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Les sites archéologiques grecs vont-ils être privatisés ?

Grèce: il n’y aura pas de privatisation des sites archéologiques Par Charlotte Stiévenard

Les sites archéologiques grecs vont-ils être privatisés ? « Non », répond le ministère de la Culture. Mais les archéologues sont tout de même inquiets. Éclairages de notre correspondante en Grèce.

En juin de cette année, le gouvernement grec a publié une liste de biens qui doivent être transférés à un fonds chargé de leur valorisation, l’ETAD ou société immobilière publique. Selon l’association des archéologues grecs, parmi ses biens, il y aurait des sites archéologiques et des musées, notamment le palais de la Cnossos sur l’île de Crète, les remparts vénitiens d’Héraklion ou encore les murs byzantins de Thessalonique.

Cette information n’est pas publique puisque la liste publiée dans le Journal officiel est une liste de codes et qu’il faut donc savoir à quoi ils correspondent. Selon la présidente de l’association, Stamatia Marketou, il ne s’agirait pas de privatisations, mais elle craint que la gestion de ces sites ne soit plus sous la responsabilité du ministère de la Culture (comme les billetteries, les restaurants sur site ou encore la gestion du personnel). Avec le maire de Patras et le maire de Sparte, son association a décidé de déposer une demande d’annulation de cette loi devant le Conseil d’État.

Le ministère de la Culture explique cependant qu’il s’agit d’un faux débat

Selon une source du ministère, il n’a jamais été question de privatisations, ni d’intégration des sites archéologiques dans la liste des biens gérés par le fonds. Si certains peuvent y apparaître, c’est parce que cette première liste publiée au Journal officiel n’est qu’une base de travail.

Le texte de loi prévoit qu’une vérification doit avoir lieu pour en exclure les « exceptions » prévues par une loi de 2016, soit les sites archéologiques, mais aussi les zones naturelles Natura 2000, les plages ou les zones forestières. C’est-à-dire des biens qui ne peuvent pas être gérés par ce fond de valorisation. Le ministère de la Culture estime que la vérification et la publication de cette liste finale devrait être terminée avant Noël.

Les archéologues s’impatientent et ne s’expliquent pas la présence de ces sites sur la première liste

C’est le manque de précisions qui inquiète visiblement et il aurait sa source dans la façon dont cette liste a été créée, explique Rania Aikaterinari, la présidente du fonds dans une interview publiée sur le site d’information grec Capital.gr. Selon elle, si cette première liste contient certaines erreurs c’est parce que le comité interministériel chargé de sa création s’est basé sur des éléments du cadastre grec. Or le cadastre grec est en construction depuis plusieurs dizaines d’années.

Devant tant de flou, la présidente de l’association des archéologues de Grèce, Stamatia Marketou, demande la publication de la liste finale des biens gérés par ce fonds de valorisation des biens de l’Etat, non plus sous forme de codes, mais avec les noms des propriétés concernées. Et surtout l’exclusion définitive des sites archéologiques de cette liste. Selon elle, les représentants du ministère de la Culture au sein du comité interministériel qui a créé la liste auraient dû vérifier dès le départ que ces sites n’en faisaient pas partie.

Source http://m.rfi.fr/emission/20181120-grece-privatisation-sites-archeologiques-debat-inquietude?fbclid=Iw

Appel contre la répression des mouvements sociaux en Grèce

En plus de l’austérité imposée aux Grecs depuis huit ans, le gouvernement Syriza met en danger les libertés civiles du pays en réprimant personnalités politiques et militants.

Appel contre la répression des mouvements sociaux en Grèce Par Un collectif , de politiques et de personnalités civiles

Tribune.

La crise grecque ne fait plus la une des journaux, mais le peuple grec continue de souffrir de l’austérité implacable qui lui est imposée depuis plus de huit ans. Ceux qui s’opposent aux politiques des memoranda sont confrontés à une répression croissante. Les actions contre les saisies et la vente aux enchères des logements sont particulièrement prises pour cible. A la suite des diktats des créanciers à la Grèce, le gouvernement Syriza a considérablement intensifié, au cours des deux dernières années, la pression sur les propriétaires endettés pour aider les banques privées à recouvrer leurs emprunts. Une législation spéciale a été adoptée en décembre 2017 qui prévoit des peines pouvant aller jusqu’à six mois de prison pour les opposants aux saisies. En outre, le gouvernement a déplacé les procédures de vente aux enchères des salles de tribunal vers une plateforme électronique activée par des notaires de l’intérieur de leur cabinet.

Depuis le début de l’année, des dizaines de militants à travers le pays ont fait l’objet de poursuites et plusieurs procès sont en cours. Parmi les personnes mises en cause, figurent Panayiotis Lafazanis, ancien ministre de l’Energie du premier gouvernement Syriza et désormais secrétaire d’Unité populaire, Elias et Leonidas Papadopoulos, tous deux membres fondateurs du réseau « Je ne paierai pas » ainsi qu’Elias Smilios, conseiller municipal de la région de Thessalonique. C’est la première fois depuis la chute de la dictature qu’un dirigeant d’un parti politique démocratique fait l’objet de poursuites judiciaires pour ses activités militantes. En outre, les poursuites à l’encontre de ces militants ont été engagées par une branche spéciale des services de sécurité, le Département pour la protection de l’État et du régime démocratique, qui n’a fait preuve d’aucune activité à l’encontre d’Aube dorée ou de tout autre parti d’extrême droite. Ces militants risquent des peines de prison pouvant aller jusqu’à huit ans et demi.

C’est un moment critique pour la démocratie et les libertés civiles en Grèce. Nous exigeons l’abandon des poursuites à l’encontre tous les militant·e·s du mouvement contre les saisies et ventes aux enchères des logements. Nous exprimons notre solidarité à tous les Grecs confrontés à la répression pour leurs actions en faveur des droits sociaux.

Signatures collectives :

CUP (Candidature d’unité populaire), Catalogne ; Union Syndicale Co.Bas, Espagne ; Groupe parlementaire de La France insoumise ; Habita Association pour le droit au logement et à la ville, Portugal ; ODG Observatoire sur la dette et la globalisation, Espagne ; Plataforma de Afectados por la Hipoteca (PAH), Espagne ; Procés Constituent, Catalogne ; Sindicat de Llogaters i Llogateres (Syndicat des locataires), Espagne ; Association des Locataires Witten, Allemagne.

Premiers signataires :

Gilbert Achcar, politiste, SOAS, Université de Londres ; Tariq Ali, écrivain, Londres ; Cinzia Arruzza, philosophe, New School, New York ; Alain Badiou, philosophe, professeur émérite à l’ENS, Paris ; Ludivine Bantigny, historienne, Université de Caen ; Diego Borja, ancien ministre de l’économie de l’Équateur ; Noam Chomsky, linguiste, MIT, Etats-Unis ; Jorge Costa, député, Bloc de Gauche Portugal ; Sevim Dagdelen, député au Bundestag, Die Linke ; Fabio De Masi, député au Bundestag, Die Linke ; Irene Escorihuela, Présidente de l’Observatoire DESC, Espagne ; Sònia Farré Fidalgo, députée En Comú Podem, Espagne ; Teresa Forcades, Procés Constituent, Catalogne ; Heike Hänsel, députée au Bundestag, Die Linke ; Eric Hazan, éditeur, Paris ; Stefano Fassina, député Liberi e Uguali, ancien vice-ministre des Finances de l’Italie ; Pierre Khalfa, Fondation Copernic, Paris ; Stathis Kouvélakis, philosophe, King’s College Londres ; Costas Lapavitsas, économiste, SOAS Université de Londres ; Frédéric Lordon, philosophe et économiste, CNRS ; Francisco Louça, économiste, Université de Lisbonne ; Jean-Luc Mélenchon, président du groupe parlementaire de la France Insoumise ; Manolo Monereo, député, Podemos ; Michaël Löwy, sociologue, directeur émérite de recherche CNRS, Eric Toussaint, CADTM, Belgique ; Miguel Urban, député au Parlement Européen, Podemos ; Eleni Varikas, Professeure émérite, Université de Paris 8.

La liste complète des signataires disponible ici.

Source https://www.liberation.fr/debats/2018/11/27/appel-contre-la-repression-des-mouvements-sociaux-en-grece_1694566

Sauvetage en mer Déclaration syndicale

Le sauvetage en mer constitue une obligation internationale. Les navires n’ont jamais été aussi nombreux sur les mers. Seulement, depuis 2014, les pertes de vies humaines sont chaque année très importante en mer : les chiffres du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) sont très parlants : (2018 : 1408, 2017 : 3139, 2016 : 6038, 2015 : 3538). Pourtant, du fait de la spécificité du milieu maritime, la législation veut que tout capitaine de navire ait le devoir de prêter assistance à toute personne se trouvant en situation de détresse en mer, et ce indépendamment de la nationalité de cette personne, de son statut ou des circonstances dans lesquelles elle a été trouvée.

Nous, syndicats et gens de la mer de plusieurs pays d’Europe, soulignons notre attachement à la tradition et aux idéaux séculaires de notre profession : le sauvetage, sans égard à la personne, ni aux circonstances, est une obligation fondamentale. Nous mettons notre honneur à porter secours à quiconque se trouvant en détresse à proximité de nos navires. Le sauvetage, de par sa nature obligatoire, ne fait pas partie de la politique migratoire, et ne doit pas être façonné par elle.

