Publications par catégorie

Archives de catégorie Austérité-Neolibéralisme

Grèce : faire reculer Mitsotakis et l’extrême droite

La droite grecque, qui a toujours martelé que le gouvernement de Syriza ne pouvait être qu’une parenthèse, a donc repris les rênes du pouvoir en juillet sans pouvoir cacher sa joie profonde d’infliger à la gauche une défaite profonde, et que certains petits roquets de l’aile d’extrême droite, comme le fascistoïde Georgiadis, voudraient irrémédiable. 

En s’appuyant insolemment sur ce courant de droite extrême, qui va de l’ancien fasciste « tueur à la hache » Voridis, devenu ministre du Développement agricole, au courant nationaliste de l’ancien premier ministre Samaras l’extrême libéral, Mitsotakis a immédiatement voulu prendre toutes les rênes du pouvoir, sans se préoccuper de la qualité des sbires à qui il confiait des responsabilités : résultat, un dirigeant des services secrets qui a menti sur ses diplômes, idem pour le militaire à qui il vient de confier la responsabilité de la « gestion » des réfugiéEs, un nationaliste raciste qui ne rêve que de camps de concentration… Au tourisme, il a nommé un affairiste enfariné, admirateur de la junte des colonels, belle image pour la vitrine touristique…

La liste est longue, et chaque jour la presse indépendante met à jour des vices de procédure, des mensonges éhontés, qui sont la vraie face de ce que Mitsotakis vante comme le « gouvernement des meilleurs », slogan ridicule relayé par des médias majoritairement aux ordres de la Nouvelle Démocratie et du patronat, ce dont le gouvernement a voulu les récompenser en accordant discrètement des subventions y compris à des journaux de caniveau, presse raciste et à scandale !

Et en cette fin d’année, pendant que la droite prépare un budget évidemment uniquement favorable au patronat, ce qui mobilise de plus en plus largement, ce sont avant tout les innombrables et très inquiétantes attaques contre les droits démocratiques et y compris contre la justice élémentaire… On relèvera trois exemples de ces faits sur lesquels se déroulent ces jours-ci des mobilisations qui ne demandent qu’à prendre de l’ampleur … si on sait (enfin!) s’en donner les moyens.

L’indécence d’une procureure favorable au groupe criminel Chryssi Avgi (Aube Dorée)

C’est tellement énorme que le Monde y a consacré un article : après des mois de témoignages, de preuves accumulées sur la structure pyramidale et le rôle décisif du Führer de Chryssi Avgi, la procureure, Adantia Ikonomou, vient tout simplement de demander la relaxe de sa direction, faisant porter la responsabilité du meurtre du rappeur antifasciste Pavlos Fyssas sur le seul tueur Roupakias ! Sur le fond, rien d’étonnant : d’une part, le comportement de cette procureure lors de tout le procès consistait à tenter de mettre en contradiction les témoins antifascistes et à mettre en doute les preuves réelles (bon, d’accord il y avait une lame, mais on ne peut pas dire que c’était un couteau…), comme si ce groupe n’avait pas à son bilan des morts et des dizaines de blessés plus ou moins gravement. Mais ce mépris pour les victimes n’aurait sûrement pas pu déboucher sur une telle demande de relaxe si n’existait pas une tendance de fond de la droite au pouvoir de remettre en selle les nazis, certes sous des formes qui pourraient être un peu différentes, mais qui s’accorde parfaitement avec certains des discours nauséabonds de dirigeants actuels de cette vieille droite issue de la guerre civile…

Même si, bien sûr, le procès n’est pas terminé et que rien n’est joué, le danger d’une relaxe existe désormais… avec en prime le remboursement de toutes les sommes suspendues pour les anciens parlementaires de Chryssi Avgi, qui deviendrait alors immensément riche alors que ces derniers mois, elle ferme peu à peu ses locaux sous la pression des mobilisations locales et de ses difficultés financières. Des appels à mobilisation ont été lancés : samedi 21, nous étions environ 2000 au centre d’Athènes, pour un rassemblement appelé par des organisations antifascistes (Keerfa) et la gauche révolutionnaire et radicale (NAR, SEK…), mais ni par Syriza ni par le KKE. Un premier pas certes encourageant -avec des interventions battantes, comme lorsque Petros Konstantinou (Keerfa) a rappelé que le procureur qui avait « innocenté » les assassins du député de gauche Lambrakis (1963, cf le livre de Vassilikos et le film de Kosta Gavras, Z) était ensuite devenu ministre de la junte fasciste (1967- 1974). Mais le fait que ce rassemblement ait réussi l’exploit de partir ensuite en deux manifs différentes permet de mesurer les efforts que nous sommes encore trop peu à prodiguer pour l’unité d’action antifasciste la plus large, qui devient urgente !

Une police bafouant tous les droits démocratiques

On en a parlé ici dès l’été : l’un des axes principaux, voire obsessionnel, du programme de Mitsotakis, c’est une attaque assumée, violente et durable contre les droits démocratiques, droits civiques, droits des travailleurEs, libertés universitaires… À cet effet, a été nommé un Castaner grec : l’ancien Premier ministre socialiste du gouvernement pro-troïka droite-Pasok, Chrsyssoïdis, revendiquant sans pudeur le droit aux violences policières… qu’il nie d’ailleurs systématiquement, même contre les témoignages filmés qui s’accumulent. Et le slogan sécuritaire de la droite rappelle de bien sombres périodes : Loi et ordre…

De fait, entre le programme continu d’expulsions de lieux occupés (à Exarcheia, les opérations continuent, dans un quartier occupé par les uniformes verdâtres et devenant zone chloroformée, malgré quelques mobilisations peu fournies) et interventions dans des facs (comme à Asoee, fac d’éco où les étudiantEs ont d’ailleurs repoussé les flics !), la réalité quotidienne, ce sont les libertés totales accordées à la police pour contrôler qui elle veut, quand elle veut, comme elle veut. Son grand plaisir, ces dernières semaines, c’est de mettre à nu des personnes contrôlées, de tout faire pour humilier les jeunes et les moins jeunes, et certains flics se croient tellement tout permis qu’on les entend parler avec plaisir du sentiment de vivre sous la junte… La liste de leurs exactions s’allonge de jour en jour, les deux dernières sont exemplaires : d’un côté, des policiers du poste de la place Omonia se sont amusés à torturer une handicapée, et l’affaire commence à faire tant de bruit que les tortionnaires en uniforme auraient été arrêtés. De l’autre, une opération d’expulsion dans le quartier de Koukaki a fait ouvrir les yeux plus largement sur ces opérations de type militaire : pour atteindre la maison occupée, les commandos sont tout simplement passés par la maison voisine, déshabillant et frappant le propriétaire qui refusait qu’ils passent par sa terrasse sans autorisation judiciaire. L’affaire fait grand bruit, d’autant que la victime est un cinéaste connu… et pas de gauche !

