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Une grève générale en prévision

Grèce : le syndicat PAME prépare une grande grève générale contre le passage à 60h de travail par semaine et la restriction des droits ouvriers et syndicaux

« L’appel à la grève générale est la priorité absolue de chaque syndicat. Nous préparons une réponse massive et militante avec une grève générale partout, dans les usines, les hôtels, les chantiers de construction, les magasins » : en Grèce, le syndicat PAME est vent debout contre une série de mesures autoritaires et pro-patronales.

Le gouvernement grec veut en effet passer la durée légale de travail hebdomadaire à 60h par semaine, en augmentant la durée légale quotidienne de travail de 8 à 10h. Ces 2h supplémentaires de travail sont sans contreparties salariales. De plus, le gouvernement souhaite, via la loi, interdire les piquets de grève et fortement restreindre le droit de se syndiquer.

Également, si cette loi passe, le droit de négociation collective ne sera reconnu qu’aux syndicats qui auront soumis leur registre numérique, les noms de leurs membres, à l’État et aux patrons. Autrement dit, le gouvernement veut que les organisations ouvrières livrent les noms de leurs syndiqués à l’Etat et au patronat.

Au cours d’un premier rassemblement organisé la semaine dernière, le PAME, affilié à la Fédération Syndicale Mondiale avait déjà dénoncé « un recul en arrière de 100 ans ». Pour le syndicat grec, « Ils veulent interdire les syndicats et les grèves des travailleurs. La pandémie se transforme en une formidable opportunité pour le gouvernement et les patrons. ».

Partout, des voix s’élèvent en Grèce, mais aussi en Espagne et en Italie pour exprimer le ras-le-bol général. Construisons, en France, une mobilisation pour redonner confiance aux classes populaires en créant le rapport de force qui permettra une alternative politique et économique en faveur des intérêts de ceux et celles qui produisent les richesses dans ce pays !

Source https://www.facebook.com/La-Gr%C3%A8ce-en-r%C3%A9sistance-485903964798525/?hc_location=ufi

Lesbos : Une crise de santé mentale sous la surface

Par Marion MacGregor

La crise de santé mentale des demandeurs d’asile de l’ancien camp de Moria, sur l’île grecque de Lesbos, s’aggrave. Dans la nouvelle tente « Kara Tepe », de plus en plus de jeunes enfants reçoivent un traitement psychiatrique, y compris des médicaments, pour faire face à un traumatisme permanent.

Avant de brûler, le camp de Moria sur l’île grecque de Lesbos était décrit comme « l’enfer sur terre ». Les conditions terribles et la surpopulation du camp de migrants avaient entraîné des incidents quotidiens de violence, d’abus et de tentatives de suicide, même chez les enfants.

Selon le Comité international de secours (IRC), qui fournit un soutien en matière de santé mentale aux réfugiés de Lesbos, entre décembre 2019 et août 2020, plus de 40 % des migrants qu’ils ont conseillés à Moria avaient des pensées suicidaires et un quart avaient même tenté de se suicider.

Dans la nuit du 8 septembre 2020, le camp a été détruit. Pour des milliers de demandeurs d’asile, l’incendie a été une expérience traumatisante, mais il leur a permis d’espérer qu’ils n’auraient plus jamais à souffrir dans de telles conditions.

Cependant, le pire était à venir. Dans les jours qui ont suivi la catastrophe, ils ont dormi dans les rues et ont dû faire face à la violence et à l’intimidation des groupes anti-migrants ainsi que de la police grecque, avant d’être transférés dans un nouveau camp de tentes sans douches, sans zones isolées du froid et, en fait, soumis à de graves inondations.

La santé mentale se détériore

Selon Martha Roussou, chargée de mission auprès du CRI, la quasi-totalité des migrants qui assistent aux consultations sur Lesbos disent que leurs problèmes de santé mentale sont dus à de mauvaises conditions de vie et à de longs délais d’attente pour que leur demande d’asile soit entendue. Pour ceux qui se trouvent dans le nouveau camp, ces problèmes qui avaient atteint des proportions de crise à Moria n’ont pas disparu, au contraire, ils se sont aggravés avec la perte d’espoir.

Greg Kavarnos, psychologue de l’organisation caritative Médecins sans frontières (MSF) qui travaille avec les demandeurs d’asile à Lesbos, explique que les conditions de vie dans le camp de Kara Tepe sont telles que toute personne en bonne santé mentale deviendrait anxieuse et déprimée. L’effet est catastrophique pour ceux qui demandent son aide, qui sont déjà profondément traumatisés.

« J’ai eu des patients qui étaient incapables de parler quand on les a amenés chez moi. Ou bien ils étaient si malades mentalement qu’ils ne pouvaient même pas aller aux toilettes tout seuls », dit Kavarnos.

Pour ceux qui ont été incarcérés dans le passé, l’expérience d’être dans le camp, qui est lourdement surveillé et entouré de barbelés, peut également déclencher des souvenirs d’expériences traumatisantes, ajoute-t-il.

Certains ressentent également une désillusion et une perte d’espoir parce qu’ils n’ont pas atteint un endroit sûr, selon Kavarnos. « Imaginez ce que ce serait si vous étiez dans une région contrôlée par les Talibans en Afghanistan, ou si vous étiez prisonnier politique en République démocratique du Congo, ou encore victime du régime en Syrie, et que vous échappiez à ce danger en vous attendant à venir dans un endroit sûr et à être traité comme un être humain. Imaginez qu’au lieu de cela, vous soyez traité comme un animal ».

Effets à long terme sur les enfants

Dans les semaines qui ont suivi l’incendie de Moria, la quasi-totalité des mineurs non accompagnés – des enfants voyageant sans parent ni tuteur – ont été transférés hors de l’île. Mais de nombreux enfants ont également été laissés à Lesbos, ainsi que sur les autres îles

Et selon M. Kavarnos, ces enfants restants sont parmi ceux qui risquent le plus de souffrir d’effets à long terme sur leur santé mentale.

« Même si les enfants sont résistants et peuvent rebondir, ils sont à un stade où ils développent leur caractère et leur personnalité », dit-il. « S’ils doivent vivre des expériences traumatisantes à cet âge, celles-ci façonneront leur personnalité ou leur caractère à l’avenir, ce qui entraînera des problèmes à long terme ».

« Nous créons une génération d’enfants qui vont dépendre de médicaments psychiatriques pour le reste de leur vie. »

Les enfants du camp ressentent de plus en plus un sentiment de résignation. En voyant leurs parents piégés et incapables de prendre des décisions ou d’agir, ils deviennent désespérés, selon M. Kavarnos.

« Si à huit ans, un enfant s’est déjà résigné, qu’est-ce que cela signifie quand cet enfant a 12 ou 16 ans ? Si à 8 ou 10 ans un enfant doit prendre des médicaments psychiatriques pour que les symptômes soient tenus à distance, qu’est-ce que cela va signifier plus tard ?

