La solidarité continue avec les collectifs et lieux autogérés en Grèce, malgré les pressions et intimidations du pouvoir.
Depuis hier, les livraisons à Exarcheia ont commencé. Elles seront étalées sur plusieurs semaines. Comme toujours, c’est avec le Notara 26, premier squat historique de réfugié-es et migrant-es au centre d’Athènes*, que nos actions simultanées ont quitté d’autres régions de Grèce pour converger sur les catacombes de la capitale. En pleine canicule, les enfants et adultes du squat nous ont chaleureusement accueilli-es dans les accolades et les sourires. Certains visages sont connus depuis longtemps, d’autres sont nouveaux, tous sont affectueux comme lors des retrouvailles d’une grande famille.
Le chargement : une tonne et 350 kg de fruits et légumes de Crète, mais aussi des céréales complètes venues de France, de l’huile d’olive achetée à Kastelli pour soutenir simultanément les paysans en lutte contre le projet d’aéroport, des couches et du lait infantile collectés progressivement, des cadeaux d’enfants de France et de Crète pour les enfants migrants, quelques vêtements et cafetières aussi… Bien sûr, cette livraison sera doublée d’une somme d’argent transmise ce soir dans le cadre de l’assemblée générale du lieu, car il est important également que les collectifs soit autonomes dans leurs choix face aux épreuves qu’ils traversent.
Dans un contexte extrêmement difficile, le Notara 26 est un exemple : il résiste aux fascistes et à l’état grec depuis six ans, sans faiblir, avec toujours autant de monde, d’initiatives, de joie, de courage, d’entraide, de force et d’amour. De la « bonne force» comme on dit par ici : « Kali dynami ! »
Merci à celles et ceux qui nous épaulent pour continuer à faire vivre l’utopie concrète et persévérer dans l’adversité. Pas question de baisser les bras, même si les temps sont difficiles. À bientôt pour d’autres nouvelles du quartier où d’autres lieux sont encore debout et où de nouveaux collectifs viennent même d’être créés ! Non, rien n’est fini, comme vous pourrez le voir dans le prochain épisode 😉
Salut fraternel de nos camarades et compagnons d’utopie ici 🖤
Maud et Yannis po/ Anepos et les membres et soutiens de l’action
PS : si vous voulez soutenir les prochaines actions dans les jours à venir (évidemment sans subvention ni partenariat médiatique avec les valets du pouvoir) à destination de plusieurs autres collectifs et lieux autogérés à Athènes puis ailleurs), c’est ici :
1- Pour effectuer un virement à ANEPOS
IBAN : FR46 2004 1010 1610 8545 7L03 730
BIC : PSSTFRPPTOU
Objet : « Action Solidarité Grèce »
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2- Pour participer via PAYPAL, suivre le lien : https://www.paypal.com/cgi-bin/webscr?cmd=_s-xclick&hosted_button_id=LMQPCV4FHXUGY&source=url
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3- Pour envoyer un chèque à l’ordre de ANEPOS
Adresse postale : ANEPOS – Action Solidarité Grèce – 6 allée Hernando – 13500 Martigues
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Contact : solidarite@anepos.net
Tél. Grèce (0030) 694 593 90 80 / Tél. France 06 24 06 67 98
Nous vous appelons tous, qui avez soutenu notre lutte au fil des ans, à se réunir le JEUDI 24/06 à 11h00 dans les tribunaux de Thessalonique pour annuler la nouvelle ENCHÈRE sur le terrain exploité par la coopérative BIO.ME.
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C’est peut-être la dernière vente aux enchères qui aura lieu dans toute une vie, puisque la prochaine sera électronique (!)
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TOUT LE MONDE JEUDI 24/06 à 11.00 dans LES TRIBUNAUX D’ÉTAT
BIOME N’EST PAS A VENDRE
BIOME APPARTIENT AUX TRAVAILLEURS/SES
Au cœur des luttes, la solidarité n’est pas seulement une nécessité pour les plus précaires. C’est aussi un moyen de donner à voir la société que nous désirons. Depuis plusieurs semaines, les moyens de nos collectifs solidaires autogérés se sont asséchés. Les listes des besoins s’allongent de jour en jour, tant sur le plan alimentaire que dans d’autres domaines. Ces dernières années, nous n’avons pas ménagé nos efforts sur tous les terrains (squats, cuisines sociales, aides aux précaires grecs et migrants, aides aux compagnons de lutte réprimés, convois de fourgons solidaires…) aux côtés de dizaines de lieux et collectifs partout en Grèce (liste à la fin de ce message).
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Six mois après notre appel à soutien de décembre, nous sommes dans l’impérieuse nécessité de renouveler cet appel. Ici pour beaucoup, le mot d’ordre est devenu « Tenir bon et continuer ! »
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En attendant, nous faisons avec les moyens du bord. Des renforts ont déjà pris la route de France avec du chargement et d’autres sont attendus prochainement. Grecs et réfugiés prennent pareillement part à cette belle synergie, mais le nerf de cette guerre contre la misère et le pouvoir reste l’argent. En attendant la sortie de notre quatrième film Nous n’avons pas peur des ruines (à partir de l’automne, comme toujours en creative commons et à vocation solidaire), nos moyens sont extrêmement modestes sur ce plan.
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Si vous le pouvez, merci de participer à cet appel (voir ci-dessous).
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Toutefois, si la situation est extrêmement difficile pour vous aussi, surtout ne vous mettez pas en danger. Partager l’info c’est déjà nous soutenir.
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Parmi les actions en cours, nous allons dans quelques jours acheminer des fruits et légumes de Crète à Athènes (et de l’huile d’olive), ainsi que du matériel et des fournitures en provenance de France. Nous allons aussi soutenir financièrement les lieux et collectifs les plus en difficultés. Pour tout ça, nous ferons bien sûr en fonction des moyens dont nous disposerons, à commencer par les achats de nourriture plus ou moins importants auprès des paysans crétois, tout comme pour les produits de première nécessité à Athènes (parmi lesquels, ceux pour les enfants en bas-âge).
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Pour nous permettre de savoir au plus vite quels vont être nos moyens d’agir, participez plutôt par virement ou paypal plutôt que par chèque :
Merci de votre soutien, quelle que soit la forme, ne serait-ce qu’en relayant l’info.
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Solidairement,
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Maud et Yannis Youlountas
po/ collectif artistique et solidaire ANEPOS
avec les membres et soutiens des actions en cours
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PS : priorité à l’urgence solidaire dans ce message, on parlera dans le prochain des dernières nouvelles de Grèce (dont la lutte contre la journée de travail de 10 heures), puis du film en préparation (avec une belle surprise).
PETITES ANNONCES
Si vous avez prévu de venir à Athènes en juillet et que vous avez une place pour une personne dans un véhicule, contactez-nous.
Si vous avez prévu de venir en Crète en van ou en fourgon cet été et que vous disposez d’un peu de place pour acheminer du matériel solidaire situé dans le sud-est de la France, contactez-nous.
Si vous avez des livres en anglais, ourdou, arabe ou farsi à offrir pour des bibliothèques sociales en Grèce, contactez-nous.
Liste des lieux et collectifs aidés matériellement et/ou financièrement durant l’année écoulée, malgré un contexte particulièrement difficile :
– soutien à l’initiative contre les forages pétroliers en Crète (que tentent de déployer Exxon-Mobil et la firme française Total).
– Collectif Livas dans le département de Réthymnon en Crète (soutien aux actions solidaires, notamment à la cuisine populaire fondé par ce club de sport sans hiérarchie).
