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Grèce. Une chute libre. Sans fin?

Par Sotiris Siamandouras publié par Alencontre le 26/8/16 

Un an après le référendum (le 5 juillet 2015, avec 61,31% de Non à la politique des «institutions») et le passage du gouvernement SYRIZA dans le camp du TINA («Il n’y a pas d’alternative»), la domination néolibérale en Grèce s’approfondit quotidiennement et sur tous les plans. La deuxième évaluation du programme grec par les «institutions» commencera en septembre. Elle devrait se terminer en octobre.

Elle porte sur de multiples domaines: l’application de la nouvelle loi de sécurité sociale et la création d’un Fonds unifié de sécurité sociale jusqu’au 2017; l’abolition des allocations sociales et leur replacement par un «revenu minimum garanti» qui implique des coupes d’un montant de 900 millions d’euros jusqu’en 2019; l’achèvement d’un vaste programme de privatisations: des aéroports, des ports, des transports, de l’énergie et – probablement – de l’eau; la vente ou la mise en nantissement de 71’500 bâtiments et terrains publics, y compris 597 îles; la transformation du Secrétariat général des revenus publics [taxes, revenus douaniers, etc.] en une institution indépendante – l’Autorité indépendante des revenus publics – qui échappera pour l’essentiel au contrôle politique; l’évaluation de la situation des quatre banques systémiques – Alpha Bank, Eurobank Ergasias, National Bank of Greece and Piraeus Bank –­ et du FHSF (Fonds hellénique de stabilité financière, une structure établie par le gouvernement grec et la troïka en 2010 afin de stabiliser le système bancaire grec); la finalisation du cadre légal concernant les dettes privées dites rouges [qui concernent, entre autres, les dettes hypothécaires pendantes, donc l’expulsion possible du logement]; les salaires du secteur public et, en particulier, les salaires des militaires, des forces de l’ordre et des pompiers; et, finalement, le nouveau Code du travail.

Parmi ces domaines, nouveaux et anciens, il est légitime de penser que le plus important sera la réforme du Code du travail. Premièrement parce que, dans le cadre de la politique de dévaluation interne, au nom d’un semblant de «croissance» – aux traits inhumains – la réduction du coût du travail est centrale. L’objectif: que les salarié·e·s travaillent plus et avec des salaires réduits. [Selon le ministère du Travail de Grèce, dans une étude datant du mois d’août, 51,6% des nouveaux contrats mentionnent des salaires de 400 euros en moyenne, quasi tous formellement «temporaires», pour la période de janvier à juillet 2016]. Deuxièmement, parce que les instances l’Union européenne ont déjà pris cette décision, non seulement officieusement [1], mais concrètement, comme nous l’avons vu aussi en France, où le gouvernement «socialiste» a insisté jusqu’à la fin et a fait passer la loi «El Khomri». Diminuer le «coût du travail» – sous toutes ses dimensions – est le noyau dur du plan néolibéral, son âme même, le centre de gravité qui organise le reste du système. [Au second trimestre 2016, le PIB grec a reculé de 0,7% par rapport à la même période de 2015, selon l’ELSTAT, l’institut de statistique.]

Cela ne signifie pas que les autres domaines soumis aux contre-réformes soient secondaires. Et il est vrai que chacune d’entre elles suffirait à elle seule à faire trembler n’importe quel gouvernement démocratique. Donc, on peut relever ceux qui croient qu’il y aurait une forte possibilité qu’Alexis Tsipras décide de déclarer à nouveau des élections, puisque la popularité de son gouvernement est déjà en chute libre. Pourtant, il aurait besoin d’un prétexte. Ce qui ne semble pas en vue pour le moment. Avec les forces populaires paralysées sous l’effet du choc de subir le passage d’un «gouvernement de la gauche» dans le camp des forces mémorandaires, la mobilisation populaire a été – tout compte fait – anémique dans la dernière période. En plus, la majorité parlementaire du gouvernement SYRIZA-ANEL (Grecs indépendants) reste solide. Le parlement est composé principalement de forces mémorandaires prêtes à supporter toutes les mesures, si le besoin s’impose. Et le gouvernement n’a pas encore été forcé d’opérer un remaniement ministériel. En fait, la possibilité d’avoir des élections anticipées semble éloignée, même si rien ne peut être exclu à ce propos. Alexis Tsipras continuera à gouverner ce pays saccagé, cette démocratie vendue et ce peuple désespéré. Il aura certes besoin de «diversions».

