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Géopolitique tombale La rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque.

Géopolitique tombale

Athènes, sous un soleil hésitant et une bonne partie du pays toujours sous la neige. Ombre et lumière comme évidemment pour les affaires humaines. Semaine grecque largement crépusculaire, marquée par la démission théâtralisée de Pános Kamménos de son poste de Ministre de la Défense dimanche 13 janvier, une démission accompagnée du retrait du gouvernement. Semaine autant marquée par la visite de la Chancelière Angela Merkel deux jours auparavant, histoire d’inspecter… la bonne marche de la colonie. Les habituels valets politiques se sont exécutés comme d’habitude. Le pays… sous la neige

Un temps de chien. Grèce Centrale, janvier 2019

C’est surtout l’accord Macédonien celui que Kamménos fait semblant de ne pas accepter, accord comme on sait, imposé par Berlin, Bruxelles et Washington et qui doit être ratifié par la simple chambre d’enregistrement, autrement-dit le “Parlement”, lorsque les Grecs lui sont opposés à près de 80% d’après les sondages, bien entendu sans referendum… mais réclamé depuis sa démission par la marionnette Kamménos. Jeu de rôle nous sommes nombreux en Grèce à considérer que tout cela n’est qu’un scenario imposé, et pour tout dire, mal interprété. Notons que les voisins Slavomacédoniens avaient invalidé leur référendum sur la question par le boycott. Rien n’y fait, la géopolitique est une marmite où les peuples ont rarement l’usage de la louche. Un temps de chien, ou simplement… “histoires de la Grèce et des Balkans” comme dirait mon ami Olivier Delorme.

Rien n’y fait donc, et pour ce qui est du “Parlement” à Skopje, certains journalistes de ce pays, mais également d’autres journalistes depuis Athènes alors prétendent, “que le tarif très convaincant pour faire passer l’accord auprès des députés récalcitrants s’élèverait entre cinq et huit millions de dollars par tête, et pour le même résultat probable et prochain en Grèce, on ignore quel serait l’équivalent en euros de cette… realpolitik alors très germanique”, émissions de la zone matinale et du soir sur la radio 90.1 FM, journalistes Trángas et Kalarrýtis, semaine du 7 janvier 2019, cité de mémoire.

Déjà, au “Parlement” à Athènes, la partie visible des tractations en cours, tiennent de la volatilité et autant excitation dont font preuve les députés des petits partis. De celui dit de la Rivière et du journaliste Stávros Theodorákis, une création à notre humble avis bruxelloise et berlinoise, ceux du parti des Centristes de Vassílis Levéntis propulsé comme on sait par les medias depuis 2012, enfin et surtout, des élus plus opportunistes que jamais du parti des Grecs (prétendument) Indépendants de Pános Kamménos qui se dit opposé à l’accord Macédonien de Tsípras, allié de SYRIZA au pseudo-pouvoir jusqu’à cette semaine et dont la moitié des élus sont passés du côté SYRIZA, à la fois pour voter la confiance au gouvernement, vote prévu jeudi prochain, et surtout ensuite le terrible accord macédonien de Tsípras.

Hiver grec. Grèce Centrale, janvier 2019
Garde Evzone en tenue d’hiver. Athènes, janvier 2019 (presse grecque)
‘La Division Merkel’ à Athènes. Presse grecque, le 9 janvier 2019

Toute cette agitation des “mouches scatophages” du dernier fumier politique grec n’est d’ailleurs pas sans lien avec la visite d’Angela Merkel à Athènes cette semaine. Et comme tous les journalistes de la colonie grecque ne sont pas encore totalement muselés, Státhis Stavrópoulos issu de la vielle gauche, écrit dans “To Pontíki” sous un ton très moqueur, “que Tsípras aurait déjà dicté son agenda à Madame Merkel, ainsi l’obergruppenfuhrer allemande exercera ses pressions à Mitsotákis de la Nouvelle Démocratie pour que ce dernier puisse se monter complaisant au sujet toujours de l’affaire Macédonienne. Puis, Tsípras toujours, il fera sans doute preuve de courage lorsqu’il évoquera devant la Chancelière la double question du prêt forcé et des réparations de guerre que l’Allemagne n’a jamais voulu régler, faisant suite aux années 1940 et à son autre Occupation de la Grèce.” Obergruppenfuhrer, était un grade de général dans l’Allgemeine SS et dans la Waffen-SS, du temps de l’autre Reich, celui des années 1940.

“Allez, Madame Merkel et toi Monsieur Trump, mangez encore plus de Grèce, encore plus de Croatie ou de Serbie, mangez du Kurdistan, de la Syrie et de l’Irak, dévorez les pensions, les salaires, les ressources, les humains, mangez même votre mère, privatisez vos enfants et régurgitez tout jusqu’à la pétarade. De même, vous autres qui êtes leurs domestiques, fermez vos gueules, cessez de parler, car vous alignez mensonge sur mensonge, et donc tant de grossièretés et d’inepties morbides. Rassasiez-vous des restes et taisez-vous par-dessus les maigres pensions des veuves comme par-dessus la perte de la patrie”, “To Pontíki” du 9 janvier 2019.

Et aux yeux de… l’autre presse, et je remercie l’ami du blog Jean-Marie N. de m’avoir signalé cet article: “L’Allemagne ‘assume complètement la responsabilité des crimes’ commis par les nazis en Grèce pendant la Seconde Guerre mondiale. ‘Nous sommes conscients de notre responsabilité historique. Nous savons aussi quelle souffrance nous avons infligée à la Grèce (…) durant la période du national-socialisme’, a admis vendredi Angela Merkel lors de sa première visite à Athènes depuis 2014, avant de s’entretenir avec le président de la République hellénique, Prokópis Pavlópoulos et le Premier ministre, Aléxis Tsípras. Une repentance pour tenter d’apaiser le climat tendu entre les deux pays au pic de la crise grecque (2010-2014), et qui persiste depuis: l’Allemagne reste associée dans l’esprit des Grecs aux politiques strictes de rigueur imposées au pays pour éviter le risque d’un défaut de paiement et une implosion de la zone euro.”

Angela Merkel et Aléxis Tsípras. Athènes, le 10 janvier 2019 (presse grecque)
L’Occupation allemande et son image chez les autres. Presse allemande en 2015
Vision grecque de la… nouvelle Occupation allemande. Presse grecque, janvier 2019

“Aussitôt élu en 2015, Aléxis Tsípras, le leader de la gauche radicale Sýriza s’était rendu à Kaisarianí où 200 résistants ont été exécutés en 1944. Une façon de rappeler à la chancelière l’histoire les traces indélébiles laissées par les nazis en Grèce, qui ont occupé ce bout d’Europe d’avril 1941 à octobre 1944 (et même jusqu’à l’armistice en 1945 pour certaines régions de Crète). Environ 800 villages furent entièrement décimés et 70 000 personnes assassinées. Privations, famines (on estime à 300 000 le nombre de personnes mortes uniquement de la faim: la Grèce perdit environ 8% de sa population. Hitler obligea aussi le pays à ‘participer à l’effort de guerre nazi’: 476 millions de reichsmarks furent empruntés à la Banque de Grèce, l’équivalent de 10 milliards d’euros, considérés comme un prêt forcé”, rapporte Fabien Perrier, correspondant de “Libération” à Athènes.

Le reportage est suffisamment juste, sauf que la presse française, surtout autorisée n’écrira jamais que les crimes commis par les nazis en Grèce ou ailleurs, sont les crimes commis par les forces très exactement allemandes, liées à une histoire et à une vision géopolitique d’avant comme d’après, et que le nazisme n’est pas né à Tombouctou. La presse mainstream, elle ne dira surtout pas que la continuité entre l’avant et l’après Hitler, dont d’ailleurs le projet européiste final, n’est pas qu’une légende propagée par les… populistes. Pour mieux comprendre cette continuité, il suffit de consulter par exemple les travaux de l’historien britannique Mark Mazower, et notamment son ouvrage: “Hitler’s Empire. Nazi Rule in Occupied Europe”. Il me semble que ce livre d’analyse et d’histoire n’a pas été traduit en français, tandis qu’il a été traduit en grec et publié à Athènes dès 2009. Simple hasard ?

Ce même reportage ne nous dit pas non plus que la couronne de fleurs déposée par la Chancelière devant la Tombe du Soldat Inconnu à Athènes, elle a été aussitôt piétinée et détruite par des manifestants instituteurs, proches du PC grec quelques heures après, et que ces manifestants ont été il faut dire très violemment “aménagés” par les forces de l’ordre. Un élu communiste a perdu l’usage d’une oreille, tandis qu’une institutrice et syndicaliste a été blessée à la tête. “Nous sommes conscients de notre responsabilité historique. Nous savons aussi quelle souffrance nous avons infligée à la Grèce”, comme dirait la Chancelière. L’histoire ne se répète pas, la géopolitique si.

Imagerie populaire. Athènes, janvier 2019
L’institutrice blessée Theodora Drimala. Athènes, le 11 janvier 2019, presse grecque
La couronne déposée par Angela Merkel piétinée. Athènes, le 11 janvier 2019, presse grecque

Et pour compléter les funestes réalités de l’Occupation, celle des années 1940, il faut rappeler certaines données historiques que les spécialistes de la période, dont Thános Verémis, et Nikos Maratzídis avaient rappelé lors d’une très longue émission, d’une durée de près de huit heures, en rediffusion samedi 12 janvier sur la radio d’ailleurs très systémique, Skáï 100.1 FM. D’abord, et concernant l’emprunt obligatoire durant l’Occupation, l’Allemagne avait obligé la Grèce à fournir aux forces occupantes, vivres, travail, matériel, produits et services contre de bons de reconnaissance de cette dette sur… papier simple mais officiel, dont d’ailleurs une infime partie, environ 1% du total, ayant été remboursé peu avant le départ des troupes allemandes de la Grèce continentale en 1944.

D’après même l’historien Hagen Fleischer, cet emprunt obligatoire lequel équivalait au PIB annuel grec, avait autant servi pour une part non négligeable, à financer les besoins de l’Armée Rommel en Afrique du Nord, ainsi que l’essentiel des… frais générés par la logistique de l’extermination des communautés juives de Grèce et des Balkans. Rappelons que l’importante communauté juive de Thessalonique, elle a été quasi-complètement exterminée lors de l’Holocauste.

Pour les autres chiffres, l’Occupation Allemande, entre avril 1941 et octobre 1944, a laissé derrière elle un pays largement broyé, 26% des habitations étaient détruites, 1.200.000 Grecs sans-abri, 97% des infrastructures de transport détruites dont le Canal de Corinthe, 70% des installations des ports comme le Pirée, Patras ou Vólos devenues inutilisables, 90% du matériel roulant des trains et des lignes détruits, et aussi près du tiers des équipements hydrauliques. Donc et en dépit de la propagande, une certaine Grèce n’est pas prête à oublier et encore moins à passer outre… de cette dette allemande, sauf on dirait “nos” politiciens.

Rue d’Athènes, janvier 2019
Tsípras menteur. Athènes, janvier 2019
Angela Merkel et Prokópis Pavlópoulos. Athènes, le 10 janvier 2019, presse grecque

Notons aussi que la Grèce a été dépecée en trois zones d’Occupation, allemande, italienne et bulgare, et que suite aux événements italiens de l’été et de l’automne 1943 et notamment l’armistice de Cassibile , la zone italienne a été réunie avec la zone allemande, et il faut ici préciser, que la Macédoine orientale et la Thrace, régions alors grecques sous Occupation bulgare, elles ont été annexées de fait par la Bulgarie, et leurs habitants grecs déportés, massivement, voire exécutés, le tout, avec une amorce de remplacement de la population grecque par des une population arrivée de manière organisée de la Bulgarie.

Notons aussi que la géopolitique de l’Allemagne dans les Balkans autant que celle du Kominterm d’ailleurs, elles visaient à promouvoir le Macédonisme slave et/ou bulgare, pour ainsi à terme, amputer la Grèce des régions de la Macédoine et de la Thrace, un Macédonisme agressif, et ouvertement affiché toujours actuellement depuis Skopje et l’ex-République Yougoslave de Macédoine, y compris à travers son irrédentisme inscrit dans la Constitution de ce pays.

D’où tout le danger du projet germano-occidental imposé en l’absence des peuples intéressés et qui consiste à baptiser ce pays en “République de Macédoine du Nord”. Les autres habitants de la planète qui ne sont pas obligés que de connaître l’histoire des Balkans, penseront qu’il y a une Macédoine du Sud, en réalité la région historique grecque avec laquelle les voisins Slaves n’ont aucun rapport, ni culturel, ni linguistique, à unifier un jour avec la… “République de Macédoine du Nord”. Notons encore l’exemple de la Bulgarie, actuellement et d’après les déclarations officielles, y compris de son Président Roumen Radev, elle ne reconnaît pas la langue dite “Macédonienne” (langue appartenant au groupe slave méridional et d’ailleurs considérée comme faisant partie du bulgare), et encore moins l’ethnicité homonyme, considérant qu’il s’agit en réalité de frères un peu marginalisés, vivant de l’autre côté de la frontière, reportage de la presse grecque, décembre 2018. Ainsi, le rejet de cet accord déjà néfaste par l’immense majorité des Grecs n’est pas le fait d’un nationalisme exacerbé comme le prétend la propagande Syrizo-mondialiste, mais une réaction attendue face à une agression, une usurpation de l’identité culturelle, et surtout face à un putsch géopolitique et même politique.

