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Les Crétois demandent « justice » pour les atrocités commises par les nazis

Source https://www.keeptalkinggreece.com

L’UE a détruit son pays ….Nous sommes les prochains.

L’UE a détruit son pays ….Nous sommes les prochains. Pour Élucid, Yánis Varoufákis revient sur ses années de combats contre le capitalisme mondialisé responsable de tant d’inégalités, mais également sur la crise grecque, symptomatique de la nature profonde de l’Union européenne : austéritaire, dysfonctionnelle et antidémocratique. Il déclare : Ils ont préféré traiter la Grèce comme un rat de laboratoire, comme une expérience avec l’objectif de l’appliquer un jour à la France … Voir l’entretien d’1h12mn sur Elucid

Grèce : quelles perspectives après les élections européennes ?

A. Sartzekis, Athènes, le 23 juin 2024

Source https://npa-lanticapitaliste.org/actualite/international/grece-quelles-perspectives-apres-les-elections-europeennes

Grèce report de chimiothérapie faute de lits

Thessalonique : mensonges de Georgiadis sur les reports de chimiothérapie faute de lits

par Christos Avramidis

De nouveaux incidents de santé publique sont constamment révélés, avec le dernier incident impliquant une patiente atteinte d’un cancer à l’hôpital de cancérologie Theageneio de Thessalonique qui l’a appelée moins de 24 heures avant son rendez-vous de chimiothérapie prévu pour le reporter, « parce qu’il n’y avait pas de lit d’hôpital », selon la plainte de son fils.

Le journaliste Christos Avramidis a rendu la plainte publique après avoir recoupé les informations rapportées.

hébreu

Le ministre de la Santé, Adonis Georgiadis, a traité personnellement la plainte,  réfutant le journaliste avec un tweet connexe , citant même des données de l’administration de l’hôpital.

Malheureusement pour lui,  le médecin de l’hôpital, Anastasios Butis, a répondu nommément au ministre que certains traitements étaient effectivement reportés . La plainte est donc tout à fait vraie et le ministre de la Santé a encore une fois été surpris en train de mentir.

Source: koupandoras.gr

Grèce : la deuxième mort de Syriza, ou de la tragédie à la farce

Par Stathis Kouvélakis

Syriza traverse actuellement ce qui pourrait bien être sa crise finale après l’élection à sa tête d’un ancien trader : Stefanos Kasselakis. Celui-ci a pris la succession d’Alexis Tsipras après la déroute électorale récente du parti, en bénéficiant d’un large soutien des médias dominants et d’un système de « primaire interne » qui permet à toute personne s’inscrivant en ligne et payant la somme de deux euros de participer à l’élection du chef du parti.

Stathis Kouvélakis analyse dans cet article ce qui apparaît d’ores et déjà comme la « deuxième mort » de Syriza, la première renvoyant à la capitulation en rase campagne de l’été 2015 face à la Troïka (Banque centrale européenne, Fonds monétaire international et Commission européenne). Celle-ci conduisit Tsipras à mener une politique d’une extrême brutalité pour les classes populaires et, ainsi, à transformer Syriza de parti de la gauche radicale en parti de l’austérité néolibérale.

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On connait sans doute les phrases par lesquelles commence le Dix-huit Brumaire de Louis Bonaparte de Marx : « Hegel fait quelque part cette remarque que tous les grands événements et personnages de l’histoire surgissent pour ainsi dire deux fois. Il a oublié d’ajouter : la première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce ».

Ce « quelque part » fait référence à un passage des Leçons sur la philosophie de l’histoire qui établit un parallèle, d’une part, entre le passage de Rome de la république à l’empire et celui de la France de la monarchie à la république, et, de l’autre, entre le destin de César, celui de Napoléon et celui de la dynastie des Bourbons. Selon Hegel, le meurtre de César est censé ramener la république, en mettant fin au pouvoir personnel, mais il aboutit à sa fin irrévocable et à l’instauration du régime impérial, d’un césarisme sans César que le meurtre de celui-ci a rendu possible. Napoléon et les Bourbons sont chassés deux fois du pouvoir, et ce n’est qu’au terme de cette réitération que l’irréversibilité de la fin du pouvoir qu’ils ont incarné est véritablement actée.

Hegel en tire une sorte de loi de l’histoire selon laquelle « la répétition réalise et confirme ce qui au début paraissait seulement contingent et possible »[1]. Un événement n’est définitivement enregistré que lorsque, par sa répétition, sa nécessité, c’est-à-dire son caractère irréversible, est reconnue. Cette répétition n’est en fait jamais une répétition à l’identique, elle s’effectue toujours sous une forme déplacée.

Toutefois, l’idée d’un passage de la tragédie à la farce est, pace Marx, déjà bien présente chez Hegel, qui caractérise la « Restauration » des Bourbons de « farce qui a duré 15 ans »[2]. La normalité propre à l’ère bourgeoise tend à refouler les moments troubles qui ont scandé son émergence. Pour autant, si toute idée de retour en arrière s’avère illusoire, cette illusion fait elle-même partie du processus qui, par le jeu de la répétition, enregistre la césure de l’événement.  

Le désastre que vit la Grèce, et en particulier la gauche grecque, depuis le terrible été 2015 apparaît comme un cas d’école de cette « ruse de la raison historique ».

Entre les deux morts, la séquence 2015-2023 

La dernière en date des tragédies d’un pays qui en a connu bien d’autres est donc survenue en ce terrible été 2015,  lorsqu’Alexis Tsipras capitule en rase campagne face à la Troïka (Union européenne, Banque centrale européenne, Fond Monétaire International), et accepte un plan néolibéral de choc (connu en tant que « 3e Mémorandum ») bien pire que celui que l’électorat grec venait de rejeter quelques jours auparavant, lors du référendum du 5 juillet. Mais l’ampleur de la catastrophe était telle qu’elle fit l’objet d’un déni, habilement cultivé par Tsipras et ceux qui l’ont suivi au sein de son parti, avec l’appui enthousiaste des classes dominantes grecque et européennes.

Syriza a pu ainsi remporter le scrutin anticipé de septembre 2015 en laissant croire que l’acceptation du 3e Mémorandum n’était qu’un recul tactique et en promettant de mettre en œuvre un « programme parallèle », censé neutraliser ses retombées négatives. Les quatre ans qui ont suivi ont toutefois été marqués par l’application à la lettre des recettes néolibérales draconiennes gravées dans le marbre de cet accord, sans la moindre mesure compensatoire, transformant la Grèce en pays modèle du néolibéralisme au sein de l’UE.

L’électorat sanctionne lourdement Syriza au scrutin européen de mai 2019, en le plaçant (à 23,7% contre 35,6% en septembre 2015), dix points derrière une droite revigorée, assurée de revenir au pouvoir. Sentant le vent du boulet, Tsipras bouscule de quelques mois le calendrier électoral et appelle à un scrutin législatif anticipé pour juillet. La manœuvre porte ses fruits, ou du moins quelques-uns.

Certes, Syriza sort perdant, à près de neuf points derrière Nouvelle Démocratie. Mais il progresse de près de huit points par rapport aux européennes, atteignant un score inespéré de 31,5%. La perspective d’un retour de la droite au pouvoir a suscité un ultime réflexe de vote-barrage. Ce réflexe s’était nourri de la réaction suscitée par les manifestations nationalistes du printemps précédent contre l’accord signé avec la République de Macédoine du Nord, qui avaient vu se constituer un front commun entre l’extrême droite et les secteurs les plus radicaux de Nouvelle Démocratie.

Ce score a créé l’illusion, propagée conjointement par Syriza et le système politico-médiatique, selon laquelle on assisterait au retour à un système bipartisan comme celui que le pays avait connu des années 1970 à la crise de 2010. A la seule différence que c’était désormais le parti d’Alexis Tsipras qui était censé occuper la place qui fut naguère celle du Pasok, celle d’une force d’alternance gouvernementale face à la droite. 

Cette illusion renvoyait de fait à une autre, plus profonde : celle qui refusait d’admettre le caractère irréversible de ce qui s’était passé l’été 2015, et qui s’était prolongé lors des quatre années qui avaient suivi, à savoir la mutation de Syriza d’un parti de la gauche radicale en véhicule d’une forme particulièrement dévastatrice de néolibéralisme, assortie d’une mise sous tutelle du pays pendant plusieurs décennies[3].  

Mai-juin 2023 : le naufrage électoral

L’effondrement électoral de Syriza au scrutin de mai 2023, confirmé et aggravé dans celui qui a suivi (de 31,5% en 2019 à 20% en mai puis à 17,8% en juin), a mis fin à cette illusion. Au cours des quatre années précédentes, Syriza s’était contenté de mener une opposition superficielle, ne contestant aucune orientation de fond de la droite.

Au parlement, ses députés ont voté 45% des lois proposées par le gouvernement de Mitsotakis, y compris les plus emblématiques comme celle autorisant la vente à un prix symbolique du terrain de l’ancien aéroport d’Elliniko à l’oligarque Yanis Latsis, associé à des capitaux qataris, ou les pharaoniques contrats d’armement, d’un montant de près de 15 milliards à ce jour, qui ont conduit au doublement du budget de la défense entre 2020 et 2022. Syriza s’est chargé lui-même de rappeler quotidiennement que la capitulation de 2015 et son mandat gouvernemental ne constituaient en rien une « parenthèse » forcée mais bien une rupture qui n’admettait aucun retour en arrière. 

