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Collectif Grenoble : 2 dates d’actions à retenir

Soutenez les prochaines actions du collectif en retenant ces 2 dates : 29 mars (VioMe)  et 10 avril 2017 (Film Débat Aube dorée)

Le 29 mars à 20h à la MDA de Grenoble : soirée de soutien aux VioMe

Le 10 avril à 19h45 au cinéma Le club de Grenoble : « Aube Dorée : une affaire personnelle »

  • projection du film sur ce parti d’extrême droite en Grèce,
  • débat en présence de la réalisatrice Angélique Kourounis sur la montée de l’extrême droite en Grèce et sur la situation en France et en Europe.

Affiche :

29 mars 2017  Soirée soutien VioMe

10 avril 2017

 

Convoi solidaire Isère Savoie

Convoi solidaire vers la Grèce

De la nourriture, des produits d’hygiène, des jouets, des friandises, des dessins d’enfants … venant de St Martin d’Uriage, Barraux, Grenoble, du Trièves, l’Ecole de Vaulnaveys le Bas ont été acheminées à Pontcharra le 14 mars et ont rempli une bonne partie du fourgon savoyard qui partira le 25 mars 2017 vers la Grèce. Ils seront 23 fourgons à se diriger vers Athènes, Thessalonique et plusieurs iles, venant de France, de Belgique, de Suisse et d’Espagne.

Les besoins en Grèce sont immenses, que cela soit pour les réfugiés qui vivent dans des conditions inhumaines, mais aussi pour les Grecs jetés de plus en plus nombreux dans la précarité par les politiques austéritaires imposées par l’ Union Européenne et mises en œuvre avec zèle par le gouvernement grec.

Cette action solidaire à l’initiative du collectif artistique ANEPOS, a mobilisé en Isère des associations locales (St Martin d’Uriage, Barraux, Pontcharra, le Trièves) et notre collectif ainsi que de nombreux citoyens qui se sont sentis concernés par la situation en Grèce.

Si vous n’avez pas eu le temps de participer à cette collecte vous pouvez toujours envoyer des fonds à l’ordre ANEPOS en déposant vos chèques dans la boite aux lettres d’Attac 38 à la Maison des associations 6 rue Berthe de Boissieux à Grenoble ou en envoyant à l’adresse suivantes ANEPOS, BP 10 81 540 Sorèze en précisant convoi savoyard du 25 mars. Une somme de 500€ a déjà été récoltée et envoyée. 

Grèce: Non au 4e mémorandum

Grèce: « Non au 4e mémorandum. Monnaie nationale et programme révolutionnaire citoyen MAINTENANT « . Par Dimitris Stratoulis

Traduction Vanessa de Pizzol

Gouvernement et représentants des créanciers préparent au Hilton le 4e mémorandum impliquant notamment des mesures anti-populaires en surnombre et aucun nouveau financement pour le pays après 2018.

Mais avant le quatrième mémorandum, ils vont trouver un compromis dans le cadre de ce qu’on appelle l’accord technique sur les conditions préalables de la 2e évaluation, lesquelles sont à la fois antisociales pour le peuple et catastrophiques pour le pays. Ces dernières comprennent l’accélération des privatisations et l’achèvement du bradage des biens publics, la démolition plus importante encore des relations du travail, la facilitation des licenciements collectifs, la réduction du syndicalisme et du droit de grève, la dissolution du secteur public énergétique et notamment de la DEI[1] ainsi que leur cession pour une bouchée de pain à des intérêts économiques étrangers essentiellement spéculatifs.

Concernant le quatrième mémorandum, il comprendra des mesures meurtrières, sur lesquelles on va prélégiférer dès maintenant pour une application après 2018, en particulier l’abaissement drastique du plafond des revenus non imposables, une nouvelle réduction – un véritable carnage – de 10 à 45 % des principales retraites aujourd’hui versées, avec suppression de la fameuse différence individuelle de traitement entre anciens et nouveaux retraités, tout ceci conduisant à une paupérisation encore plus grande de la population dont les revenus et les retraites sont modestes.

Le gouvernement, pour faire passer la pilule et endormir le peuple, promet d’encourager les contre-mesures positives, qui ne pourront suppléer, ne serait-ce que de façon minime, aux pertes qui affecteront surtout les revenus populaires les plus modestes, et qui ne seront appliquées que si notre pays, après 2019, va au-delà d’excédents annuels primaires monstrueux (3,5% du PIB) qu’il faudra malheureusement envisager sur une période longue, comme l’a déjà établi le gouvernement.