Nous récusons toute criminalisation des équipages et capitaines des navires agissant ainsi. Au contraire, nous insistons sur le fait qu’ils procèdent en vertu des obligations du droit international. Ce sont les gouvernements qui refusent de porter assistance qui violent le droit international :

La Convention des Nations Unies sur le Droit de la mer de 1982

(Convention UNCLOS) qui stipule que « tout État doit exiger du capitaine d’un navire battant son pavillon que, pour autant que cela lui est possible sans faire courir de risques graves au navire, à l’équipage ou aux passagers :

  • il prête assistance à quiconque est trouvé en péril en mer;
  • il se porte aussi vite que possible au secours des personnes en détresse s’il est informé qu’elles ont besoin d’assistance, dans la mesure où l’on peut raisonnablement s’attendre qu’il agisse de la sorte ». (Art. 98(1))

 La Convention Internationale pour la Sauvegarde de la Vie en mer de 1974

(Convention SOLAS) prévoit que le « capitaine d’un navire en mer qui est en mesure de prêter assistance et qui reçoit, de quelque source que ce soit, une information (2) indiquant que des personnes se trouvent en détresse en mer, est tenu de se porter à toute vitesse à leur secours, si possible en les en informant ou en informant le service de recherche et de sauvetage… » (Chapitre V, Règle 33(1)).

 Les amendements aux Conventions SOLAS règle 33 et SAR chapitre 3.1.9 visent à s’assurer de la continuité et de l’intégrité des services SAR, à veiller à ce que les personnes en situation de détresse en mer soient secourues tout en minimisant les dommages de ces interventions pour les navires concernés. Ils exigent donc que les États contractants :

  • Se concertent et coopèrent afin que les capitaines de navires prêtant leur assistance en prenant à leur bord des personnes en situation de détresse soient relevés de leurs obligations commerciales avec une déviation minimale par rapport au parcours initialement prévu ;
  • Organisent un débarquement dans les délais les plus rapides possibles.

En dépit de la clarté de ces obligations, la criminalisation du sauvetage en mer s’intensifie. De multiples procédures judiciaires, notamment pour trafic illicite de migrants, ont été engagées contre les capitaines de navires, le personnel navigant, les pêcheurs ou les ONG réalisant du sauvetage récurrent. Après des années de procès, ils ont tous été blanchis, ce qui montre le caractère abusif et la visée dissuasive de ces procédures.

 Nous demandons instamment à l’Union européenne et aux Etats membres d’introduire dans leur arsenal législatif une exception humanitaire claire qui rende impossible la criminalisation de la solidarité. Cette introduction est exigée pour une bonne application du Protocole de Palerme contre le trafic illicite de migrants (2000), auquel l’Union européenne et ses États membres sont parties. Comme l’a rappelé en 2015 la Conférence des États parties à ce Protocole, « les États devraient s’assurer que les cadres législatifs en place sont suffisamment explicites pour empêcher que des poursuites puissent être engagées contre ceux qui remplissent leur obligation de secours et de sauvegarde de la vie ».

 Nous demandons par ailleurs aux armateurs des navires de mettre à la disposition des capitaines et équipages qui sauvent des vies assistance, soutien juridique et défense, s’ils se trouvent mis en cause par des autorités à terre.

 Les organisations syndicales présentes exigent des États donnant pavillons et des États coordonnant les sauvetages d’appliquer ces conventions dans la plus stricte légalité et de donner tous les moyens de leur effectivité. Elles s’engagent à coopérer entre elles pour imposer leur application.Devant l’explosion du nombre de personnes à secourir en mer, la marine marchande mondiale, au travers de ses marins, ne peut suppléer aux États et à leurs responsabilités. Ceux-ci doivent donc impérativement prendre toutes les mesures nécessaires afin d’assurer leurs responsabilités envers toutes les personnes demandant assistance en mer.

Nous demandons le renforcement et la formation professionnelle spécifique du service public de sauvetage en mer ainsi que la formation obligatoire pour tous aux lois internationales, afin de leur permettre de répondre à leurs obligations, face à la hausse du nombre de personnes à secourir.

Nous demandons aux gouvernements européens de faciliter l’obtention d’un pavillon pour les navires qui s’inscrivent dans une démarche humanitaire pour secourir des migrants en haute mer.

Au-delà, nous considérons être une obligation des États d’organiser des opérations de sauvetage en mer, sur l’exemple de Mare Nostrum, plutôt que de miser uniquement sur des mesures sécuritaires, comme Frontex ou des patrouilles de l’OTAN.

Montreuil, le 15 novembre 2018

 Organisation signataires :

  • La CGT (France), Ver.di (Allemagne), BTB-FGTB (Belgique), FSC-CC.OO. (Espagne), CGIL, UIL, CISL (Italie), CGTP-IN (Portugal), PCS, Nautilus International (Grande-Bretagne), International Federation of Shipmasters’ Associations (IFSMA).

En Grèce la situation des exilés à l’approche de l’hiver

Les migrants affrontent l’hiver dans des conditions misérables après les « coupes » des fonds publics :

Le journal britannique The Guardian vient de sortir un article accablant sur la situation des migrants dans les camps des Iles de la Mer Égée qui affrontent l’hiver dans des conditions misérables, vivant au milieu des ordures, des souris et des rats.

« Le régime d’asile grec est paralysé par les coupes dans le secteur public imposées lors du sauvetage de l’UE dans le pays, a déclaré un émissaire des Nations unies, alors que les militants avaient mis en garde contre une crise hivernale imminente pour les réfugiés et les migrants.

Les députés accusent le système d’asile européen d’être responsable des conditions humanitaires en Grèce, où des milliers de personnes sont bloquées dans des camps sordides mettant en péril leur santé physique et mentale.
Philippe Leclerc, représentant de l’agence des Nations Unies pour les réfugiés à Athènes, a déclaré que la politique de l’Union européenne à l’égard de la Grèce pendant la crise de la dette était « totalement légitime », mais a souligné les conséquences imprévues sur la migration.

«C’est un État qui est affecté par les conséquences de la crise financière et par les mesures de contrôle des dépenses publiques […] vous avez donc une situation d’urgence sur les îles et sur le continent, où l’État n’est pas pleinement équipé pour y faire face.»

Il parlait au Guardian quelques jours après que le HCR ait appelé la Grèce à prendre des «mesures urgentes» pour améliorer les conditions de vie de 11 000 personnes dans des camps sales et insalubres sur les îles de Samos et de Lesbos.

Les hauts responsables européens sont choqués par les camps, en particulier à Samos, où 4 000 personnes vivent dans des conditions misérables au centre de réception de Vathy, six fois plus que leur capacité d’accueil.

Les nouveaux arrivants plantent des tentes fragiles sur les pentes abruptes autour des camps et n’ont pas accès à l’électricité, à l’eau courante ni aux toilettes. Dans les camps, les toilettes et les douches brisées font que les gens vivent à côté des eaux usées non traitées. Les habitants du camp doivent également faire face à des serpents et des rats se nourrissant de déchets non collectés. « C’est censé être le continent le plus riche et le plus civilisé du monde », a déclaré l’eurodéputée libérale néerlandaise Sophie in ‘t Veld. « Cela se passe sous notre nez. »

Les responsables de l’UE estiment que les ministères grecs ne sont pas en mesure de coordonner ou de dépenser des fonds de l’UE pour aider les demandeurs d’asile: l’UE a alloué 1,6 milliard d’euros (environ 1,4 milliard de livres sterling) depuis 2015, mais au moins 554 millions d’euros n’ont pas été dépensés par les autorités grecques.

Bruxelles craint que le ministère de la Défense, dirigé par Panos Kammenos du parti de droite nationaliste Grecs indépendants, ne donne pas la priorité aux besoins humanitaires des réfugiés. Le ministère, l’un des principaux départements gouvernementaux chargés de superviser les camps de réfugiés, a été au centre des allégations de fonds mal dépensés de la part de l’UE, affirmant qu’il a été rejeté comme une « fausse nouvelle ». L’agence de lutte antifraude de l’UE, OLAF, a confirmé qu’elle avait «ouvert une enquête sur de prétendues irrégularités concernant les dispositions relatives à l’alimentation pour les réfugiés financée par l’UE», mais a refusé de commenter davantage.

L’UE s’inquiète de plus en plus de l’augmentation du nombre d’arrivées en Grèce, qui exerce des pressions sur un système en retard. La Grèce abrite 67 100 réfugiés et migrants et a vu une augmentation soudaine du nombre de personnes franchissant la frontière terrestre avec la Turquie. Le nombre de détections de passages illégaux à la frontière terrestre nord a triplé, a déclaré Krzysztof Borowski, de l’Agence européenne de garde-frontières et de gardes-côtes (Frontex). « Cela ajoute à la pression sur la Grèce. »

La plupart des Turcs fuyant la persécution politique font la traversée périlleuse du fleuve Evros qui coule rapidement. En octobre, le nombre d’inscriptions de ressortissants turcs était passé de 6 500 l’année dernière à 18 700, selon Frontex. Les Syriens et les Iraquiens se joignent de plus en plus au flot alors que la rumeur dit que la frontière terrestre est plus facile à franchir.