Parmi elles, la plus importante et la plus dangereuse est probablement la réforme constitutionnelle annoncée par Alexis Tsipras lui-même. Il parle même d’un nouveau référendum sur la Constitution [2]. Et il ne s’agit pas d’une simple diversion. En fait, il s’agit de l’achèvement de la domination néolibérale. Lorsqu’une réforme constitutionnelle est proposée par un gouvernement qui a signé un accord qui dit que tous les projets de loi devront désormais être sanctionnés par les créanciers, quand le rapport des forces entre le capital et le travail se trouve à un point d’équilibre peut-être le plus défavorable au cours de la dernière décennie, quand nous savons qu’à l’échelle internationale la mise en œuvre des politiques néolibérales met en question la démocratie, nous pouvons craindre que cette réforme constitutionnelle ne soit pas une simple diversion. Elle peut traduire un effort de stabilisation du système en inscrivant dans la Constitution même le néolibéralisme et l’autoritarisme technocratique.

De toute façon, le premier ministre a déjà donné l’ordre à son gouvernement de mettre fin à ses vacances et de lui préparer un plan présentable, un plan qu’il pourra défendre lors de la Foire internationale de Thessalonique [3]. Les points fondamentaux de ce plan devraient être la «croissance», le chômage et la réforme constitutionnelle. Il est intéressant de noter que la Foire commence le 10 septembre 2016, un jour après l’Eurogroup où le ministre de l’Economie [Georgios Stathakis est ministre de l’Economie et Euclide Tsakalotos est ministre des Finances ] devrait présenter son rapport officiel sur la mise en œuvre des «réformes». Il sera encore plus intéressant de voir comment Alexis Tsipras va exposer, le jour suivant, son propre bilan et perspective au peuple grec. Et le plus captivant sera la réaction de ce dernier, quand son Premier ministre va l’informer que toute cette destruction économique et sociale est d’importance secondaire et que l’essentiel réside dans le débat sur la réforme constitutionnelle, qui prévoit, entre autres, l’élection du président de la République directement par le peuple. Autrement dit, nous aurions besoin d’un «homme fort». Et qui serait-il, précisément? Qui serrait ce petit Bonaparte, qui voudrait devenir un jour l’empereur de rien du tout? (22 août 2016)

____

[1] Voir les GOPE (les Grandes orientations de politique économique de la Commission européenne) et les LDE (Lignes directrices intégrées).

[2] Alexis Tsipras a présenté ce plan le 25 juillet. La procédure proposée devrait commencer en septembre par la création d’un Comité organisationnel. Ensuite il y aura 13 assemblées, une dans chaque circonscription du pays. A la fin du printemps 2017, le Comité organisationnel va codifier les résultats du dialogue public et les apporter au parlement.

[3] D’habitude, les premiers ministres grecs utilisent cette occasion pour présenter et défendre leur politique en donnant des conférences de presse. Une grande manifestation est donc organisée aussi à Thessalonique chaque année, pendant les jours de la Foire, pour rappeler que le mouvement social reste vigilant.

Grèce. Une chute libre. Sans fin?

Le triste anniversaire du 3e mémorandum grec

Le 13 juillet 2015 est considéré désormais comme marquant la capitulation grecque. À cette date, le gouvernement Syriza-Anel conduit par Alexis Tsipras a conclu un accord avec l’Union européenne, qui s’est soldé par la signature officielle d’un troisième mémorandum le 14 août 2015. |1|

 Une véritable volte-face du gouvernement par rapport à ses engagements de campagne et au résultat du référendum du 5 juillet. |2| Depuis lors, les débats stratégiques vont bon train au sein de la gauche radicale sur les alternatives possibles |3|, mais un point est sûr : ce troisième mémorandum approfondit et consolide les deux précédents. Car qui dit accord de prêt avec l’Union européenne, dit conditions. Tandis que la Grèce n’est plus sous les feux des projecteurs médiatiques, retour (non exhaustif) sur un an de casse sociale, d’assujettissement exacerbé et de dislocation du pays.

http://www.cadtm.org/Le-triste-anniversaire-du-3e#.V7xkB27n8gc.facebook

Sur les réfugies

26/8/16 Le droit au secours des réfugiés: entretien avec François Cantier 

En juillet 2016, François Cantier, président d’ASF France, est allé en Grèce avec une équipe d’avocats à la demande de Médecins du monde pour apporter une aide juridique aux migrants qui continuent à arriver – au péril de leur vie – sur les côtes grecques. Il explique pourquoi l’accord UE-Turquie est une violation du droit européen, et un péril pour l’avenir de l’Europe.

https://blogs.mediapart.fr/edition/patriotes-de-tous-les-pays/article/260816/le-droit-au-secours-des-refugies-entretien-avec-francois-cantier

23/8/16 Selon Frontex, la garde côtière grecque a tiré sur des bateaux de migrants : 

