C’est l’hiver, certes doux, et… c’est le pays où les habitants meurent à petit feu. Cette semaine, l’actualité a encore tourné autour du pot cassé, sans répondre, même partiellement, aux flagrantes apories humaines réellement existantes. Plus de deux cent mille personnes (près de cent mille d’après le comptage de la police), se sont rassemblées à Thessalonique pour s’opposer à la réouverture des négociations entre la Grèce et la Macédoine slave, surtout à l’utilisation par cette dernière du nom historique de “Macédoine”. Autrement-dit, l’ex-République Yougoslave de Macédoine, au sujet de sa désignation définitive officielle (et ainsi enfin acceptée par les deux pays). Macédoine… et alors légumes !
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Le rassemblement de Thessalonique, le 21 janvier 2018 (presse grecque) |
Cette histoire est suffisamment vieille, le ridicule des gouvernements de Skopje ne tue heureusement personne lorsque ces voisins Slaves s’autoproclament officiellement héritiers d’Alexandre le Grand et de son dynastie Macédonienne d’alors, et du côté grec, on admet difficilement, voire pas du tout, que d’autres voisins peuplant une partie de la Macédoine géographique (dont la plus grande partie forme la région homonyme du nord de la Grèce), puissent enfin s’autodésigner de la sorte (“Macédoniens”).
Dans les faits, la Macédoine slave est pour la plupart des autres pays la Macédoine tout court, et il suffirait d’ôter de sa Constitution ces alinéas directement irrédentistes “quant à la libération de l’ensemble de la Macédoine”, puis côté grec, rechercher le compromis sans forcément la compromission, pour enfin avancer. Car sinon, les liens commerciaux et même touristiques entre les deux pays sont plus que bonnes aux dires de tous.
Et pourtant l’affaire est pourtant un peu plus compliqué (ou alors plus simple, c’est selon). Car l’initiative des négociations actuelles entre les deux pays pour un contentieux ayant occupé déjà le devant des deux scènes politiques respectives au début des années 1990, revient en réalité aux États-Unis (et dans une moindre mesure à l’U.E.). D’après la géopolitique actuelle, la Macédoine Slave devrait trouver enfin son nom définitif car face à la Russie, le temps long (tout comme les urgences) politiques des États-Unis, devraient conduire ces… autres pays restants dans les Balkans, dans le très exact giron de l’OTAN. Tout simplement.
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Pierre Moscovici et Alexis Tsipras à Davos cette semaine (presse grecque) |
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“Alexandre le Grand peut-il vivre avec 400€ par mois ?” (Hebdomadaire “To Pontíki”, le 25 janvier 2018) |
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“Thucydide dramatique” (réflexion théâtralisée, Athènes, janvier 2018) |
“Thucydide dramatique – Le théâtre de la Guerre”, c’est alors le titre qui en dit long (et juste) sur l’actualité humaine depuis… plus de deux millénaires, et c’est une forme de réflexion théâtralisée que les Athéniens ont pu découvrir également en cette fin janvier 2018. Hasard du calendrier ? Peut-être.
En attendant, on peut accessoirement et encore découvrir ces photographies publiées par la presse depuis Davos, pour ce qui est du visage… déjà on dirait métanthropisé, d’un certain Alexis Tsipras posant aux côtés de Pierre Moscovici. “Rappelons que Davos est le lieu où se déroule la Montagne magique de Thomas Mann, qui nous offrait de belles discussions entre dionysiaques et apolliniens – ces derniers ayant bien sûr perdu la joute. Ce livre ouvrait les thèmes de la mondialisation à l’époque où Edmond Husserl évoquait l’Europe et ses sempiternelles crises de la culture.’”
“Le développement forcé et forcené de l’informatique depuis deux générations a abouti à la création d’un État postmoderne renforcé, plus totalitaire et espionnant que jamais ; et à l’émergence d’une surclasse de manipulateurs de symboles, un nouveau clergé planétaire dont les riches et les plus puissants se réunissent en Suisse pour voir comment contrôler et soumettre le troupeau de viande – pour parler comme William Gibson – qui inquiète par son nombre et sa consommation, l’élite écolo et friquée de la planète perdue. J’avais marqué la distinction dans mon livre sur internet entre les techno-serfs et les techno-lords que le monde virtuel, le monde de la richesse et de l’apparence recréait sur un fond de mysticisme techno et de féodalisme retrouvé.”, souligne par ailleurs et par les temps qui courent Nicolas Bonnal .