À l’approche de l’hiver, les ONG mettent en garde contre une crise en devenir. « Il y a environ 400 personnes dans le nord qui vivent encore dans des tentes », a déclaré Ruben Cano, qui dirige la section d’Athènes de la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. « Le système d’accueil en Grèce est submergé en partie parce que le pays doit supporter un fardeau trop lourd. »

L’afflux de réfugiés pèse de plus en plus lourdement sur un service d’asile soumis à de graves contraintes budgétaires.
«Les gens travaillent dans des conditions défavorables. Il y a clairement un problème de capacité du personnel que nous devons résoudre », a déclaré Markos Karavias, directeur du service d’asile grec.

Les profondes coupes dans le secteur public ont contribué à la lenteur notoire des procédures d’asile en Grèce. La Grèce ne dispose pas de suffisamment de juges pour entendre les appels, ni de médecins et de psychologues pour procéder à des évaluations des demandeurs vulnérables.

Une conséquence est que peu de demandeurs d’asile et de migrants sont renvoyés en Turquie, une possibilité créée par un accord controversé entre l’UE et Ankara en 2016.

Bruxelles pense que les passeurs, conscients des lacunes administratives, redoublent d’efforts pour faire venir les gens en Grèce. «En ne retournant pas [des îles en Turquie], vous créez un puissant modèle marketing [pour les passeurs]», a déclaré une source de l’UE.

Les députés disent qu’il est faux de blâmer la Grèce. L’Eurodéputé néerlandais de ‘t Veld a imputé« le dysfonctionnement du conseil »- dirigeants de l’UE et ministres de l’Intérieur – aux insuffisances du système d’asile.

Les États membres de l’UE restent dans l’impasse sur un système permanent de quotas de réfugiés, un différend qui menace de retarder une refonte plus large du système européen d’asile, comprenant sept lois. »

Source The GUARDIAN https://www.theguardian.com/…/immigrants-greece-winter-cris…

Procès des 7 de Briançon

Procès des 7 de Briançon : des peines de prison requises et une mobilisation citoyenne très forte (La cimade)

L’audience du procès des 7 de Briançon poursuivis pour « aide à l’entrée sur le territoire français d’étrangers en situation irrégulière en bande organisée », qui s’est tenue le 8 novembre, a été marquée par la force et l’endurance de la défense et la mobilisation pacifique continue à l’extérieur du tribunal de Gap. Le verdict a été mis en délibéré au 13 décembre 2018.

C’est dans une ambiance tendue que l’audience s’est tenue pendant plus de 17 heures hier au tribunal correctionnel de Gap. Les longs débats, qui ont duré près de 11 heures, n’ont pas permis d’établir le caractère délictueux des faits reprochés, mais a été réaffirmé le caractère fondamental du droit de manifester.

Au terme d’1h30 de réquisitoire et après avoir finalement (et enfin !) abandonné la circonstance aggravante de « bande organisée », le Ministère public n’a même pas pris la peine d’établir la responsabilité individuelle de Bastien, Benoit, Eleonora, Juan, Lisa, Mathieu et Théo concernant les infractions qui leur étaient reprochées, principe pourtant indispensable en droit pénal. Il a néanmoins demandé au tribunal de condamner chacun des prévenu·e·s à respectivement 6 mois d’emprisonnement avec sursis simple pour Bastien, Benoit, Eleonora, Lisa et Théo ; 12 mois dont 8 avec sursis simple pour Juan ; et 12 mois dont 8 avec sursis avec mise à l’épreuve pour Mathieu.

En revanche, les avocat·e·s de la défense (Me Binimelis, Me Brengarth, Me Chaudon, Me Djermoune, Me Faure-Brac et Me Leclerc) ont brillamment démonté, aux termes de 3h10 de plaidoiries, un à un les quelques éléments avancés par le Parquet, et ont démontré qu’il n’y avait pas d’infraction à reprocher à des « marcheurs solidaires ». Le procès a également permis aux avocat·e·s et aux prévenu·e·s de dénoncer, à nouveau, les violations quotidiennes des droits des personnes migrantes commises par les forces de l’ordre à la frontière franco-italienne, les agissements illégaux restés impunis à ce jour du groupuscule Génération Identitaire et les tentatives d’entraves au droit fondamental de manifester à la fois des prévenu·e·s mais aussi des personnes exilées.

En face du tribunal, un rassemblement pacifique de soutien a réuni plus de 2 500 personnes venues de la région de Gap, de Briançon, de Marseille, Toulouse, Grenoble, etc. Collectifs, associations françaises et européennes et militant·e·s étaient rassemblé·e·s pour soutenir les prévenu·e·s et dénoncer les pressions, intimidations et poursuites à l’encontre des militant·e·s, et porter haut et fort leur attachement à la solidarité dans les Alpes et au-delà. C’est dans un esprit pacifique et déterminé que le soutien s’est organisé de 7 heures à 2 heures du matin, malgré une présence policière disproportionnée. La préfecture avait mobilisé plus d’une dizaine de camions de CRS, plus d’une dizaine de camions de gendarmes, de nombreux policiers en civil, et même un canon à eau.

En plus des poursuites intentées par le procureur de Gap contre Bastien, Benoit, Eleonora, Juan, Lisa, Mathieu et Théo, d’autres bénévoles solidaires des personnes migrantes de Briançon sont convoqués devant la justice en janvier 2019, comme Pierre de l’association Tous Migrants.

Christophe Deltombe, président de La Cimade, a dénoncé l’acharnement de certains procureurs contre celles et ceux qui défendent les droits humains en venant en aide aux personnes migrantes. Nos partenaires associatifs, notamment l’Anafé, le Comité de soutien et Tous migrants ont également témoigné de la situation très difficile à la frontière franco-italienne et du besoin de plus de solidarité active avec les personnes migrantes.

Soutenues par près de 50 000 personnes qui ont déjà signé la pétition lancée par les organisations signataires, les organisations ont publiquement appelé le tribunal à se prononcer en faveur de la relaxe des 7 de Briançon, et continuent à demander l’abandon de toutes les poursuites pour délit de solidarité contre les personnes, dans les Alpes et ailleurs, qui agissent dans un esprit de fraternité.

Source et photos  https://www.lacimade.org/proces-des-7-de-briancon-des-peines-de-prison-requises-et-une-mobilisation-citoyenne-tres-forte/

Black Mayday La rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque

Black Mayday

Athènes entre soleil et pluie. Températures très naturellement en baisse, bois qui brûle, nuits grecques de plus en plus chargées et enfumées. Pays alors des asthmatiques qui ne sortent plus de chez eux. En Épire, en Grèce du Nord, ou en Thessalie, c’est autant la période des premières neiges. Nos derniers touristes de l’été même prolongé, quittent alors la Grèce, tandis que… ceux de l’arrière-saison déambulent déjà dans les rues de la capitale, photographiant, tantôt les monuments, tantôt nos chiens et chats, animaux adespotes et fières de l’être.

Touriste, Place de la Constitution. Athènes, novembre 2018

L’été n’est certes plus, mais l’hiver athénien actuel reste emblématique des enjeux actuels d’après la presse. Entre autres, il apparaît le thème de cette discorde entre promoteurs et acquéreurs nouveaux dans l’immobilier, essentiellement dans le vieux centre-ville. Sans oublier les banques détentrices de milliers d’unités d’habitation ; désormais elles.les bradent au profit des fonds rapaces, installés de manière visiblement appuyée en Grèce depuis l’été 2015, moment historique de… la radicalisation hyper-capitaliste de SYRIZA.

Comme ailleurs, les bureaux et les locaux commerciaux plutôt classiques, se transforment en unités du méta-tourisme de type Airbnb. Notons que plus de la moitié du parc Airbnb à Athènes appartient aux dits investisseurs, le plus souvent étrangers, arrivés depuis peu sur le territoire de l’ex-pays, presse grecque en 2018, par exemple le quotidien “Kathimeriní” en mars dernier.

Par les temps qui courent et qui coulent, les médias accordent tous leurs violons pour promouvoir ce “Vendredi noir”, en… bon grec comme en bon français “Black Friday”, celui des commerçants et des enseignes, si possible méta-nationales, histoire de berner sans doute une dernière fois… avant le clash génocidaire planétaire, notre humanité finissante des classes moyennes. Une classe moyenne mondiale largement uniforme, sauf lorsque cette dernière s’habille parfois en gilet jaune. Oui, c’est vrai que la presse grecque, fréquemment aux ordres de Berlin, alors “ignore” pratiquement tout, des récents événements français, tout comme elle minimise bien entendu, la portée de la résistance des Italiens face aux dictats de Berlin et de Bruxelles.

Place de la Constitution. Athènes, novembre 2018
Touristes et animaux adespotes. Athènes, novembre 2018
Promotion immobilière. Athènes, novembre 2018

Comme l’affirme ainsi à très juste titre mon ami Olivier Delorme au sujet des totalitarismes si actuels, “auxquels, par là, il s’apparente, le projet européen est avant tout oligarchique et technocratique: le pouvoir doit être exercé par ceux qui ont des compétences techniques, par ceux qui savent – qui savent notamment mieux que les peuples ce qui est bon pour eux et qui empêcheront ces peuples de faire des bêtises. Mais imposer le dessaisissement des peuples dans le cadre national est impossible autrement que par la force, le coup d’État, la dictature”.