Par ailleurs, Tsipras a engagé une mutation de la structure organisationnelle de Syriza en ouvrant largement le parti à des personnalités « centristes », en général issues du Pasok, qui avaient approuvé tous les Mémorandums signés avec la Troïka lors de la période 2010-2015. Le nom du parti a été modifié en 2020 en « Syriza-Alliance progressiste », avec l’ambition d’en faire une force capable de couvrir l’espace du « centre-gauche » et d’apparaître comme une force d’alternance stable. Et, surtout, Tsipras a instauré en 2022 un système de « primaire interne », ouverte à toute personne s’inscrivant en ligne et payant la somme de deux euros.

Seul candidat, Tsipras est élu président du parti par une « base » fictive de 170 mille personnes – jusqu’à l’été 2015 Syriza comptabilisait 35 000 membres, mais il s’agissait alors de vrais membres affiliés à une section locale ou d’entreprise. A la tête d’un parti vidé de toute substance militante et transformé en machine électorale au service du leader, Tsipras pensait aborder avec une relative sérénité les scrutins de 2023. L’objectif était sinon de gagner une majorité, du moins être en mesure de constituer une coalition gouvernementale « progressiste » avec le Pasok et accoucher ainsi d’un pôle de centre-gauche sur le modèle du PD italien. 

Dans ce contexte, la double déroute de mai et juin 2023, la seconde amplifiant la première, a provoqué un séisme interne. Dans une ambiance lugubre, Tsipras démissionne quelques jours après la gifle électorale de juin. Il laisse un parti démoralisé et, surtout, dépourvu d’identité et de repères autres que le culte du leader et l’obsession de revenir au pouvoir.

De nouvelles « primaires » sont convoquées pour septembre, et une proche de Tsipras, Efi Achtsioglou, se présente comme la successeure désignée, bénéficiant de l’appui de l’appareil. Elle fait partie du groupe de quadras qui ont accédé à la notoriété en occupant d’importants portefeuilles ministériels entre 2015 et 2019. Elle-même, en tant que ministre du travail, a lié son nom à deux lois qui restreignent drastiquement le droit de grève (désormais soumis à un vote préalable des membres du syndicat, sur le modèle des lois Thatcher) et suppriment les négociations tripartites (syndicats-patronat-Etat) sur le SMIG, désormais fixé par décret. 

Tout paraissait joué, jusqu’à ce qu’un outsider absolu, Stefanos Kasselakis se déclare candidat à la fin août et remporte aisément le scrutin (qui s’est déroulé en deux tours, selon les règles fixées en 2022). Que s’est-il passé ?

Qui est Stefanos Kasselakis ?

Dans les conditions actuelles d’affaiblissement au niveau mondial des partis politiques, le succès d’un outsider comme Kasselakis pourrait paraître trivial. Il l’est toutefois moins si on prend en compte ce qui fait la singularité du personnage et de son ascension éclair sur la scène politique. L’originalité du cas consiste en ce que l’outsider en question ne fonde pas une nouvelle formation, par-delà les clivages établis du champ politique, mais, défiant toute prévision, parvient à s’imposer à la tête d’un parti héritier d’un courant historique de la gauche et qui, malgré son affaiblissement, reste la principale force d’opposition au parlement grec. 

A première vue, le succès de Kasselakis se présente comme une simple combinaison des techniques de com qui font l’essence de la « post-politique » actuelle. Jeune, riche, sportif, ouvertement gay (mais sans promouvoir d’agenda LGBT+ particulier), Kasselakis paraît incarner lui-même l’« image » de nouveauté, celle du « rêve grec » qu’il promet à ses partisans.  La campagne-éclair qui l’amène à la présidence de Syriza est entièrement basée sur des petites vidéos (six, soit un total 43 minutes), de rares interviews (il arrête rapidement un exercice qui le met en difficulté), et, avant tout, sur le recours intensif aux réseaux sociaux.

Le candidat-surprise est aussitôt adoubé par les médias audiovisuels, qui lui assurent une visibilité extraordinaire, entièrement basée sur l’étalage complaisant de son style de vie (son chien, son mari, sa salle de fitness, ses sorties etc.). Son discours est à l’image de sa campagne : il se présente comme un visage neuf, « l’homme capable de battre Mitsotakis », dégagé de tout « boulet idéologique » à l’opposé des « hommes (et femmes) d’appareil » qu’il affronte dans le cadre des primaires de Syriza.  

Lors des interviews, son ignorance des sujets les plus élémentaires de la politique grecque est flagrante. Malgré son succès supposé dans le monde des affaires, il semble ignorer le montant du taux d’imposition des sociétés en Grèce et, nonobstant les saillies « patriotiques » dont il parsème ses discours, il n’a qu’une vague idée des problèmes qu’affronte le pays dans ses rapports avec la Turquie. Ses propositions sont aussi floues que sommaires, mais toutes s’insèrent dans la grammaire néolibérale : moins d’impôts, suppression du service militaire obligatoire et promotion d’une armée de métier, « égalité des chances » et « rêve grec pour tous ».

Peu après son élection à la présidence du parti, il prononce devant l’assemblée générale annuelle du patronat grec un discours remarqué, qui dissipe le nuage de fumée qui a entouré sa campagne. Il y défend une vision qui « ne diabolise pas le capital et le voit comme un outil pour la prospérité, pour la réduction des inégalités à travers une croissance forte ». Selon cette version de la « théorie du ruissellement », le « mot travail doit être un appel à la ‘collaboration’, pour un nouveau contrat social par lequel les travailleurs participent activement à la croissance de l’entreprise ». 

La clé du succès de Kasselakis se trouve sans doute dans cette adéquation entre un discours à peu près vide de contenu, au sens où il se contente de surfer sur les clichés (au sens imagé) du néolibéralisme, et son incarnation dans un visage juvénile, dépourvu de toute épaisseur, donc entièrement modelable (et modelé) par les techniques de la com. Il apparaît comme la transposition dans le champ de la politique de la figure de l’« ambianceur », pour reprendre une catégorie de Nicolas Vieillescazes : quelqu’un qui diffuse une certaine vision, en l’occurrence néolibérale, mais de façon vague, quasiment subreptice, qui évite toute affirmation et propos « clivant » et se fond ainsi dans l’ « ambiance » régnante, puissamment aidé en cela par son (apparente) absence de passé. Davantage qu’une véritable singularité, Kasselakis apparaît comme un produit d’algorithmes, simple figuration de la logique anonyme du système politique et de l’ordre social dont il est l’expression. 

Si Kasselakis a pu s’en tenir pendant sa courte campagne pour la présidence de Syriza (à peine plus de deux semaines) à un discours infra-politique, c’est qu’il est lui-même un inconnu à peu près complet non seulement sur la scène politique mais aussi dans la vie publique du pays. Sa désignation par Alexis Tsipras sur les listes de Syriza (dans une position non-éligible) aux scrutins de mai et juin 2023 au titre de personnalité de la diaspora[4] est passée à peu près inaperçue.

Ayant quitté la Grèce à l’âge de 14 ans, il est résident permanent aux Etats-Unis jusqu’au début de l’année dernière. C’est dans ce pays que s’est déroulée la totalité de sa carrière professionnelle, qui l’a vu passer du statut de trader de la Goldman Sachs à celui d’armateur, une trajectoire qui lui donne l’aura du self-made man dont il ne cesse de se prévaloir. Pourtant, un voile d’opacité entoure la nature exacte de ses activités entrepreneuriales.

De récents reportages de la presse grecque pointent une structure labyrinthique de sociétés au statut juridique complexe, dont les principales sont basées au Delaware, un  Etat de la côte Est des Etats-Unis connu pour son statut de paradis fiscal et pour la règle de confidentialité qu’il applique quant à la propriété des sociétés qui y sont enregistrées. Tout cela au mépris de la législation grecque qui interdit aux élu.es et aux dirigeant.es de partis représentés au parlement d’être propriétaires de sociétés dont le siège se trouve hors du pays.

Même le passage par la Goldman Sachs est controversé : Kasselakis aurait été licencié pour « performance insuffisante », alors que lui-même assure l’avoir quittée de son propre gré pour reprendre des études supérieures. De même, il apparaît que, loin d’être le self-made man qu’il prétend, son entrée dans le monde des affaires s’est effectuée grâce à l’appui de la société de son père et à celui du puissant armateur Marcos Nomikos.

Que sa trajectoire ait été celle d’un capitaine ou, plus vraisemblablement, celle d’un chevalier d’industrie, Kasselakis n’est pas un inconnu au sein de la communauté gréco-étatsunienne. Il a tenu pendant des années une chronique consacrée à l’économie dans son organe emblématique, The National Herald, un quotidien ultra-conservateur (et soutien notoire de la dictature des colonels qui a sévi de 1967 à 1974) mais qui entretient de puissants liens « bipartisans » avec l’establishment politique et économique étatsunien. Kasselakis y publie ses chroniques parfois sous son nom, parfois sous le pseudo d’Aristotelis Oikonomou, en hommage à l’armateur mythique Aristotelis Onassis

La presse grecque a abondamment fait état de ses publications passées, qui ne laissent aucun doute sur son positionnement idéologique et politique – même si l’effet de ces révélations a été habilement neutralisé par le tapage communicationnel qui a entouré sa campagne. Tout au long de la crise des années 2010-2015, Kasselakis a vigoureusement défendu la thérapie de choc de la Troïka, jugeant que les salaires grecs sont trop élevés (y compris le salaire minimum), et que les licenciements de fonctionnaires et les coupes dans les services publics imposés par la thérapie de choc étaient « insuffisants ».

Il proposait comme modèle la politique économique de Reagan et la création d’universités privées. Il considérait Syriza, et en particulier Alexis Tsipras, comme un « danger » pour le pays comparable à celui que Trump représentait pour les Etats-Unis (lui-même était pourtant enregistré comme électeur républicain à New York de 2013 à 2019). Il avait affiché, en 2015, son soutien à l’actuel premier ministre Konstantinos Mitsotakis lors des primaires de la droite et salué, en 2019, la victoire de Nouvelle Démocratie (dirigée par Mitsotakis), lorsqu’elle succède au pouvoir à Syriza.

