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Carnet de notes d’un ethnologue en Grèce

Panagiotis  Grigouriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif  et solidaire en Grèce.

Sur son site  www.greekcrisis.fr ; le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque. 

31/7/16 L’Obsolescence… de l’été ? http://www.greekcrisis.fr/2016/07/Fr0525.html#deb

22/7/16 Soleil Égéen http://www.greekcrisis.fr/2016/07/Fr0524.html#deb

Le paradigme de City Plaza

Une vidéo de 15,21mn  tournée la semaine dernière à City Plaza en Grèce avec l’intervention dans un excellent français de Georges Athanassakis membre de l’équipe logistique de City Plaza et du comité financier.

City plaza existe depuis le 22 avril 2016 comme une nécessité de répondre aux accords de l’EU avec la Turquie qui en fait a emprisonné 50000 réfugiés en Grèce ….

 

Appel du Dispensaire autogéré de Ilion (Athènes)

Publié: juillet 30, 2016

COORDINATION DES ASSEMBLEES DES DISPENSAIRES/PHARMACIES SOCIAUX AUTOGERES

Les dispensaires/pharmacies sociaux et solidaires autogérés ont été créés ces dernières années en tant que réponse du mouvement social, émanant de la base, face à l’écroulement général du système de santé – qui était déjà en état de décomposition – dû à l’imposition des mémorandums successifs ; beaucoup de ces dispensaires s’efforcent en priorité de créer une alternative radicale dans le domaine de la santé, allant dans le sens de l’auto-organisation. Les mémorandums ont eu des conséquences tragiques pour la santé et la vie de tous (et surtout des couches sociales les plus pauvres), conséquences qui ne cessent de s’aggraver.

La conjonction des coupes budgétaires brutales dans le secteur de la santé et de l’effondrement du niveau de vie (alimentation de mauvaise qualité, voire réduite au minimum, privation d’électricité, de chauffage, etc.) a causé l’augmentation du nombre de décès la plus dramatique de l’après-guerre : en 2009-2014, 33500 morts de plus que durant les cinq années précédentes. Le problème de la multiplication constante du nombre de personnes non assurées (que viennent rejoindre de plus en plus de personnes « assurées », désormais incapables de faire face aux dépenses occasionnées par leur traitement, quel qu’il soit) a été traité par un dispositif législatif qui constitue une véritable bouffonnerie et tourne en dérision toute idée de « politique de santé ». Il s’agit du « programme parallèle », soit un peu moins qu’un cachet d’aspirine face aux conséquences de la destruction systématique du système de santé, entreprise par l’actuel gouvernement lui-même avec le « programme central », également de son cru, qui consiste à appliquer les mémorandums.

Dans le cadre de leur « programme parallèle », ils essaient (et ils n’hésitent pas à le clamer sur tous les tons) de se servir des dispensaires/pharmacies sociaux et solidaires pour boucher les trous de plus en plus grands qu’ils creusent eux-mêmes chaque jour dans le système, en une tentative pour transformer la solidarité du mouvement social en une entreprise charitable et en travail bénévole et non rémunéré.

Nous exprimons notre opposition radicale à toute tentative de mainmise venue d’en haut et à toute « alliance/conjuration des bonnes volontés» visant à utiliser les dispensaires/pharmacies sociaux comme des outils complémentaires d’un système de santé qui craque de partout. Les véritables dispensaires sociaux autogérés répondent, et continueront de répondre, aux besoins de tous, assurés ou non, réfugiés et migrants avec ou sans papiers ; position qui résulte directement de la logique et de la pratique de la solidarité en tant que démarche du mouvement social contestant les politiques mises en œuvre et tous les pouvoirs établis, dont la survie et la reproduction sont désormais étroitement associées à l’appauvrissement massif et à l’anéantissement littéral des couches populaires au sens large.