Dans la nouvelle installation de Lesbos, Nour, 17 ans, originaire de Syrie, nous raconte que lorsque le camp de Moria est parti en flammes en septembre, elle avait demandé à sa mère de la laisser mourir sur place.

Comme un nombre croissant d’enfants et de jeunes dans les camps de migrants, Nour prend des antidépresseurs.

« En général, si un problème psychiatrique survient à la suite d’un traumatisme, si vous ne réussissez pas à le gérer, le problème psychiatrique devient alors chronique », explique M. Kavarnos.

« Alors, que faisons-nous ? Nous créons une génération d’enfants qui vont dépendre de médicaments psychiatriques pour le reste de leur vie ».

Nous avons tous des problèmes mentaux à cause de Lesbos ».

Karima, originaire d’Afghanistan, est également sous antidépresseurs et a des troubles du sommeil. La plupart de sa famille, y compris ses petites-filles de deux et trois ans, se trouvaient dans un bateau en provenance de Turquie qui a coulé dans la mer Égée. Elles ont été secourues et amenées à Lesbos. Pendant environ deux ans, ils ont vécu dans le camp de Moria.

Le fils de Karima ; Rahullah nous raconte : « C’était une très mauvaise situation. … Les gens mouraient, ils buvaient, ils s’entretuaient. On ne dormait pas. Alors maintenant nous avons des problèmes mentaux, tous, juste à cause de Lesbos. »

La sœur de Rahullah, F., la mère des deux petites filles, est devenue si malade qu’elle s’est coupée, dit un autre de ses frères, un diplômé en droit qui parle doucement. Le mari de F. a été assassiné en Afghanistan.

Un autre jeune demandeur d’asile dans le camp, Ahmad*, a 25 ans. Il a voyagé seul d’Afghanistan en Grèce. Il dit qu’il a tenté de se suicider deux fois, et que sans ses amis, il serait allé jusqu’au bout et aurait réussi à se suicider.

L’éloignement, la seule solution

Selon Martha Roussou, de l’IRC, l’organisation essaie d’aider les migrants en leur fournissant des conseils et des médicaments, mais si certaines personnes s’améliorent, « la seule solution durable est de les retirer de l’espace traumatique dans lequel elles vivent ».

Tant que cela n’est pas fait, poursuit-elle, les migrants ne peuvent pas échapper au traumatisme qu’ils ont déjà vécu, « malgré les efforts des psychologues pour se concentrer sur la positivité et les pensées d’espoir ».

Selon Greg Kavarnos, de MSF, quelle que soit la quantité de médicaments ou de psychothérapie que l’on donne à une personne, « si elle est constamment traumatisée par ses expériences, on a toujours un pas de retard.

« Je ne peux rien faire pour le traumatisme permanent, les menaces de violence, l’incapacité d’accéder à des installations simples », poursuit-il. Je ne peux pas dire à la personne, « c’est bon, les choses vont s’améliorer », parce que je ne sais pas si les choses vont s’améliorer pour elle.

*Ahmad est un nom d’emprunt

Si vous souffrez d’une tension émotionnelle grave ou de pensées suicidaires, n’hésitez pas à demander une aide professionnelle. Vous pouvez trouver des informations sur les endroits où trouver une telle aide, où que vous viviez dans le monde, sur ce site web : https://www.befrienders.org/

En Grèce, une ligne d’aide au suicide est accessible par téléphone à ce numéro : 1018. Vous pouvez également trouver de plus amples informations à l’adresse suivante : http://suicide-help.gr/

Source https://www.infomigrants.net/en/post/28086/lesbos-a-mental-health-crisis-beneath-the-surface

Un travailleur grec sur huit gagne 200 euros par mois

Rapport sur l’impact de la pandémie  

La Grèce a enregistré une augmentation spectaculaire du nombre de personnes vivant avec un salaire inférieur au seuil de pauvreté : un travailleur sur huit gagne 200 euros par mois, selon le rapport annuel de l’Institut du travail du syndicat du secteur privé GSEE.

« Une grande partie de la population grecque est menacée d’appauvrissement permanent », avertissent les chercheurs du rapport annuel sur l’économie et l’emploi en Grèce.

Le rapport décrit la situation du marché du travail dans le contexte de la pandémie de coronavirus et parle de réduction des salaires, de détérioration du niveau de vie, de l’abolition de facto des 8 heures de travail et d’une augmentation spectaculaire du nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté.

En analysant les données, les chercheurs soulignent que des mesures immédiates doivent être prises pour améliorer le niveau de vie des ménages, faute de quoi l’appauvrissement d’une grande partie de la population sera permanent et la cohésion sociale sera perturbée.

Les chercheurs soulignent qu' »une très grande partie de la population active est soit absente du marché du travail (contrats de travail suspendus pendant plus de 3 mois en raison de la pandémie), soit enregistrée comme chômeur ou travaille pour des salaires inférieurs au seuil de pauvreté ».

Plus de 100 000 salariés ont « quitté » le marché du travail et vivent avec une aide d’État de 534 euros par mois depuis plus de 3 mois.

Le salaire mensuel moyen a diminué de 10 % au deuxième trimestre 2020 par rapport au même trimestre 2019.

3 travailleurs sur 10 perçoivent un salaire inférieur au salaire minimum, dont le montant – malgré l’augmentation de 2019 – est inférieur au seuil de pauvreté.

7 sur 10 ont un salaire inférieur à 1 000 euros.

Selon les données du rapport annuel, au deuxième trimestre 2020, le salaire mensuel moyen est passé de 885 euros au deuxième trimestre 2019 à 802 euros au deuxième trimestre 2020, soit une baisse d’environ 10 %.

Au cours de la même période, le pourcentage d’employés recevant de 0 à 200 euros a été multiplié par 12, passant de 1 % à environ 12 %.

Les travailleurs recevant des salaires entre 200 et 1 200 euros ont diminué de 11,3 points de pourcentage.

La baisse la plus importante a été enregistrée chez les personnes dont le salaire net se situait entre 400 et 600 euros, car cette catégorie est passée de 16,3 % au deuxième trimestre 2019 à 12,3 % au même trimestre 2020.

Le pourcentage de personnes ayant reçu entre 601 et 800 euros a diminué de 24,8 % à 23,5 %, tandis que celui des personnes ayant reçu entre 801 et 1 000 euros est passé de 21,8 % à 18,3 % respectivement.

Il est à noter qu’au deuxième trimestre 2020, 72,9 % des salariés avaient un salaire net inférieur à 1 000 euros.

Presque toutes les échelles salariales ont pu être affectées négativement, mais le principal fardeau de la compression salariale a affecté les bas salaires.

