2 articles : (1) Des enfants tentent de se suicider dans le camp de Moria en Grèce et Migrants (2) Les journalistes en grève à Lesbos
MSF : des enfants tentent de se suicider dans le camp de Moria en Grèce : Par Wesley Dockery Naser Ahmadi
Le camp de réfugiés de Moria sur l’île grecque de Lesbos a été à plusieurs reprises au centre de la crise migratoire européenne, mais les conditions de vie désastreuses semblent s’être encore détériorées. Luca Fontana, co-coordinateur des opérations de Médecins sans frontières (MSF) sur l’île, raconte notamment à InfoMigrants le désespoir des jeunes demandeurs d’asile.
Surpeuplement. Violence. Saleté. Ce ne sont là que quelques-uns des mots utilisés pour décrire le camp de migrants de Moria, en Grèce, à Lesbos. Dans une interview accordée à InfoMigrants, Luca Fontana, le co-coordinateur des opérations sur l’île pour MSF, a déclaré que des enfants y tentent même de mettre fin à leurs jours. « Il y a des enfants qui essaient de se faire du mal ainsi que des enfants qui ne peuvent pas dormir à cause d’idées suicidaires », explique-t-il. Ces enfants sont souvent traumatisés par les conflits qu’ils ont connus dans leur pays d’origine. Et les mauvaises conditions de vie dans le camp de Moria, qu’il décrit comme une » jungle « , ne font qu’aggraver leur situation.
Manque d’accès aux soins de santé mentale
« Nous dirigeons un programme de santé mentale pour les enfants, avec des groupes de thérapie et des consultations pour les cas les plus graves », raconte-t-il. « Mais le problème est qu’il n’y a pas de psychologue ou de psychiatre pour enfants sur l’île : ils n’ont donc pas accès aux soins médicaux parce qu’ils ne sont pas transférés à Athènes pour y recevoir des soins spécialisés. »
La clinique de santé mentale de MSF est située à Mytilene, la capitale de Lesbos, et l’organisation est la seule ONG qui fournit des soins psychologiques à la population migrante de l’île. A la clinique, les enfants dessinent pour exorciser les traumatismes qu’ils ont subis dans leur pays, pendant l’exil ou en Europe.
Les demandeurs d’asile sur l’île ont fui la Syrie, l’Afghanistan, l’Irak, le Soudan et le Congo, des pays où la guerre est souvent une réalité quotidienne.
Bien qu’il y ait eu des tentatives de suicide, aucune n’a abouti, précise Luca Fontana.
Les temps d’attente pour les services de base sont longs, les conditions de vie « horribles »
Les migrants doivent attendre longtemps avant d’obtenir des soins médicaux, car le camp est surpeuplé. La capacité d’accueil est de 3 000 personnes, mais ils sont plus du triple, dont beaucoup vivent dans des tentes. Surtout, près de 3 000 occupants sont des enfants.
A Moria, il y a très peu de toilettes – environ 1 toilette pour 50 à 60 personnes. Les migrants reçoivent trois repas par jour, mais l’attente est longue. « Ils faut parfois attendre trois heures par repas. Les gens doivent se battre pour la nourriture et les services médicaux. »
En juillet, MSF a lancé sur son site web plusieurs demandes d’aide urgentes. L’ONG souhaite que les personnes vulnérables soient déplacées vers des logements plus sûrs, pour « décongestionner le camp ».
et le commentaire de Vicky Skoumbi : …En effet le camp de Moria est plus que surpeuplé, avec 8.750 résidents actuellement pour à peine 3.000 places, chiffre assez large car selon d’autres estimations la capacité d’accueil du camp ne dépasse pas les 2.100 places. Selon le Journal de Rédacteurs,(Efimerida ton Syntakton)
http://www.efsyn.gr/arthro/30-meres-prothesmia
Il y a déjà une liste de 1.500 personnes qui auraient dû être transférés au continent, à titre de vulnérabilité ou comme ayant droit à l’asile,mais ils restent coincés là faute de place aux structures d’accueil sur la Grèce continentale. Les trois derniers jours 500 nouveaux arrivants se sont ajoutés à la population du camp. La plan de décongestion du camp du Ministère de l’immigration est rendu caduc par les arrivées massives pendant l’été.