Face à ce climat qui rapproche le gouvernement grec des Orban et des Bolsonaro, une mobilisation diverse commence à poindre : même les eurodéputés (sociaux-démocrates, verts, eurogroupe de la gauche) ont écrit à Mitsotakis pour dénoncer des faits qui dépassent les seuls droits des victimes et remettent en cause le sens même de l’état de droit. Ça ne mange pas de pain, mais il est urgent que sur le plan international, l’image voulue d’un gouvernement de « centre droit » soit remise en cause pour montrer la dérive d’extrême droite déroulée par ce gouvernement, et le mouvement ouvrier international a un rôle crucial à jouer. Sur place, face à un ministre des flics (officiellement, ministre « de la protection du Citoyen » !…) imperturbable, la mobilisation commence à s’organiser, mais là encore, elle est largement insuffisante : récemment, une réunion unitaire n’a regroupé que la seule gauche radicale et révolutionnaire, le KKE et Syriza brillant par leur absence… Pourtant, on peut penser qu’une campagne unitaire doit désormais se lancer avec un objectif précis : face à tous les faits indignes couverts par Chryssoïdis, l’exigence de sa démission est une demande minimum, et on peut penser que gagner une telle bataille serait un facteur d’affaiblissement sérieux de la droite au pouvoir, tant celle-ci se base sur la répression des droits : son objectif désormais, c’est non seulement la limitation des manifs, mais carrément la restriction du droit de grève.

Métro de Thessalonique : contre les projets destructeurs des talibans de Koulis !

Une fois n’est pas coutume : la bataille pour les droits passe aussi aujourd’hui par la défense d’un site archéologique qui risque d’être détruit de par la volonté d’une droite soucieuse des seuls profits. En effet, à l’occasion de la construction d’une ligne de métro à Thessalonique, ville qui n’a jamais cessé d’être un grand pôle vivant depuis sa fondation au IVe siècle avant J.-C., ont été découverts de très importants vestiges byzantins, découverte saluée par la communauté archéologique internationale : les archéologues, l’ancien maire de la ville et la société de construction du métro s’étaient alors mis d’accord pour prendre le temps nécessaire pour consolider le site et bâtir la station de métro autour de ces vestiges, comme cela a pu être fait à d’autres occasions à Athènes, ce qui fait d’ailleurs de certaine stations athéniennes des musées vivants ! Face à eux, une alliance d’intérêts réactionnaires et économiques étaient pour décoller les vestiges et aller les exposer dans un musée militaire ! Or, lors de son discours de rentrée à la foire internationale de Thessalonique, le Premier ministre Mitsotakis, connu sous le surnom de Koulis, et dont l’ouverture culturelle n’est certes pas la qualité la plus connue, annonçait sans que les instances archéologiques en aient été informées que les vestiges seraient décollés et « replacés » une fois que la station serait prête !

Stupeur de la communauté scientifique devant la perspective d’un tel massacre, contraire à toutes les recommandation scientifiques. Les raisons : un gain de temps de trois ans, donc de très substantielles économies. Mais aussi, sans aucun doute, tout le petit esprit revanchard de cette droite sans envergure, qui voudrait ainsi venger l’humiliation faite à son ancien chef Samaras quand ce dernier avait voulu faire croire, dans le cadre de sa politique nationaliste, qu’on avait découvert en Macédoine (grecque, bien sûr !) le tombeau d’Alexandre le Grand ! Et on a vu ces dernières semaines la direction du ministère de la culture mener une véritable politique visant à terroriser les membres du Conseil archéologique central (KAS) … qui a fini par voter pour cette solution digne des talibans décapitant les statues !

Face à cette mesure, reflet d’une conception culturelle qui voit les découvertes archéologiques comme l’occasion d’ouvrir un Disneyland, de nombreux habitantEs de Thessalonique, de nombreuses associations de défense de l’environnement naturel et historique, le Syndicat national des Archéologues, de nombreux scientifiques du monde entier se sont mobilisés et se mobilisent pour faire revenir le gouvernement sur cette décision catastrophique. Dans le contexte actuel, cette bataille ne doit surtout pas être considérée comme secondaire ou « pittoresque » : ses enjeux culturels et politiques sont au premier plan, et un soutien international est là aussi indispensable !

On le voit : si l’année 2019 se finit sans que le mouvement ouvrier, sonné par la politique du gouvernement Syriza puis assommé par la victoire de la droite, ait pu encore se relancer dans de grandes mobilisations, les actuelles batailles pour le respect des droits démocratiques élémentaires, les droits des travailleurs et travailleuses, le respect de l’environnement naturel (batailles aussi contre l’installation de parcs géants d’éoliennes sur des montagnes…) et historique peuvent et doivent contribuer à redonner confiance dans les luttes de masse, seul moyen pour commencer à faire reculer la droite talibane grecque !

À Athènes, A. Sartzekis

Source https://npa2009.org/actualite/international/grece-faire-reculer-mitsotakis-et-lextreme-droite

France : Les vœux de l’imposture

Les vœux de l’imposture

Les vœux du Président de la République résument toute l’imposture de son mandat. Il galvaude les valeurs de justice et de progrès social, pour imposer en réalité un projet de transformation globale de la société, ultralibéral et autoritaire.

Sur la méthode, d’abord : face au mouvement des gilets jaunes, se serait instauré selon lui un «  dialogue sans précédent dans une démocratie  ». Ce dialogue s’est soldé par des dizaines de mutilé·s parmi les manifestant·e·s, d’innombrables arrestations préventives et une répression policière sans précédent depuis des dizaines d’années. Il se solde également par une indifférence totale dans son discours pour tou·te·s les grévistes et manifestant·e·s et le mouvement social qui s’exprime actuellement contre son projet de retraites.

Ce projet serait celui de la «  justice  » et du «  progrès social  », parce qu’un «  euro de cotisation reversé ouvre les mêmes droits pour tous dès la première heure de travail » . Mais justement, ceci implique une reproduction pleine et entière des inégalités dans le monde du travail, bien plus que le système actuel. Il entraîne une prise en compte de toute la carrière, y compris les périodes de chômage, temps partiels, salaires bas… pénalisant en premier lieu les femmes et les plus précaires, «  ceux que le système a déjà abandonnés  » et qu’Emmanuel Macron assure soutenir ! Dans le même temps, ces plus précaires sont aussi victimes de la loi assurance chômage, qui va encore paupériser plus d’un million de chômeurs.

Emmanuel Macron voudrait que l’on ne trahisse pas «  nos enfants et leurs enfants après eux  » : est-ce à ce titre qu’il sacrifie les générations nées à partir de 1975, qui seront touchées par la réforme ? Car pour l’«  équilibre du système de répartition et sa solidité à travers le temps  », il s’agit bien de figer la part de richesses allant aux retraites, alors que le nombre de retraités va augmenter… donc d’appauvrir les futur·e·s retraité·e·s par rapport au reste de la population. Il s’agit aussi de pousser tout le monde à partir plus tard en retraite, avec le fameux âge pivot de 64 ans et le système de décote et surcote.