Toutes ces mesures barbares antisociales et régressives qui vont accompagner la deuxième évaluation, ainsi que les excédents primaires d’un niveau intolérable exigés jusqu’en 2028, conduiront non seulement à un appauvrissement encore plus important de la société, mais aussi à une impasse économique irrémédiable.

Il existe cependant une autre voie que celle de la misère engendrée par les mémorandums et de la transformation de notre pays en colonie et protectorat des créanciers, notamment de la zone euro allemande. Cette voie alternative passe par la sortie de la prison « zone euro », par l’adoption d’une monnaie nationale, qui s’accompagnera d’une interruption du remboursement et d’une remise en cause de la dette publique, ainsi que par un programme de reconstruction de la production du pays, un programme révolutionnaire, populaire, anti-mémorandaire et de développement.

Avec la monnaie nationale, nous pouvons renforcer la base de production de notre pays en injectant les nécessaires et suffisantes liquidités (financement) dans l’économie et la société grâce à des conditions favorables et des taux faibles, possibilité actuellement inexistante dans l’euro.

Nous voulons destiner ces fortes liquidités (financement) à l’économie pour réaliser des investissements productifs et à la société pour lutter contre la pauvreté, satisfaire les besoins sociaux, soutenir et fortifier les principaux secteurs économiques.

La monnaie unique sera mise en place par un financement via la Banque de Grèce, qui repassera sous contrôle du secteur public et du gouvernement, via les banques qui seront deux fois plus nationalisées par rapport au programme actuel d’investissement public, mais aussi via le soutien des petites et moyennes entreprises et des agriculteurs pour améliorer la production primaire et la transformation.

C’est dans ce cadre qu’aura lieu la politique prioritaire pour la reconstruction des entreprises sous contrôle public et le soutien aux entreprises coopératives et aux clusters, mais aussi à celles qui créeront des emplois, respecteront la législation en matière de travail et d’environnement et contribueront au développement de la recherche, de l’innovation et des nouvelles technologies, au plan de développement démocratique et à la transformation de la production dans l’économie.

Le but de cette transformation de la production vise à une amélioration productive et technologique du pays, une augmentation des emplois et par conséquent la lutte contre le chômage, le soutien et l’élargissement des conquêtes des travailleurs.

La monnaie nationale sera dans le même temps mise à profit pour améliorer les politiques sociales, recapitaliser les fonds d’assurance, soutenir et renforcer les salaires et les retraites, notamment le salaire minimum et la retraite minimum. Également, pour aider les personnes handicapées, les chômeurs, lutter contre le chômage et la pauvreté et favoriser les dépenses publiques et sociales.

Le passage à la monnaie nationale et l’application d’un programme en faveur du peuple et anti-mémorandaire de sortie de crise n’aura rien d’une promenade de santé. Mais il s’agit de la seule voie possible pour empêcher que le peuple grec ne continue de s’enfoncer dans la misère et pour récupérer la souveraineté nationale et populaire.

Affronter les difficultés, qui seront cependant bien moindres que celles que nous connaissons aujourd’hui dans le cadre des mémorandums installant une austérité éternelle, suppose une volonté politique forte, un projet structuré et un soutien combatif porté par un peuple bien informé et la solidarité entre les peuples de l’UE.

La constitution d’un large « front » politique et électoral des forces de gauche, anti-mémorandaires, révolutionnaires, patriotiques, et la désignation d’un gouvernement analogue, constitue la seule garantie de la promotion réussie d’un programme anti-mémorandaire au bénéfice du peuple et particulièrement des nouvelles générations.

*Dimitris Stratoulis est membre du bureau politique de l’Unité Populaire – ancien ministre chargé de la Sécurité sociale.

**Cet article a été publié sur Kontra News (édition dominicale du 5/03/2017)

[1] Entreprise Nationale d’Électricité.

https://unitepopulaire-fr.org/2017/03/19/grecenon-au-4e-memorandum-monnaie-nationale-et-programme-revolutionnaire-citoyen-maintenant-par-dimitris-stratoulis/

Fleurs de ruines : lieux de création alternatifs dans la Grèce des mémorandums

Intervention de Dimitris Alexakis au Nouveau théâtre de Montreuil lors de la table ronde «Alternatives et Solidarités en Grèce»  samedi 4 mars

À partir de 2010, des dizaines de lieux de création alternatifs commencent à apparaître dans les ruines laissées par le retrait et la faillite de l’État grec. Dans le même temps, des fondations privées aux moyens colossaux ouvrent leurs portes ou sont mises en chantier. À partir de notre expérience propre (la création de l’Atelier de réparation de télévisions par Fotiní Banou et moi-même en novembre 2012), ce texte [1] a pour objet d’esquisser un tableau du paysage culturel apparu à Athènes dans le contexte de crise, d’offensive néo-libérale et de «résistance créatrice» que connaît le pays depuis 2008.

