Au moins seize exilés ont perdu la vie jeudi dans deux naufrages survenus en mer Égée, près de l’île de Lesbos pour l’un et près des côtes turques pour l’autre. Vingt-trois personnes ont pu être secourues près de Lesbos mais les opérations se poursuivaient pour tenter de retrouver d’éventuels survivants.
Deux nouveaux drames en mer Égée. Jeudi 3 avril, au moins seize migrants sont morts dans les naufrages de deux bateaux de migrants en mer Égée. Le premier naufrage a eu lieu près de l’île de Lesbos et le second, dans les eaux baignant le district turc d’Ayvacik, au nord-ouest de la Turquie.
Les gardes-côtes grecs ont indiqué que 23 personnes avaient pu être secourues à la suite du premier naufrage, mais les opérations se poursuivaient dans la matinée pour tenter de retrouver des survivants. Au total, une trentaine de migrants se trouvaient à bord du bateau lorsqu’il a quitté la Turquie, selon les gardes-côtes grecs.
Les naufrages sont fréquents lors de ces traversées périlleuses entre les côtes turques et les îles grecques voisines, telles que Samos et Lesbos, points d’entrée dans l’Union européenne (UE). De nombreux exilés sont morts sur cette route.
Fin mars, un homme a été repêché inconscient au large de l’îlot de Farmakonissi après un naufrage et alors que les passeurs avaient abandonné les exilés qui se trouvaient à bord en mer.
Sept personnes sont également mortes en mer Égée, au large des côtes ouest de la Turquie, à la fin du mois de janvier. Les victimes sont tombées à l’eau alors que les gardes-côtes turcs tentaient d’intercepter leur embarcation pneumatique. Dix-huit adultes et treize mineurs ont tout de même pu être secourus sains et saufs, avaient indiqué les autorités.
Plus 2 300 disparus en Méditerranée en 2024
Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), 2 333 migrants ont disparu ou ont été repêchés morts en Méditerranée en 2024. D’après le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), près de 9 000 personnes sont entrées en Grèce clandestinement depuis le début 2025, la plupart par la mer.
Le gouvernement conservateur grec n’a cessé ces dernières années de durcir sa politique migratoire. « Si vous souhaitez entrer illégalement en Grèce et que vous n’avez pas droit à l’asile, nous ferons tout notre possible pour vous renvoyer d’où vous venez », a déclaré le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis devant le Parlement mercredi 2 avril. « Les passeurs et les ONG qui coopèrent avec eux ne détermineront pas qui entre dans notre pays », a-t-il ajouté.
Les gardes-côtes grecs ont été plusieurs fois condamnés pour leur gestion des migrants aux frontières du pays, en mer Égée ou au niveau du fleuve Evros. Ils sont notamment accusés par de nombreuses organisations de pratiquer des refoulements illégaux et de faire preuve de violences envers les exilés.
Les gardes-côtes mis en cause
Selon un rapport réalisé par neuf organisations de défense des droits de l’Homme actives dans plusieurs pays européens et publié le 17 février, « au moins » 120 457 « pushbacks » ont été enregistrés en 2024 en Europe. Et la Grèce serait le deuxième pays, derrière la Bulgarie, à pratiquer ces refoulements. En 2024, 14 482 refoulements ont été enregistrés à ses frontières.
De son côté, le 25 mars, la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) a condamné la Grèce après le décès d’un mineur Irakien, Ameer Mokhlas, mortellement touché par le tir d’un garde-côte grec, en 2015 en mer Égée.
Les autorités ont également été mises en cause pour leur rôle dans le naufrage de Pylos, ayant causé la mort de plusieurs centaines de migrants, en 2023, en Grèce.
En février, le médiateur de la République hellénique, Andreas Pottakis, a recommandé dans un communiqué de presse, des sanctions contre huit gardes-côtes impliqués dans ce naufrage. Dans son enquête, le médiateur a pointé « une série d’omissions graves et persistantes dans les tâches de recherche et de sauvetage de la part d’officiers supérieurs du corps des gardes-côtes » grecs. Selon lui, les autorités « n’ont pas pris, dans le cadre de leurs pouvoirs, les mesures qui pouvaient raisonnablement être considérées comme propres à prévenir le danger ».
Source Infomigrants