« En supposant que la profondeur de la récession ne dépasse pas 9 %, l’Institut estime que le taux de chômage officiel augmentera à 21,2 % d’ici la fin de 2020. », indiquent les chercheurs dans leur rapport.

L’expansion de la population économiquement inactive est particulièrement importante pour la façon dont le marché du travail sera façonné dans un avenir proche.

En 2019, on a constaté une diminution constante du nombre de chômeurs et une diminution parallèle des personnes économiquement inactives, mais dans une moindre mesure.
Le taux de chômage officiel a diminué de 2 points de pourcentage en moyenne.

Cependant, à partir de décembre 2019, le nombre d’inactifs a commencé à augmenter progressivement, avec pour résultat qu’en février 2020, environ 79 000 personnes ont quitté la population active.

En même temps, le coût de la perte d’un emploi est particulièrement élevé en Grèce, puisqu’après deux ans de chômage, les chômeurs ont perdu 47 % de leurs revenus. Ce résultat place la Grèce au troisième rang des pays les plus pauvres de la zone euro.

« Le risque élevé de chômage de longue durée, combiné à l’inefficacité du filet de sécurité sociale, conduit à la conclusion que, si des mesures immédiates ne sont pas prises pour améliorer le niveau de vie des ménages, l’appauvrissement d’une grande partie de la population sera permanent. La cohésion sociale va éclater, tandis que l’impact de la crise pandémique sur l’économie aura une durée plus longue et des conséquences plus néfastes », concluent les chercheurs.

Plus de données du rapport ici en grec.  here

La traduction et la rédaction de ce rapport par PS m’ont rappelé les rapports dramatiques sur les revenus et les conditions de travail pendant la crise économique grecque. 200 euros par mois ? Christine Lagarde, en tant que chef du FMI, ne pouvait pas y penser même dans ses rêves les plus fous de compétitivité…

Source https://www.keeptalkinggreece.com/2020/10/22/greece-workers-salaries-200euros-pandemic-report-impact/

Aube dorée application immédiate des peines

Grèce : enfin, les tueurs nazis en prison… exemple à suivre par A. Sartzekis

A. Sartzekis

Il aura fallu attendre plus de 2 semaines pour que les peines effectives soient prononcées, après la décision historique du 7 octobre du tribunal d’Athènes qualifiant Chryssi Avgi (Aube Dorée) d’organisation criminelle et condamnant plus d’une cinquantaine de dirigeants et militant-e-s du groupe nazi pour leurs agressions racistes, anti-ouvrières et anti-jeunes. Depuis cette date, marquée par une mobilisation exceptionnelle autour du tribunal, réprimée après le verdict par des policiers enragés de voir condamnés ceux pour qui ils votaient, la procédure a suivi son cours, mais elle a été fortement retardée pour deux raisons : d’une part la multiplication des plaidoyers des condamnés, qui, voyant arriver la prison, ont voulu jouer la corde sensible, entre le père éploré car sa petite fille serait triste, celui qui déclarait ne plus s’occuper de « tout ça », sans un mot de compassion pour les innombrables victimes de leurs agressions. Mais l’autre facteur du retard, ce sont les propositions de la procureure, Adamantia Ikonomou, qui en décembre dernier avait plaidé pour innocenter toute l’organisation, hormis (quand même !) Roupakias, le tueur du rappeur antifasciste Pavlos Fyssas. A deux reprises depuis le 7 octobre, Ikonomou a récidivé, comme on va le voir, s’attirant de la part des avocats des victimes le titre de « procureure avocate des victimes ».

Les peines prononcées et leur application.

Les peines prononcées le 14 octobre correspondent presque au maximum qui puisse être appliqué : de 10 à plus de 13 ans pour les 7 du groupe dirigeant ; de 5 à 7 ans pour les ex-députées participant à une organisation criminelle ; pour le meurtre de Pavlos Fyssas, perpétuité et 14 ans pour le tueur Roupakias, de 2 à plus de 10 ans pour les complices ; de 7 à 10 ans pour les agresseurs des pêcheurs égyptiens, de 3 à 6 ans pour les agresseurs des syndicalistes de PAME ; de 1 à 7 ans pour d’autres condamnés pour participation à une organisation criminelle.

Ces peines ont été accueillies avec un double sentiment : d’un côté, la confirmation que le tribunal rendait vraiment justice, avec une présidente, Maria Lepeniotis qui confirmait la fermeté dont elle a fait preuve pendant toute ces années. Mais en même temps, un sentiment amer quand on voit qu’un bris de vitre de péage peut déboucher pour un activiste anar à 3 ans de prison, ou quand on voit que des jeunes condamnés sans aucune preuve comme activistes ont passé une année en prison avant d’être innocentés… Sans oublier la travailleuse qui avait présenté un faux diplôme pour arriver à trouver un emploi comme femme de ménage et avait été condamnée à 15 ans de prison (peine cassée depuis) !

Suite à ces peines, la procureure a procédé à sa première récidive, en tentant d’avancer des circonstances atténuantes pour alléger les peines, quasiment comme l’ont aussi fait les avocats des nazis ! Echec sur toute la ligne : le tribunal n’a reconnu aucune circonstance atténuante. Il ne restait plus alors qu’à décider de l’application des peines, sachant que tout ce beau monde compte bien aller en appel : comme le proclame le cogneur en chef Kassidiaris, connu pour avoir tenté de frapper une députée du KKE (PC grec) lors d’un débat télévisé, devant un « vrai » tribunal, pas comme celui-ci qui est corrompu et a rendu un verdict sous pression des communistes et anarchistes dans la rue (argument repris par quelques journalistes « vedettes »…), sa totale innocence sera prouvée !

Toujours est-il que lors de cette dernière phase, la procureure a fini de tomber le masque : elle a tout bonnement demandé qu’en dehors du tueur Roupakias, tous les autres restent en liberté, car il était prouvé qu’ils ne pourraient ni nuire ni s’échapper ! La présidente lui a alors sèchement demandé de revoir sa copie, mais hier encore, Ikonomou a resservi la même soupe, provoquant une très forte indignation populaire.

