Publications par auteur⋅ice

Author Archive by rédaction

Le tribunal permanent des peuples condamne l’UE et la France

Gus Masiah ( Économiste, Ingénieur, spécialiste de l’urbanisme, altermondialiste) était l’invité de Noël Mamere sur le Media ce mardi 6 février 18 .

Dans cet entretien de 16 mn il évoque le rôle mais aussi le poids du Tribunal permanent des peuples qui est un tribunal d’opinion saisi par des mouvements ou des associations . Fondé en 1979 par Lelio Basso

Le dernier en date s’est tenu les 4 et 5 janvier à Paris, au Centre International de Culture Populaire (CICP), pour une session consacrée aux violations des droits humains des personnes migrantes et réfugiées.

Il a rendu un jugement accablant sur l’UE et la France en les condamnant symboliquement de complicité de crime contre l’humanité au sujet du droit des exilés. (le terme d’exilés étant plus approprié que celui de migrants ou réfugiés).

voir l’entretien complet  https://www.lemediatv.fr/video/l-invite-de-noel-gus-massiah-060218-02072018-1137

Lire également sur le même sujet le billet de Benjamin joyeux https://blogs.mediapart.fr/benjamin-joyeux/blog/050118/les-politiques-migratoires-au-tribunal-des-peuples

« Sur la route d’Exarcheia » à la MDA

Le collectif Grèce-austérité de Grenoble soutenu par Attac 38 et CADTM38 

 vous invite à la projection-débat du film

Sur la route d’Exarcheia

Récit d’un convoi solidaire en utopie

Le Mardi 6 mars 2018 à 20 h

à la Maison des associations de Grenoble 6 rue Berthe de Boissieux Salle de conférence

suivie d’un débat avec Eloïse Lebourg réalisatrice et un des convoyeurs

Le film (57mn) – Le 28 mars 2017, un mystérieux convoi de 26 fourgons venus de France, Belgique, Suisse et Espagne arrive au centre d’Athènes, dans le quartier rebelle d’Exarcheia. Les chaînes de télé grecques évoquent une grave menace. Le ministre de l’intérieur annonce qu’une enquête est ouverte. La fabrique de la peur tourne à plein régime.

En réalité, il s’agit d’un convoi solidaire qui vient apporter un soutien matériel, politique et financier au mouvement social grec et aux réfugiés bloqués aux frontières de l’Europe. Parmi les 62 visiteurs, 4 enfants participent à cette aventure humaine : Achille, Nino, Capucine et Constance. Ce film raconte cette odyssée fraternelle et rend hommage aux solidarités par-delà les frontières.

Production MEDIACOOP – Réalisation de Éloïse LEBOURG avec le soutien de Maxime GATINEAU et Mathias SIMONET.Images de Maxime GATINEAU, Éloïse LEBOURG, Roman STACHA. Montage et mixage de Mathias SIMONET.Enregistrement voix off MIX & MOUSE. Voix de Constance et Capucine.
Avec le soutien du collectif solidaire ANEPOS. Remerciements à Maud et Yannis YOULOUNTAS et tous les convoyeurs.

Le débat – Au-delà du récit de ce convoi solidaire (notre collectif a participé à la collecte), il sera aussi question de la quasi colonisation de la Grèce par les intérêts financiers et sur les conséquences concrètes pour la population des mesures d’austérité décrétées par l’Union européenne et mises en œuvre par le gouvernement grec.

Les actions du collectifs – Vous trouverez dans la salle :

* des  produits VIOME + information sur leur situation et sur la prochaine commande groupée,
* des confitures vendues au profit des dispensaires autogérés grecs ( frais postaux),
* des tracts de présentation du collectif , ses objectifs, ses actions ,
* des tracts d’appel aux dons pour les dispensaires autogérés grecs,
* un chapeau pour la participation aux frais de la soirée ( droit et déplacements),
* les panneaux d’information du CADTM 38 sur la situation en Grèce. 

Merci de diffuser l’information dans vos réseaux avec cette affiche Sur la route d’Exarcheia_affiche_A4

Grèce. La droitisation de SYRIZA: un gouffre social, moral et idéologique

Publié par Alencontre le 1 – février – 2018

Par Antonis Ntavanellos

Le 15 janvier 2018 a été soumis au Parlement grec, et par la suite adopté par la majorité de SYRIZA-ANEL [Grecs indépendants], le projet de «loi-valise», par lequel le gouvernement Tsipras assure le «bon» déroulement de la 3e évaluation de la situation économique grecque par les créanciers. Ainsi, ce gouvernement suit sa route vers la fin formelle du programme du 3e mémorandum (signée le 14 août , annoncée pour août 2018.

D’ici à cette date le gouvernement doit encore éviter deux récifs. D’une part, les «stress tests» (tests de résistance bancaire) des banques grecques [Banque nationale de Grèce, Piraeus Bank, Alpha Bank et Eurobank], où il espère que les créanciers et la Commission européenne accepteront l’application de critères moins stricts, afin d’éviter le scénario d’une nouvelle recapitalisation des banques qui ferait exploser la vision optimiste de l’économie grecque actuellement diffusée. D’autre part, la stratégie de communication de Tsipras qui, malgré tous les problèmes, est déjà en train de préparer les prochaines élections. Il a encore en perspective la 4e évaluation (au printemps 2018), qui débouchera sur de nouvelles mesures d’austérité supplémentaires.

A condition que le gouvernement arrive à surmonter ces risques, il pourrait espérer obtenir une promesse favorable à des mesures «d’allégement» de la dette grecque, principalement un plus grand étalement dans le temps des indispensables remboursements. Dans tous les cas, les créanciers, pour l’instant, déclarent que le débat sur la dette sera officiellement ouvert après août 2018.

Il convient de noter que la fin formelle du 3e mémorandum ne signifie pas la fin des politiques mémorandaires brutales. Comme il a été explicitement convenu lors de la signature par Tsipras du 3e mémorandum, la totalité des lois, règles et règlements, associés au mémorandum, l’ensemble des contre-réformes néolibérales des huit dernières années, resteront en vigueur, au même titre que la mise sous «surveillance» de l’économie grecque jusqu’en… 2060 (c’est-à-dire jusqu’à ce que soient remboursés au moins les 75% de la dette) !

Le projet de «loi-valise»

Les dispositions mises en place lors de la 3e évaluation comportaient plusieurs mesures brutales:

• L’article le plus controversé dans cette loi est celui qui autorise les banques et les administrations publiques de procéder par voie électronique à la mise aux enchères des domiciles des familles populaires qui sont dans l’incapacité de régler leurs dettes. Le gouvernement a déjà essayé de procéder à des ventes aux enchères en grand nombre. Mais il a rencontré une résistance importante, entre autres par des mobilisations (au sein desquelles l’Unité Populaire – LAE – a tenu le premier rôle) qui ont empêché les tribunaux de tenir audience et de rendre les décisions de mises aux enchères. Le gouvernement a tenté la répression, et il a lamentablement échoué, provoquant la présence encore plus nombreuse des manifestant·e·s devant et à l’intérieur des tribunaux. Aussi, l’apparition du Parti communiste grec (KKE) dans ces actions, qu’il a rejointes avec beaucoup de retard, a aidé à affermir la conviction que nous pouvions arrêter les décisions gouvernementales sur cette question, cruciale pour les banques et les créanciers. Le gouvernement tentera d’éviter cet affrontement en organisant dès à présent des ventes aux enchères électroniques, dans des centaines d’études de notaires de tout le pays. Mais le programme de vente aux enchères concerne un tel grand nombre de cas qu’existe l’espoir réaliste que le mouvement de résistance se déplacera vers les quartiers pour y livrer la bataille afin de mettre un cran d’arrêt aux expulsions.

