le seul point positif de la nouvelle loi, celui de reconnaître, et en quelque sorte protéger, un rayon territorial de 500 mètres autour de la source thermale. Ce rayon est certes inférieur à celui maximal de 1000 mètres prévu par la loi de 1920 mais, force est de constater que depuis, les caractères démographiques et urbanistiques du pays ont bien évolué.

L’opposition au gouvernement grec actuel (DIEM25, KKE, SYRIZA) émet plus que des réserves sur cette dernière loi. Pour la Gauche grecque il s’agit tout simplement d’une étape supplémentaire du processus de mise aux enchères des biens communs et du patrimoine national. Aussi «neutre» que ce texte de loi puisse paraître aux regards non avertis, il est impossible d’éviter de faire l’analogie avec les cadres légaux qui régissent le Fonds de développement des actifs de la République hellénique (HRADF – TAIPED) et la Société hellénique d’actifs et de participations (HCAP) institutions imposés par les créanciers de la Grèce sous menace de strangulation financière.

Propositions

Tout cela étant dit, il est impossible de faire l’impasse sur la nécessité de faire revivre le thermalisme en Grèce sous un format moderne, adapté aux besoins de ses citoyens et de sa société actuels. Cette nécessité est à la fois sanitaire, sociale, économique et culturelle.

Pour ce faire il y a grand besoin d’investissement de capitaux mais aussi d’un cadre légal qui prenne en compte le caractère médical, social et culturel du thermalisme et le besoin de contrôle social sur les choix qui s’y rapportent.

Si la volonté existait de fonder en Grèce le thermalisme sur des bases solides il faudrait commencer par la révision de l’article 18 lors de la prochaine réforme constitutionnelle, en affirmant de manière positive dans la Constitution la propriété commune nationale sur les ressources thermales comme sur les autres biens communs. En fait, la formulation actuelle de l’article 18 (et cela est une invariable depuis la Constitution de 1911) évoque le statut des sources thermales, comme des richesses minérales, archéologiques et culturelles comme une simple nuance apportée au droit universel de la propriété privée, susceptible de réglementation par une loi de droit commun, et non comme un principe constitutionnel de propriété nationale commune. Une porte ouverte à plusieurs dérives…

Au delà du débat sur le statut de propriété et de gestion des ressources et établissements thermaux, la question de leur orientation sanitaire et des savoirs faire qui s’y rattachent. Sur ces questions la dernière loi est totalement silencieuse.

Les acteurs du thermalisme et le public sont donc renvoyés à la loi de 2006 et aux décisions ministérielles qui en découlent.

Bien que ce cadre soit assez suffisamment élaboré, et même en avance sur l’existant, la réflexion au niveau européen a depuis évolué et certains aspects nécessitent d’être à nouveau examinés.

Notamment l’encadrement médical et paramédical des établissements nécessite d’être mieux abordé en fonction de l’évolution des savoirs et savoir-faire et des démographies médicale et paramédicale du pays. Dans cette même ligne de réflexion se pose la question de l’articulation avec le système de soins primaires de santé.

La formation, certification et accréditation des agents, toutes disciplines, mérite également d’être étudiée, ainsi que leur éventuelle intégration dans le Système National de Santé.

On ne saurait conclure cet article sans évoquer le remboursement des cures thermales par l’organisme grec d’assurance maladie. Celui-ci se fait aujourd’hui «à l’acte» au prix de 15 euros par séance de balnéothérapie, sous prescription médicale et dans le cadre de 4 grandes orientations thérapeutiques reconnues. Bien que peu coûteuse pour l’assurance maladie cette prestation pourrait être supprimée suite à une nouvelle vague de mesures d’austérité. Dans tous les cas elle reste insuffisante et elle ne prend pas en compte la diversification des soins proposée aujourd’hui par le thermalisme moderne européen. Il y aurait donc un travail à faire à ce niveau.

Au delà des considérations de réglementation exposées ci-dessus, la sensibilisation au thermalisme des acteurs scientifiques, corps médical et établissements d’enseignement supérieur, du public et des acteurs collectifs grecs me paraît représenter un fil rouge que les acteurs du thermalisme grec ne doivent pas lâcher.

Pour revenir sur les questions de financement, l’appel aux «capitaux sociaux» tant nationaux qu’européens, caisses d’assurance de droit public et syndicats de travailleurs, et l’introduction de critères d’opportunité sociale, écologique et culturelle pour le recrutement des futurs concessionnaires est une option qui me paraît découler naturellement des argumentaires que je viens de développer.

Références :

Source : www.defenddemocracy.press/grece-ecueils-et-inconvenients-des-politiques-de-privatisation-des-ressources-thermales/

Neige et coupures d’électricité en Grèce

Des dizaines de foyers d’Athènes privés d’électricité pour la quatrième journée ; indemnisation possible

Le  bureau du procureur général d’Athènes enquête sur les coupures de courant de plusieurs jours dans plusieurs régions de l’Attique, au milieu d’un temps de neige, de basses températures et de gel. L’enquête vise à déterminer si le délit de perturbation du fonctionnement d’un service public a été commis.

L’ordre d’enquête préliminaire ον Τhursday a été donné en raison des rapports continus sur les ménages souffrant sans électricité et chauffage depuis lundi ainsi que des dizaines d’appels téléphoniques au tribunal de première instance d’Athènes par des citoyens indignés.

Selon les médias, les citoyens se sont plaints d’être restés sans électricité et sans chauffage pendant plus de trois jours consécutifs et donc dans des températures « polaires » sans pouvoir répondre à leurs besoins fondamentaux et faire face aux conditions météorologiques défavorables.