“En réalité, si l’on regarde l’Europe économique aujourd’hui, les pays qui vont le mieux sont tous hors de l’UE ou de l’euro et ne souhaitent pas y entrer. Les seules exceptions sont l’Allemagne – surtout -, les Pays-Bas et l’Autriche pour qui l’euro, sous-évalué par rapport à ce que serait le taux de change de leur monnaie nationale, est un puissant instrument de dumping. Pour tous les autres, l’euro qui, du fait même de sa nature et de ses règles – irréformables – est et restera structurellement surévalué, constitue un pesant boulet qui les ralentit ou qui les tue.” “Putsch Magazine”, 20 novembre 2018. Bas, très bas Empire.

Sur nos radios pas totalement contrôlées peut-être, on peut distinguer ces voix, à l’instar de la radio 90.1 FM du Pirée, voix qui répètent sans cesse que le pays devenu territoire est occupé par l’européisme et par Berlin, et que Berlin et Bruxelles placent leurs hommes un peu partout, surtout et d’abord au sein du gouvernement. Les Grecs le savent, sauf que leur univers, leur teneur disons anthropologique, culturelle, économique et sociale, se trouvent désormais suffisamment désarticulés pour que l’action collective puisse alors reprendre de manière efficace. Contrairement, espérons-le, aux gilets jaunes en France, dont l’existence par exemple économique n’est pas encore tout à fait détruite, alors espoir ?

Ce qui ne veut pas dire que le pays réel grec ne manifeste plus. Cette semaine par exemple, les retraités ont manifesté à Athènes comme ailleurs à travers le pays, presse grecque de la semaine. De même, ceux du personnel de la Santé Publique ont déversé du foin bien gras devant le dit Ministère des Finances. Ce dernier, il est placé comme on sait, entièrement sous le contrôle de Bruxelles et de Berlin. D’ailleurs, c’est “l’Autorité Indépendante des Recettes fiscales” (“Establisment and operation of Independent Authority for Public Revenue” IAPR) qui récolte taxes, impôts et amendes, ainsi que le fruit bien attardé des saisies et qui décide de leur usage, Autorité laquelle “jouit d’une indépendance opérationnelle, d’une autonomie administrative et financière et qu’elle n’est pas soumise au contrôle, ni à la surveillance des organismes gouvernementaux ou d’autres autorités administratives” (grecques).

Retraités en colère. Athènes, novembre 2018 (presse grecque)
Ceux de la Santé Publique. Athènes, novembre 2018 (presse grecque)
Ceux de la Santé Publique. Athènes, novembre 2018 (presse grecque)
Préparation du… Vendredi Noir. Athènes, novembre 2018
Vendredi… très noir. Athènes, novembre 2018

Une agence… fiduciaire, notons-le, ainsi non-grecque, mise en place en 2016, depuis l’acte final de la mise-à-mort de la Grèce par la bande et la gauche des criminels et autres traîtres à la Tsípras et visiblement heureux de l’être, une structure enfin, en réalité illégale… si l’on considère autant que faire se peut la Constitution, théoriquement toujours en cours mais seulement théoriquement. Là encore, comme il vient d’être décrit pour une… condition collective humaine et européenne désormais analogue très actuelle, nous sommes face à un totalitarisme et autant “un gouvernement cynique et impavide, qui est clairement prêt – c’est sa grande différence avec tous ses prédécesseurs – à aller jusqu’aux pires extrémités pinochetistes.”

Le pays réel plus disloqué que jamais, il patauge, également il faut dire dans sa colère. Les grandes villes sont beaucoup plus touchées que les campagnes, cela-dit, ces dernières se vident de plus en plus de leurs habitants. Comme il est noté ailleurs, “le plus dur est de maintenir le potentiel d’un peuple intact, c’est pourquoi on cherche à le remplacer ou à la faire changer de sexe quand on n’incendie pas son sol comme ici ou là.” Bas Empire, beau pays des musées et des sites archéologique, du Péloponnèse à la Macédoine, en passant par la Thessalie et ainsi par Delphes.

Nos touristes apprécient, surtout par temps clément, autres réalités grecques, voire romaines, fresques antiques, stèles tombales et même théâtres que les écoliers visitent derrière leurs guides… parfois même en suivant les animaux adespotes maîtres des lieux et de tout temps, même si, les températures sont très naturellement en baisse, et qu’en Thessalie en altitude, il a même neigé la semaine dernière.

Site archéologique et écoliers en visite. Macédoine grecque, novembre 2018
Traces humaines exposées au musée. Macédoine grecque, novembre 2018
Traces humaines exposées au musée. Macédoine grecque, novembre 2018
Neige à Tríkala et en altitude. Thessalie, novembre 2018 (presse locale)
Maîtres des lieux. Grèce, novembre 2018

Ces derniers jours, le gouvernement cynique et impavide de l’escroc Aléxis Tsípras multiplie les annonces quant aux reformes prétendument “enfin positives, après tant d’années d’austérité”. L’année électorale 2019 se prépare, et le principal vivier en la matière pour les gouvernements grecs sont et demeurent toujours les réseaux clientélistes que constituent d’abord les agents et autres embauchés, même temporaires, de la fonction publique, y compris territoriale et locale. SYRIZA constitue en ce moment son armée électorale prétorienne, composée d’agents pour l’instant non-titulaires, aux traitements certes souvent faibles, sauf que bien fréquemment, ces gens sont placés n’importe où et n’importe comment, occupant de nombreux postes plutôt dans l’inactivité, tandis que d’autres secteurs du Service public manquent cruellement de personnel qualifié.

Les Syrizístes excellent autant dans le népotisme, lorsque par exemple, ministres et députés font alors embaucher une bonne part de leur parentèle, le tout, en affirmant le contraire, car le cynisme les déborde, mais également et fatalement la haine, que ces derniers provoquent partout ailleurs en dehors de leurs réseaux clientélistes. Dans le même cadre politique électoraliste, d’après les dernières données d’ailleurs officielles, les agents non-titulaires de l’État ont vu leurs rétributions progresser de 16,7% en moyenne entre 2014 et 2017, tandis que le salaire moyen des employés du privé a encore diminué de 3%. Ainsi et désormais, le salaire moyen dans la Fonction publique dépasse de 53% le salaire moyen pour l’ensemble de l’économie grecque, tandis que ce même salaire moyen des employés de l’hôtellerie et restauration, il se situe seulement à -62% du salaire moyen national, d’après la presse grecque de la semaine.

Au même moment, l’économie grecque a perdu en dix ans, près d’un million de postes qualifiés, de cadres et de techniciens supérieurs, entre ceux, près de 600.000, qui ont quitté le pays, et les autres qui vivotent, faisant du sur place au beau et fière pays des presque trente millions de touristes an, presse grecque de la semaine. Même les enquêteurs bien Allemands de chez Movinga GmbH, admettent dans une récente enquête à travers cent villes du monde et autant meilleurs lieux pour trouver et exercer un travail, que la ville arrivant en fin de classement pour trouver un travail et ensuite pour l’exercer c’est bien Athènes. Bienvenue dans l’Europe Allemande… de l’Exposition Coloniale façon nouveau siècle.

Ceux dits ‘d’en bas’. Thessalie, novembre 2018
En faillite. Athènes, novembre 2018

Le système paupérise le plus grand nombre, pour fabriquer des assistés dépendants, lesquels vont incarner le rôle des prétoriens dociles à bas coût.

Le tout, dans un climat d’abord inventé et néanmoins désormais réel, de désintégration des liens comme des solidarités, entre les branches et entre les catégories socioprofessionnelles, pour ne pas dire entre même les réseaux d’amis ou à l’intérieur des familles.

Car voilà que cette gauche thatchérienne des Tsiprosaures, partage avec les maîtres-fous du méta-capitalisme, la même haine de la classe moyenne et du pays réel des travailleurs rescapés du génocide économique en cours, “cette gauche kérosène – celle qui navigue d’aéroport en aéroport pour porter dans les universités du monde entier, et dans tous les ‘Festival de Cannes’, la bonne parole ‘écologique’ et ‘associative’ qui ose leur faire la leçon à ceux ‘d’en bas’ sur ce point”, comme il est très justement noté ailleurs.

Monument funéraire, Antiquité tardive. Macédoine grecque, novembre 2018
Modernité tardive. Athènes, novembre 2018
Petit restaurant. Athènes, novembre 2018

Dernière trouvaille des Tsiprosaures, le supposé maintient du montant des retraites versées, voire, sa prétendue augmentation d’environ 20€ par mois, lorsque la suppression pour tous les bénéficiaires de la retraite supplémentaire EKAS pour les très petites retraites, retraite dite auxiliaire en Grèce, vient d’être effective, ce qui représente une diminution des pensions de l’ordre de 200€ mensuels en moyenne, et c’est une mesure mémorandaire signée Tsípras. Les éditorialistes du site du “Plan-B”, évoquent à très juste titre cette dernière “tromperie de Tsípras face aux retraités, une mesure austéritaire exigée de la Troïka du temps déjà du gouvernement de droite de Samarás, sauf que ce dernier à l’époque, il n’avait pas cédé”.