1 Tout commence entre 2010 et 2011 avec l’éclatement de la crise des comptes publics grecs, l’imposition des premiers plans d’austérité et la fin des politiques d’aide à la création. En quelques années, tout s’arrête : fin des subventions aux compagnies reconnues et aux théâtres les plus prestigieux (Théâtre d’Art), gel de la production cinématographique locale, fermeture de formations musicales emblématiques (Orchestre des couleurs) et du CNL grec, abandon de fonds d’archives d’intérêt national. Pour de nombreux artistes, la question se résume à peu près à ceci : comment continuer d’avancer au-dessus de ce vide?

À l’initiative de collectifs ou de groupes d’amis, des dizaines de lieux de création de petite taille (studios ou ateliers de danse contemporaine, théâtres, espaces de musique improvisée) commencent à apparaître dans les ruines laissées par le retrait et la faillite de l’État grec : théâtre occupé et autogéré Embrós, studios de danse contemporaine Kinitíras et Faux Mouvement, lieux de création Baumstrasse et Vyrsodepsío (La Tannerie), Studio 9 (musiques improvisées), immeuble du Synergío (quartier de Metaxourgío) et occupation du Green Park en bordure du Champ de Mars, parmi (beaucoup) d’autres.

Ces lieux de création étaient (voire sont encore) des appartements, des ateliers de réparation de télévisions, des hangars, d’anciens cafés municipaux ; plutôt que de les convertir en salles de spectacle conventionnelles (avec leurs sièges en rang, leur scène séparée du public), les artistes choisissent de les laisser en l’état: chaque projet sera ainsi appelé à s’adapter aux conditions spécifiques de l’endroit.

Les spectacles qui y sont présentés sont moins des représentations que des prises de parole, au milieu ou à quelques centimètres du public, des rencontres et des vis-à-vis (entre un comédien et un seul spectateur) ; la représentation crée d’autres fois les conditions d’une parole partagée, se mue en conversation. Ce sont aussi des projets hors les murs : tel groupe théâtral organise une rencontre avec un quartier, son histoire et ses habitants, la représentation devient déambulation dans les rues et les lieux fermés par la crise (Omáda 7, UrbanDig Project, Caravan Project, Alèxandros Mistriótis, dont la Visite convoque la mémoire historique d’Athènes).

Le public devient partie prenante d’une action, d’une recherche ; les visiteurs ne sont plus là exactement des spectateurs et moins encore, dans une ville dont un grand nombre d’habitants ne consomment plus que le strict nécessaire, des consommateurs de culture.

Les conditions de ces lieux alternatifs sont marquées par la polyvalence [2] et ne cessent pas d’être précaires (il n’y a pas en Grèce de statut d’intermittent) ; les marges économiques, toujours asphyxiantes, n’assurent dans le meilleur des cas que la pure et simple reproduction de la force de travail (ne gagner jamais que ce qui permettra de continuer à faire vivre le lieu) mais offrent la satisfaction que l’on retire à sauvegarder un talent, un métier, un art, à continuer d’avoir une voix, à faire quelque chose qui en vaut la peine dans un contexte où de plus en plus de jeunes diplômés des Beaux-Arts, des conservatoires et des écoles d’art dramatique se voient contraints pour survivre d’accepter n’importe quel emploi (dans la restauration, les centrales d’appel de téléphonie mobile, le bâtiment ou les services de livraison) ou poussés à l’exil (Allemagne, Suède, Angleterre…): le passage du Welfare State au Workfare à quoi se réduit pour partie la «crise grecque» laisse de fait sur le carreau des milliers de jeunes artistes précaires.

S’ils demeurent eux-mêmes particulièrement fragiles et ne se développent qu’à petite échelle, ces lieux ont cependant des effets non négligeables : ils constituent souvent le seul foyer d’activité culturelle dans des quartiers désertés par l’initiative municipale, régionale ou étatique, et offrent un toit aux artistes débutants.