Une femme de Holargos, dans le nord d’Athènes, racontait jeudi à cnngreece que sa maison est sans électricité depuis lundi soir. La raison en est qu’un arbre cassé a endommagé l’alimentation électrique d’un poteau situé à proximité. La femme a glissé sur la neige lundi alors qu’elle se rendait au travail, elle a subi plusieurs fractures au bras, les médecins lui ont conseillé de se trouver dans un « environnement chaud ».

La femme de 42 ans a déclaré que les équipes de la municipalité ont coupé l’arbre mercredi soir mais qu’aucune équipe pour rétablir le courant n’est venue jusqu’à présent, c’est-à-dire jeudi midi.

Sans électricité, sans chauffage et sans eau chaude, la femme se bat pour survivre à environ 15 minutes de route du centre-ville d’Athènes. « J’ai réalisé que le sol était plus chaud, alors j’ai dormi là », a-t-elle dit, ajoutant que des voisins cuisinaient pour elle et son frère.

Plus tôt dans la journée de jeudi, le porte-parole du gouvernement, Giannis Oikonomou, a laissé entrevoir la possibilité de dédommager les ménages qui ont subi des coupures de courant pendant plusieurs heures ou plusieurs jours. Oikonomou a déclaré que des annonces spécifiques sont attendues dans les jours suivants.

Le ministre de l’environnement et de l’énergie, Costas Skrekas, a également déclaré qu’il était possible de dédommager les appareils électriques endommagés par la panne de courant.

D’après l’expérience de KTG et d’autres personnes, l’indemnisation des appareils électriques endommagés est possible lorsque plusieurs abonnés au réseau électrique dans une même rue déclarent des dommages.  Quant aux indemnisations pour les pannes, il s’agirait de quelques euros ou jusqu’à dix pour les jours où les citoyens ont gelé dans le noir.

Selon le radiodiffuseur public ERT, plus de 1 000 foyers sont encore privés d’électricité jeudi après-midi, les zones les plus touchées étant les banlieues de Vrilissia et d’Agia Paraskevi dans le nord d’Athènes, d’Alimos et de Voula dans le sud d’Athènes, ainsi que les localités de l’est de l’Attique.

Sur la base de certains messages sur les médias sociaux, les enquêtes des procureurs sur les pannes de courant en février 2021 en raison de la neige Medea n’ont pas apporté de résultats satisfaisants pour ceux qui ont lutté pendant une semaine .

Traduit avec www.DeepL.com/Translator (version gratuite)

Source www.keeptalkinggreece.com/2022/01/27/athens-power-outages-snow-compensations-prosecutor/

Poursuites pénales contre 2 journalistes d’investigation en Grèce

Grèce | Deux journalistes inculpés pour leur scoop sur un produit pharmaceutique

(Athènes) Le député européen grec Georgios Kyrtsos a déploré vendredi les poursuites pénales engagées contre deux journalistes de son pays qui ont enquêté sur l’affaire de corruption de l’entreprise pharmaceutique suisse Novartis en Grèce, estimant que l’inculpation de journalistes « va nuire à l’image du pays dans l’UE ».

L’affaire Novartis a pris une tournure politique, la Nouvelle démocratie (ND) de droite au pouvoir accuse le précédent gouvernement de gauche Syriza (2015-2019) d’avoir orchestré la révélation de cette affaire pour lui nuire en impliquant des politiciens conservateurs .

Kostas Vaxevanis, rédacteur en chef d’un journal grec très critique à l’égard du gouvernement actuel, est poursuivi pour les crimes de « manquement au devoir » et de « participation à une organisation criminelle » et est traduit en justice le 19 janvier, selon une source judiciaire .

Mardi, la journaliste Gianna Papadakou a été convoquée au tribunal après avoir été poursuivie pour le crime de « participation à une association de malfaiteurs », selon une source judiciaire.

La journaliste estime qu’elle est poursuivie pour avoir enquêté sur des hommes politiques soupçonnés d’avoir reçu des pots-de-vin de Novartis.

« Peu importe qui a contribué à transformer le scandale Novartis en une chasse aux opposants politiques, les poursuites contre Vaxevanis et Papadakou vont nuire à notre image dans l’UE », a tweeté vendredi Georgios Kyrtsos, membre du Parti populaire européen (PPE). ) et l’un des députés européens de la ND.

La Grèce a perdu cinq places dans le classement mondial de la presse en 2020, selon Reporters sans frontières (RSF) et se situe désormais à la 70e place sur 180 pays, derrière la Pologne et la Mongolie.

« ND et Syriza doivent atténuer la polémique sur l’affaire Novartis et s’employer à exiger des compensations pour le pillage des fonds publics », a tweeté Georgios Kyrtsos.

Le principal syndicat de journalistes d’Athènes a également condamné les poursuites pénales engagées fin décembre contre Gianna Papadakou, soulignant que le journalisme d’investigation est « un élément constitutif de la liberté d’information ».

De son côté, l’organisation internationale d’enquête sur le crime organisé et la corruption (OCCRP) a déclaré dans un communiqué le 4 janvier que la procédure pénale contre Gianna Papadakou « serait un exemple de la raison pour laquelle la Commission européenne surveille de près la liberté. de la presse en Grèce ».

« Le rapport 2022 de la Commission sur l’état de droit continuera à accorder une attention particulière aux développements concernant la liberté de la presse et la sécurité des journalistes », a déclaré Vera Yourova, vice-présidente de l’UE, citée récemment par l’OCCRP.