Le Président de la République nous rappelle la baisse de l’impôt sur le revenu et la suppression, qui ne concernent pas une grande partie de la population : les plus pauvres. Par contre il oublie de rappeler la pérennisation des cadeaux fiscaux aux plus riches. Il rappelle qu’«  éduquer, soigner, instruire, former, sont des missions essentielles  » et dans le même temps poursuit la casse des hôpitaux et de l’école et la baisse de leurs moyens humains et matériels. Il affirme qu’un «  nouveau modèle écologique doit se déployer  », quand il signe des accords de libre-échange climaticides, poursuit les niches fiscales pour des activités ultra-polluantes et la suppression des lignes ferroviaires et des services publics de proximité.

2020 serait vouée à «  l’unité retrouvée de la nation  » ; l’unité, nous la construisons tous les jours aux côtés des grévistes qui refusent la fin d’un régime de retraites basé sur la solidarité ; nous continuerons à la faire vivre tout au long de l’année 2020, contre ce projet ultralibéral et autoritaire, pour une société de la justice sociale et écologique. Nous appelons d’ores-et-déjà à poursuivre les mobilisations en cours et à rejoindre massivement les manifestations du 9 janvier et celles qui suivront.

Source https://france.attac.org/actus-et-medias/salle-de-presse/article/les-voeux-de-l-imposture?pk_campaign=Infolettre-2275&pk_kwd=france-attac-org-actus-et-medias

Décryptage des annonces du Premier ministre sur la réforme des retraites

Décryptage des annonces du Premier ministre : le gouvernement modifie l’emballage sans toucher au contenu de sa réforme des retraites mercredi 11 décembre 2019, par Collectif

Après 2 ans et demi de concertations menées par Jean-Paul Delevoye, Edouard Philippe a « dévoilé », ce mercredi 11 décembre au CESE le projet de réforme des retraites du Gouvernement. Ces annonces ne changent ni l’horizon du gouvernement sur la réforme des retraites, ni ses conséquences pour les retraité·e·s actuel·le·s et futur·e·s. Décryptage.

Comme on pouvait s’y attendre, Emmanuel Macron et son gouvernement s’obstinent face à la colère et à la mobilisation de masse actuellement en cours. Pour briser la solidarité entre générations, Edouard Philippe n’hésite pas à avoir recours à l’argument le plus méprisable : ne vous inquiétez pas ces mesures ne vous frapperont pas ; elles ne toucheront que vos enfants.

Quelle meilleure preuve que la réforme est néfaste, qu’elle n’est pas favorable aux actifs !

Mais les personnes qui ne seront pas concernées par la réforme “à points” seront concernées par des nouvelles mesures de baisse, via l’instauration d’un âge “d’équilibre” à 64 ans dès 2027.
Alors que E. Philippe affirme que le système “financera un haut niveau de solidarité”, ce qui nécessiterait un financement bien plus important qu’aujourd’hui compte tenu des inégalités actuelles à corriger, la part de solidarité sera simplement maintenue à son niveau actuel, au début de la mise en oeuvre. Comme elle sera sortie du système de retraite pour être financé par l’impôt, il y a fort à craindre que cette part soit rapidement rognée au nom des baisses de dépenses publiques.

Nouvel “âge d’équilibre” pour les plus de 47 ans (nés avant 1975), réforme à points pour les autres, tout le monde reste perdant !

Malgré les aménagements quant aux générations concernées par le système à points ou par des économies de court-terme, il n’y a pas d’évolution sur le plafonnement du financement des retraites à 14% du PIB… voire une baisse de cette part.

Les personnes qui ne seront pas concernées par le système à point seront fortement touchées par l’autre partie de la réforme : les économies à court terme, et notamment par un nouvel âge d’équilibre fixé à 64 ans en 2027. Toute personne qui partira avant cet âge subira une décote, quel que soit son nombre d’annuités. La nouvelle décote sera calculée en prenant le plus défavorable de deux critères pour chacun, entre durée de cotisation, et écart à cet âge d’équilibre. Une perte qui peut se chiffrer en centaines d’euro par mois. Et ce dès les prochaines générations.

Les générations nées après 1975 seront concernées par le nouveau système à point, calibré pour ajuster les pensions à la baisse à mesure que l’espérance de vie s’allonge. Ainsi, la réforme ne s’appliquera qu’aux personnes nées en 1975 et après, soit en 2037. D’ici là, dès 2022, les jeunes cotiseront au nouveau régime, ce qui veut dire que pendant 17 ans, les régimes existants vont être de plus en plus déficitaires, de plus en plus dans la main de l’État.

La conséquence de ces choix : une baisse des taux de remplacements brutale et plus forte que celle prévue par les précédentes réformes.

Des garanties en trompe l’œil :

  • L’indexation du point ne garantit pas le niveau des pensions

L’annonce de l’indexation de la valeur des points acquis sur les salaires se veut rassurante. Mais le niveau des pensions (niveau de la retraite par rapport au dernier salaire) n’est en aucun cas garanti. Ce qui importe n’est pas la valeur du point (qui n’est qu’un indice), mais le “taux de remplacement”, c’est à dire la part de pouvoir d’achat qu’on conserve lorsqu’on passe de l’emploi à la retraite. Et celui-ci va baisser, plus fortement qu’aujourd’hui. Ce que le gouvernement fait mine de garantir avec la valeur du point, il le reprend avec une décote variable.

  • Un minimum de pension à 1000€ (pour une carrière complète) pour les uns, la capitalisation pour les autres ?

Avec une baisse massive du niveau des pensions, une partie écrasante de la population française sera logée à la même enseigne : le nouveau « minimum de pension » à 1000€ (pour une carrière complète). Toutes les personnes n’atteignant pas l’âge pivot ou ayant une carrière incomplète auront beaucoup moins. C’est un des « alibis sociaux », les gagnants de la réforme : celles et ceux qui pourront prétendre au minimum après une vie de travail. Par ailleurs le gouvernement utilise les femmes comme alibi de la réforme en n’hésitant pas à les qualifier de “grandes gagnantes”, alors même que leurs droits et leur autonomie financière sont gravement menacés par de nombreuses dispositions (prise en compte de toute la carrière, pension de réversion dégradée, abandon des majorations de durée d’assurance pour les enfants). Pour les personnes pouvant se le permettre, il s’agira désormais de se tourner vers la capitalisation privée, grandement facilitée par le gouvernement et son Plan Epargne Retraite. Ce sont d’immenses opportunités pour les fonds de pensions, largement défiscalisés, et donc autant de manque à gagner pour les caisses de l’État.

En clair, ces annonces confortent le coeur de la réforme qui concerne tou·te·s les actif·ve·s du pays, soit la réduction du niveau des retraites dans notre système solidaire et un effet d’éviction vers les solutions de capitalisation privée. Dans le détail beaucoup de flou persiste sur la réelle prise en compte de la diversité des situations et des carrières. Les centaines de milliers de grévistes et de manifestant·e·s réuni·e·s depuis le début du mouvement semblent plus que jamais déterminé·e·s à continuer le mouvement, dès demain jeudi 12 décembre, et ce jusqu’au retrait définitif de son projet de réforme.