– Centre social autogéré Alimoura à Ioannina (nous avons financé la réparation du local qui avait été saccagé par une attaque fasciste) ;
– Usine autogérée Bio.Me à Thessalonique (soutien et achat de savons et produits fabriqués par les ouvriers, alors que l’électricité venait de leur être coupée) ;
– Mikropolis à Thessalonique (soutien au plus grand espace social libre de Grèce qui est actuellement en train de déménager) ;
– Initiative antifasciste d’aide aux réfugiés près d’Évros (au moment où ces derniers étaient pris au piège entre les deux états grecs et turcs, et où des identitaires européens étaient venus pour tenter de pratiquer la chasse à l’homme, ainsi qu’à Lesbos) ;
– Réseau Solidaire de Crète (et soutien à la création de nouveaux lieux dans l’île, dont nous vous reparlerons)
– Initiative de Kastelli en Crète contre le nouvel aéroport (nous avons participé au financement de la procédure de Justice contre l’aéroport qui est en train de basculer à l’échelle européenne, alors que 120.000 des 200.000 oliviers ont déjà été coupés et que l’opinion est de plus en plus opposée au projet, nous avons également participé à plusieurs réunions et actions sur place, et soutenu les paysans en lutte contre ce projet)
– Centre Social autogéré Favela au Pirée (soutien financier et achat de tee-shirts pour épauler ce lieu situé dans une zone où les fascistes rôdent souvent et où l’un d’entre nous, a été agressé violemment en juin 2019 par un groupe de néo-nazis qui lui avait tendu un guet-apens avant que les passagers d’une rame de tramway ne parviennent à le sauver) ;
– K*Vox à Athènes (base d’un des groupes les plus actifs en Grèce) ;
– Aide aux frais de Justice de plusieurs compagnons de luttes , notamment pour leur éviter d’aller en prison suite à des actions pourtant exemplaires ;
– squat Notara 26 à Athènes (le plus ancien lieu d’accueil des réfugiés dans le quartier d’Exarcheia) ;
– Plusieurs cuisines sociales (soutien financier et livraison de produits alimentaires) ;
– Structure autogérée de santé d’Exarcheia (soutien financier et livraison de matériel médical) ;
– Réseau École Buissonnière-Pédagogie Freinet (soutien financier et livraison de fournitures en aide aux enfants précaires) ;
– actions solidaires à Lesbos (nombreuses initiatives, surtout, après l’incendie du sinistre camp de Moria et l’errance de nombreuses familles en difficultés).
» L’assemblée des employés de BIO.ME adresse un appel en vue du dernier processus de vente aux enchères de l’usine pour le moment, nous appelons les syndicats et les groupes, nous appelons les organisations et les collectifs, nous appelons les ménagères qui ont essayé nos produits nous appelons les étudiants à nous soutenir le 24/06 devant les tribunaux de Thessalonique et à crier fort que BIO.ME. n’est pas à vendre »
Annonce complète :
« Le jeudi 24/06/21, la dernière vente aux enchères d’une série a été fixée, elle était fixée en septembre 20 et a été reportée en raison de la covid. Mais c’est aussi le dernier qui se fait avec présence physique, puisque les prochains cycles seront électroniques.
Ils ont tout fait pour arrêter une usine fonctionnant sous contrôle ouvrier en production. Ils ont tout fait pour arrêter cet effort des ouvriers de peur qu’il y ait un autre exemple. Ils ne se sont pas encore rendu compte que le coup d’envoi de ces efforts est donné par les capitalistes avec leurs serviteurs, les politiciens, avec l’esclavage qu’ils essaient de transmettre aux travailleurs et à la société en général.
Depuis quatorze mois maintenant, la coopérative des salariés de BIO.ME. fonctionne sans électricité, parce qu’ils l’ont coupée, et ils ne comprenaient toujours pas que s’ils faisaient cela dans une entreprise capitaliste, cela ne durerait même pas une semaine. Cependant, dans les entreprises qui ont des patrons pour embaucher un salarié, on leur propose « terre et eau», ils paient l’assurance du salarié et une partie de son salaire.
Au contraire, S.E.VIO.ME. n’a pas reçu un sou de l’État ou du financement européen pris par des patrons généreux et divers escrocs, qui parcourent les ministères en menaçant les ministres.
Nous, les employés de la coopérative, travaillons et sommes payés pour l’effort que nous mettons dans notre travail à partir du surplus et les investissements qui sont faits sont basés sur le capital social et non sur le ΕΣΠΑ qui est donné aux patrons.
Nous ne revendiquons aucun charisme d’aucun état ou organisation. Au contraire, nous revendiquons notre droit de travailler et de vivre dignement avec nos familles et nous ne laisserons personne gâcher ce que nous avons construit si durement au fil des ans.
Nous invitons tous ceux qui nous soutiennent depuis tant d’années, parfois avec votre présence physique ou avec l’achat des produits de qualité que nous fabriquons.
Nous appelons les syndicats et les groupes, nous appelons les organisations et les collectifs, nous appelons les ménagères qui ont essayé nos produits et nous ne les modifions pas, nous appelons les étudiants à nous soutenir le 24/06 devant les tribunaux de Thessalonique et à crier haut et fort que BIO.ME n’est pas à vendre.
24 JUIN – BLOQUONS LA VENTE AUX ENCHÈRES VIOME RESTERA dans les mains des travailleurs « .
Communiqué de presse du Dispensaire Social Métropolitain d’Elliniko (MKIE) du 6 mars 2021
Publié le 13 mars 2021 par Solidarité Grèce 67
Dangereuses incohérences dans la gestion de la pandémie
Après un an de pandémie, nous en sommes au même point et peut-être même dans une situation pire. Les gouvernants continuent de n’entreprendre aucune action significative, de se dérober à leurs responsabilités et de mettre en cause les citoyens, leur faisant endosser la responsabilité.
Les mesures qu’ils prennent sont les suivantes :
1. L’affaiblissement continu du système de santé primaire, qui a été mis en évidence dès le début, tant par le MKIE que par beaucoup d’autres, alors qu’il faudrait le renforcer afin de traiter la maladie à la maison, dès son apparition, et non submerger les hôpitaux.
2. L’application incohérente du confinement sans prendre de mesures substantielles pour limiter la propagation de la maladie dans les zones à forte transmission comme les lieux de travail et le transport public pendant les heures de pointe.
3. L’intimidation constante et l’incrimination des citoyens par les médias, qui exercent une pression psychologique et paralysent la société en la rendant vulnérable, tout en gardant le silence sur les insuffisances du mécanisme étatique dans la lutte contre la pandémie.
4. Mettre la solution du problème uniquement dans les vaccins, sans aucune réelle préoccupation pour le traitement des patients qui sont déjà malades et sont laissés à l’effort héroïque et aux maigres moyens des travailleurs de la santé impuissants et affaiblis dans les hôpitaux.
5. L’augmentation du nombre d’unités réservées au virus, au détriment d’autres maladies, avec des résultats tragiques pour les patients atteints d’autres maladies graves.
Au cours des derniers jours, de plus en plus de patients ont téléphoné au MKIE (dispensaire autogéré) pour demander à un médecin de les examiner. Nous nous dirigeons vers une explosion sanitaire qui entraînera une augmentation de la morbidité et de la mortalité dans la population en général.
Une fois de plus, nous soulignons l’énorme responsabilité du gouvernement, pour ce qui se passe, et nous l’appelons, même maintenant, à assumer ses responsabilités légitimes et à faire ce que dicte la réalité tragique.
Les citoyens ont fait preuve d’une grande responsabilité. Ils feront encore davantage lorsqu’ils verront le gouvernement assumer ses propres responsabilités.
– l’actualité brûlante en Grèce, dont les médias occidentaux ne disent presque rien ;
– vos questions sur cette actualité qui appellent des réponses et des précisions ;
– un bilan provisoire de l’appel à soutien du 30 décembre 2020 pour les actions solidaires autogérées qui, étant beaucoup plus faible qu’à l’habitude, nous conduit à vous alerter (réunion d’urgence hier).
L’EXTRÊME-DROITE EST LOIN D’AVOIR DISPARU EN GRÈCE
Depuis plusieurs jours, vous êtes nombreux à nous interroger sur la situation actuelle de l’extrême-droite en Grèce. Vous avez entendu parler d’un remaniement gouvernemental qui fait scandale, quelques semaines seulement après l’emprisonnement des principaux dirigeants du parti Aube Dorée. Et vous n’entendez plus parler de crimes et d’agressions. Tout porte à croire que la situation est devenue calme. Alors que se passe-t-il vraiment ? L’extrême-droite a-t-elle disparu en Grèce ou a-t-elle seulement changé de forme ?