2 Cette réponse est, si l’on y pense, du même ordre que celle qui voit, à partir de l’occupation de la place Sýntagma (été 2011), la multiplication en Grèce des structures de solidarité, de production et de distribution alternatives dans des domaines aussi divers que la santé (dispensaires sociaux), l’éducation (écoles ou garderies autogérées), l’alimentation (cantines sociales), la production (coopérative Vio.me), l’agriculture (parcelles mises en culture sur des terrains occupés, à Thessalonique ou en bordure d’Athènes) et l’aide aux réfugiés, à partir de l’été 2015. La nécessité de répondre aux besoins les plus immédiats conduit un grand nombre de personnes à passer de la contestation traditionnelle (manifestations, grèves) à une forme de «résistance créatrice» [3] souvent aux marges de la légalité. Il s’agit toujours de jeter des passerelles ou des ponts au-dessus du vide: au lieu de continuer à se référer aux structures antérieures, désormais fantômes, faire émerger de nouvelles structures, de nouvelles institutions.

Ces lieux tiers commencent ainsi, à partir des quartiers, à élaborer les prémices de ce qui pourrait devenir une nouvelle politique culturelle — et se heurtent tantôt à l’hostilité des pouvoirs publics (fermeture de nombre d’entre eux par la municipalité de Giórgos Kamínis en 2013), tantôt à leur indifférence. Après l’espoir déçu de janvier 2015, il apparaît clairement que la culture de la gauche reste oblitérée par l’imaginaire étatique ; les ministères de la Culture de Sýriza s’intéresseront ainsi davantage aux alliances entre État et grandes fondations privées qu’au soutien qu’ils pourraient apporter à cet espace alternatif.

Dans le même temps, cet espace tiers devient un enjeu crucial de la période, entre paradigme démocratique du mouvement des places, des comités populaires de quartiers, et paradigme libéral de la Big Society de David Cameron, porté par les grandes fondations privées. Nouvellement créées, celles-ci (Onassis, Niarchos et Neon) commencent à certains égards à fonctionner depuis le champ culturel à la manière de think tanks ou de laboratoires d’un capitalisme en train de se réinventer, en recherche d’issues et qui, après avoir investi dans l’art contemporain, s’intéresse à présent de très près à toutes les manifestations du spectacle vivant et des arts éphémères.

3 Car la crise ne voit pas seulement fleurir les lieux de création alternatifs. Dans le même laps de temps, des fondations privées aux moyens colossaux ouvrent leurs portes ou sont mises en chantier en se positionnant aux frontières de la politique culturelle (dans des domaines aussi cruciaux que l’aide à la création, l’accueil de compagnies étrangères, la création d’une nouvelle Bibliothèque nationale et d’un nouvel Opéra), du mécénat d’entreprise (promotion d’un capitalisme soucieux, à travers les artistes, de «l’intérêt général»), de la politique de la ville (grand projet d’urbanisme Rethink Athens, impulsé par la Fondation Onassis et ayant pour objet de redessiner le centre de la capitale) et de la politique tout court (campagne en faveur du «oui» au référendum de juillet 2015 soutenue là aussi par la Fondation Onassis).

Le paysage culturel athénien est donc aujourd’hui marqué par trois phénomènes : la disparition des politiques d’aide à la création et la réduction drastique du soutien à la préservation du patrimoine, l’hollowing out of the State décrit par un certain nombre d’analystes anglo-saxons («évidement» depuis l’intérieur de fonctions-clés de l’État social), la montée en puissance des fondations privées (comme dans le reste de l’Europe : Fondations Louis Vuitton au bois de Boulogne, Prada à Milan, Pinault à Venise, etc. [4]) et la multiplication de ces lieux de culture, entre occupations sauvages ou négociées, associations à but non lucratif et fabriques de culture sur le mode de la coopérative : un État en faillite, des fondations rappelant les paquebots éclairés traversant la nuit les films de Fellini, et des radeaux [5] en ordre dispersé.

Ce qui distingue ces radeaux faits de bric et de broc de ces transatlantiques lumineux n’est pas seulement leur taille, la disproportion radicale des moyens dont ils disposent (la fondation Onassis dont le siège se trouve à Vaduz, Liechtenstein, s’adosse à un empire industriel et financier ; de même pour la fondation Niarchos, qui siège en Suisse, et pour la fondation Neon, établie à New York et Londres aussi bien qu’à Athènes et dont le créateur, Dimítris Daskalópoulos, est l’ancien patron de la Confédération des industries grecques et a dirigé le plus important conglomérat de l’industrie alimentaire locale).

