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Author Archive by rédaction

Solidarité et autogestion sur la terre brûlée

Par rédaction

par Yannis Youlountas · 30/07/2018

Suite aux incendies qui ont frappé les environs d’Athènes : SOLIDARITÉ ET AUTOGESTION SUR LA TERRE BRÛLÉE

Nous avons évoqué précédemment la cuisine sociale « L’Autre Humain », avec un extrait du film « L’Amour et la Révolution », pour faire savoir le dispositif permettant désormais de participer au loyer de son nouveau local*.

Ajoutons qu’actuellement « L’Autre Humain » est tous les jours à Mati, la petite ville la plus ravagée par les récents incendies, avec non seulement sa cuisine de rue, mais aussi des distributions de nombreux matériaux et denrées nécessaires.

Tout cela, dans l’autogestion bien sûr, alors que les pouvoirs se sont révélés, au contraire, totalement incompétents et lamentables : fermeture tragique des accès à la mer, diminution des moyens des pompiers (baisse de 30% des effectifs, restrictions budgétaires, beaucoup de bouches à eau hors-service faute d’entretien, plus qu’un seul canadair opérationnel sur dix), minuscule mobilisation des troufions et de leur matériel, tentatives grotesques de récupération politique de tous les côtés…

Bref, tout s’est déroulé exactement comme en novembre dernier, lors des inondations qui ont dévasté la ville de Mandra, à l’ouest d’Athènes, et causé de nombreux morts et disparus : ce sont les initiatives autogérées qui ont le mieux répondu aux besoins immédiats, à commencer par celles des victimes elles-mêmes et de leurs réseaux alentours, parfois avec des moyens très modestes.

La cuisine sociale « L’Autre humain » était également présente à Mandra l’année dernière, dès le début des inondations. De même, l’équipe médicale de la structure autogérée de santé d’Exarcheia était aussi sur le terrain, à Mandra, comme elle se trouve ces jours-ci également à Mati et Rafina, avec l’appui, une fois de plus, du groupe Rouvikonas.

Loin des grands discours télévisés, des effets d’annonce illusoires, des visites éclairs sous les projecteurs des caméras, des lourdeurs administratives rebutantes et des méandres hiérarchiques abscons, c’est bien l’entraide parmi les opprimé-e-s qui est une fois de plus au rendez-vous sur la terre brûlée.

Prenons nos vies en mains, nous en sommes capables : les circonstances difficiles nous le prouvent.

Maud et Yannis Youlountas

* Voir l’extrait du film « L’amour et la révolution » sur la cuisine sociale « L’autre humain » http://blogyy.net/2018/07/29/la-cuisine-sociale-lautre-humain/

Si vous souhaitez participer, avec nous, chaque mois, au paiement du loyer du nouveau local (trois dernières photos) de la cuisine sociale « L’Autre Humain » : http://blogyy.net/2018/07/29/la-cuisine-sociale-lautre-humain/

Voir toutes les photos http://blogyy.net/2018/07/30/solidarite-et-autogestion-sur-la-terre-brulee/

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le nouveau local de la cuisine sociale « L’Autre Humain » :

 

 

 

Une intervention de Zoé Konstantopoulou

Par rédaction

Si vous aimez la Grèce, aidez-nous à nous débarrasser d’Alexis Tsipras et de son parti zombie

26 juillet par Zoe Konstantopoulou


Retraités grecs lors d’un rassemblement anti-austérité à Athènes Photo : Yannis Kolesidis/EPA

Le Premier ministre grec et Syriza ont trahi leur peuple et leurs principes. Ils doivent partir.

La semaine dernière (ndlr : article initialement publié en anglais le 9 juillet 2018), c’était le troisième anniversaire du référendum de 2015, par lequel le peuple grec a dit non à plus d’austérité et non aux atteintes à la démocratie par les créanciers.

La semaine précédente, Alexis Tsipras, le Premier ministre qui a trahi le courageux « non » du peuple grec, s’est rendu à Londres pour présenter comme une prouesse sa capitulation devant la troïka, composée de la Commission européenne, du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque centrale européenne (BCE).

Imaginez comment réagirait le peuple britannique face à un Premier ministre élu pour mettre fin aux privatisations et qui au contraire aurait privatisé presque tout ce qui était public ; qui aurait été élu pour servir la paix et qui au lieu de cela aurait facilité les actions militaires contre des cibles en Syrie et aurait accepté de vendre des armes à des pays accusés de commettre des crimes au regard du droit international ; qui aurait été élu pour protéger les domiciles des particuliers et qui serait resté les bras ballants pendant que les banques procédaient à leur saisie, laissant les gens à la rue ; qui aurait été élu pour promouvoir la démocratie et l’indépendance de son pays et qui pourtant l’aurait livré en pâture à l’Union européenne, au FMI et à la BCE.

C’est là ce que Tsipras a fait subir au peuple grec.

J’étais députée de Syriza et présidente du Parlement grec pendant les sept mois qu’a duré le premier gouvernement de ce parti. Lorsque Tsipras a signé le troisième mémorandum en dépit de sa toxicité, en 2015, j’ai lutté de toutes mes forces pour préserver nos procédures parlementaires que le Premier ministre et la troïka foulaient aux pieds. En dépit des pressions permanentes, j’ai refusé de déroger à nos règles démocratiques et d’endetter encore plus notre peuple. Avec des dizaines d’autres parlementaires de Syriza, j’ai voté contre cet accord monstrueux.

Tsipras a alors dissous prématurément le Parlement pour nous écarter, les parlementaires dissidents et moi.

Trois ans plus tard, sa capitulation devant la troïka s’est révélée aussi désastreuse que nombre d’entre nous l’avions prédit. La vie de nos concitoyens est devenue intolérable. Le chômage des jeunes est devenu la norme et on estime à 8 % la part de la population qui a quitté le pays à la recherche d’un emploi. Le salaire minimum ne permet pas de couvrir les factures et des centaines de milliers de familles doivent se passer d’électricité pendant de longues périodes.

Cette tragédie a commencé dès 2010, mais Tsipras et son gouvernement soi-disant de gauche ont tout fait pour prouver qu’ils pouvaient mener les politiques austéritaires mieux que leurs prédécesseurs. Ils se vantent même de dépasser les cruels objectifs de la troïka en matière de coupures budgétaires et d’impôts.

Pendant les élections anticipées de 2015, Tsipras a prétendu avoir signé le troisième mémorandum parce que la troïka lui avait promis des discussions sur un allègement de la dette. Le 21 juin dernier, l’Eurogroupe a convenu d’une extension de dix ans de l’échéancier de remboursement de la Grèce, ce qui en définitive, signifie que davantage d’enfants et de jeunes deviendront endettés contre leur volonté. Chaque nouveau-né en Grèce voit le jour avec une dette de 40 000 euros, et de moins en moins de bébés naissent depuis l’imposition de mesures d’austérité.

Tsipras a salué la prolongation de l’échéancier dans un discours où il qualifie ce 21 juin de « jour historique ». Je doute que quelqu’un s’en souvienne l’année prochaine. La dette de la Grèce, source de nos ennuis, a été déclarée « illégitime, illégale, odieuse et insoutenable » par la commission parlementaire d’audit de la dette que j’avais convoquée lorsque j’étais présidente du Parlement en 2015. Tsipras n’a jamais utilisé les rapports officiels de cette commission. Sous son mandat, la dette de la Grèce s’est encore accrue et selon les prévisions, elle devrait exploser.

L’Eurogroupe a imposé à la Grèce un objectif d’excédent budgétaire d’au moins 2,2 % du PIB d’ici 2060. Tsipras prétend que la Grèce « sortira proprement » du mémorandum en août prochain : il a déjà légiféré pour introduire de nouvelles mesures austéritaires prescrites par la troïka jusqu’à 2022, accepté la surveillance de l’économie jusqu’à 2060 et a renoncé à tout contrôle sur les biens publics jusqu’à 2114.

Tsipras prétendait vouloir mettre à bas les oligarques des médias. Aujourd’hui pourtant, ces anciens oligarques n’ont rien perdu de leur pouvoir et une nouvelle génération s’est même installée, les « oligarques de l’ère Tsipras ».