Dans un entretien accordé en juillet 2023 à l’édition en langue anglaise du quotidien athénien Kathimerini, alors qu’il s’était déjà présenté comme candidat sur les listes de Syriza, il se targue de « son excellente relation avec Mitsotakis, qui date de 2012, quand il était simplement député ». Dans le même entretien, il déclare avoir accepté la proposition de Tsipras de figurer sur les listes de son parti car il « pense qu’avec lui (Tsipras) nous pourrions créer l’équivalent grec du Parti Démocrate [étatsunien], qui pourrait mettre en œuvre un ensemble de changements politiques allant de projets de loi bipartisans sur l’économie et la réforme de la justice à des protections progressistes sur les droits de l’homme, le logement, la pauvreté, etc. ».

L’aboutissement d’un long délitement

L’élection d’une telle personnalité à la tête d’un parti comme Syriza, qui compte 20 ans d’existence et plonge ses racines dans l’histoire mouvementée de la gauche communiste grecque, a bien quelque chose de vertigineux. De la tragédie on est effectivement passé à la farce, mais le spectacle a continué à attirer des spectateurs. Il s’est en effet trouvé 70 mille personnes pour soutenir Kasselakis lors du second tour des primaires (56% du total) contre 56 mille à sa rivale, Efi Achtsioglou. Comment expliquer cette adhésion ?

Il faut tout d’abord mentionner la déstructuration idéologique profonde induite par le cynisme impudent d’une formation de la « gauche radicale » qui renie ses engagements fondamentaux, bafoue le résultat d’un référendum qu’elle a elle-même organisé, et s’accroche au pouvoir pour poursuivre la politique néolibérale d’une grande brutalité engagée par ses prédécesseurs. La perte de repères qui s’ensuit nourrit le nihilisme et les mues les plus improbables, y compris au sein de ce qui restait de l’électorat de Syriza.

Vient ensuite l’impact de la procédure de la primaire qui substitue au principe d’un parti constitué de militants souverains celui d’un agrégat anonyme et atomisé, constitué de membres fantômes à deux euros, aisément manipulable par les médias et le buzz des réseaux sociaux. Sans la figure de Tsipras, qui maintenait l’apparence d’une continuité, le parti centré autour de son leader est apparu pour ce qu’il était devenu : une coquille vide.  

Avec ce mélange d’inconscience et de sincérité qui caractérise les outsiders, Kasselakis a déclaré  que « si Syriza fonctionnait correctement, s’il avait une base sociale, une réserve de cadres et de jeunes, il y aurait évidemment quelqu’un d’autre qui aurait pris la place que j’occupe aujourd’hui. Le fait que j’aie été élu n’est pas un signe de bon fonctionnement. Je l’admets. Si j’ai été élu, c’est parce que les gens voulaient quelque chose de différent ».

Toutefois, la victoire d’un candidat aussi improbable n’a été possible que du fait du discrédit de ses concurrents. Usés par un exercice du pouvoir impopulaire, ayant appliqué sans broncher des politiques néolibérales aux antipodes complets des engagements de Syriza, ils et elles en ont payé le prix lorsque le désastre électoral est survenu. Incarnant la continuité et une forme de légitimité « partidaire », Efi Achtsioglou en particulier pensait que les primaires seraient une promenade et menait une campagne routinière et « centriste ».

C’est précisément ce qui l’a conduit à la défaite : brocardée en tant que représentante d’une ligne et d’une équipe qui avait échoué, elle n’avait pas grand-chose à opposer à la « guerre-éclair » communicationnelle d’un Kasselakis, avec son profil d’« homme neuf », vierge de tout lien avec le Syriza de gouvernement, adossé au système médiatique mais bénéficiant également de la bienveillance implicite de Tsipras. Sa défense de « l’identité de gauche » du parti ne pouvait qu’apparaître que comme le reliquat démonétisé d’une époque révolue.

La force de Kasselakis a été précisément d’affirmer la rupture avec une identité devenue sans objet. Une fois de plus, l’injonction que le « révisionniste » Eduard Bernstein lançait à la socialdémocratie allemande à la fin du 19e siècle – « qu’elle ose paraître ce qu’elle est » – a fait la preuve de son efficacité. Profitant du désarroi créé par la déroute électorale, le candidat surprise a su mobiliser les procédures mises en place par Tsipras pour construire une base de supporters à partir des technologies qu’appellent ces mêmes procédures : le buzz des réseaux sociaux et le tapage médiatique.

Son succès illustre ce que Gramsci appelait un processus déjà bien avancé de « transformisme » et dont la racine n’est pas à chercher ailleurs que dans la capitulation de l’été 2015. C’est aussi la raison pour laquelle son OPA sur Syriza a bénéficié, dans un premier temps (mais qui était le plus crucial), de la bienveillance de Tsipras et du soutien de ses plus proches collaborateurs au sein du cercle dirigeant.

Syriza sous le leadership de Kasselakis  

Si l’on appliquait à Kasselakis les critères dont il se réclame lui-même, le bilan de ses six premiers mois à la présidence du parti est pour le moins décevant, si ce n’est catastrophique. Les élections régionales et municipales d’octobre dernier ont été une humiliation pour le parti, qui a perdu le peu de bases municipales qui lui restaient.

Presque partout il a été dépassé par le Pasok, qui a remporté un succès spectaculaire et inattendu en délogeant (au second tour) la droite de la municipalité d’Athènes, l’ex-maire n’étant autre que le neveu du premier ministre Mitsotakis. Pire, Syriza est talonné au niveau national par le Parti communiste, qui connaît un redressement sensible et contrôle actuellement cinq municipalités importantes, dont celle de Patras, 3e ville du pays (conquise en 2014). Suite à ce premier test électoral, Syriza est relégué en 3e position (autour du 12%) dans la quasi-totalité des sondages, à deux points en moyenne derrière le Pasok. 

Ce qui a fait la une des médias au cours des mois qui ont suivi, ce ne sont plus tant les opérations de com’ de son président (malgré la publicité accordée à l’anniversaire de son chien Farly…) mais les déboires internes du parti et les révélations sur ses activités professionnelles aux Etats-Unis. Son élection a été suivie de vagues de départ de Syriza (pendant plusieurs semaines, la presse publiait quasi-quotidiennement des lettres collectives de départ signées par des dizaines, parfois des centaines de membres), des exclusions de députés, et rapidement, par le départ des principaux courants « historiques » : « Parapluie », qui se voulait l’aile gauche du parti (son candidat, Euclide Tsakalotos, ancien ministre de l’économie et des finances, avait recueilli 8,3% des voix lors du 1er tour des primaires), et le groupe dit « 6+6 », qui regroupe les quadras de l’ancienne direction autour de Tsipras, dont la candidate, Efi Achtsioglou, a affronté Kasselakis lors du second tour des primaires (elle avait obtenu 36% lors du premier).

Ces deux courants ont d’abord créé un groupe parlementaire, avec 11 députés sur les 47 élus sous l’étiquette Syriza en juin 2023, puis un parti nommé « Nouvelle Gauche ». Celui-ci a tenu sa première conférence nationale début mars et élu à sa tête Alexis Charitsis (47 ans), qui a détenu divers portefeuilles dans les gouvernements Tsipras.

Bien que se voulant garante de l’« identité de gauche », qu’elle accuse Kasselakis d’avoir abandonnée, Nouvelle Gauche se veut également la meilleure défenseure du bilan gouvernemental de Syriza, auquel ses principaux dirigeants restent associés. L’argument est que la cause de la crise du parti remonte à 2019. Seraient en cause l’incapacité à mener une opposition crédible et la politique d’« ouverture vers le centre » impulsée par Tsipras, ainsi que la transformation de l’organisation en machine au service du leader. La capitulation de 2015 et les quatre années de politiques néolibérales drastiques qui ont suivies font l’objet d’un non-dit, si ce n’est d’un déni. La proposition politique de Nouvelle Gauche revient en fin de compte à entretenir l’illusion d’un possible « tsiprisme sans Tsipras », dans la continuité du « Syriza de gouvernement » des années 2015-2019.

Par contraste, le Syriza de l’ère Kasselakis joue une carte de distanciation partielle avec le bilan du Syriza au pouvoir. Flirtant avec une rhétorique populiste, il dénonce certains aspects de la politique de la période 2015-2019 qui ont particulièrement affecté les couches moyennes (surtaxation des professions libérales et des indépendants) ou les retraités. Naviguant au gré des sondages et des trouvailles des communicants, le « progressisme » du « nouveau » Syriza offre une combinaison de platitudes néolibérales agrémentées d’une pincée de populisme.

Parmi les principaux appuis de l’actuel président issus de l’ancien Syriza, on trouve Pavlos Polakis, ancien ministre de la santé. Personnage histrionesque maniant constamment l’insulte sur les réseaux sociaux , il y relaie l’argumentation des antivax ainsi que des propos nationalistes et xénophobes, frisant parfois le racisme. De son côté, Kasselakis ne manque jamais une occasion de mettre en avant son « patriotisme » et d’affirmer son soutien aux montants astronomiques des dépenses militaires engagées par le gouvernement actuel (que Syriza a par ailleurs toujours soutenues au parlement). 

Le 4e congrès de Syriza, qui s’est tenu fin février, a été marqué par l’intervention de dernière minute de Tsipras au moyen d’une lettre rendue publique la veille de son ouverture. Quelques jours auparavant, Kasselakis avait adressé aux « membres » un « questionnaire en ligne » qui remettait en cause l’ensemble des « fondamentaux » de Syriza : nom et emblème du parti, positionnement dans l’axe droite-gauche, nécessité de « changements radicaux » dans sa structure.