• Un emblématique tournant réactionnaire a été également la modification radicale de la loi qui régissait le droit de grève. Cette loi a été conquise de hautes luttes ouvrières pendant la période ayant suivi la chute de la dictature [1974]. Aujourd’hui, un gouvernement, dont seul le nom renvoie au terme de gauche, a décidé que pour qu’une grève soit déclarée, 50% +1 des travailleurs d’une entreprise ou d’une branche doivent être présents et approuver la décision d’entrer en grève. Une telle réglementation fut pendant des décennies le souhait des cadres dirigeants capitalistes les plus extrémistes, un souhait qui semblait jusqu’à présent irréalisable.

Incontestablement, la «loi-valise» contient bien d’autres mesures critiques, telles que des coupes majeures dans les allocations familiales et les retraites, ainsi que des modalités facilitant encore plus les privatisations au sein des «secteurs stratégiques» comme ceux de l’électricité ou de l’eau.

La grève

Cette politique gouvernementale a été systématiquement aidée par la direction des bureaucraties syndicales des secteurs public et privé qui, sous la houlette d’une coalition de cadres du PASOK, de Nouvelle Démocratie et de SYRIZA, ont tout fait pour faire obstacle au démarrage et à l’organisation de sérieuses mobilisations. Ainsi les grandes confédérations se sont abstenues de décider la grève en laissant sans protection et appui les travailleurs et travailleuses qui avaient l’intention de s’engager dans de telles luttes.

Tout le poids est retombé sur les épaules des syndicats de base où la gauche est une force motrice. Mais, encore à ce niveau, l’attitude du KKE proposant une seule journée de grève au moment du vote de la «loi-valise», sans mobilisations préalables, réduisait l’importance de cette grève, la transformant en action symbolique «pour l’honneur». Tenant compte de toutes ces données et de notre expérience, nous estimons que la participation à la grève était plus grande que prévu, mais largement insuffisante à l’aune de ce qui aurait fallu pour arrêter l’offensive gouvernementale.

La grève s’est étendue en particulier dans les transports publics (près de 100%) et dans le secteur de la navigation. Néanmoins, cette grève dans transports faisait obstacle à la possibilité de se rendre sur les places où étaient appelées les manifestations. Ainsi, les rassemblements se sont essentiellement appuyés sur les militants déterminés de la gauche politique.

Une fois de plus l’expérience de l’après 2015 a été confirmée en Grèce: les gens sont indignés et en colère, mais pour l’heure cela ne se traduit pas dans une action directe de masse, car pèse sur eux la déception durable provoquée par la défaite de 2015, et le manque d’une alternative politique convaincante pour le renversement de la brutale austérité.

La droitisation

Tsipras, en capitalisant sur la déception populaire et ouvrière, opère donc un déplacement rapide de sa base sociale et se tourne vers les classes dominantes.

SYRIZA a déjà organisé autour d’elle une alliance avec le cercle de capitalistes qu’elle appelait avant 2015 «la face obscure de l’entrepreneuriat». Des capitalistes qui ont construit des fortunes sur divers trafics, sur le jeu, sur le blanchiment d’argent, sur leur présence forte dans le football et qui, toujours, dépendent des bonnes relations avec les gouvernements respectifs.

SYRIZA étend ses relations en direction des «familles» les plus traditionnelles de la bourgeoisie, mettant ainsi à profit ses relations avec les banques et une instrumentalisation particulière des privatisations. C’est-à-dire qu’elle prend soin, tout en attirant des investissements étrangers, d’assurer une place et un rôle des capitalistes autochtones en tant que «partenaires locaux» des fonds internationaux et des transnationales, prétendant ainsi résister, face aux forces supérieures des «marchés internationaux», à «la déshellénisation des entreprises».

Mais principalement, la direction de SYRIZA met en avant sur tous les tons l’argument de la stabilité. C’est-à-dire l’affirmation que le gouvernement SYRIZA-ANEL a appliqué à vive allure les dispositions mémorandaires, tout en réduisant sensiblement les réactions populaires et des masses laborieuses, en installant dans le pays un climat de «paix sociale» pour la première fois depuis des années.

L’ambition de servir les intérêts de la classe dominante dans son ensemble se prolonge, sans que ce soit un hasard, jusqu’au soutien à des velléités les plus inflexibles du nationalisme grec dans la région.

Le gouvernement, avec pour figures de proue les ministres de la Défense Panos Kammenos (Anel) et des Affaires étrangères Nikos Kotzias (SYRIZA), a poursuivi sans problème la politique de la droite à propos du Moyen-Orient et de la Méditerranée Orientale: le soutien ouvert aux Etats-Unis, l’intensification de la présence de l’OTAN en mer Egée, le renforcement de «l’axe» avec l’Etat d’Israël et avec la dictature de Sissi, avec pour but l’isolement de la Turquie d’Erdogan, instable et ambivalente. Le gain serait la participation au partage du pétrole et du gaz en Méditerranée orientale et du sud-est, et le renforcement du centre de gravité grec au niveau des développements et des perspectives à Chypre.

Récemment la diplomatie grecque se tourne vers l’ouest des Balkans. Elle se réjouit de prétendre résoudre le différend avec la République de Macédoine au sujet du «nom», sur la base des termes dictés par l’Etat grec.

Avec le plein soutien des Etats-Unis, de l’UE et de l’OTAN, les «négociateurs» grecs exigent un nouveau nom pour le pays voisin, un «nom composé» (il semblerait celui de «Nova Makedonja») qui remplacerait celui de «République de Macédoine», pour tous les usages (erga omnes: à l’intérieur du pays et à l’échelle internationale, dans le langage officiel comme au quotidien), qui serait écrit en alphabet cyrillique (?) et utilisé à l’international tel quel sans pouvoir être traduit ni conjugué.

Le changement de l’appellation de l’Etat voisin devrait se reporter obligatoirement sur la qualification de sa langue et celle de la citoyenneté. Cette violation absurde du droit démocratique à l’autodétermination vise seulement à garantir l’usage grec exclusif du terme Macédoine.

Cet «arrangement» a pour vrai objectif l’intégration immédiate de la République de Macédoine à l’OTAN (probablement lors du prochain sommet, de juillet 2018) et le démarrage du processus de son intégration dans l’UE.

La véritable négociation s’est faite entre les grandes puissances occidentales et l’Etat grec, au sujet des contreparties suffisantes pour la levée du veto à l’intégration de la Macédoine à l’OTAN, émis par le gouvernement Karamanlis pendant le sommet de Bucarest, en 2008.

C’est pour cela qu’aujourd’hui l’OTAN et l’UE exercent une pression implacable sur le gouvernement de Zoran Zaev (en utilisant même l’influence des partis albanais qui se soucient peu de l’autodétermination «macédonienne»), afin qu’il accepte les conditions de la Grèce, en indiquant au gouvernement de Skopje qu’«il n’y a pas d’alternative».

En suivant cette politique, et par l’affirmation que l’extension de l’OTAN dans les Balkans renforcera la paix (!) et la démocratie (!!) dans la région, le gouvernement Tsipras s’efforce d’inclure dans son bilan une «réussite nationale», par la résolution, sur la base de la ligne des Etats-Unis, d’un problème qui stagnait pendant des décennies [1].

Ces mouvements tactiques font pression sur la direction de Nouvelle Démocratie, incarnée par Mitsotakis. En ayant conscience des bénéfices attendus par le capitalisme grec, Kyriakos Mitsotakis garde une «attitude responsable». Mais l’aile droite du parti et l’extrême droite nationaliste au-delà de Nouvelle Démocratie réagissent au plan idéologique, en organisant des rassemblements nationalistes [21 janvier à Thessalonique, avec 100’000 manifestants selon la police], en collaboration avec l’Eglise. Mais même ceux-là prennent soin de ne pas trop hausser le ton: d’une part, pour ne pas saborder par des provocations la politique du gouvernement, d’autre part, pour ne pas réduire les perspectives d’une victoire électorale de Nouvelle Démocratie.