Voici les axes sur lesquels nous voulons avancer ensemble vers l’émancipation en créant pour ce faire notre propre réseau :

  1. Nous luttons contre toute forme de privatisation et de marchandisation de la santé, pour un système de santé exclusivement public, qui soit un bien commun doté d’un financement suffisant, fournissant des soins gratuits et de haute qualité (de premier, deuxième et troisième degrés) aux travailleurs, aux chômeurs, aux migrants, à toutes et à tous, sans discriminations ni exclusions, et fonctionnant sous le contrôle et avec la participation effective des destinataires des services et de la société.
  1. Nous luttons pour un système fondé sur une conception tout autre que la conception bipolaire santé-maladie qui prévaut. Pour une médecine (et une psychiatrie) centrée non simplement sur la maladie, mais sur la personne souffrante et sur ses besoins dans leur globalité ; une médecine pour laquelle la valeur de la personne, en bonne santé ou malade, normale ou non normale, va au-delà de la valeur de la santé et de la maladie, de la normalité et de la non-normalité. Nous avons pour objectif une médecine (et une psychiatrie) qui considère et qui affronte la maladie en lien avec la totalité de l’existence et avec le corps social, et qui comprenne et organise en conséquence la réponse thérapeutique aux besoins du sujet souffrant.
  1. Nous estimons que le médicament ne peut être une vulgaire marchandise grâce à laquelle l’industrie pharmaceutique s’enrichit aux dépens de la santé du plus grand nombre, mais qu’il doit être un bien commun, produit (et contrôlé quant à sa pertinence) par des organismes publics et mis gratuitement à la disposition de ceux et celles qui en ont besoin.
  1. Nous refusons tout rapport d’intégration et de coopération avec l’Etat, les collectivités locales, l’Eglise, les ONG, ainsi que les logiques et modes de fonctionnement qui s’apparentent à ceux des ONG. Nous ne négocions pas, nous ne demandons pas l’aumône, nous ne participons pas à des comités chargés de répartir des financements venus d’en haut, quelle qu’en soit la source. Nous exigeons et revendiquons avec intransigeance que soit fourni tout ce à quoi ils ont droit à tous les patients, assurés et non assurés, ressortissants et réfugiés/migrants, en contestant à chaque pas et en combattant les mentalités et pratiques dominantes, qui rejettent et excluent de plus en plus de gens de toute prestation de services. Toutes les structures et les institutions dans le domaine de la santé appartiennent à la société, et elles doivent passer sous son contrôle, afin que leur organisation et leur fonctionnement prennent une direction radicalement différente, impliquant des priorités émancipatrices.
  1. Nous soutenons par tous les moyens les réfugiés et les migrants que l’Europe-forteresse a emmurés en Grèce. Nous nous battons contre leur refoulement violent (et souvent mortel) en mer Egée et leur expulsion des centres de rétention pour les renvoyer en Turquie ; nous sommes opposés à toutes les mesures prévues par l’accord UE-Turquie et appliquées avec empressement par le gouvernement Syriza-ANEL. Nous luttons pour l’ouverture des frontières, pour des conditions de logement dignes, dans des bâtiments intégrés au tissu social, contre toute forme d’internement en camp, que ce soit sous la forme de l’ « hospitalité » fermée ou soi-disant ouverte, et nous exigeons la régularisation immédiate du séjour de toutes les personnes par l’octroi de l’asile ou par une réponse à toute demande de réinstallation. Nous nous battons contre tous les discours et actes racistes, nationalistes, fascistes et contre toute visée d’utilisation des dispensaires sociaux comme branche sanitaire du fonctionnement et de la reproduction des centres de rétention/camps de concentration.
  1. Nous encourageons et participons à des actions qui ont un rapport avec tous les aspects de notre vie, en commun avec d’autres collectifs, structures autogérées, assemblées, associations, mouvements de travailleurs et mouvements sociaux.
  1. Nous avons pour but la création d’un réseau de coopération entre les dispensaires sociaux autogérés au-delà des différentes actions dans le cadre du mouvement social, notamment sur la question du médicament et de la couverture médicale, ainsi que pour la mise en place d’une interconnexion avec les travailleurs du système national de santé (ESY) au travers de « référents » précis, c’est-à-dire des travailleurs ayant des fonctions sociales, des groupes partie prenante du mouvement social, des syndicalistes, etc., qui luttent en contestant ce système « de l’intérieur », afin d’assurer un accès à la santé immédiat et sans obstacles à tous ceux et celles qui en ont besoin et qui, d’une manière ou d’une autre, sont arrêtés/rejetés par le fonctionnement officiel de l’institution.

traduction en français Sylvie Herold

Signataires de l’appel :