Sa politique étrangère a connu le même sort : en octobre dernier, alors qu’il représentait un État en faillite, il a dépensé pas moins de 2,4 milliards de dollars pour l’achat d’avions de chasse F-16 aux États-Unis. Il a ensuite fait l’éloge de Donald Trump qui, selon lui, perpétue « la tradition de démocratie et de liberté » née en Grèce. En bon caniche de Washington, Tsipras a également noué d’étroites relations avec le gouvernement israélien de Benjamin Netanyahou, a accepté de vendre des armes à l’Arabie Saoudite, dont le régime est actuellement accusé de bombarder des enfants au Yémen et a levé le véto de la Grèce à l’expansion de l’OTAN dans les Balkans. Il a également signé des accords sur les réfugiés qui constituent une violation criante du droit international humanitaire.

Depuis 2015, il a mis en œuvre un programme de privatisation cynique, vendant à vil prix nos ports, nos aéroports, nos côtes, nos voies ferrées, nos compagnies d’électricité, d’eau et de gaz, nos sites archéologiques et culturels, nos théâtres, nos tribunaux, nos mines d’or et d’autres entreprises prospères. Aucun de ses prédécesseurs néolibéraux n’avait osé aller aussi loin.

En 2017, son gouvernement a lancé la vente aux enchères en ligne des logements de familles qui n’étaient plus en mesure de s’acquitter de leur dette envers leur banque, en ayant recours à des méthodes anticonstitutionnelles et à la violence policière. Comme avocate, j’ai même vu la police user de gaz lacrymogène dans un tribunal. Pour complaire à la troïka, il a même criminalisé les manifestations contre la vente aux enchères des domiciles.

En tant que dirigeante du parti Trajet de liberté, j’ai appelé le peuple grec à résister à la troïka et à Syriza, son gouvernement vassal. Nous demandons le soutien de tous les progressistes, y compris de nos amis du parti travailliste britannique.

Syriza n’est pas le parti de gauche qu’il prétend être. Il est devenu un zombie politique, piétinant toutes les valeurs progressistes alors qu’il se rend, tel un somnambule, vers son trépas électoral. Sa destitution est la première étape vers la restauration de la démocratie en Grèce.

Zoe Konstantopoulou est l’ancienne Présidente du Parlement hellénique.

Traduit depuis l’anglais par Hélène Tagand

Source http://www.cadtm.org/Si-vous-aimez-la-Grece-aidez-nous-a-nous-debarrasser-d-Alexis-Tsipras-et-de-son

Délit de solidarité : acharnement judiciaire

Par rédaction
Martine Landry : l’acharnement judiciaire Publié le 25.07.2018 Amnesty international

Le 24 juillet 2018, dans la soirée, nous apprenions avec consternation que le procureur général d’Aix-en-Provence faisait appel du jugement rendu le 13 juillet par le tribunal correctionnel de Nice. La relaxe avait été prononcée pour Martine Landry poursuivie pour « aide à l’entrée sur le territoire de deux mineurs en situation irrégulière ».

Quelques jours après avoir été relaxée, Martine Landry déclare : « Cette décision me sidère. Je pensais pouvoir recommencer à vivre normalement, sans épée de Damoclès au-dessus de ma tête. Mon répit est de courte durée. Je reste toutefois déterminée et sûre de la légalité de mes actes ».

Lire aussi : Une militante accusée de délit de solidarité

Le parquet fait appel

La procédure devant le tribunal correctionnel de Nice a duré près d’un an du fait de reports, demandés notamment par le parquet.

Le parquet est garant de l’intérêt public. En première instance, la procureure [du tribunal de Nice] avait demandé la relaxe. Il est assez étonnant que la protection de ce même intérêt public exige une condamnation dix jours après la relaxe prononcée.

Alors que le tribunal correctionnel de Nice avait reconnu la légitimité de l’action de Martine Landry, la décision du parquet de faire appel est un nouveau coup porté à la solidarité et la fraternité aux frontières, et nos associations dénoncent un acharnement contre leur militante.

Source https://www.amnesty.fr/refugies-et-migrants/actualites/martine-landry-lacharnement-judiciaire


Lire sur le même sujet https://www.20minutes.fr/justice/2312811-20180725-nice-parquet-fait-appel-relaxe-benevole-aide-entree-migrants

Italie Grèce la question migratoire

Par rédaction

Italie 2018 vs Grèce 2015 : deux façons opposées d’aborder la question migratoire Par Amélie Poinssot 31/7/18

Dans une Italie bien moins exposée aux arrivées d’exilés que par le passé, le ministre de l’intérieur Matteo Salvini se répand en propos xénophobes tandis que les attaques racistes se multiplient. Rien à voir avec la Grèce de l’été 2015 qui, asphyxiée financièrement, avait généreusement accueilli les personnes qui débarquaient chaque jour par milliers.

Surenchère, inconscience et provocation. Tels semblent être les moteurs du ministre italien de l’intérieur, Matteo Salvini, depuis qu’il a pris ses fonctions, le 2 juin dernier. Ces derniers jours, il est allé jusqu’à citer quasiment mot pour mot Mussolini, lançant sur Twitter, à l’occasion du jour anniversaire de l’ancien dictateur fasciste : « Tellement d’ennemis, tellement d’honneur ». Quant aux agressions racistes qui se multiplient depuis quelques mois dans le pays, il a répondu ce lundi : « Je rappelle qu’il y a environ 700 délits commis chaque jour en Italie par des immigrés, soit près d’un tiers du total, et ceci est la seule vraie urgence pour laquelle je me bats en tant que ministre. »

Il faut rappeler que le tonitruant vice-président du Conseil italien avait commencé son mandat par ces mots : « Pour les clandestins, la fête est finie. » Il ne donnait alors qu’un mauvais avant-goût de ce qui allait se passer par la suite : opposition au débarquement de l’Aquarius – puis d’autres navires ayant secouru des humains en pleine mer –, avalanche de propos xénophobes sous couvert de « bon sens », annonces d’expulsions massives, fantasme sur la réalité du phénomène migratoire en Italie… Depuis à peine deux mois qu’il est au gouvernement, Salvini a répandu sa haine dans les médias, sur les réseaux sociaux, et dans les réunions européennes, réduisant l’exercice de la politique à une communication abjecte tous azimuts sans pour autant mettre en œuvre de mesures concrètes.

Le chef de la Ligue (extrême droite) s’est ainsi imposé comme le numéro un de facto de ce gouvernement italien inédit, éclipsant le très discret Giuseppe Conte, chef officiel de l’exécutif, mais aussi son partenaire de la coalition gouvernementale et autre vice-premier ministre, Luigi Di Maio, dont le Mouvement Cinq Étoiles était pourtant arrivé en tête des élections du 4 mars avec un score près de deux fois supérieur à celui de la Ligue (33 % contre 17 %).

De fait, les Cinq Étoiles ne contestent guère l’orientation prise par le ministre de l’intérieur. À croire qu’ils partagent avec lui le rejet des “migrants”, la critique des ONG, et sa façon d’exercer la pression sur les autorités européennes. Au sein du mouvement, seules deux élues régionales ont publiquement émis des réserves sur la ligne du M5S depuis qu’il est au gouvernement.

Le chemin emprunté par Matteo Salvini est pourtant tout autant égoïste que les attitudes européennes qu’il entend dénoncer. A-t-il une seule fois, lorsqu’il était eurodéputé, manifesté un geste de solidarité avec Athènes quand la Grèce faisait face à un afflux autrement plus important, il y a trois ans ? A-t-il une seule fois, au cours de ses deux mandats à Strasbourg, proposé une solution européenne à la question migratoire ?

Sans vouloir minimiser les difficultés de l’Italie ni l’accueil réalisé depuis des années par ce pays face à une Europe de moins en moins solidaire, force est de constater que l’attitude de Salvini est surtout révélatrice de la manière dont un pays peut s’enfoncer dans la xénophobie devant une immigration fantasmée, quand d’autres ont su au contraire faire preuve d’humanisme et de solidarité, tout en recourant, aussi, à l’aide européenne dont ils avaient cruellement besoin.

Lorsque, à l’été 2015, la Grèce, asphyxiée financièrement et prise dans l’étau du chantage européen après l’arrivée au pouvoir de Syriza, se retrouve aux avant-postes de l’arrivée des exilés des conflits en Syrie et en Irak, nulle vague xénophobe ne se fait jour. Ni de la part du gouvernement, ni du côté de la société. L’organisation criminelle néo-nazie Aube dorée – sous le coup de poursuites judiciaires depuis le printemps 2015 – qui avait percé à environ 6 % des voix aux élections de 2012, au pire moment de la crise économique, ne progresse pas d’un pouce. À droite comme au gouvernement, le discours reste dans l’ensemble modéré vis-à-vis des migrants.