Source www.defenddemocracy.press/greece-two-journalists-indicted-for-their-scoop-on-a-pharmaceutical/

Traduit avec www.DeepL.com/Translator (version gratuite)

L’horreur des refoulements des réfugiés

25 personnes dont 17 enfants de bas âge ont été arrêtées à Lesvos, battues, dépouillées de leur bien et laissées à dériver en pleine mer sur un radeau de sauvetage (life raft). la nuit du 10 janvier. Cette opération de refoulement d’une violence extrême qui  par miracle n’a pas coûté la vie à un bébé jeté en mer et qui a eu comme résultat l’hospitalisation en Turquie de deux bébés et d’une jeune fille avec une jambe cassée, est décrite d’une façon très documentée, photos, vidéos et archives sonores à l’appui par Aegean Boat Report. Voir ci-dessous la traduction du texte d’origine aaegeanboatreport.com/2022/01/13/17-children-left-drifting-at-sea/   17 Children Left Drifting At Se

et se reporter au blog de l’organisation pour avoir accès aux documents.

Merci de penser à relayer le plus largement possible La « normalisation » de cette horreur va finir par nous déshumaniser complètement toutes et tous.   


17 enfants laissés à la dérive en mer

Vingt-cinq personnes, dont 17 jeunes enfants, ont été arrêtées à Lesvos, battues et maltraitées avant d’être abandonnées à la dérive en pleine mer, dans le cadre du dernier outrage commis par des agents grecs en uniforme. Et le « crime » commis par ces 25 personnes, pour justifier leur expérience horrible aux mains de personnes qui sont payées pour sauver et protéger des vies humaines ? Rien du tout. Elles tentaient simplement de trouver un endroit sûr pour vivre, apprendre et travailler.

Dans l’après-midi du dimanche 9 janvier, un bateau transportant 25 personnes a accosté au sud de Tsonia, au nord-est de Lesvos. Immédiatement après leur arrivée, le groupe s’est caché dans les bois des environs, craignant d’être renvoyé illégalement en Turquie s’il était découvert par la police. À 17 heures, ils ont contacté Aegean Boat Report pour demander de l’aide.

Dans les heures qui ont suivi, ils ont fourni des photos, des vidéos, des messages vocaux et des données de localisation, afin de documenter leur présence sur Lesvos : il ne faisait aucun doute qu’ils étaient sur l’île.

Le groupe avait désespérément besoin d’aide, mais malgré mes efforts pour trouver quelqu’un, je n’ai pu localiser personne qui puisse les aider sur Lesvos. Aegean Boat Report a publié un message public sur les médias sociaux, avec un appel à l’aide urgent, mais aucune organisation ne s’est manifestée, personne ne pouvait protéger ces personnes, pas même les 17 enfants.

De nombreuses organisations s’empressent de critiquer lorsque des personnes se noient dans la mer Égée, pointant du doigt les responsables. Mais lorsqu’elles ont la possibilité d’intervenir, avant que les gens ne soient mis dans des situations potentiellement dangereuses, elles ne disent et ne font rien.

La prochaine fois que des personnes se noieront dans la mer Égée, ces mêmes organisations profiteront de l’occasion pour « montrer leur sympathie » aux victimes, car cela correspond à leur « profil humanitaire », il est financièrement rentable de sembler être du côté de l’humanité. Le mot hypocrisie vient à l’esprit.

Mais il y a aussi des raisons.

À Lesvos, ou sur n’importe quelle autre île d’ailleurs, il n’y a personne capable d’aider, même s’il le voulait, aucune organisation locale, aucune ONG, aucun bénévole, aucun journaliste ou avocat, qui se rendrait sur place pour aider des personnes qui viennent d’arriver, pas même pour documenter leur présence. Parce que s’ils le font, et que la police les trouve, ils risquent d’être arrêtés sur place, accusés d’avoir facilité l’entrée illégale en Grèce, d’entrave aux enquêtes de police et de tout autre chef d’accusation qu’ils pourraient trouver, ceci juste parce qu’ils ont essayé d’aider des personnes vulnérables cherchant la sécurité en Europe.

Telle est, malheureusement, la réalité aux frontières de l’Europe. Les politiciens européens ne défendent plus « nos valeurs européennes » : ces valeurs ont disparu. Ce ne sont que des mots sans substance, utilisés dans des discours pour donner l’impression qu’ils font quelque chose. Ce n’est pas le cas.

Le groupe de 25 personnes est resté caché dans les bois toute la nuit, attendant la lumière du jour. Il faisait froid, ils n’avaient ni vêtements secs, ni nourriture, ni eau. C’était particulièrement difficile pour les nombreux petits enfants.

Aux premières lueurs du jour le lundi 10 janvier, ils ont commencé à se diriger vers le village le plus proche, Tsonia, afin d’être vus par les habitants, dans l’espoir que la sensibilisation du public empêcherait la police de les repousser.

À 8 heures le 10 janvier, Aegean Boat Report a envoyé un courriel aux organisations, ONG, autorités et au médiateur grec, pour leur dire que le groupe souhaitait demander l’asile en Grèce et avait besoin d’une protection internationale. Nous n’avons reçu aucune réponse. La lettre a également été publiée sur Facebook et Twitter pour sensibiliser le public :

« 25 réfugiés sont arrivés à Lesvos hier et ont été annoncés aux autorités, au médiateur grec et au HCR Grèce par Aegean Boat Report ce matin. Nous avons exhorté le HCR et le médiateur à jouer un rôle de médiateur direct pour s’assurer que leurs droits humains seront respectés. 17 des 25 personnes du groupe sont des enfants ».