En réalité, nous assistons à une mutation de l’extrême-droite grecque sur le modèle de beaucoup d’autres pays européens. Non seulement un nouveau parti nationaliste un peu moins radical (« La Solution Grecque ») a piqué une grosse partie de l’électorat d’Aube Dorée, mais surtout le premier ministre de droite, Kyriakos Mitsotakis, ne cesse de renforcer la présence de l’extrême-droite dans ses gouvernements successifs. Ce qui conduit à une politique toujours plus violente à l’égard du mouvement social, des précaires et des migrants.
(photo voir sur le site)
À quoi cela ressemble-t-il concrètement, dans notre quotidien en Grèce ? À un État toujours plus brutal, autoritaire et raciste. Voici quelques exemples depuis 18 mois :
— la répression est féroce contre les anarchistes et autres révolutionnaires, premières cibles du nouveau gouvernement comme il l’avait annoncé dès juillet 2019 lors de son arrivée au pouvoir ;
— le quartier libertaire d’Exarcheia est pris en étau et beaucoup des squats en Grèce ont été violemment évacués au fil des mois ;
— l’asile universitaire et d’autres mesures symboliques fortes prises à l’issue de la chute de la dictature des Colonels en 1974 ont été supprimés ;
— les initiatives solidaires autogérées sont harcelées dès lors qu’elles refusent de collaborer avec le pouvoir et les institutions ;
— la situation dans les prisons est catastrophique, au point que le Comité pour la prévention de la torture et traitements inhumains (CPT) du Conseil de l’Europe a publié un rapport alarmant le 9 avril 2020 dans lequel il demande au gouvernement grec de faire cesser les « mauvais traitements persistants des détenus » qui sont « une pratique courante dans toute la Grèce ».
— L’Union Européenne est cependant complice quand il s’agit des camps de réfugiés qu’elle cofinance en Grèce et qui s’avèrent pires que les précédents, en particulier au niveau censure et isolement, comme c’est le cas à Kara Tepe (Lesbos) où les membres des ONG sont désormais dans l’interdiction de révéler ce qu’ils voient, depuis le décret du 30 novembre 2020.
— Le Comité international de secours (IRC) a annoncé le 17 décembre une hausse importante des cas d’automutilation (+66%) et des problèmes de santé mentale (+71%) dans les camps en Grèce, une situation dramatique qui toucherait « les trois-quart » des exilés rencontrés à Lesbos, Samos et Chios.
— Refusant de remédier à ces souffrances, le premier ministre grec a choisi, au contraire, de venir apporter son soutien aux gardiens des camps de migrants et aux gardes-côtes en mer Égée pourtant réputés pour leur irrespect des règles de base dans l’aide aux personnes en détresse (qui vont par exemple jusqu’à provoquer la noyade de migrants désespérés en les refoulant avec des armes à feu et des bâtons ou en endommageant leurs embarcations).
— Contrairement à ce que prétend une rumeur fausse, les agressions de réfugiés n’ont pas cessé en Grèce, il y en a souvent malheureusement. Par exemple ce samedi 26 décembre 2020, une dizaines de fascistes armés de couteaux, de bâtons et de barres de fer ont attaqué un centre d’hébergement pour mineurs isolés (de 12 à 15 ans), près de Thessalonique. Ils ont brisé la porte d’entrée, pénétré l’enceinte et frappés les enfants en criant des slogans racistes. Parmi les 4 jeunes réfugiés blessés, l’un d’entre eux a été transporté à l’hôpital avec de graves problèmes respiratoires dus à des coups dans la poitrine. Une information relayée par une partie seulement de la presse grecque et aucun média occidental excepté infomigrants :
— Autour des camps de la mer Égée, les agressions racistes sont également monnaie courante. Le 12 décembre 2020, un policier et trois garde-frontières ont été inculpés pour avoir battu des migrants quelques jours plus tôt, près du camp de Kara Tepe à Lesbos. Une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux a montré les quatre fascistes en uniformes en train de battre deux demandeurs d’asile revenant d’un supermarché, puis de continuer à les frapper longuement après leur avoir passé les menottes. Ils ont été suspendus de leurs fonctions mais laissés en liberté jusqu’à leur procès où ils seront jugés pour « sévices » et « torture ». (photo voir sur le site)
Comme on l’a compris, ce n’est pas parce que les principaux dirigeants d’un parti fasciste ont fini par être mis en prison (au bout de dix ans d’agressions et de crimes plus odieux les uns que les autres, donc extrêmement tard) que le fascisme a pour autant disparu en Grèce. Non seulement, les agressions se poursuivent, mais surtout l’État grec vient de renforcer la présence de l’extrême-droite au sommet de l’exécutif.
Pour le dire autrement : qu’Aube Dorée disparaisse enfin est une bonne chose évidemment. Mais pour les antifascistes en Grèce, combattre un groupuscule fasciste durant toutes ces années et combattre un gouvernement d’extrême-droite n’est pas la même chose. La normalisation de l’extrême-droite, toujours plus présente au sein des nouveaux gouvernements successifs est un problème d’une autre envergure car, de cette façon, elle prend directement le contrôle de la Loi, du pouvoir et des outils de la répression, encore plus que par le passé. (photo voir sur le site)
LA GRÈCE PASSE AU BLEU MARINE
Un nouveau remaniement a eu lieu la semaine dernière qui confirme ce cap particulièrement inquiétant. Le nouveau ministre de l’intérieur, premier flic du pays, est désormais l’une des figures historiques du fascisme en Grèce, après avoir longuement milité pour la libération du Colonel Papadopoulos et le rétablissement de la dictature. Il s’appelle Makis Voridis.
Pour commencer, regardez cette photo de son intervention à une réunion publique du parti EPEN (organisation politique siamoise du Front national, avec un référence explicite à l’inspirateur Jean-Marie Le Pen) dans les années 80 à l’hôtel Caravel. Makis Voridis fait son discours devant le portrait de son mentor, le dictateur Papadopoulos, et déclare déjà ouvertement : « Abattons les choses et les personnes qui tentent de nous arrêter ! » (photo voir sur le site)
Regardez-le en compagnie des chefs du parti pour le retour de la dictature. Une dictature qui, faut-il le rappeler, a emprisonné, torturé et assassiné de nombreux opposants. (photo voir sur le site)
Aux élections de 1984 et 1988, les discours de Voridis appelaient au rétablissement de la dictature. Son slogan était : « La libération du pays viendra de la prison de Korydallos » (où était enfermé le Colonel Papadopoulos). (photo voir sur le site)
Quand il était étudiant, Voridis était surnommé « La hache » car il dirigeait un groupe fasciste qui poursuivait les étudiants gauchistes avec des battes de base-ball et sa fameuse hache, comme le montre cette photo prise en 1985 dans l’université de droit d’Athènes (à droite, l’une de ses victimes). Il a d’ailleurs été exclu de la fac cette année-là pour ses violentes attaques. (photo voir sur le site)
En 1986, le sinistre comité de soutien de Papadopoulos a reçu la visite de Jean-Marie Le Pen venu appeler à la libération de l’ancien dictateur et au retour de la junte. (photo voir sur le site)
Dans les années 1990, Makis Voridis participe à la structure pan-européenne mise en place par Bruno Gollnisch au nom du Front national. Ici, il célèbre le 30ème anniversaire du putsch des Colonels, sur un plateau de télévision le 21 avril 1997, avec son ami de l’époque : le néo-nazi Michaloliakos, futur chef d’Aube Dorée.