Entre juin et décembre 2015, ce sont pourtant près de 900 000 personnes qui passent par les îles grecques, puis par la Grèce continentale, pour rejoindre la « route des Balkans ». À Lesbos – l’une des îles les plus proches de la Turquie –, à Idomeni  – à la frontière avec la Macédoine –, mais aussi au port du Pirée, à Athènes, et en d’innombrables points de ce parcours, les solidarités s’organisent, des gens qui n’avaient jamais aidé s’activent.

De passage à Paris en mars dernier à l’occasion d’une exposition au théâtre d’Aubervilliers, Vassilis Tsartsanis nous avait raconté cet élan spontané. Pendant des mois, cet habitant d’Idomeni a vu, chaque jour, quelque 500 personnes passer la frontière entre la Grèce et la Macédoine. Jusqu’à son démantèlement, en mai 2016, le “camp” d’Idomeni accueillera jusqu’à 15 000 personnes. « Les gens du village ont ouvert leurs cœurs, leurs armoires, leurs maisons pour aider ces exilés. Je ne suis pas du genre à être fier de mon village, mais là, je dois dire que nous avons vécu quelque chose d’extraordinaire. Il n’y a pas eu une seule manifestation raciste. »

On en viendrait presque à s’étonner, aujourd’hui, du pacifisme et de la tolérance des Grecs face à l’arrivée de ces exilés en 2015, alors que le pays traversait sa sixième année consécutive d’austérité et de récession. Il en ressort une évidence : à la différence de l’Italie aujourd’hui, la société hellène n’avait pas été provoquée par des propos inconséquents et racistes de la part de son gouvernement. S’il allait être progressivement transformé par son leader Alexis Tsipras, le parti de gauche au pouvoir Syriza n’avait pas oublié son ADN de parti traditionnellement engagé dans la défense des droits des immigrés.Au ministère de la politique migratoire, c’est d’ailleurs un militant de la société civile qui occupe le poste de septembre 2015 à début 2018, Yannis Mouzalas. Dans l’interview qu’il nous accorde en septembre 2016, il demande, lui aussi, l’aide européenne. Mais son approche humanitaire et son propos posé n’ont rien à voir avec les déclarations irrationnelles et démagogiques de Salvini aujourd’hui.

Moins de 20 000 personnes arrivées par la mer

« Voici ce que nous voudrions faire, expliquait alors Yannis Mouzalas face à la situation des quelque 60 000 exilés coincés en Grèce depuis la fermeture de la « route des Balkans » et l’accord UE-Turquie, développer des hébergements qui ne soient plus du provisoire. Pas sous la forme de tentes, mais sous la forme de constructions en dur, avec des espaces pour cuisiner, des classes pour les enfants, des soins médicaux. Il faut aider en particulier les enfants, qui représentent environ 40 % des 50 000 réfugiés sur le continent. Il faut que ces jeunes retrouvent le contact avec le système scolaire, soit en allant directement dans les écoles grecques les plus proches, soit par le biais de classes spéciales dans les camps. »

On est loin, très loin de l’attitude du ministre de l’intérieur italien qui a promis « un bon coup de ciseaux » dans les cinq milliards d’euros du budget national consacrés à l’accueil des demandeurs d’asile. À peine trois semaines après sa prise de fonction, Matteo Salvini s’est en outre rendu à Tripoli pour y poursuivre la coopération de Rome avec les autorités libyennes et défendre l’idée, dans cet État failli, de « centres d’accueil et d’identification » pour les migrants cherchant à rejoindre l’UE.

Bien que la Turquie et la Libye ne soient pas comparables, le Grec Yannis Mouzalas, lui, n’était pas du tout dans ce type d’approche bilatérale focalisée sur le blocage des traversées. Il était réservé sur l’accord UE-Turquie ; et sans le remettre complètement en cause, il insistait sur l’absolue nécessité de permettre à tous les arrivants sur les îles grecques d’avoir accès à une procédure de demande d’asile en bonne et due forme. Il était hors de question, pour ce membre du gouvernement Tsipras, d’envisager une expulsion si la personne n’avait pas pu effectuer sa demande d’asile.

Lorsque nous interrogeons Yannis Mouzalas, nous sommes un an après le pic des arrivées en Grèce. Si leur nombre a chuté, les débarquements continuent et ne s’interrompront pas les années suivantes. Depuis début 2018, plus de 15 000 personnes ont encore rejoint l’archipel de la mer Égée.

En Italie, pays six fois plus peuplé que la Grèce, ce sont moins de 20 000 personnes qui sont arrivées par la mer depuis le début de l’année. De nombreux incidents racistes ont pourtant été répertoriés. Parmi les plus notables, il y a eu en février, à Macerata (centre du pays), une fusillade de personnes noires par un militant de la Ligue, au cours d’une campagne électorale entièrement focalisée sur la question migratoire. Début juin, un jeune Malien, Soumaila Sacko, est assassiné en Calabre. Quelques jours plus tard, en Campanie, trois hommes tirent sur deux Maliens à bout portant avec un pistolet à air comprimé – et comme pour illustrer l’impact qu’une xénophobie affichée au plus haut sommet de l’État peut avoir sur la population, les tireurs auraient, d’après des témoins, crié « Salvini, Salvini ! ».

Ce dimanche, près de Turin, c’est une lanceuse de disque, Daisy Osakue, qui est blessée à un œil après avoir reçu un œuf lancé depuis une voiture. Née en Italie de parents nigérians, cette athlète risque de ne pas pouvoir participer aux championnats d’Europe la semaine prochaine à Berlin. Ce même week-end, un Marocain pris en chasse en voiture par des Italiens l’accusant d’être un cambrioleur, dans une petite ville au sud de Rome, a fini mort à l’hôpital… Tandis qu’à Palerme, un Sénégalais a été roué de coups par un groupe d’Italiens sous les cris de « sale nègre ».

Certes, il existe aussi, en Italie, une multitude d’initiatives solidaires envers les immigrés. Mais le discours ambiant, alimenté sans scrupule par le chef de la Ligue et antérieur à lui, ne leur est pas favorable. Il faut reconnaître que les gouvernements précédents avaient préparé le terrain, se rapprochant déjà de la Libye, rendant difficile la régularisation des immigrés, et finissant par mettre des entraves, à l’été 2017, au travail des ONG. Quant aux médias, ils ont aussi leur part de responsabilité dans ce développement.

« L’Italie est en campagne électorale depuis 2013, écrivait le mois dernier l’auteur de l’enquête Gomorra, Roberto Saviano, dans Le Monde. Savez-vous ce que cela signifie ? Que tout est communication politique – et la communication politique est une chose très différente de la politique elle-même : c’est de la communication, de la vulgarisation, de la simplification. Cela signifie que les Italiens sont entourés, assiégés, écrasés sous le poids d’une politique qui, loin d’être réelle, se fait dans les talk-shows et sur les réseaux sociaux. (…) Cela signifie que ceux qui parlent des migrants comme d’un fléau à éradiquer obtiennent aussitôt de la visibilité, surtout s’ils ont gagné en crédibilité dans des milieux dits “de gauche”. (…) Mais la triste vérité, c’est que, malgré tout, ce gouvernement plaît – et ses soutiens se multiplient – parce qu’il indique des cibles, des ennemis à lapider, des catégories de personnes contre lesquelles se battre. »

Le journaliste d’investigation Roberto Saviano est l’une des rares personnes connues en Italie à s’être élevée, publiquement, contre l’orientation prise par Matteo Salvini. Le ministre a d’ailleurs déposé plainte contre lui il y a une quinzaine de jours, à la suite d’un tweet le mettant en cause. La société italienne semble peu mobilisée : seule une petite manifestation a eu lieu à Rome début juillet, pour critiquer la politique migratoire de l’exécutif.