Car à non humble avis, le but ce n’est pas d’imposer un accord dangereux, voire humiliant les Grecs ou les voisins Slaves, mais d’arriver un jour, à un compromis sincère et surtout prometteur de paix et d’amitié. Tel a été le cas d’ailleurs entre la Grèce et la Bulgarie, lorsque dans les années 1960, Sofia a officiellement abandonné toute visée territoriale sur la Macédoine et la Thrace grecques. Depuis, et indépendamment des gouvernements en place, régime des Colonels compris, les relations entre les deux pays n’ont cessé de s’améliorer.

Semaine ainsi très crépusculaire, marquée par la visite de la Chancelière, histoire de vérifier la bonne tenue de la colonie grecque. L’histoire qui ne se répète pas… et pourtant. On se balade non loin de la demeure du célèbre en son temps Ioánnis Kolétis, chef du parti… français, et homme politique du siècle bien d’avant. Comme l’écrit mon ami Olivier Delorme dans “La Grèce et les Balkans”, au sujet du Congrès de Berlin , c’était en cette année 1878… disons si lointaine:

“Le Congrès de Berlin apparaît comme l’acmé de cette diplomatie du ‘concert européen’ dans lequel certains veulent vois aujourd’hui une instance irénique ayant évité à l’Europe un conflit majeur. Mais outre que ce concert ne fut longtemps qu’un syndicat de gouvernements réactionnaires surtout préoccupé d’éviter la propagation des idées libérales et de faire régner la paix des cimetières – en Espagne, en Pologne, en Italie, en Grèce -, cette instance qui, dans l’ordre international, s’apparente à ce qu’est l’oligarchie dans l’ordre politique interne, ne sut jamais, de Laybach en 1821 à Berlin en 1878, dégager les solutions susceptibles d’assurer à l’Europe du Sud-Est un minimum de stabilité et de paix. Elle ne sut créer les conditions du conflit suivant. Ce que son but ne fut jamais que la recherche du compromis entre des impérialismes contradictoires (…) dans ce jeu, les États nés des luttes nationales de libération cruelles, voire tragiques, furent toujours traités en pions, non en acteurs.”

Délabrement. Athènes, janvier 2019
Un temps de chien ! Athènes, janvier 2019
La maison de Kolétis. Athènes, janvier 2019

“Le Congrès de Berlin évite certes un conflit entre Russes, Autrichiens et Anglais. Mais en faisant la paix sur le dos des peuples de la région, en les tenant à l’écart d’une négociation dont le résultats leur est ensuite imposé sans qu’on ait le moins du monde sollicité leur consentement, il met en place la logique qui conduit, dès 1885, à la remise en cause de la carte qu’il a dessinée par l’union de la Roumélie orientale à la Bulgarie, à la guerre serbo-bulgare qu’elle provoque, à la guerre gréco-turque de 1897, à la guerre civile larvée de Macédoine, au carnage des guerres Balkaniques de 1912-1913, et finalement à l’attentant de Sarajevo qui sert de détonateur au premier conflit mondial en 1914.”, Olivier Delorme dans “La Grèce et les Balkans”, tome I.

Sauf qu’en 2019, c’est cette géopolitique tombale qu’elle impose aux Grecs (et ce n’est qu’un exemple) l’apraxie comme la paralysie, en plus du fait, que les supposées élites politiques et intellectuelles trahissent alors la souveraineté, leur patrie et autant les droits des citoyens. La Grèce n’arrive pas à faire usage de la puissance géopolitique à son niveau rien que pour se défendre, tandis que Gauche et Droite alors autorisées, se sont mises au service de la mondialisation occidentale, dont de celle de l’Union européenne sous le contrôle de l’Allemagne… pour les affaires disons locales.

Lors d’une réunion ouverte des Comités de la capitale pour la défense de la Macédoine grecque, tenue à Athènes dimanche 13 janvier dans la salle de l’Ancien Parlement, débat, notons-le, couvert… par la seule presse russe, les journalistes et universitaires invités, dont les journalistes et analystes Nikos Igglésis et Stávros Lygerós et le géopoliticien Konstantinos Grívas enseignant à l’École Militaire, ils ont, entre autres, rappelé ce que ce blog ne cesse de répéter depuis hélas si longtemps, à savoir l’importance du mécanisme de l’euro d’abord et de l’Union européenne ensuite dans cette neutralisation sans précédent des réactions possibles des États, des nations et des peuples.

Car l’euro, et plus exactement la dette des pays en euros, n’est l’équivalent que d’une prison de très haute sécurité sous la surveillance des élites économiques d’abord allemandes. Avant l’an 2000, 75% de la dette grecque était édité en monnaie nationale, la drachme, lorsqu’en 2002 elle est exprimée et détenue à 100% en monnaie étrangère, en cette sorte de Reichsmark allemand du nouveau siècle que les autres pays ne contrôlent pas ou sinon si peu. La Grèce, pour ne rester… que dans son exemplarité, elle est ainsi devenue une colonie de la dette, ce qui conduit au bout du processus à l’anéantissement économique, démographique, culturel et ainsi géopolitique du pays. D’où sans doute toute l’utilité de l’exemple grec pour les autres peuples de la dite Union européenne, il ne faut en arriver là, aussi, parce que la dite construction européenne est synonyme de haine et des conflits en gestation entre les pays comme au sein des sociétés concernées, d’où autant la nécessité à accélérer son démantèlement et ceci dans l’urgence.

Pour la petite histoire et pour le reportage, ajoutons que cette réunion des Comités pour la défense de la Macédoine grecque, elle avait été directement saluée par Vassílis Levéntis, chef du parti du Centre, ainsi que par Yórgos Patoúlis, maire de Maroússi et proche de la Nouvelle Démocratie. Je ne dirais pas que leur présence m’est parue bien convaincante, les lecteurs de ce blog, savent combien je reste très réservé et méfiant devant les politiques, surtout depuis le… choc SYRIZA, et ainsi la fin effective du système politique grec, en tout cas, aux yeux de ceux qui s’efforcent autant que faire se peut, à réfléchir sur nos réalités bien apocalyptiques.

Réunion des Comités de la Macédoine grecque, Athènes dimanche 13 janvier, 2019
Konstantínos Grívas, Nikos Igglésis et Stávros Lygerós. Athènes, le 13 janvier
Vassílis Levéntis, chef du parti du Centre. Athènes, le 13 janvier
Yórgos Patoúlis, maire de Maroússi. Athènes, le 13 janvier

Athènes et le Pirée alors sous leur temps d’hiver et une bonne partie de la Grèce toujours sous la neige. L’Orthodoxie fêtera toujours la mémoire des néo-martyres du 19e siècle à l’instar de Saint Georges de Jannina, exécuté par les Ottomans en 1838, tandis que la Chancelière est déjà rentré en Métropole.

Le Congrès de Berlin… en 2019, il se nomme Union européenne et OTAN, faisant la soi-disant paix sur le dos des peuples de la région, en les tenant à l’écart d’une négociation dont le résultats leur est ensuite imposé sans qu’on ait le moins du monde sollicité leur consentement. Sauf qu’il y a un lustre de pseudo-démocratie, et que les marionnettes, à la manière de Tsípras et de Zaev, le Premier ministre de l’ex-République Yougoslave de Macédoine, ils font semblant de négocier et de décider, au besoin, en violation flagrante et délibérée des volontés de “leurs” peuples, referendums rarement organisés compris.

Saint Georges néo-martyre. Monastères des Météores, janvier 2019
Neige en Grèce. Thessalie, janvier 2019
Au Pirée et en hiver. Janvier 2019

Le peuple se rebiffe alors comme il peut. Des rassemblements sont prévus en ce mois de janvier pour stopper l’accord Macédonien imposé par Berlin, Bruxelles et Washington et qui devrait être ratifié par les marionnettes d’ici comme d’ailleurs.

Déjà au “Parlement” à Athènes, pour la partie visible des tractations en cours, elle tient de la volatilité et autant de l’excitation dont font preuve les députés des petits partis, sauf qu’une liste contenant les données personnelles des élus du parti de Kamménos… circule alors sur Internet depuis cette semaine… et que leurs téléphones sont submergés de messages… les menaçant de mort au cas où ils vont dire ‘oui’ à l’accord Macédonien de Tsípras, presse grecque du 12 janvier. Régime… “démocratique” et ses conséquences.

Politiciens ainsi durablement et même… fièrement installés dans le cynisme et l’hybris, et voilà que la boîte de Pandore s’ouvre peu à peu. Austérité et géopolitique même combat ! Après tout, Hermann Göring, au sujet des populations aux pays très exactement occupés, il avait déclaré sans état d’âme que “les riches seront appauvris, les pauvres mourront, et l’Allemagne vaincra à la fin” (samedi 12 janvier, radio Skáï 100.1 FM).

Athènes pluie et humidité, un temps de chien certes, mais c’est surtout nos chats adespotes animaux sans maîtres qui retiennent alors toute notre attention. Histoire de la Grèce et des Balkans !

Chat adespote. Athènes, janvier 2019

* Photo de couverture: Angela Merkel à Athènes. Janvier 2019, presse grecque

Grèce solidaire des gilets jaunes

Gilets jaunes à Athènes :  » Avec Macron, l’histoire de la France, c’est celle de la Grèce en accéléré » par Fabien Perrier

Des centaines de Grecs ont manifesté ce week-end leur soutien au mouvement des gilets jaunes et comptent poursuivre leurs actions de solidarité. Pour eux, le cœur du problème se trouve dans les politiques européennes.

Soutien aux gilets jaunes en Grèce : acte 3. Samedi 15 décembre, pour la troisième fois à Athènes, des Grecs ont souhaité témoigner de leur solidarité au mouvement né en France. Devant l’ambassade de France, des dizaines de militants de mouvements de gauche (Confrontations – Ligne rouge) ont brandi pancartes et hauts-parleurs. A deux pas de la place de la Constitution, où est situé le Parlement grec, des dizaines d’autres, du parti Unité Populaire, ont revêtu un gilet jaune avant de manifester dans la capitale.
« Les gilets jaunes montrent la voie »

Retraitée, Mania Balsefki est dans les rangs d’Unité Populaire, petit parti d’extrême gauche né d’une scission de Syriza, en août 2015. Pour elle, « les peuples de l’Europe doivent actuellement suivre la voie des gilets jaunes. Nous rencontrons des problèmes communs, l’austérité touche toute l’Europe. » Elle se félicite de l’émergence du mouvement en Belgique, en Italie… et des manifestations sur d’autres thèmes sociaux en Hongrie ou encore en Albanie. « Les gilets jaunes montrent la voie », affirme-t-elle. Economiste et membre, lui aussi, de ce parti, Yannis Tolios ajoute : « Nous manifestons contre la politique de Macron en France. » Selon lui, « les gilets jaunes expriment les intérêts vitaux des travailleurs, en France mais aussi en Grèce. Ils contestent fondamentalement les politiques menées dans l’eurozone, par l’oligarchie, qui sont en réalité des politiques d’austérité », c’est-à-dire des baisses des dépenses publiques, des salaires et des pensions, accompagnées de hausses des taxes.

Ces politiques, la Grèce les a vécues de la façon la plus extrême entre 2010 et 2015. Le salaire minimum, de 751 euros pour tous en 2010, passe à 586 euros brut, et même 510 euros pour les moins de vingt-cinq ans. Les conventions collectives ont été supprimées et la primauté a été donnée aux accords d’entreprise qui peuvent même être conclus avec des « associations de personnes », au détriment de la représentation syndicale. Quant aux prud’hommes, ils ont été abolis… Parallèlement, l’économie a plongé dans une récession incessante – pendant cette période, le produit intérieur brut a chuté de 25%.

« Je n’aurais rien contre un appel européen de solidarité »
« Quand je vivais en France, en 2010, et que j’expliquais à mes amis que les lois passées en Grèce arriveraient en France, que nous n’étions qu’un cobaye, ils ne voulaient pas me croire… », soupire Alkistis Prepi. Cette architecte urbaniste de 33 ans est, elle, devant l’ambassade de France. Autour d’elle, les manifestants brandissent des drapeaux rouges. La jeune femme poursuit : « Partout, les classes populaires subissent actuellement une paupérisation ; elle produit des « oubliés » et ces mouvements, comme les Indignés en Grèce en 2011, leur redonnent la voix. Les lois qui passent en France s’inscrivent clairement dans le contexte de l’austérité que les dirigeants européens veulent appliquer partout en Europe. Avec Macron, c’est l’histoire grecque… mais en accéléré. » En accéléré… jusque dans la répression, affirme-t-elle, rejointe par Kostas Ksotopoulos. Menuisier, il suit de près le mouvement des gilets jaunes. « Nous sommes là en solidarité, car nous comparons leur situation avec la nôtre. En outre, nous voulons dénoncer la façon dont la police a réagi contre les manifestants. Quand nous avons vu les véhicules blindés de l’armée dans Paris, des lycéens agenouillés et les bras sur la tête devant la police, nous ne pouvions pas en croire nos yeux. »

En Grèce, le mouvement trouve un écho. Au sein même de Syriza, le parti au pouvoir, ils sont nombreux à signaler leur sympathie pour les gilets jaunes. Le député Costas Douzinas a même déclaré : « Je n’aurais rien contre un appel européen de solidarité. »

Source https://www.marianne.net/monde/gilets-jaunes-athenes-avec-macron-l-histoire-de-la-france-c-est-celle-de-la-grece-en-accelere

Appel contre la répression des mouvements sociaux en Grèce

En plus de l’austérité imposée aux Grecs depuis huit ans, le gouvernement Syriza met en danger les libertés civiles du pays en réprimant personnalités politiques et militants.