23 ans plus tard, suite à des choix stratégiques différents, l’un est au pouvoir et l’autre en prison. (photo voir sur le site)
Devenu très proche de Jean-Marie Le Pen, Makis Voridis vient célébrer le 36ème anniversaire du putsch des Colonels le 21 avril 2003 au congrès du Front National qui se déroule à Nice. (photo voir sur le site)
En 2005, Voridis adhère à un nouveau parti nationaliste grec : le LAOS. Il continue de voyager au sein de l’extrême-droite européenne. Par exemple, il intervient le 8 novembre 2009 au congrès de fondation du Parti de la France, à l’invitation de son ami Carl Lang. (photo voir sur le site)
C’est en 2012, après 30 ans de service au sein de l’extrême-droite grecque et européenne, qu’il rejoint opportunément l’aile droite du parti Nouvelle Démocratie en lorgnant une part de gâteau du pouvoir.
Après avoir été nommé ministre de l’Agriculture du premier gouvernement Mitsotakis, c’est cet homme qui, la semaine dernière, a pris le contrôle du ministère de l’intérieur et qui va donner ses ordres à la police. (photo voir sur le site)
Autre choix particulièrement ironique de Mitsotakis : une députée notoirement antimigrants est promue au poste de ministre adjointe à l’Intégration des réfugiés. Sofia Voultepsi a notamment déclaré que les migrants sont des « envahisseurs non armés ». Une autre fois, elle a osé dire : « il y a des humains qui vivent dans le voisinage des Roms ». (photo voir sur le site)
Mitsotakis n’a pas fait pire en se déclarant satisfait des conditions de vie des migrants dans le camp de Kara Tepe ce 31 décembre 2020 : (photo voir sur le site)
Traduction de l’article de Inotos : « Lesbos : Kyriakos Mitsotakis est heureux de la structure des réfugiés à Kara Tepe. Le Premier ministre a semblé presque excité par ce qu’il a vu à Kara Tepe lors de sa visite à Lesbos, refusant de se rappeler les images récentes du camp de réfugiés inondé et leurs appels désespérés pour des conditions de vie humaines. » (photo voir sur le site)
Pendant ce temps, une autre figure historique de l’extrême droite en Grèce garde sa place au gouvernement : Adonis Georgiadis est un autre transfuge du parti d’extrême droite LAOS. Lui aussi en a fait des vertes et des pas mûres. En 2006 par exemple, il a co-édité en Grèce un pamphlet antisémite intitulé « Juifs, l’entière vérité » qui faisait l’apologie d’Adolf Hitler et appelait à l’extermination des Juifs.
Adonis Giorgadis a également propagé des opinions violentes à l’égard des musulmans et d’autres non orthodoxes. Parmi ses sorties célèbres, il a notamment déclaré que la gauche a « remis la Grèce entre les mains des musulmans et autres déchets comme ça ». (photo voir sur le site)
Devenu proche de Mitsotakis, Giorgadis reste ministre de la Croissance et de l’Investissement. Les 120 000 oliviers déjà coupés à Kastelli en Crète, c’est lui. Comme quoi, l’extrême-droite n’est pas plus écolo que la droite.(photo voir sur le site)
UNE DÉRIVE AUTORITAIRE DANS L’AIR DU TEMPS
Comme on l’a vu ces derniers mois, en Grèce comme en France, tous les prétextes sont bons pour dominer, exploiter, culpabiliser et piétiner un peu plus la foule désorientée. Une foule inconsciente de sa capacité à renverser le cours des choses pour prendre sa vie en mains, perdue dans le repli sur soi, le crétinisme et la recherche de boucs-émissaires encore plus pauvres.
Le capitalisme ne nous protège pas du fascisme, et pour cause : le fascisme est la forme ultime du capitalisme. Il est déjà présent en germe dans tous les replis de notre société basée sur la domination et l’exploitation, en dépit de ses déclarations d’intention et de ses belles devises. Le fascisme est partout dès lors que l’autorité se manifeste, menace et brutalise : dans le couple, dans l’éducation, dans notre rapport à la vie et à la Terre sous toutes les formes, dans la guerre économique ou militaire, dans la misère invisibilisée comme dans le luxe pétaradant, dans la hiérarchie de la production et dans celle de l’administration… partout ! Ce n’est qu’une question de degré, d’opportunité, de circonstance. Une différence qui va jusqu’à montrer du doigt avant de tuer, au lieu de le faire silencieusement dans l’hypocrisie et les faux habits de la démocratie. (photo voir sur le site)
Combattre le fascisme sans remettre en question la société autoritaire qui légitime les rapports de domination et le capitalisme qui organise l’exploitation, c’est jeter des pierres dans l’eau : on peut se satisfaire d’un peu de bruit et de quelques vaguelettes un bref instant, mais le fond reste le même. Car le fond du problème, en réalité, c’est tout le système qui l’engendre. La Justice bourgeoise ne suffira pas à nous débarrasser du fascisme, ni en Grèce ni en France. La preuve : il est toujours là, et plus puissant encore, comme un hydre aux multiples têtes qui repoussent sans cesse.
Il n’est pas étonnant qu’en cette période de crise, des libéraux et des membres de l’extrême-droite se rapprochent et s’unissent : le fascisme gagne toujours de l’avancement en temps de crise. Quand le pouvoir se raidit, se durcit, se cramponne à ses privilèges. Car le fascisme est le joker du capitalisme. Il est son vrai visage, dans le trouble et l’agitation, quand le masque démocratique tombe. (photo voir sur le site)
LE VIRUS DE LA MISÈRE
La Grèce commence à vivre une nouvelle crise sociale et humanitaire peut-être encore plus grave que la précédente. Malgré les signes avant-coureurs qui nous entourent et la dette abyssale qui va bientôt atteindre les 200% du PIB (selon l’agence de notation Moody’s), l’État grec s’empresse d’acheter d’innombrables armes parmi lesquelles 18 Rafales au français Dassault pour 2,5 milliards d’euros (dont 1,5 milliards à régler l’an prochain). Kyriakos Mitsotakis a décidé de doubler son budget militaire dès l’année prochaine, alors qu’il est déjà l’un des plus élevés en Europe toutes proportions gardées. Parmi ses emplettes, il a également prévu de nouvelles frégates, des hélicoptères et des drones en veux-tu en voilà. Il va aussi embaucher 15.000 bidasses de plus.
À cause d’Erdogan ? En apparence oui, mais en réalité, vu le recrutement massif également chez les flics, les nouveaux gadgets qui leur sont destinés, ainsi que pour renforcer la surveillance des opposants politiques, on peut supposer que ces armes peuvent servir à tout. L’Histoire l’a montré en maintes occasions. Ce ne sont pas seulement les tensions géopolitiques qui génèrent cette attitude du pouvoir, vu qu’elles durent depuis très longtemps avec les dirigeants turcs successifs, mais aussi les risques de troubles intérieurs en Grèce dans une période de plus en plus sombre. À force de réprimer les activistes, on peut craindre de les radicaliser. À force de laisser la base sociale s’enfoncer dans la misère, on peut craindre qu’elle se rebiffe. Même si on semble aujourd’hui très loin d’un nouveau soulèvement en Grèce, on sait par expérience que ces choses là peuvent arriver très vite. Il suffit parfois d’une étincelle, d’une goutte d’eau ou de sang. (photo voir sur le site)
Une autre rumeur fausse concerne la pseudo bonne santé de l’économie grecque, au prétexte que l’État est en train de rembourser sa dette au FMI de façon anticipée (en l’occurrence 3,6 milliards de prêts qui devaient expirer en 2021 et 2022). Il lui restera encore à payer 1,2 milliards à l’instance internationale par la suite. Mais, en réalité, l’État grec n’a évidemment pas l’argent pour rembourser ce prêt : il ne fait qu’emprunter simultanément sur les marchés financiers auprès de créanciers moins exigeants que le FMI (qui a tendance à dicter la politique des pays où il intervient). C’est tout ! Idem pour les baisses d’impôts qui sont surtout des cadeaux aux patrons et aux actionnaires. L’essentiel des 1,2 milliards offerts se résume aux baisses des impôts sur les bénéfices des entreprises (de 28 à 24%) et de la taxation des dividendes (de 10 à 5%). Autrement dit, c’est une probable hausse de la TVA (l’impôt qui frappe tout le monde, surtout les pauvres puisqu’ils consomment une proportion plus forte de leur faible revenu) qui devra compenser ce nouveau cadeau aux riches. Mitsotakis, c’est Robin des Bois à l’envers. Pas étonnant qu’il soit copain avec Macron. (photo voir sur le site)
Parmi les autres chaises musicales entre les ministères, le très libéral Kostis Hadjidakis laisse le ministère de l’Environnement et de l’Énergie, au sein duquel il a déverrouillé l’exploitation des territoires sauvages et protégés, pour celui du Travail, avec pour mission d’utiliser le prétexte de la crise actuelle pour en finir avec les ruines du droit du Travail en Grèce. En août 2019, un nouveau projet de loi a déjà été adopté qui supprime la condition obligatoire pour justifier le licenciement d’un employé. Idem concernant la rémunération des heures supplémentaires qui n’est plus impérative. Tout ça à cause du virus, bien sûr ! Ben voyons ! (photo voir sur le site)
Même chose pour les étudiants les plus pauvres qui vont voir disparaître 20.000 places dans les universités en 2021, au bénéfice des écoles privées. Les études sont donc réservées à ceux qui ont de l’argent grâce à leur famille. Les autres iront tout simplement au turbin, en bas de l’échelle sociale, comme leurs parents. La lutte des classes, il semble que ça existe encore, contrairement à ce que nous affirment les éditocrates ridicules. Et que dire du budget accordé à la santé qui va baissé de 17% en 2021, en pleine saturation des capacités hospitalières ?