Enfin, les peines effectives ont été annoncées à la mi-journée : sur les 68 accusés de départ et 50 condamnés, 12 pourront rester en liberté sous contrôle jusqu’au procès en appel. Mais la grande victoire de cette longue bataille alliant pendant 5 ans une très grosse mobilisation antifasciste derrière la figure rassembleuse de Magda Fyssas et bataille judiciaire avec d’un côté un travail de fond des avocats et de l’autre une présidente tenant fermement à rendre justice, c’est le soulagement de voir enfin menés en prison 38 membres de l’organisation criminelle Chryssi Avgi, dont tout le groupe dirigeant. Cette victoire contre la peste brune doit en appeler d’autres, de même type, dans d’autres pays !…

Conclusion provisoire

Ces derniers jours ont été intéressants sur plusieurs points :

– d’abord par le spectacle de ces cogneurs d’une violence revendiquée (leur cri de guerre était « sang, honneur, aube dorée » sur le modèle des nazis) venir jouer les moutons et se renvoyer les responsabilités. A ce jeu, le führer Michaloliakos s’est tiré une balle dans le pied en produisant des unes du journal de la clique avec photos de croix gammées et reconnaissant que oui, avant, CA était un groupe nazi (ce qu’il avait toujours nié contre toute évidence !)… mais plus maintenant ! Ce qui ressort des différentes déclarations ces derniers jours, c’est que CA est dissous par ses dirigeants, de même semble-t-il que les petites boutiques concurrentielles ouvertes récemment par Kassidiaris ou Lagos.

– ensuite par la confirmation par Kassidiaris, en voulant sauver sa peau, des liens directs avec l’entourage d’Antonis Samaras (Nouvelle Démocratie), alors 1er ministre, confirmant ce que la gauche affirmait sur le rôle nauséabond du conseiller Baltakos et les liens entre la droite et les nazis longtemps impunis.

– le cas d’un des dirigeants, le chef des bandes armées dans la région du Pirée, Yannis Lagos, est à surveiller : désigné par Michaloliakos comme candidat, en vue de le mettre à l’abri, il a été élu député européen et a quitté le navire juste après, espérant échapper aux poursuites et à la prison. Il est le plus lourd condamné : 13 ans et 8 mois. Après être venu provoquer le tribunal en niant sa légalité, défendu désormais par le sinistre véritable chef de cette pègre nazie, le vieil avocat Plevris (son fils est passé des rangs fascistes à ceux de la droite gouvernementale), il tente désormais de jouer de l’asile parlementaire. Fait bizarre, un ordre du ministère de la police (« Protection du du Citoyen » !) visant à empêcher son départ de Grèce, en date du 14 octobre, a été donné… un jour après son départ pour Bruxelles, d’où il espère jouir d’une immunité. Une campagne antifasciste européenne pourrait aider à accélérer l’envoi en prison de ce très dangereux nazi.

Bien sûr, au-delà de cette victoire qui doit vraiment partout encourager le mouvement antifasciste, par exemple en France autour des liens glauques entre criminels intégristes islamiques, antisémites et extrême-droite, il est évident que les mobilisations antiracistes et antifascistes doivent redoubler de vigueur. D’une part en exigeant des enquêtes publiques sur le financement de Chryssi Avgi ou les soutiens de diverses personnalités dont il a bénéficié, d’autre part en organisant des ripostes à chaque agression, comme celle qu’a subie ces jours-ci un travailleur agricole immigré venu réclamer les 8 mois de rémunération que lui devait son patron, ou celle perpétrée par un fasciste se réclamant de la Nouvelle Démocratie contre une habitante de Mytilène lui demandant pourquoi il effaçait le slogan « écrasons les nazis » sur une palissade… Sans oublier évidemment la bataille permanente pour les droits des réfugié-e-s à un accueil digne… Ce procès et la mobilisation qui l’ont accompagné, le verdict intervenu, sont un fort encouragement à intensifier la bataille contre la peste brune sous toutes ses formes.

Athènes, le 22 octobre 2020

Source https://lanticapitaliste.org/actualite/international/grece-enfin-les-tueurs-nazis-en-prison-exemple-suivre?fbclid=IwAR2nDb3W_dwqIsSzpCCxHtRWZYsz6tvh9nujgvSZdNWbxOy52Xl1Isnr1ZM

Aube dorée les condamnations

En Grèce, le chef du parti néonazi Aube dorée condamné à 13 ans de prison

Par Elisa Perrigueur

Une semaine après avoir qualifié le leader et plusieurs ex-députés d’Aube dorée de « dirigeants d’une organisation criminelle », la justice grecque a prononcé les peines, notamment 13 ans de prison pour le premier, Nikos Michaloliakos, et une condamnation à la réclusion à perpétuité pour le meurtrier du rappeur antifasciste Pavlos Fyssas

Le chef du parti néonazi Aube dorée Nikos Michaloliakos, négationniste et admirateur du national-socialisme, a été condamné mercredi à 13 années de prison ferme par la Cour pénale d’Athènes qui l’avait reconnu coupable d’avoir dirigé une « organisation criminelle ».

Parmi les six autres cadres du parti paramilitaire, l’eurodéputé Ioannis Lagos, ancien membre d’Aube dorée, écope également de 13 années de prison. Son immunité parlementaire doit être levée par le Parlement européen, à la demande de la Grèce, une fois qu’un mandat d’arrêt aura été émis.

La cour pénale a également suivi les réquisitions de la procureure en condamnant à 13 ans de prison l’ancien porte-parole du parti Ilias Kassidiaris et le député Christos Pappas, bras droit de Michaloliakos. Elle a infligé la même peine à deux autres dirigeants du parti reconnus coupables de « direction d’organisation criminelle » : les anciens députés Ilias Panagiotaros et Georgios Germenis.

Seul Artemis Matthaiopoulos, l’ex-gendre de Michaloliakos, a été condamné à dix ans de prison en deçà des réquisitions de la procureure. Sans surprise, le militant d’Aube dorée Yorgos Roupakias, le meurtrier du rappeur antifasciste Pavlos Fyssas, a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.

Succès de la mobilisation anti fasciste à Athènes

Le CADTM se réjouit du succès de la mobilisation unitaire anti fasciste à Athènes du 7 octobre 2020 et de la condamnation du parti néonazi Aube Dorée 7 octobre par CADTM International

 

Le CADTM salue le succès de la mobilisation unitaire anti-fasciste à Athènes de ce mercredi 7 octobre ainsi que la décision de la cour pénale d’Athènes de qualifier le parti néonazi Aube dorée « d’organisation criminelle ».

C’est dans la rue que le combat a été mené contre le groupuscule néonazi Aube Dorée, responsable des violences parfois mortelles commises depuis des années contre des personnes sans-papiers et des militant-e-s de la gauche radicale. Ce combat du mouvement anti-fasciste grec contre les violences néonazies a conduit à une victoire historique, une victoire pour la Grèce mais aussi pour l’ensemble des peuples d’Europe.

(Photo credit : Anna Muchin)

La Cour pénale a tranché, les dirigeants du parti ont été condamnés. Il s’agit des membres du « Conseil politique » du parti, ainsi que de ses représentants au parlement. D’autres inculpés ont été condamnés pour leur appartenance à l’organisation mais aussi pour les violences (meurtre de Pavlos Fyssas, attaque violente contre des pêcheurs égyptiens, attaques contre des membres du syndicat PAME). Le chef du parti, Nikos Michaloliakos, et celui qui en a été le numéro 2 pendant des années, Ilias Kasidiaris, tous deux admirateurs du national-socialisme, ont été reconnus coupables. À l’annonce de cette décision, la foule explosait de joie.