L’article inclut d’ailleurs le texte original de cet “accord” récent datant du 23 mai 2018 sur la suppression de la retraite supplémentaire, accord signé entre la gouvernance de la marionnette Tsípras et la Troïka, en précisant que le texte en question n’avait été publié qu’en anglais: “iv. Eliminate EKAS. Phase out the solidarity grant (EKAS) for all pensioners by end-December 2019, reducing it by EUR 570 million by 2017; EUR 808 million by 2018; and EUR 853 million by 2019. The authorities will adopt as a prior action the Ministerial Decision setting all the details for the awarding of EKAS in 2019”, site Internet du “Plan-B”, 23 novembre 2018. Très Bas Empire et ses Colonies.

Statuettes funéraire. Antiquité Tardive, Macédoine grecque, novembre 2018
Archéologues du siècle dernier. Musée en Macédoine grecque, novembre 2018
Monnaie issue de Rome Antique. Musée en Macédoine grecque, novembre 2018

Le pays réel mis à mal, conserve toutefois ses codes dans la mesure du possible, ainsi que certains des usages humains, c’est-à-dire, situés aux antipodes des vendredis et autres journées sombres du para commerce alors supposé permanant. Face aux thatchériens de tous les pays réunis, devant aussi la gauche et la droite kérosène, “le bas peuple”, d’après ce que j’entends dans la rue ou dans les cafés en Grèce et pas seulement, rêve de… pendre tous ses princes sous les lampadaires, tant la haine on dirait de classe, déborde alors de partout.

Dans le milieu fabriqué de l’Occident contemporain, celui de la méta-modernité et de l’obsolescence de l’Homme, les cadavres des régimes supposés représentatifs et démocratiques sont désormais très rapidement éliminés par des organismes décomposeurs et nécrophages, c’est-à-dire par des supposées élites et par leurs marionnettes. Et ce n’est plus un abus de langage, lorsque depuis quelques semaines, on entend à la radio certains journalistes qualifier Tsípras “de termite et de vermine dévorant le pays, et la société grecque”, à l’instar de la zone matinale sur 90.1 FM.

Faute de mieux, et de manière humaine à travers ce que l’on pourrait alors qualifier d’économie enfin durable, des habitants du pays réel et de la ville de Larissa, capitale de la Thessalie, ont eu par exemple la bonne idée… que d’habiller certains poteaux de leur ville par les blousons dont ils n’ont plus l’usage. Blousons si possible imperméables et solides, offerts ainsi en libre service et à destination de leurs concitoyens encore plus paupérisés… devant le froid de l’hiver qui arrive.

Ailleurs, et toujours sous le regard des animaux adespotes, à Athènes ou à Thessalonique, des autocollants un peu vieillis sauf évidemment pour ce qui tient de leur message, appellent à boycotter Coca-Cola, car “Fabriqué en Bulgarie, consommé en Grèce et imposé en Suisse”. Notre beau pays “d’en bas”, contrairement aux politiciens compatibles Sóros, ceux que l’on nomme aussi désormais “les Sorites” à travers certains médias en Grèce, ne mâche plus ses mots et n’utilise point ce langage lénifiant de gauche comme de droite, lorsque il s’agit entre autres de… rendre la soi-disant “transition écologique acceptable”.

Ainsi, d’Athènes à Rome, en passant par la France des gilets jaunes, les humbles sujets du totalitarisme européiste, finissent alors par découvrir les causes, autant que les causeries de l’hybris planétaire qui gouverne, il faut préciser, dans l’anomie la plus totale. D’où sans doute ce clin d’œil à l’Italie actuelle, lorsque son drapeau a été placé bien en évidence dans une galerie d’Athènes, signe encore des temps qui sont les nôtres.

Boycottons Coca-Cola. Thessalonique, novembre 2018
Blouson offert. Ville de Larissa, Thessalie. Presse locale, novembre 2018
Le drapeau italien. Athènes, novembre 2018
Sous leur regard. Athènes, novembre 2018

Le pays entre soleil et pluie. “Les journées à venir se tiennent devant nous – comme un alignement de cierges allumés – petits cierges dorés, chauds, pleins de vie.”
“Les journées révolues restent derrière nous,-triste rangée, cierges éteints ;-les plus proches de nous encore un peu fumants,-cierges froids, fondus et penchés.”, d’après Constantin Caváfis (ou Cavafy), le grand poète et son poème “Cierges”, traduit par Michel Volkovitch. Cavafy est le poète d’Alexandrie, comme Umberto Saba est celui de Trieste, ou Baudelaire le poète de Paris. Cavafy, “né en 1863 à Alexandrie, la ville où se trouvait la plus grande bibliothèque de l’Antiquité, qui avait recueilli les manuscrits d’Aristote, cette ville dont le destin était d’attirer les écrivains, ces êtres épris de mémoire, qui accueillit Flaubert, Rimbaud, Forster, et Lawrence Durrell, une ville dont on vous dit sans cesse qu’il eut fallu la connaître, il y a vingt, trente ans, une capitale – la plus grande – de la mémoire.”

Les journées révolues restent derrière nous, et les élèves en voyage scolaire, admirent encore l’Imaret, ce symbole de l’ancienne ville de Kavala en Macédoine grecque, un des plus importants monuments ottomans en Grèce. Ce complexe impressionnant était un kulliye destiné à l’enseignement islamique, créé par Méhémet-Ali en 1817, lui-même natif de la ville, vice-roi d’Égypte de 1804 à 1849 et généralement considéré comme le fondateur de l’Égypte moderne. L’Égypte, la Grèce, l’Empire ottoman, l’Orient en quelque sorte.

Les journées à venir se tiennent devant nous, températures en baisse, bois qui brûle, nuits grecques enfumées. En Grèce du Nord, c’est le moment des premières neiges, lorsque les sucreries et autres pâtisseries de Noël ont déjà fait leur apparition derrière les vitres des boulangeries. On remarque aussi en ces années sismiques, combien les monastères croulent alors sous le nombre croissant de visiteurs laïques. “Nous recevons de bien nombreux fidèles, c’est dans l’air du temps”, me disait récemment un moine rencontré au Nord de la Grèce.

On comprendra alors aisément qu’après le piètre accord Macédonien des Sorites à la Tsípras, celui que l’immense majorité des Grecs rejette d’après même les sondages de la presse athénienne largement germano-compatible, voilà que le pseudo-accord du même… génotype, entre le chef de l’Église de Grèce Ierónymos et Tsípras, ne passe alors pas.

L’Imaret, Kavala, novembre 2018
Sucreries de Noël, Athènes, novembre 2018
Produits des Monastères. Boutique à Athènes, novembre 2018
Produits des Monastères. Boutique à Athènes, novembre 2018

Car ce même langage lénifiant de gauche comme de droite, lorsque il s’agit entre autres de… rendre la soi-disant “transition culturelle acceptable” irrite encore plus les esprits du pays réel, dans la mesure où de tromperie en trahison, l’hybris qui s’accumule appelle forcément la Némésis, rappelons-le, chez les Anciens, celle de la juste colère des dieux et du châtiment céleste, assimilée à la vengeance et à l’équilibre à imposer de nouveau. Némésis, dont le mot dérive du verbe grec “némeïn”, signifiant répartir équitablement, distribuer ce qui est dû.

L’observateur curieux des nouvelles mentalités, remarquera enfin combien ces productions, réelles ou en tout cas estampillées des Monastères, sont de plus en plus recherchées en Grèce, c’est certes une forme de commerce mais ce n’est certainement pas le vendredi bien sombre des mondialisateurs. En tout cas et dans le contexte actuel, la tradition Monastique Orthodoxe représente aux yeux des Grecs un espoir, ou sinon du moins, une ultime ouverture spirituelle devant l’effondrement des idéologies politiques. D’où sans doute cette guerre ouverte faite aussi à l’Orthodoxie, depuis les caniveaux des Sorites, plus crépusculaires que jamais. Cela-dit, aux dernières nouvelles, les Sorites Tsiprosaures retireraient leur projet de reforme relative aux relations entre l’Église et l’État, “pour un moment plus propice d’ici quelques mois”, d’après en tout ca la presse grecque au soir du 23 novembre. Les masques sont déjà tombés, en attendant la chute des arlequins diront certains.

Et quant aux tavernes des Grecs, sur leurs murs on y découvre souvent ces photographies de jadis issues du monde rural, dont ces réunions officielles ou festives, en présence des popes et d’ailleurs des gendarmes. Au même moment, sur les marchés circulent autant ces autres vieilles photos, représentant les grands compositeurs du chant populaire et du bouzouki, preuve -s’il en faut- de l’intérêt porté par les Grecs à leur culture populaire et nationale. Finalement, les peuples ont la peau dure !

Photo d’antan. Taverne grecque, novembre 2018
Ceux de la musique populaire. Photos à Athènes, novembre 2018

Bouzouki ou pas, nos derniers touristes de l’été, même prolongé, ont déjà quitté le pays, tandis que… ceux de l’arrière-saison déambulent déjà dans les rues de la capitale, photographiant, tantôt les monuments, et tantôt nos chiens et nos chats, animaux adespotes et fières de l’être.

Certains sites archéologiques sont désormais désertés de tous, devenant ainsi et enfin propices à la réflexion et à la méditation, autant que les monastères, faisant ainsi face à l’hybris pour l’instant dominante.