UE : nouveaux dirigeants, anciens problèmes

UE : nouveaux dirigeants, anciens problèmes par Attac Allemagne – Groupe de projet sur l’Europe


Commission européenne à Bruxelles, Belgique (CC – Flickr – Fred Romero)

Sur la situation de l’UE au moment de l’entrée en fonction de la nouvelle Commission européenne.

1. Lors de la campagne électorale pour le Parlement Européen en mai dernier, les partis établis et les grands médias ont réussi à donner l’impression qu’après une décennie de multiples crises les choses iraient mieux. Le taux de participation a augmenté et le grand journal Frankfurter Allgemeine Zeitung s’est réjoui de constater : « Les alarmes exacerbées et la dramatisation historique de la campagne électorale – mot-clé « vote déterminant pour notre destin » – ont peut-être semblé à certains être exagérées. Mais cela a eu l’effet escompté. »

2. Cependant, la désillusion vint vite. Le modèle » tête de liste », précédemment vanté comme preuve que l’UE pourrait être démocratisée, a été aboli d’un trait de plume, et la présidence de la Commission a été décidée par Macron et Merkel selon l’ancienne méthode. A été confirmé ce que Macron lui-même avait déclaré en 2017 : « Ceux qui dirigeaient l’Europe … ont cherché des accommodements à côté du peuple comme pour continuer une méthode qui pendant des décennies avait si bien réussi, celle de faire l’Europe un peu à part et d’expliquer ensuite. » [1]

3. Les conservateurs et les sociaux-démocrates n’ayant plus la majorité au parlement, les décisions deviendront plus difficiles. En conséquence, le Parlement – en termes de pouvoir déjà le maillon le plus faible des institutions de l’UE – perdra de l’importance politique, comme le montre la décision sur la présidence de la Commission.

4. De plus en plus de gens ont compris que les élections européennes ne répondent même pas aux normes démocratiques minimales :

  • elles étaient libres et secrètes, mais pas égalitaires. Si par exemple en Allemagne, on voulait voter pour la plate-forme de la gauche avec La France Insoumise, PODEMOS et les partis de gauche nordiques, on n’a pas pu le faire, car les élections ont été tenues d’après les règles nationales ;
  • il en va de même pour le seuil électoral. Alors qu’en Allemagne, un demi point de pourcentage était suffisant pour obtenir un siège, le seuil de cinq pourcents s’appliquait dans d’autres pays ;
  • le principe une personne – une voix ne s’applique pas. Dans les pays les plus peuplés, il faut pour un siège au Parlement Européen dix fois plus de voix qu’à Malte.

5. Ces déficits démocratiques sont à rajouter aux problèmes démocratiques structurels :

  • l’absence des fonctions les plus importantes d’un parlement : l’initiative législative et la souveraineté budgétaire,
  • il n’y a pas de séparation des pouvoirs dans l’UE,
  • les décisions importantes suivent les mécanismes de domination cachés (Bourdieu), c’est-à-dire une hiérarchie informelle avec la France et l’Allemagne en tête.

Mais même si ces problèmes étaient résolus, le constitutionnalisme néo-libéral subsisterait, c’est-à-dire la quasi-constitutionnalisation du néo-libéralisme dans les Traités et sa mise en œuvre dans le marché intérieur, privilégiant les intérêts du capital. Les privilèges structuraux et juridiques du capital sont bien illustrés dans les traités de libre-échange. Le droit démocratique pour les États et les municipalités de décider sur leurs affaires est systématiquement limité en faveur des profits des investisseurs. Une alternative fondamentale aux politiques économiques et sociales ne peut être obtenue qu’en modifiant les traités à l’unanimité. Une illusion, du moins tant qu’on obéit aux Traités.

6. Avec Ursula von der Leyen, une personne a été élue à la tête de la Commission, dont la priorité absolue est de promouvoir la militarisation et de faire de l’UE une grande puissance dans l’ordre mondial multipolaire émergeant et face aux conflits avec les États-Unis. Elle qualifie donc sa nouvelle Commission de commission géopolitique. Afin de satisfaire le désir de grandeur et de puissance, un nouveau département a même été créé. Cependant, les tentatives de parvenir à « la souveraineté stratégique » (Macron) se heurtent à une résistance massive. Non seulement les États-Unis, mais aussi la Pologne et les pays baltes préfèrent s’en remettre à une OTAN en état de « mort cérébrale » (Macron) plutôt qu’aux propres capacités militaires de l’UE.

7. Si les sondages pour les élections en Grande-Bretagne sont corrects, le pays quittera l’UE le 31 janvier 2020. Le Brexit ne signifie pas simplement qu’un pays membre parmi 28 partira. Le Royaume-Uni est la deuxième économie de l’UE et la cinquième du monde. En termes économiques, cela signifie autant que si les 18 économies en fin de classement sortaient. C’est aussi une puissance nucléaire, ce qui confère malheureusement toujours un statut spécial dans le système international, et un membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU. Mais le plus grand défi pour Bruxelles pourrait être à venir. Si le Royaume-Uni ne connaît pas le déclin annoncé après le Brexit, cela montrerait aux pays tentés d’en faire autant : on peut bien réussir sans l’UE.

8. Une autre priorité de la nouvelle Commission est la construction de la « Forteresse Europe. » En l’absence de consensus en matière de politique humaine sur la migration, la seule chose qui puisse encore être convenue est le renforcement des frontières extérieures. Le Département des Migrations s’appelle désormais « Promotion de notre mode de vie européen » – une formule qui indique un glissement net vers la droite en matière de fuite et migration. Le terme mode de vie européen signale la tentative de former une identité euro-nationaliste par le haut.

9. Une autre priorité de Mme von der Leyen est un Green Deal. Cela sonne bien. Mais compte tenu de l’hétérogénéité des intérêts entre la Pologne avec sa houille, la dépendance de la France de ses centrales nucléaires, le tournant énergétique en Allemagne, largement laissé à l’anarchie des marchés, et les conflits sur le gaz russe, des changements substantiels sont encore moins probables qu’avec le programme sur le climat décidé récemment en Allemagne.

10. Le débat sur le cadre budgétaire 2021-2027 montre également que la politique climatique n’a aucune chance à la hauteur des défis. Jusqu’à présent, chaque pays a contribué avec 1 % de son PIB au financement de l’UE (NB : l’objectif militaire de l’OTAN est de 2 % !). Comme la contribution britannique doit être compensée, les contributions de tous augmenteront. A cela il faut rajouter les fonds supplémentaires pour le financement de la militarisation (PESCO), soit environ 13 milliards d’euros pour ce que l’on appelle le fonds de défense. Ainsi, le budget 2020 reste en deçà de l’objectif de consacrer 20 % à la politique climatique, tel que l’avait recommandé le Parlement. Il y a plus de populisme dans ce Green Deal que de sérieux contre le changement climatique.