Depuis deux mois, 5000 Grecs sont morts du covid19. Mais combien sont morts de la misère qui frappe de plus en plus fort ? Et combien vont mourir dans les prochains mois, directement ou indirectement, du fait des événements qui se produisent actuellement ? La crise sanitaire est l’arbre qui cache la forêt de la crise sociale qui va suivre et commence déjà. Et tout ça, non pas à cause du virus lui-même et de ses conséquences immédiates, mais du fait des choix politiques qui sont faits au même moment. Le pouvoir aime à profiter de toutes les opportunités, même avec les meilleures prétextes, pour accroître sa domination, nous domestiquer, nous soumettre, nous exploiter, nous presser comme des citrons. (photo voir sur le site)
Ensuite, il nous jette des miettes pour tenter de faire oublier tout ce qu’il nous prend. En Grèce, un tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté (3,5 millions d’habitants) et la moitié des sans-abris d’Athènes survivent avec moins de 20 euros par mois. Mais la mairie d’Athènes (dirigée par le neveu du premier ministre) se complait à rendre public que, durant l’année 2019, elle a fait 2606 lavages de vêtements (8 par jour), distribué 5200 médicaments (11 par jour) et transmis 2900 bons d’achats de 50 euros en partenariat avec des supermarchés et le Lions Club de Kifissia. Des chiffres en réalité ridicules pour une immense commune avec un budget important face à une telle misère. Une aide grotesque de la part de dirigeants qui font partie des responsables de ladite misère.
Voilà pourquoi nous refusons de collaborer avec le pouvoir et ses institutions. En Grèce, le mouvement social a majoritairement choisi l’autogestion et l’indépendance la plus totale dans ses actions de solidarité. La plupart des lieux autogérés refusent de signer une quelconque convention et conçoivent l’entraide comme un élément de la lutte. C’est notamment le cas de tous ceux que nous vous avons présentés dans nos films depuis 8 ans (en particulier ceux dont nous sommes membres).
BILAN PROVISOIRE DE L’APPEL À SOUTIEN DU 30/12/2020 : UN ÉCHEC PRÉVISIBLE
L’appel à soutien lancé il y a dix jours pour les actions solidaires autogérées (du fait de nos difficultés cet hiver) a reçu un écho beaucoup plus faible qu’à l’habitude. Nous avons totalisé moins de 2000 euros (entre le 30/12 et le 10/01), sans doute à cause du contexte économique inquiétant. Nous le redoutions un peu. Lors d’une réunion d’urgence qui s’est tenue hier, nous avons décidé de vous alerter. Il est bon que celles et ceux qui peuvent contribuer sachent que d’autres ne le peuvent plus en ce moment et que la plupart de nos projets en cours sont gelés (à commencer par les achats de nourriture et de produits de première nécessité pour une vingtaine de lieux et collectifs). Aujourd’hui, nous vous informons simplement de la situation et vous laissons voir ce que vous pouvez peut-être faire. Si vous êtes en difficulté, surtout ne contribuez pas : ne vous mettez pas en danger, partagez juste l’appel, c’est déjà un soutien appréciable. Comme nous le disions dans le message précédent, il n’est pas certain que nous pourrons lancer une collecte cet hiver suivi d’un convoi solidaire, vu le contexte compliqué.
Nous devons également attendre encore plusieurs mois avant de sortir le nouveau film (qui sera comme toujours en soutien des collectifs et lieux présentés) : Après Ne vivons plus comme des esclaves (2013), Je lutte donc je suis (2015) et L’Amour et la Révolution (2018), Nous n’avons pas peur des ruines sortira probablement en septembre 2021, avec la participation d’un grand nombre de collectifs du mouvement social et beaucoup de belles surprises (musiques, lieux, etc.).
Voilà pourquoi, sans convoi et sans film actuellement, sans même la possibilité d’organiser des concerts de soutien, il ne nous reste plus que cet appel crucial pour parvenir à réaliser les actions les plus nécessaires et urgentes.
Rappel des trois façons de participer (de préférence par virement ou Paypal, car ça va plus vite que par chèque) :
Liste des lieux et collectifs aidés matériellement et/ou financièrement durant l’année écoulée (principalement de février à septembre 2020), malgré un contexte particulièrement difficile :
– Centre social autogéré Alimoura à Ioannina (nous avons financé la réparation du local qui avait été saccagé par une attaque fasciste) ;
– Usine autogérée Bio.Me à Thessalonique (soutien et achat de savons et produits fabriqués par les ouvriers, alors que l’électricité venait de leur être coupée) ;
– Mikropolis à Thessalonique (soutien au plus grand espace social libre de Grèce qui est actuellement en train de déménager) ;
– Initiative antifasciste d’aide aux réfugiés près d’Évros (au moment où ces derniers étaient pris au piège entre les deux états grecs et turcs, et où des identitaires européens étaient venus pour tenter de pratiquer la chasse à l’homme, ainsi qu’à Lesbos) ;
– Réseau Solidaire de Crète (et soutien à la création de nouveaux lieux dans l’île, dont nous vous reparlerons)
– Initiative de Kastelli en Crète contre le nouvel aéroport (nous avons participé au financement de la procédure de Justice contre l’aéroport qui est en train de basculer à l’échelle européenne, alors que 120.000 des 200.000 oliviers ont déjà été coupés et que l’opinion est de plus en plus opposée au projet, nous avons également participé à plusieurs réunions et actions sur place, et soutenu les paysans en lutte contre ce projet)
– Centre Social autogéré Favela au Pirée (soutien financier et achat de tee-shirts pour épauler ce lieu situé dans une zone où les fascistes rôdent souvent et où l’un d’entre nous, a été agressé violemment en juin 2019 par un groupe de néo-nazis qui lui avait tendu un guet-apens avant que les passagers d’une rame de tramway ne parviennent à le sauver) ;
– K*Vox à Athènes (base d’un des groupes les plus actifs en Grèce) ;
– Aide aux frais de Justice de plusieurs compagnons de luttes , notamment pour leur éviter d’aller en prison suite à des actions pourtant exemplaires ;
– squat Notara 26 à Athènes (le plus ancien lieu d’accueil des réfugiés dans le quartier d’Exarcheia) ;
– Plusieurs cuisines sociales (soutien financier et livraison de produits alimentaires) ;
– Structure autogérée de santé d’Exarcheia (soutien financier et livraison de matériel médical) ;
– Réseau École Buissonnière-Pédagogie Freinet (soutien financier et livraison de fournitures en aide aux enfants précaires) ;
– actions solidaires à Lesbos (nombreuses initiatives depuis mars et, surtout, après l’incendie du sinistre camp de Moria et l’errance de nombreuses familles en difficultés).
