Alors que la deuxième vague de l’épidémie de coronavirus produit des ravages en Grèce, le Parlement a voté mardi 15 décembre un budget marqué par une hausse des dépenses d’armement, mais une baisse des dépenses de santé.
En Grèce, l’opposition au parti Nouvelle Démocratie dont le leader, Kyriakos Mitsotakis, est Premier ministre, est à cran. En cause : le budget 2021 voté ce 15 décembre par les 158 députés de la majorité. Alors que Mitsotakis a lui-même reconnu à la Vouli, le Parlement grec, que la Grèce se trouve confrontée à des « circonstances sans précédent », tout en soulignant « l’incertitude » et « l’inconnu sur la fin de la crise » sanitaire actuelle, ce budget comporte une augmentation de 57% des dépenses d’armement, passant à 5,5 milliards d’euros. À l’inverse, celles de santé subissent une baisse de 17% par rapport à l’année 2020.
L’opposition de gauche (Syriza, KKE et MeRa) a refusé de voter le budget. Ex-Premier ministre et chef de file de Syriza, Alexis Tsipras a lancé depuis la tribune du Parlement : « Dans un monde qui change et qui comprend l’importance de la protection sociale et du système de santé public, le gouvernement de la Nouvelle Démocratie nous conduit à la faillite comme en 2010. » 2010, ou le début de la « crise grecque », quand la dette grecque a servi à légitimer les politiques d’austérité appliquées dans le pays.
Joli cadeau pour Dassault
Cette année, d’après les prévisions, le PIB de la Grèce devrait se contracter de 10,5% en 2020, avant une reprise de 4,8% en 2021, en deçà des prévisions antérieures de 7,5%. Parallèlement, le gouvernement a prévu de dépenser 24 milliards d’euros en 2020 et 7,5 milliards en 2021 pour faire face à la pandémie et amortir ses conséquences économiques. A peine sortie de 10 années de crise et de potion d’austérité administrée dans le pays, nombreux sont ceux qui craignent une augmentation des déficits publics… et une nouvelle crise. En effet, la dette devrait atteindre 209% du PIB.
Surtout, à la veille de Noël, le groupe français Dassault semble bénéficier d’un joli cadeau. Le plan défense prévoit l’achat de 18 Rafales français, dont 12 d’occasion provenant de l’armée française et 6 neufs de chez Dassault. Le coût total de l’opération s’élèverait à 2,5 milliards d’euros, dont 1,5 milliard l’an prochain. Les députés grecs doivent approuver le contrat « dans les jours prochains », a déclaré le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis.
Escalade en Méditerranée orientale
Quant à la ministre des Armées Florence Parly, elle est attendue à Athènes le 23 décembre pour conclure le contrat. Lors de son annonce, en septembre, cette dernière a souligné que c’est la première fois que cet avion de combat va être vendu à un pays européen. L’embauche de 15 000 personnes supplémentaires dans l’armée grecque, l’achat d’armes de toutes sortes, de nouvelles frégates, d’hélicoptères, de drones et la mise à niveau de ses avions F-16, en partenariat avec la compagnie américaine Lockheed Martin contribuent également à l’augmentation du budget de la défense.
Reste que si cet achat d’armes et ce renforcement de l’armée grecque inquiètent, c’est aussi parce qu’ils s’inscrivent sur fond d’escalade permanente des tensions entre la Grèce et la Turquie en Méditerranée orientale. Les deux voisins se disputent l’exploration et l’exploitation d’hydrocarbures dans les sous-sols maritimes de la zone.