À 10 h 20, ils sont arrivés à la périphérie du village, mais ils avaient trop peur pour continuer à marcher. Ils ont vu plusieurs voitures et des habitants du village.

Une heure plus tard, à 11 h 20, ils ont informé Aegean Boat Report que la police les avait trouvés. Tout contact a alors été perdu avec le groupe, tous les téléphones sont tombés en panne, tout ce que nous pouvions faire était d’attendre et d’espérer qu’ils soient emmenés dans un camp. Cela ne s’est pas produit. Aucun nouvel arrivant n’a été enregistré par les autorités de Lesvos ce jour-là, ni les jours suivants.

Nous avons appris plus tard par des résidents locaux que la police circulait dans la région dans des voitures civiles – un minivan gris avec quatre hommes en uniformes sombres a particulièrement attiré leur attention. Cette voiture s’est arrêtée à la périphérie du village, et quatre hommes en sont sortis. Tous portaient des cagoules, que les habitants de la région n’utilisent pas pendant la récolte.

La voiture a été filmée, et on peut clairement voir la plaque d’immatriculation IZH:1548 à l’arrière, ainsi qu’un homme debout derrière elle.

Les réfugiés ont ensuite expliqué que ceux qui les avaient trouvés c’étaient quatre hommes cagoulés, en uniforme de couleur foncée et tous armés. Après avoir vu des photos de la voiture, ils ont confirmé qu’il s’agissait de la même que celle utilisée par les « commandos » qui les ont trouvés.

Lorsque les personnes ont été repérées dans la banlieue de Tsonia par ces « commandos », certaines d’entre elles ont tenté de s’enfuir, a déclaré l’un des réfugiés. Quatre coups de feu ont été tirés pour les forcer à rentrer dans le rang. Tout le monde avait très peur, les enfants pleuraient, c’était une épreuve horrible.

Les gens ont été tenus en joue dans cet endroit pendant plus d’une heure. Tout le monde a été fouillé de force, et tous leurs effets personnels, sacs, papiers, argent et téléphones leur ont été arrachés.

Les habitants de la région ont vu une grande camionnette blanche arriver dans le secteur vers midi, puis repartir environ une heure plus tard, précédée d’un minibus gris. Tous les réfugiés qu’ils avaient vus plus tôt avaient disparu, et ils ont donc supposé que la camionnette les avait emmenés. La même camionnette blanche a été utilisée pour transporter des réfugiés lors de plusieurs débarquements précédents, et dans tous ces cas, les personnes ont été évacuées de force de l’île et refoulées vers la Turquie.

Les habitants de Lesvos savent que ces véhicules « civils » sont utilisés par la « police secrète » pour se fondre dans la masse, mais tout le monde sait que les hommes qui s’y trouvent sont des militaires chargés par les autorités grecques de « chasser » les réfugiés.

Lundi 10 janvier, en fin d’après-midi, Aegean Boat Report a reçu un message vocal désespéré de l’une des personnes du groupe auquel nous avions parlé à Lesvos plus tôt dans la matinée. Ils avaient réussi à cacher un téléphone à la police de Lesvos, et avaient juste assez de batterie sur le téléphone pour passer un appel d’urgence aux garde-côtes turcs, et envoyer un message vocal à Aegean Boat Report. Aucune localisation n’a été reçue, et le téléphone était à nouveau hors ligne.

Nous avons immédiatement contacté les garde-côtes turcs (TCG), mais sans localisation, ils ne pouvaient pas faire grand-chose. Le TCG a déclaré qu’il n’avait trouvé personne dans la région de Lesvos, mais qu’il venait de recevoir des informations sur un groupe de personnes en détresse à l’extérieur de Seferihisar.

Nous avons écarté la possibilité qu’il s’agisse du même groupe, en raison de la distance de Lesvos ; nous pensions qu’ils ne transporteraient pas des personnes sur plus de 200 km pour effectuer un repli.

Mais après minuit, les garde-côtes turcs ont informé Aegean Boat Report qu’ils avaient localisé et secouru le groupe pour lequel nous les avions contactés plus tôt : 25 personnes avaient été trouvées à la dérive dans un radeau de sauvetage près de Seferihisar, en Turquie, dont 17 enfants.

Les garde-côtes helléniques avaient transporté ce groupe sur plus de 200 km pour pouvoir les refouler, ce qui montre la détermination des autorités grecques à éloigner quiconque par tous les moyens possibles. Alors, pourquoi ne les ont-ils pas simplement refoulés à la proximité de Lesbos, comme ils le font habituellement dans ces cas-là ? L’explication est assez simple, la direction du vent à ce moment-là était le nord-ouest, et s’ils avaient placé le radeau de sauvetage dans la mer, il aurait dérivé vers les eaux grecques.

Hier, nous avons repris contact avec le groupe, qui se trouve désormais dans une installation de quarantaine à Seferihisar, en Turquie, et ils nous ont expliqué ce qui leur était réellement arrivé.

Leur expérience est tout simplement horrible.

La police les a trouvés à la périphérie du village, où ils ont été fouillés, et tous leurs biens ont été confisqués. Après une heure, une camionnette blanche est arrivée et tout le monde a été forcé de monter à l’arrière : « Ils nous ont traités comme des ordures », nous a dit une femme. « Ils nous ont donné des coups de pied et nous ont battus, même certains enfants ont été battus ».