La situation sanitaire y est effrayante avec des eaux usées qui coulent à ciel ouvert au milieu du camp, avant de rejoindre un torrent qui débouche à la mer. Le dernier rapport du service sanitaire, qui juge le lieu impropre et constituant un danger pour la santé publique et l ‘ environnement, constate non seulement le surpeuplement, mais aussi la présence des eaux stagnantes, des véritables viviers pour toute sorte d’insectes et de rongeurs et bien sûr l’absence d’un nombre proportionnel à la population de structures sanitaires. En s’appuyant sur ce rapport, la présidente de la région menace de fermer le camp si des mesures nécessaires pour la reconstruction du réseau d’eaux usées ne sont pas prises d’ici 30 jours. Le geste de la présidente de la Région est tout sauf humanitaire, et il s’inscrit très probablement dans une agenda xénophobe, d’autant plus qu’elle ne propose aucune solution alternative pour l’hébergement de 9,000 personnes actuellement à Moria. N’empêche les problèmes sanitaires sont énormes et bien réels, le surpeuplement aussi, et les conditions de vie si effrayantes qu’on dirait qu’elles ont une fonction punitive. Rendons- leur la vie impossible pour qu’ils ne pensent plus venir en Europe…
Ouvrez les îles maintenant ! Et je dirais même, ouvrez -les hier, avant qu’il ne soit trop tard
Malheureusement la campagne lancée il y a un an reste plus que jamais actuelle
https://opentheislands.wordpress.com/2017/10/11/open-the-islands-no-more-dead-from-cold/
Migrants : les journalistes en grève à Lesbos
Grèce. Suite à des violences d’extrême-droite, les journalistes ont décidé de faire grève et de ne plus couvrir l’île de Lesbos, porte d’entrée migratoire en Grèce.
13.09.2018
L’île grecque de Lesbos était privée jeudi de médias locaux du fait d’une grève des journalistes contre des violences d’extrême droite les visant, sur fond de tensions alimentées par le confinement sur l’île de plus de 10’000 exilés.
L’appel au débrayage de 24 heures intervient alors qu’un homme devait être jugé dans la journée pour «diffamation» et «injures» après une plainte d’une journaliste à laquelle il s’en était pris sur les réseaux sociaux.
Devant le tribunal
Le tribunal de Mytilène, chef-lieu de Lesbos, a finalement décidé de suspendre l’audience jusqu’au 22 janvier, après un recours de l’accusé qui a invoqué des raisons de santé.
La plaignante, Anthi Pazianou, du cas de laquelle s’est saisie le Conseil de l’Europe, avait dénoncé une attaque contre une fillette de neuf ans, prise à tort par ses agresseurs pour une réfugiée.
Harcelement
Mais le cas de Mme Pazianou, qui travaille pour plusieurs organes de presse dont l’AFP, n’est le seul sur l’île, où d’autres collègues ont eu maille à partir avec des militants d’extrême droite, et de tels cas de harcèlements et violences sont déjà rapportés depuis plus d’un an, selon le syndicat local des journalistes.
Dans son appel à la grève, celui-ci met en avant «les conditions dangereuses dans lesquelles s’exerce le travail journalistique à Lesbos et les menaces émanant d’éléments extrémistes pour imposer une censure».
Xénophobie
Si elles restent minoritaires sur cette île qui compte près de 90’000 habitants, les mobilisations xénophobes s’y sont multipliées face au confinement sur place de plus de 10’000 réfugiés et migrants qui continuent d’affluer depuis les côtes turques proches. En principe voués au renvoi en Turquie, mais en pratique éligibles pour beaucoup d’entre eux à l’asile en Grèce, ces exilés attendent des mois sur place une décision sur leur sort.
Dans le principal camp migratoire de l’île, à Moria, d’une capacité de 3100 places, plus de 8000 d’entre eux s’entassent dans des conditions dénoncées par toutes les parties prenantes, du personnel au Haut-Commissariat de l’ONU pour les Réfugiés (UNHCR).