Site archéologique déserté. Macédoine grecque, novembre 2018

L’histoire en a vu bien d’autres c’est certain, et les journées à venir se tiennent devant nous, y compris pour votre blog, prospère en idées… mais pour le reste paupérisé. Comme hélas de coutume, dans quelque jours, “Greek Crisis” du haut de ses sept ans, lancera sa campagne annuelle de soutien financier de fin d’année.

Passer comme on dit l’hiver, aux nuits grecques de plus en plus lourdes et enfumées avant le Printemps, peut-être autant celui des peuples. Modernité tardive !

Animal adespote. Nord de la Grèce, novembre 2018

Le rapport sur les effets de l’austérité en Grèce

La démocratie n’est pas à vendre. La lutte pour la souveraineté alimentaire à l’ère de l’austérité en Grèce

Les mesures d’austérité ont accru la pauvreté rurale et l’insécurité alimentaire en Grèce et ont violé le droit humain à l’alimentation de son peuple. Comment est-ce arrivé et qui est responsable?

Auteurs : Stephan Backes , Jenny Gkiougki , Sylvia Kay , Constantinidis de Charalampos , Emily Mattheisen , Christina Sakali , Eirini Tzekou , Leonidas Vatikiotis , Pietje Vervest  Rédacteurs Deborah Eade En collaboration avec FIAN International , Agroecopolis  ProgrammesJustice agraire et environnementale

 

Résumé

Ce rapport examine les effets de l’austérité en Grèce sur le droit à l’alimentation. Il conclut que l’État grec et les États membres de la zone euro ont violé le droit du peuple grec à l’alimentation en raison des mesures d’austérité requises par trois protocoles d’accord (2010, 2012 et 2015). En d’autres termes, les mesures d’austérité imposées à la Grèce étaient contraires au droit international des droits de l’homme.

En août 2018, le Conseil européen a célébré la fin du troisième mémorandum d’accord, louant les efforts de la Grèce et la solidarité européenne. Cependant, comme le montre ce rapport, il y a peu à célébrer. Les mesures d’austérité ont non seulement accru la pauvreté et l’insécurité alimentaire, mais elles ont également consolidé un régime commercial agroalimentaire qui perpétuera les inégalités en matière d’accès et de contrôle des aliments.

Le rapport examine les impacts de l’austérité sur les producteurs de denrées alimentaires et les initiatives de consommateurs / coopératives, ainsi que les impacts sociaux sur la population grecque en général. En se concentrant sur le droit humain à l’alimentation, le rapport met en évidence l’impact de la crise économique grecque qui a touché tous les aspects de la vie des gens. L’accent mis sur les producteurs de denrées alimentaires et les zones rurales attire également l’attention sur un aspect négligé de la crise grecque, ces secteurs et régions manquant souvent de voix et de reconnaissance dans la politique et la prise de décision nationales.

Les résultats sont basés sur des entretiens directs et un travail de terrain original, complétés par des entretiens (y compris avec de hauts responsables de l’État), ainsi que sur une analyse de données macroéconomiques et une revue de la littérature de textes clés.

Les conclusions du rapport sont surprenantes.

1. Les mesures d’austérité ont accru la pauvreté rurale et l’insécurité alimentaire

Selon les estimations, en 2017, 38,9% des habitants des zones rurales de la Grèce sont menacés de pauvreté *.

Le chômage rural a grimpé de 7% en 2008 à 25% en 2013, tandis que le revenu rural par habitant a chuté de 23,5% pendant les années de crise (2008-2013).

L’insécurité alimentaire en Grèce a également augmenté – les prix des denrées alimentaires ayant augmenté plus rapidement que ceux de la zone euro pendant la crise, malgré la forte chute des revenus intérieurs et du coût de la main-d’œuvre. Cela a entraîné une baisse des dépenses alimentaires en termes totaux, mais une augmentation des dépenses alimentaires totales par rapport aux dépenses mensuelles totales de 16,4% en 2008 à 20,7% en 2016. – La proportion de ménages qui ne peuvent pas se permettre un repas avec viande, poulet, poisson (ou équivalent végétarien) tous les deux jours, par exemple, a doublé pendant la crise, passant d’environ 7% en 2008 à plus de 14% en 2016.

– La proportion de ménages avec des enfants incapables de se payer un repas à base de protéines sur une base quotidienne a doublé, passant de 4,7% en 2009 à 8,9% en 2014. Selon les statistiques de l’UE, 40,5% des enfants en 2016 étaient en situation de privation matérielle et sociale.

– Globalement, la crise a entraîné un changement notable des modes de consommation avec la substitution des produits alimentaires plus coûteux par des produits moins coûteux.

* L’UE définit cette personne comme une personne gravement défavorisée sur le plan matériel, située au-dessous du seuil de pauvreté après les transferts sociaux ou vivant dans des ménages où les adultes sont employés moins de 20% du temps.

2. Les mesures d’austérité ont particulièrement affecté les petits producteurs et négociants de produits alimentaires

Les mesures défavorables aux agriculteurs comprenaient:

Des taxes plus élevées et des coûts de production plus élevés dus au remplacement d’un régime d’imposition distinct pour les agriculteurs par un système normalisé d’imposition du revenu, ainsi que de taux de TVA plus élevés sur les intrants agricoles, notamment les engrais, les pesticides, les aliments pour animaux et semences et le diesel; et l’introduction d’une nouvelle taxe sur les terres agricoles. La part des taxes dans la valeur ajoutée agricole nette est passée de 4% entre 1993 et ​​2010 à 15,4% en 2016.

L’abolition de l’Organisation de l’assurance agricole spécialisée (OGA) et sa fusion avec un système généralisé de sécurité sociale ont entraîné une augmentation des cotisations de nombreux agriculteurs. Outre les impacts directs, un certain nombre de réformes structurelles ont considérablement fait pencher la balance en faveur des plus grands détaillants en alimentation et des commerçants privés au détriment des petits producteurs. Ces réformes comprenaient:

La libéralisation du commerce de détail, par exemple la levée des restrictions sur certains produits vendus dans les supermarchés, la flexibilisation de la législation du travail et le passage au commerce du dimanche.

La libéralisation du commerce de gros, en particulier la privatisation de l’Organisation des marchés et de la pêche centraux, auparavant administrée et rentable, le principal opérateur alimentaire de gros du pays, responsable des 2 principaux marchés du pays et de 11 marchés du poisson.

• Les privatisations, y compris les privatisations de la Banque agricole de Grèce (ATE) et de la grande coopérative laitière AGNO. Il en résulte une augmentation des coûts pour les agriculteurs qui ont moins accès au crédit rural, aux services financiers spécialisés et aux conseils agronomiques.

3. Les mesures d’austérité ont frappé un secteur alimentaire rural déjà affaibli et vulnérable par les tendances à long terme

L’agriculture en Grèce reste une partie importante de l’économie, représentant près de 4% du PIB du pays (plus du double de la moyenne de l’UE) et fournissant 12% des emplois du pays en 2016, mais elle est en déclin depuis le début des années 1980. L’entrée de la Grèce dans la Communauté économique européenne en 1981 et plus tard, l’UE – et la politique agricole commune – ont ouvert les petits agriculteurs grecs à une concurrence accrue. Cela a entraîné un certain nombre de vulnérabilités dans le système agroalimentaire grec avant la crise, notamment:

• Une baisse régulière de la production agricole nationale et une dépendance croissante à l’égard des importations de produits alimentaires ont entraîné une balance commerciale des produits alimentaires négative. Entre la fin des années 1980 et le début de la crise en 2008, le déficit du commerce des produits alimentaires dépassait fréquemment 1% du produit intérieur brut (PIB) du pays, tandis que sur la période 2005-2011, les importations représentaient près de 40% de la consommation intérieure.

• Recours accru aux subventions alimentaires, la part de la valeur ajoutée nette dans l’agriculture augmentant de 23% en 1993 à 81% en 2008.

• Un secteur des supermarchés en croissance qui a intensifié les conditions monopolistiques vis-à-vis des producteurs et des consommateurs.

Ces tendances ont porté atteinte à la souveraineté alimentaire de la Grèce, transformant la Grèce en exportateur net de produits alimentaires en importateur net. Pourtant, plutôt que de remédier à ces vulnérabilités, les trois protocoles d’accord (2010, 2012 et 2015) ont accéléré ces tendances. L’examen des exigences structurelles des mémorandums suggère un projet idéologique délibéré de transformation de l’État et de restructuration de l’économie grecque en faveur de certains secteurs du capital, tels que les grandes chaînes de supermarchés (transnationales). La crise a fourni un moyen de la mettre en œuvre.

4. Le filet de sécurité sociale du gouvernement grec était insuffisant pour prévenir l’insécurité alimentaire et la pauvreté

Le gouvernement grec a mis en place un certain nombre de programmes sociaux visant à constituer un filet de sécurité contre les conséquences de l’austérité et à répondre aux préoccupations urgentes liées à l’insécurité alimentaire. Parmi ces mesures, citons l’adoption d’une loi sur l’aide humanitaire prévoyant des subventions pour l’alimentation, le loyer et l’électricité pour les personnes et les familles à faible revenu. Ce programme a ensuite été remplacé par un programme de solidarité sociale qui offre aux ménages à faible revenu une allocation mensuelle.