11. Rien n’est dit sur les effets centrifuges de l’euro, l’un des problèmes structurels les plus importants de l’UE : La tentative de Macron de stabiliser la zone euro a été diluée au point de ne plus être reconnue. Il voulait « plusieurs pourcents du PIB » – donc au moins 2 %. Cela représenterait 231 milliards par an. L’instrument budgétaire de convergence et de compétitivité désormais adopté prévoit 17 milliards – sur 7 ans, soit 2,4 milliards par an, soit 0,002 % du PIB.

12. L’UE reste une construction précaire qui ne dispose pas des instruments politiques, économiques, financiers et juridiques pour résoudre les crises cruciales de notre époque. La crise permanente, se débrouiller tant bien que mal et l’érosion continuelle vont donc se poursuivre avec Mme von der Leyen.

13. L’un des principaux défis pour une politique émancipatrice est de s’opposer à la militarisation et à la politique de grande puissance. Surtout du point de vue des pays du Sud, la militarisation et le comportement de grande puissance représentent la continuation de 500 ans de colonialisme et d’impérialisme. En même temps, ces politiques absorbent les ressources politiques, financières et intellectuelles nécessaires pour résoudre les problèmes environnementaux et pour éradiquer la pauvreté. En aucun cas une politique émancipatrice ne doit prendre parti dans la controverse entre d’une part l’OTAN/USA, d’autre part l’indépendance militaire de l’UE. Il faut lutter, au-delà de la peste et du choléra, pour un ordre mondial démocratique, pour la coopération internationale, la détente, la résolution politique des conflits, la paix et le désarmement, y compris pour un ordre de paix pan-européen, de Lisbonne à Vladivostok.

En outre, il est nécessaire de mener des campagnes contre le néolibéralisme dans les politiques économiques, commerciales, financières et sociales et contre le démantèlement de la démocratie.

Enfin, le débat sur les questions fondamentales concernant l’avenir de l’UE et des alternatives émancipatrices doit se poursuivre.


1er Décembre 2019

France : Même choc qu’en Grèce sans passer par une demande de la troïka

“Le traitement de choc administré à la France par Macron rappelle celui infligé à la Grèce” par Georges Nurdin

Plusieurs années après la potion amère infligée par la Troïka à la Grèce, le pays va mal. Or, un traitement similaire est administré à la France, dénonce notre chroniqueur Georges Nurdin, économiste, consultant international essayiste et écrivain.

A la Grecque. Cela évoque de nombreuses combinaisons : les champignons, les yaourts, et bien d’autres choses encore, mais aussi – plus récemment – l’économie. C’est cette dernière perspective qui nous intéresse car, en effet il existe de plus en plus de ressemblances entre le “traitement de choc” administré à la Grèce suite à la crise de 2008 (crise, rappelons-le, qu’elle n’a pas provoquée mais qui lui a été infligée de l’extérieur) et celui qui est en train d’être appliqué à la France du “Nouveau Monde”.

En quoi a consisté la “cure grecque” qui a été administré au pays, de force par Docteur Europe et Professeur FMI, et Maestro Banque Centrale : la fameuse Troïka (le vocable utilisé évoque la nostalgie des temps soviétiques, celui du gosplan et soviet suprême, un comble pour l’Europe… si démocratique) ? Cela tient en six points : sabrer dans les pensions et les retraites de tous – la pénurie universelle -, sabrer dans les indemnités de chômage et dans les minima sociaux, sabrer dans les dépenses dites “sociales” – y compris la santé et l’éducation -, “flexibiliser” le travail (c’est à dire en éliminant quasiment toute protection du salarié et en généralisant les contrats précaires), réduire drastiquement la fonction publique et le service public… et vendre les bijoux de famille (privatiser les infrastructures appartenant à L’Etat, tels que les aéroports, les ports, les trains, etc…). Cela ne vous rappelle rien ?…

Et comment va la Grèce depuis ? Car la thérapie “à la grecque” a servi de laboratoire, de test in vivo à une thérapie “progressiste” de choc en Europe. Chypre ayant quant à elle servi de laboratoire pour la confiscation des avoirs et des comptes courants des particuliers par les banques, toujours dans le cadre de l’UE… La question est intéressante, car on peut se faire une idée par simple homothétie de ce qui peut ou va se passer chez nous, suivant le principe que les mêmes causes produisent les mêmes effets.

Et bien, la Grèce ne va… pas bien… mais pas bien du tout. La pauvreté s’étend désormais à un tiers de la population, le taux de chômage des jeunes se situe à plus de 40 % et le coefficient de Gini est passé de 0,32 à 0,37 depuis 2008, ce qui veut dire que les pauvres sont devenus beaucoup plus pauvres et que les “premiers de cordées” sont devenus plus riches… : la “redistribution” via le fameux “ruissellement” n’a, bien entendu, pas fonctionné… ou plutôt si, mais en sens inverse. Les talents se sont expatriés, les classes moyennes sont exsangues, laminées, et surtout, sans perspectives, vides d’espoir et d’avenir. Et c’est peut-être cela le plus grave et le plus inquiétant.

Le PIB se situe à en retrait de 20% par rapport à son niveau de 2008 et d’après les économistes du Financial Times, qui ne sont pas réputés pour être des tendres, il ne le retrouvera (dans le scénario dit le plus favorable) qu’en… 2040. Et encore, peut-être, si tout va bien. En clair il faudra sacrifier, a minima, deux générations sur l’autel du dogme monétaire, l’actuelle et la suivante pour espérer revenir, peut-être, dans le meilleur des cas, au point de départ.

C’est donc, avec la cure à la grecque, une certaine vision du “progrès” qui est … en marche… Mais cela a-t-il un sens de l’appliquer, avec brutalité en plus, à un pays comme la France ? La réponse est clairement : non ! La situation ne le justifie pas, les fondamentaux économiques, financiers, sociaux et sociétaux non plus. Alors pourquoi l’appliquer ?

D’ abord parce qu’il faut rentrer, de toute urgence, donc de force et avec violence, dans les “critères” de Bruxelles et de Maastricht. C’est qu’on ne transige jamais avec l’idéologie et le dogme. Car l’Économique, enfin, une interprétation très limitée, extrêmement régressive, dépassée et punitive de l’Économie, domine le “projet” européen actuel. Ensuite l’Hubris, cette pulsion d’orgueil et de démesure qui fait que l’on se prend pour Dieu, Zeus, ou… Jupiter, si bien décrite et honnie par les Grecs Anciens, est un facteur sinon déclenchant du moins aggravant. Terriblement aggravant dans les circonstances actuelles… L’ Hubris n’est pas le courage et encore moins l’audace. C’est en fait tout son contraire.

Mais, il faut reconnaître que, malgré leurs protestations et leurs souffrances, les violences faites aux Grecs et aux Chypriotes sont “passées”, et – inutile de le préciser – avec la “bénédiction” de Bruxelles. Et, bien sûr, cela est de nature à faire tâche… d’huile. Quant à savoir si cette huile sera mise dans les engrenages ou sur le feu… Réponse dans les prochains mois.