Il est difficile d’en être sûr, mais ils pensent que la voiture a roulé pendant plus d’une heure. Lorsqu’elle s’est finalement arrêtée, ils se trouvaient dans une sorte de port, où un petit bateau gris à deux moteurs attendait sur un quai en bois. Lorsqu’ils sont sortis de la camionnette, il y avait 10 à 15 hommes masqués, tous en uniforme  foncée, portant des armes. Les gens ont reçu l’ordre de baisser les yeux et de rester silencieux, et il y a eu beaucoup de cris. Les enfants pleuraient, terrifiés par les hommes masqués. Le bateau pneumatique semi-rigide gris à deux moteurs emmène les gens par petits groupes vers un plus grand navire. Dans le  bateau pneumatique, il y avait trois hommes masqués et armés.

Le grand bateau était gris, avec des rayures bleues et blanches à l’avant. Après avoir regardé des photos de navires des garde-côtes helléniques (HCG), ils ont identifié le bateau comme étant un navire de patrouille offshore de classe Sa’ar 4 appartenant aux garde-côtes helléniques.

Tout le monde a été placé à l’extérieur, au milieu du bateau, ont-ils expliqué : « Ils nous ont mis sous une bâche en plastique blanc, pour que personne ne puisse nous voir, et nous ont dit qu’ils allaient nous emmener à Athènes ».

C’était bien sûr un mensonge, mais les gens voulaient désespérément croire que c’était vrai.

Après 7-8 heures, le bateau s’est arrêté. Il faisait nuit dehors et il y avait beaucoup de vent, et le bateau de patrouille HCG était déplacé d’avant en arrière par les vagues. Un étrange bateau a été mis à la mer, ont-ils dit : « Tout le monde a été forcé de descendre dans ce bateau, le bateau n’avait pas de moteur, ceux qui refusaient ou ne bougeaient pas assez vite étaient jetés dans le bateau« .

Vingt-cinq personnes, dont 17 enfants, ont été embarquées de force dans un radeau de sauvetage par les garde-côtes grecs.

Une femme explique qu’un petit bébé a fini dans la mer : « La police grecque a jeté le bébé en bas du bateau grec, mais a manqué le radeau de sauvetage, heureusement nous avons réussi à remettre le bébé dans le radeau.  Une autre fille a été poussée du navire grec et s’est cassé la jambe, c’était barbare, ils y prenaient plaisir, comme si nous n’étions pas des humains. »

Vers 22 heures le 10 janvier, le groupe a été laissé à la dérive dans un radeau de sauvetage à l’extérieur de Seferihisar par les garde-côtes grecs. Ils ont réussi à appeler à l’aide et, une heure plus tard, à 23 h 15, ils ont été retrouvés et secourus par les garde-côtes turcs.

Lorsqu’ils sont arrivés au port de Seferihisar, deux bébés et une fille de 13 ans, Harir, ont été emmenés à l’hôpital. Les bébés souffraient de problèmes respiratoires, de vomissements et de fièvre, et Harir avait une jambe cassée après avoir été jeté du navire des garde-côtes grecs.

Plusieurs autres personnes avaient des bleus et des blessures. Un garçon de 16 ans a été battu au visage et a subi des coupures aux yeux et à la bouche, un autre avait des bleus sur tout le dos après avoir été battu. Une petite fille a montré son bras, plein d’ecchymoses après avoir été piétinée par l’un des hommes masqués à bord du navire des garde-côtes grecs.

Après avoir entendu leurs témoignages, vu les photos et les vidéos, je ne peux m’empêcher d’avoir honte.

Comment pouvons-nous expliquer cela à qui que ce soit, alors que nous ne faisons rien pour l’empêcher : nous laissons faire.

Il n’y a absolument aucun doute sur l’identité des responsables de ces refoulements illégaux, ni sur le fait que la Commission européenne et ses représentants ne lèvent pas et ne lèveront pas le petit doigt pour tenter de mettre fin à ces violations.

C’est un embarras, non seulement pour la Commission européenne, mais pour toute l’Europe.

Cela dure depuis plus de 22 mois. Plus de 25 000 personnes ont été repoussées illégalement dans la mer Égée, 485 radeaux de sauvetage ont été retrouvés à la dérive, transportant 8 400 personnes, tout cela aux mains du gouvernement grec, béni et soutenu par la Commission européenne.

Il s’agit de violations du droit international et des droits de l’homme financées par les contribuables européens.

La commissaire européenne aux affaires intérieures, Ylva Johansson, a dit un jour : « Les refoulements ne devraient jamais être normalisés, les refoulements ne devraient jamais être légalisés. »

Mais les refoulements sont normalisés, et se produisent tous les jours en Grèce, en Italie, en Espagne, en Bulgarie, en Roumanie, en Hongrie, en Slovaquie, en Pologne, en fait sur toute la route des Balkans et à la frontière extérieure de l’UE. C’est illégal. C’est immoral. C’est de la barbarie, et nous – le peuple de Grèce, le peuple d’Europe et le peuple du monde – méritons beaucoup, beaucoup mieux.

Posted byTommy OlsenJanuary 13, 2022Posted inBlog

En Grèce, la liberté de la presse en souffrance

Athènes (AFP) – L’assassinat cette année d’un journaliste à Athènes et la multiplication de tentatives d’intimidation de journalistes en Grèce témoignent d’un recul de la liberté de la presse dans ce pays de l’UE, s’inquiètent experts et reporters interrogés par l’AFP.

