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Supprimer la démocratie amènera la mafia au pouvoir

Par Dimitris Georgopoulos

Un journaliste et blogueur grec a été abattu devant sa maison à Athènes, ont rapporté vendredi les médias grecs citant la police, soulevant des inquiétudes sur la liberté de la presse en Grèce.

Giorgos Karaivaz, qui était connu pour être un reporter de la police, a été tué par sept coups de feu dans le quartier d’Alimos, selon les rapports. Par la suite, deux hommes ont été vus s’enfuyant sur une moto.

Karaivaz a beaucoup écrit sur la corruption de la police et des services secrets et il a également révélé que la police a laissé à Dimitris Lignadis, ancien directeur artistique du Théâtre national, beaucoup de temps et de possibilités pour détruire les preuves à charge. Lignadis, nommé à son poste par le gouvernement de Mitsotakis, est accusé de viols d’enfants et est actuellement en prison. Les partis d’opposition et les syndicats d’artistes ont accusé le gouvernement de tenter d’étouffer le scandale et ont demandé la démission de la ministre de la culture Mendoni.

Mais il y a de toute façon beaucoup de scandales assez étranges qui éclatent aujourd’hui en Grèce, ce qui fait dire à certains observateurs que le pays commence à se transformer en une sorte de « Colombie ».  Dans l’une des dernières affaires en date, il a été révélé que Menios Fourthiotis, un présentateur de télévision (et agent de mannequins, notamment d’une star du porno), était protégé par des dizaines de policiers. Selon l’ancien ministre du travail du gouvernement de Mitsotakis, Vroutsis, il avait « pris d’assaut » plusieurs fois son ministère avec ses gardes du corps, essayant d’obtenir un paiement illégal pour COVID et menaçant le ministre de le renvoyer. Un peu plus tard, Vroutsis a effectivement été licencié. Karaivaz a également écrit à ce sujet.

Ce ne sont pas les seuls exemples. Les médias sociaux grecs regorgent d’allégations très sérieuses qui n’apparaissent jamais dans les grands médias, contrôlés plus strictement qu’à aucun moment depuis la dictature des colonels (1967-74). Même si 10 % de ce qu’ils écrivent est vrai, on en conclut que les représentants des formes les plus répugnantes du crime organisé opèrent désormais au centre de l' »élite ».

L’assassinat d’un journaliste est un acte méprisable et lâche », a écrit la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen sur Twitter en réaction à l’attaque. « L’Europe est synonyme de liberté. Et la liberté de la presse est peut-être la plus sacrée de toutes. Les journalistes doivent pouvoir travailler en toute sécurité », a-t-elle ajouté. Vera Jourova, vice-présidente chargée des valeurs et de la transparence à la Commission, s’est dite « profondément choquée. » « La #Justice doit être rendue, et la sécurité des journalistes doit être garantie », a-t-elle écrit sur Twitter.

Au fait, si Mme von der Leyen a été suffisamment motivée pour faire un commentaire public personnel sur Karaivaz, ni le Premier ministre grec Mitsotakis ni le ministre de la « Protection des citoyens » Chrysochiodes (un très bon et très proche ami des services secrets américains), n’ont fait de commentaire personnel sur l’assassinat de Karaivas. Seule la représentante de presse du gouvernement, Aristotelia Peloni, a fait une déclaration exprimant ses condoléances.

Les propos de Van der Leyen sont très aimables et encourageants mais, malheureusement, l’Allemagne et l’UE portent une grande part de responsabilité, même indirecte, dans ce qui se passe en Grèce. En écrasant toutes les forces sociales et démocratiques du pays, elles ont, d’une part, démoralisé la société grecque et, d’autre part, ouvert la voie aux éléments les plus réactionnaires et immoraux de l’oligarchie grecque. Les forces qu’ils payaient depuis des années, par l’intermédiaire de Ziemens et d’autres entreprises, pour garder la Grèce sous contrôle, piller son économie et son marché et paupériser son peuple.

La Grèce est l’avenir de l’Europe et le crime l’avenir de la marque européenne du capitalisme néolibéral antidémocratique.

AFP  – George Karaivaz, qui a travaillé durant toute sa carrière pour les principaux journaux et télévisions du pays, était «l’un des journalistes criminels les plus expérimentés sur le terrain et était tenu en haute estime par ses confrères», a déclaré dans un communiqué le syndicat Esiea des journalistes de la presse quotidienne athénienne.

Source http://www.defenddemocracy.press/suppressing-democracy-will-bring-mafia-to-power/

Les métamorphoses de la question politique en Grèce : 80 ans en 66 jours

Retour sur la mobilisation pour Dimitris Koufontinas
Michalis Lianos  paru dans lundimatin#280, le 22 mars 2021

Comme nous l’avons évoqué dans nos éditions précédentes, la grève de la faim du militant Dimitris Koufontinas a suscité de très vifs débats et une forte mobilisation d’une partie de la société grecque. Nous avons demandé au sociologue Michalis Lianos de nous éclairer sur le rôle que joue encore aujourd’hui la possibilité ou du moins le symbole de la lutte armée en Grèce.

Le soutien important à Dimitris Koufontinas

La grève de la faim de Dimitris Koufontinas [1]  rend visibles les lignes de faille politiques de la société grecque. Que le sort d’un homme coupable de 13 assassinats et d’une longue série d’actions violentes provoque d’importantes manifestations et suscite un débat médiatique et social massif peut apparaître incompréhensible en dehors de la Grèce. D’autant que ces manifestations surgissent à la suite d’une revendication ’’mineure”, à savoir le transfert d’une prison du centre du pays vers une prison d’Athènes.

Tout cela peut apparaître tout aussi surprenant que les t-shirts à l’effigie de Koufontinas qui se vendaient dans le centre-ville d’Athènes au moment du procès du groupe « 17 novembre » [2] en 2003 ; ou encore qu’après chaque action du groupe entre 1975 et 2002, la presse à grand tirage se ruait pour publier les communiqués du groupe, que les exemplaires s’arrachaient immédiatement, nécessitant parfois une seconde édition pour satisfaire la demande du public.

Le rapport qu’entretient la société grecque à la violence politique ne peut se comprendre qu’à la lumière de la guerre civile qui a suivi l’occupation allemande. Aucune pensée depuis, de gauche ou de droite, n’a échappé à sa surdétermination par ce conflit armé, profondément idéologique, dont les perdants n’ont cessé d’être persécutés qu’en 1974, après la chute de la dictature des colonels [3] . La perception même de la guerre civile en tant que conflit politique et non pas en tant que « guerre nationale contre des bandits », n’a commencé à émerger officiellement qu’en 1981, avec l’arrivée du PASOK [4] au pouvoir. Tous les baby-boomers grecs, dont Koufontinas, sont des enfants et des petits enfants de ces générations qui ont témoigné, participé ou souffert, directement ou indirectement, de la guerre civile. Exemple typique, Koufontinas lui-même, a milité au PASOK avant de comprendre que ce parti ne se consacrait pas aux idéaux désintéressés d’un communisme de plus en plus libertaire qui représentait l’esprit indomptable et altruiste des partisans.