CONTRE L’AÉROPORT DE KASTELLI (SUITE)
Vous avez été nombreux à réagir aux images montrant les milliers d’oliviers arrachés (120.000 au total pour l’instant) et les inondations de septembre 2020 causées par cette déforestation insensée. Voici encore d’autres images, celles des inondations de novembre 2020 pour les mêmes raisons, toujours autour de Kastelli, ainsi que la visite du principal responsable sur place, début 2020
Tenez bon. Bon courage pour 2021 et à bientôt,
Maud et Yannis Youlountas po/ collectif artistique et solidaire Anepos
ALERTE GRÈCE : 120 000 oliviers déjà coupés pour l’aéroport de Kastelli ! Une nouvelle crise humanitaire frappe les précaires ! Et autres nouvelles… par Yannis Youlountas
Bonjour,
En cette fin d’année, trois semaines après la répression féroce qui s’est abattue sur le mouvement social à Athènes(1), voici un nouveau point sur la situation.
ET COLÈRE CONTRE LE PROJET D’AÉROPORT À KASTELLI (CRÈTE)
Le chantier pharaonique du nouvel aéroport de Crète fait des dégâts considérables actuellement, à 40km d’Héraklion. La barre des 100 000 oliviers coupés a été atteinte le mois dernier. Nous en sommes aujourd’hui à 120 000 arbres arrachés, ce qui génère des montagnes de souches d’une part et des étendues désertes d’autre part, aplanies n’importe comment par les bulldozers.
Les conséquences ne se sont pas faites attendre : la région alentour a été frappée à plusieurs reprises par de violentes inondations, notamment fin septembre et début novembre. L’écoulement des eaux a tellement dysfonctionné que, le 20 septembre, 50 des 80 maisons de Sklaverochori (un village à côté de Kastelli) ont été inondées. L’eau entrait même par les fenêtres ! Des dizaines de voitures étaient emportées par les flots boueux ! Les serres étaient ravagées et des animaux d’élevage noyés !
La colère commence à gronder dans la zone, autrefois amadouée par les promesses en tous genres. Les habitants de Kastelli constatent par exemple que les travaux ne fournissent pas du travail à 1000 personnes comme promis, mais à 6 seulement ! De leur côté, les habitants d’Héraklion découvrent que l’espace libéré par l’ancien aéroport (si le nouveau venait à être fini, ce qui n’est pas encore certain) serait transformé en Riviera de luxe, avec des hôtels, des yachts et des terrains de golf, et non en poumon vert de la ville au service du grand nombre ! Les masques tombent. Tout confirme que construire ce nouvel aéroport est une absurdité. Pour dix fois moins cher, il eut été aisé d’ajouter une piste supplémentaire au précédent, avec quelques rochers sur la mer (comme à Nice, par exemple). Nous en avions parlé dans L’Amour et la Révolution, il y a deux ans. Film visible gratuitement ici :
(au sujet du projet d’aéroport à Kastelli, c’est à partir de 43:50)
Au niveau du montage financier, les firmes françaises ne sont pas en reste. Alors qu’une filiale de Vinci participe aux travaux, le groupe Aéroport de Paris (qui a racheté la société indienne GMR Airports) vient de rejoindre le projet à hauteur de 17,5%.
Les opposants à l’aéroport de Kastelli parient sur une victoire sur le terrain juridique, au moyen de plusieurs recours. Mais la Justice grecque fait traîner au prétexte de la pandémie qui ralentit la procédure, ce qui retarde d’autant l’action juridique suivante, cette fois à l’échelle européenne, avec plus de chance de victoire pour les opposants. Cette stratégie du pourrissement et de la terre brûlée rappelle celle de l’État français dans le Tarn en 2014, quand la zone humide du Testet était inexorablement détruite sans attendre l’issue des recours juridiques. Aujourd’hui, il n’y a toujours pas de barrage à cet endroit, mais le mal est fait. À Kastelli, il n’y aura peut-être jamais d’aéroport, mais la zone est d’ores-et-déjà saccagée.
Malheureusement, les maigres tentatives de lancer une ZAD sur la zone des travaux n’ont pas réussi. Toutes les constructions, symboles, cabanes, clôtures, pierres diversement assemblées ont été détruites. À l’instar des pouvoirs toujours plus autoritaires en Europe, le gouvernement grec ne veut pas permettre le moindre début d’implantation sur son chantier. Après plusieurs destructions partielles, la cabane que nous avions construite avec le convoi de mai 2018, puis reconstruite avec celui de février 2019 a été complètement rasée il y a quelques semaines. Vidéo de la construction ici, à 1:08:39 :https://youtu.be/wNSfoTYY3hA?t=4119
UNE NOUVELLE CRISE HUMANITAIRE FRAPPE LES PRÉCAIRES SUITE AUX RESTRICTIONS ANTICOVID ET AUX POLITIQUES ANTISOCIALES
Dix ans après le début de la « crise grecque », une nouvelle crise commence à s’abattre sur la base sociale dans le pays. Nous faisons face à un afflux énorme de personnes en grandes précarité dans toutes les lieux solidaires autogérés ! Des familles entières sont à la rue, des personnes âgées, des jeunes ou encore des personnes handicapées montrent des signes inquiétants de faim et d’épuisement. Les témoignages se multiplient, les langues se délient. Alors que nous entrons dans l’hiver, la catastrophe pressentie se confirme : la Grèce entre dans une nouvelle crise qui sera peut-être encore plus violente que la précédente.
Parmi les causes principales, les restrictions anticovid sont très souvent citées. Beaucoup de gens ont été ruinés cette année, se retrouvant avec des ressources insuffisantes, et sombrent maintenant dans la précarité. Le niveau d’endettement étant déjà élevé depuis une dizaine d’années en Grèce, la chute des revenus a fait le reste. En quelques semaines, toute une partie de la population a été frappée de plein fouet, malgré les maigres compensations financières d’un État trop occupé à acheter des rafales à Dassault et à renforcer l’équipement de sa police anti-émeutes.
Ces jours-ci, cette photo a circulé montrant un policier donnant un coup de pied à un sans-abri endormi pour le réveiller avant l’ouverture des magasins de la rue Ermou, l’une des plus chères et luxueuses du centre d’Athènes.
La politique antisociale du nouveau gouvernement est également en cause. Depuis le retour de la droite au pouvoir, les plus pauvres sont encore plus en difficultés, laissés pour compte et traqués sur les trottoirs des rues passantes. Il en est de même pour les migrants. Le gouvernement Mitsotakis frappe simultanément toutes les formes de solidarité : évacuation massive des squats de réfugiés (même si le Notara 26 résiste encore à Exarcheia), harcèlement incessant des actions solidaires autogérées (dont les nôtres), pression sur les ONG avec interdiction pour leurs membres de révéler ce qu’ils voient dans les camps de migrants en Grèce (oui, vous avez bien lu, et ce, depuis le décret du 30 novembre 2020).
À Lesbos, rien n’a changé : le sinistre camp de Moria (détruit par un incendie) a simplement été remplacé par celui de Kara Tepe, entassant actuellement plus de 10 000 hommes, femmes et enfants dans le froid, la boue et la censure la plus totale. Il y a quelques jours, nous avons appris qu’une pénurie d’eau avait frappé les personnes enfermées dans ce camp construit sous les auspices de l’Union européenne !
SOLIDARITÉ : APPEL À SOUTIEN URGENT !
Une fois de plus, c’est le mouvement social qui est en première ligne de la solidarité, dans l’autogestion et l’horizontalité. Dans ce contexte extrêmement difficile, nous appelons à soutien de toute urgence. En effet, nous n’avons plus du tout les moyens de poursuivre nos actions sur tous les terrains comme les années précédentes (squats, cuisines sociales, aides aux précaires grecs et migrants, aides aux compagnons de lutte réprimés, convois de fourgons solidaires…).