En 2021, la Grèce a perdu cinq places sur le classement mondial de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF), se situant désormais à la 70e place sur 180 pays, derrière la Pologne et la Mongolie.

« Plus de 130 cas de violations de la liberté de la presse ont été répertoriés ces dernières années », explique à l’AFP George Pleios, professeur des études de communication et des médias à l’Université d’Athènes.

Il évoque des « obstacles » pour couvrir des événements en lien avec la crise migratoire, des « intimidations » ou des détentions de journalistes, et des « attaques policières » contre des photoreporters lors de manifestations.

L’an dernier, au moins deux femmes journalistes ont dû démissionner dénonçant publiquement des phénomènes de « censure » et « de contrôle » du gouvernement conservateur de Kyriakos Mitsotakis.

L’exécutif a riposté qu’il « respectait totalement l’indépendance des journalistes ».

Fabien Perrier, correspondant de médias francophones en Grèce, témoigne à l’AFP d’une lettre de protestation à la direction du quotidien Libération sur son article critiquant les travaux du site de l’Acropole d’Athènes.

« On m’a reproché mon opinion et non pas les faits », déplore ce journaliste, auteur d’une biographie de l’ex-Premier ministre de gauche, Alexis Tsipras.

L’hiver dernier, lorsque les médias ont rapporté, photos à l’appui, que le Premier ministre avait violé à deux reprises les règles du confinement, des journalistes ont reçu des courriels de protestation du gouvernement.

« Surveillance » présumée

Début novembre, un vif échange en pleine conférence de presse entre Kyriakos Mitsotakis et une journaliste néerlandaise a fait le buzz sur les réseaux sociaux. Elle l’accusait de « mentir » sur les allégations de refoulements de migrants, que le gouvernement nie catégoriquement.

Cette reporter, Ingeborg Beugel, a dit avoir ensuite reçu « des menaces » avant de quitter temporairement le pays.

Le 13 novembre, la publication par le quotidien grec Efsyn de documents des services secrets grecs, attestant de « la surveillance » d’un journaliste a provoqué l’indignation d’organisations de journalistes grecques et étrangères.

Ce journaliste, plus tard embauché par l’AFP, est l’auteur d’un article publié en avril sur le site Solomon sur un jeune migrant en rétention.

En réponse à l’AFP, le ministre d’Etat George Gerapetritis a démenti « toute surveillance des journalistes ».

« La Grèce adhère pleinement aux valeurs d’une société démocratique et à l’état de droit, en particulier le pluralisme et la liberté de la presse », a-t-il écrit.

« Sacro-sainte » indépendance

Dans une seconde lettre à l’AFP, vendredi, le ministre a jugé l’indépendance des médias « sacro-sainte ».

« Si nous n’adhérons pas toujours à ce que les médias écrivent, nous défendons (…) le droit d’une presse libre à travailler sans entrave et indépendante de toute interférence extérieure », a-t-il assuré.

Mais aucune enquête n’a été ouverte sur la véracité et la fuite des documents publiés par Efsyn.

« Le gouvernement et les médias pro-gouvernementaux tentent d’enterrer l’affaire », a déclaré à l’AFP l’auteur de l’article, Dimitris Terzis.

Tout récemment, une loi prévoyant jusqu’à cinq ans de prison en cas de désinformation a été fustigée par RSF, qui dénonce « une atteinte à la liberté de la presse ».

« L’ombre de la peur »

En outre, la Grèce a été choquée en avril par l’assassinat de Giorgos Karaïvaz, 52 ans, rubricard judiciaire.

Il s’agit du deuxième meurtre d’un reporter en onze ans à Athènes, après celui de Sokratis Giolias, 37 ans, en 2010, revendiqué par un groupe extrémiste.

Dans les deux cas, les auteurs n’ont pas été identifiés.

RSF a relevé « les insuffisances des mesures prises par les autorités pour protéger les reporters dans le pays ».

« Cela laisse la profession dans l’ombre de la peur », estime aussi George Pleios.

Selon plusieurs experts, l’aggravation de la situation tient à la connivence entre les groupes de médias et le pouvoir public, sur fond d’intérêts politico-financiers.

« La relation problématique entre médias et pouvoir public n’est pas un phénomène nouveau », souligne Lambrini Papadopoulou, professeure en charge des médias à l’Université d’Athènes.

Pendant la pandémie, les aides de l’Etat ont été « disproportionnellement » distribuées aux médias, le gouvernement étant accusé par l’opposition d’avoir privilégié les médias qui lui sont proches. Une enquête parlementaire est en cours.

« La pandémie et la chute des recettes publicitaires ont accru la dépendance des médias à l’égard de l’Etat », explique l’universitaire Maria Komninou.

L’analyste des médias Georges Tzogopoulos relève aussi la propension « limitée » de certains médias à « critiquer la gestion gouvernementale de la pandémie », se contentant parfois de « copier-coller les communiqués de presse » ministériels.

Source https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20211219-en-gr%C3%A8ce-la-libert%C3%A9-de-la-presse-en-souffrance?fbclid=IwAR0ajFfiMcmOxp2D91GTCc3FH85Me7YUe9N-vwhY79ZZdRu78laaY8G2LLE

Réactions suite au meurtre d’un jeune rom par la police

 
La police grecque abat un jeune Rom non armé ; sept agents sont arrêtés (cet article cite les communiqués officiels clairement et légalement contestés)

23 octobre 2021

La police grecque a abattu un homme de 20 ans non armé et blessé un adolescent de 15 ans après une poursuite en voiture à Perama, dans l’ouest de l’Attique, tôt dans la matinée de samedi. Sept policiers impliqués dans la fusillade ont été arrêtés pour homicide volontaire. Un deuxième adolescent a fui la scène. Le conducteur et les deux passagers mineurs étaient membres de la communauté rom.