Les résurgences de la résistance

Si la droite a indéniablement gagné sur tous les terrains, la gauche a gagné ce qui se nomme dans le débat politique grec « l’avantage moral », à savoir la quête des grands idéaux égalitaires et la volonté de tout sacrifier pour ne pas renoncer à cette quête. La lutte armée partisane et ses conséquences forment ainsi le lit idéologico-politique et émotionnel de tout le spectre de la gauche, du socialisme de rupture au communisme orthodoxe, de l’anarchisme aux mouvements libertaires les plus pacifistes. Autrement dit, toute la gauche grecque porte encore en elle la question de l’action – ou du moins, de la réaction – armée. Naturellement, le rapport à l’ordre est tout aussi traversé par cette question et l’État et ses appareils, notamment policiers et juridiques, sont ainsi considérés dans leur cadre historique comme des institutions de la répression politique.

Avec la fin du groupe 17 Novembre en 2002, on pouvait imaginer que la question de la lutte violente s’effacerait au sein de la gauche grecque. C’était une période pendant laquelle certaines couches sociales connaissaient une amélioration de leurs conditions de vie, favorisant aussi un endettement important des ménages. Cependant, la mort du jeune Alexis Grigoropoulos atteint par un tir de policier en 2008 a déclenché des troubles majeurs, portés cette fois par une nouvelle génération, ce qui a conduit à la constitution de nouveaux groupes d’action politique violente. Mais la tendance lourde semblait être bien orientée vers le passage à une nouvelle période de bien être, alimenté par des revenus satisfaisants et des prêts généreux, une époque qui aurait mis en sourdine l’histoire politique et aurait avancé vers une culture sociale-démocrate majoritaire. Tout cela fut rapidement réduit à néant par la crise financière de 2008 et la révélation d’une dette grecque colossale, constituée avec l’aide hautement rémunérée de Goldman Sachs. La classe politique fut alors perçue comme une classe profondément corrompue et les classes aisées comme des charognards ayant transformé les fonds publics en milliards dissimulés dans leurs comptes off-shore.

C’est à cette période cruciale que la société grecque replonge dans la continuité d’une posture de désenchantement et de résistance. On le voit parfaitement dans les évolutions électorales avec SYRIZA qui arrive au gouvernement alors qu’il n’obtenaient qu’environ 4 % des votes auparavant, l’effondrement abyssal du PASOK et l’émergence d’Aube Dorée qui sort de la marginalité électorale. On le remarque aussi par la posture universelle de victime, adoptée sans hésitation et avec la plus grande virulence par les supporteurs précédemment loyaux de deux grands partis de pouvoir. Ainsi, toutes les générations de la petite et moyenne bourgeoisie se sont trouvées dans une posture très critique des institutions de gouvernance, voire du système politico-économique européen et international. L’avènement de SYRIZA au gouvernement signifie pour la gauche grecque la première opportunité de surmonter ses traumas historiques. L’attente est immense. Pour les électeurs tactiques, il s’agit de revenir aux conditions confortables précédant la crise tout en évitant de payer la dette du pays, pour les électeurs historiques de gauche, l’enjeu est de résister au système capitaliste international et de prendre une voie alternative, loin de ses dictats. Les premiers seront déçus sur le plan pragmatique, les seconds meurtris sur le plan politique. C’est cette gauche historique qui forme actuellement le noyau dur d’une posture de résistance à tout ce qui est proposé ou imposé par le modèle hégémonique de la gouvernance sociale et économique.

La valeur de la lutte en soi

Le 17 Novembre était pour une partie considérable des grecs un rappel que les puissants n’étaient pas incontestables, car le groupe semblait se tenir à des actions ciblées [5] . Koufontinas s’est révélé être le bourreau principal du 17 Novembre, cela dès le début de son intégration, probablement en 1983. C’est ce qui lui a valu le sobriquet de farmakohéris (littéralement, « main empoisonnée »). En cavale pendant quelques semaines après l’arrestation de ses camarades, il s’est rendu à la police en déclarant qu’il assumait la responsabilité politique des actions du groupe. Cela a contribué à son image publique en tant qu’individu maître de ses choix et s’est confirmé par son comportement durant le procès, en tension avec d’autres membres de l’organisation ; aussi, par son attitude de protection paternaliste envers Savas Xiros, lourdement blessé par un explosif qu’ils tentaient d’installer ensemble, événement qui a précipité le démantèlement du 17 Novembre.

Koufontinas a débuté sa cinquième grève de la faim le 8 janvier 2021 et l’a arrêtée 66 jours plus tard, le 14 mars. Pendant ces 66 jours, de façon progressive, l’affaire a atteint une importance nationale sur laquelle se sont prononcés, en plus des ministres du gouvernement de droite concernés, les chef.fe.s des partis, le Défenseur des droits, les associations des droits de l’homme, le Syndicat des magistrats, le Barreau d’Athènes et une multitude d’artistes et d’intellectuel.le.s de gauche. Plus encore, ce sont tous les grecs qui se sont formés un avis quant à la légitimité de cette demande de transfert d’une prison à une autre.

Évidemment, il serait parfaitement illusoire de considérer que la mobilisation et l’émotion autour de cette affaire relèveraient d’une sensibilité des citoyens grecs aux droits des personnes incarcérées ou même aux droits de l’homme en général. Il y aurait malheureusement une myriade d’occasions pour exprimer une telle sensibilité, et à propos d’affaires bien plus graves qu’un transfert entre prisons. La revendication de Koufontinas en revanche a atteint la plus haute instance du pays, à savoir le Conseil d’État qui l’a rejetée.

La division de l’opinion publique sur l’affaire fut grosso modo tripartite. Pour la droite dure nationaliste Koufontinas est un simple voyou dont la mort, de n’importe quelle cause, serait juste et bienvenue. Pour la gauche non-réformiste, la question est présentée à la surface comme une question de droits de l’homme avec le fond historique que nous avons déjà évoquée. Pour le centre droite et centre gauche il s’agit de se focaliser sur le caractère inadmissible des actes de Koufontinas vues comme des atteintes terroristes à la démocratie et, par conséquent, sur la repentance de leur auteur. Ces deux dernières perspectives se sont affrontées, juridiquement et politiquement : quelqu’un qui n’a exprimé aucun remord pour ses actes, mérite-t-il la clémence du système pénal ? Cette dichotomie renouvelle exactement la ligne de faille historique autour de la lutte armée. Durant les décennies qui ont suivi la guerre civile, les prisonniers politiques pouvaient mettre fin à leur incarcération ou leur déportation en signant une « déclaration de repentance » désavouant leurs idéaux. Le faire, était considéré dans leur camp comme une trahison ; assumer leurs actions avec fierté était, a contrario, source d’estime.

Koufontinas ne se présente ni en assassin repenti ni même en révolutionnaire retraité. Il offre ainsi à la partie non-réformiste de la gauche un symbole de défiance indéfectible à partir d’une position indéniable de défaite. Dans un cadre où la défaite de cette gauche est omniprésente, où les conséquences du Covid se sont ajoutées à des longues années de chômage, de réduction des salaires et des retraites, de soumission aux recettes du FMI et de la BCE, de l’échec des ambitions du gouvernement de SYRIZA, ce geste de défi revêt une dimension rassurante. En effet, la seule idée qui permette aux vaincus de rester dignes, c’est qu’ils ne se rendent pas et continuent de lutter. La déclaration de Koufontinas à l’arrêt de sa grève de la faim ne dit pas autre chose : « La solidarité et le soutien [à son action…] ont montré l’existence de forces sociales vives résistant au pouvoir arbitraire, à la violence et à l’autocratie. Cela représente un nouvel espoir ».