Il s’agit d’une véritable incursion de Tsipras dans le projet politique de la droite. A travers celle-ci SYRIZA tente de suppléer à la perte de son influence parmi les couches populaires et laborieuses, ou de les réduire. Toutefois, tout porte à croire que cette tactique n’a pas de résultats spectaculaires, ou pas encore. Selon les déclarations d’un analyste critique radical, Tsipras est sur le chemin d’une bataille politique et électorale où il fera le constat que la faiblesse de la résistance des classes populaires est une chose, mais leur assentiment, fût-il seulement électoral, est tout autre chose.

Ce dont il y a toujours besoin en politique grecque, du point de vue des intérêts des travailleurs, c’est la création d’un pôle massif de la gauche radicale, qui servirait d’appui aux secteurs importants qui soutenaient SYRIZA, aujourd’hui déçus par sa politique et par son déplacement accéléré vers la droite. (Janvier 2018. Traduction par Manolis Kosadinos)

____

[1] Selon Jaklina Naumovski dans Le Courrier des Balkans, «le mercredi 24 janvier, en marge du sommet de Davos, sept ans après la dernière rencontre à ce niveau, les chefs de gouvernement macédonien et grec, Zoran Zaev et Alexis Tsipras, se sont retrouvés pour poursuivre le dialogue autour du conflit du nom de la Macédoine, montrant ainsi un nouveau signe de détente dans les relations entre les deux pays. Cette rencontre qui intervient à peine trois jours après la manifestation massive de Thessalonique, et à quelques jours de la visite dans les deux capitales du médiateur des Nations unies, Matthew Nimetz, qui doit faire part de ses nouvelles propositions pour résoudre le principal litige diplomatique entre les deux pays… Alexis Tsipras a confirmé son intention de soutenir son voisin du nord dans le processus d’intégration euro-atlantique. Ainsi, parmi les mesures allant dans ce sens, il a annoncé l’ouverture du poste frontière Markova noga à Prespa. Il a également précisé son engagement à « soutenir les procédures suspendues par son gouvernement, plus précisément la candidature de son voisin à l’Initiative Adriatique-Ionienne (ESS) et faire en sorte que la deuxième phase de l’Accord de stabilisation et d’association (ASA) avec l’UE soit ratifiée par le Parlement grec ». Ils ont conclu que les réunions continueraient dans les semaines à venir, notamment au niveau des ministères des affaires étrangères. Une rencontre saluée unanimement par les représentants de l’UE.»

La manifestation de Thessalonique est certes significative. Elle a reçu, selon des informations de la presse, le soutien de celui qui veut racheter le port de cette ville et qui a des liens avec Poutine: Ivan Savidis, plus russe que grec. Il est aussi le propriétaire de l’équipe de football PAOK Salonique, un des trois plus importants clubs de Grèce, et cultive les rapports avec l’Eglise orthodoxe. En outre, il a opéré de nombreux rachats d’immeubles et d’hôtels, ainsi que de firmes dans les secteurs du tabac et du sucre. Tout cela n’empêche pas – au contraire, pourrait-on dire – qu’il entretienne une relation avec Tsipras. Le projet politique pourrait être de constituer une droite dure au nord – qui ne se mélange pas avec la figure criminalisée d’Aube dorée – et qui fasse obstacle, lors des prochaines élections, à une percée victorieuse de la Nouvelle Démocratie de Mitsotakis. Tsipras est «capable de tout»!

Une des personnalités de premier plan de cette manifestation était le militaire à la retraite, nationaliste affirmé: Frangos Frangoulis (ou Fragos Fragoulis selon la translitération). Il a occupé des postes importants dans l’armée, dans les troupes spéciales, et dans l’état-major et les services de renseignement et fut général en chef des armées. Il occupa le poste de ministre de la Défense, brièvement, dans le gouvernement de transition de P. Pikramenos (mai-juin 2012). Mise en perspective historique, cette manifestation est toutefois loin d’avoir eu l’ampleur de celle de 1992.

Une autre manifestation se prépare, pour le dimanche 4 février à Athènes, et dans ce cas la Nouvelle Démocratie veut faire la démonstration de sa capacité d’opposition à Tsipras, tout en laissant entendre qu’elle ne veut pas faire obstacle à l’élargissement de l’OTAN. Aube dorée sera présente, dans les marges. L’Eglise orthodoxe participe à l’opération. Comble de la confusion politique Mikis Théodorakis sera l’un des principaux orateurs. Manolis Glezos, invité, a refusé. (Rédaction A l’Encontre)

source https://alencontre.org/laune/grece-la-droitisation-de-syriza-est-un-gouffre-ideologique-et-moral-sans-fond.html

Ne touchez pas au droit de grève Athènes 15/1/2018

Manifestation devant un tribunal pour empêcher une vente aux enchères de logements

Rencontre entre Zoran Zaev et Alexis Tsipras, le 24 janvier 2018

L’État d’abjection

L’État d’abjection, par Jean-François Bayart, CNRS

Partagé avec l’aimable autorisation de l’auteur

L’État d’abjection

A peine sortis de l’état d’exception, nous nous installons dans l’état d’abjection. La bouche mielleuse, nous parlons de l’impérieux devoir d’asile, mais dans les faits nous traquons les migrants et les réfugiés autour de nos gares, dans les centres d’hébergement, à nos frontières, et jusqu’en mer. En Libye, au Soudan, en Érythrée, nous sommes prêts à signer des accords infâmes avec des régimes infâmes. Nous imposons à nos alliés africains de faire le sale travail de refoulement à notre place. Nous stigmatisons l’immigration clandestine, mais rendons impossible l’immigration légale dont l’Europe a besoin, économiquement et démographiquement, et ce pour le plus grand bénéfice des passeurs contre lesquels nous prétendons lutter, et le plus grand danger des émigrés que nous assurons vouloir défendre de ces derniers. Nous nous alarmons du flot des réfugiés que nos bombardements et nos interventions militaires en Afghanistan, en Irak et en Syrie ont fait grossir. Dans nos villes, nous détruisons de pauvres biens de pauvres hères, nous assoiffons, nous privons d’hygiène et de sommeil, nous condamnons au froid et à l’errance, nous enfermons. Calais est devenu le visage hideux de la République.

De même que l’état d’exception a institué l’État d’exception, par l’inscription dans le domaine de la loi ordinaire de plusieurs de ses dispositions temporaires, l’état d’abjection nous conduira à l’État d’abjection, par acceptation générale de l’inhumanité sur laquelle il repose. Auréolé de son commerce estudiantin avec Paul Ricoeur, le fringant Emmanuel Macron en sera le parfait fondé de pouvoir, dont le ministre de l’Intérieur, hagard et patibulaire, accomplira les basses œuvres. D’ores et déjà, il s’emploie à faire taire le malaise qui sourd dans les rangs de son parti. Un consensus honteux se met en place entre la plupart des formations représentées au Parlement, un consensus dont les mots puent le mensonge et l’hypocrisie. Dans la droite ligne d’un Manuel Valls affirmant qu’expliquer c’est excuser, le président de la République entend « se garder des faux bons sentiments » et enfourche le cheval du populisme en opposant les « intellectuels » au « peuple » : « Quand il y a des désaccords entre le peuple et les intellectuels, c’est qu’il y a beaucoup de confusion chez les intellectuels », a-t-il déclaré à Rome le 11 janvier. A quand les jurys populaires pour recruter ou évaluer les universitaires ?