Appel contre la répression des mouvements sociaux en Grèce Par Un collectif , de politiques et de personnalités civiles

Tribune.

La crise grecque ne fait plus la une des journaux, mais le peuple grec continue de souffrir de l’austérité implacable qui lui est imposée depuis plus de huit ans. Ceux qui s’opposent aux politiques des memoranda sont confrontés à une répression croissante. Les actions contre les saisies et la vente aux enchères des logements sont particulièrement prises pour cible. A la suite des diktats des créanciers à la Grèce, le gouvernement Syriza a considérablement intensifié, au cours des deux dernières années, la pression sur les propriétaires endettés pour aider les banques privées à recouvrer leurs emprunts. Une législation spéciale a été adoptée en décembre 2017 qui prévoit des peines pouvant aller jusqu’à six mois de prison pour les opposants aux saisies. En outre, le gouvernement a déplacé les procédures de vente aux enchères des salles de tribunal vers une plateforme électronique activée par des notaires de l’intérieur de leur cabinet.

Depuis le début de l’année, des dizaines de militants à travers le pays ont fait l’objet de poursuites et plusieurs procès sont en cours. Parmi les personnes mises en cause, figurent Panayiotis Lafazanis, ancien ministre de l’Energie du premier gouvernement Syriza et désormais secrétaire d’Unité populaire, Elias et Leonidas Papadopoulos, tous deux membres fondateurs du réseau « Je ne paierai pas » ainsi qu’Elias Smilios, conseiller municipal de la région de Thessalonique. C’est la première fois depuis la chute de la dictature qu’un dirigeant d’un parti politique démocratique fait l’objet de poursuites judiciaires pour ses activités militantes. En outre, les poursuites à l’encontre de ces militants ont été engagées par une branche spéciale des services de sécurité, le Département pour la protection de l’État et du régime démocratique, qui n’a fait preuve d’aucune activité à l’encontre d’Aube dorée ou de tout autre parti d’extrême droite. Ces militants risquent des peines de prison pouvant aller jusqu’à huit ans et demi.

C’est un moment critique pour la démocratie et les libertés civiles en Grèce. Nous exigeons l’abandon des poursuites à l’encontre tous les militant·e·s du mouvement contre les saisies et ventes aux enchères des logements. Nous exprimons notre solidarité à tous les Grecs confrontés à la répression pour leurs actions en faveur des droits sociaux.

Signatures collectives :

CUP (Candidature d’unité populaire), Catalogne ; Union Syndicale Co.Bas, Espagne ; Groupe parlementaire de La France insoumise ; Habita Association pour le droit au logement et à la ville, Portugal ; ODG Observatoire sur la dette et la globalisation, Espagne ; Plataforma de Afectados por la Hipoteca (PAH), Espagne ; Procés Constituent, Catalogne ; Sindicat de Llogaters i Llogateres (Syndicat des locataires), Espagne ; Association des Locataires Witten, Allemagne.

Premiers signataires :

Gilbert Achcar, politiste, SOAS, Université de Londres ; Tariq Ali, écrivain, Londres ; Cinzia Arruzza, philosophe, New School, New York ; Alain Badiou, philosophe, professeur émérite à l’ENS, Paris ; Ludivine Bantigny, historienne, Université de Caen ; Diego Borja, ancien ministre de l’économie de l’Équateur ; Noam Chomsky, linguiste, MIT, Etats-Unis ; Jorge Costa, député, Bloc de Gauche Portugal ; Sevim Dagdelen, député au Bundestag, Die Linke ; Fabio De Masi, député au Bundestag, Die Linke ; Irene Escorihuela, Présidente de l’Observatoire DESC, Espagne ; Sònia Farré Fidalgo, députée En Comú Podem, Espagne ; Teresa Forcades, Procés Constituent, Catalogne ; Heike Hänsel, députée au Bundestag, Die Linke ; Eric Hazan, éditeur, Paris ; Stefano Fassina, député Liberi e Uguali, ancien vice-ministre des Finances de l’Italie ; Pierre Khalfa, Fondation Copernic, Paris ; Stathis Kouvélakis, philosophe, King’s College Londres ; Costas Lapavitsas, économiste, SOAS Université de Londres ; Frédéric Lordon, philosophe et économiste, CNRS ; Francisco Louça, économiste, Université de Lisbonne ; Jean-Luc Mélenchon, président du groupe parlementaire de la France Insoumise ; Manolo Monereo, député, Podemos ; Michaël Löwy, sociologue, directeur émérite de recherche CNRS, Eric Toussaint, CADTM, Belgique ; Miguel Urban, député au Parlement Européen, Podemos ; Eleni Varikas, Professeure émérite, Université de Paris 8.

La liste complète des signataires disponible ici.

Source https://www.liberation.fr/debats/2018/11/27/appel-contre-la-repression-des-mouvements-sociaux-en-grece_1694566

Black Mayday La rubrique de Panagiotis Grigoriou

Panagiotis Grigoriou est Ethnologue et historien, chroniqueur, analyste, initiateur d’un concept de tourisme alternatif et solidaire en Grèce. Le regard de l’historien et de l’anthropologue sur l’actualité et le vécu de la crise grecque

Black Mayday

Athènes entre soleil et pluie. Températures très naturellement en baisse, bois qui brûle, nuits grecques de plus en plus chargées et enfumées. Pays alors des asthmatiques qui ne sortent plus de chez eux. En Épire, en Grèce du Nord, ou en Thessalie, c’est autant la période des premières neiges. Nos derniers touristes de l’été même prolongé, quittent alors la Grèce, tandis que… ceux de l’arrière-saison déambulent déjà dans les rues de la capitale, photographiant, tantôt les monuments, tantôt nos chiens et chats, animaux adespotes et fières de l’être.

Touriste, Place de la Constitution. Athènes, novembre 2018

L’été n’est certes plus, mais l’hiver athénien actuel reste emblématique des enjeux actuels d’après la presse. Entre autres, il apparaît le thème de cette discorde entre promoteurs et acquéreurs nouveaux dans l’immobilier, essentiellement dans le vieux centre-ville. Sans oublier les banques détentrices de milliers d’unités d’habitation ; désormais elles.les bradent au profit des fonds rapaces, installés de manière visiblement appuyée en Grèce depuis l’été 2015, moment historique de… la radicalisation hyper-capitaliste de SYRIZA.

Comme ailleurs, les bureaux et les locaux commerciaux plutôt classiques, se transforment en unités du méta-tourisme de type Airbnb. Notons que plus de la moitié du parc Airbnb à Athènes appartient aux dits investisseurs, le plus souvent étrangers, arrivés depuis peu sur le territoire de l’ex-pays, presse grecque en 2018, par exemple le quotidien “Kathimeriní” en mars dernier.

Par les temps qui courent et qui coulent, les médias accordent tous leurs violons pour promouvoir ce “Vendredi noir”, en… bon grec comme en bon français “Black Friday”, celui des commerçants et des enseignes, si possible méta-nationales, histoire de berner sans doute une dernière fois… avant le clash génocidaire planétaire, notre humanité finissante des classes moyennes. Une classe moyenne mondiale largement uniforme, sauf lorsque cette dernière s’habille parfois en gilet jaune. Oui, c’est vrai que la presse grecque, fréquemment aux ordres de Berlin, alors “ignore” pratiquement tout, des récents événements français, tout comme elle minimise bien entendu, la portée de la résistance des Italiens face aux dictats de Berlin et de Bruxelles.

Place de la Constitution. Athènes, novembre 2018
Touristes et animaux adespotes. Athènes, novembre 2018
Promotion immobilière. Athènes, novembre 2018

Comme l’affirme ainsi à très juste titre mon ami Olivier Delorme au sujet des totalitarismes si actuels, “auxquels, par là, il s’apparente, le projet européen est avant tout oligarchique et technocratique: le pouvoir doit être exercé par ceux qui ont des compétences techniques, par ceux qui savent – qui savent notamment mieux que les peuples ce qui est bon pour eux et qui empêcheront ces peuples de faire des bêtises. Mais imposer le dessaisissement des peuples dans le cadre national est impossible autrement que par la force, le coup d’État, la dictature”.

“En réalité, si l’on regarde l’Europe économique aujourd’hui, les pays qui vont le mieux sont tous hors de l’UE ou de l’euro et ne souhaitent pas y entrer. Les seules exceptions sont l’Allemagne – surtout -, les Pays-Bas et l’Autriche pour qui l’euro, sous-évalué par rapport à ce que serait le taux de change de leur monnaie nationale, est un puissant instrument de dumping. Pour tous les autres, l’euro qui, du fait même de sa nature et de ses règles – irréformables – est et restera structurellement surévalué, constitue un pesant boulet qui les ralentit ou qui les tue.” “Putsch Magazine”, 20 novembre 2018. Bas, très bas Empire.

Sur nos radios pas totalement contrôlées peut-être, on peut distinguer ces voix, à l’instar de la radio 90.1 FM du Pirée, voix qui répètent sans cesse que le pays devenu territoire est occupé par l’européisme et par Berlin, et que Berlin et Bruxelles placent leurs hommes un peu partout, surtout et d’abord au sein du gouvernement. Les Grecs le savent, sauf que leur univers, leur teneur disons anthropologique, culturelle, économique et sociale, se trouvent désormais suffisamment désarticulés pour que l’action collective puisse alors reprendre de manière efficace. Contrairement, espérons-le, aux gilets jaunes en France, dont l’existence par exemple économique n’est pas encore tout à fait détruite, alors espoir ?

Ce qui ne veut pas dire que le pays réel grec ne manifeste plus. Cette semaine par exemple, les retraités ont manifesté à Athènes comme ailleurs à travers le pays, presse grecque de la semaine. De même, ceux du personnel de la Santé Publique ont déversé du foin bien gras devant le dit Ministère des Finances. Ce dernier, il est placé comme on sait, entièrement sous le contrôle de Bruxelles et de Berlin. D’ailleurs, c’est “l’Autorité Indépendante des Recettes fiscales” (“Establisment and operation of Independent Authority for Public Revenue” IAPR) qui récolte taxes, impôts et amendes, ainsi que le fruit bien attardé des saisies et qui décide de leur usage, Autorité laquelle “jouit d’une indépendance opérationnelle, d’une autonomie administrative et financière et qu’elle n’est pas soumise au contrôle, ni à la surveillance des organismes gouvernementaux ou d’autres autorités administratives” (grecques).

Retraités en colère. Athènes, novembre 2018 (presse grecque)
Ceux de la Santé Publique. Athènes, novembre 2018 (presse grecque)
Ceux de la Santé Publique. Athènes, novembre 2018 (presse grecque)
Préparation du… Vendredi Noir. Athènes, novembre 2018
Vendredi… très noir. Athènes, novembre 2018

Une agence… fiduciaire, notons-le, ainsi non-grecque, mise en place en 2016, depuis l’acte final de la mise-à-mort de la Grèce par la bande et la gauche des criminels et autres traîtres à la Tsípras et visiblement heureux de l’être, une structure enfin, en réalité illégale… si l’on considère autant que faire se peut la Constitution, théoriquement toujours en cours mais seulement théoriquement. Là encore, comme il vient d’être décrit pour une… condition collective humaine et européenne désormais analogue très actuelle, nous sommes face à un totalitarisme et autant “un gouvernement cynique et impavide, qui est clairement prêt – c’est sa grande différence avec tous ses prédécesseurs – à aller jusqu’aux pires extrémités pinochetistes.”

Le pays réel plus disloqué que jamais, il patauge, également il faut dire dans sa colère. Les grandes villes sont beaucoup plus touchées que les campagnes, cela-dit, ces dernières se vident de plus en plus de leurs habitants. Comme il est noté ailleurs, “le plus dur est de maintenir le potentiel d’un peuple intact, c’est pourquoi on cherche à le remplacer ou à la faire changer de sexe quand on n’incendie pas son sol comme ici ou là.” Bas Empire, beau pays des musées et des sites archéologique, du Péloponnèse à la Macédoine, en passant par la Thessalie et ainsi par Delphes.

Nos touristes apprécient, surtout par temps clément, autres réalités grecques, voire romaines, fresques antiques, stèles tombales et même théâtres que les écoliers visitent derrière leurs guides… parfois même en suivant les animaux adespotes maîtres des lieux et de tout temps, même si, les températures sont très naturellement en baisse, et qu’en Thessalie en altitude, il a même neigé la semaine dernière.