Seules les métamorphoses des enjeux politiques en Grèce peuvent expliquer comment un homme ayant choisi l’action politique violente dispose aux yeux de la gauche de la crédibilité nécessaire pour accuser de violence ses adversaires. Derrière la posture de Koufontinas se trouve l’ombre de quatre-vingt ans de nobles espoirs déçus et de défaites successives.

[1] Cet article se fonde sur plusieurs éléments empiriques, dont la longue observation du procès du 17 Novembre pour le compte du Barreau d’Athènes en 2003 et aussi du mouvement des places en Grèce en 2011. Le titre rend hommage au travail de Robert Castel sur les métamorphoses de la question sociale en France.

[2] Le 17 novembre 1973 est la date de l’insurrection des étudiants contre la junte des colonels.

[3] C’est alors parfaitement interprétable que pour la une de son livre intitulé « je suis né le 17 novembre », Koufontinas choisit l’image reproduite ici des partisans de la guerre civile, combinée avec une image de l’insurrection du 17 novembre 1973 incluant les slogans « États-Unis dehors » et « Pouvoir au peuple ».

[4] « Mouvement Socialiste Panhellénique », parti ayant une trajectoire semblable à celle du Parti Socialiste français.

[5] Même si la liste des assassinats incluait deux chauffeurs de personnes ciblées et un policier tué à bout portant, peut-être par Koufontinas, lors d’un braquage de banque.

Source https://lundi.am/Les-metamorphoses-de-la-question-politique-en-Grece-80-ans-en-66-jours

Initiative des travailleur.euse.s et étudiant.e.s grec.que.s en France pour les droits démocratiques

Nous sommes jeunes, travailleur.euse.s et étudiant.e.s grec.ques, vivant à Paris indigné.e.s de la politique autoritaire du gouvernement grec, qui a culminé ces dernières semaines.

En tant qu’initiative née par le-bas et organisée par des biais de démocratie directe, sans représenter aucun parti politique, nous sommes solidaires avec le peuple grec, qui proteste contre la répression policière en faveur de la démocratie. Il est temps de tirer la sonnette d’alarme contre ce régime autoritaire en cours de construction, contre la censure, la répression de la liberté de parole et de pensée ainsi que contre les violations des droits humains fondamentaux en Grèce.

Nous souhaitons que notre lutte rejoigne la lutte du peuple français, contre le racisme et l’impunité des violences policières, carcérales et judiciaires. Nous applaudissons les appels à la justice pour les victimes des violences policières en France. Enfin, nous restons solidaires avec la lutte contre la nouvelle loi de sécurité globale, porteuse d’atteinte à la liberté d’informer et d’être informé.e, tout en globalisant la surveillance.

Le gouvernement grec se veut totalement réticent à renforcer le système national de santé et à prendre des mesures pour gérer la crise sanitaire, dont l’impact est omniprésent tant en Grèce, qu’en France ainsi qu’au reste du monde. En revanche, sous prétexte de la pandémie, les restrictions imposées pour cette cause lui servent afin de poursuivre son agenda politique.

● La société grecque étouffe tant sur le plan psychologique que financier. Des nouvelles réformes se votent conformément aux intérêts néolibéraux du gouvernement et des nouvelles mesures épuisantes s’imposent au nom de la pandémie, quand ces dernières regardent uniquement le peuple et pas le gouvernement. Les écoles restent fermées ainsi que le commerce et tout déplacement non essentiel est interdit. Malgré ces mesures, la situation sanitaire du pays ne cesse de s’aggraver.

● Sous prétexte de la crise sanitaire, toute réaction est interdite, le droit à la protestation est menacé et toute manifestation est réprimée violemment par les forces de l’ordre, qui se veulent incontrôlées. Au cours des dernières semaines, les témoignages des citoyen.nes, objets des violences policières sans précédent, faites dans le cadre d’inspection du respect des mesures sanitaires, sont effrayants. Le jeune homme, qui s’est fait tabasser par des policiers à Nea Smyrni (banlieue d’Athènes), est l’exemple par excellence. La multitude des cas injustifiés de mise en garde à vue et d’arrestations violentes font preuve de la violation en cours des droits fondamentaux. En même temps, les témoignages des personnes ciblées par la police à cause de leurs idées politiques, torturées verbalement et physiquement lorsque arrêtées par la police se multiplient. Les exemples d’Aris Papazacharoudakis torturé pendant la mise en garde à vue, et d’Efi, arrêtée lors d’une manifestation et victime de harcèlement sexuel par les policiers, sont des exemples emblématiques. En parallèle, le gouvernement refuse d’appliquer la loi et de satisfaire les justes demandes du détenu Dimitris Koufontinas.

● La loi selon laquelle la police s’installe au sein des universités grecques est votée. La Grèce sera le premier pays au monde dont les universités seront remplies de policiers au lieu des étudiant.e.s. Les forces de l’ordre ont violemment mis fin à toute manifestation munie par des étudiant.e.s, qu’il soit du squat symbolique des bâtiments universitaires ou des marches de protestation.

● Les médias systémiques sont sous le contrôle total du gouvernement. Les preuves d’attaques policières autant que ceux d’affaires impliquant des personnes proches du gouvernement sont dissimulées et falsifiées (ex. l’affaire de pédophilie du directeur du Théâtre National D.Lignadis, l’accident routier devant le parlement dû à une voiture de gouvernement, la publication à la télé, par un député du gouvernement, des données personnelles d’un arrêté). La répression de la liberté de la parole culmine par le biais de la censure sur les réseaux sociaux, où des publications ou même des comptes personnels des journalistes, des avocat.e.s et des médias d’information se trouvent bloqués.

A BAS LES VIOLENCES POLICIÈRES DE TOUS LES GOUVERNEMENTS
LA SANTÉ D’ABORD, LA POLICE DEHORS
SOLIDARITÉ AVEC LES VICTIMES DES POLITIQUES AUTORITAIRES

Grève de la faim de Dimitris Koufontinas

Le gréviste de la faim grec Koufontinas risque la mort immédiate. Costa Gavras lance un appel au Premier ministre grec

Par Dimitris Georgopoulos

Grève de la faim grecque, depuis 45 jours maintenant, Dimitris Koufontinas, 63 ans, a insisté auprès de ses médecins pour qu’ils lui retirent les derniers instruments lui permettant de survivre. Les médecins, après un dialogue assez intense avec lui, n’ont pas eu d’autre choix que de respecter sa volonté. Sa mort est considérée comme très probable dans les heures ou les jours à venir.

Le prisonnier a demandé aux personnes qui gèrent son propre blog de publier le poème « Ne m’oubliez pas » de l’un des plus grands poètes grecs, Yannis Ritsos (http://kufontinas.blogspot.com/).  

Dans un appel personnel au Premier ministre grec Mitsotakis, le célèbre réalisateur de cinéma Costa Gavras lui a demandé d’appliquer la loi (sauvant ainsi la vie de Koufontinas, car la demande du gréviste est l’application de la loi concernant la détention de prisonniers comme lui, votée par le gouvernement pour le punir !) Des appels similaires ont été lancés par l’écrivain Vassilis Vassilikos, ancien ambassadeur auprès de l’UNESCO, la section grecque d’Amnesty International, l’Union grecque des droits de l’homme et des centaines de médecins, de professeurs d’université, de personnalités internationales et six députés européens.