Au-delà du positionnement du gouvernement transalpin, c’est donc tout un environnement qui baigne, aujourd’hui, dans le fantasme de l’immigration. « Comment un pays de 60 millions d’habitants peut-il se considérer comme envahi par 150 000 personnes ?, s’interrogeait cet hiver Giuliano Giuliani, un homme engagé bénévolement auprès des étrangers rencontré au cours d’un reportage à Gênes. C’est une folie que de penser de cette manière. Et c’est une hypocrisie. L’économie des régions riches comme la Lombardie et la Vénétie repose en grande partie sur la main-d’œuvre immigrée… » À l’exact opposé de la Grèce, cette “invasion” que subirait l’Italie fait maintenant partie du magma médiatique dominant.

Source https://www.mediapart.fr/journal/international/310718/italie-2018-vs-grece-2015-deux-facons-opposees-d-aborder-la-question-migratoire

La Grèce sauvée? …Pas sûr

Par rédaction

La Grèce est sauvée ? … Pas sûr après les privatisations et le recul industriel ! Par Gabriel Colletis

Qu’il s’agisse du gouvernement grec dont le Premier ministre, Alexis Tsipras, a mis récemment pour la première fois une cravate pour signifier qu’il considérait qu’il avait résolu le problème de la dette ou des institutions de la célèbre « Troïka » – le FMI, la BCE et la Commission européenne- tout le monde semble s’accorder pour considérer que la Grèce est sauvée. Par Gabriel Colletis*, Professeur d’Economie à l’Université de Toulouse 1

Après trois mémorandums, des dizaines de réformes ayant exténué le pays, la Grèce, assainie, serait enfin sortie de ses difficultés et pourrait retrouver enfin le chemin de la croissance et même se financer toute seule sur les marchés.

Observée d’un peu près, la réalité apparaît tout autre

En dix ans, le recul des salaires et des pensions de retraite est considérable, supérieur à 30%. La baisse des dépenses publiques de santé et d’éducation dépasse les 40%. La pression fiscale n’a jamais été aussi forte et on ne compte plus les impôts nouveaux. Le PIB s’est effondré (-25%) de même que les investissements (-40%).

Derrière ces chiffres un peu froids, on découvre une vie quotidienne des Grecs qui s’est très gravement détériorée : le chômage touche près du quart de la population active, la pauvreté s’est largement étendue, l’angoisse face à la maladie touche tout le monde, des centaines de milliers de jeunes Grecs (les mieux formés) ont quitté la Grèce à la recherche d’un emploi, hypothéquant ainsi l’avenir du pays. Dans certaines îles, y compris les plus touristiques comme Corfou, les ordures s’accumulent le long des trottoirs sur des dizaines de mètres de long.

Tout cela pourquoi ou avec quelle justification ? Faire tomber le poids de la dette publique afin d’assainir l’économie, a-t-on expliqué aux Grecs comme aux autres peuples des autres pays européens. Eh bien, cette dette n’a nullement reculé et avoisine toujours les 180% du PIB ! La Grèce n’a pas seulement perdu dix ans, elle a, en réalité, perdu son avenir.

Les privatisations opérées privent la Grèce des moyens de son développement. Le port commercial du Pirée a été cédé aux Chinois qui l’utilisent pour déverser leurs marchandises dans l’Europe entière. Les aéroports et nombre d’infrastructures essentielles (chemins de fer, eau, distribution de l’électricité) ont également été vendus à des groupes étrangers (allemands principalement, mais aussi en partie français grâce à l’invitation faite aux firmes françaises par l’ex-Président Hollande d’aller faire de bonnes affaires en Grèce).

Un sauvetage en trompe-l’œil

Contrairement aux illusions entretenues quant à la possibilité d’un redémarrage des exportations industrielles grâce à la baisse des salaires et la fin des conventions collectives, la balance commerciale grecque reste très gravement déficitaire. Les importations de la Grèce (des appareils de communication électroniques aux produits alimentaires en passant par les vêtements, l’équipement de la maison, les automobiles, les machines de toutes sortes qui sont employées dans l’agriculture et ce qui reste de l’industrie) excèdent, en effet, largement ses exportations. Et les recettes du tourisme sont loin d’être suffisantes pour couvrir ce déséquilibre.

Le problème largement ignoré est ainsi moins la faiblesse des exportations que l’extrême dépendance de la Grèce à ses importations. Ici réside le véritable problème de l’économie grecque et non dans la dette de l’État.

Les gouvernements grecs successifs -dont l’actuel- portent, avec la complicité de fait du FMI et des institutions européennes, une responsabilité écrasante dans ce qui est non le sauvetage, mais le naufrage de la Grèce. Ils n’ont pas compris que l’urgence était d’engager un véritable programme de développement du pays centré sur un renouveau des activités productives orientées vers la satisfaction des besoins fondamentaux des Grecs (industrie et agriculture) tout en permettant de réduire les importations.

Ce développement aurait de plus permis à l’État d’élargir la base de ses recettes fiscales, de réduire ainsi son déficit et à terme sa dette.

La politique économique conduite avant comme après 2015 a comme seule cohérence d’obéir à la doxa dominante. Elle aura été néfaste au pays comme à sa population.

* Gabriel Colletis est Professeur d’Économie à l’Université de Toulouse 1-Capitole et Président de l’Association du « Manifeste pour l’industrie » http://manifestepourlindustrie.org/.
Il a publié un ouvrage intitulé « Exo apo tin Krisi », Editions Livanis 2014. Il a conseillé plusieurs membres du gouvernement grec jusqu’en juillet 2015.

Source https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/la-grece-est-sauvee-pas-sur-apres-les-privatisations-et-le-recul-industriel-785977.html

Scandale Novartis Grèce

Par rédaction

LA NORMALITÉ SCANDALEUSE DE L’INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE par Théodoros Mégaloéconomou, psychiatre, Athènes Traduction Emmanuel Kosadinos 

Ce n’est certainement pas un « cas grec» isolé.

L’implication présumée de longue date de personnalités politiques, d’anciens ministres et premiers ministres, soupçonnés avoir bénéficié de pots de vin d’une hauteur considérable de la part de Novartis, est un scandale aux dimensions énormes et tentaculaires, qui cause de nouveaux tremblements dans un système politique multiplement défaillant, corrompu et en crise constante. Mais la question  ne concerne pas uniquement  les pratiques de Novartis, ni n’est un « cas grec» isolé.

La multinationale NOVARTIS est la troisième compagnie pharmaceutique sur le marché européen La multinationale NOVARTIS est la troisième compagnie pharmaceutique sur le marché européen

Ce n’est que l’expression de la « normalité » scandaleuse du mode de fonctionnement de l’industrie pharmaceutique dans son ensemble (un secteur qui est le deuxième plus rentable dans le monde entier après l’industrie de guerre) dans le cadre d’une « Alliance Sacrée » mutuellement bénéfique avec le système politique et, bien sûr, une grande partie du corps médical, des Universités, mais aussi les médias, etc.

Un exemple à citer est le cas impliquant George Bush Jr., qui en tant que gouverneur du Texas avait soutenu la mise en œuvre d’un projet pilote, avec la participation d’un certain nombre de sociétés pharmaceutiques, visant à l’administration d’antipsychotiques et d’antidépresseurs dans les âges de moins de 18 ans. Ces compagnies pharmaceutiques ont contribué par trois fois plus d’argent à la campagne électorale de Bush aux élections de 2000 qu’à celle de Kerry. Sur les 1,6 milliard de dollars de contributions d’Eli Lilly à la campagne électorale – dont le médicament antipsychotique Zyprexa (très onéreux encore à l’époque) était le premier proposé par le projet, 82% sont allés à Bush. 

Après son élection, Bush a favorisé la mise en œuvre obligatoire du projet au niveau fédéral pour faire le diagnostic des troubles mentaux «pas encore diagnostiqués» (ni même manifestés) dans l’ensemble de la population et même d’enfants d’âge préscolaire – pour aboutir, dans un deuxième temps, à l’administration d’antidépresseurs et d’antipsychotiques, par millions d’ordonnances, même chez des nourrissons de moins de 2 ans. Comme il a été révélé, des hauts fonctionnaires et cadres placés à des postes critiques pour la mise en œuvre du projet d’administration des médicaments, ont reçu de l’argent et des cadeaux des compagnies pharmaceutiques pour certifier la validité d’un projet, qui n’était qu’un effort difficilement masqué des entreprises pharmaceutiques pour accéder à un marché plus large pour des antidépresseurs et des antipsychotiques coûteux, par le biais d’un plan gouvernemental obligatoire, qui leur ouvrait les portes de domaines de la vie des gens qui jusque-là étaient hors de leur compétence.