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Presse du moment. Athènes, janvier 2018 |
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Place de la Constitution. Athènes, janvier 2018 |
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Chouettes. Exposition sur Yórgos Séféris, Athènes, janvier 2018 |
Le grand rassemblement de Thessalonique fut patriotique… folklorique, pathétique et pour tout dire hétéroclite. Les députés du parti de Kamménos… le patriote mémorandaire y étaient présents, et parmi eux, l’ex-ministre adjoint de l’Éducation ex-Nationale très fraîchement démissionnaire, Kóstas Zouráris, ancien de mai ’68 à Paris, et entre autres ex-universitaire suffisamment baladin, lequel avait été pris à partie par la foule, pour finalement être sauvé du passage à tabac in extremis par la police
Le rassemblement de Thessalonique, préfigurant celui organisé à Athènes pour le 2 février prochain, a avant tout, réuni tous ceux qui ne se reconnaissent plus aux partis (et surtout aux partis de gauche), autrement-dit, l’immense majorité des Grecs en ce moment. Il a ainsi et d’emblée cristallisé toute la haine comme le ressentiment vis-à-vis de cette fin de l’histoire politique du pays, celui que SYRIZA a décidément accompli avec tant… d’enthousiasme en 2015. Plus que la question Macédonienne (pratiquement… réglée dans un sens), c’est un avertissement fort, adressé aux pseudo-dirigeants. Rien de très constructif certes, et pourtant une volonté claire à ne plus poursuivre dans la voie de l’humiliation et de la mise à mort du pays et de son peuple dans sa majorité (culture et histoire comprises).
Ceux de l’Aube Dorée y étaient évidemment et bruyamment présents, sauf qu’ils ne tirent, et ne tireront plus me semble-t-il vraiment bénéfice de ce type de manifestations et de situations. D’abord, aux yeux des Grecs les néonazis de l’Aube Dorée n’ont pas la propriété de la défense du pays, et ensuite, depuis l’escroquerie SYRIZA, on se dit qu’il va falloir rester vigilent “rien que parce que les Aubedoriens peuvent être un leurre posé et imposé par certaines puissances étrangères”, telle semble être en tout cas, la doxa populaire du moment, et dans un sens c’est mieux ainsi.
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Athènes et l’Acropole. Janvier 2018 |
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Quartiers d’Athènes. Janvier 2018 |
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Prémisses du Printemps. Athènes, janvier 2018 |
Il n’y a d’ailleurs pas si longtemps, c’était en décembre 2017, dans le cadre du procès des Aubedoriens, que l’historien Dimitris Koussoúris avait été appelé à la barre du Tribunal pour témoigner de la tentative d’assassinat dont il avait été victime en 1998, à une époque où le groupuscule Aubedorien était encore pratiquent inconnu du grand public.
Comme le rappelle la géopolitologue Béatrice Giblin dans son ouvrage “L’extrême droite en Europe” (2014), l’incident le plus grave eut lieu à Athènes le 16 juin 1998. “À la sortie du palais de justice, un groupe de ses militants attaque et blesse sérieusement trois hommes d’un groupe de la gauche extraparlementaire, dont l’un, l’étudiant Dimitris Koussoúris, échappa à la mort de justesse. Antónios Androutsópoulos, dit Périandros, considéré à l’époque comme le numéro deux de l’Aube Dorée, est identifié comme l’un des agresseurs, mais il s’enfuit et restera en cavale jusqu’en 2005, année où il se rend volontairement aux autorités. Si l’Aube Dorée a toujours nié son implication dans cet événement ainsi que l’appartenance de Périandros au parti, les preuves sont accablantes: en 2006, Androutsópoulos est condamné à vingt et un an de prison.”
Dimitris Koussoúris avait été un de mes étudiants de DEA, dans le cadre d’un séminaire complémentaire à l’époque sous ma responsabilité, au Centre d’Études Byzantines Néo-helléniques et Sud-Est Européennes à Paris (EHESS), et nous étions au début des années 2000. Il m’avait tout raconté Dimitri, et comme ces événements étaient encore récents, il fuyait la Grèce, une certaine… Grèce en tout cas. Je l’ai rencontré ensuite plusieurs années après, il y a quelques mois à Athènes, où il était de passage car ayant perdu son poste (vacataire) à l’Université de Crète lorsque tous ces postes ont été supprimés pour cause… d’austérité, il travaille actuellement en Autriche… fuyant ainsi de nouveau une Grèce alors incertaine.
C’est ainsi l’hiver, certes (presque) doux au pays, les amandiers fleurissent, nos animaux adespotes s’installent au soleil, belles prémisses du Printemps, sauf que c’est au pays où les habitants meurent pourtant à petit feu.
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Quartier d’Athènes. Janvier 2018 |
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Soleil à Athènes, janvier 2018 |
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Nos animaux adespotes au soleil. Athènes, janvier 2018 |
Sauf que le soleil à lui seul n’a jamais fait (toute) l’affaire. Devant le ras-le-bol généralisé, tout le monde sent qu’il y a place en Grèce pour un mouvement conservateur, souverainiste, populaire, et de droite, ce que la Nouvelle Démocratie de Kyriákos Mitsotakis n’est certainement pas, et ce que l’Aube Dorée aux globules néonazis prétend l’être sans convaincre.