Or, cette politique est dangereuse en même temps qu’elle est abjecte. Elle met en dissidence un nombre croissant de personnes. Les migrants eux-mêmes, bien sûr, qu’elle accule à une clandestinité publique. Mais aussi les militants associatifs ou les simples citoyens qui leur portent assistance, et que pourchassent les forces de l’ordre ou qu’incriminent les juges pour crimes d’humanité. Les organisations mafieuses d’Europe du Sud ou d’Afrique saharo-sahélienne prospèrent grâce à la rente artificielle que leur procure la prohibition de l’immigration, et elles développent un savoir-faire dans le franchissement illégal des frontières que les djihadistes n’ont pas manqué d’exploiter à leur tour. En Libye, voire dans le Sahel, elles tendent à se militariser, sur le modèle du Mexique, où les cartels tirent parti tout à la fois du convoyage des migrants et du trafic de narcotiques. Le blocage des routes sahariennes désorganise l’économie du nord du Niger, au risque d’y favoriser une reprise de la rébellion touarègue, laquelle se grefferait sur les mouvements djihadistes du Mali. La misère et l’exclusion sociale auxquelles on astreint les réfugiés ou les migrants dans nos villes constituent une menace pour la santé publique en les privant de suivi et de soins médicaux, alors même que ces populations en provenance des zones de guerre d’Irak, de Syrie et de Libye sont potentiellement porteuses de maladies graves et de formes de résistance aux antibiotiques qu’a engendrées leur exposition aux métaux lourds et à toutes sortes de pollution, dans les ruines des villes bombardées – l’une des conséquences des guerres de l’Occident que leurs thuriféraires néoconservateurs préfèrent passer sous silence, mais qui est la hantise des hôpitaux. Pis encore, la République, son administration, sa police, sa classe politique, perd son âme et son honneur.

Face à l’état d’abjection qui tourne au crime contre l’humanité et à la violation systémique des droits de l’Homme, et en attendant la saisine de la Cour pénale internationale, désormais inévitable à terme, le fonctionnaire doit faire valoir son devoir de désobéissance à des ordres anticonstitutionnels de nature à compromettre un intérêt public, et le citoyen son droit à la désobéissance civile. La complicité, même passive, n’est plus de mise. C’est en toute clarté intellectuelle qu’il convient de résister à la confusion morale qui entache notre politique migratoire depuis près de cinquante ans.

 Par Jean-François Bayart

Source http://movida.hypotheses.org/1943

La Grèce rivée en mode survie

LA GRÈCE RIVÉE EN MODE SURVIE, par François Leclerc Billet invité sur le blog de Paul Jorion.

La Grèce a connu l’année dernière sa première croissance en neuf ans, autour de 1,3%, et cela a suffi à Klaus Regling, le directeur général du MES, pour déclarer qu’elle n’est plus « en mode crise ». Encore un succès à mettre à l’actif de la politique européenne de rééquilibrage budgétaire !

Des experts documentaient cette année à Davos le procès du PIB et planchaient sur un autre indice intitulé Inclusive development index (IDI), l’indice de développement inclusif. Mais, bien que décrié, le PIB a la vie dure. Qu’il permette des démonstrations de complaisance de ce type n’y est sans doute pas étranger.

Abusifs, les commentaires fleurissent sur le thème que les indicateurs reviennent au vert en Grèce, dans la perspective de la fin de son troisième plan de sauvetage fin août prochain. C’est un peu vite oublier qu’un Grec sur cinq est officiellement au chômage, et qu’au troisième trimestre 2017 – dernières données disponibles – la consommation a baissé de 1% sur un an et l’investissement de 8,5%. Rien qui augure d’un démarrage en fanfare, même avec ces indices qui demanderaient eux aussi un sérieux coup de propre à l’heure du Big data, une fois leurs biais corrigés ! Mais la science économique a ceci de particulier qu’elle ne se soucie pas de la qualité de ses données… Pour mémoire, la conception du PIB date des années 30 aux États-Unis, lorsqu’avait été ressenti le besoin d’un outil permettant de mesurer la sortie de l’économie de la Grande dépression. Par défaut, il continue de faire autorité et de tromper.

D’autres indicateurs restent en berne à Athènes: la consommation du troisième trimestre 2017 a baissé de 1% sur un an, et l’investissement de 8,5%. Qu’importe, l’indice de la croissance est Roi !

La Grèce serait donc sortie de la crise, mais comment qualifier une situation où plus de 35% des Grecs sont sous le seuil de pauvreté, où la moitié d’entre eux vivent d’une pension de retraite – la leur ou celle de leurs parents – où sept jeunes sur dix âgés de 18 à 35 ans rêvent de partir à l’étranger ? Quel avenir peuvent-ils attendre d’un pays dont le montant de la dette publique correspond à 178% du PIB, et où la croissance devra prioritairement financer son remboursement, à moins qu’une nouvelle crise de la dette ne le mette à nouveau à terre ?

La vérité toute simple est qu’un tel pays ne peut pas prétendre au développement mais tout juste assurer la survie de ses habitants, et ce pour très longtemps.

LA GRÈCE RIVÉE EN MODE SURVIE, par François Leclerc

Grèce : Pris au piège

Pour les réfugiés syriens ou irakiens, la Grèce constitue la principale porte d’entrée en Europe. L’accord conclu par l’Union européenne avec la Turquie en mars 2016, qui prévoit le renvoi des migrants sur le sol turc, n’a pas stoppé les traversées : 30 000 personnes l’an dernier, dont 40% d’enfants.

Une partie des arrivants clandestins s’entasse sur l’île de Lesbos. Une équipe du magazine « Avenue de l’Europe » a pu se rendre dans le camp de Moria, interdit aux journalistes comme aux associations de défense des droits de l’homme, et y tourner ce reportage en caméra cachée.

Le camp de Moria, une décharge à ciel ouvert

C’est une décharge à ciel ouvert que découvrent les journalistes. Installé sur les hauteurs de l’île, le « hot spot » est prévu pour 2 000 personnes et en accueille près de 5 000. Totalement insalubre, dangereux, il pousse certains migrants au suicide.

D’autres, au bout de l’espoir, n’ont plus qu’à tenter un retour au pays. Un nouveau business pour les passeurs, qui font payer la sortie d’Europe 1 500 euros par personne.

Un reportage de Frédérique Maillard et Salah Agrabi, diffusé dans « Avenue de l’Europe » le 24 janvier 2018.

https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/migrants/video-grece-pris-au-piege_2565009.html

 25/1/18  Durée 14 mn 16

Justice pour la Grèce

Message du mouvement We move.EU

Notre priorité est-elle l’argent ou l’entraide ?

Le peuple grec continue d’être écrasé sous la pression des clauses d’austérité. Les hôpitaux peuvent à peine dispenser les soins de base, avec une infirmière pour 40 patients [1]. Les salaires continuent de dégringoler. Les retraites ont été plusieurs fois réduites depuis 2010 [2]. Le chômage a plus que doublé [3].

Et l’argent du plan de sauvetage était censé « aider » la Grèce à sortir de cette situation ? Les pays de la zone euro en ont tiré des milliards d’euros d’intérêts [4].

Mais les ministres des finances européens ont le pouvoir de changer de cap. Ils viennent de se réunir à Bruxelles, et leur prochain rendez-vous est dans moins d’un mois. Si nous leur montrons que les Européens ne veulent pas profiter du désespoir de la Grèce, ils ne pourront plus agir à leur guise et en notre nom.

Il ne s’agit pas d’argent – Il s’agit de savoir quel genre de peuple nous voulons être. Si nous sommes plus de 100 000 à signer la pétition, nous serons en mesure de faire parvenir notre message avant que les ministres prennent une décision. Ensemble, rappelons-leur : l’Europe doit d’abord être solidaire, pas lucrative !

Signez la pétition pour exiger que l’argent soit rétrocédé à la Grèce

La Banque Centrale Européenne a commencé à acheter des bons du trésor grecs en 2010, quand le pays a eu besoin d’un premier prêt. Si la BCE n’achetait pas les titres, la Grèce aurait été obligée de faire baisser leur prix. Mais la BCE a empêché la Grèce de le faire, par une condition incluse dans le plan d’aide. Chaque année, ces bons surévalués génèrent des profits colossaux, auparavant reversés à la Grèce [5].