Le Site The Intercept a révélé des documents de l’Agence européenne FRONTEX qui prouve que des gardes côtiers grecs ont tiré sur des bateaux de migrants. L’ un des incidents décrits par la publication en ligne a eu lieu il y a deux ans en Mars 2014, quand un petit bateau transportant 13 réfugiés syriens a essayé de rejoindre l’île de Chios dans la mer Egée orientale. Un total de 16 coups de feu ont été tirés, trois passagers ont été blessés.
Selon le site The Intercept qui a révélé l’histoire et a publié les documents FRONTEX, « après ce tir, l’ un des officiers de la Garde côtière impliqués a été arrêté. Selon les rapports de la cour, il a admis avoir tiré 30 balles et rechargé avant de continuer à tirer. Devant la cour, deux autres officiers à bord le lui ont reproché, en disant qu’il a agi de son propre chef et non pas sur les ordres de son supérieur. Le tir a été traité comme un événement isolé « .
Moins d’un mois plus tard, un tribunal grec a jugé que les officiers de la Garde côtière, y compris celui arrêté, n’ont rien fait de mal ; ils ont tiré pour arrêter un trafiquant présumé.

Un incident isolé?

Une série de rapports d’incidents de FRONTEX qui opère aux côtés de la Garde côtière, obtenus par The Intercept , révèle « une tactique grecque et européenne plus large de l’ utilisation des armes pour arrêter les bateaux de passeurs présumés – et en blessant ou en tuant des réfugiés dans le processus. »
« Les documents qui ont été expurgés pour protéger les détails opérationnels, mais qui ont été par inadvertance libérés par FRONTEX, révèlent plusieurs cas d’armes à feu utilisés contre des bateaux transportant des réfugiés, » note The Intercept
Les rapports couvrent une période de 20 mois à partir de mai 2014, deux mois après la fusillade de Chios, jusqu’à Décembre 2015. « Chaque cas d’armes à feu utilisée – même dans les cas où quelqu’un a été blessé – a été décrit comme faisant partie des règles standards d’engagement pour arrêter les bateaux en mer, » écrit le journaliste de The Intercept.
L’histoire complète , y compris les documents FRONTEX et la carte des incidents sont ici sur The Incercept : https://theintercept.com/…/coast-guard-fired-at-migrant-bo…/
Document vidéo issu d’un reportage de la télé allemande Deutsche Welle : https://www.youtube.com/watch?v=PpZierI8l_g

Photo: carte des incidents élaborée par The Intercpet

 

23/8/16 Le figaro Grèce: 54.000 réfugiés bloqués sur le territoire

La Grèce a annoncé aujourd’hui avoir conclu le recensement de la quasi-totalité des réfugiés et migrants bloqués sur son territoire après le verrouillage européen, 54.000 personnes, dont nombre de Syriens éligibles à l’accord de répartition dans l’UE.

Ce total a été établi par le ministre adjoint à la politique migratoire, Yannis Mouzalas, à l’issue d’une procédure de pré-enregistrement lancée en juin par le service d’asile grec et le Haut Commissariat aux Réfugiés de l’ONU.  L’opération a permis de « commencer à ordonner le chaos » provoqué en février par la fermeture de la route des Balkans par laquelle avaient transité depuis 2015 plus d’un million d’exilés de Grèce vers l’Europe du nord, s’est prévalu M. Mouzalas dans une conférence de presse.
Le décompte établi par M. Mouzalas inclut les quelque 11.000 réfugiés et migrants retenus sur les îles grecques depuis l’entrée en vigueur le 20 mars de l’accord UE-Turquie qui prévoit leur renvoi dans ce pays.

Cette population mise à part, les recensements établis signifient que le pays va devoir prendre en charge dans la durée plus de 40.000 réfugiés et migrants, avec des délais pour conclure les procédures d’asile devant courir sur au moins un an, a commenté pour l’AFP une source gouvernementale. En particulier, la procédure de pré-enregistrement menée depuis juin a visé 27.592 demandeurs d’asile, dont 43% sont des femmes et 46% des mineurs.  Plus de la moitié (54%) sont Syriens, 27% sont Afghans (27%) et 13% Irakiens. « Environ 75% » de cette population peut prétendre à l’asile, que ce soit en Grèce ou dans l’UE, a souligné M. Mouzalas.

23/8/2016  Kathimerini fait état à la Une du plan élaboré par le gouvernement pour désengorger les îles grecques, prévoyant :

-la création d’infrastructures fermées sur les îles dans lesquelles seront détenus, jusqu’à l’achèvement des procédures pour leur départ de Grèce, les réfugiés ou migrants ayant enfreint la loi ou fait preuve d’agressivité. Toutefois les réactions des habitants risquent de retarder ce projet.

-le transfert à Athènes des migrants ou réfugiés ayant commis des infractions pénales : ils seront détenus dans des centres provisoires avant leur départ de Grèce.

– le transfert vers la Grèce continentale des réfugiés et migrants dont les demandes d’asile auront été examinées en première instance et dont l’examen en deuxième instance reste en suspens.