Mais tout cela n’a eu aucune influence sur le nouveau gouvernement grec, élu à la suite de la défaite par capitulation de SYRIZA (qui n’était pas du tout préparée à appliquer sa promesse) et de son humiliation par l’Allemagne, l’UE et la Troïka. Le nouveau gouvernement grec suit une politique de plus en plus autoritaire, utilisant un langage de « guerre civile » et revenant rapidement aux pires traditions de la droite grecque d’avant 1974.

Ce gouvernement est également fortement influencé, dans toutes ses politiques, par Geoffrey Pyatt, l’ambassadeur des États-Unis en Grèce et ancien ambassadeur en Ukraine, lors du coup d’État à Kiev et de la guerre civile qui a éclaté par la suite (il en allait de même avec le gouvernement SYRIZA précédent). M. Pyatt a déjà critiqué avec force les décisions des tribunaux grecs concernant les conditions de détention de Koufontinas, qu’il trouvait trop douces. M. Pyatt intervient publiquement dans toutes les sphères de la vie publique grecque, d’une manière qu’aucun ambassadeur américain dans l’histoire n’a jamais fait. Selon un article du magazine Covert Action, publié en septembre dernier, il travaille sur un projet visant à créer une nouvelle extrême droite en Grèce. 

Si Koufontinas meurt, ce sera la première fois depuis la mort des prisonniers irlandais républicains, il y a quarante ans, qu’un gréviste de la faim meurt dans un pays européen. Sa mort sera une nouvelle expression d’un virage général vers les méthodes autoritaires sans précédent utilisées actuellement dans plusieurs pays européens.

Koufontinas appartient à la génération de jeunes Grecs radicalisés au cours des dernières années de la dictature militaire imposée par les États-Unis en Grèce (1967-74). Après la chute de la junte, il a adhéré au PAMK, une organisation d’élèves créée par le PASOK. Insatisfait de son parcours, il adhérera plus tard à l’organisation terroriste d’extrême gauche le 17 novembre. L’organisation a été démantelée il y a 20 ans et a été vaincue politiquement encore plus tôt. Lorsque de nombreux membres de son organisation ont été arrêtés, il a décidé de se présenter à la police, pour qu’il puisse défendre son organisation. Arrêté, il a été condamné à la prison à vie. Après l’élection du gouvernement de la ND au pouvoir, le nouveau gouvernement a adopté une législation destinée à rendre plus difficile sa condition de prisonnier et prévoyant son transfert à la prison de Korydallos à Athènes.

Mais le gouvernement n’a même pas appliqué la loi qu’il avait votée au Parlement pour le punir. Au lieu de cela, il a ordonné son transfert à la prison de haute sécurité de Domokos, loin de sa famille et l’a placé dans une cellule avec deux autres détenus fumeurs. Puis Koufontinas a entamé une grève de la faim pour demander au gouvernement d’appliquer la loi qui avait été votée (déjà pour le punir !) et de le transférer à la prison de Korydallos comme prévu par celle-ci. 

On peut se demander si toute cette opération a été conçue dès le début comme un moyen de pousser Koufontinas à la mort, afin de terroriser toute résistance sociale restante en Grèce. Mais aussi pour pousser une partie de la jeunesse grecque au terrorisme, afin de fournir le prétexte pour imposer un régime beaucoup plus dur en Grèce. Peut-être nécessaire pour opprimer une éventuelle résistance sociale, étant donné la détérioration rapide de la situation économique, mais aussi pour contribuer à transformer la Grèce en un simple bastion d’interventions impérialistes.

Répression violente contre les étudiants

 

La police réprime les étudiants qui protestent contre le nouveau projet de loi sur l’éducation en Grèce (vidéos) 

Mercredi, la police grecque a réprimé les manifestations d’étudiants à Athènes et à Thessalonique au moyen de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes. Etudiants, enseignants, universitaires, lycéens, parents ont défilé dans les villes contre le projet de loi sur l’éducation qui prévoit, entre autres, la présence de la police dans les universités. La manifestation à Athènes a été pacifique, mais certains incidents ont eu lieu lorsque le rassemblement a atteint le Parlement grec en face de la place Syntagma. La police anti-émeute aurait tiré des gaz lacrymogènes et arrêté certaines personnes. Bientôt, la situation a échappé à tout contrôle, avec l’utilisation massive de produits chimiques et les passages à tabac d’étudiants, même ceux qui étaient déjà détenus et menottés.

https://twitter.com/i/status/1359503615946338305

Même les photoreporteurs couvrant le rassemblement et les affrontements n’ont pas échappé à la colère de la police. Ils ont frappé et poussé au sol un membre des médias, comme l’a montré la capture sur vidéo du photoreporteur Savvas Karmaniolas

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https://twitter.com/i/status/1359511839302893568

https://twitter.com/i/status/1359488012002988034

Au total, 52 personnes ont été détenues. La situation était similaire à Thessalonique.

https://twitter.com/i/status/1359537557294448640

Selon les médias, à Thessalonique, c’est un groupe de manifestants qui a attaqué en premier lieu la police.

https://youtu.be/NC9VWOUm_Ws

Selon les dernières informations, une deuxième manifestation se prépare à Thessalonique. Des protestations étudiantes ont également eu lieu à Chania, Patras et dans d’autres villes où il y a des universités. Entre autres, le projet de loi rend l’accès aux universités plus difficile pour les diplômés des écoles du soir (écoles pour les étudiants qui travaillent) et diminue le taux d’entrée pour les étudiants handicapés. En outre, la majorité de la communauté universitaire s’oppose à la présence de la police dans les universités. Mais le gouvernement et le ministre de l’éducation du pays démocratique appelé Grèce ignorent tout simplement le point de vue de la communauté.


Dernière info : le projet de loi sur l’éducation a été voté hier au Parlement «dans un climat tendu» etde «vive controverse politique» par 166 voix (Nouvelle démocratie, Solution Grecque), contre 132(SYRIZA, KINAL, KKE)


 Non à la police dans les universités

« Non à la police dans les universités » : opposition en Grèce au projet du gouvernement de droite

par Collectif

Le gouvernement grec veut instituer une « brigade de protection » dans les universités qui sera rattachée à la Police nationale. Une attaque contre la démocratie dénoncée dans cette tribune par un collectif d’enseignants-chercheurs grecs.

 

Le gouvernement conservateur de Kyriákos Mitsotákis veut autoriser les forces de l’ordre à pénétrer dans les universités. Enseignants et étudiants sont vent debout contre ce projet. Depuis la sanglante répression de l’Ecole polytechnique, en 1973, la police n’a pas le droit de pénétrer dans les enceintes universitaires. Le 27 janvier dernier, plusieurs milliers d’étudiants ont bravé une interdiction de manifester pour afficher leur opposition à cette arrivée des forces de l’ordre dans les établissements de l’enseignement supérieur. Nous publions ici une tribune d’enseignants grec contre ce projet.

« Dans une conjoncture de pandémie et de confinement généralisé, le gouvernement grec annonce sa décision d’instituer une « brigade de protection », une véritable police des universités. Cette décision arrive dans la foulée d’une large campagne de diffamation des universités et de désinformation de l’opinion publique préparée par les médias pro-gouvernement, une campagne contre la prétendue délinquance et le crime généralisé au sein des établissements, qui ne sont pourtant déduits d’aucune étude ou statistique.