Site archéologique et écoliers en visite. Macédoine grecque, novembre 2018
Traces humaines exposées au musée. Macédoine grecque, novembre 2018
Traces humaines exposées au musée. Macédoine grecque, novembre 2018
Neige à Tríkala et en altitude. Thessalie, novembre 2018 (presse locale)
Maîtres des lieux. Grèce, novembre 2018

Ces derniers jours, le gouvernement cynique et impavide de l’escroc Aléxis Tsípras multiplie les annonces quant aux reformes prétendument “enfin positives, après tant d’années d’austérité”. L’année électorale 2019 se prépare, et le principal vivier en la matière pour les gouvernements grecs sont et demeurent toujours les réseaux clientélistes que constituent d’abord les agents et autres embauchés, même temporaires, de la fonction publique, y compris territoriale et locale. SYRIZA constitue en ce moment son armée électorale prétorienne, composée d’agents pour l’instant non-titulaires, aux traitements certes souvent faibles, sauf que bien fréquemment, ces gens sont placés n’importe où et n’importe comment, occupant de nombreux postes plutôt dans l’inactivité, tandis que d’autres secteurs du Service public manquent cruellement de personnel qualifié.

Les Syrizístes excellent autant dans le népotisme, lorsque par exemple, ministres et députés font alors embaucher une bonne part de leur parentèle, le tout, en affirmant le contraire, car le cynisme les déborde, mais également et fatalement la haine, que ces derniers provoquent partout ailleurs en dehors de leurs réseaux clientélistes. Dans le même cadre politique électoraliste, d’après les dernières données d’ailleurs officielles, les agents non-titulaires de l’État ont vu leurs rétributions progresser de 16,7% en moyenne entre 2014 et 2017, tandis que le salaire moyen des employés du privé a encore diminué de 3%. Ainsi et désormais, le salaire moyen dans la Fonction publique dépasse de 53% le salaire moyen pour l’ensemble de l’économie grecque, tandis que ce même salaire moyen des employés de l’hôtellerie et restauration, il se situe seulement à -62% du salaire moyen national, d’après la presse grecque de la semaine.

Au même moment, l’économie grecque a perdu en dix ans, près d’un million de postes qualifiés, de cadres et de techniciens supérieurs, entre ceux, près de 600.000, qui ont quitté le pays, et les autres qui vivotent, faisant du sur place au beau et fière pays des presque trente millions de touristes an, presse grecque de la semaine. Même les enquêteurs bien Allemands de chez Movinga GmbH, admettent dans une récente enquête à travers cent villes du monde et autant meilleurs lieux pour trouver et exercer un travail, que la ville arrivant en fin de classement pour trouver un travail et ensuite pour l’exercer c’est bien Athènes. Bienvenue dans l’Europe Allemande… de l’Exposition Coloniale façon nouveau siècle.

Ceux dits ‘d’en bas’. Thessalie, novembre 2018
En faillite. Athènes, novembre 2018

Le système paupérise le plus grand nombre, pour fabriquer des assistés dépendants, lesquels vont incarner le rôle des prétoriens dociles à bas coût.

Le tout, dans un climat d’abord inventé et néanmoins désormais réel, de désintégration des liens comme des solidarités, entre les branches et entre les catégories socioprofessionnelles, pour ne pas dire entre même les réseaux d’amis ou à l’intérieur des familles.

Car voilà que cette gauche thatchérienne des Tsiprosaures, partage avec les maîtres-fous du méta-capitalisme, la même haine de la classe moyenne et du pays réel des travailleurs rescapés du génocide économique en cours, “cette gauche kérosène – celle qui navigue d’aéroport en aéroport pour porter dans les universités du monde entier, et dans tous les ‘Festival de Cannes’, la bonne parole ‘écologique’ et ‘associative’ qui ose leur faire la leçon à ceux ‘d’en bas’ sur ce point”, comme il est très justement noté ailleurs.

Monument funéraire, Antiquité tardive. Macédoine grecque, novembre 2018
Modernité tardive. Athènes, novembre 2018
Petit restaurant. Athènes, novembre 2018

Dernière trouvaille des Tsiprosaures, le supposé maintient du montant des retraites versées, voire, sa prétendue augmentation d’environ 20€ par mois, lorsque la suppression pour tous les bénéficiaires de la retraite supplémentaire EKAS pour les très petites retraites, retraite dite auxiliaire en Grèce, vient d’être effective, ce qui représente une diminution des pensions de l’ordre de 200€ mensuels en moyenne, et c’est une mesure mémorandaire signée Tsípras. Les éditorialistes du site du “Plan-B”, évoquent à très juste titre cette dernière “tromperie de Tsípras face aux retraités, une mesure austéritaire exigée de la Troïka du temps déjà du gouvernement de droite de Samarás, sauf que ce dernier à l’époque, il n’avait pas cédé”.

L’article inclut d’ailleurs le texte original de cet “accord” récent datant du 23 mai 2018 sur la suppression de la retraite supplémentaire, accord signé entre la gouvernance de la marionnette Tsípras et la Troïka, en précisant que le texte en question n’avait été publié qu’en anglais: “iv. Eliminate EKAS. Phase out the solidarity grant (EKAS) for all pensioners by end-December 2019, reducing it by EUR 570 million by 2017; EUR 808 million by 2018; and EUR 853 million by 2019. The authorities will adopt as a prior action the Ministerial Decision setting all the details for the awarding of EKAS in 2019”, site Internet du “Plan-B”, 23 novembre 2018. Très Bas Empire et ses Colonies.

Statuettes funéraire. Antiquité Tardive, Macédoine grecque, novembre 2018
Archéologues du siècle dernier. Musée en Macédoine grecque, novembre 2018
Monnaie issue de Rome Antique. Musée en Macédoine grecque, novembre 2018

Le pays réel mis à mal, conserve toutefois ses codes dans la mesure du possible, ainsi que certains des usages humains, c’est-à-dire, situés aux antipodes des vendredis et autres journées sombres du para commerce alors supposé permanant. Face aux thatchériens de tous les pays réunis, devant aussi la gauche et la droite kérosène, “le bas peuple”, d’après ce que j’entends dans la rue ou dans les cafés en Grèce et pas seulement, rêve de… pendre tous ses princes sous les lampadaires, tant la haine on dirait de classe, déborde alors de partout.

Dans le milieu fabriqué de l’Occident contemporain, celui de la méta-modernité et de l’obsolescence de l’Homme, les cadavres des régimes supposés représentatifs et démocratiques sont désormais très rapidement éliminés par des organismes décomposeurs et nécrophages, c’est-à-dire par des supposées élites et par leurs marionnettes. Et ce n’est plus un abus de langage, lorsque depuis quelques semaines, on entend à la radio certains journalistes qualifier Tsípras “de termite et de vermine dévorant le pays, et la société grecque”, à l’instar de la zone matinale sur 90.1 FM.

Faute de mieux, et de manière humaine à travers ce que l’on pourrait alors qualifier d’économie enfin durable, des habitants du pays réel et de la ville de Larissa, capitale de la Thessalie, ont eu par exemple la bonne idée… que d’habiller certains poteaux de leur ville par les blousons dont ils n’ont plus l’usage. Blousons si possible imperméables et solides, offerts ainsi en libre service et à destination de leurs concitoyens encore plus paupérisés… devant le froid de l’hiver qui arrive.

Ailleurs, et toujours sous le regard des animaux adespotes, à Athènes ou à Thessalonique, des autocollants un peu vieillis sauf évidemment pour ce qui tient de leur message, appellent à boycotter Coca-Cola, car “Fabriqué en Bulgarie, consommé en Grèce et imposé en Suisse”. Notre beau pays “d’en bas”, contrairement aux politiciens compatibles Sóros, ceux que l’on nomme aussi désormais “les Sorites” à travers certains médias en Grèce, ne mâche plus ses mots et n’utilise point ce langage lénifiant de gauche comme de droite, lorsque il s’agit entre autres de… rendre la soi-disant “transition écologique acceptable”.

Ainsi, d’Athènes à Rome, en passant par la France des gilets jaunes, les humbles sujets du totalitarisme européiste, finissent alors par découvrir les causes, autant que les causeries de l’hybris planétaire qui gouverne, il faut préciser, dans l’anomie la plus totale. D’où sans doute ce clin d’œil à l’Italie actuelle, lorsque son drapeau a été placé bien en évidence dans une galerie d’Athènes, signe encore des temps qui sont les nôtres.

Boycottons Coca-Cola. Thessalonique, novembre 2018
Blouson offert. Ville de Larissa, Thessalie. Presse locale, novembre 2018
Le drapeau italien. Athènes, novembre 2018
Sous leur regard. Athènes, novembre 2018

Le pays entre soleil et pluie. “Les journées à venir se tiennent devant nous – comme un alignement de cierges allumés – petits cierges dorés, chauds, pleins de vie.”
“Les journées révolues restent derrière nous,-triste rangée, cierges éteints ;-les plus proches de nous encore un peu fumants,-cierges froids, fondus et penchés.”, d’après Constantin Caváfis (ou Cavafy), le grand poète et son poème “Cierges”, traduit par Michel Volkovitch. Cavafy est le poète d’Alexandrie, comme Umberto Saba est celui de Trieste, ou Baudelaire le poète de Paris. Cavafy, “né en 1863 à Alexandrie, la ville où se trouvait la plus grande bibliothèque de l’Antiquité, qui avait recueilli les manuscrits d’Aristote, cette ville dont le destin était d’attirer les écrivains, ces êtres épris de mémoire, qui accueillit Flaubert, Rimbaud, Forster, et Lawrence Durrell, une ville dont on vous dit sans cesse qu’il eut fallu la connaître, il y a vingt, trente ans, une capitale – la plus grande – de la mémoire.”

Les journées révolues restent derrière nous, et les élèves en voyage scolaire, admirent encore l’Imaret, ce symbole de l’ancienne ville de Kavala en Macédoine grecque, un des plus importants monuments ottomans en Grèce. Ce complexe impressionnant était un kulliye destiné à l’enseignement islamique, créé par Méhémet-Ali en 1817, lui-même natif de la ville, vice-roi d’Égypte de 1804 à 1849 et généralement considéré comme le fondateur de l’Égypte moderne. L’Égypte, la Grèce, l’Empire ottoman, l’Orient en quelque sorte.

Les journées à venir se tiennent devant nous, températures en baisse, bois qui brûle, nuits grecques enfumées. En Grèce du Nord, c’est le moment des premières neiges, lorsque les sucreries et autres pâtisseries de Noël ont déjà fait leur apparition derrière les vitres des boulangeries. On remarque aussi en ces années sismiques, combien les monastères croulent alors sous le nombre croissant de visiteurs laïques. “Nous recevons de bien nombreux fidèles, c’est dans l’air du temps”, me disait récemment un moine rencontré au Nord de la Grèce.

On comprendra alors aisément qu’après le piètre accord Macédonien des Sorites à la Tsípras, celui que l’immense majorité des Grecs rejette d’après même les sondages de la presse athénienne largement germano-compatible, voilà que le pseudo-accord du même… génotype, entre le chef de l’Église de Grèce Ierónymos et Tsípras, ne passe alors pas.

L’Imaret, Kavala, novembre 2018
Sucreries de Noël, Athènes, novembre 2018
Produits des Monastères. Boutique à Athènes, novembre 2018
Produits des Monastères. Boutique à Athènes, novembre 2018

Car ce même langage lénifiant de gauche comme de droite, lorsque il s’agit entre autres de… rendre la soi-disant “transition culturelle acceptable” irrite encore plus les esprits du pays réel, dans la mesure où de tromperie en trahison, l’hybris qui s’accumule appelle forcément la Némésis, rappelons-le, chez les Anciens, celle de la juste colère des dieux et du châtiment céleste, assimilée à la vengeance et à l’équilibre à imposer de nouveau. Némésis, dont le mot dérive du verbe grec “némeïn”, signifiant répartir équitablement, distribuer ce qui est dû.

L’observateur curieux des nouvelles mentalités, remarquera enfin combien ces productions, réelles ou en tout cas estampillées des Monastères, sont de plus en plus recherchées en Grèce, c’est certes une forme de commerce mais ce n’est certainement pas le vendredi bien sombre des mondialisateurs. En tout cas et dans le contexte actuel, la tradition Monastique Orthodoxe représente aux yeux des Grecs un espoir, ou sinon du moins, une ultime ouverture spirituelle devant l’effondrement des idéologies politiques. D’où sans doute cette guerre ouverte faite aussi à l’Orthodoxie, depuis les caniveaux des Sorites, plus crépusculaires que jamais. Cela-dit, aux dernières nouvelles, les Sorites Tsiprosaures retireraient leur projet de reforme relative aux relations entre l’Église et l’État, “pour un moment plus propice d’ici quelques mois”, d’après en tout ca la presse grecque au soir du 23 novembre. Les masques sont déjà tombés, en attendant la chute des arlequins diront certains.