Par ailleurs, un nouveau centre d’accueil sera opérationnel à Thèbes dans quelques jours : y seront transférés dans un premier temps 400 à 600 réfugiés et migrants se trouvant sur l’île de Chios qui est confronté au plus grand problème de surpopulation en raison du manque d’infrastructures. Dans un deuxième temps, 400 réfugiés et migrants se trouvant sur l’île de Lesbos seront également transférés vers ce nouveau centre.

Toujours selon Kathimerini, depuis le 13 août 1.138 nouvelles arrivées ont été enregistrées sur les îles grecques notamment Lesbos, Chios, Samos, Cos et Leros. Le nombre total des réfugiés et migrants se trouvant actuellement sur les îles s’élève à 11.343, contre une capacité d’accueil de 7.450 personnes.

Visite en Grèce du Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés : Avghi relève que Le Haut-Commissaire des Nations Unies (HCR) pour les réfugiés, M. Filippo Grandi, effectue à partir d’aujourd’hui et jusqu’au 25 août une visite en Grèce. Il aura des entretiens avec le Président de la République hellénique, M. Pavlopoulos, le PM grec, M. Tsipras ainsi qu’avec des membres du conseil des ministres. Il se rendra dans des centres d’accueil des réfugiés en Attique et en Macédoine centrale.

Revue de la presse hellénique 22/8/2016 

Selon Ethnos, les réfugiés ont trouvé une nouvelle voie vers l’Europe via la Bulgarie (frontière entre la Turquie et la Bulgarie) et l’Evros afin d’éviter de se trouver bloqués dans les îles grecques. Sofia demande ainsi l’aide de l’UE pour la surveillance de ses frontières avec la Turquie. Par ailleurs 300 personnes tentent, en moyenne, de passer chaque jour les frontières entre la Grèce et l’ARYM, selon le journal.

21/8/2016  Il faut tenter de passer en pleine nuit une frontière des Balkans pour imaginer la peur de ceux qui n’ont pas de papiers. Les faisceaux des lampes torches le long des voies, les aboiements des chiens tenus en laisse près des roues des wagons, les voix qui se répondent dans une langue inconnue fabriquent ensemble une terreur que l’aube n’arrivera pas à effacer. Il faudra la foule d’une grande ville pour se sentir à l’abri à nouveau, dans le mouvement des milliers de visages habitués à ces rues qu’on découvre, on recommence un peu à croire en sa chance, en se disant qu’on pourra échapper aux patrouilles arrière des garde-frontières. Belgrade, Skopje, Sarajevo. La route des Balkans est devenue pire qu’un dédale de capitales jusqu’à l’Autriche. La Slovénie est un passage et plus au nord, Berlin redevient un point de convergence, le centre de gravité d’un continent si riche qu’il prétend nier le droit de fuir des victimes que la guerre à ruinées.
Qu’avons-nous appris si nous laissons les polices d’Europe monter la garde d’une forteresse barricadée ? Nous savons depuis longtemps qu’au Liban et en Turquie, les camps de réFugiés par millions sont un mouroir. Comment lutter ? Le plus simplement du monde. En tendant la main à ceux qui fuient. En ignorant les lois qui veulent maintenir le malheur de l’autre côté de nos frontières. Il y a urgence.

20/8/16  Réfugiés Chronique de Tieri Briet à Θεσσαλονίκη, Thessaloniki.

Elles sont dangereuses, les paroles d’impuissance. Parce qu’elles acceptent la soumission à des lois meurtrières.

Dans la non-vie des réfugiés à l’intérieur des camps, c’est l’ennui sans remède des enfants qui érode l’espérance. Leurs parents sont épuisés, malades d’angoisse, traumatisés à vie d’avoir vu la mort assénée autour d’eux. Et puis j’ai croisé Vesna et Peter hier soir. Elle est Croate, il est Autrichien. Ils sont clowns tous les deux et font le tour des camps de Thessalonique, entourés partout d’une meute d’enfants qui attendaient de rire depuis des mois. Oussama les a pris dans ses bras. J’ai fait une photo pour envoyer à ses parents, qui sont restés en Syrie vendre tout ce qu’ils ont. Pour envoyer un peu d’argent à leur fils. Le seul de leurs enfants qui n’ait pas été tué par l’État Islamique. Enfermé aujourd’hui dans un camp en Europe.