Le contexte est particulièrement frustrant : sans la pandémie et les longues restrictions de cette année 2020, nous aurions réussi à sortir un nouveau film accompagné d’une nouvelle tournée parmi vous. Mais cela n’a pas été possible. Les membres des collectifs grecs participants au film et plusieurs des collectifs souhaitant nous accueillir en France, Suisse et Belgique, à l’unisson, ont préféré reporter la sortie en 2021 pour nous permettre de faire les choses correctement : permettre au nouveau film d’être un outil d’animation des luttes à l’ouest de l’Europe (comme pour les trois films précédents depuis 7 ans qui ont rencontré de belles affluences : Ne vivons plus comme des esclaves, Je lutte donc je suis et L’amour et la Révolution) et d’être un moyen majeur de solidarité à l’autre bout, en Grèce. Nous n’avons pas peur des ruines sortira dès que possible durant cette année 2021. Nous vous l’annoncerons dès que nous serons prêts, notamment pour construire la tournée et vous faire découvrir les bandes-annonces et extraits.
Sachez néanmoins que ce film est en cours tournage complémentaire. En effet, nous avons repris la caméra au poing pour compléter les événements depuis juillet 2019 (date de l’arrivée de la droite au pouvoir) : nous sommes allés un peu partout en Grèce, à la demande de nos compagnons et camarades, et nous incluons la période actuelle et ses conséquences.
Voilà pourquoi, nous sommes contraints de lancer cet appel, démunis face à l’urgence. Si vous voulez et pouvez soutenir nos initiatives solidaires, c’est ici (procédez plutôt par virement ou paypal que par chèque, c’est plus rapide) :
Liste des lieux et collectifs aidés matériellement et/ou financièrement durant l’année écoulée (principalement de février à septembre 2020), malgré un contexte particulièrement difficile :
– Centre social autogéré Alimoura à Ioannina (nous avons financé la réparation du local qui avait été saccagé par une attaque fasciste) ;
– Usine autogérée Bio.Me à Thessalonique (soutien et achat de savons et produits fabriqués par les ouvriers, alors que l’électricité venait de leur être coupée) ;
– Mikropolis à Thessalonique (soutien au plus grand espace social libre de Grèce qui est actuellement en train de déménager) ;
– Initiative antifasciste d’aide aux réfugiés près d’Évros (au moment où ces derniers étaient pris au piège entre les deux états grecs et turcs, et où des identitaires européens étaient venus pour tenter de pratiquer la chasse à l’homme, ainsi qu’à Lesbos) ;
– Réseau Solidaire de Crète (et soutien à la création de nouveaux lieux dans l’île, dont nous vous reparlerons)
– Initiative de Kastelli en Crète contre le nouvel aéroport (nous avons participé au financement de la procédure de Justice contre l’aéroport qui est en train de basculer à l’échelle européenne, alors que 120.000 des 200.000 oliviers ont déjà été coupés et que l’opinion est de plus en plus opposée au projet, nous avons également participé à plusieurs réunions et actions sur place, et soutenu les paysans en lutte contre ce projet) ;
– Centre Social autogéré Favela au Pirée (soutien financier et achat de tee-shirts pour épauler ce lieu situé dans une zone où les fascistes rôdent souvent et où l’un d’entre nous, a été agressé violemment en juin 2019 par un groupe de néo-nazis qui lui avait tendu un guet-apens avant que les passagers d’une rame de tramway ne parviennent à le sauver) ;
– K*Vox à Athènes (base d’un des groupes les plus actifs en Grèce) ;
– Aide aux frais de Justice de plusieurs compagnons de luttes , notamment pour leur éviter d’aller en prison suite à des actions pourtant exemplaires ;
– squat Notara 26 à Athènes (le plus ancien lieu d’accueil des réfugiés dans le quartier d’Exarcheia) ;
– Plusieurs cuisines sociales, dont L’Autre Humain (soutien financier et livraison de produits alimentaires) ;
– Structure autogérée de santé d’Exarcheia (soutien financier et livraison de matériel médical) ;
– Réseau École Buissonnière-Pédagogie Freinet (soutien financier et livraison de fournitures en aide aux enfants précaires) ;
– actions solidaires à Lesbos (nombreuses initiatives depuis mars et, surtout, après l’incendie du sinistre camp de Moria et l’errance de nombreuses familles en difficultés).
À savoir également qu’une collecte de fournitures et matériels sera peut-être organisée en février 2021 en France, si les conditions de déplacement le permettent. Nous vous en reparlerons si cela s’avère faisable. Auquel cas, une liste des besoins sera rapidement diffusée et une dizaine de fourgons se chargeront du ramassage des denrées et objets nécessaires. Par contre, si ce n’est pas possible, l’appel de ce message va être notre seul et unique moyen d’action cet hiver.
Ça circule en ce moment en Grèce (où nous sommes encore en quarantaine avec des attestations nécessaires pour circuler) :
Humour toujours : en France, l’Église de la Très Sainte Consommation (collectif satirique) va bientôt décerner ses Doigts d’or. Il a été difficile pour le jury de départager les candidats malgré eux pour choisir les pires, tant cette année 2020 a été mémorable en délires de puissance et d’argent ! L’occasion de rire de cette société absurde en attendant sa transformation radicale le plus tôt possible :
Merci de votre soutien, quelle que soit la forme, ne serait-ce qu’en relayant l’info. Pour la partager où bon vous semble, vous pouvez aussi utiliser la publication de cette lettre ici : nouveau lien du blog (vous y trouverez aussi les images en plus grand format)
Courage pour 2021 et au plaisir de vous retrouver !
Solidairement,
Maud et Yannis Youlountas po/ collectif artistique et solidaire ANEPOS avec les membres et soutiens des convois de mars, juillet et septembre 2020
Mise aux enchères du 24/9 : aucun repreneur ne s’est présenté. Nous n’avons pas encore le résultat de l’enchère qui était prévue le 1/10. Il y aura ensuite celles du 8/10 et 5/11 .
Par Anna Wichmann –Konstantinos Polychronopoulos. Credit: Η Ζωή ειναι Όμορφη/ Facebook
Réalisant la nécessité d’un soutien communautaire après que la tempête destructrice Ianos ait inondé Karditsa ce mois-ci, Konstantinos Polychronopoulos et des volontaires se sont rendus dans la ville, située en Thessalie, pour préparer de la nourriture et nourrir les habitants qui sont dans le besoin.
Les images de Karditsa montrent une destruction généralisée, notamment des bâtiments inondés et des routes en ruine. Les habitants se retrouvent avec une ville méconnaissable, des maisons et des entreprises fortement endommagées, voire complètement détruites.
Interrogé sur son travail à Karditsa et dans toute la Grèce, Polychronopoulos a déclaré au Greek Reporter que « chaque jour, l’Autre Humain sert 3 000 portions de nourriture à ceux qui sont dans le besoin à Karditsa ».
« Les migrants et les réfugiés, les Athéniens, les gens de Thessalonique et de toute la Grèce sont ici en train de cuisiner… toutes ces différentes mains sont unies pour montrer leur solidarité aux habitants de Karditsa », a souligné Polychronopoulos.
Après avoir été témoin du bilan de la crise financière en 2009, Polychronopoulos a développé une banque alimentaire appelée « Ο Άλλος Άνθρωπος », ou « L’autre humain », en 2011. Le groupe ne se contente pas de servir de la nourriture aux affamés, mais la prépare devant eux, créant ainsi communauté et confiance.
Polychronopoulos a vu la nécessité évidente d’un tel travail, car de nombreuses personnes luttaient pour se nourrir et nourrir leur famille, mais il a rencontré des difficultés pour apporter de l’aide.
En ce qui concerne ses premiers travaux, M. Polychronopoulos a déclaré qu’il avait commencé par distribuer des sandwiches précuits. Au début, les gens se méfiaient beaucoup de la nourriture, car ils n’avaient pas vu comment elle était préparée, et ils ne la prenaient qu’après l’avoir vu manger lui-même.
Après cela, il a décidé qu’il ferait cuire la nourriture devant ceux qui en avaient besoin, afin qu’ils puissent voir comment elle était préparée et aussi créer une communauté, en parlant et en créant des liens avec d’autres personnes dans le besoin et avec ceux qui préparent la nourriture.