Et quant aux tavernes des Grecs, sur leurs murs on y découvre souvent ces photographies de jadis issues du monde rural, dont ces réunions officielles ou festives, en présence des popes et d’ailleurs des gendarmes. Au même moment, sur les marchés circulent autant ces autres vieilles photos, représentant les grands compositeurs du chant populaire et du bouzouki, preuve -s’il en faut- de l’intérêt porté par les Grecs à leur culture populaire et nationale. Finalement, les peuples ont la peau dure !

Photo d’antan. Taverne grecque, novembre 2018
Ceux de la musique populaire. Photos à Athènes, novembre 2018

Bouzouki ou pas, nos derniers touristes de l’été, même prolongé, ont déjà quitté le pays, tandis que… ceux de l’arrière-saison déambulent déjà dans les rues de la capitale, photographiant, tantôt les monuments, et tantôt nos chiens et nos chats, animaux adespotes et fières de l’être.

Certains sites archéologiques sont désormais désertés de tous, devenant ainsi et enfin propices à la réflexion et à la méditation, autant que les monastères, faisant ainsi face à l’hybris pour l’instant dominante.

Site archéologique déserté. Macédoine grecque, novembre 2018

L’histoire en a vu bien d’autres c’est certain, et les journées à venir se tiennent devant nous, y compris pour votre blog, prospère en idées… mais pour le reste paupérisé. Comme hélas de coutume, dans quelque jours, “Greek Crisis” du haut de ses sept ans, lancera sa campagne annuelle de soutien financier de fin d’année.

Passer comme on dit l’hiver, aux nuits grecques de plus en plus lourdes et enfumées avant le Printemps, peut-être autant celui des peuples. Modernité tardive !

Animal adespote. Nord de la Grèce, novembre 2018

Le rapport sur les effets de l’austérité en Grèce

La démocratie n’est pas à vendre. La lutte pour la souveraineté alimentaire à l’ère de l’austérité en Grèce

Les mesures d’austérité ont accru la pauvreté rurale et l’insécurité alimentaire en Grèce et ont violé le droit humain à l’alimentation de son peuple. Comment est-ce arrivé et qui est responsable?

Auteurs : Stephan Backes , Jenny Gkiougki , Sylvia Kay , Constantinidis de Charalampos , Emily Mattheisen , Christina Sakali , Eirini Tzekou , Leonidas Vatikiotis , Pietje Vervest  Rédacteurs Deborah Eade En collaboration avec FIAN International , Agroecopolis  ProgrammesJustice agraire et environnementale

 

Résumé

Ce rapport examine les effets de l’austérité en Grèce sur le droit à l’alimentation. Il conclut que l’État grec et les États membres de la zone euro ont violé le droit du peuple grec à l’alimentation en raison des mesures d’austérité requises par trois protocoles d’accord (2010, 2012 et 2015). En d’autres termes, les mesures d’austérité imposées à la Grèce étaient contraires au droit international des droits de l’homme.

En août 2018, le Conseil européen a célébré la fin du troisième mémorandum d’accord, louant les efforts de la Grèce et la solidarité européenne. Cependant, comme le montre ce rapport, il y a peu à célébrer. Les mesures d’austérité ont non seulement accru la pauvreté et l’insécurité alimentaire, mais elles ont également consolidé un régime commercial agroalimentaire qui perpétuera les inégalités en matière d’accès et de contrôle des aliments.

Le rapport examine les impacts de l’austérité sur les producteurs de denrées alimentaires et les initiatives de consommateurs / coopératives, ainsi que les impacts sociaux sur la population grecque en général. En se concentrant sur le droit humain à l’alimentation, le rapport met en évidence l’impact de la crise économique grecque qui a touché tous les aspects de la vie des gens. L’accent mis sur les producteurs de denrées alimentaires et les zones rurales attire également l’attention sur un aspect négligé de la crise grecque, ces secteurs et régions manquant souvent de voix et de reconnaissance dans la politique et la prise de décision nationales.

Les résultats sont basés sur des entretiens directs et un travail de terrain original, complétés par des entretiens (y compris avec de hauts responsables de l’État), ainsi que sur une analyse de données macroéconomiques et une revue de la littérature de textes clés.

Les conclusions du rapport sont surprenantes.

1. Les mesures d’austérité ont accru la pauvreté rurale et l’insécurité alimentaire

Selon les estimations, en 2017, 38,9% des habitants des zones rurales de la Grèce sont menacés de pauvreté *.

Le chômage rural a grimpé de 7% en 2008 à 25% en 2013, tandis que le revenu rural par habitant a chuté de 23,5% pendant les années de crise (2008-2013).

L’insécurité alimentaire en Grèce a également augmenté – les prix des denrées alimentaires ayant augmenté plus rapidement que ceux de la zone euro pendant la crise, malgré la forte chute des revenus intérieurs et du coût de la main-d’œuvre. Cela a entraîné une baisse des dépenses alimentaires en termes totaux, mais une augmentation des dépenses alimentaires totales par rapport aux dépenses mensuelles totales de 16,4% en 2008 à 20,7% en 2016. – La proportion de ménages qui ne peuvent pas se permettre un repas avec viande, poulet, poisson (ou équivalent végétarien) tous les deux jours, par exemple, a doublé pendant la crise, passant d’environ 7% en 2008 à plus de 14% en 2016.

– La proportion de ménages avec des enfants incapables de se payer un repas à base de protéines sur une base quotidienne a doublé, passant de 4,7% en 2009 à 8,9% en 2014. Selon les statistiques de l’UE, 40,5% des enfants en 2016 étaient en situation de privation matérielle et sociale.

– Globalement, la crise a entraîné un changement notable des modes de consommation avec la substitution des produits alimentaires plus coûteux par des produits moins coûteux.

* L’UE définit cette personne comme une personne gravement défavorisée sur le plan matériel, située au-dessous du seuil de pauvreté après les transferts sociaux ou vivant dans des ménages où les adultes sont employés moins de 20% du temps.

2. Les mesures d’austérité ont particulièrement affecté les petits producteurs et négociants de produits alimentaires

Les mesures défavorables aux agriculteurs comprenaient:

Des taxes plus élevées et des coûts de production plus élevés dus au remplacement d’un régime d’imposition distinct pour les agriculteurs par un système normalisé d’imposition du revenu, ainsi que de taux de TVA plus élevés sur les intrants agricoles, notamment les engrais, les pesticides, les aliments pour animaux et semences et le diesel; et l’introduction d’une nouvelle taxe sur les terres agricoles. La part des taxes dans la valeur ajoutée agricole nette est passée de 4% entre 1993 et ​​2010 à 15,4% en 2016.

L’abolition de l’Organisation de l’assurance agricole spécialisée (OGA) et sa fusion avec un système généralisé de sécurité sociale ont entraîné une augmentation des cotisations de nombreux agriculteurs. Outre les impacts directs, un certain nombre de réformes structurelles ont considérablement fait pencher la balance en faveur des plus grands détaillants en alimentation et des commerçants privés au détriment des petits producteurs. Ces réformes comprenaient:

La libéralisation du commerce de détail, par exemple la levée des restrictions sur certains produits vendus dans les supermarchés, la flexibilisation de la législation du travail et le passage au commerce du dimanche.

La libéralisation du commerce de gros, en particulier la privatisation de l’Organisation des marchés et de la pêche centraux, auparavant administrée et rentable, le principal opérateur alimentaire de gros du pays, responsable des 2 principaux marchés du pays et de 11 marchés du poisson.

• Les privatisations, y compris les privatisations de la Banque agricole de Grèce (ATE) et de la grande coopérative laitière AGNO. Il en résulte une augmentation des coûts pour les agriculteurs qui ont moins accès au crédit rural, aux services financiers spécialisés et aux conseils agronomiques.

3. Les mesures d’austérité ont frappé un secteur alimentaire rural déjà affaibli et vulnérable par les tendances à long terme

L’agriculture en Grèce reste une partie importante de l’économie, représentant près de 4% du PIB du pays (plus du double de la moyenne de l’UE) et fournissant 12% des emplois du pays en 2016, mais elle est en déclin depuis le début des années 1980. L’entrée de la Grèce dans la Communauté économique européenne en 1981 et plus tard, l’UE – et la politique agricole commune – ont ouvert les petits agriculteurs grecs à une concurrence accrue. Cela a entraîné un certain nombre de vulnérabilités dans le système agroalimentaire grec avant la crise, notamment:

• Une baisse régulière de la production agricole nationale et une dépendance croissante à l’égard des importations de produits alimentaires ont entraîné une balance commerciale des produits alimentaires négative. Entre la fin des années 1980 et le début de la crise en 2008, le déficit du commerce des produits alimentaires dépassait fréquemment 1% du produit intérieur brut (PIB) du pays, tandis que sur la période 2005-2011, les importations représentaient près de 40% de la consommation intérieure.

• Recours accru aux subventions alimentaires, la part de la valeur ajoutée nette dans l’agriculture augmentant de 23% en 1993 à 81% en 2008.

• Un secteur des supermarchés en croissance qui a intensifié les conditions monopolistiques vis-à-vis des producteurs et des consommateurs.

Ces tendances ont porté atteinte à la souveraineté alimentaire de la Grèce, transformant la Grèce en exportateur net de produits alimentaires en importateur net. Pourtant, plutôt que de remédier à ces vulnérabilités, les trois protocoles d’accord (2010, 2012 et 2015) ont accéléré ces tendances. L’examen des exigences structurelles des mémorandums suggère un projet idéologique délibéré de transformation de l’État et de restructuration de l’économie grecque en faveur de certains secteurs du capital, tels que les grandes chaînes de supermarchés (transnationales). La crise a fourni un moyen de la mettre en œuvre.

4. Le filet de sécurité sociale du gouvernement grec était insuffisant pour prévenir l’insécurité alimentaire et la pauvreté

Le gouvernement grec a mis en place un certain nombre de programmes sociaux visant à constituer un filet de sécurité contre les conséquences de l’austérité et à répondre aux préoccupations urgentes liées à l’insécurité alimentaire. Parmi ces mesures, citons l’adoption d’une loi sur l’aide humanitaire prévoyant des subventions pour l’alimentation, le loyer et l’électricité pour les personnes et les familles à faible revenu. Ce programme a ensuite été remplacé par un programme de solidarité sociale qui offre aux ménages à faible revenu une allocation mensuelle.

 

Tout en répondant aux besoins les plus élémentaires, l’aide du Régime a été limitée: elle ne prévoyait que 30 à 200 euros par ménage et par mois, avec 100 euros supplémentaires pour chaque adulte et 50 euros par enfant. Les critères d’éligibilité stricts limitent l’aide aux cas de privation matérielle les plus graves, tandis que les exigences relatives à la condition de ressources excluent de nombreuses personnes qui y auraient droit en raison de ses dispositions restrictives et bureaucratiques. La couverture dans les zones rurales a également été limitée.

En conséquence, des fondations privées, des organisations caritatives, des ONG et l’Église grecque ont dû combler certaines de ces lacunes – offrant notamment des repas scolaires gratuits, des banques alimentaires et des soupes populaires, ainsi que des épiceries sociales offrant des produits alimentaires, des vêtements et des produits de nettoyage. matériaux de base et autres biens de base destinés aux particuliers et aux familles à faible revenu.

Certains de ces programmes bénéficient du soutien des municipalités locales et, dans le cas du programme de cantines scolaires, du gouvernement central, ils ne sont guère plus que des pansements collants. Les réponses fondées sur les droits de l’homme, telles que le soutien aux emplois et des salaires justes, qui s’attaqueraient aux causes profondes de la faim et de l’insécurité alimentaire doivent être beaucoup plus centrées au premier plan.

5. Les réponses populaires menées par les communautés fournissent de vraies solutions et laissent présager l’émergence d’une nouvelle politique alimentaire

Face aux politiques gouvernementales imposées par la troïka, qui sapent la souveraineté alimentaire – et ne parviennent pas à en atténuer les effets – de nombreuses initiatives communautaires locales ont vu le jour pour aider les populations à accéder plus facilement à la nourriture.

Celles-ci reflètent des tendances politiques différentes, varient en termes d’infrastructures et s’engagent différemment avec les États et les marchés. Ils comprennent des cuisines solidaires, des coopératives alimentaires, des marchés «sans intermédiaires», des collectifs et des réseaux d’autosuffisance alimentaire, des programmes d’agriculture soutenue par la Communauté (ACS), ainsi que toute une gamme d’autres coopératives agricoles, des modèles d’exploitation agricoles alternatifs et des entreprises de producteurs.

L’appel à une «économie solidaire» est devenu un cadre essentiel dans lequel de nombreuses réponses locales ont articulé leurs demandes et leurs aspirations. Cette économie sociale et solidaire (ESS) a connu une croissance massive au cours des années de crise: en 2013, 372 entreprises sociales étaient enregistrées, contre 585, 714 et 907 respectivement en 2014, 2015 et 2016.

En construisant un tel contre-pouvoir basé sur des pratiques innovantes, des expérimentations sociales et des infrastructures contrôlées par les personnes, ce mouvement ouvre la voie à une résistance populaire à l’austérité, mais également à un nouveau système alimentaire transformateur juste. Cela va au-delà de la demande de prix des denrées alimentaires abordables et de la protection des agriculteurs pour véritablement défier le pouvoir structurel du secteur agroalimentaire des entreprises et faire progresser les alternatives populaires.