20/8/16  Constant Kaimakis  Migrants, les dures réalités de l’été 2016 : 

Avant l’été, les accords passées entre l’UE et la Turquie se voulaient annonciateurs d’un apaisement de la crise migratoire en Grèce. Les deux mois d’été ont fait volet en éclats tous les espoirs. Tout d’abord, le flux des arrivées, s’il avait un peu baissé il y a quelques mois, est reparti de plus belle notamment depuis le « coup d’État » en Turquie. Les autorités grecques estiment que plus de 300 nouveaux arrivants sont passés en 48h sur les îles du Nord de la mer Égée (Lesbos, Chios, Kos, Samos etc…). Les derniers naufrages de migrants témoignent de ce regain d’activité des passeurs. Plus inquiétant encore , les nouveaux itinéraires empruntés avec l’exemple de ces 70 réfugiés qui s’étaient cachés sur les îles rocheuses au Sud de Méthoni ( Péloponnèse).
Avec un nombre total de réfugiés et de migrants vivant à travers la Grèce de 58 123 personnes, on commence à atteindre les limites du supportable pour un pays par ailleurs en extrême tension sociale. Plus de 10.700 migrants vivent sur cinq îles grecques, qui ne peuvent en accueillir que 7450, selon des données du gouvernement. Le pouvoir en a conscience et il souhaite mettre en place de nouvelles mesures pour réduire la surpopulation dans les camps de réfugiés sur ses îles afin d’apaiser les tensions et d’y améliorer les conditions de vie. Ces mesures sont d’autant plus urgentes que des tensions existent et se sont développées cet été en Grèce.
Il faut d’abord noter les divers mouvements de protestation dans les camps contre les miséreuses conditions de détention des réfugiés dénonçant les conditions d’accueil sur le plan sanitaire et alimentaire. Ils témoignent de la lassitude des migrants face à des procédures administratives lentes et humiliantes.
Ces derniers jours, le Métropolite Markos de Chios a enflammé les esprits avec des déclarations racistes et provocatrices contre le gouvernement qui a autorisé la construction d’une mosquée à Athènes, et déclarant : « Il n’y a pas de réfugiés, ce sont tous des immigrants illégaux » !
Les municipalités aussi sont souvent victimes de cette montée de la xénophobie et des tensions engendrées par la concertation de migrants. Dernier exemple, le refus de la municipalité de Loutraki-St Théodore ( Près de Corinthe) d’accueillir les 1100 réfugiés initialement prévus sous prétexte de « manque d’eau » mais surtout refusant la cohabitation des réfugiés avec les touristes, le maire déclarant : « Vous iriez vous avec vos amis vous baigner sur une plage où sont des centaines de réfugiés? ».
Significatif par exemple, la vidéo qui circule sur les réseaux sociaux grecs montrant sur une plage « glamour » de Mykonos l’apparition subite d’une trentaine de migrants escortés par des membres de la Garde Côtière au milieu des transats de luxe… cf Photo
Vidéo: https://www.youtube.com/watch?v=mNKUDRIiTtA

19/8/16  Le ministre de l’Intérieur exhorte toutes les régions de la Grèce d’accueillir des réfugiés dans le but d’aider les îles  ANA-MPA

Les réfugiés et les migrants devraient être distribués aux municipalités à travers le pays pour alléger une partie de la charge supportée par les îles de la mer Egée orientale,  a déclaré vendredi le ministre de l’Intérieur Panayótis Kouroumblís, lors d’une visite à Lesvos.
« Nous savons tous que cette île [Lesvos], ainsi que d’autres îles comme Chios, Samos et Kos,porte le plus grand poids du problème des réfugiés et des migrants, » a déclaré le ministre après une visite au camp de Kara Tepe.
« La question soulevée est que Lesvos et ses habitants ne peuvent pas continuer à porter cette charge par eux-mêmes. Par conséquent, suite à la décision de l’Union centrale des municipalités, toutes les municipalités, en fonction de leur population, devraient accueillir certaines de ces personnes qui sont aujourd’hui piégés dans Mytilène et les autres îles « , a-t-il ajouté.

 

le film « Réfugiés-es »- « on va vivre ensemble » – « on va lutter ensemble ».

Ce film ne concerne pas l’ensemble des 60 000 réfugiés retenus en Grèce, mais l’expérience du « City Plaza autogéré » dans lequel a participé des français solidaires qui y ont passé 15 jours.

Il donne la parole aux réfugiés, solidaires grecs et internationaux. 

Ce film évoluera , notamment à l’occasion d’une prochaine « immersion » au City Plaza  en Octobre.

Les camarades du City ont besoin d’un soutien médiatique et de bras pour gérer le City.

 

Grèce : La mort sociale des retraités

par Stathis Kouvelakis

Le parlement grec a voté le 5 mai 2016 un projet de loi aux lourdes conséquences pour la population puisqu’il portait à la fois sur la réforme des retraites et de nouvelles mesures fiscales. La discussion à la Vouli (= parlement grec) étalée sur un week-end a duré moins de 48 heures. Cette hâte s’explique facilement : il s’agissait en effet de faire passer de nouvelles décisions anti populaires avant la réunion de l’eurogroupe du lundi 6 mai. Le vote de ces mesures dans les délais impartis figurait en première ligne des exigences posées par la Troïka pour valider l’examen (review) de la mise en œuvre des engagements contractés par le gouvernement grec lors de la signature du troisième mémorandum. Après tout, ce même mémorandum, signé par Alexis Tsipras en juillet 2015 (un document de plus de mille pages sans les annexes), qui impliquait l’ensemble des mesures que le parlement grec ne fait que valider depuis cette date, avait également été voté en moins de 48 heures, là encore pour se conformer aux ultimatums de la Troïka et parfaire le tableau de la vassalisation du pays et de ses institutions représentatives.