Dispensaire et pharmacie de solidarité sociale de Ilion
-Dispensaire et pharmacie sociaux solidaire de N. Philadelphia, N. Ionia, N. Chalkidona etc
-Dispensaire et pharmacie sociaux solidaires de Patission-Acharnon
-Dispensaire social solidaire / club de travail de N. Smyrne
-Dispensaire social solidaire de Salamina 

Grèce : intervention policière squats solidaires réfugiés

27/7/16

Raid de la police à trois squats qui accueillaient des réfugiés. Ces trois structures autogérées qui fonctionnaient de manière exemplaire ont été évacuées au petit matin et les réfugiés et les solidaires ont été interpelés et ramenés au commissariat. De la centaine des personnes interpelées, 74 vont être arrêtées.

Selon le communiqué de la police les réfugiés ne seront pas détenus mais transférés à des campements aux alentours de la ville. Un de trois immeubles évacués –appartenant à l’Eglise grecque- est en ce moment en cours de démolition. Les pelleteuses sont à l’œuvre  tandis que à l’intérieur  se trouvaient encore des réfugiés mais aussi du matériel médical, des équipements et des vivres apportés par les solidaires et des affaires personnelles des réfugiés.

30 solidaires autonomes occupent actuellement les locaux de Syriza à Salonique revendiquant la libération des tous les interpelés et la suspension de la démolition de l’immeuble de l’Eglise. Syriza vient de  publier un communiqué condamnant l’opération policière. Voir en grec

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Message de Y Youlontas
​Une info expresse détaillée sur le blog : http://blogyy.net/2016/07/27/tsipras-attaque-les-squats-videos/
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La riposte du mouvement social n’a pas tardé, suite aux attaques du gouvernement Tsipras contre les squats solidaires ce matin

Accord UE-Turquie : la grande imposture

Rapport de mission dans les « hotspots » grecs de Lesbos et Chios par le GISTI (groupe de soutien aux immigré-es).

Depuis le 20 mars 2016, date d’entrée en vigueur de l’accord migratoire conclu entre l’Union européenne et la Turquie, des milliers de personnes en besoin de protection sont abandonnées dans les prisons à ciel ouvert que sont devenues les îles grecques de Lesbos, Samos, Chios, Leros et Kos.

A l’issue d’une mission conduite dans deux d’entre elles, Lesbos et Chios, entre le 22 et le 30 mai 2016, le Gisti met en évidence non seulement les conditions de vie indignes (hébergement, nourriture, accès aux soins) auxquelles sont soumises les personnes retenues dans les îles mais aussi un traitement administratif et judiciaire contraire, à de nombreux égards, aux droits qui devraient leur être reconnus en application des textes qui engagent l’Union européenne et ses États membres.

Les constats de la mission démontrent que ces droits sont bafoués de manière quasi-systématique, ce qui entraîne un manquement grave aux garanties procédurales qui, si elles étaient respectées, rendraient inapplicables et inopérants les objectifs de l’accord UE-Turquie, à savoir le refoulement de personnes en besoin de protection par un pays signataire de la Convention de Genève de 1951 sur les réfugiés. À ces violations du droit d’asile s’ajoutent, à Lesbos, bien d’autres dénis de droits, dont l’internement arbitraire de personnes mineures.

La cause immédiate des manquements constatés est imputable à l’administration grecque, chargée à titre principal de la gestion de l’accueil des migrants et des demandeurs d’asile sur son territoire. Cependant, du fait de la combinaison d’un ensemble de circonstances – les difficultés économiques de la Grèce, le contexte migratoire méditerranéen, les effets de la politique européenne d’immigration et d’asile en vigueur depuis plus de quinze ans et enfin l’accord UE-Turquie du 18 mars 2016 – , ce sont les États membres de l’UE, et l’Union elle-même, qui portent l’essentiel de la responsabilité des mauvais traitements et des violations de leurs droits subis par les migrants enfermés dans les « hotspots » grecs.

La présence des agences européennes (Frontex, Europol, Bureau européen de l’asile) à l’intérieur des hotspots ne fait que souligner cette responsabilité. Cela est particulièrement visible dans le cas du bureau européen de l’asile (EASO), étroitement impliqué dans le processus d’examen des demandes d’asile, et par conséquent des dysfonctionnements décrits dans le rapport.