Dernier cri d’alarme en date, 19 ONG, dont Oxfam, Caritas et Terre des Hommes, ont réclamé jeudi une «action immédiate» d’Athènes pour mettre fin à une situation «honteuse» et «pire que jamais». (afp/nxp)
Athènes, le 13 septembre 2018 – Plus de 17 000 personnes restent entassées dans des centres d’accueil des îles grecques d’une capacité totale de 6 000 personnes, vivant dans des conditions désespérées qui ne respectent pas les normes humanitaires. Ceci, malgré les assurances publiques du ministre grec de la politique migratoire, Dimitris Vitsas, selon lesquelles les îles seraient désengagées d’ici à septembre et que des milliers de nouveaux lieux seraient créés sur le continent grec. Alors que les conditions continuent de se détériorer, 19 organisations de la société civile demandent une fois encore aux autorités de s’engager dans la création de solutions durables pour la décongestion des îles et d’améliorer immédiatement les conditions d’accueil des réfugiés. Il est tout à fait honteux que l’on attend des gens qu’ils endurent des conditions aussi horribles sur le sol européen.
Moria, le premier centre d’accueil de l’île grecque de Lesbos, récemment décrit dans un rapport de la BBC comme «le pire camp de réfugiés au monde», héberge actuellement près de trois fois sa capacité. Le système d’égout ne fonctionne pas et l’eau de toilette sale atteint les tentes et les matelas où les enfants dorment. Ceci, malgré que des fonds pour l’amélioration du système d’assainissement aient été approuvés depuis un certain temps. Les cas de violence et d’abus sexuels sont en augmentation. Le premier centre d’accueil à Samos est six fois supérieur à sa capacité d’accueil.
En outre, les pénuries chroniques de personnel essentiel sont encore aggravées par les démissions constantes des professionnels de la santé travaillant sur les sites insulaires, qui démissionnent en raison de conditions de travail intenables. Selon la presse grecque, le coordinateur de Keelpno à Samos a déclaré que, malgré les difficultés financières actuelles en Grèce, «le personnel médical préfère prendre la route du chômage plutôt que de devoir travailler dans de telles conditions». Plus tôt cette semaine, le personnel de Moria a organisé une grève pour protester contre les conditions sur le site.
Cette semaine également, la préfecture de l’Égée-Septentrionale a qualifié la Moria de «inadaptée et dangereuse pour la santé publique et l’environnement» et a averti que le site serait fermé dans 30 jours si les conditions sanitaires ne s’amélioraient pas de manière spectaculaire. Dans ce contexte, les organisations de la société civile travaillant sur les îles ont également de plus en plus de mal à faire leur travail.
Il n’y a aucune excuse pour les conditions honteuses dans lesquelles des milliers de personnes restent bloquées dans l’attente de leurs demandes d’asile. Les autorités grecques doivent prendre des mesures immédiates et urgentes pour veiller à ce que les réfugiés bénéficient de l’accès à leurs droits fondamentaux et soient logés dans des conditions dignes, conformément au droit national et international. Les mesures de secours promises par les autorités grecques pour créer des milliers d’hébergements supplémentaires sûrs et dignes sur le continent et transférer des personnes hors des îles sur le continent doivent être mises en œuvre de toute urgence. Dans le même temps, les dirigeants de l’UE devraient de toute urgence redoubler d’efforts pour débloquer les discussions sur la mise en œuvre d’un mécanisme équitable et permanent d’attribution des responsabilités au sein de l’Union européenne.
Les signataires
- ActionAid Hellas
- Arbeiter-Samariter-Bund
- Caritas Hellas
- Commission Espagnole d’Ayuda al Refugiado
- Conseil danois des réfugiés
- DIOTIMA
- Conseil grec pour les réfugiés
- Forum grec des réfugiés
- Greek Helsinki Monitor
- Ligue hellénique des droits de l’homme
- HIAS Grèce
- Comité international de secours
- Service Jésuite des Réfugiés
- Centre juridique Lesbos
- Médecins du Monde
- Oxfam
- Praksis
- SolidarityNow
- Terre des hommes
source : Keep Talking Greece
Source https://www.tdg.ch/monde/Migrants–les-journalistes-en-greve-a-Lesbos/story/14509503