La réforme des retraites votée par la majorité Syriza et Anel de la Vouli est hautement symbolique. Elle est la troisième de ce genre depuis le premier Mémorandum de 2010. Les retraités grecs (27% de la population du pays) ont déjà vu leurs pensions diminuer de 30 à 50% au cours des six dernières années. La pension moyenne en Grèce, avant la mise en œuvre de cette troisième réforme, s’élevait à 882 euros, dans un pays où le coût de la vie hors logement est comparable à celui des pays européens les plus développés.

Fait d’une importance cruciale pour saisir la portée de cette destruction du système des retraites : dans un pays dévasté par la crise, où le taux de chômage officiel dépasse 23% et où plus de quatre cent mille personnes ont émigré depuis 2010, le budget de plus d’un ménage sur deux dépend majoritairement de la retraite des grands-parents. En effet, selon les chiffres communiqués par Savas Robolis, un universitaire expert de la question, proche par ailleurs du gouvernement, 350 000 familles ne disposent d’aucune source de revenu provenant de l’activité de leurs membres, 500 000 familles ne comptent qu’un seul actif et seuls 105 000 parmi les 1,35 million de chômeurs sont indemnisés |1|.

Le caractère explosif de ce dossier explique pourquoi la non-diminution supplémentaire des retraites était l’une des « lignes rouges » du gouvernement Syriza lors de la première phase, celle de la « négociation conflictuelle » avec la Troïka, qui s’est achevée avec la capitulation de Tsipras en juillet 2015. C’était également l’une des principales exigences du « plan Juncker » qui avait été rejeté lors du référendum du 5 juillet 2015.

Pour couvrir leurs reniements, Tsipras et son gouvernement, tout particulièrement le ministre du travail Giorgos Katrougalos, ont multiplié les déclarations apaisantes, dont le caractère mensonger devenait de plus en plus évident une fois arrêtées les grandes lignes de la « réforme ». Ils ont persévérés dans cette ligne jusqu’au bout. Ainsi, lors de son allocution au parlement, Katrougalos déclarait « aucune retraite principale ne sera diminuée » tout en affirmant que « ce gouvernement n’enverra pas la facture aux générations suivantes » |2|. Alexis Tsipras, de son côté, n’a pas hésité à dire aux parlementaires que « nous protégeons les forces sociales qui pendant cinq ans, ont supporté le fardeau de la crise. Retraités, ouvriers, paysans, scientifiques, chômeurs. Ce sont les forces sociales que nous voulons représenter … Avec le projet de loi que nous votons aujourd’hui, nous visons à créer un système de retraite durable qui garantit des pensions pour tous les citoyens et en même temps ce sera conforme avec la justice sociale, en tenant compte des difficultés économiques de la situation » |3|.

La réalité des mesures votées, et une simple énumération de leurs conséquences, apporte un démenti cinglant à ces affirmations. Elle révèle en même temps un niveau de cynisme et de manipulation de l’opinion jamais atteint dans le pays après la chute de la dictature des colonels. Dans le texte qui suit Dimitris Stratoulis, ancien vice-ministre des affaires sociales du premier gouvernement Syriza, et l’un de meilleurs connaisseurs du dossier, démonte le mécanisme implacable qui ne fera qu’accélérer la mort sociale du retraité grec, et d’une bonne partie de la population de ce pays.


Des coups mortels portés au système des retraites

Dimitris Stratoulis, Unité Populaire, ancien vice-ministre des affaires sociales |4| |5|