Le nouveau contexte turc, intervenu depuis la tentative avortée de coup d’État du 15 juillet, rend encore plus intenable la position des États membres de l’UE. Face à un régime renforcé dans son autoritarisme, ils devront louvoyer entre condamner les atteintes croissantes aux libertés et aux droits de l’Homme en Turquie et ménager un partenaire utile : un jeu dangereux dont on ne saurait prédire qui sortira gagnant, mais dont on peut craindre que les migrants, otages de l’égoïsme européen, ne soient une fois de plus les victimes.

Les faits parlent d’eux-mêmes : pour mettre fin aux graves violations des droits des migrants enfermés dans les « hotspots » grecs et sous la menace d’une expulsion en Turquie, il est indispensable que l’UE et ses États membres, à tout le moins :

  • renoncent à appliquer la Déclaration du 18 mars 2016 ;
  • revoient en profondeur le système de responsabilité d’un État membre de l’UE (règlement « Dublin III ») pour l’examen d’une demande d’asile afin que la demande soit examinée dans le pays du choix du demandeur

Le rapport complet de 41 pages rapport_gisti_mission_grece_2016-07-25

Grèce: révision de la constitution

Revue de la presse hellénique  26/07/2016 sur la révision de la Constitution :

Les propositions du gouvernement sur la révision de la Constitution, telles qu’elles ont été présentées hier sur l’esplanade du Parlement par le PM grec, M. Tsipras, retiennent l’attention de la presse (Kathimerini, Avghi, Ethnos, Le Journal des Rédacteurs, Eleftheros Typos, Ta Nea Skaï TV, ERT).

M. Tsipras a invité les forces politiques et sociales du pays mais avant tout le peuple grec à un dialogue élargi, ouvert et constructif sur la nouvelle Constitution qui marquera le début d’une nouvelle période, 42 ans après le retour de la Démocratie en Grèce et qui conduira vers une Grèce nouvelle, la Grèce de 2021. «En réalité, il s’agit d’un message adressé aujourd’hui à tous les citoyens pour une révolution démocrate», a-t-il dit en ajoutant : «il s’agit de décider pour la première fois tous ensemble quelle Grèce nous voulons». Il a souligné que cette « révolution démocrate » ne viole guère l’article 110 de la Constitution, comme certains pourraient le prétendre, mais est conforme à la Constitution garantissant sa légalisation populaire. Il a déclaré qu’il annoncera en septembre la composition d’un comité qui sera chargé du déroulement du dialogue sur la révision de la Constitution au niveau national. L’objectif est selon le PM d’organiser dans une première phase des débats sur la révision de la Constitution dans toutes les mairies du pays avec la participation de scientifiques, d’organismes sociaux, de mouvements de citoyens mais aussi de simples citoyens. Dans une deuxième phase, a poursuivi le PM, les résultats de ces débats seront rassemblés par le biais des 13 réunions qui seront organisées dans toutes les régions du pays.

                                           Les axes principaux des propositions de M. Tsipras :

  1. Architecture du régime politique

– établissement constitutionnel de la proportionnelle simple ; – vote de défiance constructif  (motion de censure constructive prévoyant automatiquement un Chef de gouvernement pour remplacer celui qu’elle propose de renverser) ;
– élection du président de la République par le Parlement avec une majorité des deux tiers du Parlement. Toutefois si les voix nécessaires ne sont pas recueillies lors les deux votes consécutifs, le peuple sera par la suite consulté: le peuple sera invité à voter en faveur de l’un ou de l’autre candidat.

– renforcement des compétences du Président de la République sans toutefois que les éventuels changements touchent le régime politique ;

– les députés auront la possibilité d’être élus uniquement pour deux mandats parlementaires consécutifs, leur mandat ne pouvant pas être supérieur à 8 ans consécutifs ;

– le Premier ministre doit exclusivement être un élu du peuple (à l’exception des PM par intérim), c’est-à-dire possibilité de nommer au poste de Premier ministre seulement des députés en activité.

  1. Renforcement des institutions de démocratie directe

– ratification obligatoire par le biais d’un référendum de tout traité prévoyant le transfert des compétences souveraines de l’Etat ;

– possibilité d’organisation des référendums d’initiative populaire.