Il rassembla ses ingrédients en demandant aux vendeurs des marchés de plein air d’Athènes s’ils avaient des restes ou des invendus qu’ils pouvaient lui donner. Aujourd’hui, l’Autre Humain accepte les dons des Grecs et des sympathisants du monde entier.
Partout en Grèce, y compris à Athènes et dans les camps de migrants de Lesvos, des personnes affamées ont été nourries gratuitement par Polychronopoulos et d’autres bénévoles de sa « cuisine sociale ».
Le groupe a également loué un espace dans le quartier athénien de Metaxourgeio, où ils stockent leur nourriture, et toute personne dans le besoin peut prendre une douche et prendre un café ou un petit-déjeuner.
Pour son travail d’alimentation des personnes dans le besoin, réfugiés et Grecs, Polychronopoulos a reçu le « Prix du citoyen européen » pour 2015.
Il a toutefois refusé ce prix en signe de protestation contre le traitement des réfugiés par certains États européens et les mesures d’austérité imposées face à la crise économique.
Il a déclaré qu’il attendait de recevoir le prix de « l’Europe de la solidarité et de la culture… et non de l’Europe du cannibalisme ».
[Urgent] info Grèce : Lesbos, Exarcheia, Crète… par Yannis Youlountas ·
Bonjour à tou-tes !
Nous sommes actuellement de retour en Grèce, avec plusieurs fourgons et un chargement important à destination de plusieurs lieux et actions solidaires autogérées à Athènes et sur plusieurs îles.
À Lesbos, des milliers de réfugiés errent actuellement dans des conditions très difficiles, suite à l’incendie qui a ravagé le sinistre camp de Moria où étaient parqués 15.000 adultes et enfants.
Il ne reste plus rien du sinistre camp de Moria à Lesbos
Nous nous permettons de vous contacter d’urgence parce que nous constatons que la situation est beaucoup plus grave que ce que nous avions prévu et parce que nos moyens ne sont pas suffisants.
Sans faire de bruit, en mars et en juillet, nous avons déjà effectué plusieurs voyages pour soutenir 29 lieux et collectifs en Grèce, et nous avons également participé à la création de nouveaux lieux dont certains nous tiennent particulièrement à cœur.
Parmi les lieux et collectifs que nous avons aidé matériellement et/ou financièrement :
– Centre social autogéré Alimoura à Ioannina (nous avons financé la réparation du local qui avait été saccagé par une attaque fasciste) ;
– Usine autogérée Bio.Me à Thessalonique (soutien et achat de savons et produits fabriqués par les ouvriers, alors que l’électricité venait de leur être coupée) ;
– Mikropolis à Thessalonique (soutien au plus grand espace social libre de Grèce, notamment pour l’aide aux réfugiés et les nombreuses autres activités du lieu) ;
– Initiative antifasciste d’aide aux réfugiés près d’Évros (au moment où ces derniers étaient pris au piège entre les deux états grecs et turcs, et où des identitaires européens étaient venus pour tenter de pratiquer la chasse à l’homme, ainsi qu’à Lesbos) ;
– Réseau Solidaire de Crète (et soutien à la création de nouveaux lieux dans l’île, dont nous vous reparlerons dans quelques semaines, avec de belles surprises) ;
– Initiative de Kastelli en Crète contre le nouvel aéroport (nous avons participé au financement de la procédure de Justice contre l’aéroport qui est en train de basculer à l’échelle européenne, alors que 50.000 des 200.000 oliviers ont déjà été coupés et que l’opinion est de plus en plus opposée au projet, nous avons également participé à plusieurs réunions et actions sur place, et soutenu les paysans en lutte contre ce projet) ;
– Centre Social autogéré Favela au Pirée (soutien financier et achat de tee-shirts pour épauler ce lieu situé dans une zone où les fascistes rôdent souvent et où l’un d’entre nous, Yannis en l’occurrence, a été agressé violemment en juin 2019 par un groupe de néo-nazis qui lui avait tendu un guet-apens avant que les passagers d’une rame de tramway ne parviennent à le sauver) ;
– K*Vox à Athènes (célèbre base d’un des groupes les plus actifs en Grèce, que nous soutenons depuis sa création) ;
– Aide aux frais de Justice de plusieurs compagnons de luttes, notamment pour leur éviter d’aller en prison suite à des actions pourtant exemplaires ;
– squat Notara 26 à Athènes (le plus ancien lieu d’accueil des réfugiés dans le quartier d’Exarcheia est aujourd’hui le seul qui ait réussi à résister à la violente vague d’évacuations lancée par le nouveau gouvernement de droite depuis un an) ;
– Cuisine Sociale L’Autre Humain (financement permanent de la moitié du loyer du lieu de stockage et livraison de produits alimentaires à chaque convoi) ;
– Structure autogérée de santé d’Exarcheia (soutien financier et livraison de matériel médical) ;
– Réseau École Buissonnière-Pédagogie Freinet (soutien financier et livraison de fournitures en aide aux enfants précaires) ;
– actions solidaires à Lesbos (nombreuses initiatives depuis mars et, surtout, après l’incendie du sinistre camp de Moria il y a quelques jours et l’errance de nombreuses familles en difficultés).
Une fois de plus, c’est le mouvement social qui est en première ligne de la solidarité, dans l’autogestion et l’horizontalité (cuisine sociale L’Autre Humain, septembre 2020, Lesbos)
Parmi nos autres initiatives, nous avons fait livrer à Athènes plusieurs tonnes de fruits et légumes invendus en Crète (conséquence de la forte baisse du tourisme), notamment des centaines de kilos de tomates et d’oranges qui ont été livrées à la cuisine sociale l’Autre Humain, au squat de réfugiés Notara 26 et au K*Vox pour les militants les plus précaires.
Ces derniers jours, nous avons renforcé le financement de la cuisine sociale à Mytilène, en soutien aux nombreuses victimes de Moria, épaulé par le déplacement de l’Autre Humain à Lesbos (plus de 2500 repas servis par jour dans l’autogestion, l’entraide horizontale et le refus de toute convention avec les autorités responsables de ces politiques infâmes). Nos camarades sur place nous signalent que l’aide est encore très insuffisante pour l’instant et que nous devons essayer de l’amplifier au plus vite.
Certains membres du convoi de septembre 2020 ne cachent pas leurs visages… et leur joie de participer à l’entraide directe et sans frontières !
Ce vendredi 25 septembre, nous serons bien évidemment à nouveau à Exarcheia pour le cinquième anniversaire du squat Notara 26, aux côtés des réfugiés et des solidaires (dont plusieurs d’entre nous font partie à longueur d’année). Il faut savoir que depuis le début de l’offensive du gouvernement Mitsotakis contre les squats à Exarcheia, de nombreux membres des convois passés sont revenus à plusieurs reprises pour participer à la protection du lieu et aux tours de garde nuits et jours, sans discontinuer, depuis juillet 2019. Certains sont même restés plusieurs mois d’affilée sur place.
Le Notara 26 reste le premier et le dernier squat de réfugiés qui résiste encore dans le quartier d’Exarcheia, en lien avec beaucoup d’autres luttes et avec les principaux squats politiques du quartier (K*Vox et Lela Karagianni)
Nous sommes également en train de cofonder plusieurs bibliothèques sociales et ressourceries en Crète. Des espaces gratuits et accessibles à tous, dans des villages et des petites villes, pour participer à transformer l’imaginaire social et mieux faire comprendre ce que nous proposons pour sortir de l’impasse du capitalisme et de la société autoritaire.
Voilà pour ce premier bilan de la situation.
Si vous voulez nous aider dans toutes ces initiatives, c’est le moment. Car plusieurs des actions et lieux évoqués ont besoin d’un renfort urgent de l’aide apportée. Surtout :
Les actions solidaires à Lesbos
La cuisine sociale L’Autre Humain
Le squat de réfugiés Notara 26 à Exarcheia
Les actions et créations de lieux en Crète
Les compagnons de luttes poursuivis (frais de Justice)
Vu le contexte et l’urgence, évitez les chèques : uniquement virement ou paypal.