Résumé par Stathis Kouvélakis

  1. Suppression graduelle jusqu’en 2019 de l’aide accordée aux 370 000 pensionnés recevant les retraites les plus faibles (EKAS), qui verront leur retraite diminuer en moyenne de 193 euros.
  2. La division des retraites en « retraite nationale » (sorte de filet minimal de 384€) et « retraite principale » ne conduit pas seulement à une baisse mais à un système « proportionnel » appliqué à la retraite principale qui signifie la fin de la retraite par répartition et l’engagement vers un système par capitalisation.
  3. Le durcissement des conditions d’attribution de la retraite nationale, la seule qui est garantie par l’Etat, touchera certaines catégories comme les handicapés avec un taux de handicap inférieur à 80%, qui n’atteindront même plus ce minimum.
  4. Diminution de 20 à 30% des retraites principales pour tous ceux qui partent à la retraite après le vote de la nouvelle loi du fait de la diminution du taux de remplacement ramené à 40,7% (la proposition initiale du gouvernement était de 45%, le taux précédent était de 60%).
  5. Les retraites principales déjà versées seront « recalculées » sur la base des nouveaux taux de remplacement et donc drastiquement diminuées. La perte sera compensée pour les celles et ceux qui sont déjà retraités jusqu’en 2018, par la règle de la « différence personnelle », mais celle-ci prendra graduellement fin à partir de 2018.
  6. Une grande part des retraites subit déjà des coupes du fait de la mise en place d’un plafond maximal de 1820 euros net, de la suppression graduelle de l’EKAS (cf 1) et de l’augmentation de la contribution santé, de la diminution de la retraite nationale pour ceux partis à la retraite à partir du 1er juillet 2016 et de la pénalisation supplémentaire à hauteur de 10% pour ceux qui partent à une retraite anticipée.
  7. Coupes de 15 à 20% aux retraites complémentaires, appelées à se poursuivre, du fait de l’application de la règle du « déficit zéro » aux régimes complémentaires.
  8. Instauration d’un nouveau mécanisme de diminution des retraites applicable à partir de 2017 pour tenir l’engagement de non dépassement de plus de 2,5% de l’enveloppe globale consacrée aux retraites par rapport à son niveau de 2009 et ce jusqu’en 2060, date à laquelle le nombre de retraités aura augmenté de 70% par rapport à 2009.
  9. Les retraités qui ont un emploi verront leur retraite diminuer de 60%.
  10. Hausse brutale cotisations retraites des professions libérales, des indépendants et des auto-entrepreneurs, catégories très développées en Grèce où seulement 66% de la population active est constituée de salariés et dont la plupart ont des revenus moyens et faible. Avec la hausse de la fiscalité, ce sont deux tiers du revenu de ces catégories qui aboutit aux caisses de l’État.

Notes

|1| http://www.efsyn.gr/arthro/apo-enan…

|2| http://www.tovima.gr/politics/artic…

|3| http://www.efsyn.gr/arthro/vrady-i-…

|4| http://www.dikaiologitika.gr/eidhse…

|5| Voir le communiqué qu’Eric Toussaint avait publié suite à la rencontre avec le ministre Dimitris Stratoulis qui a eu lieu en mai 2015 http://www.cadtm.org/Communique-d-E…

enseigne la philosophie politique au King’s College de l’université de Londres, est membre du comité central de Syriza et du Courant de gauche de ce parti. Membre de la rédaction de la revue Contretemps, il a dirigé l’ouvrage Y a t il une vie après le capitalisme ? (Le Temps des Cerises, 2008) et il est l’auteur de La France en révolte : Luttes sociales et cycles politiques (Textuel, 2007) et de Philosophie et révolution, De Kant à Marx (PUF, 2003). Il est membre du comité central de la Coalition de gauche grecque SYRIZA -EKM.

Article publié sur le site du CADTM

http://www.cadtm.org/Grece-La-mort-sociale-des

 

Questions grecques sur le pillage des aéroports

Pepe RIGOPOULOU

Une entreprise (semi) publique allemande achète 14 aéroports grecs moins cher que la TVA impayée de l’aéroport d’Athènes détenu par une autre entreprise allemande. L’accord prévoyait que l’entreprise fasse des investissements…..c’est le paquet Junker , subvention promise à la Grèce par l’Europe depuis des mois, qui en tient lieu

L’arnaque de FRAPORT :
c’est la subvention du paquet Junker « investie » dans les 14 aéroports.

L’appel d’offres pour la concession des aéroports avait été lancé par le précédent gouvernement Samaras-Vénizelos comme « étape de développement de l’infrastructure du pays », « investissement dans la qualité des services fournis aux voyageurs grecs et étrangers », et naturellement pour « attirer de gros investissements »vers un pays ayant besoin de travail et d’argent frais. SYRIZA, dans l’opposition, qui se trouvait dans toutes les manifestations contre les concessions, s’est vu « contraint » cependant d’accepter la fin du match et il se trouve que c’est ses ministres (parmi lesquels Giorgos Stathakis de La Chanée) qui ont apposé leurs signatures à la convention finale avec FRAPORT.

Et quand tous attendaient l’afflux d’argent frais allemand pour rénover nos aéroports, arrive la nouvelle de l’accès de FRAPORT au paquet Junker, avec un financement de 300 millions d’euros, exactement comme l’article de la convention, destiné à la mise à niveau des 14 aéroports. Dans les accords signés, l’entreprise s’était engagée, dans les trois ans, à investir 330 millions d’euros ; autrement dit, elle n’aura besoin de débourser que 30 millions ( s’il ne se trouve pas une autre subvention pour cela).