Le nouveau corps de sécurité ne rendra pas des comptes aux organes de l’administration des universités mais seulement aux autorités policières. Les policiers sont autorisés à patrouiller en uniforme dans les établissements. Leurs fonctions ne seront pas déterminées par les universités. En plus, le projet de loi en question oblige les universités de mettre en place un système de contrôle d’accès dans les campus et les bâtiments. La présence des gardes de la police complètent l’obligation des autorités universitaires de faciliter, par « tous les moyens », l’intervention des policiers des universités notamment en ce qui concerne la surveillance des locaux avec un équipement technologique spécial ainsi que l’ »exercice des enquêtes prémilitaires » au sein des établissements.

Les établissements universitaires « transformés en un milieu de surveillance, de répression, et de l’ordre »

Plusieurs réactions ont été soulevées. La majorité des conseils des universités, les associations des enseignants-chercheurs et des étudiants, s’oppose fortement à ce projet de loi. Même la fédération nationale de la police rejette ce projet dans son communiqué. Il s’agit d’une violation de la constitution grecque et du principe de la libre administration des universités. Les établissements universitaires seront transformés en un milieu de surveillance, de répression, et de l’ordre. Ceci menace et compromet la démocratie et la libre circulation des idées entre université et société. Il est aussi possible qu’il engendra des agitations et de conflits violents.

Le collectif « Non à la police dans les universités », qui a déjà assemblé plus de 1000 signatures des professeurs et des enseignants des universités grecques, demande par ailleurs que toutes les forces démocratiques s’opposent à l’adoption et l’application de cette intervention anticonstitutionnelle dans l’autonomie universitaire. En même temps, le collectif dénonce les attaques contre lui, tantôt via les discours haineux contre l’université publique, entrepris par les mass médias, tantôt via les attaques violentes et sexistes s’adressant personnellement à ses membres dans les réseaux sociaux. La page du collectif www.facebook.com/OxiAstynomiaStaPanepistimia et les postes publiés, et les publications sur facebooκ ont été temporairement bloquées.

La doctrine du choc que le nouveau projet de loi autoritaire veut imposer aux universités, ainsi que les attaques coordonnées contre le collectif des universitaires, soulèvent des questions sérieuses concernant la légalité et la légitimité constitutionnelle et constituent des attaques contre la démocratie avec la responsabilité du gouvernement actuel. »

Collectif des enseignants – chercheurs « non à la police dans les universités », le 17 janvier 2021

- Contact pour les enseignants-chercheurs qui veulent signer la pétition : NoUniPolice [@] gmail.com
- Le texte original est paru dans le journal grec Efsyn

Photo de une : Pancarte de soutien aux étudiants et enseignants grecs qui refusent la police dans les université, dans un cortège à Lyon le 26 janvier 2021. CC Sophie Chapelle / Basta !

Source https://www.bastamag.net/Non-aa-la-police-dans-les-universitees-tribune-contre-une-nouvelle-loi-liberticide-en-Grece?fbclid=IwAR3SaaUWtUsfynj02l06v4EF0y08OfNgE-AvJcB0gsvl6Rg5iz-Vm9F4-hA

Communiqués de presse sur les poursuites contre le Président du POEDIN

Les poursuites ont commencé en vertu de la nouvelle loi interdisant les rassemblements !

Il s’agit de la première poursuite contre un citoyen et en fait un syndicaliste, qui a été intentée contre le président du POEDIN M. Giannakou, accusé de désobéissance!

Sur la base de la nouvelle «junte», une plainte a été déposée contre le président de la Fédération panhellénique des employés des hôpitaux publics, accusé de désobéissance. La raison en est qu’en tant qu’organisateurs, ils étaient responsables du rassemblement qu’ils avaient convoqué devant le ministère de la Santé le 30/9. Les agents de santé rassemblés ont tenté de marcher, mais ont été attaqués par les forces de police, invoquant la nouvelle interdiction. En fait, il y a eu des blessures. POEDIN et ADEDY et d’autres syndicats ont réagi immédiatement,  exigeant que cette persécution soit arrêtée.

ATHÈNES 29/01/2021
PROT.: NO: 4053

COMMUNIQUE DE PRESSE
Pour les poursuites pénales du Président du POEDIN pour non-respect de la loi antisyndicale

Une fois de plus en pleine pandémie, POEDIN et les responsables de la santé ont fait la une, en raison des poursuites pénales contre M. Giannakos Michalis, Président de POEDIN pour crime de désobéissance.
Avant même que M. Giannakos ne soit officiellement convoqué, avant d’être informé des poursuites pénales engagées contre lui, les milieux gouvernementaux ont divulgué à la presse un document ELAS sur la base duquel un dossier a été constitué.
Et son péché mortel? D’après ce qui a été écrit dans la presse, dans le cadre d’un rassemblement de santé, qui a eu lieu le 30-9-2020, les manifestants, bien qu’appelés par ELAS à monter sur le trottoir, sont descendus sur la route de la rue Aristotelous! !!!.
Il n’est donc pas poursuivi parce que les mesures de distanciation sociale ont été violées, les gouvernements étant bien conscients que POEDIN est le premier, qui les observe systématiquement.
Il ne fait pas l’objet de poursuites parce qu’il y a eu des incidents de la part des manifestants, puisque les gouvernements sont également bien conscients que ce jour-là, ceux qui ont subi un comportement violent étaient les travailleurs eux-mêmes. En fait, lorsque M. Giannakos a été convoqué à l’ELAS afin de nommer les policiers qui l’ont battu, il a choisi de déclarer qu’il ne voulait pas de poursuites pénales contre qui que ce soit, car il n’a de confrontation personnelle avec aucun policier.
Il est poursuivi parce que les travailleurs dans le cadre de leur rassemblement, comme ils l’ont fait des milliers de fois dans le passé, sont descendus sur la route de la rue Aristotelous. Il va sans dire que ce n’est pas une route principale alors que POEDIN veille toujours à la charge de trafic minimale possible dans le cadre de ses rassemblements.
Aucun de nous n’a l’illusion que l’heure à laquelle ce document a été divulgué, qui a été envoyé au parquet, est tout sauf accidentelle, car elle coïncide avec les mobilisations menées hier par POEDIN et d’autres syndicats. De plus, il est sous-entendu qu’il est un précurseur d’autres persécutions qui auront lieu à l’avenir.
Nous comprenons la panique de tout gouvernement face à des revendications de travail équitables. Nous comprenons également qu’il est raisonnable de rechercher des boucs émissaires, par l’intermédiaire desquels on tente de terroriser le mouvement syndical coordonné et de freiner toute réaction. Nous comprenons, cependant, et ceux qui gouvernent temporairement ce pays, qu’après tant d’années de dure compréhension et de luttes ouvrières pour la préservation de notre statut de travail et de notre dignité, LA SANTÉ PAS le terrorisme, le chantage et la peur
sont et continueront d’être présents dans chaque lutte syndicale équitable, car ils sont quotidiennement présents dans la bataille pour lutter contre la pandémie et soulager les patients des effets du coronavirus.

POUR L’UE DE POEDIN
LE PRESIDENT GEN. SECRÉTAIRE

MICHALIS GIANNAKOS CHRISTOS PAPANASTASE

EDY2021

ADEDY COMITE EXECUTIF DES GRECS & FLEES 2105 57 ATHENES Tel 213.16.16.900 Fax 2103246165 Email: adedy@adedy.gr, adedy1@adedy.gr

Athènes, 29.01.2021

Non. Prot.: 31

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

A l’occasion de la persécution du Président du POEDIN

Autoritarisme et maintien de l’ordre jusqu’au bout!