Ce questionnaire a suscité la réaction de la quasi-totalité des anciens « barons » du parti et forcé Tsipras à intervenir. Dans une ultime tentative d’affirmer son influence au sein du parti, Tsipras dénonce à la fois ceux qui l’ont quitté pour créer Nouvelle Gauche et le leadership de Kasselakis, à qui il reproche d’avoir été élu sans avoir ouvert ses cartes. Il lui demande en conséquence de procéder à des nouvelles élections pour la présidence du parti, faisant ainsi monter d’un cran le niveau, déjà très élevé, de tension interne.

Le congrès lui-même a donné une image de chaos indescriptible, la plupart des participant.es n’étant pas des délégué.es élu.es (les sections se trouvant dans l’incapacité de tenir des réunions) mais une masse de supporters du nouveau leader, huant systématiquement les opposant.es dans une ambiance digne des jeux de cirque romain. Malgré l’annonce d’une candidature opposée à Kasselakis (celle d’Olga Gerovassili, un profil comparable à celui d’Achtsioglou en plus âgé), le congrès a repoussé in fine la proposition de tenue de nouvelles élections dans une caricature de délibération. Les médias ont abondamment parlé de farce, et comparé le congrès aux spectacles satiriques kitsch de la scène populaire du Pirée Delphinario.

Pourtant, que ce soit en termes d’image personnelle ou de stratégie, Kasselakis sort incontestablement renforcé de l’épreuve : débarrassé de toute opposition interne, il a rompu le lien symbolique avec Tsipras et mis un terme à toute velléité de son ancien leader d’interférer dans les affaires du parti. Il a désormais carte blanche pour mener au bout sa transformation de Syriza en parti libéral à l’américaine. Ses premières décisions ont consisté à mettre en place un schéma d’organisation d’inspiration explicitement entrepreneuriale : le parti est géré par son président, entouré de son staff et de plusieurs « think tank » thématiques.

Le projet de changement de nom n’est que reporté, sans doute pour le lendemain du scrutin de juin prochain. Reste à savoir si cette opération est en mesure d’améliorer la performance électorale, qui s’annonce calamiteuse, aux élections européennes. Les derniers sondages indiquent certes un léger redressement, et redonne à Syriza la deuxième place, légèrement devant le Pasok, mais à plus de vingt points derrière Nouvelle Démocratie et toujours sensiblement en-deçà du score de  juin 2013.

Même si lui-même s’en défend, et réclame à être jugé en fonction du résultat lors du prochain scrutin législatif (prévu pour 2027), le leadership de Kasselakis apparaît fragile. Mais on peut d’ores et déjà affirmer que sa mission historique est accomplie : la deuxième mort de Syriza est maintenant un fait accompli. Le passage de la tragédie à la farce laisse derrière lui une gauche exsangue et une société déboussolée, à la merci de démagogues sans scrupules, qui ne cachent même plus leurs liens avec les puissances d’argent. 

*

Notes

[1] G. W. F. Hegel, Leçons sur la philosophie de l’histoire, Paris, Vrin, 1979, p. 242.

[2] Ibid., p. 343.

[3] Les engagements en matière d’excédents budgétaires, de remboursement de la dette et de mise sous hypothèque du patrimoine public de la Grèce contractés en 2018 par le gouvernement Tsipras, lors de l’accord de « sortie » du 3e Mémorandum, courent jusqu’en 2060. Par ailleurs, le Trésor public de la Grèce, tout comme l’Institut de statistiques, sont devenus des autorités « indépendantes », placées sous le contrôle indirect de l’Union européenne. 

[4] Les partis grecs sont tenus d’inclure un quota de candidat.e.s de la diaspora depuis que le vote a été accordé, sous des conditions très restrictives, aux résident.e.s à l’étranger.

Source https://www.contretemps.

Grèce : SYRIZA se suicide (avec l’aide des Américains)


Par Dimitris Konstantakopoulos
10 novembre 2023

Un certain nombre de cadres de première ligne suivis par de nombreux cadres et membres (des vrais, pas comme les électeurs de Kasselakis) ont fortement désapprouvé l’élection du nouveau président de SYRIZA, une élection qui a été un scandale, à la fois en termes de procédure suivie et en termes d’incompatibilité de Stefanos Kasselakis avec toute idée de la gauche. Nous en avons parlé en détail dans nos articles précédents (à titre indicatif https://www.defenddemocracy.press/lacking-moral-political-and-representative-legitimacy-the-election-of-kasselakis/)

Sans parler des fonds de provenance et d’origine inconnues utilisés pour la campagne électorale de M. Kasselakis ou du soutien d’une partie importante des médias de l’oligarchie. Certes, il s’agissait là d’une manière bien étrange pour un parti de gauche d’élire son leader.

L’élection de Kasselakis, un homme qui est si directement lié aux intérêts américains et les représente sans avoir aucun lien avec la gauche, la politique et la société grecques (il aurait pu être destiné à la Nouvelle Démocratie, mais lorsque la brèche s’est ouverte dans SYRIZA, il y a été envoyé) constitue un nouveau maillon dans la chaîne de désintégration et de dégénérescence de la gauche grecque et un nouveau jalon majeur dans le cours de la colonisation profonde du pays. En ce sens, elle intéresse le peuple grec dans son ensemble, et pas seulement les membres et les partisans de l’Alliance progressiste SYRIZA.

Nous nous souvenons que Stefanos Kasselakis n’a exprimé pratiquement aucune idée politique spécifique avant d’être élu président de SYRIZA, si ce n’est la nécessité d’étendre les droits des LGBTI pour qu’ils soient égaux à ceux dont jouissent les États-Unis, tandis que sa première réaction aux événements de Gaza a été de « soutenir le peuple d’Israël ». Dans un passé pas si lointain, il a écrit sous un nom de plume des articles avec des positions de pur néolibéralisme dans le journal d’ultra-droite gréco-américain « National Herald » et lorsque le journal Efimerida ton Suntakton a révélé ses écrits, il ne les a pas désavoués, mais a répondu qu’il ne se souvenait pas de ce qu’il avait écrit ! Alors que Nikos Filis (La gauche radicale renouvelée n’est pas une parenthèse que l’on refermera) a souligné à juste titre le caractère cohérent, néolibéral et contraire aux idées de la gauche des idées qu’il a exprimées en parlant – et en fait en faisant passer des examens – devant les industriels grecs.

On peut se demander si sa mission est simplement de « conservatiser » SYRIZA ou si ce qui est recherché par les forces derrière lui est finalement de ridiculiser et d’humilier les idées de la gauche et la politique en général. ;Si ce que nous disons ne nous engage pas et que nous pouvons l’oublier demain sans conséquences, alors la politique est complètement abolie en tant que tentative d’organiser la vie de la société par ce biais.

Malheureusement, bien sûr, la maladie qui pourrit SYRIZA est beaucoup plus profonde, et c’est pourquoi il a finalement été possible de transférer une personne comme Kasselakis et d’en faire le président d’une opposition qui, sous sa direction, sera soit, très probablement, dissoute, soit, moins probablement, émergera comme un deuxième parti du type Mitsotakis, un pilier d’un « système bipartisan à parti unique », une Coalition non pas de la Gauche radicale, mais plutôt d’une escroquerie radicale.

Du « non aux mémorandums » au « oui à tout »


SYRIZA n’a pas accédé au gouvernement et n’a pas été catapulté à sa position dans la politique grecque parce qu’il avait de grandes idées pour le pays ou pour l’Europe, mais en dépit des idées qu’il avait. Tout cela est devenu possible lorsque Tsipras a adopté en 2011 les idées de Spitha de Mikis Theodorakis et d’autres intellectuels anti-mémorandum sur les mémorandums et les prêts, rejetant les analyses des économistes de SYRIZA. Il a été lancé électoralement comme le parti du « Non », un « Non » à l’asservissement, au pillage et à la destruction de notre pays. Il a adopté les idées, mais ne les a pas comprises et ne s’est pas préparé à ce que leur adoption impliquait. Il n’a pas cherché à devenir un gouvernement pour appliquer ses idées, il a plutôt utilisé ses idées pour devenir un gouvernement, et non pas pour les appliquer, mais plutôt pour ne pas les appliquer Il s’est finalement tourné vers les Américains et les Israéliens en pensant qu’ils résoudraient ses problèmes, et non vers lui-même, le parti, le peuple organisé et les alliés qu’il pourrait avoir au niveau international. En outre, ce parti est devenu un gouvernement sans même avoir une vision cohérente pour le pays et tout ce qu’il a réalisé en tant que gouvernement a été une mise en œuvre plus sociale du mémorandum. Dans le même temps, au lieu de résister, il a plutôt renforcé la dépendance du pays à l’égard des États-Unis et d’Israël, préparant ainsi l’orgie à laquelle nous avons assisté après 2019.

Devenu, dès 2015, le parti du « Oui » aux puissances étrangères, il portait néanmoins certaines sensibilités sociales qui lui ont permis de cancaner dans les années qui ont suivi, favorisé par le caractère antinational, antisocial et totalitaire du régime de Mitsotakis, mais aussi par l’absence d’autres alternatives crédibles sur sa gauche.

Avec Kasselakis, SYRIZA institutionnalise sa transformation d’un parti du « Non » en un parti du « Oui permanent » à l’oligarchie et aux étrangers, quoi qu’ils demandent. La seule raison pour laquelle le système international a besoin de Kasselakis et d’autres personnes de son genre en Grèce est qu’eux seuls, complètement indépendants du pays et de ses traditions et complètement dépendants des centres étrangers, peuvent faire des choses qu’un politicien grec « normal » aurait beaucoup de mal à faire. Son apparition est également un signe avant-coureur des nouvelles catastrophes qui se profilent pour le pays.