De toute évidence ce n’est pas un hasard que la tendance internationale à surdiagnostiquer le TDAH (trouble d’hyperactivité avec déficit de l’attention) chez les enfants, et même que tout enfant «vif» (dans un système éducatif en état d’effondrement et / ou une famille crise ) a tendance à être diagnostiqué comme « TDAH » soit en rapport avec la promotion de la prescription (souvent déraisonnée) de la Ritaline (méthamphétamine, un dérivé de l’amphétamine), produite par Novartis (en position dominante sur le plan commercial par rapport aux médicaments similaires, produits par d’autres compagnies ). Il s’agit d’un médicament qui, présenté comme «la pilule de l’obéissance », mais qualifié par des experts internationaux « la cocaïne des bébés», a été également présenté (notamment en Grèce), par les médias, comme «le médicament qui aide l’élève et l’étudiant pour préparer ses examens» peu importe si il peut le rendre par la suite dépendant, car il s’agit d’une substance fortement addictive. 

Le scandale Novartis ne sont pas seulement les pots de vin

La question donc qui a vu le jour à travers le scandale Novartis ne doit pas se limiter aux pots de vin des politiques et des autres (aussi grave que cela soit) ni dégénérer en petite guéguerre tactique dont l’enjeu serait la survie politique des uns et des autres, en en cycle sans fin de discours sur la corruption, dont l’expérience nous enseigne qu’ils s’éteignent par l’oubli, mais elle doit s’approfondir et atteindre les racines du problème, le champ global dans lequel évolue la production et la diffusion sur le marché des médicaments et la relation avec le système de santé. Ainsi, il y a besoin de bien comprendre pourquoi sur un tel terrain, les pots de vin sont la règle, pour que soient apposées les signatures nécessaires à la mise en place d’arrangements favorables aux profits des compagnies. Cela en dépit des intérêts de la Santé à laquelle le médicament est supposé rendre service. 

Ainsi la question, ne concerne pas seulement Novartis, mais toutes les compagnies pharmaceutiques, qui, dans la société capitaliste dans laquelle nous vivons, se sont appropriées la production exclusive d’un « bien social » par excellence tel le médicament, comme s’il s’agissait d’une marchandise, générant des profits et des bénéfices élevés sur les bourses internationales lorsque l’entreprise « va bien » avec des profits en croissance, au présent et en prévisionnel. La production et la diffusion, le marketing du médicament, sont essentiellement en rapport avec cela. Elle est bien là la contradiction qui régit sa production en tant que marchandise. Toutes connaissances scientifiques, tous objectifs thérapeutiques à l’origine de son invention et de sa production doivent être en adéquation avec des besoins de rentabilité. Dans tout autre cas de figure (sauf exception), l’usage thérapeutique doit être modulé et promu de manière qui non seulement ne nuise à la rentabilité mais qui, au contraire, l’augmente. 

Systématiquement donc, les sociétés pharmaceutiques:

  • Occultent les résultats des essais lorsqu’ils sont défavorables à l’utilisation des médicaments qu’elles produisent et font une diffusion démesurée de ceux qui leur sont favorables.
  • Payent des médecins et des universitaires pour qu’ils communiquent dans des congrès et conférences scientifiques au sujet de leurs produits et en fassent la promotion,
  • S’y déploient pour multiplier les indications de leurs médicaments – d’une seule maladie, tout à coup à plusieurs (ceci est la règle, tout en particulier pour les psychotropes, car cette démarche est beaucoup moins coûteuse pour les laboratoires que de fabriquer un nouveau médicament);
  • La plupart des articles publiés au niveau international sur « les grandes qualités » de leurs produits sont concoctés par ces mêmes compagnies pharmaceutiques qui les produisent et signés par des prête-noms, autrement appelés « écrivains fantômes» (« ghost writers ») des personnalités scientifiques connues, payées pour simplement apposer leur signature, comme l’a révélé l’hebdomadaire britannique «The Observer» le 7/12/2003. 

En 2012, une amende de 3 milliards dollars US a été imposée à GlaxoSmithKlein (GSK) suite à une série d’infractions en rapport avec la « promotion illégale de médicaments soumis à ordonnance et omission de données de sécurité. » Une partie de cette amende, la somme de 600 millions, de dollars a été allouée à des « témoins protégés » (tels que les « trois du FBI » qui se sont rendus aux États-Unis pour l’affaire Novartis), dans la mesure où aux États-Unis il existe un système contrasté, avec d’une part une large immunité pour l’industrie pharmaceutique et d’autre part des sanctions sévères pour les infractions, jugées à l’aune des intérêts matériels en jeu. La FDA 1 elle-même, chargée d’autoriser la circulation des médicaments, vacille entre ces deux extrêmes – entre les amendes sévères et la tolérance tacite.  

FDA: Food and Drug Administration (l’Autorité suprême du médicament aux Etats-Unis)FDA: Food and Drug Administration (l’Autorité suprême du médicament aux Etats-Unis)

Une collusion structurelle entre médecins et compagnies pharmaceutiques

Examinons maintenant certains aspects de cette collusion structurelle (qui n’implique certainement pas tous les médecins, mais hélas une majorité), telle que nous l’éprouvons dans notre pays la Grèce, (méritant d’être) connue de tous. 

–  Commençons par le siège quotidien et très envahissant, mais accepté comme la norme, de tous les hôpitaux publics, les cliniques, etc., par les visiteurs médicaux. La fonction de ces visiteurs médicaux n’a rien à voir avec une supposée « information » du médecin sur les médicaments (qui en général ne concerne pas de nouveaux produits, mais surtout et sans cesse des bien vieux et connus), mais l’asservissement du praticien (à travers diverses manipulations) à la routine de prescription du médicament promu. Il s’agit plutôt de transactions « de mise au point », concernant parfois le nombre d’ordonnances du médecin avec l’ d’une « récompense » en proportion, etc. Les infirmier-e-s sont également abordé-e-s (notamment les cadres) et, dans chaque hôpital, toutes les personnes en contact avec la distribution des médicaments. La question est la suivante: quelle est l’utilité de ces visites soi-disant informatives des visiteurs médicaux ? Pourquoi, pour un «problème scientifique», d’autres manières pour accéder aux «connaissances et informations scientifiques» ont-elles été exclues? Mais peut-être, parce qu’il s’agit tout simplement de marketing. 

–  Les Congrès intégralement défrayés pour tous les médecins et les internes (dont la formation et son financement sont désormais de la compétence de l’industrie pharmaceutique) dans des hôtels cinq étoiles, souvent tenus dans des lieux « exotiques », dans lesquels « brille » une « science » bien manipulée par l’industrie pharmaceutique. Des Congrès qu’on peut difficilement distinguer des foires commerciales (médico-pharmaceutiques) où, derrière les stands des exposés, on peut trouver l’espace où a lieu la présentation orale des produits. Et même, lors de ces dernières années, il ne suffit plus de mentionner dans le programme des Congrès, les sociétés pharmaceutiques qui les parrainent (deux, trois, quatre, cinq, etc.), mais sont organisées des « tables rondes » à part, qui ont lieu, comme indiqué, avec « noble parrainage… de Janssen… d’Eli Lilly…, de Ludbeck etc. » On est en droit de se demander, qu’est-ce qui est précisément sponsorisé lors de ces « tables rondes» par les sociétés pharmaceutiques ? Est-ce les bouteilles d’eau, le micro, le pupitre de l’intervenant, quoi donc ? 

En mai dernier (2017) précisément, lors du Congrès annuel de la Société Hellénique de Psychiatrie a été annoncé la création, dans le Service de Psychiatrie d’un Hôpital Général, une «clinique de la clozapine» dédiée, un médicament antipsychotique, qui a des effets secondaires graves, et qui était censé être, jusqu’à présent, un moyen de «dernier recours». On comprend que lorsqu’on crée une clinique dédiée à un seul médicament, cela favorisera son utilisation croissante. Il s’agit, bien sûr, du Leponex, commercialisé par Novartis. Alors que s’il existait un réseau intégré de services communautaires de soins psy, le recours à Leponex pourrait être bien moindre. 

–  Une « clinique spéciale » basée sur le même concept a été également annoncée pour l’administration d’antipsychotiques injectables à effet prolongé (retard), pour y administrer trois médicaments relativement nouveaux et coûteux (mais pas plus efficaces que les anciens) qui se disputent aujourd’hui pour la part du marché. 