La descente antidémocratique du gouvernement de la Nouvelle Démocratie n’a pas de fin. Dans le cadre de la loi antidémocratique, votée l’année dernière au Parlement, le Président du POEDIN, Michalis Giannakos , a été poursuivi « parce qu’il n’a pas respecté les instructions » du médiateur spécial d’ELAS, lors de la mobilisation POEDIN le 30 septembre devant le Ministère de la Santé, réclamant le recrutement de médecins et d’infirmières, les mesures d’hygiène et de sécurité des salariés, les effectifs permanents, etc.

Cette persécution, qui est la première pour les manifestations, avec la nouvelle loi , montre l’orientation de la politique du gouvernement de N.D. résumé dans la doctrine: ceux qui ne «se plient pas» seront persécutés et «exterminés».

Le Comité Exécutif de A.D.E.D.Y. Exprime son plein soutien au Président du POEDIN, face à qui tout le mouvement syndical est persécuté et déclare qu’il ne permettra pas le passage de: l’autoritarisme, la police et le terrorisme dans l’action des syndicats.

Nous demandons ICI ET MAINTENANT d’arrêter la persécution du Président de POEDIN.

Du Comité Exécutif de A.D.E.D.Y.

Source

L’Union européenne et le spectre de la Sainte Alliance

OPINION. A l’heure où l’Allemagne entend vendre ses sous-marins à la Turquie malgré les protestations grecques, Olivier Delorme nous propose une mise en parallèle historique entre la guerre d’indépendance grecque au 19ème siècle et les tensions européennes actuelles. Un texte dense qui nous rappelle l’urgence de penser le temps long.

Olivier DELORMEHistorien

En mars 2021, les Grecs commémoreront le bicentenaire du déclenchement de leur guerre d’indépendance contre l’Empire ottoman. Au terme de neuf ans de combats, qui firent environ deux cent mille morts, dont nombre de victimes de massacres à caractère génocidaire perpétrés par les Turcs à Chios (qui inspira la toile de Delacroix et « L’enfant grec » de Hugo), à Kassos, à Psara…, ce conflit accoucha d’un État national des Grecs qui comptait un peu plus de sept cent mille habitants mais en laissait deux fois plus dans l’Empire ottoman. Aussi m’a-t-il paru intéressant, au seuil de cette année de célébration d’une guerre que les Grecs nomment révolution (épanastasi), de tenter un parallèle entre la situation de 1821 et celle d’aujourd’hui.

L’insurrection des Grecs intervient un peu moins de six ans après la défaite de Napoléon Ier à Waterloo et l’établissement d’un ordre européen destiné à empêcher, partout, la résurgence des idéaux de la Révolution française. Et, comme aujourd’hui, cet ordre réactionnaire, fondée sur la Sainte Alliance (Autriche, Prusse, Russie) conclue en septembre 1815 et élargie en novembre au Royaume-Uni, est à direction germanique, avec le chancelier autrichien Metternich en place de la chancelière allemande Merkel. D’ailleurs, en juin 2015, au plus fort du bras de fer (réel ou simulé) entre Tsipras et l’Union européenne, un plumitif allemand nommé Berthold Seewald écrivit à propos de l’épanastasi, dans Die Welt, quotidien proche de la CDU de Merkel, un article intitulé « La Grèce a déjà détruit une fois l’ordre européen ». Un article qui reprenait en outre les vieux délires racistes de Jakob Philipp Fallmerayer (1790-1861) déniant aux Grecs de son temps toute parenté avec ceux de l’Antiquité et défendant, contre les soutiens à l’indépendance grecque, qu’un Empire ottoman fort était le seul rempart efficace contre des hordes slaves qu’il tenait en haine.

En réalité, lorsque les Grecs prennent les armes en 1821, ils pensent pouvoir compter sur l’aide des Européens de l’Ouest. Comme ils pensent aujourd’hui pouvoir compter, face aux agressions turques, sur la solidarité de l’Union européenne. Depuis trois siècles, les Habsbourg d’Autriche ne conduisaient-ils pas, contre le sultan turc, une guerre entrecoupée de paix qui n’étaient que des trêves ? Mais, pour Metternich, ce conflit-là était devenu secondaire et c’est ce qu’il écrivait, à propos de l’insurrection grecque le 28 janvier 1822 à son ambassadeur à Saint-Pétersbourg : « quelle que soit la différence entre ses causes anciennes et permanentes, et celle des révolutions que la grande alliance a été appelée à combattre dans le cours salutaire de son existence, [elle] n’en a pas moins puisé son origine directe dans les menées de la faction désorganisatrice qui menace tous les trônes et toutes les institutions[1]. »

Autrement dit, les Grecs ne sont que des sujets infectés par les idées françaises, que leur souverain turc a le devoir de châtier. D’ailleurs, estimait-il deux mois après le déclenchement de l’épanastasi, « là-bas, par delà nos frontières orientales, trois ou quatre cent mille individus pendus, égorgés, empalés, cela ne compte guère [2] ».

Il est vrai que les insurgés grecs devaient beaucoup aux Lumières et à la Révolution françaises. Depuis Marseille, les marchands grecs avaient rapporté Voltaire, Rousseau, Montesquieu et des traductions avaient été diffusées en Grèce. De Paris, où il s’était installé en 1788, l’érudit Adamantios Koraïs (1748-1833), avait décrit dans ses lettres qui circulaient en Grèce le déroulement de la Révolution. Avant d’être livré par les Autrichiens aux Turcs qui l’avaient étranglé dans la forteresse de Belgrade, Rhigas Vélestinlis (1757-1798) avait porté, à travers une société secrète et de nombreuses publications, un projet de République hellénique, traduit La Marseillaise,les Constitutions françaises de 1791 et 1793, et écrit des paroles grecques sur l’air de La Carmagnole. Les idées révolutionnaires étaient aussi arrivées par les îles Ioniennes, enlevées à Venise par Bonaparte, qui formèrent trois départements français de 1797 à 1799. Tandis que le même Bonaparte créait à Ancône, en 1798, une Agence du commerce français surtout chargée de diffuser en Grèce les brochures de son directeur, le Grec Konstantinos Stamatis, comme son Adresse aux habitants de la Grèce, tendant à leur rappeler la liberté dont leurs pères ont joui et les exciter à la reconquérir, signée de l’évocateur pseudonyme Philopatris Élefthériadis (Fils patriote de la liberté). Et puis il y eut les Grecs qui revenaient au pays après s’être battus au côté des Français dans la Légion grecque devenue Bataillon des chasseurs d’Orient. Quant aux demi-soldes de la France des Bourbons restaurés, plus d’un prendra le chemin de la Grèce pour y aider l’insurrection. Colonel et baron d’Empire, Charles Nicolas Fabvier rejoignit la Grèce en 1823 et y créa l’embryon d’une armée régulière. Fils d’un député du tiers état en 1789, devenu conseiller d’État et ministre de Napoléon durant les Cent-Jours, le futur maréchal de France Auguste Regnaud de Saint-Jean-d’Angély (1794-1870), saint-cyrien élevé au grade de chef d’escadron sur le champ de bataille de Waterloo, organisa une cavalerie grecque.

Et comment l’Europe de Metternich – y compris l’empereur de Russie qui se prétendait protecteur des orthodoxes – aurait-elle pu tolérer la déclaration d’indépendance, adoptée le 27 janvier 1822 par l’assemblée qu’ont réunie les insurgés à la Nouvelle Épidaure, qui parlait de tyran, de nation, de peuple, de justice et de représentants légitimes.