Ce qui les distingue, c’est aussi l’inscription dans un quartier, le positionnement dans la ville, le lien au voisinage : la fondation Onassis est située au bord d’une voie rapide, sur un axe décentré (le long de l’avenue Syngroú, vers la mer [6]), de même que la fondation Niarchos (qui abrite la nouvelle Bibliothèque nationale et le nouvel Opéra). Les possibilités de créer un lien vivant et authentique avec le quartier sont là à peu près nulles, malgré les efforts déployés : la taille même des bâtiments (et leur architecture) rendent cet espoir vain. Ce sont des lieux structurellement coupés de leur habitat et qui ont en général plutôt vocation à entraîner un remodelage du quartier, voire une destruction de sa dimension populaire (grands projets d’urbanisme visant à redessiner le centre-ville — Rethink Athens —, investissements immobiliers, notamment dans le quartier de Metaxourgío).

Dans un contexte où la politique, comme en Grèce, s’est effondrée, le travail artistique, condensateur d’un réel, d’une situation, revêt une importance accrue, d’où la pertinence de s’interroger sur les conditions et les lieux dans lesquels il s’exerce. Dans ce contexte de crise organique du capitalisme marqué par une rupture franche entre État et société civile — en Grèce, cette rupture est consommée entre 2008 et 2010, donc avant l’apparition officielle sur les agendas européens de la «crise de la dette» —, le capitalisme lui-même paraît être à la recherche d’issues et semble quelquefois les trouver dans la récupération, l’appropriation des formes de contestation portées par les mouvements sociaux. C’est le paradoxe apparent de la politique de certaines grandes Fondations, qui s’inscrivent dans le droit fil du processus néo-libéral en s’efforçant d’y intégrer les formes mêmes de sa remise en question. L’art devient le biais par lequel un discours critique ou une pratique activiste peuvent être réintégrés et captés par le système dominant. L’exemple de Julie Mehretu, artiste picturale travaillant notamment sur le «mouvement des places» et dont une œuvre ornait le hall d’entrée de Goldman Sachs, à New York, est à cet égard éclairant [7].

Car ces fondations privées développent souvent une politique culturelle libérale et ouverte (aux droits des minorités ethniques ou sexuelles, des handicapés) tout en envisageant le démembrement des politiques publiques comme une occasion de refonder l’ensemble du champ politique, de reformuler la question de la «gouvernance» en termes proches de ceux qui animaient la campagne de David Cameron [8], d’impulser de grands projets urbanistiques et / ou immobiliers et d’intervenir de manière non équivoque dans le cours de la vie publique. Ces mêmes Fondations se plaisent également, dans le droit fil du mécénat traditionnel, à soutenir projets caritatifs, humanitaires voire scientifiques liés aux conséquences de la crise : la Fondation Niarchos a par exemple contribué à la fondation d’un «Observatoire de la crise» [9].

Ruines publiques, fondation privées: leur puissance financière leur permet en outre de devenir «partenaires privilégiés» du Théâtre national de Grèce [10] ou de voler au secours d’un Théâtre d’Art menacé de faillite.

4 Malgré le fait qu’ils aient tout, et que nous n’ayons rien, nous parvenons cependant à nous faire entendre et à exister. Pour combien de temps ?

Notre souci quotidien : est-ce que les gens viendront, aujourd’hui ? Après plus de 4 ans de lutte pour faire exister l’endroit, l’année 2016-2017 est à la fois, pour nous, celle d’une certaine reconnaissance, et la plus difficile : si les Athéniens ont longtemps tenu bon à la crise en continuant (notamment) d’aller au théâtre, les quelques économies qui avaient permis à beaucoup de tenir sont maintenant épuisées et de nombreux espaces accusent depuis septembre une baisse de fréquentation sévère [11].

Le désir et la curiosité sont aussi touchés par la crise : sans horizon politique visible, dans l’impasse à laquelle semble se résoudre la période de gouvernement Sýriza depuis la «capitulation» de juillet 2015, le renoncement finit souvent par l’emporter sur le désir (de sortir, de rencontrer des gens, de discuter, de découvrir autre chose, d’écouter une histoire).