 

Tout en répondant aux besoins les plus élémentaires, l’aide du Régime a été limitée: elle ne prévoyait que 30 à 200 euros par ménage et par mois, avec 100 euros supplémentaires pour chaque adulte et 50 euros par enfant. Les critères d’éligibilité stricts limitent l’aide aux cas de privation matérielle les plus graves, tandis que les exigences relatives à la condition de ressources excluent de nombreuses personnes qui y auraient droit en raison de ses dispositions restrictives et bureaucratiques. La couverture dans les zones rurales a également été limitée.

En conséquence, des fondations privées, des organisations caritatives, des ONG et l’Église grecque ont dû combler certaines de ces lacunes – offrant notamment des repas scolaires gratuits, des banques alimentaires et des soupes populaires, ainsi que des épiceries sociales offrant des produits alimentaires, des vêtements et des produits de nettoyage. matériaux de base et autres biens de base destinés aux particuliers et aux familles à faible revenu.

Certains de ces programmes bénéficient du soutien des municipalités locales et, dans le cas du programme de cantines scolaires, du gouvernement central, ils ne sont guère plus que des pansements collants. Les réponses fondées sur les droits de l’homme, telles que le soutien aux emplois et des salaires justes, qui s’attaqueraient aux causes profondes de la faim et de l’insécurité alimentaire doivent être beaucoup plus centrées au premier plan.

5. Les réponses populaires menées par les communautés fournissent de vraies solutions et laissent présager l’émergence d’une nouvelle politique alimentaire

Face aux politiques gouvernementales imposées par la troïka, qui sapent la souveraineté alimentaire – et ne parviennent pas à en atténuer les effets – de nombreuses initiatives communautaires locales ont vu le jour pour aider les populations à accéder plus facilement à la nourriture.

Celles-ci reflètent des tendances politiques différentes, varient en termes d’infrastructures et s’engagent différemment avec les États et les marchés. Ils comprennent des cuisines solidaires, des coopératives alimentaires, des marchés «sans intermédiaires», des collectifs et des réseaux d’autosuffisance alimentaire, des programmes d’agriculture soutenue par la Communauté (ACS), ainsi que toute une gamme d’autres coopératives agricoles, des modèles d’exploitation agricoles alternatifs et des entreprises de producteurs.

L’appel à une «économie solidaire» est devenu un cadre essentiel dans lequel de nombreuses réponses locales ont articulé leurs demandes et leurs aspirations. Cette économie sociale et solidaire (ESS) a connu une croissance massive au cours des années de crise: en 2013, 372 entreprises sociales étaient enregistrées, contre 585, 714 et 907 respectivement en 2014, 2015 et 2016.

En construisant un tel contre-pouvoir basé sur des pratiques innovantes, des expérimentations sociales et des infrastructures contrôlées par les personnes, ce mouvement ouvre la voie à une résistance populaire à l’austérité, mais également à un nouveau système alimentaire transformateur juste. Cela va au-delà de la demande de prix des denrées alimentaires abordables et de la protection des agriculteurs pour véritablement défier le pouvoir structurel du secteur agroalimentaire des entreprises et faire progresser les alternatives populaires.

6. Le droit à l’alimentation a été violé en Grèce

Le droit à une nourriture suffisante est fortement inscrit dans le droit international des droits de l’homme et son contenu normatif mentionne plusieurs éléments (disponibilité, accessibilité, adéquation, durabilité) qu’il convient de préserver.

Le droit à une nourriture suffisante est également étroitement lié à d’autres droits économiques, sociaux et culturels (DESC), ce qui signifie que la violation d’un droit entraîne souvent la violation d’autres droits. Le droit à la santé, à la vie, à l’eau et à un logement convenable sont les déterminants fondamentaux du droit à l’alimentation.
Plusieurs mesures d’austérité – y compris la modification des taxes agricoles et des régimes de sécurité sociale et la tendance à la privatisation et à la libéralisation du commerce – ont directement contribué à affaiblir le droit à l’alimentation en Grèce. D’autres mesures telles que la réduction du salaire minimum et la réduction des retraites ont également porté atteinte à ce droit fondamental de l’homme et contrevenu à d’autres droits économiques, sociaux et culturels, tels que le droit au travail, au logement et à la santé.
Les États ont l’obligation de réaliser les droits de l’homme. Cette obligation inclut la réalisation progressive des droits socio-économiques avec le maximum de ressources disponibles, ce qui interdit, à première vue, des mesures rétrogrades * qui limiteraient ou réduiraient les niveaux existants de jouissance des droits consacrés. Des mesures rétrogrades ne peuvent être prises que dans des circonstances très limitées et sur la base de conditions essentielles – telles qu’un suivi et une évaluation attentifs, la prise en compte de tous les droits, ne garantissant aucun impact disproportionné sur les plus vulnérables – aucune de ces mesures n’a été appliquée par le gouvernement grec. Le large éventail de mesures rétrogrades prises, combiné à la hausse du coût de la vie, constitue une preuve suffisante que le droit à l’alimentation a été violé en Grèce.

* Par mesures régressives, on entend toute mesure impliquant un recul du niveau de protection des droits de l’homme dû à la décision intentionnelle d’un État .

7. La responsabilité des violations du droit à l’alimentation incombe à la fois au gouvernement grec et aux États membres de la zone euro, ces derniers assumant sans doute une plus grande part de responsabilité.

Lorsqu’un droit de l’homme est violé, cela signifie qu’il y a eu violation de l’obligation de respecter, protéger et réaliser ce droit. De nombreux acteurs ont été impliqués dans les négociations ayant abouti aux trois MoU. Les obligations en matière de droits de l’homme existent territorialement et, dans certaines circonstances, extraterritoriales.

À la suite des mesures d’austérité, la Grèce a violé le droit humain à l’alimentation des habitants de la Grèce. Cependant, les États membres de la zone euro, en tant que prêteurs directs, sont également responsables du fait qu’ils ont signé les protocoles d’accord et ont probablement fait pression sur le gouvernement grec pour qu’il le fasse. Les États membres de la zone euro – en tant qu’États parties au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et à d’autres instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme – ont donc manqué à leurs obligations extraterritoriales de respecter le droit à l’alimentation de la Grèce. Les États de la zone euro auraient non seulement dû s’abstenir d’exiger des mesures ayant une incidence sur le droit à l’alimentation, mais ils auraient également dû procéder à des études d’impact des mémorandums sur les droits humains. Ces EIDH sont requises avant, pendant et après le passage des protocoles d’accord, mais n’ont jamais été réalisées.

En outre, tous les États européens ont manqué à leurs obligations en matière de droits de l’homme en agissant et en prenant des décisions au sein d’organisations intergouvernementales et d’institutions financières internationales, telles que le Fonds monétaire international. En tant que composante du système des Nations Unies, ce dernier est tenu de respecter la Charte des Nations Unies, qui comprend un engagement en faveur de la réalisation progressive des droits de l’homme. Il ne devrait certainement pas prendre de mesures qui constitueraient une violation des droits de l’homme.

Les membres de la troïka affirment que la responsabilité des conséquences des protocoles d’accord incombe exclusivement à l’État grec. Cet argument est faux car, avec la Grèce, il s’agissait des signatures conjointes des trois mémorandums d’accord. Par conséquent, la responsabilité des violations du droit à l’alimentation est également partagée. En fait, on peut affirmer que la responsabilité des États membres de la zone euro est beaucoup plus grande, étant donné les preuves d’une ingérence directe ou même d’une contrainte exercée par les États membres de la troïka sur la Grèce pour qu’elle signe les protocoles d’accord.

Le présent rapport est axé sur la Grèce, mais ses conclusions sont pertinentes sur le plan international. La Grèce n’est pas une exception. De nombreux autres pays, à l’intérieur et à l’extérieur de l’Europe, se trouvent dans des situations similaires, contraints d’appliquer des politiques technocratiques dictées par des mesures d’austérité qui entraînent des violations des droits économiques, sociaux et culturels, y compris du droit fondamental à l’alimentation. L’expérience de la Grèce montre également que les violations de ces droits fondamentaux ne concernent pas uniquement les pays du Sud. Ils se produisent dans le «Nord» mondial. La faim, l’insécurité alimentaire, la pauvreté et la privation matérielle sont des problèmes européens. Les droits de l’homme sont universels, ce qui signifie que tous les gouvernements ont l’obligation de les respecter. Il est temps que l’UE agisse conformément à ces obligations et place les droits de l’homme au-dessus des besoins des marchés financiers.

L’austérité infligée à la Grèce soulève la question des indemnisations

Les dommages causés par l’austérité en Grèce soulèvent la question de la responsabilité des institutions européennes. Et d’une éventuelle indemnisation. 40 % des populations rurales sont aujourd’hui exposées au risque de pauvreté en Grèce.

« Le niveau des dommages pourrait augmenter la responsabilité de l’UE, mais le problème est d’identifier ceux qui ont été directement touchés par les mesures d’austérité et qui pourraient porter l’affaire devant les tribunaux », a-t-il déclaré.

Selon lui, l’article 340 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne « stipule très clairement que les dommages causés par la faute des institutions européennes devraient être indemnisés ».