C’est pourquoi le nouveau leader est obligé de pousser au départ tout membre, quelles que soient ses autres idées, qui conserve encore des liens idéologiques avec la gauche, comme Filis, Skourletis, Tzoumakas. Lorsqu’il aura terminé ce travail, il jettera certainement Polakis et ceux dont il a maintenant besoin pour éliminer le premier groupe. Kasselakis n’a pas besoin de collaborateurs politiques, il a besoin d’employés.

Une transformation similaire a déjà eu lieu avec la ND et le PASOK, qui ont perdu depuis longtemps toute caractéristique nationale et démocratique, mais nous avons ici un degré supplémentaire de montée en gamme. Ils ont placé à la tête du parti une personne qui n’a pas le moindre lien avec la gauche ou la Grèce. Il n’est pas exclu que même l’intelligence artificielle soit utilisée pour produire le « Kasselakis politique ».

Les trois « tribus » de SYRIZA


Face à ce phénomène de dégénérescence profonde de la gauche, les cadres de SYRIZA se divisent en trois catégories. Ceux qui, avec un excès de cynisme et d’opportunisme, sont devenus les hommes de main du nouveau leader, visant les avantages matériels et autres qu’ils auront. La vieille garde de Tsipras, qui ne digère pas Kasselakis, mais ne veut pas non plus risquer une rupture avec lui et les conséquences pour leur carrière. Et ceux qui, à leur décharge, résistent et ne l’acceptent pas.

Mais ils semblent également très confus quant à ce qu’ils vont faire. Il est maintenant largement répandu que beaucoup de ceux qui s’opposent à Kasselakis vont quitter le parti immédiatement. Si les choses se passent ainsi, on peut se demander pourquoi ils partent avant d’avoir mené une lutte concertée, au sein de leur propre parti, en demandant la convocation d’un congrès extraordinaire, une modification du mode d’élection du président et l’élection d’une nouvelle direction.

Mais derrière les problèmes stratégiques se cache aussi un embarras politique. L’opposition, qui a suivi Tsipras et SYRIZA dans la plupart de leurs transformations ovidiennes, n’a pas aujourd’hui de projet cohérent et attrayant pour son parti, son camp politique et le peuple grec. Le débat dans les rangs de SYRIZA est caractérisé par une extrême confusion quant aux enjeux. À l’exception de Tzoumakas, personne n’a posé la question simple et fondamentale de savoir ce que faisait Kasselakis au CSIS, l’un des principaux centres du « Parti de la guerre » américain, de l’impérialisme américain. Ou ce qu’il faisait chez Goldman Sachs, l’antre du capitalisme néolibéral et l’architecte de la catastrophe grecque. La plupart des gens évitent, comme le diable évite l’encens, de mentionner le nom de cette banque infâme. De même, ils n’ont pas demandé ce que Tsipras lui-même a fait en Amérique cet été.

Ainsi, au lieu de la question « voulons-nous un pion américain à la tête de la gauche ? », la question est devenue « aimez-vous Filis, Tsakalotos et Achtsioglou ? ». Mais la réponse dépend de la question posée.

Il convient de noter que c’est ainsi que les superpuissances transatlantiques de la communication ont organisé les triomphes électoraux de Mitsotakis et de Kasselakis. Au lieu que la campagne électorale soit dominée par la question « Aimez-vous Mitsotakis ? » (comme au second tour des élections locales), la question posée était : « Aimez-vous SYRIZA ? ».

La même chose s’est produite pour les opposants à Kasselakis : ils n’ont pas de modèle de gauche attrayant à offrir, en dehors des idées à peine populaires et sans rapport avec les besoins dramatiques du pays de la « revendication des droits de l’homme » (**), où il leur est impossible de rivaliser avec Kasselakis ; ils évitent de soulever le problème principal pour le pays aujourd’hui, c’est-à-dire la dépendance étrangère (quand on pense que même le système de surveillance n’est pas grec, mais israélien) ; ils sont incapables, dans un pays qui commence à mourir de faim, d’intégrer les interventions sociales nécessaires dans un plan national réaliste.

Au moment où le pays est confronté à de terribles problèmes et a plus que jamais besoin de l’opposition et de la gauche, celles-ci sont en train d’être démantelées. La « gauche existante » grecque dans son ensemble et dans toutes ses versions est en faillite. Les besoins sociaux et nationaux du peuple grec nécessiteront probablement d’autres sujets, totalement nouveaux, pour y répondre.

Ayant dans cet article, comme dans beaucoup d’autres cas, sévèrement critiqué la direction de SYRIZA, nous ressentons le besoin de vous rappeler que, quoi qu’on puisse leur reprocher, la responsabilité fondamentale de la tragédie de la Grèce, n’est certainement pas la responsabilité de Tsipras et de ses amis qui n’ont pas su y faire face et l’ont aggravée, mais la responsabilité des deux principaux partis du pays qui ont livré le peuple grec aux prêteurs dans un état de servitude et, derrière eux, des forces de l’Occident collectif, l’Allemagne, l’UE, la BCE, le FMI (USA), qui ont attaqué avec toute leur puissance de feu un petit pays européen, le détruisant de manière exemplaire dans leur tentative d’établir le nouveau totalitarisme européen et mondial. Même si ce n’est pas un problème qui peut être résolu demain, il est bon de le garder à l’esprit comme le problème le plus central auquel le peuple grec est confronté et sera confronté dans l’avenir immédiat et à moyen terme.

(*) Même si nous supposons que SYRIZA n’a pas mis en œuvre son programme anti-mémorandum parce qu’il a rencontré des difficultés « objectives » insurmontables – ce qui n’est pas notre point de vue – de toute façon, il n’a pas fait de préparatifs pour mener une bataille et il n’a pas donné de bataille – même dans un tel cas, un parti de gauche et une direction de gauche devraient expliquer au peuple et à l’opinion publique européenne et internationale, avec honnêteté, ce qu’il fait ou ne fait pas et pourquoi.–L’ironie de l’histoire est qu’en proclamant bêtement qu’elle avait sorti le pays des mémorandums, la direction de SYRIZA a abandonné son principal atout, celui pour lequel le peuple grec a voté pour elle, à savoir qu’elle était une force anti-mémorandum.

(**) Même dans le texte des 1.300 opposants à Kasselakis, il y a, par exemple, une référence à la nécessité d’affronter le « nationalisme », et ce dans un pays qui est devenu une colonie de quatrième classe, et où même Simitis décrit le prétendu développement de Mitsotakis comme le pillage de la propriété grecque ! Il est surprenant de constater que les mêmes forces qui parlent aujourd’hui de combattre le « nationalisme » n’étaient pas en désaccord avec Tsipras lorsqu’il a solennellement adopté la provocation frauduleuse de Netanyahou au sujet d’EastMed et de la prétendue alliance avec Israël, qui nous a ensuite presque conduits à une guerre avec la Turquie sans raison, a réveillé toutes les revendications turques et a créé les conditions de l’actuelle course désastreuse aux armements avec le voisin. Si pour la droite d’aujourd’hui, la politique étrangère est devenue l’application des ordres des États-Unis et d’Israël, pour toutes les versions de la gauche, c’est certainement son talon d’Achille. Ses cadres ne pensent pas politiquement, ne font pas une « analyse concrète de la situation concrète » (Lénine), ne comprennent pas le rôle et l’importance de la question nationale aujourd’hui et en Grèce, mais se positionnent en termes idéologiques (à peine crédibles et élaborés) et font de la politique en termes autoréférentiels, pas en relation avec la réalité, pas en termes nationaux.

Note : Cet article est la traduction par Christos Marsellos d’un article publié en grec le 10 novembre sous le titre La malédiction de Kasselakis (Κασσελάκειον ‘Αγος) Depuis lors, l’un après l’autre, des groupes de cadres de SURIZA et de son organisation de jeunesse quittent le parti.

Source http://www.defenddemocracy.press/68647-2/

Grèce, fin de cycle politique

Le scrutin du 25 juin dernier en Grèce a amplifié les tendances révélées par celui du 21 mai : domination à un haut niveau de la droite au pouvoir depuis 2019, poussée de l’extrême-droite, au sein de laquelle réapparaît un pôle néonazi qui prend le relais d’Aube dorée, poursuite de la déroute de Syriza, faible progression du Parti communiste (KKE), échec des autres forces de la gauche radicale, en particulier de la coalition autour du parti de Yanis Varoufakis et d’Unité populaire sous la bannière de MeRA25-Alliance pour la Rupture. 

La démission d’Alexis Tsipras de la direction de Syriza, le 29 juin dernier, dans une ambiance lugubre, symbolise à elle-seule la fin d’une époque. Une époque qui a commencé au printemps 2010 avec l’imposition d’une thérapie néolibérale d’une brutalité inouïe et la mise sous tutelle du pays par l’UE, qui s’est poursuivie avec une vague impressionnante de mobilisations populaires et la montée au pouvoir en janvier 2015 d’une formation de la gauche radicale jusqu’alors aux marges du système politique et qui s’est achevée sept mois plus tard par la capitulation de cette même formation face aux diktats de l’UE et par la destruction de l’espoir que ce petit pays a représenté pour les forces progressistes pendant ces années de tumulte. 

Dans cet article, Mariana Tsichli, co-secrétaire d’Unité Populaire, analyse les traits principaux de ce cycle électoral et politique et formule quelques propositions pour la reconstruction de la gauche radicale dans la période difficile qui s’annonce. 

***

Le scrutin du 25 juin a validé et approfondi les changements enregistrés lors de celui du 21 mai. Trois éléments de dégagent :

– La Nouvelle Démocratie (ND) de Mitsotakis a cristallisé sa domination sur la scène politique.