6. Le droit à l’alimentation a été violé en Grèce

Le droit à une nourriture suffisante est fortement inscrit dans le droit international des droits de l’homme et son contenu normatif mentionne plusieurs éléments (disponibilité, accessibilité, adéquation, durabilité) qu’il convient de préserver.

Le droit à une nourriture suffisante est également étroitement lié à d’autres droits économiques, sociaux et culturels (DESC), ce qui signifie que la violation d’un droit entraîne souvent la violation d’autres droits. Le droit à la santé, à la vie, à l’eau et à un logement convenable sont les déterminants fondamentaux du droit à l’alimentation.
Plusieurs mesures d’austérité – y compris la modification des taxes agricoles et des régimes de sécurité sociale et la tendance à la privatisation et à la libéralisation du commerce – ont directement contribué à affaiblir le droit à l’alimentation en Grèce. D’autres mesures telles que la réduction du salaire minimum et la réduction des retraites ont également porté atteinte à ce droit fondamental de l’homme et contrevenu à d’autres droits économiques, sociaux et culturels, tels que le droit au travail, au logement et à la santé.
Les États ont l’obligation de réaliser les droits de l’homme. Cette obligation inclut la réalisation progressive des droits socio-économiques avec le maximum de ressources disponibles, ce qui interdit, à première vue, des mesures rétrogrades * qui limiteraient ou réduiraient les niveaux existants de jouissance des droits consacrés. Des mesures rétrogrades ne peuvent être prises que dans des circonstances très limitées et sur la base de conditions essentielles – telles qu’un suivi et une évaluation attentifs, la prise en compte de tous les droits, ne garantissant aucun impact disproportionné sur les plus vulnérables – aucune de ces mesures n’a été appliquée par le gouvernement grec. Le large éventail de mesures rétrogrades prises, combiné à la hausse du coût de la vie, constitue une preuve suffisante que le droit à l’alimentation a été violé en Grèce.

* Par mesures régressives, on entend toute mesure impliquant un recul du niveau de protection des droits de l’homme dû à la décision intentionnelle d’un État .

7. La responsabilité des violations du droit à l’alimentation incombe à la fois au gouvernement grec et aux États membres de la zone euro, ces derniers assumant sans doute une plus grande part de responsabilité.

Lorsqu’un droit de l’homme est violé, cela signifie qu’il y a eu violation de l’obligation de respecter, protéger et réaliser ce droit. De nombreux acteurs ont été impliqués dans les négociations ayant abouti aux trois MoU. Les obligations en matière de droits de l’homme existent territorialement et, dans certaines circonstances, extraterritoriales.

À la suite des mesures d’austérité, la Grèce a violé le droit humain à l’alimentation des habitants de la Grèce. Cependant, les États membres de la zone euro, en tant que prêteurs directs, sont également responsables du fait qu’ils ont signé les protocoles d’accord et ont probablement fait pression sur le gouvernement grec pour qu’il le fasse. Les États membres de la zone euro – en tant qu’États parties au Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et à d’autres instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme – ont donc manqué à leurs obligations extraterritoriales de respecter le droit à l’alimentation de la Grèce. Les États de la zone euro auraient non seulement dû s’abstenir d’exiger des mesures ayant une incidence sur le droit à l’alimentation, mais ils auraient également dû procéder à des études d’impact des mémorandums sur les droits humains. Ces EIDH sont requises avant, pendant et après le passage des protocoles d’accord, mais n’ont jamais été réalisées.

En outre, tous les États européens ont manqué à leurs obligations en matière de droits de l’homme en agissant et en prenant des décisions au sein d’organisations intergouvernementales et d’institutions financières internationales, telles que le Fonds monétaire international. En tant que composante du système des Nations Unies, ce dernier est tenu de respecter la Charte des Nations Unies, qui comprend un engagement en faveur de la réalisation progressive des droits de l’homme. Il ne devrait certainement pas prendre de mesures qui constitueraient une violation des droits de l’homme.

Les membres de la troïka affirment que la responsabilité des conséquences des protocoles d’accord incombe exclusivement à l’État grec. Cet argument est faux car, avec la Grèce, il s’agissait des signatures conjointes des trois mémorandums d’accord. Par conséquent, la responsabilité des violations du droit à l’alimentation est également partagée. En fait, on peut affirmer que la responsabilité des États membres de la zone euro est beaucoup plus grande, étant donné les preuves d’une ingérence directe ou même d’une contrainte exercée par les États membres de la troïka sur la Grèce pour qu’elle signe les protocoles d’accord.

Le présent rapport est axé sur la Grèce, mais ses conclusions sont pertinentes sur le plan international. La Grèce n’est pas une exception. De nombreux autres pays, à l’intérieur et à l’extérieur de l’Europe, se trouvent dans des situations similaires, contraints d’appliquer des politiques technocratiques dictées par des mesures d’austérité qui entraînent des violations des droits économiques, sociaux et culturels, y compris du droit fondamental à l’alimentation. L’expérience de la Grèce montre également que les violations de ces droits fondamentaux ne concernent pas uniquement les pays du Sud. Ils se produisent dans le «Nord» mondial. La faim, l’insécurité alimentaire, la pauvreté et la privation matérielle sont des problèmes européens. Les droits de l’homme sont universels, ce qui signifie que tous les gouvernements ont l’obligation de les respecter. Il est temps que l’UE agisse conformément à ces obligations et place les droits de l’homme au-dessus des besoins des marchés financiers.

L’austérité infligée à la Grèce soulève la question des indemnisations

Les dommages causés par l’austérité en Grèce soulèvent la question de la responsabilité des institutions européennes. Et d’une éventuelle indemnisation. 40 % des populations rurales sont aujourd’hui exposées au risque de pauvreté en Grèce.

« Le niveau des dommages pourrait augmenter la responsabilité de l’UE, mais le problème est d’identifier ceux qui ont été directement touchés par les mesures d’austérité et qui pourraient porter l’affaire devant les tribunaux », a-t-il déclaré.

Selon lui, l’article 340 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne « stipule très clairement que les dommages causés par la faute des institutions européennes devraient être indemnisés ».

Olivier de Schutter, qui a été rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l’alimentation de 2008 à 2014, a commenté un rapport publié le 20 novembre, qui concluait que les mesures d’austérité prises pendant la crise grecque avaient conduit à une violation du droit à l’alimentation.

Il a noté que le droit à l’alimentation avait tout simplement été ignoré lorsque des mesures d’austérité avaient été conçues et appliquées en Grèce.

Violation du droit à l’alimentation

Les auteurs du rapport écrivent que la Grèce s’est retirée du programme de sauvetage de huit ans en août dernier, et qu’il est maintenant temps de discuter de ce que l’austérité a laissé derrière elle, en particulier en ce qui concerne la durabilité des zones rurales et le droit à l’alimentation.

Selon leur rapport « La démocratie n’est pas à vendre : Lutte pour la souveraineté alimentaire durant l’époque de l’austérité en Grèce », réalisé par l’Institut transnational, FIAN International et Agroecopolis, les plans de sauvetage ont porté un coup à l’économie rurale du pays.

Le rapport note que près de 40 % des habitants des zones rurales de Grèce sont exposés au risque de pauvreté, tandis que le chômage dans ces mêmes zones a bondi de 7 % en 2008 à 25 % en 2013.

De même, le revenu rural par habitant a diminué de 23,5 % au cours de la période 2008-2013.

En outre, l’insécurité alimentaire a doublé pendant la crise, passant de 7 % en 2008 à plus de 14 % en 2016, tandis que 40 % des enfants grecs souffrent de privations matérielles et sociales.

La situation s’est particulièrement détériorée entre 2010 et 2013, lorsque le prix des denrées alimentaires a augmenté alors que les revenus chutaient fortement. Les auteurs du rapport ont noté que les petits exploitants, en particulier, ont été énormément touchés par l’augmentation des cotisations sociales, de l’impôt foncier et sur les revenus ainsi que par l’augmentation de la TVA sur les produits agricoles.

Le rapport explique que le secteur agricole grec était déjà vulnérable avant la crise. Lorsque la Grèce a rejoint l’UE en 1981, elle était exportatrice nette de produits agricoles. Mais depuis lors, elle s’est débattue avec le déficit du commerce alimentaire et a commencé à dépendre des importations.

Commentant ces conclusions, Harry Konstantinidis, co-auteur du rapport de l’Université du Massachusetts, explique que le secteur agroalimentaire déjà vulnérable a été encore plus comprimé pendant la mise en œuvre des politiques d’austérité.

« Nous soulignons que le droit à l’alimentation en tant que droit de l’homme a été gravement compromis pendant la crise, le nombre de personnes en Grèce qui connaissent l’insécurité alimentaire étant passée, selon Eurostat, de 7,6 % de la population en 2009 à 13,2 % en 2017 », a-t-il rappelé.

« Nous cherchons à savoir quels acteurs doivent être tenus responsables de cet échec et nous cherchons à contribuer à un débat qui renforcerait la production alimentaire durable et l’accès à l’alimentation tant en Grèce qu’en Europe en général », a ajouté Harry Konstantinidis.

Sylvia Kay, politologue et co-auteure du rapport, a déclaré que plusieurs initiatives citoyennes avaient été prises pendant la crise et a souligné le rôle des différentes entités sociales qui ont fait preuve de solidarité envers les personnes dans le besoin.

Elle a également évoqué l’initiative « du producteur au consommateur », qui visait à raccourcir la chaîne d’approvisionnement alimentaire en supprimant les intermédiaires pour obtenir de meilleurs prix pour les consommateurs.

Selon Sylvia Kay, l’initiative était « une bouée de sauvetage » lancée aux personnes dans le besoin qui ont réussi à acheter de la nourriture 20-50 % moins chère que les prix au supermarché.

Source https://www.euractiv.fr/section/economie/news/eu-institutions-are-liable-for-greek-bailout-damage-former-un-official-says/

Lire aussi notre article résumé du rapport https://www.grece-austerite.ovh/le-rapport-sur-les-effets-de-lausterite-en-grece/

Entretien libre Stathis Kouvelakis

La situation se durcit en Grèce, où le pouvoir en vient désormais à une confrontation ouverte avec l’opposition. Lois spéciales, police anti-émeutes contre les militants et même contre les retraités, des dizaines d’opposants sont désormais traînés devant les tribunaux. Les choses ont pris une tournure encore plus grave avec les poursuites engagées depuis un mois contre un ex-ministre du premier gouvernement Syriza, Panagiotis Lafazanis, le secrétaire national d’Unité Populaire, parti de gauche favorable à la sortie de l’euro. C’est la première fois depuis la chute du régime des colonels que le dirigeant d’un parti démocratique se voit ainsi poursuivi pour son activité politique. Pour parler de la situation grecque, Aude Lancelin reçoit aujourd’hui dans l’Entretien Libre Stathis Kouvelakis, professeur de philosophie au King’s College de Londres, et ex-membre du comité central de Syriza.

 

Grèce: Faire front contre l’aventurisme militaire du pétrole

Par Panos Petrou Publié par Alencontre

Le gouvernement grec joue avec le feu dans la Méditerranée orientale inflammable. La tension a de nouveau augmenté dangereusement en Méditerranée orientale, «saturée» encore par des navires de guerre qui évoluent cette fois autour du bateau turc de recherche Barbaros. Celui-ci, escorté par la flotte militaire turque, est étroitement suivi par deux vaisseaux militaires grecs, assistés de quatre destroyers de première ligne des Etats-Unis.

Un incident militaire ­ évité de justesse lorsque la frégate grecque Nikiforos Fokas a tenté d’intercepter la progression du navire de recherche ­ –indique que le gouvernement SYRIZ-ANEL s’est embarqué dans un jeu dangereux, jouant avec le feu… sur la mer.

Nous ne sommes plus impressionnés par la présentation unilatérale – mettant plus d’une fois la réalité cul par-dessus tête – opérée par les médias grecs sur l’évolution de la situation. Ainsi titrent-ils: «De nouvelles provocations turques!» Un problème autrement important émerge lorsque de tels schémas de lecture sont adoptés par la majorité de la Gauche grecque. Comment cependant avons-nous atteint cette nouvelle escalade?

Fin septembre 2018, le climat était différent. En marge de l’Assemblée générale des Nations Unies, eut lieu la rencontre Tsipras-Erdogan, considérée comme un pas vers la normalisation, suite aussi à la libération des deux militaires grecs entrés dans le territoire turc [1]. Il y a eu aussi des rencontres entre le Royaume-Uni, la Grèce, la Turquie et Chypre dans la perspective d’une éventuelle reprise des discussions sur la question de Chypre.

Qui est celui qui provoque?