– Une « innovation » plus récente, importé celle-là comme d’autres du monde anglo-saxon, sont les accords passés entre les médecins des hôpitaux publics et les labos pharmaceutiques, les gens des labos se déplaçant chez des patients qui sont indiqués par les médecins pour leur administrer des antipsychotiques injectables à effet prolongé afin que les produits des labos pharmaceutiques ne restent pas invendus ni inutilisés. A ce propos, en Angleterre cela a été proposé depuis 2012 comme projet officiel, pour parer soi-disant à l’effondrement du NHS. Ainsi la coopération des médecins généralistes et des labos pharmaceutiques a été officialisée pour traiter des patients (notamment des cas au diagnostic incertain, difficiles à traiter) et notamment, ont-ils dit, pour améliorer la compliance des patients au traitement. Car les visiteurs des labos ont toute latitude pour sélectionner dans la file active des médecins généralistes les patients susceptibles de « bénéficier » du traitement pat les médicaments du labo. Nous ne sommes pas très loin, dans la petite Grèce, de ces « sommets scientifiques » atteints dans le monde anglo-saxon. 

– Que dire encore de la Société Hellénique de Psychiatrie (ΕΨΕ), qui lors de la Journée mondiale de la santé mentale (10/10/17), dédiée au thème « Santé mentale et travail », a invité pour premier orateur, le président de l’Association des entreprises pharmaceutiques de Grèce (ΣΦΕΕ / SFEE) le successeur de l’inqualifiable K. Frouzis2? 

–  Il y a eu enfin des dans des hôpitaux publics des « essais » de médicaments psychotropes déjà en circulation (donc accrédités) sans qu’il ne soit jamais étudié dans quels termes et sous quelles conditions ces « essais » furent menés, car ce fut même parfois au détriment des soins des patients qui n’y participaient pas.  

Le Ministère de la Santé est loin tout ça. Il traite de la gestion des conflits d’intérêts (facturations, etc., en application des clauses des mémorandums), à défaut d’aborder la racine du problème. Une question, en fait, est de savoir si les médecins des différents comités du Ministère entretiennent des relations avec des sociétés pharmaceutiques, s’ils se rendent par exemple à leurs Congrès «intégralement défrayés». Y a-t-il parmi eux des personnes qui effectuent, par exemple, des essais et des études commandées par des laboratoires pharmaceutiques? Font-ils la promotion, par quelque moyen que ce soit, de médicaments d’une compagnie – par exemple, par le biais de conférences supposées scientifiques, etc. (comme pour les antipsychotiques à action prolongée)?

Et que se passe-t-il (encore) à l’Université ? 

L'industrie pharmaceutique (avec celle de l'armement) est la plus lucrative dans le capitalismeL’industrie pharmaceutique (avec celle de l’armement) est la plus lucrative dans le capitalisme

Pas de solution tant que le médicament reste une marchandise

Clairement, il n’y aura pas de solution au problème tant que le médicament restera entre les mains de l’industrie pharmaceutique. Tant que le médecin continue à agir comme «intermédiaire» entre la compagnie et l’usager, à qui il / elle doit administrer le médicament / produit pour son traitement. C’est à travers cette relation que se déploient tous les tentacules de la collusion. 

Parce qu’il n’est pas seulement question de la collusion diffuse et de la corruption du système. C’est la «façon même de penser et de pratiquer» du corps médical qui est façonnée et manipulée par ce qui est contrôlé, constitué et proposé en tant que «connaissance scientifique» (en tant que thérapie, «médicament approprié», etc.) – lorsque la connaissance scientifique est manipulée par la logique et les pratiques de rentabilité des sociétés pharmaceutiques – toujours en ligne avec le biopouvoir  dominant. Ce sont ces choix qui sont proposés même aux médecins qui ont les meilleures intentions, ceux qui se soucient avant tout de leurs patients. 

En Grèce, en France, partout dans le monde il faut lutter pour faire advenir des solutions radicales et humanistes!En Grèce, en France, partout dans le monde il faut lutter pour faire advenir des solutions radicales et humanistes!

Bien que cela apparaisse comme un projet « hors sol », la nationalisation de l’industrie pharmaceutique, sous le contrôle des travailleurs et de la société, est la seule réponse aux scandales en cours et celui-là, perpétuel, qui est devant nous – le scandale de l’existence même de l’industrie pharmaceutique privée et de la production du médicament en tant que marchandise. La solution intermédiaire n’existe pas – et cela, encore une fois, sera éprouvé en cours de route.

1 FDA: Food and Drug Administration

2 K. Frouzis, ancien président de l’Association des entreprises pharmaceutiques de Grèce (ΣΦΕΕ / SFEE), dont la responsabilité lourde dans le scandale Novartis Grèce serait quasiment prouvée

Source: http://www.efsyn.gr/arthro/skandalo-novartis-einai-i-skandalodis-kanonikotita-olis-tis-farmakoviomihanias

 

Université d’été solidaire et rebelle des mouvements sociaux et citoyens à Grenoble

Par rédaction

Le collectif Grèce-austérité vous invite à participer à

L’Université d’été solidaire et rebelle des mouvements sociaux et citoyens

qui se tiendra cette année à Grenoble

du 22 au 26 août 2018

sur le campus universitaire

Dans le prolongement de nombreuses initiatives citoyennes, cette Université d’été sera un moment important de débats et de formation pour la construction d’initiatives communes et d’actions concrètes, ainsi qu’un temps convivial pour toutes celles et ceux qui partagent des valeurs de solidarité face à la casse imposée par le néolibéralisme. Fin août 2018, cette Université d’été sera un temps fort pour toutes celles et ceux qui agissent aujourd’hui et/ou souhaitent rejoindre un espace commun pour contribuer à construire un monde juste, écologique et solidaire.

ATTAC et le CRID sont à l’initiative de cette édition de l’Université d’été, et ont associé de nombreuses organisations et mouvements pour en co-construire le contenu et participer concrètement à son organisation.

Le programme https://ue2018.org/spip.php?page=programme

Les organisateurs https://ue2018.org/Avec-qui

Pourquoi cette université https://ue2018.org/Pourquoi-cette-Universite-d-ete

Comment participer https://ue2018.org/Participez

Les informations pratiques https://ue2018.org/Informations-pratiques

Le site organisateur https://ue2018.org/

On recherche encore des hébergements solidaires : Vous habitez l’aire urbaine grenobloise et pouvez offrir un hébergement lors de l’Université d’été (UE). Merci alors de remplir le formulaire <https://ue2018.org/Offrez-un-hebergement-militant-aux-participant-e-s-a-l-Universite-d-ete> . Ces données permettront de vous mettre en relation avec des participant-e-s susceptibles d’être intéressé-e-s par votre offre (à noter que ces données ne seront pas rendues publiques).

 

Grèce. Le vent mauvais de l’austérité souffle sur les flammes

Par rédaction
par Rosa Moussaoui publié le 26/7/18 l’Humanité

Les politiques de protection de l’environnement et de prévention des incendies ont été, elles aussi, sacrifiées sur injonction de la troïka. Le budget des pompiers a été tailladé. Conséquence : une vulnérabilité grecque accrue face au feu.

«Plus de nourritures ni de vêtements dans la municipalité de Marathon. Ils ont besoin de volontaires. » « Hébergement à Isthmia pour douze personnes dans les zones touchées ». Entre les cruelles photographies d’enfants disparus, des messages de solidarité, comme des lueurs d’espoir dans le paysage de cendres laissé par les incendies en Attique et dans le nord du Péloponnèse. Sur les médias sociaux, les Grecs s’organisent, répercutent localité par localité les besoins des sinistrés, eau, vivres, vêtements, médicaments, relaient les appels au bénévolat, proposent un toit à ceux qui n’en ont plus. Hier, alors que le pays comptait encore ses morts, un extraordinaire élan collectif prenait corps, comme celui qui a permis aux Grecs de rester debout face au sadisme austéritaire de la troïka, comme celui qui a rendu possible l’accueil de centaines de milliers de réfugiés bloqués aux portes de l’Europe forteresse.