Ça a changé en 2015, quand les Grecs ont voté contre les coupes budgétaires qui affectent leur vie quotidienne. Pour punir ce vote, la zone euro a décidé d’empocher les profits engendrés par les bons, au lieu de les reverser à la Grèce comme convenu au départ [6].

Signez pour montrer aux ministres des finances que nous soutenons la Grèce

 

Après des années d’austérité, douze augmentations successives des impôts et autant de réductions drastiques des services publics, le peuple grec n’en peut plus et ne peut plus être exploité. Les pays de la zone euro vont sûrement discuter des intérêts provenant des bons grecs dans moins d’un mois, et plus que jamais, le peuple grec a besoin de nous pour les soutenir.

Si nous laissons les élites politiques décider eux-mêmes, ils oublieront notre principe le plus élémentaire : la solidarité. Les citoyens européens ne veulent pas être des vautours qui tirent profit de la détresse de leur voisin.

Unis, nous pouvons agir pour que ces intérêts soient rétrocédés à la Grèce, et exiger que la reprise économique d’un pays prenne en compte la vie et la dignité des gens. Ensemble, nous avons le pouvoir de montrer au peuple grec que nous les soutenons. Et aux gouvernements que nous attendons de la solidarité, pas de l’exploitation.

Bien à vous,

Mika Leandro (Bordeaux), David Schwartz (Bruxelles), Virginia Lopez Calvo (Madrid), Joerg Rohwedder (Lübeck) et toute l’équipe WeMove.EU

PS : L’UNICEF a déclaré que la moitié des enfants grecs vivait dans la pauvreté. Plus d’1,5 million de Grecs vivent dans des conditions de pauvreté extrêmes [7]. Avons-nous vraiment le droit de faire du profit sur le dos de la dette grecque ? Signez la pétition

Références: 

[1] http://www.liberation.fr/planete/2017/06/14/dans-les-hopitaux-grecs-des-malades-renoncent-a-se-soigner_1576853

[2] http://fr.euronews.com/2017/04/04/grece-les-retraites-en-colere-contre-la-12eme-baisse-de-leurs-pensions

[3] https://www.francetvinfo.fr/monde/grece/grece-le-taux-de-chomage-a-depasse-la-barre-des-25_153761.html

[4] http://www.lemonde.fr/economie/article/2017/10/26/comment-la-bce-a-gagne-7-8-milliards-d-euros-grace-a-la-dette-grecque_5206484_3234.html

[5] https://www.reuters.com/article/us-ecb-greece/ecb-to-swap-greek-bonds-to-avoid-forced-losses-sources-idUSTRE81F1EK20120216

[6] https://blogs.alternatives-economiques.fr/gadrey/2015/08/27/depuis-cinq-ans-le-malheur-des-grecs-fait-les-benefices-de-l-allemagne

[7] http://grece-aube.fr/2017/04/02/remy-3/

WeMove.EU est un mouvement ouvert à toutes celles et ceux militant pour une meilleure Union européenne, attachée à la justice sociale et économique, à la gestion durable de l’environnement, et à l’implication des citoyens dans les processus démocratiques.

WeMove.EU fonctionne grâce aux dons que nous recevons de nos membres à travers l’Europe. Souhaitez-vous nous soutenir, et vous assurez que nous continuions à lutter pour gagner nos actions, avec un don de quelques euros par mois ?

Macédoine …et légumes La rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis  Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif  et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque.

Macédoine… et légumes

C’est l’hiver, certes doux, et… c’est le pays où les habitants meurent à petit feu. Cette semaine, l’actualité a encore tourné autour du pot cassé, sans répondre, même partiellement, aux flagrantes apories humaines réellement existantes. Plus de deux cent mille personnes (près de cent mille d’après le comptage de la police), se sont rassemblées à Thessalonique pour s’opposer à la réouverture des négociations entre la Grèce et la Macédoine slave, surtout à l’utilisation par cette dernière du nom historique de “Macédoine”. Autrement-dit, l’ex-République Yougoslave de Macédoine, au sujet de sa désignation définitive officielle (et ainsi enfin acceptée par les deux pays). Macédoine… et alors légumes !

Le rassemblement de Thessalonique, le 21 janvier 2018 (presse grecque)

Cette histoire est suffisamment vieille, le ridicule des gouvernements de Skopje ne tue heureusement personne lorsque ces voisins Slaves s’autoproclament officiellement héritiers d’Alexandre le Grand et de son dynastie Macédonienne d’alors, et du côté grec, on admet difficilement, voire pas du tout, que d’autres voisins peuplant une partie de la Macédoine géographique (dont la plus grande partie forme la région homonyme du nord de la Grèce), puissent enfin s’autodésigner de la sorte (“Macédoniens”).

Dans les faits, la Macédoine slave est pour la plupart des autres pays la Macédoine tout court, et il suffirait d’ôter de sa Constitution ces alinéas directement irrédentistes “quant à la libération de l’ensemble de la Macédoine”, puis côté grec, rechercher le compromis sans forcément la compromission, pour enfin avancer. Car sinon, les liens commerciaux et même touristiques entre les deux pays sont plus que bonnes aux dires de tous.

Et pourtant l’affaire est pourtant un peu plus compliqué (ou alors plus simple, c’est selon). Car l’initiative des négociations actuelles entre les deux pays pour un contentieux ayant occupé déjà le devant des deux scènes politiques respectives au début des années 1990, revient en réalité aux États-Unis (et dans une moindre mesure à l’U.E.). D’après la géopolitique actuelle, la Macédoine Slave devrait trouver enfin son nom définitif car face à la Russie, le temps long (tout comme les urgences) politiques des États-Unis, devraient conduire ces… autres pays restants dans les Balkans, dans le très exact giron de l’OTAN. Tout simplement.

Pierre Moscovici et Alexis Tsipras à Davos cette semaine (presse grecque)
“Alexandre le Grand peut-il vivre avec 400€ par mois ?” (Hebdomadaire “To Pontíki”, le 25 janvier 2018)
“Thucydide dramatique” (réflexion théâtralisée, Athènes, janvier 2018)

“Thucydide dramatique – Le théâtre de la Guerre”, c’est alors le titre qui en dit long (et juste) sur l’actualité humaine depuis… plus de deux millénaires, et c’est une forme de réflexion théâtralisée que les Athéniens ont pu découvrir également en cette fin janvier 2018. Hasard du calendrier ? Peut-être.

En attendant, on peut accessoirement et encore découvrir ces photographies publiées par la presse depuis Davos, pour ce qui est du visage… déjà on dirait métanthropisé, d’un certain Alexis Tsipras posant aux côtés de Pierre Moscovici. “Rappelons que Davos est le lieu où se déroule la Montagne magique de Thomas Mann, qui nous offrait de belles discussions entre dionysiaques et apolliniens – ces derniers ayant bien sûr perdu la joute. Ce livre ouvrait les thèmes de la mondialisation à l’époque où Edmond Husserl évoquait l’Europe et ses sempiternelles crises de la culture.’”

“Le développement forcé et forcené de l’informatique depuis deux générations a abouti à la création d’un État postmoderne renforcé, plus totalitaire et espionnant que jamais ; et à l’émergence d’une surclasse de manipulateurs de symboles, un nouveau clergé planétaire dont les riches et les plus puissants se réunissent en Suisse pour voir comment contrôler et soumettre le troupeau de viande – pour parler comme William Gibson – qui inquiète par son nombre et sa consommation, l’élite écolo et friquée de la planète perdue. J’avais marqué la distinction dans mon livre sur internet entre les techno-serfs et les techno-lords que le monde virtuel, le monde de la richesse et de l’apparence recréait sur un fond de mysticisme techno et de féodalisme retrouvé.”, souligne par ailleurs et par les temps qui courent Nicolas Bonnal .