Cette Europe, comme l’Union aujourd’hui, avait son Conseil, réuni chaque année, qu’on appelait le Congrès et qui s’était arrogé le droit d’écraser par les armes tout mouvement remettant en cause l’ordre européen contre-révolutionnaire. Comme l’Union européenne s’est arrogée le droit d’étouffer, au mépris des principes fondamentaux de la démocratie, toute nation qui prétendrait se libérer de l’ordre économique et monétaire allemand. Le Congrès avait ainsi chargé les Autrichiens de réprimer les mouvements démocratiques en Italie ; au Congrès de Vérone en 1822, il avait confié la même tâche, en Espagne, à une France des Bourbons réintégrée dans l’Ordre européen.

Aussi, lorsque les Grecs envoyèrent à Vérone des délégués (dont un Français[3]) pour demander au Congrès d’aider une nation chrétienne en lutte contre un maître musulman, Metternich et ses semblables (dont le Français Chateaubriand alors ministre des Affaires étrangères) refusèrent même de les recevoir. Il faudra attendre que l’Angleterre comprenne quel profit géopolitique elle pouvait tirer d’un État grec qu’elle manipulerait à sa guise, puis que la Russie et la France comprennent quel danger il y aurait à laisser l’Angleterre s’assurer seule de cet avantage, pour que les gouvernements de ces Puissances interviennent militairement. Sans doute est-ce aussi une des premières fois où artistes et écrivains se mobilisèrent pour sensibiliser l’opinion publique à une question extérieure : avec toutes ses ambiguïtés, le philhellénisme contribuerait aussi à faire bouger les gouvernants, au moins en Angleterre et en France, mais aussi en Russie au nom de la solidarité orthodoxe.

En février 1830 les trois puissances finirent par signer le Protocole de Londres qui imposait au sultan que « La Grèce formera un État indépendant et jouira de tous les droits politiques, administratifs et commerciaux attachés à une indépendance complète ». Au sultan, mais aussi à Metternich qui, le 12 mai 1826, écrivait encore : « Nous ne voulons pas d’une république de bandits ou d’une monarchie composée et organisée par l’écume des révolutionnaires d’Europe[4] » et qui, en août envoyait sa flotte bombarder Naxos et Kythnos sous prétexte de piraterie. Le Protocole de février 1830 fut l’arrêt de mort de l’ordre européen de 1815 ; l’acte de décès en serait dressé après la vague révolutionnaire qui, partie de Paris en juillet, agita l’Italie, la Pologne, et déboucha sur la création d’une Belgique libérale séparée du réactionnaire royaume des Pays-Bas.

Mais les trois puissances imposèrent en même temps aux Grecs des frontières non viables, qui allaient orienter leurs efforts, pour un siècle, vers l’achèvement du territoire national plutôt que vers le développement, une dette permettant de les maintenir sous tutelle et un monarque absolu… allemand, dont le contribuable grec allait devoir payer la cour et les mercenaires bavarois, alors qu’on renvoyait dans leurs foyers les combattants de la guerre d’indépendance. L’aide européenne coûta fort cher aux Grecs : la trahison des idéaux de 1821.

Lorsque, le gouvernement Tsipras ayant capitulé devant les exigences de l’Europe allemande, j’expliquais à mes amis grecs qu’on ne peut vivre avec l’économie de la Grèce (ou de l’Italie, ou de la France…) et une monnaie allemande, ceux qui m’approuvaient ajoutaient pour la plupart : « mais on ne peut pas quitter l’euro et l’UE : en cas de coup dur avec la Turquie, c’est notre assurance ! »

On voit aujourd’hui que cette assurance ne vaut guère plus que les espoirs d’aide européenne en 1821 : des sanctions ridicules adoptées à contrecœur au terme d’interminables mois de tergiversations. Parce que les gouvernants hongrois se voient en descendants des Huns et fantasment leur origine commune avec les Turcs (la Hongrie est observateur depuis 2018 du Conseil turcique regroupant les États turcophones) autant qu’ils apprécient le despotisme d’Erdogan. Malte craint de ne plus pouvoir vendre ses passeports dorés aux mafieux turcs. Madrid redoute l’effondrement de son système bancaire gavé de dette turque à hauteur d’au moins 64 milliards de dollars[5]. Et Rome tremble de déplaire à Berlin.

Quant à l’Allemagne, elle est, comme la Turquie, un Empire frustré de ne plus l’être. Et ces deux frustrations sont depuis longtemps alliées. Le militariste Guillaume II était au côté du despotique et panislamiste sultan Abdülhamid II dans sa guerre contre la Grèce en 1897. Durant la première guerre mondiale, ses officiers encadraient l’armée des jeunes-turcs et furent complices du génocide arménien, puis des génocides, organisés sur le même schéma, des Grecs de la mer Noire (Pontiques) et des chrétiens assyro-chaldéens. Malgré une neutralité turque en trompe-l’œil, le raciste Hitler, pour lequel le génocide arménien est une référence inspirante, ne pourrait continuer la guerre après 1942 sans les livraisons de chrome turc à son industrie. Et le président turc Inönü permet aux navires allemands de passer par le Bosphore et les Dardanelles pour ravitailler la Wehrmacht en URSS alors qu’il en interdit le passage aux Anglo-Américains. La mercantiliste Merkel, qui a durablement étouffé l’économie de la Grèce et se moque de ses intérêts vitaux, veille jalousement sur l’excédent commercial de 2,5 milliards d’euros que l’Allemagne tire de ses échanges avec la Turquie et ira jusqu’à vendre à l’islamo-impérialiste Erdogan des sous-marins susceptibles de faire basculer l’équilibre stratégique en Egée. D’autant qu’Erdogan contrôle une large majorité des binationaux qui votent aux élections allemandes.

Comment, dès lors, continuer à invoquer une solidarité européenne aussi inexistante qu’en 1821 ? Le ministre grec des Affaires étrangères Nikos Dendias, le meilleur que la Grèce ait eu depuis très longtemps, a bien raison de mener une diplomatie à la fois intransigeante et réaliste. Fondée sur des alliances régionales destinées à contenir l’impérialisme turc, cette politique exploite intelligemment l’exaspération croissante des États-Unis vis-à-vis d’un régime turc de plus en plus imprévisible parce qu’englué dans des difficultés intérieures de plus en plus grandes. Elle semble également s’appuyer sur une communauté d’intérêts avec la France – avec la France en tant que nation, non en tant que membre de l’UE. Car la Grèce a paradoxalement plus à attendre aujourd’hui du Caire, d’Abu Dhabi, de Delhi, de Tel-Aviv, de Washington ou – je l’espère – de Paris, que d’une Union européenne au service exclusif des intérêts de Berlin.

[1] Mémoires, documents, et écrits divers laissés par le prince de Metternich, publiés par son fils le prince Richard de Metternich, deuxième partie, L’Ère de la paix (1816-1848), tome III, Plon, Paris, 1881, p. 565 sq.

[2] « Souvenirs du Congrès de Laybach », 6 mai 1821, idem., p. 465.

[3]Le capitaine de frégate Jourdain.

[4] Op. cit., p. 282.

[5] Soit presque autant que la France (24 milliards), l’Italie (21 milliards), le Royaume-Uni (13 milliards) et l’Allemagne (9 milliards) réunis.