(Photo credit : Anna Muchin)

Javied Aslam, un pakistanais anti-néonazi, avait réussi à récolter des milliers de témoignages des agressions d’Aube Dorée notamment entre 2010 et 2013. Pourtant, ces témoignages ont été ignorés pendant des années, notamment par les commissariats et administrations « compétentes » alors que les agissements du groupuscule étaient connus de tous.

(Photo credit : Anna Muchin)

Aujourd’hui le silence s’est enfin brisé.

Selon le site rapportsdeforce.fr : « Un rassemblement antifasciste énorme, boulevard Alexandras devant le tribunal d’Athènes. Ce mercredi 7 octobre, des milliers (jusqu’à 20 000 selon certaines sources) de militants de gauche, d’extrême gauche et anarchistes sont venus attendre le verdict du procès d’Aube dorée, le parti néonazi entré au parlement en 2012 à la faveur de la crise grecque. Un parti mis en accusation après le meurtre par un de ses membres en 2013 de Pavlos Fyssas, un rappeur antifasciste. Mais aussi après les tentatives de meurtre perpétrées à l’encontre de deux pêcheurs égyptiens. A savoir, trois des exactions et violences les plus connues d’Aube Dorée.

Cinq années de procédure, 400 audiences, 68 accusés, 154 témoins, 129 avocats, pour un procès hors norme. Et de premiers verdicts qui tombent. Le parti est considéré par la cour d’Athènes comme une organisation criminelle, ce qui ouvre la voie à d’autres condamnations. Notamment celle de Nikos Michaloliakos, le chef négationniste d’Aube dorée. Celui-ci est reconnu coupable de « direction d’une organisation criminelle ». Mais aussi celle de Yorgos Roupakias, le meurtrier de Pavlos Fyssas. Les peines n’ont pas encore été prononcées ce midi, mais elles seront probablement lourdes. Au même moment, la police dispersait à coup de gaz lacrymogènes et de canons à eau les manifestants rassemblés devant le tribunal. »

Les membres du CADTM ont participé activement au mouvement de solidarité internationale qui demandait à la justice grecque de condamner Aube Dorée notamment en soutenant l’appel « Ils ne sont pas innocents » https://www.cadtm.org/Grece-Proces-d-Aube-doree-Ils-ne-sont-pas-innocents.

Rappelons que Mamadou Bah, membre du CADTM avait été brutalement agressé par un commando d’Aube Dorée en 2013 dans les rues d’Athènes et avait dû chercher refuge en Belgique voir https://cadtm.org/Droit-d-asile-pour-Mamadou-Bah et https://www.cadtm.org/Victoire-Mamadou-Bah-obtient-le

Merci à Anna Muchin pour son reportage photographique.

Chute du parti néonazi

En Grèce, la condamnation d’Aube dorée signe la chute du parti néonazi   Par Elisa Perrigueur

La justice grecque a qualifié mercredi 7 octobre le leader et plusieurs ex-députés d’Aube dorée de « dirigeants d’une organisation criminelle ». Une annonce accueillie avec joie par plusieurs milliers de personnes réunies à Athènes.

Athènes (Grèce).– Mercredi 7 octobre à la mi-journée, une foule de quelque 15 000 personnes a poussé un immense cri de joie sur le boulevard Alexandras, au centre d’Athènes.

La cour pénale devant laquelle se sont massés ces milliers de citoyens aux sensibilités politiques plutôt à gauche, antifascistes ou anarchistes, venait en effet de désigner le parti néonazi Aube dorée comme une « organisation criminelle ». Son fondateur, Nikos Michaloliakos, et six anciens députés de cette formation ont été reconnus coupables de la diriger. Leurs peines seront prononcées dans les jours prochains.

Pour ceux qui attendent debout sous la chaleur écrasante, cette qualification cruciale signe enfin « la mort d’Aube dorée », comme le crie un jeune. La preuve que ce mouvement très hiérarchisé est lié à des crimes qui ne sont pas des actes d’individus isolés. Ce verdict coupe aussi définitivement ses financements étatiques et l’empêche de se présenter aux élections.

Un rassemblement mercredi à Thessalonique dans l'attente du verdict à Athènes. © Nicolas Economou/NurPhoto/AFP Un rassemblement mercredi à Thessalonique dans l’attente du verdict à Athènes. © Nicolas Economou/NurPhoto/AFP

« Cette reconnaissance va mettre un terme à leurs pratiques inacceptables comme la violence à l’encontre des migrants, les escadrons de la mort. Cela crée un précédent judiciaire important », exulte l’architecte Athina Arampatzi, masquée sous ces bannières aux slogans antifascistes. Sur sa jambe, elle porte un autocollant portant l’inscription : « Ils ne sont PAS innocents. Les nazis en prison ». Cette formule, sur fond de tache de sang, est visible partout dans le cortège dense.

Quelque 69 partisans ou membres d’Aube dorée étaient poursuivis pour divers chefs d’accusation dans un procès-fleuve de plus de cinq ans. Parmi eux, certains étaient jugés pour « tentative d’homicide » à l’encontre de pêcheurs égyptiens en juin 2012 et de membres du syndicat communiste PAME en septembre 2013.

D’autres étaient poursuivis pour meurtre et complicité de l’assassinat du rappeur antifasciste Pavlos Fyssas, qui avait choqué la Grèce en septembre 2013. Il avait été tué dans les faubourgs du Pirée, près d’Athènes, par Giorgos Roupakias, membre du parti reconnu aujourd’hui coupable du meurtre. Quatorze autres accusés ont été reconnus coupables de complicité de meurtre.

© Alexandros Kottis

« C’est ce que nous voulions, la décision est historique », se satisfait Christos, une connaissance de Pavlos Fyssas, présent non loin des bus de CRS grecs qui barrent l’entrée du tribunal. Au même moment, à l’intérieur, ils ne sont que 11 sur les 68 accusés à être présents.

Pour la première fois depuis le procès de Nuremberg en 1945-1946 à l’encontre de responsables du Troisième Reich, un parti politique était visé pour « constitution d’une organisation criminelle » en Europe. La formation était devenue un temps troisième force politique du pays, siégeant au Parlement grec de 2012 à 2019.

De l’autre côté du cordon de police, sur le parvis de la cour de justice, Magda Fyssas, la mère du rappeur défunt, montre son émotion devant les caméras. « Mon fils, tu l’as fait », crie-t-elle, levant les bras au ciel. Jamais elle n’a manqué une des journées d’audience à la prison de Korydallos ou dans la cour pénale d’Athènes (plus de 400 au total).