– Le déclin de Syriza s’est accentué, le privant de sa fonction d’opposition capable accéder à moyen terme au pouvoir, quelle que soit l’évolution de ce parti au cours de la prochaine période.

– Le Pasok n’a pas réussi à dépasser le score atteint lors du scrutin de mai. Εntièrement contrôlé par les centres de pouvoir, traversé en interne par de stratégies contradictoires, ce parti ne peut constituer un pôle revendiquant l’alternance gouvernementale.

Dans l’ensemble, la séquence électorale de mai et juin débouche sur un renforcement de la droite et de l’extrême droite et une défaite majeure de la gauche. Ce résultat tout à la fois reflète et produit des déplacements idéologiques et politiques.

La droite a obtenu en juin un total de près de 55% des voix ; pour la première fois depuis 1974, elle obtient une majorité des votants. Sa reconstruction et l’expansion de son influence sont évidentes. La poussée de l’extrême droite est tout autant révélatrice de cette radicalisation à droite d’autant qu’elle s’exprime à fois par reconstitution d’un pôle néonazi [les Spartiates] et par l’émergence, ou la consolidation, de  formations obscurantistes et complotistes [Solution grecque et Niki : Victoire]. La remontée limitée du Parti communiste grec (KKE), ou le niveau élevé de l’abstention ne sauraient relativiser ce constat. En effet, tout au long de cette période, l’abstention a davantage affecté l’électorat de centre-gauche et de gauche que celui de droite. La forte augmentation de l’abstention au cours des dernières décennies reflète en partie une crise de légitimité des partis politiques, mais elle ne peut conduire à une délégitimation du pouvoir si elle ne s’accompagne pas d’une montée du mouvement populaire. Au contraire, en l’absence de  participation populaire à l’action politique et au processus parlementaire, la montée de l’abstention traduit un virage conservateur.

 Nouvelle DémocratieSyrizaPasokKKEMeRA25- Alliance pour la RuptureTotal extrême droite*Cap vers la liberté (Zoé Konstantopoulou)Antarsya(coalition d’extrême-gauche)
2023 (juin)40,617,811,87,72,513,53,20,3
2023 (mai)40,82011,57,22,611,22,90,5
201939,831,58,15,33,47,61,50,4
2015 (janvier)27,836,34,75,57,30,6
2012(Juin)29,726,912,34,58,50,3
2012(Mai)18,816,813,28,510,51,2

Les raisons du succès de la droite

Le principal facteur à l’origine de la victoire électorale de la ND est la recomposition sociale de grande ampleur qui résulte de la thérapie de choc imposée par les trois Mémorandums conclus entre l’UE et les gouvernements successifs. Cette stratégie de stabilisation du capitalisme grec a connu un succès relatif même si celui-ci demeure à des niveaux nettement inférieurs à ceux d’avant la crise. Ce processus a produit des gagnants (dont le poids dans la représentation politique s’est accru) et des perdants (dont la représentation et la présence politique se sont réduites).

Le résultat du cycle électoral est l’expression combinée des tendances de fond qui ont marqué la période à savoir, d’une part, les restructurations qui ont modifié les rapports de force en faveur du capital  et le recul corrélatif des formes organisées du mouvement ouvrier et, de l’autre, l’occupation de l’appareil d’État par la ND et son utilisation pour stabiliser autour de la bourgeoisie un bloc social qui inclut largement la petite bourgeoisie et certains secteurs populaires.

Dans ce contexte, la ND a profité de l’assouplissement des politiques budgétaires pendant la pandémie et de l’attitude favorable des cercles dirigeants de l’UE pour canaliser d’importantes ressources (Fonds européens, excédents accumulés sous le gouvernement Syriza, excédents primaires) afin de stabiliser sa base sociale. Ces fonds ont pour la plupart été alloués aux secteurs bourgeois et aux classes moyennes supérieures. Toutefois, une partie a également été distribuée aux petites entreprises et aux travailleurs indépendants. Ces aides ponctuelles ont contribué à atténuer, dans une mesure limitée, les effets directs de la crise sur les couches populaires.

Les grands médias ont également joué un rôle important dans le maintien de la base électorale de la ND, malgré ses politiques agressives, ses échecs majeurs et le scandale des écoutes. Pour la première fois depuis la chute de la dictature, le système médiatique soutient en bloc le parti au pouvoir, alors que l’opposition n’a ni base médiatique propre ni accès significatifs aux grands médias. Les médias se sont ainsi efforcés, et ont en partie réussi, de redresser l’image du gouvernement après la catastrophe ferroviaire de Tempi, comme ils l’ont fait durant les années précédentes. Les erreurs commises par l’opposition pendant la période électorale, principalement, mais pas seulement, par Syriza, ont eu un effet réel, mais secondaire, sur le résultat des élections, en alimentant un sentiment d’insécurité parmi une partie des électeurs à la recherche de « stabilité et de normalité ».

La stratégie de la bourgeoise grecque

Après 2015, tous les secteurs de la bourgeoisie ont cherché de manière coordonnée à créer les conditions de domination d’un seul pôle sur la scène politique et en même temps une configuration d’ensemble avec un seul parti dominant (de droite) et deux partis faibles (de « centre-gauche ») incapables, à moyen terme, de revendiquer l’alternance gouvernementale. L’agressivité dont ont fait preuve les centres de pouvoir à l’égard de Syriza montre qu’un postulat fort répandu à gauche n’est pas valide en tout circonstance : la bourgeoisie n’a pas nécessairement besoin d’un système politique bipartisan pour maintenir la stabilité politique à travers un mécanisme d’alternance entre les deux pôles et neutraliser/intégrer de cette façon les classes populaires. 

En même temps, au cours de cette période, le bloc au pouvoir en Grèce est dominé par des secteurs capitalistes moins dépendants que par le passé d’une stratégie de développement à long terme. La remontée visible des profits et du taux de profit n’est pas obtenue au moyen d’une reprise significative de l’accumulation capitaliste, mais par la compression de la valeur de la force de travail et les opportunités créées par la mise à l’encan des richesses naturelles et des infrastructures publiques suite à la thérapie de choc imposée par les Mémorandums. Les raisons du soutien absolu accordé par la bourgeoisie grecque à la ND évolution trouvent, pour une part, leur origine dans cette évolution.

La trajectoire de Syriza 

Le scrutin de juin a accentué le recul de Syriza, qui enregistre une perte cumulée de plus de 1,3 million de voix depuis 2015. Seule une fraction réduite de cet électorat s’est déplacée à gauche, tandis que la majeure partie s’est tournée soit vers la droite, soit vers l’abstention. En particulier au cours de la période 2019 – 2023, la majeure partie des pertes de Syriza s’est tournée vers la droite, même dans les zones populaires et celles à prédominance ouvrière. Les interprétations qui attribuent la défaite électorale de Syriza exclusivement à son virage à droite s’avèrent simplificatrices dans la mesure où il n’y a pas eu de renforcement substantiel des formations politiques sur sa gauche. Ceci dit, le reniement du « non » du référendum de 2015 et le virage néolibéral qui s’en est suivi ont sans aucun doute façonné le substrat des tendances idéologiques et politiques qui ont déterminé le résultat de ces élections.

Une autre voie aurait exigé un choix radicalement différent de la part de son groupe dirigeant dès le premier trimestre de 2015, bien avant le référendum, alors que les signes de la dégradation de la situation se multipliaient. Une stratégie politique alternative aurait nécessité un deuxième scrutin, et non une alliance avec ANEL [parti souverainiste de droite qui a participé au gouvernement de 2015 à 2019], une rupture des négociations avec la Troïka, un arrêt du remboursement de la dette, l’utilisation des réserves existantes et la recherche d’autres alliances économiques et politiques au niveau international autour de l’axe émergent des BRICS. 

Il s’est avéré que Syriza n’avait ni la structure organisationnelle, ni les liens avec les secteurs sociaux et les références internationales qui lui auraient permis de diriger une alliance de classe populaire et mener un tel conflit avec le capital grec, les appareils d’État et les puissances impérialistes. Syriza dans son ensemble n’était absolument pas préparé politiquement, socialement et idéologiquement à une rupture de cette ampleur. Son ascension électorale était basée sur le mécontentement social et la volonté de larges couches de la population d’imposer une politique différente pour arrêter la chute rapide de leur niveau de vie. Cependant, ce mouvement social avait des limites politiques et idéologiques quant au niveau de conflit qu’il était prêt à assumer. Syriza se présentait comme une solution intermédiaire, à moindre coût. D’une part, il répandait un discours flatteur assurant qu’il serait facile de négocier avec les centres impérialistes européens un changement de politique sans recourir à un conflit majeur. D’autre part, le fait qu’il ait été orienté, tout au long de son parcours antérieur, vers le bloc impérialiste d’Europe occidentale offrait certaines garanties, non seulement à la bourgeoisie, mais aussi aux couches populaires et petites-bourgeoises à la recherche d’un changement de politique mais sans rupture radicale.

Le sens de la remontée du KKE

Pour la gauche radicale, le résultats des élections de mai et juin signale également un virage conservateur, dans la mesure où le seul pôle qui en sort renforcé est le KKE. Celui-ci est désormais la seule force à gauche de Syriza à être représentée au Parlement. Sa capacité à conserver une base organisée, qui lui permet d’être en contact direct avec des secteurs populaires dans des conditions de réalignement de leur positionnement politique, a été un facteur décisif de sa progression électorale. Il faut cependant également tenir compte du fait qu’il a profité d’un traitement bienveillant de la part des médias qui l’ont présenté comme un parti de gauche « sérieux et responsable ». Le KKE est ainsi reconnu par le système comme un parti de protestation qui, à chaque moment critique, a été un facteur de stabilisation. 