Source https://frontpopulaire.fr/o/Content/co370183/l-union-europeenne-et-le-spectre-de-la-sainte-alliance

Interdiction des rassemblements de plus de 100 personnes

La police grecque interdit les rassemblements publics de plus de 100 personnes jusqu’au 1er février
Greek Police bans public gatherings of over 100 persons until Feb 1

D’un coup et sans avertissement, le chef de la police grecque a interdit les grands rassemblements publics de plus de 100 personnes à partir de 6 heures du matin mardi et pendant 6 jours, jusqu’au 1er février 2021, « au moins ». Le chef de la police Michalis Karamalakis affirme que la décision découle d’une « suggestion du comité des experts de la santé »,ce que ce dernier nie.

Selon l’annonce du chef de la police Michalis Karamalakis, l’interdiction vise à décourager les rassemblements comme les grandes fêtes et les rassemblements de protestation qui ont le potentiel de devenir des événements de grande envergure.

« des raisons urgentes d’intérêt public concernant la protection de la santé publique et la prise de mesures exceptionnelles pour faire face au risque grave de propagation du coronavirus COVID-19, »
Les violations de l’interdiction sont passibles d’une amende de 5 000 euros pour les entreprises ou organisations responsables de l’organisation ou de la convocation d’un tel rassemblement, de 3 000 euros pour les organisateurs individuels et de 300 euros pour chaque participant.
S’adressant à la télévision SKAI TV mardi matin, le professeur de microbiologie du département de politique de santé publique de l’université de l’Attique occidental et membre du comité des maladies infectieuses, Alkiviadis Vatopoulos, a déclaré qu’il n’y avait pas eu de proposition en ce sens de la part du comité.
« C’est la première fois que j’entends cela de votre part », a déclaré M. Vatopoulos aux journalistes qui l’ont interrogé sur la suggestion de la commission.
L’interdiction intervient alors que la majorité des activités commerciales sont à nouveau en activité depuis la semaine dernière, que l’ouverture des écoles secondaires est prévue pour le 1er février et que le nombre d’infections quotidiennes et d’intubations a diminué.
Ce doit être une pure coïncidence si l’interdiction est imposée avant un rassemblement de protestation d’étudiants qui réclament la réouverture des universités et le retrait des « corps de police spéciaux » dans les établissements d’enseignement supérieur. Le rassemblement est prévu pour le jeudi 28 janvier.
Des sources policières auraient déclaré que l’interdiction n’affecte pas les rassemblements de citoyens dans les rues commerciales et devant les magasins.
Des éclaircissements du côté du gouvernement sont nécessaires de toute urgence, notamment en ce qui concerne les raisons pour lesquelles une telle interdiction a été imposée et si elle ne touche que les manifestants mais pas les consommateurs.
Jusqu’à présent, le gouvernement affirme que l’interdiction est en fait un « assouplissement des restrictions ».
Le vice-ministre de la protection des citoyens, Lefteris Oikonomou, a déclaré aux médias que « l’interdiction est en fait un assouplissement des restrictions puisque jusqu’à présent les rassemblements de plus de 9 personnes étaient interdits ».
En ce sens, jusqu’à 99 personnes peuvent désormais se rassembler sur des places, ce qui était interdit jusqu’à présent en vertu des restrictions de confinement !
Interrogé sur le fait de savoir si l’interdiction a été imposée en raison du rassemblement de protestation prévu pour l’éducation, Oikonomou a déclaré « nous devrions cesser de voir des fantômes dans ce pays ».
Les médias de l’opposition parlent d’une « violation flagrante des droits de l’homme sans aucune explication du gouvernement et sans aucune raison valable ».
Le professeur d’épidémiologie Athina Linou a commenté que la décision d’interdiction a été prise dans la panique ».
Le premier parti d’opposition à réagir est le KKE communiste qui demande au gouvernement de retirer l’interdiction.
Le fait est qu’il n’y a aucune logique derrière une telle interdiction – ou mieux encore : « interdiction de détente » pendant 6 jours ? – car il n’y a aucune logique pour le couvre-feu de nuit de 21h à 5h du matin, alors que des milliers de Grecs sont dehors et dans les rues pendant la journée.

« Je ne me demande pas si, au final, les mesures gouvernementales erratiques (voir le code QR) se retourneront contre nous et contribueront à créer un mouvement anti-mesures ». – Ce n’est pas moi qui dis ça, c’est le chat !

Refusons la police dans les universités, en Grèce aussi !

Collectif des enseignants – chercheurs « non à la police dans les universités »
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L’université dans le collimateur de l’état, la démocratie grecque en danger. Le nouveau projet de loi, un choix stratégique pour l’établissement d’un État policier et de censure dans l’éducation..

 

Dans une conjoncture de pandémie et de confinement généralisé, le gouvernement grec annonce sa décision d’instituer une « brigade de protection », une véritable police des universités. Cette décision arrive dans la foulée d’une large campagne de diffamation des universités et de désinformation de l’opinion publique préparée par les médias pro-gouvernement, une campagne contre la prétendue délinquance et le crime généralisé au sein des établissements, qui ne sont pourtant déduits d’aucune étude ou statistique. Le nouveau corps de sécurité ne rendra pas des comptes aux organes de l’administration des universités mais seulement aux autorités policières. Les policiers sont autorisés à patrouiller en uniforme dans les établissements. Leurs fonctions ne seront pas déterminées par les universités. En plus le projet de loi en question oblige les universités de mettre en place un système de contrôle d’accès dans les campus et les bâtiments. La présence des gardes de la police complètent l’obligation des autorités universitaires de faciliter, par « tous les moyens », l’intervention des policiers des universités notamment en ce qui concerne la surveillance des locaux avec un équipement technologique spécial ainsi que l’« exercice des enquêtes prémilitaires » au sein des établissements.

Plusieurs réactions ont été soulevées. La majorité des conseils des universités, les associations des enseignants-chercheurs et des étudiants, s’oppose fortement à ce projet de loi. Même la fédération nationale de la police rejette ce projet dans son communiqué. Il s’agit d’une violation de la Constitution grecque et du principe de la libre administration des universités. Les établissements universitaires seront transformés en un milieu de surveillance, de répression, et de l’ordre. Ceci menace et compromet la démocratie et la libre circulation des idées entre université et société. Il est aussi possible qu’il engendra des agitations et de conflits violents.

Le collectif « non à la police dans les universités », qui a déjà assemblé plus de 1000 signatures des professeurs et des enseignants des universités grecques, demande par ailleurs que toutes les forces démocratiques s’opposent à l’adoption et l’application de cette intervention anticonstitutionnelle dans l’autonomie universitaire. En même temps, le collectif dénonce les attaques contre lui, tantôt via les discours haineux contre l’université publique, entrepris par les mass médias, tantôt via les attaques violentes et sexistes s’adressant personnellement à ses membres dans les réseaux sociaux. La page du collectif https://www.facebook.com/OxiAstynomiaStaPanepistimia et les publications sur Facebook ont été temporairement bloquées.

La doctrine du choc que le nouveau projet de loi autoritaire veut imposer aux universités, ainsi que les attaques coordonnées contre le collectif des universitaires, soulèvent des questions sérieuses concernant la légalité et la légitimité constitutionnelle et constituent des attaques contre la démocratie avec la responsabilité du gouvernement actuel.

Source https://universiteouverte.org/2021/01/21/non-a-la-police-dans-les-universites-en-grece-aussi/

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