Georges Nurdin, économiste, consultant international essayiste et écrivain (Les multinational émergentes, International Corporate Governance, Le temps des turbulences, Wanamatcha !).

Source https://www.capital.fr/entreprises-marches/le-traitement-de-choc-administre-a-la-france-par-macron-rappelle-celui-inflige-a-la-grece-1356298?fbclid=IwAR3yoUx5y6Ih-T7J6_1dn-ScK_ccYH0YZGlOjO-TRpQHex-tw2AUNgwBOdY

Au sujet du film Adults in the room

Nous avons décidé de rassembler dans cet article quelques textes en réaction à ce film (I) mais aussi rappeler que dans la période février 2015 jusqu’à la signature du mémorandum de juillet 2015 il y avait bien des arguments pour refuser le dictat de l’Europe et proposer d’autres alternatives (II)

I. LES RÉACTIONS AU FILM

22/11/2019 Un article d’Eric Toussaint Force et limite du film « Adults in the Room » de Costa-Gavras  .

Dans son dernier film, le réalisateur s’emploie à dénoncer le comportement brutal des dirigeants politiques européens durant la crise grecque de 2015. Une démarche fort louable. Mais il est regrettable qu’il passe sous silence un certain nombre d’éléments marquants de cette période. http://www.cadtm.org/Force-et-limite-du-film-Adults-in-the-Room-de-Costa-Gavras

15/11/2019 Un article de Patrick Saurin  » Jeudi 7 novembre, la rédaction de Mediapart a organisé un live avec Varoufákis et Costa-Gavras, à l’occasion de la sortie du film du cinéaste grec, « Adults in the Room », inspiré du livre de Varoufákis. Les intervenants ont donné de la crise dette une vision grandement tronquée qui m’a amené à faire cette mise au point à partir d’éléments factuels. http://www.cadtm.org/Adults-out-of-the-Room

11/2019 L’entretien sur Médiapart https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/061119/dans-les-coulisses-de-la-crise-grecque-avec-varoufakis-et-costa-gavras

14/11/2019 Un article de Francis Wurtz « Voyage glaçant à l’intérieur de l’Eurogroupe Adults in the room dans l’humanité

14/11/2019 : Cinéma La tragédie grecque de Costa-Gavras Alternative Eco Film Adults sur Alter eco

14/11/2019 : https://npa2009.org/idees/culture/adults-room-de-costa-gravas

16/11/2019 https://www.legrandsoir.info/adults-in-the-room-un-film-engage-estimable-mais-boiteux.html

15/10/2019 Lettre ouverte de Zoé Konstantopulou (ex-présidente du parlement grec) au cinéaste Costa-Gavras en français https://blogs.mediapart.fr/patrick-saurin/blog/151019/lettre-ouverte-de-l-ex-presidente-du-parlement-grec-au-cineaste-costa-gavras en grec  https://www.freedomtv.gr/post.php?p=225

29/1/2019 Par Eric Toussaint Critique de la critique du livre Conversations entre Adultes’ de Yanis Varoufakis dont est tiré le film http://www.cadtm.org/Critique-de-la-critique-critique-du-livre-Conversations-entre-Adultes-de-Yanis

II. REFUSER LE DIKTAT DE L’EUROPE ET PROPOSER D’AUTRES ALTERNATIVES

04/2015 Par Cédric DURAND Economiste à Paris-XIII Razmig KEUCHEYAN Sociologue à Paris-IV et Stathis KOUVÉLAKIS Philosophe au King’s College de Londres sur la rupture avec l’Europe et la faiblesse du soutien à Syriza sur le continent européen  https://www.grece-austerite.ovh/150416-faire-cause-commune-avec-la-grece/

Depuis 5/2015 à 01/2018 Tous les articles en français de la Commission pour la vérité sur la dette grecque  http://www.cadtm.org/Commission-pour-la-verite-sur-la,2224

5/5/2015 Grèce: l’heure de la rupture, par Stathis Kouvelakis L’heure de la rupture

27/8/2015 https://www.humanite.fr/grece-stathis-kouvelakis-aucune-illusion-sur-le-carcan-de-leuro-582336

09/2015 Costas Lapavitsas économiste marxiste de l’Université de Londres, ex-membre de Syriza présente les côtés positifs d’une sortie de la zone euro et les principales étapes de la transition Lapavitsas et la sortie de la zone euro

De 2017 à 2019 : Les 9 articles d’Eric Toussaint avec la série : Le témoignage de Yanis Varoufakis : accablant pour lui-même https://www.grece-austerite.ovh/e-toussaint-au-sujet-de-y-varoufakis-9e-partie/

 07/2017 Par Zoé Konstantopoulou qui préface le livre d’Eric Toussaint et donne sa version de la période  https://www.grece-austerite.ovh/preface-au-livre-deric-toussaint-sur-la-dette-grecque-par-zoe-konstantopoulou/

18/10/2019 Témoignage d’Alexis Cuxier, suivi d’une analyse de ce qui s’est passé en Grèce en 2015 et mettre en discussion quelques-unes des propositions qui auraient permis d’éviter cette catastrophe politique et de mettre en œuvre une politique démocratique et au service des classes populaires https://www.grece-austerite.ovh/grece-2015-une-dystopie-politique/

 

France : la réforme des retraites toujours plus de précarité

Pour comprendre la réforme des retraites en 59 mn regarder la conférence  » les dangers de la réforme des retraites  » .

Le collectif « Alternative l’austérité » organisait une conférence-débat sur Les dangers de la réforme des retraites : avec Evelyne Dourille-Feer, docteure en économie mouvement Attac Paris.

Après avoir rappelé le système actuel elle présente les 8 bobards de la nouvelle réforme et les propositions d’Attac pour un maintien du régime par répartition le meilleur système d’Europe qui demande juste quelques améliorations.

<https://www.tvnetcitoyenne.com/news-details.php?page=content&type=videos&idcontent=6705>

Lendemain du 17 novembre 2019 à Athènes : un goût de sang dans la bouche

Très dure nuit pour qui aime Exarcheia et la lutte révolutionnaire en Grèce.

http://blogyy.net/wp-content/uploads/2019/11/75362529_2320169061627041_493612379351810048_n.jpgTrès dure nuit pour qui aime Exarcheia et la lutte révolutionnaire en Grèce.

LENDEMAIN DU 17 NOVEMBRE 2019 À ATHÈNES : UN GOÛT DE SANG DANS LA BOUCHE

Beaucoup de nos compagnons ont passé la nuit entre quatre murs, après des passages à tabac systématiques. D’autres ont été blessés, dont trois à la tête transférés en ambulance à l’hôpital. D’autres encore ont dû se terrer durant une bonne partie de la soirée, voire toute la nuit, pour ne pas se faire rafler et tabasser par des policiers qui semblaient très excités, comme en plein jeu vidéo de guerre dans tout le quartier.