Presse du moment. Athènes, janvier 2018
Place de la Constitution. Athènes, janvier 2018
Chouettes. Exposition sur Yórgos Séféris, Athènes, janvier 2018

Le grand rassemblement de Thessalonique fut patriotique… folklorique, pathétique et pour tout dire hétéroclite. Les députés du parti de Kamménos… le patriote mémorandaire y étaient présents, et parmi eux, l’ex-ministre adjoint de l’Éducation ex-Nationale très fraîchement démissionnaire, Kóstas Zouráris, ancien de mai ’68 à Paris, et entre autres ex-universitaire suffisamment baladin, lequel avait été pris à partie par la foule, pour finalement être sauvé du passage à tabac in extremis par la police

Le rassemblement de Thessalonique, préfigurant celui organisé à Athènes pour le 2 février prochain, a avant tout, réuni tous ceux qui ne se reconnaissent plus aux partis (et surtout aux partis de gauche), autrement-dit, l’immense majorité des Grecs en ce moment. Il a ainsi et d’emblée cristallisé toute la haine comme le ressentiment vis-à-vis de cette fin de l’histoire politique du pays, celui que SYRIZA a décidément accompli avec tant… d’enthousiasme en 2015. Plus que la question Macédonienne (pratiquement… réglée dans un sens), c’est un avertissement fort, adressé aux pseudo-dirigeants. Rien de très constructif certes, et pourtant une volonté claire à ne plus poursuivre dans la voie de l’humiliation et de la mise à mort du pays et de son peuple dans sa majorité (culture et histoire comprises).

Ceux de l’Aube Dorée y étaient évidemment et bruyamment présents, sauf qu’ils ne tirent, et ne tireront plus me semble-t-il vraiment bénéfice de ce type de manifestations et de situations. D’abord, aux yeux des Grecs les néonazis de l’Aube Dorée n’ont pas la propriété de la défense du pays, et ensuite, depuis l’escroquerie SYRIZA, on se dit qu’il va falloir rester vigilent “rien que parce que les Aubedoriens peuvent être un leurre posé et imposé par certaines puissances étrangères”, telle semble être en tout cas, la doxa populaire du moment, et dans un sens c’est mieux ainsi.

Athènes et l’Acropole. Janvier 2018
Quartiers d’Athènes. Janvier 2018
Prémisses du Printemps. Athènes, janvier 2018

Il n’y a d’ailleurs pas si longtemps, c’était en décembre 2017, dans le cadre du procès des Aubedoriens, que l’historien Dimitris Koussoúris avait été appelé à la barre du Tribunal pour témoigner de la tentative d’assassinat dont il avait été victime en 1998, à une époque où le groupuscule Aubedorien était encore pratiquent inconnu du grand public.

Comme le rappelle la géopolitologue Béatrice Giblin dans son ouvrage “L’extrême droite en Europe” (2014), l’incident le plus grave eut lieu à Athènes le 16 juin 1998. “À la sortie du palais de justice, un groupe de ses militants attaque et blesse sérieusement trois hommes d’un groupe de la gauche extraparlementaire, dont l’un, l’étudiant Dimitris Koussoúris, échappa à la mort de justesse. Antónios Androutsópoulos, dit Périandros, considéré à l’époque comme le numéro deux de l’Aube Dorée, est identifié comme l’un des agresseurs, mais il s’enfuit et restera en cavale jusqu’en 2005, année où il se rend volontairement aux autorités. Si l’Aube Dorée a toujours nié son implication dans cet événement ainsi que l’appartenance de Périandros au parti, les preuves sont accablantes: en 2006, Androutsópoulos est condamné à vingt et un an de prison.”

Dimitris Koussoúris avait été un de mes étudiants de DEA, dans le cadre d’un séminaire complémentaire à l’époque sous ma responsabilité, au Centre d’Études Byzantines Néo-helléniques et Sud-Est Européennes à Paris (EHESS), et nous étions au début des années 2000. Il m’avait tout raconté Dimitri, et comme ces événements étaient encore récents, il fuyait la Grèce, une certaine… Grèce en tout cas. Je l’ai rencontré ensuite plusieurs années après, il y a quelques mois à Athènes, où il était de passage car ayant perdu son poste (vacataire) à l’Université de Crète lorsque tous ces postes ont été supprimés pour cause… d’austérité, il travaille actuellement en Autriche… fuyant ainsi de nouveau une Grèce alors incertaine.

C’est ainsi l’hiver, certes (presque) doux au pays, les amandiers fleurissent, nos animaux adespotes s’installent au soleil, belles prémisses du Printemps, sauf que c’est au pays où les habitants meurent pourtant à petit feu.

Quartier d’Athènes. Janvier 2018
Soleil à Athènes, janvier 2018
Nos animaux adespotes au soleil. Athènes, janvier 2018

Sauf que le soleil à lui seul n’a jamais fait (toute) l’affaire. Devant le ras-le-bol généralisé, tout le monde sent qu’il y a place en Grèce pour un mouvement conservateur, souverainiste, populaire, et de droite, ce que la Nouvelle Démocratie de Kyriákos Mitsotakis n’est certainement pas, et ce que l’Aube Dorée aux globules néonazis prétend l’être sans convaincre.

La doxa grecque du moment croit attendre… l’homme fort, le militaire, voire, le dictateur qui mettra fin déjà aux humiliations, car “pour ce qui est de la crise c’est fichu”, comme ont dit alors très largement en Grèce. Sinon, les Grecs se détachent de la politique, des nouvelles et ne s’occupent progressivement que de leurs affaires supposées privées comme surtout de survie, une réalité qui désormais fait plutôt référence aux… particularités populaires sous les régimes communistes des pays de l’Est entre autres.

Dimitris Koussoúris au tribunal (procès de l’Aube Dorée). Athènes, décembre 2017 (presse grecque)

En tout cas, un des orateurs très apprécié du public à Thessalonique lors du rassemblement, fut le général à la retraite Frangos Frangoulis , un… patriote ayant publiquement pris position en faveur du ‘OUI’ au referendum de juillet 2015, comme il a été également Ministre de la Défense au cabinet dit “technique” (de transition) au moment des élections de 2012, du… très germanophile Panagiótis Pikramménos.

On prête alors au général Frangoulis des ambitions politiques, et si cela se confirme, nous verrons peut-être une nouvelle canalisation (et récupération systémique ?) de l’expression politique du ras-le-bol, à droite cette fois-ci, après avoir vécu le piège très préparé de SYRIZA à gauche. Peut-être. Cela-dit, depuis le grand rassemblement de Thessalonique, on observe ce paysage des… légumes politiques grecs se mettre en ébullition… alors gare à la soupe !

Fort heureusement pour notre moral, une exposition sur le poète Yórgos (Georges) Séféris, sur sa vie, via ses photos, puis les œuvres d’art autour de son œuvre s’est tenue jusqu’au 21 de ce janvier à Athènes, sous le titre (tiré d’une expression du poète): “Quand la lumière dance, je parle justement”.

“Quand la lumière dance, je parle justement”. Yórgos Seféris, exposition, Athènes, janvier 2018
Le Prix Nobel en 1963 de Yórgos Seféris, exposition, Athènes, janvier 2018
Retour en Asie Mineure (Turquie), Urla, bourg de son enfance. Photo de Séféris (1950)

Une immersion bien nécessaire en ces temps sombres, Georges Seféris et sa poésie à travers la peinture et la photographie, l’exposition présentait aussi au public des manuscrits du poète, des objets personnels, le Prix Nobel qui lui a été accordé en 1963, ainsi que des objets peints par lui-même. Sans oublier les presque 60 photos en noir et blanc, que le poète a prises tout au long de la sa vie et pendant ses voyages en Grèce et à l’étranger. Scènes de la vie quotidienne, paysages de l’Asie mineure, de Chypre, de Póros, et aussi ces portraits des proches, de sa femmes Maro, du peintre Yannis Tsaroúchis, ou encore de l’écrivain Henry Miller. L’autre siècle.