Les pompiers manquent cruellement d’équipements

Encore une fois, la société supplée les défaillances d’un État laminé par huit ans d’austérité. Les politiques environnementales, la lutte contre les incendies, la gestion durable des espaces forestiers n’ont pas échappé aux sévères restrictions budgétaires imposées au pays. Dès 2012, le budget alloué à la sécurité civile a été amputé de 25 %. Quant aux pompiers, ils ont vu leurs effectifs tailladés. D’après les statistiques de l’Association internationale des services de secours et d’incendie, leur nombre, en Grèce, est passé de 18 559 en 2008 à 15 660 en 2015. Ils disposaient en 2009 d’un budget de 452 millions d’euros. L’an dernier, celui-ci plafonnait à 354 millions d’euros… Conséquence : les pompiers manquent cruellement d’équipements, de protection individuelle appropriée et ne disposent pas même d’un uniforme de rechange. Dans les zones touchées cette semaine, certaines bornes d’incendie étaient tout simplement hors service, faute d’entretien. Le ministre de l’Intérieur, Panos Skourletis, a explicitement mis en cause l’étranglement austéritaire : « L’achat de nouveaux avions ou hélicoptères est nécessaire, depuis 2000, pas une seule vis n’a été remplacée », a-t-il expliqué à l’agence de presse Ana. Même le « fonds vert » créé en 2010 par voie législative pour financer des programmes de protection de l’environnement, de surveillance des zones protégées, de lutte contre les incendies et de reforestation n’a pas été épargné par la voracité des créanciers. L’essentiel de ses ressources est aujourd’hui affecté… au remboursement de la dette !

Les dangers d’un urbanisme anarchique

Au-delà des moyens consacrés à la lutte contre les incendies, les politiques de prévention, elles aussi, ont été sacrifiées. Les plans locaux et régionaux qui prévoient l’ouverture de voies pour faciliter l’accès aux zones forestières en cas de feu, l’installation de réserves d’eau et le débroussaillage des espaces exposés aux risques d’incendie ne sont pas, ou peu, mis en œuvre. Ces plans, lorsqu’ils sont élaborés, ne revêtent d’ailleurs, du point de vue de la loi, aucun caractère contraignant : ce sont de simples compilations de recommandations.

Ces failles dans les stratégies de prévention se conjuguent pour le pire avec les dangers d’un urbanisme anarchique qui laisse proliférer depuis des décennies, surtout en bord de mer, des constructions souvent illégales, dispersées sur des zones plantées d’essences pyrophiles, comme le pin. C’était le cas à Mati, localité rayée de la carte à une quarantaine de kilomètres au nord-est d’Athènes, où se concentrent l’essentiel des victimes des incendies, cette semaine. « Les pins étaient vieux, très hauts et gros : tout le combustible nécessaire pour que les flammes enflent et courent, dégageant une énorme charge thermique », explique à l’AFP l’ingénieur des eaux et forêts Nikos Bokaris. « Même dans des pays disposant d’énormes moyens de lutte contre le feu, le défi posé par la coexistence entre tissu urbain et milieu forestier est énorme », souligne encore Kostis Kalambokidis, géographe et expert en catastrophes naturelles. Là encore, les injonctions de la troïka ont aggravé la vulnérabilité du pays face aux incendies. Au nom de la promotion des investissements touristiques, les créanciers ont dicté à la Grèce des lois favorisant le bétonnage de zones écologiquement sensibles, légalisant les constructions illicites et encourageant la vente du littoral à la découpe. « Le feu n’a pas attendu la crise pour brûler, mais il est certain que l’assèchement financier des services publics n’arrange rien », résume Nikos Bokaris. Comment, dès lors, ne pas entendre des accents de cynisme dans les déclarations de Jean-Claude Juncker, lorsqu’il promet que la Commission européenne qu’il préside « n’épargnera pas ses efforts pour aider la Grèce » ? Athènes, qui a déclenché le mécanisme européen de protection civile, a reçu les offres d’aide de Chypre, de l’Espagne, de la France, de la Bulgarie, de l’Italie, du Portugal et de la Croatie. Mais, déjà, le bilan de ces feux meurtriers dépasse celui des terribles incendies de 2007. Cette année-là, 77 personnes avaient péri dans le Péloponnèse et en Eubée.
Rosa Moussaoui
Source https://www.humanite.fr/grece-le-vent-mauvais-de-lausterite-souffle-sur-les-flammes-658534

Grèce : incendie, solidarité et colère

Par rédaction

LA GRÈCE BRÛLE… DEUIL, SOLIDARITÉ, COLÈRE ! par Constant Kaimakis

La Grèce brûle…encore une fois. Après les terribles incendies de 2007 du Péloponnèse et d’Eubée, les médias s’accordent à qualifier les incendies de ces derniers jours comme les plus terribles et meurtriers de l’ histoire récente de la Grèce.
Qu’importe les chiffres… Au bout du compte ce seront sûrement encore trop de morts et de blessés, de pauvres grecs traumatisés déjà durement frappés par 10 années de crise.
7… 12… 40… ou plus de départs simultanés de feux dans des zones différentes, réparties sur des fronts géographiques éloignés ( Attique, Crète, Péloponnèse ) des villes durement touchées: KINETA, VOUTZA, MATI, NEA MAKRI, KALAMOS, OROPOS, RAFINA, CORINTHE, environs de CHANIA … et encore et toujours des milliers et des milliers d’hectares partis en fumée, maisons, voitures, hôtels, clubs de vacances… rien n’aura résister cette fois aux vents de feu déchainés…
Après des inondations fin 2017, renouvelées en juin 2018 , ces incendies , eux aussi suivi d’inondations hier après midi à Athènes sont là pour nous rappeler que désormais il faudra compter avec une dialectique Incendie/Inondation: au vu du réchauffement climatique et des dérèglements engendrés, il y aura de plus en plus de cycles alternant pic de chaleur ,et donc incendies, et pic pluviométrique, et donc inondations… Au moment où brûle la Grèce, les forêts Suédoises, le nord de l’Europe mais aussi…le cercle polaire comptent des incendies géants ! 
Si jusqu’ici en Méditerranée, nous savions que nous devions compter avec ces incendies ravageurs et depuis peu avec cette alternance incendies/inondations, parfois, comme en Grèce, cela peut prendre une tournure encore plus dramatique car à la crise environnementale vient se rajouter des crises économico-sociales et politiques.

3 jours de deuil, bien sûr…

Une formidable solidarité … encore et toujours, dans un pays qui connait la résistance , qui sait se relever et rebondir à chaque nouveau drame. Avec des formes inédites … dues à un autre drame, celui des Migrants-Réfugiés, qui sont aujourd’hui une composante démographique de la population vivant en Grèce et qui n’ont pas hésiter à venir apporter leur soutien avec leurs très faibles moyens , et à venir donner leur sang, parfois leur seule et dernière richesse…