La tension était vive dans cette salle aux fauteuils rouges. D’un côté se tenaient les parties civiles – des citoyens issus de la mouvance antifasciste, communiste, des réfugiés, etc. De l’autre, les accusés, des figures de l’extrême droite adeptes de la violence permanente à l’égard de leurs opposants. Trois magistrats ont entendu les 68 accusés (l’un est décédé entre-temps) et leur défense, et recueilli plus de 150 témoignages, avant d’annoncer enfin le verdict.

Dans le cortège, Alexandros Galdis, membre de Orma (Organisation pour les militants antifascistes), sur la réserve, en appelle au passé. « Il y a eu des condamnations après la dictature des colonels [qui a pris fin en 1974 – ndlr], cela n’a pas empêché la montée d’Aube dorée », dit-il, serrant l’épais bâton de son drapeau rouge et noir. « Ce parti-là est mort aujourd’hui, mais les idées fascistes circulent toujours : qu’allons-nous faire de leurs descendants qui sont dehors ? La Nouvelle Démocratie [droite au pouvoir – ndlr] a elle-même recruté des anciens membres extrémistes du Laos [parti nationaliste – ndlr] dans son gouvernement », dénonce-t-il.

Le premier ministre Kyriakos Mitsotakis a réagi positivement au verdict, le qualifiant de « preuve de la séparation des pouvoirs », alors que le chef d’Aube dorée avait dénoncé un « complot politique ». « La démocratie a gagné », a ajouté M. Mitsotakis.

À peine le verdict annoncé, les policiers présents en nombre ont lancé des lacrymogènes en rafale sur la foule paniquée qui a déserté le boulevard. En quelques dizaines de minutes seulement, les forces de l’ordre ont déployé au moins quatre canons à eau. La tension était forte, certains dans la foule dévisageant des forces de l’ordre longtemps accusées de « complicité » avec Aube dorée.

L’impunité dont le parti a bénéficié pendant des années et la sympathie dont il jouissait parmi les policiers ont en effet contribué à son expansion. Le laboratoire d’investigation pluridisciplinaire Forensic Architecture, qui a reconstitué la nuit de la mort de Pavlos Fyssas, assure que « les membres d’Aube dorée, dont de hauts représentants, ont agi de manière coordonnée, et les membres des forces de police spéciales (…) étaient présentes sur les lieux, pendant et après le meurtre, et ne sont pas intervenues ».

Malgré son idéologie nationale-socialiste, aucune interdiction du parti n’était envisageable. Celle du parti communiste banni sous la dictature des colonels a marqué les mémoires et une telle décision est perçue comme contraire aux principes démocratiques.

Le dirigeant Michaloliakos renie aujourd’hui cette idéologie « nazie », se revendiquant « nationaliste ». Dans les années 1980, Aube dorée était pourtant le nom d’une revue présentant une croix gammée sur sa couverture. En 1983, l’ancien député Christos Pappas, jugé mercredi, y qualifiait Hitler de « visionnaire de la nouvelle Europe », comme le rapporte le journaliste Dimitri Psarras dans l’ouvrage Aube dorée : le livre noir du parti nazi grec.

Le groupuscule s’était transformé en parti politique en 1993. À cette époque, l’immigration albanaise liée au conflit des Balkans alimentait le succès des thèses xénophobes. Mouvement marginal dans les années 2000, « il multipliait déjà les actions contre les antifascistes mais ses liens avec la police lui ont permis de continuer, explique Petros Constantinou, coordinateur de la coalition antiraciste et antifasciste Keerfa. À l’époque, nous alertions déjà contre cette menace, mais lorsqu’on parlait d’Aube dorée, les partis de gauche de l’époque nous accusaient d’en faire trop, de les médiatiser. Nous nous sentions bien seuls ».

« Aube dorée se crée des ennemis pour exister, il vise les communistes, les antifascistes, les réfugiés », résume le journaliste Dimitri Psarras, qui a témoigné à leur procès. Les migrants, dont le parti ouvertement raciste préconise l’expulsion, sont une autre cible vulnérable privilégiée. Les attaques se multiplient après leur succès électoral aux législatives de 2012.

Durant la crise de la dette, sur fond de délitement du corps syndical, de détérioration des services publics, Aube dorée a séduit un électorat abattu par les « mémorandums ». Entré au Parlement avec 6,9 % des voix, il s’est forgé une image de « parti social », surmédiatisant des distributions de nourriture, en réalité minimes. Ses membres ont exploité les symboles d’un passé antique héroïque. Vêtus de noir, ils manifestaient torche en main lorsqu’ils rendaient hommage au roi Léonidas et ses 300 Spartiates.

La progression du parti a finalement cessé en 2013. En janvier de cette année-là, Shehzad Luqman, un Pakistanais de 27 ans, a été poignardé par deux de ses partisans, à Athènes. En septembre, des communistes ont été agressés au Pirée. Le point de non-retour sera l’assassinat du rappeur Pavlos Fyssas, connu sous le nom de Killah P, par Giorgos Roupakias. Il a entraîné ce procès historique. Le parti, qui s’est divisé au fil des ans, a subi une déroute aux dernières législatives.

Source https://www.mediapart.fr/journal/international/081020/en-grece-la-condamnation-d-aube-doree-signe-la-chute-du-parti-neonazi

Le parti Aube Dorée reconnu organisation criminelle

La justice grecque qualifie le parti néonazi Aube d’« organisation criminelle »

Son fondateur, Nikos Michaloliakos, et 45 autres députés et membres ont été reconnus coupables d’« appartenance « .

Après plus de cinq ans de procès, le parti néonazi grec Aube dorée a été qualifié d’« organisation criminelle », mercredi 7 octobre, par la cour pénale d’Athènes. Dans un verdict historique acclamé par la foule, mais ponctué d’incidents, le chef et les principaux cadres d’Aube dorée ont été reconnus coupables d’avoir dirigé ce parti.

Devant le tribunal, plus de 15 000 manifestants, selon la police, s’étaient rassemblés à l’appel du mouvement antifasciste, et de syndicats et partis de gauche. Hurlant de joie à l’énoncé du verdict au mégaphone, des manifestants ont lancé des cocktails molotov, auxquels les forces antiémeute, présentes en nombre, ont aussitôt répliqué par des tirs de gaz lacrymogène, des grenades assourdissantes et l’utilisation de canons à eau, pendant une vingtaine de minutes, a constaté une journaliste de l’Agence France-Presse (AFP).

Les principaux cadres absents

Nikos Michaloliakos, 62 ans, négationniste et admirateur du national-socialisme, a été reconnu coupable, avec six autres cadres du parti, de « direction et appartenance à une organisation criminelle ». Il était l’un des 68 accusés du procès fleuve du parti néonazi, impliqué dans un meurtre et deux tentatives d’homicides. Quarante-cinq autres députés et membres d’Aube dorée ont été reconnus coupables d’« appartenance » à une telle organisation, tandis qu’une quinzaine d’autres ont été acquittés.