L’interprétation du résultat électoral par le KKE lui-même est à cet égard révélatrice. Celui-ci y voit une justification de sa stratégie au cours de la période 2012-2015, c’est-à-dire de sa position sur le mouvement d’occupation des places [qu’il a dénoncé], le référendum de juillet 2015 [lors duquel il a appelé au vote nul], ou sur la zone euro [hostile à la sortie]. Il est de ce fait incompréhensible que certains courants de la gauche radicale aient appelé implicitement ou explicitement à soutenir électoralement ce parti alors qu’ils se sont frontalement opposés à ses choix pendant les 13 dernières années. Quoi qu’il en soit, le KKE n’a réussi à attirer qu’une petite partie des électeurs qui se sont détournés de Syriza. Malgré son succès relatif, à mesure que se cristallisent les effets des politiques néolibérales et autoritaires, les possibilités d’intervention du KKE se réduiront également, tant qu’il ne changera pas d’orientation politique.

L’échec de la gauche radicale 

Une partie confuse du vote de gauche s’est orientée tourne vers la formation de Zoé Konstantopoulou (Cap vers la liberté), qui ne peut cependant pas être considérée comme une force de gauche.  Cette formation a bénéficié d’une grande visibilité dans les principaux médias, qui traduit une forme de soutien par certains centres de pouvoir soucieux de réduire l’influence de Syriza et des formations de gauche telles que MeRA25 – Alliance pour la Rupture.

Le résultat de MeRA25-Alliance pour la Rupture, qui n’a pas réussi à atteindre le seuil de 3% pour entrer au parlement, est un échec pour la gauche dans son ensemble. Le résultat de juin était dans une large mesure déterminé par la dynamique négative du résultat de mai, dynamique qui ne pouvait pas être inversée dans le peu de temps qui séparait les deux scrutins. Dans ce contexte, le maintien du score à un niveau légèrement en deçà de 3% est un point d’appui dans une situation d’ensemble défavorable. 

L’une des principales raisons de l’échec se trouve dans l’incapacité de MeRA25 à nouer, au cours des quatre dernières années, des liens organiques avec des secteurs des classes populaires, même à petite échelle. De ce fait, sur une grande partie du territoire, la diffusion du message de la coalition était dépendant de sa présence dans les médias et les réseaux sociaux. Cette situation a limité les possibilités de contenir les pertes produites par la stigmatisation de MeRA25 par l’ensemble des autres formations et par les principaux médias.

Toute erreur tactique lors de la campagne a ainsi eu des effets démultipliés. Mettre en avant un programme quasi-gouvernemental, même s’il contenait des éléments de rupture avec les principaux axes de la stratégie néolibérale (garantie des logements menacés de saisie par les fonds spéculatifs, création d’une banque de développement, reprise de contrôle du système bancaire, abolition du fonds de privatisation, remise en cause de la dette publique, etc.) était un choix inappropriée pour une petite formation de gauche qui luttait pour entrer au parlement. 

Au-delà de ces questions tactiques, sont apparues des erreurs stratégiques qui affectent la gauche radicale dans son ensemble, mais aussi Syriza. Le cycle électoral a révélé une incapacité aigüe à comprendre les évolutions et reclassements au sein des couches populaires mais aussi l’épuisement de l’énergie qui a alimenté au cours des années 2010-2015 la montée de Syriza et le « non » au référendum.  Le succès de la droite, l’effondrement de Syriza, mais aussi l’échec du MeRA25-Alliance pour la rupture sont liés au rejet de la possibilité d’une répétition d’une crise comme celle de 2015. Cette période est vécue comme un traumatisme par de larges couches de la population, non seulement par les plus riches, mais aussi par celles et ceux qui ont un emploi relativement stable ou même une pension. Elle reste également comme celle de la perte de l’espoir pour les couches qui se retrouvent laminées par la crise et la thérapie néolibérale de choc. L’insistance – lors de la campagne pour le scrutin de mai – de MeRA25-Alliance pour la Rupture sur le clivage de 2015 n’a pas pris en compte le basculement du rapport de forces politique et idéologique qui s’est produit au cours des huit dernières années.

Outre l’épuisement des énergies du « non » de juillet 2015, est également apparue une forme d’épuisement de l’espace qui a émergé de la séquence de rupture de 2015 qui concerne toutes les formes de dissidence de gauche, que ce soit celles issues de Syriza ou d’Antarsya. En refusant de rejoindre, ou de soutenir, le regroupement tenté par MeRA25-Alliance pour la Rupture, certaines forces de la gauche radicale ont manqué une opportunité cruciale de peser sur le rapport de forces politique global. Elles ont commis la même erreur qu’Antarsya en 2015, ne réalisant pas qu’en l’absence de représentation institutionnelle d’un courant de la gauche radicale, il n’y a pas de terrain favorable à une recomposition des forces. 

En ce qui concerne Antarsya, ses résultats ont confirmé l’effritement de cet espace politique depuis plus de dix ans. Le maintien obstiné d’un discours d’agitation axé sur la « révolution anticapitaliste » s’est, une fois de plus, révélé autoréférentiel, narcissique et inefficace. Au terme d’une période de crise sociopolitique de portée historique, pendant laquelle des millions de travailleu.se.rs se sont, dans un premier temps, déplacés vers la gauche, puis ont pris le chemin inverse, ou se sont abstenus, Antarsya se retrouve à un étiage inférieur à celui des forces qui l’ont précédée au cours des années 1990 et 2000.

La nécessaire réorientation de la gauche

Le rapport de forces actuel permet une accélération significative de la politique du gouvernement Mitsotakis et la consolidation, sous certaines conditions, de sa domination à moyen terme sur la scène politique. Cela ne signifie pas qu’il n’y aura pas de contradictions ou de place pour les luttes sociales, ni que ce rapport de forces ne peut être remis en question. Le caractère agressif et autoritaire de la politique de la ND suscitera des mécontentements et des résistance. De plus, les dernières années ont montré que les positions politiques et électorales se caractérisent par une grande fluidité et que les relations organiques de la société avec les partis politiques ont été démantelées.

La possibilité d’une intervention sur ce terrain dégradé exige un travail patient et une orientation résolument unitaire. L’aspect clé d’une telle stratégie consiste à aborder les questions de l’heure et les fronts de lutte qui en découlent avec un discours simple et compréhensible et par des pratiques susceptibles d’impliquer les secteurs populaires. Cette stratégie reconnaît le caractère défensif dans lequel se trouve actuellement le mouvement social et combine les délimitations politiques nécessaires avec des réponses aux questions cruciales pour les classes populaires, telles que la santé publique, l’éducation, l’inflation et la coût de la vie, la crise du logement. 

Un travail à plus long terme est également nécessaire afin d’élaborer de nouveaux éléments programmatiques qui remettent en question le modèle de développement du capitalisme grec et donnent forme à l’opposition aux intégrations impérialistes (UE, OTAN). Cette orientation devrait également prendre la forme d’une unité d’action, avec la création de cadres d’intervention unifiés dans les mouvements sociaux et les syndicats afin de construire des liens durables avec des secteurs, même minoritaires, des classes populaires. Le combat antifasciste constitue un front distinct de très grande importance qui exige des cadres spécifiques.

Au niveau politique, il s’agit de construire un réseau de forces, d’organisations, de militants non-encartés ou qui se sont retirés de l’action politique ou qui seront, au cours de la période à venir, à la recherche d’une issue de gauche à la crise de Syriza. Cet espace devrait inclure la totalité du spectre qui va de MeRA25 aux organisations de la gauche radicale qui sont disposées à participer à un cadre unitaire, à dépasser les désaccords et des blocages passés et à promouvoir des relations de respect et de parité. Un tel processus pourrait commencer à se concrétiser lors des prochaines élections municipales et régionales [qui auront lieu en octobre prochain], créant ainsi des conditions favorables pour un cadre commun en vue des élections européennes de 2024. 

*

Texte initialement paru dans Jacobin Greece le 13 juillet 2023, traduit pour Contretemps par Stathis Kouvélakis.

Note

* En juin 2023, les formations d’extrême droite représentées au parlement sont les Spartiates, parti néonazi qui se présentait pour la première fois et qui prend le relais d’Aube Dorée (4,7%) et les deux formations de type alt-right : Solution grecque (4,4%), représentée au parlement depuis 2019, et Niki (Victoire) qui se présentait pour la première fois lors du scrutin de mai 2013 et qui obtient en juin 3,7%. Aube Dorée entrait au parlement en 2012, avec 7 et 6,9%, respectivement aux scrutins de mai et juin 2012, puis de nouveau en janvier et septembre 2015, avec respectivement 6,3 et 7% des suffrages. Elle avait obtenu 2,9% en 2019, dernier scrutin où elle s’est présentée sous son nom, en-deçà du seuil d’entrée au parlement (3%).

Source https://www.contretemps.eu/grece-syriza-nouvelle-democratie-cycle-politique/

Guerre hybride



Par Dimitris Konstantakopoulos

Le pire gouvernement de tous les temps et les divers lobbies de la corruption, de la déraison et de l’extrême droite qui tentent de l’aider, essaient maintenant d’attribuer la responsabilité d’une catastrophe nationale énorme et largement évitable aux immigrés, aux agents turcs et russes ou aux extraterrestres.

Avant, c’était la crise climatique. Certes, il y a la crise climatique, mais c’est une raison pour faire plus, et non moins, face aux répercussions des phénomènes climatiques extrêmes qu’elle provoque !