Clichés d’avant, temps d’après, comme pour cette photo de la bourgade d’Urla près de Smyrne (Izmir), petit port de l’enfance du poète. La maison familiale qui s’y trouve toujours et qui porte son nom… est désormais transformée en hôtel . Manière de faire exister peut-être, face à l’oubli.

Yorgos Séféris et sa femme Maro. Exposition, Athènes, janvier 2018
L’écrivain Henry Miller à Hydra. Photo de Yorgos Séféris, exposition à Athènes, janvier 2018

Et en sortant de l’exposition… la Grèce, la Macédoine… et leurs légumes politiques décidément trop cuits. La bonne question avait pourtant été posée sous forme de boutade par l’hebdomadaire politique et satyrique “To Pontíki” daté du 25 janvier 2018: “Alexandre le Grand peut-il vivre avec 400€ par mois ?”. Et c’est un peu comme pour le nœud gordien dans un sens.

Quotidien grec, déliquescences. Le voisin, pourtant médecin qui n’accompagne pas son voisin seul, à bord de l’ambulance lors d’un malaise, puis, toujours d’après le reportage de “To Pontíki” , cet homme qui a subi un malaise et qui s’effondre dans une rame du métro d’Athènes, et voilà que seulement deux personnes à bord du wagon (plein) qui se sont penchées sur son cas. Tous les autres, Grecs comme migrants laissant ainsi éclater… leur colère grognassant. “Dégagez-le enfin… le connard, il nous gêne, on a autre chose à faire que de perdre notre temps.” Le corps… encore animé a finalement été récupéré par une ambulance six stations de métro plus loin, le tout, devant un corps social visiblement inanimé.

La Grèce n’est plus la même, pour ne pas dire la Grèce n’est plus. La destruction du lien, de cette “filia” à minimum nécessaire pour que société et communauté subsistent autant que faire se peut entre les humains d’après Aristote, a manifestement été broyée en huit ans de mémorandum… voilà le beau résultat.

Peinture décorative de Yorgos Séféris. Exposition, Athènes, janvier 2018
Ruines. Photo de Yorgos Séféris, exposition, Athènes, janvier 2018
Exposition Yórgos Seféris. Athènes, janvier 2018

Alexis Tsipras, (encore) depuis à Davos cette semaine, vient de répéter combien et comment le moment de la sortie du pays de la surveillance troïkanne serait alors proche, puisque d’après les médias ERT (service… public), “Tsipras a eu une réunion avec le commissaire des Finances Pierre Moscovici, qui a indiqué que la Grèce a passé dans une nouvelle phase de consolidation de la confiance et la fiabilité” .

La très… bonne blague. Comme le fait remarquer à très juste titre François Leclerc sur le blog de Paul Jorion , à ce propos: “Abusifs, les commentaires fleurissent sur le thème que les indicateurs reviennent au vert en Grèce, dans la perspective de la fin de son troisième plan de sauvetage fin août prochain. C’est un peu vite oublier qu’un grec sur cinq est officiellement au chômage, et qu’au troisième trimestre 2017 – dernières données disponibles – la consommation a baissé de 1% sur un an et l’investissement de 8,5%. Rien qui augure d’un démarrage en fanfare, même avec ces indices qui demanderaient eux aussi un sérieux coup de propre à l’heure du Big data, une fois leurs biais corrigés!” (…)

“La Grèce serait donc sortie de la crise, mais comment qualifier une situation où plus de 35% des grecs sont sous le seuil de pauvreté, où la moitié d’entre eux vivent d’une pension de retraite – la leur ou celle de leurs parents – où sept jeunes sur dix âgés de 18 à 35 ans rêvent de partir à l’étranger? Quel avenir peuvent-ils attendre d’un pays dont le montant de la dette publique correspond à 178% du PIB, et où la croissance devra prioritairement financer son remboursement, à moins qu’une nouvelle crise de la dette ne le mette à nouveau à terre ? La vérité toute simple est qu’un tel pays ne peut pas prétendre au développement mais tout juste assurer la survie de ses habitants, et ce pour très longtemps.”

La maison rouge (île de Póros) où Séféris avait séjourné. Póros, 2017
La maison rouge (île de Póros) où Séféris avait séjourné. Exposition, Athènes, janvier 2018
Kichlée (La Grive), bateau et autant poème de Séféris. Exposition, Athènes, janvier 2018

Mon ami de Paris Lákis Proguídis et les siens de la revue “L’Atelier du Roman” (… laquelle n’a plus d’éditeur) reproduisent dans leur dernier numéro cette réflexion, toujours d’actualité, extraite du Journal (1961) du grand écrivain Witold Gombrowicz , temps qui est donc le nôtre… Macédoine ou pas !

“Quand j’étais jeune, au moins, on se moquait encore du professeur, grand-père éthéré qui perdait son chapeau. Aujourd’hui, personne ne rit plus, on se prend à se crisper, à se recroqueviller, à se sentir mal à l’aise à la vue des bonshommes assemblés, les spécialistes, qui s’attaquent à notre peau, transforment nos gènes, s’immiscent dans nos rêves, modifient le cosmos, enfoncent leurs petites aiguilles dans nos centres nerveux, tripotent nos organes internes, intimes, auxquels personne ne devrait toucher !”

L’ancre sur l’île de Póros. Georges Seféris, exposition, Athènes, janvier 2018

“Ces manipulations impudiques, ce sans-gêne ignoble, cette cochonnerie qui s’annonce, ne nous effraient pas encore assez, mais bientôt nous nous mettrons à hurler en voyant notre amie, notre bienfaitrice, la Science, se déchaîner de plus en plus et devenir un taureau qui nous encorne, une force plus imprévisible que tout ce à quoi nous avons eu affaire jusqu’à présent. La lumière croissante se muera en ténèbres et nous nous retrouverons dans une nuit nouvelle, la pire de toutes.”

C’est l’hiver, certes doux, et c’est le pays où les habitants meurent à petit feu… sous le regard philosophe des animaux adespotes des lieux, en dépit on dirait de l’émergence de cette surclasse de manipulateurs de symboles. Quand la lumière dance, peut-on encore parler justement ?

(Le blog remercie ses ami(e)s pour leur soutien pour sa campagne exceptionnelle de décembre 2018 – janvier 2018, surtout par les temps qui courent, preuve, s’il en faut, que la lumière danse !)

Animal adespote. Athènes, janvier 2018
* Photo de couverture: Photo de Georges Seféris. Exposition, Athènes, janvier 2018

mais aussi pour un voyage éthique, pour voir la Grèce autrement “De l’image à l’imaginaire: La Grèce, au-delà… des idées reçues !”   http://greece-terra-incognita.com/

Grèce : Réparations de guerre allemandes

L’affaire des réparations de guerre allemandes à la Grèce par Isabelle Bourboulon ( Attac France)

Le 10 juin 1944, pendant plus de deux heures, les troupes Waffen-SS firent du porte-à-porte dans le village de Distomo pour massacrer des civils grecs, en représailles contre une attaque partisane. 218 hommes, femme et enfants furent tués dans des conditions épouvantables. Il s’avère par la suite que les troupes allemandes n’avaient pas été attaquées depuis Distomo et que l’officier ayant commandé ce monstrueux massacre avait outrepassé les ordres. En 2000,la Cour suprême grecque a rendu une décision exigeant des réparations de l’Allemagne . La conclusion de tous les experts ayant enquêté sur cette affaire est sans appel :  » La Grèce n’a jamais reçu de compensation, ni pour les prêts qu’elle s’est vu forcée de souscrire pour l’Allemagne, ni pour les dommages subis durant la guerre « . Et portant ce pays est l’un des plus touchés par la Seconde guerre mondiale( on estime à 300 000 le nombre de personnes mortes uniquement de la faim) Le montant des réparations a été fixé à 240 milliards d’euros, soit l’équivalent des deux premiers plans de sauvetage de la Troïka, affectés en priorité au remboursement de la dette grecque. Mais pour être exécutée, cette décision aurait dû être approuvée par un ministre de la Justice, ce que les quinze ministres grecs qui se sont succédé depuis 2000 ont refusé de faire.