Seule une dizaine d’accusés étaients présents dans une salle d’audience clairsemée, les principaux cadres étant absents à l’énoncé du verdict. Ils connaîtront leur peine lors d’une audience ultérieure, mais ils encourent entre cinq et quinze ans de prison.

La cour pénale d’Athènes a également reconnu Yorgos Roupakias, membre d’Aube dorée, coupable du meurtre d’un rappeur antifasciste en 2013. Le militant de gauche Pavlos Fyssas, avait été assassiné à l’arme blanche dans la nuit du 18 septembre 2013, à l’âge de 34 ans, devant un café de son quartier de Keratsini, une banlieue de l’ouest d’Athènes. Son meurtrier, qui a reconnu l’avoir tué, risque la prison à perpétuité. Les peines n’ont pas été annoncées mercredi.

« Justice a été rendue »

« Pavlos, mon fils, tu as réussi », a déclaré la mère de la victime, Magda Fyssas, très émue après la décision. Les parents de Pavlos Fyssas avaient écouté le verdict assis au fond de la salle d’audience. Mme Fyssas s’est levée, les poings serrés, en entendant le jugement, frappant frénétiquement la barre d’escalier devant elle, avant de quitter la salle pour fumer. « C’est une décision positive », a ajouté le père du rappeur tué, qui attend cependant de « voir maintenant les peines ».

A l’extérieur, la foule a exulté de joie dès l’annonce du premier verdict. Sur les masques des manifestants, les pancartes et les banderoles, ils proclamaient « le peuple veut les nazis en prison ». « C’est une grande victoire », s’est félicité Giorgios Papanikolaou, du parti d’extrême gauche Antarsya. « C’est très important que le parti soit qualifié d’organisation criminelle et pas uniquement jugé pour le meurtre de Fyssas », a-t-il dit à l’AFP. « Mais la lutte contre les idées nazies et racistes continue », a ajouté le manifestant, alors que le cortège se dirigeait aux cris de « Pavlos vit plus que jamais aujourd’hui » vers la place centrale d’Athènes, devant le Parlement grec.

A la sortie du tribunal, les avocats des parties civiles ont salué une « décision historique ». « Aube dorée est une organisation criminelle nazie », a déclaré MThanasis Kampayannis, avocat du syndicat PAME. « Justice a été rendue : Aube dorée est une organisation criminelle », a également déclaré à l’AFP Me Kostas Papadakis, avocat de pêcheurs égyptiens, autres parties civiles.

Déclin du parti

Dans ce procès fleuve, Aube dorée était en effet jugé pour deux autres affaires, des « tentatives d’homicide » impliquant elles aussi des membres de ce parti : l’une à l’encontre de pêcheurs égyptiens le 12 juin 2012, l’autre visant des membres du syndicat communiste PAME le 12 septembre 2013. La présidente de la cour, Maria Lepenioti, qui a égrené les noms des accusés et leurs jugements, a vu défiler 150 témoins et une cinquantaine d’avocats au cours de plus de 400 audiences ces cinq dernières années.

Formation politique fondée en 1985 par Nikos Michaloliakos, longtemps marginale, la débâcle sociopolitique que la Grèce a dû affronter après la crise financière de 2010 a profité à ce parti néonazi, dont des représentants entrent pour la première fois, en 2012, au Parlement grec. A l’époque, des groupes d’hommes en noir sillonnaient les rues d’Athènes, tabassant leurs opposants à coups de pied ou de barres de fer et scandant « sang, honneur, Aube dorée ».

Qualifié d’« historique » par le monde politique et les parties civiles, ce procès a entraîné progressivement le déclin de la formation, dont la direction renie actuellement l’idéologie nazie. Aux dernières législatives de juillet 2019, Aube dorée n’a obtenu aucun député.

Le Monde avec AFP

Source https://www.lemonde.fr/international/article/2020/10/07/grece-le-chef-du-parti-neonazi-aube-doree-coupable-incidents-devant-le-palais-de-justice_6055138_3210.html

 

Des camps d’asile fermés en Grèce

Après la Moria, l’UE va expérimenter des camps d’asile fermés sur les îles grecques

Un « camp fermé » pour les personnes déplacées est en cours d’installation à Samos dans le cadre de la stratégie de l’UE visant à renforcer ses frontières extérieures. Ni les habitants de l’île ni les personnes qui y seront détenues ne veulent de ce camp.

Le site de ce qui sera l’un des premiers nouveaux camps de l’UE pour les personnes déplacées est entouré d’une clôture en fil de fer barbelé de 6 mètres de long. La chaleur de la journée s’accumule dans la vallée, qui n’est desservie jusqu’ici que par une route de gravier. Le futur camp est situé à plus de 5 kilomètres de Samos, la principale ville de l’île du même nom. Lorsque le camp sera construit, les résidents pourront y entrer par des tourniquets aux portes grâce à des brassards à micropuces. La nuit, les portes resteront verrouillées.

D’ici la fin 2020, Samos devrait être la première île grecque à accueillir un « camp fermé ». L’annonce a été faite par le ministre grec de l’immigration, Notis Mitarachi, lors de sa visite sur l’île fin août. La Commission européenne a accordé à la Grèce près de 130 millions d’euros (152 millions de dollars) pour la construction de centres d’accueil et d’identification polyvalents, qui devraient offrir un niveau d’hébergement supérieur à celui des camps précédents, avec des cabines portables, de l’eau courante, des zones séparées et, surtout, plus de sécurité.

Le concept des camps fermés fait partie d’une nouvelle stratégie visant à mieux sécuriser les régions situées aux frontières extérieures de l’Union européenne. Les camps surpeuplés dans ces régions sont devenus un problème chronique depuis qu’un grand nombre de personnes déplacées ont commencé à arriver en Europe à partir de 2015. Au début de l’année, les îles grecques proches de la frontière avec la Turquie accueillaient plus de 40 000 demandeurs d’asile. Dans la ville de Samos, le nombre de demandeurs d’asile dépassait le nombre de personnes qui y vivaient en permanence. Près de 5 000 personnes vivent actuellement dans le camp existant sur l’île – alors qu’il ne devait en accueillir que 650 au départ.

Les résidents ont construit des tentes faites de sacs de couchage, de bâtons et de bâches. Des tuyaux d’eau sortent du sol. Les portes des cabines de toilettes portables s’ouvrent et se ferment au gré du vent. Il y a une odeur de poisson frit et d’urine.