Comme le changement climatique ne suffit plus à justifier la destruction sans précédent de la Grèce et la responsabilité du gouvernement dans cette destruction, on utilise des expressions au sens insondable comme « guerre hybride » et « menaces asymétriques » pour expliquer le bordel grec. Plus une expression est pompeuse, plus elle impressionne. Plus elle est incompréhensible et obscure, moins on la soumet à la critique et à l’examen. C’est la pire des relations publiques.

Même la Cour suprême s’est mobilisée pour trouver les bandes criminelles qui mettent le feu aux bois. Mais elle n’a pas besoin de fouiller les forêts de Thrace (nord-est de la Grèce). Il suffirait d’enquêter au Maximou (bâtiment où se trouve le bureau du Premier ministre grec) et dans les ministères pour constater que rien ne fonctionne ni dans l’État ni dans le gouvernement et que cet État et ce gouvernement sont incapables de faire face aux incendies ou à tout autre problème du pays. Tous les Grecs intelligents savent ce qui intéresse exclusivement le gouvernement et l’État. Nous supposons que les honorables hauts magistrats le savent également.

Attendent-ils vraiment de cet État et de ces hommes politiques qu’ils nous protègent contre les incendies, ce qu’ils n’ont pas réussi à faire même à une époque bien meilleure ?

Et s’ils veulent connaître les bandes criminelles qui opèrent en Thrace, pourquoi ne demandent-ils pas à M. Mitsotakis, qui surveille tout le monde (ou bien aux services secrets israéliens qui ont mis en place le réseau de surveillance) ?

On ne peut certainement pas exclure que certaines personnes allument des incendies. Il ne s’agit pas, bien sûr, des immigrés ou des agents russes et turcs, mais, plus probablement, des cercles corrompus bien connus des entreprises de construction grecques de toutes sortes (qui entretiennent généralement d’excellentes relations avec le gouvernement). Historiquement, ils sont à l’origine de nombreux incendies nécessaires au « développement » de l’immobilier.

Quoi qu’il en soit, pourquoi personne ne se fait prendre ?

Le chef des forces armées s’est rendu en Thrace avec ses commandos pour effectuer des patrouilles, l’État répandant à nouveau des rumeurs sur des incendiaires inconnus !

Bien sûr qu’il y a une guerre. C’est une guerre bien réelle, lancée par le gouvernement, les médias totalitaires systémiques (qui ont surpassé les médias de la dictature, bien qu’avec des méthodes différentes), notre monde journalistique, intellectuel et universitaire entremêlé et toutes les versions d’une extrême droite stupide qui a été libérée à la suite de l’incroyable gâchis de la gauche et du centre-gauche grecs de toutes les nuances. C’est la guerre menée par l’indescriptible « élite » grecque et le gouvernement de ce pays contre l’esprit, l’intégrité, la mémoire et la dignité des citoyens grecs.

D’accord, admettons que les immigrés, les Turcs et les Russes ont allumé les incendies. Les immigrés, les Turcs et les Russes ont-ils provoqué la collision des trains en mars dernier ? Les ambulances étaient-elles à temps pour atteindre les patients qui sont morts en les attendant ? Ont-ils détruit le pont de Patras, tuant les personnes qui se trouvaient en dessous ? Ont-ils détruit nos écoles et nos hôpitaux ? Ont-ils laissé nos aéroports et nos compagnies aériennes sans certification ? Ont-ils laissé les avions de lutte contre les incendies de Kanadair sans entretien adéquat, provoquant ainsi la mort de deux pilotes le mois dernier ? Les immigrés, les Turcs et les Russes ont-ils forcé nos politiciens à accepter des pots-de-vin de Siemens, Novartis et d’un millier d’autres entreprises ?

Dans l’état où se trouve l’État grec aujourd’hui, si des agents turcs et russes le voulaient vraiment, ils l’auraient littéralement fait exploser.

Les scandales et les crises se produisent dans d’autres pays. Ce n’est que dans les pays à peu près « normaux », c’est-à-dire les pays qui conservent des perspectives et des possibilités de survie, qu’ils provoquent une sorte de réaction corrective. En Grèce, ils provoquent des écarts encore plus importants par rapport au mode de fonctionnement normal de l’État.

Le pays ressemble à un patient en phase terminale, souffrant d’une défaillance de plusieurs organes…

PS. Une question majeure et très importante qui n’était pas le sujet de cet article est le cannibalisme de l’État grec pendant treize ans en application des programmes coloniaux destructeurs imposés par l’Allemagne, l’UE et le FMI, qui fonctionnent toujours – malgré les mensonges des partis politiques grecs – ,et qui resteront en vigueur jusqu’en 2060, en supposant que la Grèce existe encore à ce moment-là.

Alors que la crise climatique rend nécessaire la création d’une infrastructure beaucoup plus résiliente, l’infrastructure grecque n’a fait l’objet d’aucun nouvel investissement, tandis que le personnel de l’État et les dépenses gouvernementales ont été réduits de façon spectaculaire en application des « programmes de sauvetage » imposés par les puissances européennes et le FMI à la Grèce.

Les désastres actuels, et ceux encore plus graves à venir, sont programmés par les programmes de sauvetage.

Aux résultats matériels des politiques européennes, il faut ajouter les résultats moraux et psychologiques non négligeables de la pression exercée sur le pays.

PPS . Nous rappelons que les pompiers et la protection civile ont demandé, comme l’ancien ministre Alekos Papadopoulos, au premier ministre Kyriakos Mitsotakis de demander de l’aide à la Russie. Mais il semble que le gouvernement soit plus intéressé par le maintien de bonnes relations avec l’Amérique que par la sauvegarde des forêts grecques.

Traduit du grec Υβριδικός Πόλεμος | ΔΗΜΗΤΡΗΣ ΚΩΝΣΤΑΝΤΑΚΟΠΟΥΛΟΣ

Source http://www.defenddemocracy.press/hybrid-war/

Pour un débat sur la situation critique des incendies

Grèce : L’opposition critique Mitsotakis et le parti ND pour cette catastrophe sans précédent

23/08/2023

SYRIZA-PS demande un débat au Parlement au niveau des dirigeants politiques, dès que possible, sur la prévention et le traitement des incendies de forêt, la planification de la protection civile et la résilience du pays contre les conséquences de la crise climatique.

La décision a été prise après une discussion au sein du présidium du groupe parlementaire SYRIZA-PS. Selon le communiqué de presse du parti, « la réunion a exprimé la douleur de SYRIZA-PS pour la perte de nos semblables et la préoccupation intense pour la situation extrêmement critique sur les fronts de l’incendie et de l’énorme catastrophe environnementale. L’inadéquation et l’incompétence de M. Mitsotakis pour faire face une fois de plus aux incendies de manière opportune et efficace, a pour résultat que le pays, d’un bout à l’autre, est confronté à des conditions sans précédent, qui nécessitent la mobilisation immédiate des forces et le renforcement de l’appareil d’État. »

De son côté, le Parti communiste (KKE) a souligné que :

« La mort de dizaines d’êtres humains déracinés, retrouvés carbonisés dans la forêt de Dadia, est un horrible crime à plusieurs morts, qui met à mal toutes les justifications gouvernementales selon lesquelles la protection de la vie humaine est au cœur de la planification », souligne le Parti communiste grec dans une déclaration, à l’occasion de la tragédie indicible qui s’est produite à Evros.

Le KKE ajoute que « les personnes carbonisées dans l’Evros s’ajoutent à la longue liste des réfugiés et des migrants qui perdent la vie au cours de leur voyage de déracinement, contraints d’emprunter les routes les plus dangereuses pour éviter la répression et l’enfermement imposés par la politique de l’UE et des gouvernements ».

Dans le même temps, Αt ΚΚΕ note que « le mélange explosif de la politique anti-immigration et de l’absence totale de prévention et de planification anti-incendie, ne fait qu’engendrer de nouvelles tragédies, pour lesquelles les gens, Grecs et immigrés, paient le prix le plus lourd ».

Translated with DeepL

Source http://www.defenddemocracy.press/greece-the-opposition-criticizes-mitsotakis-and-the-nd-party-for-the-unprecedented-catastrophe/

Magda Fyssa sur l’entrée des nazis au Parlement grec

La mère de  Pavlos Fyssas assassiné par les néo-nazis condamnés , la femme qui porte la lutte antifasciste sur ses épaules depuis dix ans, qui a lutté pour voir, et a vu les néo-nazis d’Aube Dorée en prison, a fait des déclarations à l’occasion de l’entrée du parti néo-nazi « Spartans » au Parlement avec le « carburant » Kasidiaris.

« Réjouissez-vous d’eux. Vous les vouliez et vous les avez fait sortir. Certains ont travaillé pour cela. Je suis ici dans la rue et je me bats contre le fascisme que j’ai sur le dos », a déclaré Magda Fyssa, avant de poursuivre : « Vous avez tous travaillé pour obtenir le fascisme :

« Vous avez tous travaillé pour revenir au Parlement. Maintenant, si une partie ne voulait pas d’eux, les autres les voulaient. Toutes les chaînes disaient qu’il s’agissait de quelque chose de nouveau. Prenons maintenant la nouveauté que Kasidiaris est à l’intérieur…

Malheur à nous qui sommes dans la rue et qui combattons le fascisme depuis dix ans maintenant pour entendre un jour les Spartiates et que Kasidiaris soit à l’intérieur.
 
Quelqu’un a travaillé pour cela. Jusqu’à aujourd’hui, je n’avais pas entendu dire que les Spartiates existaient en tant que parti et maintenant ils sont entrés au Parlement. La communauté qui les a fait émerger devrait s’en réjouir et savoir qu’ils nous trouveront contre lui et que nous ne reculerons pas ».

Source http://www.defenddemocracy.press/magda-fyssa-on-the-entrance-of-nazis-in-the-greek-parliament/

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