Deuil… Solidarité… mais déjà la COLÈRE …

Car bien sûr les grecs sont malheureusement aguerris en matière d’incendie. 
Fin août 2007, 77 personnes avaient péri dans des incendies de forêts sans précédent, qui avaient ravagés 250.000 hectares dans le Péloponnèse-sud et l’île d’Evia (nord-est d’Athènes). En 2012, cinq personnes accusées d’avoir des responsabilités dans ces incendies ont été condamnées à dix ans de prison avec sursis par un tribunal du Péloponnèse: un vice-préfet, un ancien maire, le chef des pompiers locaux, un pompier saisonnier et une femme accusée d’avoir provoqué un incendie alors qu’elle faisait la cuisine. 
Les grecs pensaient que les « autorités » comme ils disent en avaient tirer les leçons…
Cette fois, à MATI, qui semble avoir été l’épicentre de la terreur incendiaire, on parle encore des mêmes causes: une urbanisation dense et anarchique, l’absence de plan d’évacuation… Pire, dans cette cité balnéaire construite dans les 60’ on a pas hésité à sacrifier des forêts entières pour construire au milieu des Pins… Le témoignage de Μαργαρίτα Καραβασίλη , ex-secrétaire du corps des inspecteurs de l’environnement dans une interview à Realfm 97,8 rapportée par le Journal des Rédacteurs, est édifiant . Elle affirme que L’État est corrompu à tous les niveaux : les plans d’urbanisation de cette zone ont subi des pressions des constructeurs, architectes, urbanistes et propriétaires de l’époque quitte à donner quelques bakchichs…Pour elle, « cette zone n’est jamais entrée dans le projet urbain  » de Néa Makri dans le respect de la législation. Le développement urbain des 80′-90′ a généré de grosses contradictions avec notamment toute la difficulté de « normaliser » le territoire au vu des législations actuelles. Dans une zone à 80% forestière… l’ urbanisation galopante s’est faite à l’arrache ! et ce depuis les 60’…sans respect de l’environnement, de la sécurité des biens et des gens… Et elle conclut en disant que dans la dernière phase de développement urbain pour la période 2006-2008, « la pression a été très forte dans une zone qui comportait déjà de nombreuses irrégularités… maisons, hôtels, clubs de vacances sont arrivés jusqu’au littoral, mais avec des clôtures, et l’impossibilité souvent d’accéder à la mer. À Mati où s’est produit la tragédie, il semble qu’il n’y avait plus d’accès à la plage car c’était devenu des  » StockYards » ( parc à bestiaux…) » Tout est dit… Et les photos et vidéos vus ces jours-ci témoignent de ce piège où le vent de 9-12 beaufort a soufflé comme un lance flamme sur les gens piégés dans leur voiture , leur maison, et même sur les plages pour celles et ceux qui ont pu y accéder.
Et puis il y a les 10 années de crise, avec leurs 4 mémorandum et leur arsenal de mesures austéritaires qui ont cassé les Services Publics de la Protection, de l’Environnement, et l’ensemble des autres Services publics.Dans ces cas de crise majeure, on mesure alors l’étendu des dégâts: 
– dégraissage des effectifs POMPIERS et PROTECTION CIVILE ( _ 4000 postes) et pb de leur STATUT NON PERMANENT ( qui a valu de nombreuses grèves, manifestations etc…) , 
– NON RENOUVELLEMENT de matériel, vétuste, mal adapté aux grands feux de forêts ,
– AFFAIBLISSEMENT des administrations concernées ( pb de coordination des autorités, manque d’agents souvent en Burn Out et surchargés, etc…) . 
On peut aussi y rajouter la question de la RÉFORME FORESTIÈRE votée cette année qui a provoqué des grèves d’éleveurs/agriculteurs en janvier dernier. 
Enfin, d’une façon générale l’impact des politiques austéritaires dans la vie quotidienne des grecs: Transports, Santé, Environnement, Écologie etc… Cet ensemble, et sûrement encore d’autres aspects, fait, font que en cas de crise grave liée à un pic climatologique ( Chaleur/Incendies etc…mais il y a qcqs semaines c’était les INONDATIONS…), ces MANQUES, ces DIFFICULTÉS etc… se TRANSFORMENT en VECTEURS DRAMATIQUES, en CAUSES MORTELLES…

C’est pourquoi la colère ne peut qu’éclater chez les pompiers qui avaient averti des risques qu’on prenait et qui expliquaient qu ‘ils ne luttaient pas pour des « privilèges » …mais pour la sécurité des gens…, chez les personnels de santé qui ont déjà bien du mal à gérer le « quotidien normal » des équipements sanitaires et sociaux…imaginez en temps de crise avec des grands brulés, blessés graves etc… jusqu’aux légistes qui ont du mal à identifier les corps par manque de moyens et d’infrastructure.
Et la colère des habitants aussi ,qui en plein deuil national ont envahi le Conseil municipal de Marathon: http://www.iefimerida.gr/…/entasi-sto-dimotiko-symvoylio-ma…
Car par manque de moyens dus à des services publics fracassés, on a du mal à avoir de l’eau, de l’électricité, des médicaments, des soins …

Les enquêtes en cours diront sûrement qui sont les « criminels » …

Mais certains aiment à rappeler que L’État, LES GOUVERNEMENTS passés et actuels ont du mal à faire respecter les articles de la Constitution grecque quand à la protection de l’environnement : Article 24 – Constitution de Grèce – Protection environnement Article 117 – Constitution de Grèce – propriété rurale,forêts,expropriation,zones d’habitation cf http://kinisienergoipolites.blogspot.com/2018/07/24-117.html

PLEURER LES MORTS ET LES BLESSÉS, DÉCRÉTER 3 JOURS DE DEUIL NATIONAL , FAIRE APPEL À L’AIDE INTERNATIONALE…etc C’EST BIEN SÛR LE MINIMUM , mais cela ne gommera pas d’un coup de baguette magique 10 ans de CRISE, 10 ans d’Austérité, 10 ans de CASSE des SERVICES PUBLICS !

 

Migrants: «La collaboration entre Rome et Tripoli passe pour assassine»

Par rédaction

Publié par Alencontre le 19 – juillet – 2018 Par Dominique Dunglas

A peine hissée hors de l’eau par les secouristes de l’ONG Proactiva Open Arms, les yeux hagards, Josepha est en état de choc, incapable de parler, déshydratée et en hypothermie après avoir dérivé pendant 48 heures accrochée à un morceau d’épave. Au second plan, gisent sur une planche de bois flottante le cadavre d’une autre femme et celui d’un enfant de 3 ou 4 ans. La photo de cette Camerounaise de 40 ans est à la une des principaux quotidiens transalpins, le nouveau symbole du drame qui se joue tous les jours entre les côtes de l’Afrique et celles de l’Europe.

Josepha était à bord d’un canot pneumatique se dirigeant vers l’Italie, avec à son bord 165 migrants, dont 39 femmes et 12 enfants, intercepté lundi soir par les gardes-côtes libyens. Conformément aux accords passés avec l’Italie, les soldats ont transféré les migrants sur leur vedette pour les ramener sur les côtes libyennes. Tous? Non.

Selon Oscar Camps, le fondateur de Proactiva Open Arms, deux femmes et un enfant ont refusé de monter à bord du bateau des gardes-côtes par crainte de retourner dans l’enfer des prisons libyennes. Les soldats auraient alors coulé le canot pneumatique et abandonné les trois migrants dans les débris flottants. «Ce sont des assassins qui ont été enrôlés par l’Italie», a déclaré Oscar Camps. Et l’écrivain et journaliste italien Roberto Saviano s’en est pris directement à Matteo Salvini, le ministre de l’Intérieur: «Salvini, quel plaisir prends-tu à voir mourir des enfants?»

Une version des faits toutefois démentie par Rome et Tripoli. Une journaliste allemande qui était à bord de l’unité de la marine libyenne a confirmé que le canot avait bien été coulé mais qu’à sa connaissance, il n’y avait plus personne à bord.

La filière italienne meurtrière

Sans doute ne connaîtrons-nous jamais la vérité. Reste que les tentatives désespérées d’échapper au retour en Libye se succèdent lorsque les migrants comprennent que leur voyage vers l’Europe est un échec. Le 13 juillet, alors que Matteo Salvini avait interdit l’accostage en Sicile d’un vieux chalutier avec 450 migrants à bord, une trentaine d’entre eux s’étaient jetés à l’eau pour essayer de rejoindre à la nage les bateaux italiens. Le bilan officiel, certifié par la marine transalpine, est de quatre morts.

Les statistiques du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés donnent l’ampleur de l’aggravation du drame qui se joue sur la route du canal de Sicile. Depuis le début de l’année, 1143 migrants sont morts en mer, 1100 sur la route vers l’Italie, 300 sur la route vers l’Espagne. Durant les six premiers mois de 2017, un migrant sur 38 perdait la vie durant la traversée. Désormais, c’est un migrant sur sept qui périt entre les côtes africaines et l’Europe. Et avec sensiblement le même nombre de départs, la filière italienne se révèle beaucoup plus meurtrière que celle qui conduit en Espagne. Fermeture des ports italiens, interdiction faite aux ONG de s’approcher des côtes pour permettre aux gardes-côtes libyens de reconduire directement les migrants interceptés dans les geôles d’où ils venaient: la politique mise en œuvre par Matteo Salvini est donc tenue en partie responsable de cette augmentation des morts.

Rien ne semble toutefois freiner la détermination du ministre de l’Intérieur. Au mépris des lois internationales, il veut désormais que les navires militaires italiens rapportent directement les migrants interceptés dans leur port de départ. Selon lui, les conditions de sécurité et de respect des droits de l’homme en Libye le permettent.

Ce n’est pas ce qui se lisait dans les yeux de Joséphine. (Article publié dans le quotidien Le Soir, en date du 19 juillet 2018)

Source http://alencontre.org/europe/migrants-la-collaboration-entre-rome-et-tripoli-passe-pour-assassine.html#more-50596

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