Sept policiers ont également été blessés lors de la fusillade, a indiqué la police grecque dans un communiqué, sans toutefois préciser la gravité des blessures ni s’ils ont été hospitalisés ou même reçu les premiers soins .

L’adolescent blessé est hospitalisé à Athènes et sous surveillance. Il a été blessé à l’abdomen et doit subir une intervention chirurgicale.

Un adolescent de 16 ans qui se trouvait également dans la voiture volée a réussi à fuir les lieux et est toujours en fuite…

Selon le communiqué de la police, des agents de l’unité motocycliste DIAS ont fait signe au conducteur d’une voiture qu’ils soupçonnaient d’être volée de s’arrêter pour un contrôle, mais le conducteur a pris la fuite.

Une course-poursuite s’est alors engagée et s’est terminée dans la rue Elpidos à Perama lorsque le conducteur, bloqué par un bus venant en sens inverse, a reculé, « percutant ainsi cinq motos de police qui le poursuivaient et blessant sept agents », selon le communiqué de la police.

« La police a utilisé une arme pour arrêter le véhicule, ce qui a entraîné la blessure mortelle du conducteur et la blessure d’un des passagers, qui a été transporté à l’hôpital et est traité hors de danger », ajoute le communiqué…

Les agents ont tué le conducteur de 20 ans et blessé un passager de 16 ans, tandis qu’un troisième homme à l’intérieur du véhicule a réussi à s’échapper et est recherché par la police.

Les premiers éléments de l’enquête en cours indiquent que la plupart des sept agents impliqués dans l’incident sanglant ont tiré des coups de feu contre les suspects.

En première autopsie a révélé que le corps de la victime présentait plus d’une blessure par balle. Le rapport complet sur le nombre de blessures et la cause exacte de la mort du jeune homme de 20 ans sera publié après l’autopsie complète, lundi.

La fusillade et les sirènes ont alarmé les habitants du quartier de pyknokatoikimeni, qui se sont rendus à leurs balcons. Certains d’entre eux ont filmé l’incident et l’ont transmis aux médias.

Dans une vidéo filmée à distance par un témoin, on entend le son de ce qui semble être au moins 20 coups de feu tirés sur la scène.

Les policiers doivent comparaître devant le procureur samedi soir.

Selon les médias, l’intervention d’un procureur est la procédure standard dans les cas de fusillade et en particulier lorsqu’il y a un décès.

Le procureur enquêtera pour déterminer si la police a agi conformément aux règles.

 Un dossier distinct a été ouvert pour le passager blessé et l’homme qui a fui la scène, qui pourrait être inculpé pour tentative d’homicide, a rapporté kathimerini.

Des sources policières ont déclaré aux médias que l’homme qui a été tué avait été arrêté à l’âge de 14 ans pour des vols.


« 38 balles, c’est un assassinat d’État »

the press project   25 octobre 2021

Aujourd’hui, 25/10,à 13 h une délégation de l’Initiative des avocats et des avocats pour les droits démocratiques a organisé une manifestation au ministère de la Protection des citoyens, à l’occasion du meurtre de Nikos, 18 ans, à Perama. « De manière totalement illégale et abusive, ils ont choisi de remplacer toutes les instances judiciaires et d’imposer la peine de mort », disent-ils, entre autres. 

Marche de protestation pour le meurtre de la police à Perama

Des organisations et collectifs de gauche et de l’espace anti-autoritaire appellent aujourd’hui, lundi 25/10 à 18h à une manifestation contre les violences policières et l’assassinat du Rom de 18 ans par la police à Perama.

« Le meurtre du jeune de 18 ans à Perama est un autre crime de la police. Le matériel audiovisuel et les témoignages ne laissent aucun doute sur le fait qu’il ne s’agit pas d’une défense légale, mais d’une démonstration sanglante de sauvagerie policière. L’opération de dissimulation tombe dans le vide, car il est désormais prouvé qu’aucun affrontement armé n’a eu lieu ni que la vie des policiers n’a été mise en danger. « Après tout, comment justifier la quarantaine de fusillades contre des occupants non armés de la voiture ? », caractérise le Réseau des droits politiques et sociaux dans son appel à la manifestation d’aujourd’hui.

Aucun policier n’a été blessé et aucun échange de coups de feu n’a eu lieu à Perama. Comme à N. Smyrni, à Perama, la tentative de dissimulation est tombée dans l’oreille d’un sourd. « Comme à N. Smyrna, les persécutions, les emprisonnements, les tortures et les meurtres à Perama ne peuvent plus arrêter la résistance de la jeunesse à la répression d’État », dit dans son appel le Mouvement anti-autoritaire d’Athènes .

« Tout un système politique et un gouvernement qui le gère ont affiché leurs intentions dès le premier jour de leur arrivée au pouvoir. « Le premier objectif de ce régime, c’est la jeunesse, puisque tout l’effort du gouvernement est d’en faire un ennemi intérieur et d’appliquer sur lui le droit pénal de l’ennemi, et il applique cette politique à chaque occasion », ajoute-t-il. .