Alors que l’on était supposé discuter le rétablissement de la confiance, et explorer une réouverture des négociations «depuis le point où elles s’étaient arrêtées à Crans-Montana» [2], il a été annoncé de manière fracassante, à la mi-octobre 2017, qu’une réunion tripartite entre la Grèce, Chypre et l’Égypte avait lieu à Elounda, en Crète. Depuis cette localité, Alexis Tsipras a annoncé qu’il s’était mis d’accord avec le dictateur égyptien Abdel Fattah al-Sissi sur «la grande importance de la délimitation de la zone économique exclusive entre nos pays» et sur la nécessité de «parvenir le plus rapidement possible à un accord sur cette question». Dans le même temps, Tsipras a fermement soutenu l’exploitation de la ZEE de Chypre par le gouvernement Anastasiadis [3], «contre toute menace émanant d’un pays tiers».

Des analystes politiques proches du gouvernement grec se disent optimistes et se félicitent de «l’excellente alliance» qui a été «construite depuis l’arrivée au pouvoir d’Abdel Fattah al-Sissi». C’est vraiment un grand honneur pour le gouvernement grec, que ses relations s’améliorent rapidement avec un pays après qu’il y ait eu là un coup d’État sanglant et que le pouvoir de Sissi se traduise par une répression sans rivages. En effet, Tsipras n’était point avare en compliments, ni en promesses de soutien, évoquant même «la nécessité d’ouvrir la discussion sur une relation stratégique UE-Égypte», envers l’homme surnommé «le Pinochet égyptien».

Le climat de cette rencontre tripartite préfigure la perspective d’un accord entre la Grèce, Chypre et l’Égypte qui prévoirait des dispositions pour les îles grecques de Castellorizo ??et Strongyli [4]. Ce n’est pas sans raison qu’une partie des courants politiques grecs «patriotique» ait parlé de «nouvelle formidable qui a causé un effondrement nerveux à Ankara». Parmi les réactions suscitées en Turquie par la rencontre d’Elounda, le terme «invasion» étant une exagération nationaliste, le terme «étranglement» renvoie à une description plus exacte.

Les préoccupations de la Turquie évoluent dans un contexte plus large. L’escalade des intentions de Tsipras a coïncidé avec le climat de «renforcement de la relation américano-chypriote au niveau de la défense» par des visites bilatérales de ministres, la répétition programmée de l’exercice militaire «Medusa» avec participation de forces navales grecques et égyptiennes dans les prochaines semaines, les contacts denses et fréquents du chef de l’État-Major grec, le général Evangelos Apostolakis, et du général Dunford, chef de l’État-Major des forces armées des États-Unis, à Washington, très peu de temps après leur rencontre en Grèce. Tout cela à l’approche d’un premier tournant décisif: le début des travaux de la compagnie pétrolière Exxon Mobile sur un terrain maritime chypriote d’extraction pétrolière et gazière.

Dans un tel contexte, le navire de recherches Barbaros a été missionné dans une région fortement symbolique, la zone où se touchent les ZEE (zones économiques exclusives) présumées de la Grèce, de Chypre et de l’Égypte. C’est un premier signal d’Ankara manifestant sa volonté de «rester présente» et de ne pas accepter «tranquillement» les faits accomplis en rapport avec une question qu’elle considère comme toujours ouverte.

S’en est suivie l’escalade: le gouvernement grec a envoyé la frégate Nikiforos Fokas pour faire obstacle au navire Barbaros. Le gouvernement turc a envoyé une escorte militaire (trois bateaux supplémentaires et deux sous-marins) et Athènes (avec Washington…) a riposté pour que l’on arrive ainsi au dangereux «surpeuplement» actuel en mer.

Des «droits nationaux justes»?

Ces événements sont présentés comme relatifs à «la défense du plateau continental grec» alors qu’il s’agit bien d’aventurisme politique et militaire. Nous reproduisons ici les mots non d’un quelconque national-nihiliste» mais d’un analyste issu de l’espace politique dit « patriotique » qui toutefois fait preuve d’une élémentaire reconnaissance de la réalité par rapport au sujet que nous traitons.

«Les vaisseaux Nikiforos Fokas et Salamis n’ont pas été envoyés pour protéger les îles de Chios ou de Castellorizo, mais ont été littéralement envoyés au diable Vauvert… Le site à l’origine de la crise actuelle se trouve très loin de la Grèce et il est totalement douteux qu’une quelconque Cour internationale de Justice reconnaisse l’existence d’un plateau continental grec à cet endroit… Dans cette région il n’y a pas de plateau continental grec ou turc. Tout simplement parce que, conformément à la Convention internationale de Montego Bay de 1982 sur le droit de la mer, pour qu’il y ait de plateau continental légalement reconnu il faut que précédemment les Etats limitrophes aient procédé à sa délimitation soit par un accord bilatéral, soit par recours à l’arbitrage international, ou au jugement d’une Cour internationale. La même règle vaut aussi pour la validation légale des Zones économiques exclusives».

Les experts ont averti qu’en cas de recours au tribunal de La Haye rien ne garantirait la confirmation des positions grecques, le droit de la mer énonçant un certain nombre de critères tenant compte de la différence entre une petite île comme Castellorizo ??et un grand pays continental doté d’une grande côte comme la Turquie. La Cour internationale de Justice a également rendu des arrêts qui nient le plein effet pour des îles (par exemple en mer Noire), dans des affaires similaires.

Ce sont bien ces complications qu’Athènes tente de contourner, en créant des états de «faits accomplis», avec le soutien de gouvernements impérialistes et usant de la diplomatie des canonnières, en l’occurrence étrangères. Confrontée à son isolement international, la Turquie répond par la diplomatie de ses propres canonnières, en s’efforçant d’imposer un retour à la négociation dans la perspective d’une co-exploitation des ressources maritimes souhaitée par elle.

Dans cette guerre de nerfs et d’usure, le rôle des États-Unis sera crucial. Ils aimeraient bien inclure la Turquie dans le jeu, mais ils semblent opter pour la méthode du chantage, en soutenant l’axe Grèce-Chypre-Israël-Égypte jusqu’à ce qu’Ankara se conforme pleinement. C’est là-dessus que s’appuie l’arrogance grecque.

En Turquie, l’ambiance (actuelle) est plus «anti-américaine» que «anti-grecque». Le conseiller d’Erdogan, Yigit Bulut, dans un article qui, tout parsemé qu’il soit de pantalonnades sur les moyens d’une victoire turque en cas d’éventuel conflit, indique au fond la voie de la raison en écrivant: «J’espère que la Grèce ne s’embarquera pas dans ce sale jeu, qu’elle ne se laissera pas instrumentaliser… J’espère que la raison et l’amitié vont prévaloir».

La Gauche

Sur quelles voies cette situation conduit la Gauche grecque? Tout point de vue ou analyse qui flirte avec l’idée de «droits nationaux justes» ou de «droits souverains», en lien avec l’exploitation des hydrocarbures en Méditerranée orientale, ne fait que nuire à l’effort commun (de toute la Gauche et de la classe ouvrière) pour construire un mouvement contre les guerres avec des traits forts anti-impérialiste.

Cette contradiction doit être résolue. Pour deux raisons. 1° Dans le capitalisme impérialiste, les « droits souverains » sur les ressources productrices de richesse sont l’affaire des firmes capitalistes et des forces impérialistes. Il ne s’agit pas d’une «dot nationale» d’un futur «pouvoir populaire» dont nous sommes encore très éloignés. Entre-temps il y a tout intérêt à éviter de jouer avec le feu des conflits nationalistes dans une zone inflammable. Car le point de vue opposé est encore plus rétrograde que celui d’un cosmopolitisme bourgeois raisonnable optant pour la co-exploitation des ressources de la mer Egée face au danger d’une guerre. 2° Mais il y a aussi une deuxième raison pour une telle prise de position: face au changement climatique, où l’ONU même est obligée de sonner l’alarme, alors que les militants de Gauche à juste titre nous mettent en garde que «nous devons laisser le pétrole tranquille dans le sous-sol» et saisir d’une chance pour empêcher la catastrophe imminente, la dernière chose que même un futur pouvoir populaire» devrait faire serait de réclamer des parts dans l’extraction des hydrocarbures…

Pour sauvegarder le bien souverain et commun de la paix, pour intensifier la lutte contre l’impérialisme, pour prévenir un désastre écologique, la Gauche doit s’opposer fermement au «grand jeu» autour des hydrocarbures. Nous terminons en revenant vers l’analyste réaliste de l’espace patriotique: «Il n’y aura pas de gagnants ni de perdants… il n’y aura que des perdants… La dernière chose dont nous avons actuellement besoin c’est de nouveaux généraux Ioannidis [4].»(Article paru dans le numéro 419 du bimensuel grec Ergatiki Aristera (Gauche Ouvrière); traduction par Emmanuel Kosadinos pour alencontre.org)

Notes

[1] Les deux soldats grecs libérés d’une prison turque après plus de cinq mois de détention ont atterri dans la nuit du mardi 14 août au mercredi 15 août à l’aéroport de Thessalonique, selon l’AFP. Dans la foulée de l’annonce, mardi après-midi, de la décision de leur libération par un tribunal à Edirne, ville turque où ils étaient détenus depuis mars dernier, le ministre adjoint des Affaires étrangères, Georges Katrougalos, et le chef adjoint de l’état-major Konstantinos Floros s’y sont rendus à bord d’un avion officiel pour les transférer en Grèce. Les deux soldats sont sortis de l’appareil en tenue militaire et ont été accueillis vers 03h30 heure locale (00h30 GMT) à l’aéroport par le ministre grec de la Défense, Panos Kammenos (le patron de l’ANEL, «Grecs indépendants»), et le chef de l’état-major Alkiviadis Stephanis, une garde d’honneur et leurs parents, selon la même source et des images diffusées en direct par la télévision publique grecque ERT. (Réd. A l’Encontre)

[2] Négociations de Crans-Montana: négociations entre les dirigeants chypriotes grecs et turcs et les représentants des puissances garantes (Grèce, Turquie, Royaume-Uni) qui ont eu lieu à partir de fin juin 2017, dans la station de ski de Crans-Montana, en Suisse, dans le but de parvenir à une réunification de l’île, divisée depuis plus de quarante ans. Elles se sont conclues sans accord le 7 juillet 2018 (Note du traducteur).

[3] Nikos Anastasiadis : président de la République chypriote depuis 2013, ancien leader (1997-2013) du parti conservateur «Rassemblement démocrate». (Note du traducteur)

[4] Castellorizo ??et Strongyli sont des îles grecques: la première d’un diamètre maximal de 5,5 kilomètres et la seconde, de diamètre maximal de 1,6 kilomètre. Elles sont situées, la première à 2 kilomètres de la côte sud-ouest de la Turquie et la seconde à 3,2 kilomètres. Elles sont séparées entre elles d’une distance de 9 kilomètres. (Note du traducteur)

[4] Dimítrios Ioannídis: Un parfait exemple d’aventurier irresponsable réactionnaire, le général de brigade Ioannídis, fut le chef de la police militaire pendant la dictature des colonels (1967-1974) dont il a été un des piliers, ayant activement pris part au coup d’Etat militaire qui l’a installée. En novembre 1973, il organisa un «coup d’Etat dans le coup d’Etat» pour diriger pendant quelques mois la Grèce depuis les coulisses. En juillet 1974, Ioannídis, aidé par des éléments extrémistes nationalistes chypriotes grecs, organisa à Chypre un coup d’Etat pour renverser le pouvoir légal de l’archevêque Makarios, président de la République chypriote. Cette intervention brutale du gouvernement grec dans affaires internes de la République chypriote, jadis unifiée, a servi de justification à l’intervention militaire de la Turquie, puissance garante selon les traités, et la partition de facto de l’île. (Note du traducteur)

Source Grèce. «Faire front contre l’aventurisme militaire pour du pétrole»

Grèce: l’austérité tue

La clinique métropolitaine de Helliniko a ouvert ses portes en décembre 2011. Depuis lors, il est devenu évident que les mesures d’austérité résultant du 1 er mémorandum signé par le Premier ministre de l’époque, George Papandreou, ont provoqué une catastrophe dans la société grecque. Depuis lors, nous avons dénoncé (et enregistré) les effets de l’austérité sur la santé publique et savions que ces résultats seraient visibles dans les indicateurs de santé.

Sept ans plus tard, avec la signature du troisième mémorandum et les obligations de  l’État qui se poursuivront jusqu’en 2060, une étude de la célèbre revue médicale britannique «The Lancet» montre exactement cela. L’étude est intitulée https://www.thelancet.com/journals/lanpub/article/PIIS2468-2667(18)30130-0/fulltext « Charge de morbidité en Grèce, perte en matière de santé, facteurs de risque et financement de la santé, 2000-2016: analyse de l’étude 2016 sur la charge de morbidité dans le monde ».

Pour résumer leurs conclusions:

  • Augmentation de la mortalité dans la population générale de 997,8 pour 100 000 habitants en 2010 à 1 174,9 en 2016 – une augmentation de la mortalité de 17,8%
  • Les cas de tuberculose ont augmenté parmi les citoyens grecs.
  • Les cas de VIH ont presque doublé entre 2010 et 2012, du fait que le programme de distribution de seringues gratuites aux toxicomanes a été abandonné pour réduire les coûts.
  • Augmentation des cas de dépression sévère et de suicide

L’étude analyse l’augmentation des décès dans la population en général par âge (la Grèce est indiquée en bleu) et note que l’augmentation des décès «coïncidait» avec les réductions des dépenses dans le secteur de la santé publique à partir de 2010.