Une obligation morale et politique

En tant que responsable de la Justice à Syriza, Zoé Konstantopoulou, ancienne présidente du parlement grec, s’était engagée à ce que le futur ministre de la Justice du gouvernement Tsipras apporte enfin sa signature. Au cours d’un entretien, elle nous raconte :  » Dès que le ministre a été nommé, je suis allée le voir et lui ai dit  » si tu ne fais qu’une chose c’est cela : signer! Il en a pris l’engagement lors de son discours inaugural mais il ne l’a pas fait ». Depuis une plainte a été déposée contre le gouvernement par le Mouvement « Justice pour tous », animé par l’ancienne présidente du parlement.  » Le peuple grec n’a pas oublié et cette affaire de réparations revient régulièrement sur le débat public. Car l’Allemagne est le principal Etat qui exige le remboursement de la dette publique grecque, alors que ses banques ont gagné des milliards d’euros grâce à l’imposition des memoranda ».

Grèce : Ne touchez pas au droit de grève

Ne touchez pas au droit de grève Pas une maison aux mains de banquiers

COMMUNIQUE DU BUREAU POLITIQUE d’Unité populaire

À propos de la présentation au Parlement par le gouvernement Syriza-Anel du nouveau train de réformes mémorandaire antipopulaire

Ne touchez pas au droit de grève

Pas une maison aux mains de banquiers
Ne touchez pas aux allocations familiales
Non au bradage des biens publics

Le gouvernement Syriza-Anel a soumis au parlement par procédure rapide le train de réformes de 400 articles et 1600 pages contenant des mesures antipopulaires exigées comme préalable, lequel a été conclu avec le quartet des créanciers dans la perspective de la clôture de la troisième revue d’étape.

Le premier point concerne les enchères : après le 21/02/2018, elles seront effectuées en ligne, afin d’éviter les résistances et les interventions, jusqu’à présent couronnées de succès, de la mobilisation contre les enchères dans les tribunaux de paix de tout le pays.

Les résidences et les biens du peuple seront en effet conduits jusqu’au « marteau » par un simple clic depuis un ordinateur, et sont concernés non seulement ceux qui doivent de l’argent aux banques mais, pour la première fois, également ceux qui doivent plus de 500 euros à l’État et aux caisses d’assurances. Les résidences, terrains, bureaux, magasins, parcelles de terre seront en outre vendus par procédure expresse et sur la base de leur valeur commerciale, c’est-à-dire à un prix dérisoire.

Ce prix peut ne pas suffire pour couvrir les dettes des débiteurs avec, pour ces derniers, le résultat suivant : ils vont non seulement perdre leurs biens immobiliers mais resteront encore débiteurs vis-à-vis de l’administration fiscale et des caisses d’assurance au risque de se voir confisquer d’autres éléments de leur patrimoine.

En outre, le critère « local » pour les notaires d’une région, se voit supprimé puisque, avec la forme de chantage qui s’exerce sur eux, leur compétence concernant la vente aux enchères peut être transférée par les demandeurs aux notaires appartenant à l’ordre de la capitale (un cadeau synonyme de provocation au groupe de tête déloyal de l’ordre notarial d’Athènes-Le Pirée).

Après l’abolition des conventions collectives, la baisse du salaire minimum d’environ 22% et d’environ 32% pour les jeunes de moins de 25 ans, la réduction des indemnités de licenciement, la libéralisation des licenciements collectifs, on assiste également à une offensive contre celui qui subit l’occupation, par de rudes combats et le sang du droit de grève, par le renforcement du cadre légal dans lequel la grève doit être proclamée par les instances syndicales de premier niveau. Désormais, un appel à la grève devra obtenir un quorum de 50% augmenté d’1% de ses membres régulièrement inscrits, alors que jusqu’à présent l’assemblée générale pouvait lancer l’appel en s’appuyant sur un pourcentage moindre pour le quorum, ou encore la direction.

C’était une partie de ce que prévoyait l’article 4 de sinistre mémoire dans la première décennie des années 80, contre lequel avaient fait front tous les travailleurs et que le mouvement ouvrier a concrètement abrogé. C’est la première fois depuis lors qu’on cherche à modifier la loi 1264/2012, que même les gouvernements les plus à droite n’avaient pas osé toucher.

Dans le même temps, la disposition selon laquelle les conflits de travail doivent conduire à une médiation obligatoire très lente et très coûteuse, est mise en avant.

On a donc la mise en œuvre de l’obligation, de faire précéder toute procédure de recours juridictionnel du travailleur pour la résolution de conflits de travail tant individuels que collectifs, d’une médiation comportant un coût supplémentaire, qu’il soit financier ou temporel, faute de quoi cette action sera jugée irrecevable.

En outre, l’indemnité pour travaux insalubres se voit remise en question pour certaines catégories d’agents de la fonction publique (hôpitaux, femmes de ménage de collectivités locales, etc.). Ce train de réformes favorise également les coupes dans les allocations familiales. Leur diminution sera effective au 01/01/2018 par l’adoption de nouvelles conditions de ressources beaucoup plus strictes. Leur application portera préjudice à plus de 100 000 familles avec enfants, familles nombreuses, de trois enfants, qui soit subiront des diminutions allant jusqu’à 32% soit perdront totalement leurs allocations.

Pour finir, les mesures d’accélération du bradage des biens publics sont favorisées, avec la DEI (compagnie d’électricité grecque) en première ligne, afin que l’engagement mémorandaire pris par le gouvernement concernant des recettes provenant de ce bradage devant atteindre 2,7 milliards d’euros en 2018 puisse s’appliquer.

Concrètement, le train de réformes prévoit l’intégration immédiate en 2018, dans la « Société grecque d’investissement et de biens », filiale du Superfund, de toutes les actions de biens publics grecs même concernant les 19 entreprises publiques – celles que l’Etat contrôle intégralement (LTA : Poste grecque, ΟΑSΑ : office des transports urbains d’Athènes, ΟSΕ : compagnie des chemins de fer de Grèce, OKAA : Organisme des marchés centraux et de la pêche, Helexpo : Exposition internationale de Thessalonique, ΟΑΚΑ : Complexe sportif olympique d’Athènes, ΕLVΟ : industrie grecque de véhicules, secteur du bâtiment), celles cotées en bourse où l’Etat est actionnaire majoritaire (DEI, EYDAP : Compagnie de l’eau d’Athènes, EYATH : Compagnie de l’eau de Thessalonique) et celles où l’Etat est actionnaire minoritaire (Aéroport international d’Athènes, Magasins hors taxes). Le transfert de ces DEKO (entreprises et organismes publics) dans le Superfund n’a d’autre but que leur liquidation totale.

Face à tout cela, une réponse politique immédiate s’impose et une intervention dans la lutte du mouvement syndical ouvrier et de tous les groupes sociaux qui en font les frais.

Nous appelons toutes les organisations syndicales, prioritairement celles de troisième et deuxième niveau, et tout le monde ouvrier à faire front dans la lutte contre le massacre du droit de grève par des mouvements de grève actifs, massifs et unitaires, qui s’accompagneront de protestations, de rassemblements, de défilés et de marches dans toute la Grèce.

Enfin, il est absolument indispensable de constituer un grand front social et politique de toutes les forces effectives de gauche antimémorandaires et démocratiques, sans exception, qui insufflera de nouveaux combats et redonnera un nouvel espoir au peuple et aux jeunes.

Traduction Vanessa de Pizzol

Translate »