Renvoyez-nous

Omar, qui a demandé que son vrai nom ne soit pas utilisé, était assis sur une palette, buvant du thé avec sa femme et ses enfants près de la tente que la famille – huit membres en tout – partage. La nuit, les rats sont si bruyants qu’ils ne peuvent pas dormir, a déclaré Omar, 58 ans. Après sept mois d’attente depuis que la famille est venue d’Idlib, en Syrie, il en a eu assez. « Il vaut mieux nous renvoyer dans notre pays », dit-il : Il vaut mieux être en danger dans une guerre civile que d’avoir un refuge indéfini dans ce camp.

Les infections cutanées prolifèrent, a dit Omar, et la plupart des gens sont sans douche. Chaque personne reçoit une bouteille d’eau et deux repas par jour – que les membres de la famille font la queue à tour de rôle pendant trois heures pour les obtenir.

Un fils, Mohammed, qui avait étudié à l’université en Syrie, a distribué les bons de repas pour les jours suivants. Alors qu’au début, chaque personne recevait environ 90 euros par mois, cette somme forfaitaire a maintenant été réduite à 75 euros. Omar avait entendu dire que l’argent économisé servait à améliorer les conditions de vie générales. Mais, dit-il, rien n’a changé pour lui. Au contraire : Depuis que des restrictions ont été imposées à la circulation, a-t-il dit, la situation est devenue encore plus tendue. Il a dit que la situation s’est souvent aggravée la nuit – quand il n’y a ni électricité ni lumière.

Les ONG sont-elles autorisées ?

Après la découverte des deux premiers cas de coronavirus dans le camp au début du mois de septembre, les autorités grecques ont imposé un confinement qui doit durer jusqu’à la fin du mois. Au cours de la semaine dernière, y compris dimanche soir, des incendies ont éclaté dans le camp. On ne sait toujours pas ce qui a provoqué ces incendies. Mais les politiciens grecs mettent en garde contre les effets d’imitation suite aux incendies du camp de Moria à Lesbos, et excusent même les résidents du camp de s’être livrés à des incendies criminels pour échapper aux conditions misérables.

À l’avenir, 2 100 personnes seront détenues au camp – 900 d’entre elles dans une zone fermée où elles attendront que des décisions soient prises sur leur cas, selon Jonathan Vigneron, coordinateur du projet de Médecins sans frontières (MSF) sur Samos. Les chiffres sont tirés d’une carte que le ministre des migrations a distribuée lors de sa visite. M. Vigneron a déclaré que tout cela lui rappelait une prison.

« C’est une chose très effrayante à voir », a déclaré M. Vigneron. Il a ajouté que les organisations internationales avaient demandé des éclaircissements sur la question de savoir si des ONG telles que MSF seraient même autorisées à travailler dans le nouveau camp. La procédure d’enregistrement des ONG rend l’accès presque impossible, a-t-il dit. Dans une lettre ouverte, 68 organisations ont écrit que les conditions dans le camp pourraient créer « une situation préoccupante en ce qui concerne la dignité humaine ».

Les personnes déplacées pourraient avoir un meilleur niveau de logement et plus de sécurité dans le camp fermé, a dit M. Vigneron, mais elles n’auraient rien à faire et aucune liberté de mouvement. « Le camp est situé à 5 kilomètres de tout endroit », a déclaré M. Vigneron. « Ce n’est pas marginaliser les gens : C’est de la ségrégation par définition. »

Cet article a été adapté de l’allemand par Tim Jones. Auteur : Ann Esswein

Source : dw.com

Traduit avec www.DeepL.com/Translator (version gratuite)

Source https://www.infomigrants.net/en/post/27510/after-moria-eu-to-try-closed-asylum-camps-on-greek-islands

Grèce-Turquie : mise en garde Européenne pour Ankara…

At summit, EU leaders talk tough on Turkey
The accord on Turkey came shortly before 1 a.m. | Johanna Geron/AFP via Getty Images

Le Conseil européen met en garde Ankara contre des sanctions, impose des pénalités au Belarus.

Par David M. Herszenhorn, Jacopo Barigazzi et Rym Momtaz

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Les dirigeants européens sont parvenus à un accord *sur la manière de s’attaquer à la Turquie, en convenant tôt vendredi d’avertir tacitement Ankara de sanctions si elle ne parvient pas à résoudre ses différends de longue date avec la Grèce et Chypre, notamment en ce qui concerne les forages énergétiques en Méditerranée.

Mais les dirigeants ont également fait miroiter quelques prunes alléchantes si la Turquie parvenait à apaiser les tensions avec ses voisins de l’UE, notamment en renforçant les liens commerciaux dans le cadre d’une union douanière modernisée et en approfondissant la coopération sur les questions de migration et de réfugiés.

Les dirigeants ont également adopté un langage délibérément ambigu sur les « contacts interpersonnels » qu’Ankara peut interpréter comme un assouplissement potentiel des exigences de visa pour les voyageurs turcs vers l’UE. Certains fonctionnaires de l’UE ont toutefois déclaré qu’une telle analyse serait trop optimiste. Et les diplomates de l’UE se sont vus forcés de réagir négativement à certaines formulations du texte.

La menace de sanctions n’a pas manqué. « En cas de nouvelles actions unilatérales ou de provocations en violation du droit international, l’UE utilisera tous les instruments et les options à sa disposition », ont averti les dirigeants dans leurs conclusions, en citant également les dispositions du traité de l’UE relatives aux sanctions.

« Nous souhaitons vivement avoir une voix plus forte sur la scène internationale », a déclaré le président du Conseil européen, Charles Michel, lors d’une conférence de presse. « Nous sommes prêts à nous engager dans un programme plus positif avec la Turquie, à condition qu’elle s’engage également dans une direction plus positive avec nous, et mette fin à ces actions unilatérales, qui vont à l’encontre du droit international ».

L’UE s’est fermement rangée du côté de la Grèce et de Chypre dans la lutte pour le forage, mais Bruxelles a également essayé de gérer toute une série d’autres tensions avec la Turquie.

L’accord sur la Turquie est intervenu peu avant 1 heure du matin vendredi, après la première journée d’un sommet des dirigeants européens consacré presque entièrement aux affaires étrangères.

L’accord s’est avéré suffisant pour que Chypre cesse de bloquer l’imposition de sanctions dans un autre point chaud de la politique étrangère, le Belarus, en raison de son élection présidentielle contestée – largement condamnée comme frauduleuse – et de la répression violente des manifestants.

*La Grèce et Chypre ont rejeté deux avant-projets de conclusions, estimant qu’ils étaient «trop souples» vis-à-vis de la Turquie, et il a fallu une réunion entre lePremier ministre grec Kyriakos Mitsotakis, le Président chypriote Nikos Anastasiades, le président duConseil européen, Charles Michel, la chancelière allemande Angela Merkel et le Président françaisEmmanuel Macron, avant de pouvoir finalement aboutir à un texte de compromis.

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