  1. Renforcement de l’Etat de droit

– institutionnalisation d’un organe spécial composé exclusivement de juges des cours suprêmes qui, dans des cas extraordinaires et après proposition du Président de la République ou de 120 députés, pourront se prononcer sur un projet de loi voté et dans des délais très brefs, – suppression de l’immunité parlementaire ;

– modification de la loi sur les responsabilités des ministres ;

  1. Relations Eglise/Etat

-garantie explicite de la neutralité religieuse de l’Etat tout en maintenant pour des raisons historiques la reconnaissance de l’Orthodoxie en tant que religion prédominante ;

-rendre obligatoire la prestation de serment politique des élus, des juges et des hauts fonctionnaires de l’Etat.

  1. Droits sociaux

–  interdiction explicite d’enlever à l’État le contrôle de biens comme l’eau et l’énergie électrique ;

-garantie explicite des négociations collectives en tant que seul moyen pour fixer les salaires et garantie constitutionnelle du caractère obligatoire des procédures de médiation et d’arbitrage.
Le PM a conclu : « En fonction des résultats du dialogue et des questions qui en seront issues, nous n’excluons pas l’organisation d’un référendum pour des questions critiques comme cela est prévu par la Constitution. Il ne s’agira pas de demander l’approbation de la Constitution mais on demandera l’avis du peuple sur des questions politiques et sociales majeures qui pourraient éventuellement faire partie de la révision de la Constitution », a-t-il expliqué.

Dette grecque : les petits porteurs déboutés par la CEDH

Article d’Isabelle Couet paru le 22/7 sur l’Echo 

La Cour Européenne des droits de l’homme (CEDH) a tranché dans l’affaire des « petits porteurs » contre la Grèce. Une déconvenue pour ces 6.000 Grecs qui dénonçaient l’opération d’effacement de dette de 2012

C’est une plongée dans la plus grosse faillite de l’histoire : celle de la Grèce, en 2012, pour 107 milliards d’euros. La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) s’est prononcé le 21 juillet sur les conditions dans lesquelles 6.320 particuliers grecs avaient été obligés d’effacer la moitié de leurs créances lors de la gigantesque restructuration de 2012. Le verdict a de quoi rassurer les avocats et banquiers accourus alors au chevet d’Athènes : l’opération d’effacement de dette n’a pas porté atteinte au droit de propriété des créanciers et n’a pas été discriminatoire, contrairement à ce que faisaient valoir les plaignants.

Des particuliers ont investi jusqu’à 1,5 million d’euros dans la dette grecque

L’affaire « Mamatas et autres contre Grèce » a débuté en 2014. Les milliers d’épargnants qui s’estimaient lésés ont décidé de se tourner vers la CEDH, instance souvent saisie par les investisseurs (dont les fonds « vautours » ) au nom du droit de propriété. L’arrêt ne précise pas l’identité des plaignants mais relève que « certains (…) avaient investi des sommes considérables, souvent supérieures à 100.000 euros ». Au total, ces particuliers détenaient des montants de dette grecque compris entre 10.000 et 1,5 million d’euros.

Pour ces « petits » porteurs, l’opération d’échange de titres grecs, qui a été rendue possible par le vote d’une loi et qui s’est traduite par une décote de 53,5 %, est une « expropriation » ou une « ingérence dans le droit du respect de leurs biens ». Mais pour la CEDH, la restructuration était « appropriée et nécessaire » pour éviter une faillite complète du pays.

Clauses d’action collective dans toutes les dettes de la zone euro

Les épargnants dénoncent par ailleurs la différence de traitement avec les gros investisseurs, notamment les banques, qui ont négocié avec Athènes et ont voté les conditions de l’effacement de dette, ainsi que les créanciers publics (Etats, Banque centrale européenne…).

Au final, la réponse de la Cour légitime donc l’usage des clauses d’action collective (CAC) introduites a posteriori dans les contrats obligataires grecs (ces clauses ont permis qu’une majorité de créanciers vote la restructuration qui s’est imposée à tous). Un point majeur dans la mesure où, suite à la crise grecque, tous les pays de la zone euro ont dû inclure des CAC dans leur dette. Par ailleurs, la CEDH rappelle une vérité que les marchés avaient un peu oublié avant la Grèce : « investir dans des obligations n’est jamais sans risque ». A méditer.

I.Co

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