La doxa grecque du moment croit attendre… l’homme fort, le militaire, voire, le dictateur qui mettra fin déjà aux humiliations, car “pour ce qui est de la crise c’est fichu”, comme ont dit alors très largement en Grèce. Sinon, les Grecs se détachent de la politique, des nouvelles et ne s’occupent progressivement que de leurs affaires supposées privées comme surtout de survie, une réalité qui désormais fait plutôt référence aux… particularités populaires sous les régimes communistes des pays de l’Est entre autres.
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Dimitris Koussoúris au tribunal (procès de l’Aube Dorée). Athènes, décembre 2017 (presse grecque) |
En tout cas, un des orateurs très apprécié du public à Thessalonique lors du rassemblement, fut le général à la retraite Frangos Frangoulis , un… patriote ayant publiquement pris position en faveur du ‘OUI’ au referendum de juillet 2015, comme il a été également Ministre de la Défense au cabinet dit “technique” (de transition) au moment des élections de 2012, du… très germanophile Panagiótis Pikramménos.
On prête alors au général Frangoulis des ambitions politiques, et si cela se confirme, nous verrons peut-être une nouvelle canalisation (et récupération systémique ?) de l’expression politique du ras-le-bol, à droite cette fois-ci, après avoir vécu le piège très préparé de SYRIZA à gauche. Peut-être. Cela-dit, depuis le grand rassemblement de Thessalonique, on observe ce paysage des… légumes politiques grecs se mettre en ébullition… alors gare à la soupe !
Fort heureusement pour notre moral, une exposition sur le poète Yórgos (Georges) Séféris, sur sa vie, via ses photos, puis les œuvres d’art autour de son œuvre s’est tenue jusqu’au 21 de ce janvier à Athènes, sous le titre (tiré d’une expression du poète): “Quand la lumière dance, je parle justement”.
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“Quand la lumière dance, je parle justement”. Yórgos Seféris, exposition, Athènes, janvier 2018 |
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Le Prix Nobel en 1963 de Yórgos Seféris, exposition, Athènes, janvier 2018 |
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Retour en Asie Mineure (Turquie), Urla, bourg de son enfance. Photo de Séféris (1950) |
Une immersion bien nécessaire en ces temps sombres, Georges Seféris et sa poésie à travers la peinture et la photographie, l’exposition présentait aussi au public des manuscrits du poète, des objets personnels, le Prix Nobel qui lui a été accordé en 1963, ainsi que des objets peints par lui-même. Sans oublier les presque 60 photos en noir et blanc, que le poète a prises tout au long de la sa vie et pendant ses voyages en Grèce et à l’étranger. Scènes de la vie quotidienne, paysages de l’Asie mineure, de Chypre, de Póros, et aussi ces portraits des proches, de sa femmes Maro, du peintre Yannis Tsaroúchis, ou encore de l’écrivain Henry Miller. L’autre siècle.
Clichés d’avant, temps d’après, comme pour cette photo de la bourgade d’Urla près de Smyrne (Izmir), petit port de l’enfance du poète. La maison familiale qui s’y trouve toujours et qui porte son nom… est désormais transformée en hôtel . Manière de faire exister peut-être, face à l’oubli.
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Yorgos Séféris et sa femme Maro. Exposition, Athènes, janvier 2018 |
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L’écrivain Henry Miller à Hydra. Photo de Yorgos Séféris, exposition à Athènes, janvier 2018 |
Et en sortant de l’exposition… la Grèce, la Macédoine… et leurs légumes politiques décidément trop cuits. La bonne question avait pourtant été posée sous forme de boutade par l’hebdomadaire politique et satyrique “To Pontíki” daté du 25 janvier 2018: “Alexandre le Grand peut-il vivre avec 400€ par mois ?”. Et c’est un peu comme pour le nœud gordien dans un sens.
Quotidien grec, déliquescences. Le voisin, pourtant médecin qui n’accompagne pas son voisin seul, à bord de l’ambulance lors d’un malaise, puis, toujours d’après le reportage de “To Pontíki” , cet homme qui a subi un malaise et qui s’effondre dans une rame du métro d’Athènes, et voilà que seulement deux personnes à bord du wagon (plein) qui se sont penchées sur son cas. Tous les autres, Grecs comme migrants laissant ainsi éclater… leur colère grognassant. “Dégagez-le enfin… le connard, il nous gêne, on a autre chose à faire que de perdre notre temps.” Le corps… encore animé a finalement été récupéré par une ambulance six stations de métro plus loin, le tout, devant un corps social visiblement inanimé.