En outre, il y a eu une augmentation des effets secondaires des médicaments, des actes d’automutilation et de nombreux types de cancer rencontrés à tous les âges. Les nouveau-nés et les enfants de moins de 5 ans décèdent de maladies traitables telles que la maladie hémolytique néonatale et la septicémie néonatale. Il y a eu une augmentation significative des cas d’automutilation chez les adolescents et les jeunes adultes. Mortalité accrue chez les personnes âgées de 15 à 49 ans due au VIH, à plusieurs néoplasmes pouvant être traités, à tous les types de cirrhose, à des troubles neurologiques (par exemple, la sclérose en plaques, une maladie du motoneurone), à ​​une maladie rénale chronique et à la plupart des types de maladie cardiovasculaire, à l’exception de la cardiopathie ischémique et accident vasculaire cérébral.

Pour résumer:

  • Les nouveau-nés meurent à cause de maladies traitables
  • Les adolescents et les jeunes adultes ont des taux de suicide plus élevés
  • Les adolescents et les jeunes adultes meurent de maladies liées à une mauvaise alimentation, à l’alcoolisme, au tabagisme et à des maladies traitables.

“Forzes” dans un article sur l’étude Lancet a commenté:

«L’augmentation du nombre de décès dus à l’automutilation chez les jeunes adultes est particulièrement frappante. C’est le coût humain du taux de chômage effroyablement élevé chez les jeunes en Grèce. Au plus fort de la crise, en 2013, il était de 58,21%, soit plus de la moitié des jeunes adultes. Même à l’heure actuelle, malgré le départ d’un demi-million de jeunes du pays, ce chiffre dépasse les 40%. Les jeunes adultes grecs sont confrontés à un choix difficile: partir ou faire face au chômage pendant toute leur vie. Il n’est pas étonnant que l’automutilation et le suicide aient augmenté. « 

«Mais malgré cette épidémie de désespoir, les augmentations de mortalité les plus importantes ne concernent pas les jeunes adultes, mais les bébés et les personnes très âgées. Cela témoigne d’une crise des soins de santé . « 

L’étude Lancet indique clairement qu’entre 2008 et 2014, les dépenses consacrées au système de santé publique grecque sont passées de 9,8% du PIB en 2008 à 8,1% en 2014, et se situent actuellement à 6%! De plus, le PIB a diminué de plus de 25% au cours de la même période (ce qui signifie que les dépenses publiques sont de 4,5%, contre 9,8% en 2008!).

L’étude Lancet indique en outre:

«Depuis la mise en œuvre du programme d’austérité, la Grèce a réduit son ratio de dépenses de santé par rapport au PIB, l’un des plus bas de l’UE, avec un financement des hôpitaux publics 50% inférieur à celui de 2009. Cette réduction a laissé les hôpitaux avec un déficit de fournitures de base, tandis que les consommateurs sont confrontés à des pénuries transitoires de médicaments. « 

Tout ce qui précède est la meilleure explication de la raison pour laquelle les hôpitaux publics grecs ont littéralement été dissous, avec d’immenses pénuries de matériel, de médicaments et de personnel. La seule raison pour laquelle les hôpitaux ne se sont pas complètement effondrés est le dévouement des médecins et des infirmières qui travaillent sans relâche jusqu’à l’épuisement et au-delà pour couvrir les déficits en personnel et en fournitures.

Cette évidence témoigne du fait que l’austérité tue. Et cela tue sur la base des politiques mises en œuvre par tous les gouvernements depuis 2010.

Qui répondra du ministère grec de la santé et qui justifiera?

  • La liste de milliers de personnes qui attendent jusqu’à quatre mois pour commencer leurs traitements contre le cancer alors qu’elles fondent littéralement.
  • Pour les pénuries inexcusables de médicaments, obligeant les hôpitaux publics à rechercher, mendier et emprunter afin de couvrir les besoins de leurs patients.

Et pour déterminer le véritable accès des patients non assurés au service de santé publique grec, nous aimerions que le ministre de la Santé dise :

  • Combien d’argent a été dépensé pour l’hospitalisation et les tests de diagnostic des patients non assurés ?
  • Combien de prescriptions électroniques (prescriptions reconnues dans le système de santé et subventionnées par le système) de tomodensitogrammes, d’IRM ou de scintigraphie ont été émises à des patients non assurés et combien d’examens ont finalement été effectués

Publié http://www.mkiellinikou.org/en/2018/10/04/austerity-kills-these-are-the-results-austerity-kills-there-is-proof/

Après Pavlos Fyssas, Zak Kostopoulos,

Encore un victime de la croissance du fascisme dans la société grecque.

Pour comprendre de quoi il s’agit Source   https://renverse.co/Ni-oubli-ni-pardon-pour-Zak-1725

Suivi d’une lettre ouverte de ses amis

Le vendredi 21 septembre 2018, Zak Kostopoulos, activiste LGBTQI+, séropositif et drag queen (Zackie Oh), a été assassiné dans des circonstances atroces et à la vue de tous dans le centre d’Athènes. Ce lynchage est le fait de «bons citoyens» qui ont agi sous la protection et avec le concours de la police grecque. Ces faits ont été suivis d’une entreprise sans précédent de désinformation de l’opinion publique et de culpabilisation de la victime, notamment accusée par les assassins puis une grande partie de la presse d’avoir essayé de commettre un cambriolage, avant que cette version ne s’effondre à l’épreuve des témoignages et des vidéos recueillis depuis lors.

Ce texte, écrit par FITLIG, est une lettre ouverte à Zak et a été publié en ligne le 26.9.2018.

Traduction en français

Cher Zak, Chère Zackie,

Par quels mots commencer à t’écrire une lettre à propos de ta perte? Nous ne parvenons pas à croire que cela a eu lieu. La communauté queer est en deuil, cherche du moins les moyens de te pleurer dans un pays pourri jusqu’à la moelle.

Nous avions l’impression que tu ne mourrais jamais, qu’on continuerait chaque matin, au réveil, à lire les posts pleins d’expressions LGBT dans lesquels tu satirisais l’actualité avec une précision chirurgicale, une sensibilité hors pair, une audace punk et toujours — c’était ta fierté — une flopée de commentaires haineux!

Nous nous étions habitué.e.s à ce que tu nous apprennes des choses, tu étais notre professeur de queer. Tu nous manques déjà terriblement. Seul.e.s, maintenant, nous ne savons pas comment faire.

Les fascistes haineux sont toujours là, eux aussi. Ils hurlent que «les toxicos et les gays sont de trop» et tu n’es plus là pour nous aider à les tourner en dérision comme tu savais si bien le faire.

Tu ne nous as jamais parlé du deuil queer, tu ne nous y avais pas préparé.e.s et nous sommes désemparé.e.s.

Je t’apporte des nouvelles un peu énervantes, accroche-toi. Hier, nous sommes allé.e.s à ton enterrement. Tu as été inhumé à Itèa, dans la société hypocrite où tu as passé ton adolescence, selon des rites chrétiens auxquels tu n’as jamais cru.

Ils t’avaient même paré d’un genre de couronnes de marié — une erreur, si tu veux mon avis, sachant qui tu étais, mais les couronnes en question donnaient l’impression d’avoir été dessinées par une folle ; le résultat avait un côté drag plutôt plaisant. (Ils t’avaient aussi fardé, couvert de cette poudre blanche qui te plaît tant).

Nous étions un bon nombre de queers rassemblé.e.s là, nous t’avons chanté du Madonna puis avons lancé des paillettes un peu partout. Tu aurais adoré. Le vent emportait le strass qui flottait dans les airs et se déposait sur une tante ou un vieux grand-père en les faisant scintiller.

La cérémonie religieuse a pris des allures de Pride. L’Itèa Pride de 2018… Dommage que tu n’aies été nulle part, tu aurais beaucoup ri.

Tu dois bien sûr te demander ce que tu faisais dans ce cimetière, si loin d’Athènes, au milieu de tous ces provinciaux aux regards soupçonneux… Ton assassinat aurait dû être l’occasion d’un pèlerinage populaire mais qu’est-ce que tu veux, ma chérie, tu sais comme sont les affaires de famille en Grèce, nous n’avons pas eu voix au chapitre.

À l’enterrement, des gens très comme il faut n’arrêtaient pas de parler d’un certain Zacharias et nous nous demandions à qui ils faisaient allusion. Nous, nous ne connaissions que Zak et Zackie.

Nous avons l’habitude de la simulation, bien sûr : c’est pour les queers une stratégie de survie élémentaire, la stratégie que nous apprenons dès l’école. C’est de cette façon que nous avons grandi, caché.e.s, blessé.e.s, à l’écart de leur monde dégueulasse et violent, un monde de mecs, de grossièreté et de domination masculines.

La communauté queer porte avec elle une peur sans fond et une blessure souvent impossible à contenir. Nous nous fabriquons des mondes imaginaires et des utopies faites de chansons de Madonna, de paillettes et de Pokémon.

Mais lorsque nous osons revendiquer ne serait-ce que le début d’un droit, un mur d’oppression s’abat systématiquement sur nous. Patrie, Religion, Famille. Merde. Toi, tu ne leur as jamais fait le plaisir de leur cacher quoi que ce soit de ce que tu étais et c’est bien pour ça qu’ils s’en sont si souvent pris à toi. Tu étais bien trop fort pour qu’ils te tolèrent, trop visible pour qu’ils te laissent exister.

Et te tuer une fois ne leur suffit pas. Ils te tuent de nouveau, encore et encore. Les monstres qui écrivent des commentaires fascistes sous ton profil et sous les nôtres, les journalistes assoiffés de sang qui se partagent des morceaux de ton corps pour obtenir un peu d’audience (ta chère Tatiana [1], monstrueuse, au premier rang), les citoyens modérés et irréprochables qui ne savent parler que de « respect des biens des personnes », tous ceux-là te tuent et nous tuent.

Si ça ne dépendait que d’eux, ils nous supprimeraient tou.te.s d’un coup en mettant en application le slogan «MAKE GREECE GREAT AGAIN». Mais vous pouvez vous le garder, votre pays de merde, ordures.

Je viens d’apprendre encore un truc. Hier, ta page, Zackie Oh, a disparu de Facebook. Je ne sais pas ce qui s’est passé — est-ce que la page a reçu une foule de reports, est-ce que quelqu’un a donné l’ordre de la suspendre? — mais on ne va pas laisser passer ça.

Ils te tuent, ils t’effacent de la carte. Les vies queer ne comptent pour rien, nous sommes les erreurs de leur système, des erreurs qu’ils veulent supprimer.

J’aimerais pouvoir te promettre une foule de choses mais je ne sais pas ce qui est en mon pouvoir. Je ne peux pas te promettre que justice te sera rendue, que ces ordures seront punies. Le pessimisme nous gagne déjà ; on voit bien que l’affaire est en train d’être méthodiquement étouffée.

Je ne peux pas te promettre non plus que nous parviendrons, comme tu t’y efforçais si fort, à changer pour le mieux la société grecque. Il est peut-être préférable que tu ne sois pas là pour voir les infamies qui sont commises aujourd’hui sous nos yeux — et pas seulement de la part de membres d’Aube Dorée [2].

L’opinion publique grecque est plus fascisante que jamais, des sondages sont organisés qui invitent les citoyens à décider si tes assassins ont eu ou non raison de te tuer, si les gays et les immigrés sont ou non des « voisins indésirables ». Le pays s’est profondément enfoncé dans la fange.

Il y a quelque chose de terriblement ironique et de terriblement tragique dans l’interview que tu as donnée en tant que Zackie : tu y déclares que tu redoutes par-dessus tout les Grecs « respectables », les bons citoyens, les bons pères de famille. Ce sont eux les véritables assassins, eux qui, avec les journalistes, pavent le chemin du fascisme, tuent encore et encore le jeune Giakoumakis [3], emprisonnent celles qui osent résister à leurs violeurs et qualifient aujourd’hui ton assassinat de simple passage à tabac. Des bêtes sauvages. Une société machiste en état de décomposition avancée.

Mais je ne veux pas finir cette lettre sur cette note pessimiste, je sais bien que tu avais les geignards en horreur. Je peux te promettre — et notre communauté luttera de toutes ses forces dans ce but — que le travail que tu as fait en tant que Zak et que Zackie ne sera pas oublié, ne restera pas dans un tiroir, ne constituera pas une note en bas de page mais s’écrira comme il le mérite en lettres capitales et au néon rose sur les murs de la ville et dans les drag shows, dans nos consciences et dans les consciences des générations queer à venir.

Tu nous manques, et nous te remercions beaucoup, pour tout. REST IN POWER QUEEN ZACKIE OH!


[1] Tatiana Stèfanidou, journaliste emblématique de la chaîne de télévision Skaï à l’origine des sondages évoqués dans le texte.

[2] Parti néo-nazi grec.

[3] Vanguèlis Giakoumakis, étudiant dans la ville de Ioannina, a été retrouvé mort au mois de mars 2015, un moins après sa disparition, victime de bullying, de menaces homophobes suivies par un passage à l’acte : son corps portait des blessures au couteau


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