Olivier de Schutter, qui a été rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l’alimentation de 2008 à 2014, a commenté un rapport publié le 20 novembre, qui concluait que les mesures d’austérité prises pendant la crise grecque avaient conduit à une violation du droit à l’alimentation.

Il a noté que le droit à l’alimentation avait tout simplement été ignoré lorsque des mesures d’austérité avaient été conçues et appliquées en Grèce.

Violation du droit à l’alimentation

Les auteurs du rapport écrivent que la Grèce s’est retirée du programme de sauvetage de huit ans en août dernier, et qu’il est maintenant temps de discuter de ce que l’austérité a laissé derrière elle, en particulier en ce qui concerne la durabilité des zones rurales et le droit à l’alimentation.

Selon leur rapport « La démocratie n’est pas à vendre : Lutte pour la souveraineté alimentaire durant l’époque de l’austérité en Grèce », réalisé par l’Institut transnational, FIAN International et Agroecopolis, les plans de sauvetage ont porté un coup à l’économie rurale du pays.

Le rapport note que près de 40 % des habitants des zones rurales de Grèce sont exposés au risque de pauvreté, tandis que le chômage dans ces mêmes zones a bondi de 7 % en 2008 à 25 % en 2013.

De même, le revenu rural par habitant a diminué de 23,5 % au cours de la période 2008-2013.

En outre, l’insécurité alimentaire a doublé pendant la crise, passant de 7 % en 2008 à plus de 14 % en 2016, tandis que 40 % des enfants grecs souffrent de privations matérielles et sociales.

La situation s’est particulièrement détériorée entre 2010 et 2013, lorsque le prix des denrées alimentaires a augmenté alors que les revenus chutaient fortement. Les auteurs du rapport ont noté que les petits exploitants, en particulier, ont été énormément touchés par l’augmentation des cotisations sociales, de l’impôt foncier et sur les revenus ainsi que par l’augmentation de la TVA sur les produits agricoles.

Le rapport explique que le secteur agricole grec était déjà vulnérable avant la crise. Lorsque la Grèce a rejoint l’UE en 1981, elle était exportatrice nette de produits agricoles. Mais depuis lors, elle s’est débattue avec le déficit du commerce alimentaire et a commencé à dépendre des importations.

Commentant ces conclusions, Harry Konstantinidis, co-auteur du rapport de l’Université du Massachusetts, explique que le secteur agroalimentaire déjà vulnérable a été encore plus comprimé pendant la mise en œuvre des politiques d’austérité.

« Nous soulignons que le droit à l’alimentation en tant que droit de l’homme a été gravement compromis pendant la crise, le nombre de personnes en Grèce qui connaissent l’insécurité alimentaire étant passée, selon Eurostat, de 7,6 % de la population en 2009 à 13,2 % en 2017 », a-t-il rappelé.

« Nous cherchons à savoir quels acteurs doivent être tenus responsables de cet échec et nous cherchons à contribuer à un débat qui renforcerait la production alimentaire durable et l’accès à l’alimentation tant en Grèce qu’en Europe en général », a ajouté Harry Konstantinidis.

Sylvia Kay, politologue et co-auteure du rapport, a déclaré que plusieurs initiatives citoyennes avaient été prises pendant la crise et a souligné le rôle des différentes entités sociales qui ont fait preuve de solidarité envers les personnes dans le besoin.

Elle a également évoqué l’initiative « du producteur au consommateur », qui visait à raccourcir la chaîne d’approvisionnement alimentaire en supprimant les intermédiaires pour obtenir de meilleurs prix pour les consommateurs.

Selon Sylvia Kay, l’initiative était « une bouée de sauvetage » lancée aux personnes dans le besoin qui ont réussi à acheter de la nourriture 20-50 % moins chère que les prix au supermarché.

Source https://www.euractiv.fr/section/economie/news/eu-institutions-are-liable-for-greek-bailout-damage-former-un-official-says/

Lire aussi notre article résumé du rapport https://www.grece-austerite.ovh/le-rapport-sur-les-effets-de-lausterite-en-grece/

L’aquarius à nouveau attaqué

Chers amis,

A l’heure où l’Aquarius est la cible de nouvelles attaques, il nous semble important de vous donner en direct quelques explications sur la situation.

Ce lundi 19 novembre, les autorités judiciaires italiennes ont demandé la mise sous séquestre de l’Aquarius et ont engagé des poursuites contre notre partenaire médical, Médecins Sans Frontières (MSF). Cette mise en examen fait suite à une enquête ouverte par le Bureau du Procureur général de Catane (Italie) – qui avait déjà lancé par le passé des poursuites contre d’autres navires humanitaires – sur des prétendues anomalies observées dans le traitement des déchets à bord – en particulier les restes alimentaires, les vêtements des personnes secourues et les déchets issus des activités médicales.

MSF va faire appel de la décision auprès des instances de recours italiennes et SOS MEDITERRANEE soutient entièrement cette démarche. En effet, nous réfutons catégoriquement toute accusation de participation à des activités illégales. L’Aquarius a toujours suivi des procédures rigoureuses dans ses activités portuaires, qui n’ont jamais été remises en question en trois ans d’opérations.

Alors que d’autres navires d’ONG ont déjà été saisis, nous dénonçons cette nouvelle offensive dans la série d’attaques qui visent à criminaliser l’aide humanitaire en mer et à bloquer l’Aquarius au port.

Pour l’heure, l’Aquarius n’est pas mis sous séquestre. Étant à quai à Marseille, une telle décision relèverait de la juridiction française. Nous attendons donc des autorités françaises qu’elles fassent preuve de discernement dans la mise en œuvre de cette décision éminemment politique.

Bien que des pressions répétées aient réussi à interrompre temporairement nos opérations en mer, nos équipes travaillent jour après jour à des solutions qui nous permettront de poursuivre notre mission vitale et urgente de sauvetage. Nous demandons aux gouvernements européens de mettre fin à ces attaques et de prendre toutes les mesures nécessaires pour permettre à l’Aquarius de repartir au plus vite en mer. Ne l’oublions pas : au moins 2000 personnes sont mortes noyées cette année en Méditerranée et, en octobre, une personne sur cinq disparaissait ou perdait la vie en tentant la traversée de la Méditerranée centrale, un chiffre jamais atteint selon le HCR.

Portés par votre indéfectible soutien, nous nous engageons à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour continuer à porter assistance aux personnes en détresse en mer, un impératif légal et moral qui doit primer sur toute autre considération.

L’Aquarius est un bateau citoyen. Tant que vous serez à nos côtés, renoncer ne sera jamais une option.

Merci pour votre engagement,

L’équipe de SOS MEDITERRANEE
#SaveAquarius
#SaveRescueAtSea

PS : Si vous ne l’avez pas encore fait, nous vous invitons à signer et à partager la pétition disponible en 9 langues que nous avons lancée pour sauver l’Aquarius et le sauvetage en mer. C’est par ici !

Face à l’inacceptable, agissons pour porter secours et sauver des vies http://www.sosmediterranee.fr/

Festival Migrantscene du 17 nov au 7 décembre

Un festival engagé

Un festival dans plus de 100 villes en France métropolitaine et Outre Mer 3 semaines d’événements, d’échanges, de rencontres et de fêtes à partir de la mi-novembre.

AGIR ENSEMBLE…

Né à Toulouse en 2000 et structuré à l’échelle nationale depuis 2006, LE FESTIVAL MIGRANT’SCÈNE DE LA CIMADE réunit et mobilise les milieux de l’éducation populaire, de l’art, de l’éducation, de la culture, de la solidarité ou encore de la recherche, au profit de publics larges et variés.

Plus de 400 partenaires
Des centaines de bénévoles
Avec le soutien de l’Agence française du développement, du ministère de la Culture, des collectivités territoriales…
En lien avec le Festival des Solidarités et bien d’autres festivals et rassemblements locaux…

PENSER ENSEMBLE…

MIGRANT’SCÈNE est un espace où s’ouvrent et se vivent tous les champs des possibles. Le festival s’offre avec simplicité comme un lieu de rencontres et d’échanges. Bienveillance, curiosité, altérité, convivialité, créativité, croisement des regards et des imaginaires… autant d’atouts pour favoriser le dépassement de nos préjugés.

POUR VIVRE ENSEMBLE !

PARCE QUE quitter son pays est un droit inscrit dans la Déclaration Universelle des droits de l’Homme,
PARCE QUE la question des migrations est au cœur de l’histoire et de la structure de nos sociétés,
PARCE QUE nous avons tous des préjugés, issus de toutes nos peurs,
PARCE QU’une représentation politique tenace nous incite à considérer l’étranger comme une menace par nature,
PARCE QU’une politique de repli ne peut être la seule réponse possible aux enjeux actuels et à venir des migrations,

LE FESTIVAL MIGRANT’SCENE choisit de parler des migrations, d’interroger les politiques et mécanismes qui les sous-tendent, et remet à l’honneur l’hospitalité comme fondement de notre société et de notre rapport à l’autre quel qu’il soit !

En 2018, le festival propose de partager inspirations et initiatives autour de la thématique  » D’ici et d’ailleurs : ensemble  » .

Vous trouverez ici https://www.migrantscene.org/un-festival-engage/presentation-du-festival/tout ce qui se passe dans votre région

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