La Grèce n’est plus la même, pour ne pas dire la Grèce n’est plus. La destruction du lien, de cette “filia” à minimum nécessaire pour que société et communauté subsistent autant que faire se peut entre les humains d’après Aristote, a manifestement été broyée en huit ans de mémorandum… voilà le beau résultat.
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Peinture décorative de Yorgos Séféris. Exposition, Athènes, janvier 2018 |
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Ruines. Photo de Yorgos Séféris, exposition, Athènes, janvier 2018 |
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Exposition Yórgos Seféris. Athènes, janvier 2018 |
Alexis Tsipras, (encore) depuis à Davos cette semaine, vient de répéter combien et comment le moment de la sortie du pays de la surveillance troïkanne serait alors proche, puisque d’après les médias ERT (service… public), “Tsipras a eu une réunion avec le commissaire des Finances Pierre Moscovici, qui a indiqué que la Grèce a passé dans une nouvelle phase de consolidation de la confiance et la fiabilité” .
La très… bonne blague. Comme le fait remarquer à très juste titre François Leclerc sur le blog de Paul Jorion , à ce propos: “Abusifs, les commentaires fleurissent sur le thème que les indicateurs reviennent au vert en Grèce, dans la perspective de la fin de son troisième plan de sauvetage fin août prochain. C’est un peu vite oublier qu’un grec sur cinq est officiellement au chômage, et qu’au troisième trimestre 2017 – dernières données disponibles – la consommation a baissé de 1% sur un an et l’investissement de 8,5%. Rien qui augure d’un démarrage en fanfare, même avec ces indices qui demanderaient eux aussi un sérieux coup de propre à l’heure du Big data, une fois leurs biais corrigés!” (…)
“La Grèce serait donc sortie de la crise, mais comment qualifier une situation où plus de 35% des grecs sont sous le seuil de pauvreté, où la moitié d’entre eux vivent d’une pension de retraite – la leur ou celle de leurs parents – où sept jeunes sur dix âgés de 18 à 35 ans rêvent de partir à l’étranger? Quel avenir peuvent-ils attendre d’un pays dont le montant de la dette publique correspond à 178% du PIB, et où la croissance devra prioritairement financer son remboursement, à moins qu’une nouvelle crise de la dette ne le mette à nouveau à terre ? La vérité toute simple est qu’un tel pays ne peut pas prétendre au développement mais tout juste assurer la survie de ses habitants, et ce pour très longtemps.”
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La maison rouge (île de Póros) où Séféris avait séjourné. Póros, 2017 |
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La maison rouge (île de Póros) où Séféris avait séjourné. Exposition, Athènes, janvier 2018 |
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Kichlée (La Grive), bateau et autant poème de Séféris. Exposition, Athènes, janvier 2018 |
Mon ami de Paris Lákis Proguídis et les siens de la revue “L’Atelier du Roman” (… laquelle n’a plus d’éditeur) reproduisent dans leur dernier numéro cette réflexion, toujours d’actualité, extraite du Journal (1961) du grand écrivain Witold Gombrowicz , temps qui est donc le nôtre… Macédoine ou pas !
“Quand j’étais jeune, au moins, on se moquait encore du professeur, grand-père éthéré qui perdait son chapeau. Aujourd’hui, personne ne rit plus, on se prend à se crisper, à se recroqueviller, à se sentir mal à l’aise à la vue des bonshommes assemblés, les spécialistes, qui s’attaquent à notre peau, transforment nos gènes, s’immiscent dans nos rêves, modifient le cosmos, enfoncent leurs petites aiguilles dans nos centres nerveux, tripotent nos organes internes, intimes, auxquels personne ne devrait toucher !”
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L’ancre sur l’île de Póros. Georges Seféris, exposition, Athènes, janvier 2018 |
“Ces manipulations impudiques, ce sans-gêne ignoble, cette cochonnerie qui s’annonce, ne nous effraient pas encore assez, mais bientôt nous nous mettrons à hurler en voyant notre amie, notre bienfaitrice, la Science, se déchaîner de plus en plus et devenir un taureau qui nous encorne, une force plus imprévisible que tout ce à quoi nous avons eu affaire jusqu’à présent. La lumière croissante se muera en ténèbres et nous nous retrouverons dans une nuit nouvelle, la pire de toutes.”
C’est l’hiver, certes doux, et c’est le pays où les habitants meurent à petit feu… sous le regard philosophe des animaux adespotes des lieux, en dépit on dirait de l’émergence de cette surclasse de manipulateurs de symboles. Quand la lumière dance, peut-on encore parler justement ?
(Le blog remercie ses ami(e)s pour leur soutien pour sa campagne exceptionnelle de décembre 2018 – janvier 2018, surtout par les temps qui courent, preuve, s’il en faut, que la lumière danse !)
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Animal adespote. Athènes, janvier 2018 |
* Photo de couverture: Photo de Georges Seféris. Exposition, Athènes, janvier 2018