Pour lutter contre la misère, le gouvernement grec émet des tickets d’approvisionnement utilisables dans des magasins d’alimentation.
Lors du Congrès bancaire de Francfort, le 18 novembre, le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a été interpellé sur la possibilité d’alléger la dette publique grecque, comme promis lors de la signature du troisième renflouement bancaire. Il n’en fallait pas plus pour agacer le ministre. Il a d’abord accusé le Premier ministre grec Alexis Tsipras de réclamer un allègement de la dette pour éviter de mettre en œuvre les « réformes ». Mais la triste réalité, est que l’économie grecque a déjà chuté d’un tiers. Ensuite il a proclamé :
Les Grecs doivent réaliser que leur niveau de vie est trop élevé.
Puis il a exigé des coupes supplémentaires dans les retraites, les salaires, etc., tout cela afin de rendre l’économie plus « compétitive ».
Quelques semaines plus tôt, l’Agence nationale de statistiques, qui utilise des normes européennes, avait calculé que 40 % de la population grecque vit sous le seuil de pauvreté. Les chiffres pour 2015 sur la pauvreté infantile, publiés le 16 novembre par l’Agence européenne de statistiques (EUROSTAT,) confirment cette triste réalité après cinq ans du « remède » de Bruxelles : 37,8% des enfants grecs de moins de 17 ans sont menacés de pauvreté et d’exclusion sociale, contre 28,7% en 2010. C’est la chute la plus brutale de toute l’Europe.
Cependant, en terme de pourcentage, la situation est encore pire en Roumanie avec 46,8% et en Bulgarie avec 43,7%. Vient ensuite la Grèce, suivie de la Hongrie avec 36,1%, juste devant l’Espagne, 34,4%, et l’Italie 33,5%.
Ces chiffres sont accablants dans une UE où le niveau global de pauvreté infantile n’a baissé que de 0,6 % entre 2010 et 2015 (passant de 27,5% à 26,9%), ce qui représente environ 25,26 millions d’enfants.
Selon l’INE-GSEE, l’Institut du Travail associé au syndicat grec GSEE, le taux de chômage réel en Grèce est de 30,8 %, avec plus de 800 000 chômeurs de longue durée (sans emploi durant 15 trimestres). Le taux officiel donné par l’agence grecque de statistiques ELSTAT est seulement de 23,4 % pour le mois d’août 2016, car il ne tient pas compte de ceux qui subissent un temps partiel, incluant même ceux qui ne travaillent qu’une heure par semaine ! Dans la réalité, de nombreux travailleurs sont employés à mi-temps, et beaucoup ont un arriéré de trois mois de salaire.
Néanmoins, les créanciers grecs exigent plus d’austérité et toujours plus de « réformes » – à commencer par la création d’un excédent budgétaire de 3,5 % pour rembourser la dette, et une modification du code du travail facilitant les licenciements. Ces réformes sont pour le moins complètement déconnectées de la réalité.