La première question qui vient à l’esprit est : pourquoi cette subvention ne pouvait pas être destinée directement à la rénovation des aérodromes mais avait besoin de passer par les poches d’une entreprise allemande ? Je me demande si les parties allemande et grecque savaient qu’il pouvait y avoir cette subvention courageuse quand sont tombées les dernières signatures, et finalement quel type de « croissance » produit un investissement, quand une entreprise allemande semi étatique est subventionnée par l’argent européen pour gérer la propriété publique grecque ?

« Et à la fin , c’est l’Allemagne qui gagne ». Cette phrase reprise des souvenirs des matchs de foot, va comme un gant au cas de FRAPORT en ce qui concerne l’aventure de la concession de 14 aéroports du pays ( dont celui de La Chanée) pour une durée de 40 ans.

… FRAPORT est dirigé par un conseil de surveillance de 20 membres auquel participent :
4 membres privés , 3 représentants de l’état fédéral de Hesse, 2 représentants de la municipalité de Francfort, un représentant de la république fédérale d’Allemagne et 10 représentants du personnel.
…………..
Μάριος Διονέλλης / e-dromos.gr/

http://kinisienergoipolites.blogspot.fr/2016/08/fraport-14.html

SI

Si réellement le prix de vente de 14 aéroports rentables de notre pays pour 40 ans à l’entreprise publique allemande FRAPORT est de 1, 234 milliard, pourquoi alors le gouvernement grec ne recouvre-t-il pas le 1, 4 milliard de TVA que doit l’entreprise également allemande Hochtief qui exploite l’aéroport « El. Venizelos » pour ne pas vendre les autres aéroports à ce prix dégradant ?

Peut-être que le nouveau ministre de l’économie qui a déclaré qu’il ne laisserait personne « empocher la TVA » pourrait commencer par cette entreprise ?
….

traduction Palili

URL de cet article 30736
http://www.legrandsoir.info/questions-grecques-sur-le-pillage-des-aeroports.html

Grèce : Récession économique au 2eme trimestre

ELSTAT ( l’INSEE grec) annonce qu’une réduction de 0,7% du PIB a été enregistrée au deuxième trimestre de 2016, le taux d’activité économique de la croissance restant négatif. L’Autorité statistique grecque note une baisse du PIB au deuxième trimestre de 316 millions. d’Euros de moins que l’an dernier sur la même période (baisse de 0,7%). Avec les nouvelles données dans la première moitié de l’année, la baisse se situait à 0,75% depuis le premier trimestre, le PIB a diminué de 0,8% par rapport aux prévisions précédentes de 1,4%. Maintenant, l’attention se tourne vers ce qui se passera dans la seconde moitié de l’année.
Selon la première estimation de ELSTAT, l’économie a enregistré une croissance positive de 0,3% du PIB par rapport au premier trimestre 2016, mais une baisse de 0,7% du PIB par rapport au même trimestre en 2015.

Dessin : « Bonnes nouvelles! L’indice de notre économie est apparu en Chine et vers le haut! «

EUROSTAT: UN JEUNE GREC SUR QUATRE EST HORS DU TRAVAIL ET DE L’ÉDUCATION :
Les nouvelles données publiées par EUROSTAT reflètent à nouveau la précarité dans laquelle se trouvent des dizaines de milliers de jeunes en Grèce.
Alors que les prêteurs et les organisations d’employeurs font pression pour une plus grande flexibilité sur le marché du travail, EUROSTAT révèle que 26,1% des jeunes de 20 à 24 ans en Grèce ne sont ni au travail , ni dans l’ enseignement ou ne suivent pas de programme de formation alors que la moyenne européenne se situe à 17,3%!
Ces chiffres signifient que un jeune grec sur quatre est « perdu », inscrit sur les listes du chômage. Il est révélateur que cette situation comparée à 2006, a considérablement augmenté en passant de 16,8% à 26,1%.

Dédommagements allemands :

Revue de la presse hellénique 12/08/2016

Se référant à un article du magazine allemand « Der Spiegel », Kathimérini relève que le Parlement va débattre en Assemblée plénière et approuver le rapport de la commission interpartis pour la revendication des dettes allemandes, dans les dix premiers jours de septembre.  Selon le journal grec, les travaux de cette commission se sont terminés le 27 juillet. La magazine allemand qui prétend avoir eu connaissance de ce rapport, note que le montant revendiqué est de 269 milliards d’euros et relève que les rédacteurs proposent dans un premier temps la voie diplomatique pour atteindre cet objectif, sans exclure le recours à la justice, si nécessaire. L’article relève que, lors de la dernière réunion de la commission interpartis, le rapport a été rejeté par la ND, tandis que le parti communiste KKE et Aube dorée se sont abstenus. Il a été approuvé par SYRIZA, les ANEL, le parti démocratique, la Rivière et l’Union des centristes.

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