Au total, plus de 5000 policiers, un hélicoptère et des drones transmettant en permanence la position des insurgés résistant depuis les toits. Des policiers anti-terroristes, des policiers anti-émeutes, des policiers en civil, des voltigeurs, des blindés munis de canons à eaux… L’armada en uniforme qui a convergé vers Exarcheia, pendant les deux manifs successives(1), était beaucoup trop nombreuse et suréquipée pour les irréductibles du quartier rebelle et solidaire.

Exarcheia n’a pas tenu longtemps. Déjà en partie occupée depuis des semaines, elle a rapidement basculé sous le contrôle de la soldatesque prétendument gardienne de la paix. Rares sont les lieux en son sein qui sont encore à l’abri. Ce matin, alors que le soleil n’est pas encore revenu, Notara 26 est encore debout, de même que le K*Vox ou encore la structure autogérée de santé d’Exarcheia (ADYE). Mais ces lieux et quelques autres font figures de derniers bastions dans un quartier hors norme minutieusement dévasté par l’État grec au fil des semaines, dans le but de faire disparaître l’une des sources d’inspiration du mouvement social dans le monde entier.

Aujourd’hui encore, le sang a coulé, y compris celui d’une jeune femme frappée à la tête au point de peindre sur le sol le vrai visage du régime. Non seulement la junte ne s’est pas terminée en 1973, mais le nouveau gouvernement, avec ses ministres dont certains sont issus de l’extrême-droite et sa politique toujours plus autoritaire, se rapproche pas à pas de l’exemple du Colonel Papadopoulos et de sa clique.

Avec les nouveaux moyens technologiques achetés notamment à la France, le pouvoir surveille, traque, piste, inquiète, menace, frappe et arrête comme bon lui chante. Oui, la manifestation en souvenir de l’insurrection de 1973 a eu lieu, nombreuse même, mais encadrée par une quantité impressionnante de flics et de cars de MAT bloquant toutes les issues.

Dans les rues d’Exarcheia, des dizaines de compagnons ont été contraints de s’asseoir par terre ou de se mettre à genoux, mains derrière la tête, sous les coups, les quolibets et les humiliations. Ici, une femme est trainée par les cheveux. Là, un homme est frappé aux testicules. Et puis des flaques de sang, ça et là, aux coins de la place centrale du quartier meurtri.

Dans les médias, c’est le concert de louanges sur toutes les chaînes : Mitsotakis aurait enfin rétabli « l’ordre et la démocratie » partout en Grèce, y compris dans « Exarchistan », la zone de non-droit où sévissent encore quelques centaines de Mohicans. Les breaking news passent sans transition de la victoire du Grec Tsitsipras au Masters de tennis à l’occupation policière d’Exarcheia, complètement paralysée après une trop brève résistance. Mitsotakis salue la victoire de son compatriote tennisman et promet d’en finir avec les derniers squats très bientôt. Selon lui, sa mission dans ce domaine sera bientôt finie.

Il souhaite aussi venger la visite de Rouvikonas, ce dimanche matin, au domicile du ministre de l’économie : Adonis Georgiadis, un ancien du parti d’extrême-droite LAOS. Particulièrement raciste, Georgiadis a notamment déclaré vouloir « rendre la vie encore plus dure aux migrants » pour les dissuader de venir en Grèce. Par cette action volontairement organisée juste avant la manif du 17 novembre, Rouvikonas a voulu montrer, une fois de plus, que, si nous sommes vulnérables, ceux qui nous gouvernent le sont aussi : « Nous connaissons vos adresses personnelles, nous savons où vous trouver ! » a menacé le groupe anarchiste dans son communiqué. La levée de boucliers de toute la classe politique a été immédiate. Par exemple, le PASOK et l’Union du centre se sont dit choqués que des activistes se permettent d’aller perturber la vie privée des dirigeants politiques, quels que soient les désaccords. « Cela nous conforte dans notre volonté de classer Rouvikonas parmi les organisations terroristes » a déclaré un ministre  à la télé. Rouvikonas est la prochaine cible prévue, « sitôt que le cas d’Exarcheia sera totalement réglé ».

La loi se durcit contre toutes les formes de résistance. Par exemple, l’usage d’un cocktail Molotov coûte désormais jusqu’à 10 ans de prison, et non plus 5 comme auparavant. Nasser les manifestants est beaucoup plus facile qu’autrefois grâce à la « neutralisation des sentinelles sur les toits », c’est-à-dire des groupes qui, jusqu’ici, observaient et envoyaient un déluge de feu depuis les hauteurs du quartier sitôt que les rues étaient perdues, notamment autour de la place centrale d’Exarcheia. Les positions de la police dans le quartier continuent de progresser. Des employés de la mairie d’Athènes sont envoyés sous escorte policière pour nettoyer les tags sur les murs. Chose qui rappelle « Murs blancs, peuple muet »: l’un des slogans contre la dictature des Colonels. Idem à l’autre bout de l’Europe en mai 1968.

Dans la nuit tiède athénienne, des voix s’interrogent sur la suite, des listes de discussions se raniment, des messages circulent pour exprimer la colère, la révolte et la solidarité, mais aussi des idées, des suggestions, des désirs. Devant le squat de réfugiés Notara 26, la plus grande banderole annonce obstinément : « Vous ne parviendrez pas à évacuer tout un mouvement ! »

Cette nuit, Exarcheia la rebelle a un goût de sang dans la bouche, immobile et silencieuse dans l’obscurité, mais elle est encore vivante.

Yannis Youlountas

Source http://blogyy.net/2019/11/18/lendemain-du-17-novembre-2019-a-athenes-un-gout-de-sang-dans-la-bouche/ ( toutes les photos)

Photos : Marios Lolos, Alexandros Katsis, Maria Louka, Radiofragmata, Mimi A Feline, Mimis Oust, Nikolas Georgiou, Alex Aristopoulos…

(1) Comme vous pouvez le voir sur les photos, il y a eu une manif à la mi-journée, puis une autre à la nuit tombée (comme c’est souvent l’usage à Athènes).

À noter : vous trouverez, bien sûr, des séquences vidéos et d’autres explications sur tout cela dans notre prochain film documentaire « Nous n’avons pas peur des ruines ! »

France La fraude fiscale vue par Solidaire Finances publiques

Dans la bagarre sur la fraude fiscale, la question de l’estimation des pertes fiscales est centrale. Face à ceux qui tentent de la minimiser pour mieux « laisser faire, laisser passer », le syndicat Solidaires Finances Publiques maintient son estimation…

Un petit résumé ci-dessous et le rapport complet.

Évitement de l’impôt

Définir l’évitement illégal de l’impôt

Le périmètre qui sert à estimer les pertes fiscales : Optimisation, évasion, exil, expatriation, planification et fraude.