Il conclut que « l’expansion continue des forces de sécurité avec le recrutement de personnes en uniforme qui ne feront que produire la répression et la transformation de la démocratie en une force de police militarisée est l’orientation incontestée du ministère de l’Ordre public. « Police dans les lieux publics, police dans les universités, police pour le covid-19, police partout ».


L’ Initiative Anarcho-Syndicale Rosinande invite et participe au rassemblement aux Propylées le lundi 25/10, à 18h, contre l’arbitraire policier qui tue, la politique de répression étatique

« Cette fois, la doctrine de l’ordre public n’a pas suffi à arbitrairement  violer les droits fondamentaux, à arrêter des innocents ou à torturer. « Elle est allée plus loin, dans le meurtre de sang-froid », a déclaré Rosinande dans un communiqué.

« Le crime sans précédent à Perama met en évidence l’ampleur de l’inhumanité et de l’hostilité envers la société que cache la politique de l’État grec, à la fois dans ce qui a à voir avec son invocation constante et son aggravation de la répression ainsi que le racisme généralisé et la ségrégation sociale qu’il cultive systématiquement », ajoute-t-il.

« Le gouvernement sait qu’il ne peut protéger que les policiers meurtriers…parce qu’il sait – et nous le savons tous – que les 40 coups de feu tirés par les hommes de la DIAS contre des personnes désarmées dans un quartier résidentiel sont la conséquence naturelle de l’existence d’un corps qui a été créé et formé pour traiter la société comme un ennemi intérieur « et nous l’avons vu d’innombrables fois attaquer la foule, non pas malgré les ordres, mais en exécutant les ordres de la direction de l’ELAS », déclare-t-il.

Il conclut : « L’opposition à la politique meurtrière de répression étatique, l’opposition à la politique de racisme qui considère la vie des Roms et des réfugiés comme moins importante, est vitale non seulement du point de vue de l’humanisme et des droits fondamentaux, mais aussi seulement parce qu’elle est possible de former un front social qui résistera à la politique gouvernementale contre le travail, le syndicalisme, l’éducation publique, la santé. »


Le  Rendez-vous d’une gauche anticapitaliste et internationaliste

a noté dans son appel à la manifestation que dans de nombreux cas on ressent la peur de vivre dans une société qui tend à accepter la violence du pouvoir, et la mort pour les « invisibles » : à Omonia en 2019, en mars 2020 à ses frontières Evros, dans la vie quotidienne des accidents du travail comme Anees Mir ».

Dans le cas de Perama, ils essaieront de nous convaincre que « rien ne s’est passé ». Que la violence policière est la réponse à la délinquance …. Cependant, les vidéos et les rapports des habitants montrent hors de tout doute ce qui s’est passé : la police s’est approchée et a tiré sur les occupants du véhicule qui n’étaient pas armés. « ….

Il a ajouté qu’« il est clair qu’aucun policier n’a été blessé, précisément parce qu’ils n’ont pas été attaqués…..

« Nous ne nous faisons pas d’illusions sur le fait que la police défend la société et la loi. Nous savons que c’est un instrument qui applique par la force des lois qui protègent l’injustice sociale et le pouvoir bourgeois. Dernièrement, cependant, sous la responsabilité du gouvernement et de l’ELAS, la répression et l’autoritarisme ont formé un nouveau régime qui a même atteint le point de rétablir effectivement la peine de mort. « Justice doit être rendue pour le crime qui a eu lieu et nous ne devons pas permettre la dissimulation », conclut-il.


 L’ initiative contre la répression d’État – anarchistes appelle à un rassemblement contre la répression le lundi 25 octobre 2021 à 20h00 à Xanthi , précisant que : Plus précisément, nous avons récemment été confrontés à l’escalade de la répression étatique dans tous les aspects de la vie sociale. De la répression des manifestations et des mobilisations, de la persécution des militants à la politique anti-immigration et à la préparation de la guerre, l’appareil d’État glisse dans l’emphase. « Dans chaque coin, il y a un flic armé pour contrôler et limiter la présence des opprimés en public. »

L’initiative ajoute qu' »on ne peut ignorer le contexte raciste/anti-tsigane dans lequel ce meurtre a eu lieu. Outre la question de savoir si les flics connaissaient l’identité culturelle des victimes et s’il y avait des motifs racistes derrière la persécution, le traitement ultérieur de l’événement par le discours dominant avait des caractéristiques ouvertement anti-tsiganes. La communauté rom est l’une des couches les plus opprimées de la société grecque, piégée dans un état d’extrême pauvreté et d’inégalité, marginalisée par les institutions, exclue du marché du travail, constamment confrontée à une multitude de difficultés et de haine raciste. Tout ce qui précède est maintenu par la projection négative constante de l’identité rom. Dans ce contexte commode, alors, »La propagande d’État est venue couvrir l’assassinat, renforçant ainsi les relations de pouvoir déjà existantes. »

« Dans un système où la vie passe par un processus d’évaluation pour savoir si elle vaut plus qu’une voiture volée, dans un état de cannibalisme social et de politique de mort, les couches sociales les plus opprimées sont celles qui sont exterminées. Si vous êtes Rom, votre vie vaut autant qu’une voiture volée, si vous êtes immigré vous êtes violé et tué à la frontière, si vous êtes LOATKI + vous êtes tué un jour à midi à Omonia. « Leur monde pourri s’effondre et pour l’instant il s’effondre dans nos têtes », conclut-il.

Source https://www.keeptalkinggreece.com/2021/10/23/greek-police-roma-dead-chase-car-shootout-perama/

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