La France considère que l’évasion fiscale est à la fois légale (dans le cas de l’optimisation agressive) et illégale (avec la fraude). L’OCDE définit pour sa part l’évasion fiscale comme des « arrangements illégaux dans lesquels une obligation fiscale est cachée ou ignorée, c’est-à-dire que le contribuable paie moins d’impôt que ce qu’il est légalement obligé de payer en dissimulant un revenu ou des informations aux autorités fiscales ».

Estimation des pertes fiscales

En janvier 2013, elles s’élèvent selon Solidaires-finances publiques à 60 à 80 milliards d’euros par an. Cette estimation s’appuyait sur une extrapolation des résultats du contrôle fiscal et sur l’utilisation de données « macro » permettant de corriger certains biais de cette extrapolation.

En septembre 2018, l’actualisation de cette estimation nous conduisait à retenir sa fourchette haute, soit 80 milliards d’euros environ.

Ce chiffrage a été contesté par quelques personnalités, dont le ministre de l’action et des comptes publics. Malheureusement, ils n’ont pas produit d’autres travaux qui auraient pu permettre d’engager un débat pourtant utile.

D’autres travaux en revanche corroborent l’ordre de grandeur découlant de notre estimation. À titre d’exemple, un travail de l’Université de Londres estime à plus de 800 milliards d’euros le manque à gagner au sein de l’Union européenne dû à la fraude aux prélèvements obligatoires. Ramené à la France, cela correspondrait à près de 118 milliards d’euros le total de l’évitement illégal fiscal et social, soit un montant comparable à notre estimation haute et à celle de la Cour des comptes en matière de recettes sociales.

Analyse de l’évolution des résultats du contrôle fiscal

Les « redressements fiscaux » permettent de recouvrer environ 15 % du montant total des pertes fiscales graĉe à des moyens juridiques nouveaux. Sans eux, la hausse de la fraude fiscale eut été plus importante. Mais ils ne suffisent pas. Il faut aussi des agents, des moyens humains : moins d’agents = moins de contrôles et par conséquent des résultats en baisse avec 16,15 milliards d’euros (droits et pénalités) contre 21,19 milliards d’euros en 2015. La fin du service de traitement des déclarations rectificatives (STDR) n’explique pas tout. Les 1733 suppressions d’emplois que les services de contrôle ont subi entre 2012 et 2016 (plus de 3000 depuis le milieu des années 2000) constituent la principale explication de cette baisse.

Une entreprise soumise à la TVA a une chance de faire l’objet d’une vérification sur place tous les 154 ans et une entreprise soumise à l’impôt sur les sociétés a une chance de faire l’objet d’une vérification sur place tous les 60 ans environ.

Le « redressement fiscal moyen » exprimé en droits et pénalités demeure élevé : alors qu’il était de 192 482 euros en 2009, 223 883 euros en 2017 en baisse sensible à 188 532 euros en 2018, un niveau inférieur aux dix dernières années.

Cette situation est d’autant plus inquiétante que le pouvoir considère le contrôle fiscal comme une mission exercée au service de l’entreprise ou du contribuable vérifié avec la loi « Essoc » et que le Président de la République participe à la déconsidération des agents en charge du contrôle.

Que faire ?

Refaire du contrôle fiscal la véritable contre-partie du système fiscal, améliorer le mode de management du contrôle et de la DGFiP, favoriser la formation, la mutualisation et l’expertise, redonner des moyens juridiques utiles, renforcer les effectifs, offrir des droits et de la visibilité aux agents, utiliser intelligemment les outils numériques et intensifier la coopération entre administrations et États.

Lire le rapport complet 191107_rapport_lutte_contre_la_fraude_fiscale

La réforme de l’assurance chômage : machine à fabriquer de la pauvreté

Assurance-chômage

« Je n’ai jamais vu ça, un durcissement aussi violent » : des agents de Pôle emploi « horrifiés » par la réforme

par Nolwenn Weiler

La réforme de l’Assurance-chômage entre en vigueur ce 1er novembre. 1,3 million de demandeurs d’emploi, dont les plus précaires, verront leurs indemnités baisser dans l’année qui vient. Basta ! a rencontré des agents de Pôle emploi qui décryptent le nouveau système et ses conséquences.

C’est une véritable machine à fabriquer de la pauvreté qui va se mettre en branle à partir du 1er novembre. Même les agents du Pôle emploi en prennent le vertige. « Je n’ai jamais vu ça, un tel durcissement, aussi violent, lâche Aurélie, agente dans l’ouest de la France depuis dix ans. On touche les gens au portefeuille, on ne leur laisse plus de solutions. » L’objectif annoncé de la réforme : économiser 3,4 milliards d’ici fin 2021. Tout en mettant au passage un énorme coup de pression sur les demandeurs d’emploi, une nouvelle fois rendus responsables de leur situation.

Ces économies drastiques seront entièrement financées par les demandeurs, et plus particulièrement par les plus précaires d’entre eux – en intérim ou en CDD. La première étape démarre ce 1er novembre, avec un durcissement des conditions qui permettent d’ouvrir ses droits à l’assurance-chômage. La seconde débutera le 1er avril 2020, avec une chute brutale du montant des indemnisations.

Au total, la moitié des personnes indemnisées – principalement celles qui n’ont pas pu travailler à temps plein pendant au moins un an – verront leurs droits réduits, voire supprimés. Soit 1,3 million de personnes parmi les 2,7 millions qui bénéficient actuellement d’une indemnisation – sur, au total, 6 millions de personnes inscrites au Pôle emploi.

« Beaucoup de gens vont aller émarger au RSA »

« Cette réforme est effrayante, confirme Daniel, conseiller Pôle emploi depuis de nombreuses années. Il y aura une chute brutale des montants d’indemnisation pour celles et ceux qui ont des périodes de travail hachées. Beaucoup de gens vont aller émarger au RSA. »

Pour le moment, le gouvernement n’a pas évalué l’importance du report vers les minima sociaux pour les personnes qui perdront leurs droits à l’indemnisation. Quand elle a présenté la réforme, en juin 2019, la ministre du Travail Muriel Pénicaud a même promis qu’il s’agissait d’une réforme « contre la précarité ». Le durcissement des conditions d’entrée à Pôle emploi permet d’en douter.

À partir du 1er novembre, pour pouvoir s’inscrire comme demandeur d’emploi, il faudra avoir travaillé six mois au lieu de quatre (soit désormais 910 heures, ou 130 jours). Quant à la période de référence, celle sur laquelle l’Unédic se penche pour comptabiliser les heures passées à travailler, elle baisse de 28 à 24 mois.

Certaines personnes qui, dans l’ancien système, auraient pu être indemnisées en ayant travaillé par exemple 6 mois sur les 28 derniers mois, n’auront plus accès à l’assurance-chômage. Auparavant, il fallait avoir travaillé en moyenne un jour sur sept pour ouvrir ses premiers droits. Il faudra désormais avoir travaillé un jour sur quatre !

Source https://www.bastamag.net/reforme-assurance-chomage-pole-emploi-indemnisation-droits-rechargeables-CDD-boulots-de-merde

Translate »