Dans ce contexte, de plus en plus de lieux, de compagnies, d’artistes (dans tous les domaines : performance, vidéo, documentaire, théâtre) se tournent assez logiquement vers ces fondations pour faire financer leurs projets.

Ce n’est pas notre cas, malgré les difficultés et la précarité à laquelle nous sommes confrontés : nous nous appuyons sur la trésorerie, en partageant les recettes avec les compagnies invitées (le risque est commun, l’aventure est commune) et en essayant de développer des collaborations avec des troupes et des théâtres de l’étranger. Si nous ne pensons pas que l’intervention de l’État soit le fin mot de tout, il nous serait impossible de recevoir certains artistes (la compagnie Scarface Ensemble, de Strasbourg, ou la performer et chorégraphe Jasmin İhraç) sans l’aide de lieux subventionnés et / ou de fonds régionaux, à Reims, Rennes, dans la région parisienne, à Berlin. D’autres projets associant des artistes étrangers se fondent simplement sur la débrouille de collectifs autogérés qui, par le biais d’une collecte de fonds ou l’organisation d’un festival, parviennent à financer leur venue sans passer par la case État.

L’espoir que nous formions en janvier 2015 était notamment lié à la possibilité de repenser l’articulation entre puissance publique et espace tiers, et, au-delà du champ culturel, entre initiatives venues d’en bas (santé, alimentation, éducation, etc.) et État. Cet espoir a été déçu — ou, plus exactement, s’est fracassé contre les diktats de la troïka et l’absence à peu près totale de réflexion sur ces enjeux de la part de la gauche de gouvernement (Sýriza), qui doit pourtant son ascension à ces initiatives d’en bas, mais pour laquelle la question du pouvoir continue de se réduire à la question de l’État : coquille vide, dans la Grèce de 2017, privée de tout pouvoir d’agir sur le réel (sauf de façon catastrophique). Le seul but des gens de pouvoir est de se maintenir au pouvoir, même lorsque ce pouvoir-là est sans pouvoir aucun.

Nous persistons cependant dans notre projet en insistant de plus en plus sur l’ancrage du lieu et sa position dans la ville, en nous efforçant de répondre à la réalité sociale immédiate, par exemple au travers d’ateliers de jeu théâtral avec de jeunes mineurs étrangers non accompagnés, et en préservant notre autonomie — autonomie qui nous permet de faire entendre un point de vue proprement politique, que ce soit sur la fermeture en 2013 de la radio-télédiffusion grecque, sur la dite «crise des réfugiés» à partir de 2015 ou sur les négociations du gouvernement grec avec les instances européennes et le FMI.

À titre d’exemples concrets, pour donner une image de notre programmation :

– Un festival d’improvisation musicale permettant de collecter des fonds pour l’un des collectifs d’avocats ayant intenté une action en justice contre «Aube Dorée» (organisation criminelle se revendiquant explicitement du nazisme et représentée au Parlement hellénique).

– Des ateliers d’expression théâtrale avec de jeunes migrants non accompagnés.

Tchernobyl, une création théâtrale au terme de laquelle les spectateurs parlent et discutent entre eux, quelquefois plus d’une heure.

– Le festival Multiversal, organisé avec un collectif européen autogéré (noise, performance, électronique).

Babel, es-tu là ?, un atelier international avec les Ateliers du vent aboutissant à une performance de 24h (nouvelle façon d’habiter l’espace, d’y circuler et surtout d’y passer du temps).

Temps Zéro, installation visuelle et sonore (avec le photographe Stéphane Charpentier et des dizaines d’artistes, européens, américains, japonais, russes).

– Des collectes de denrées alimentaires et de vêtements pour une structure de solidarité du quartier (les spectateurs, au lieu d’acheter des tickets de théâtre, déposent à l’entrée des sacs de riz, de pâtes, des conserves, etc.).

– Un programme de documentaires créatifs sur la «crise de la dette» dans le monde et en Grèce (Alcyons, de Laure Vermeersch, Matière première de Chrístos Karakèpèlis…).

– Une performance théâtrale et musicale autour de la mémoire de la guerre civile, Guerre des paysages, avec la metteuse en scène Irène Bonnaud et l’artiste Ilías Poúlos (printemps 2017).

(Exemples seulement indicatifs : une des clés de la survie du lieu tient au fait qu’il demeure ouvert 5, 6 ou 7 jours sur 7, une grande partie de l’année.)

Piste à suivre (mais difficile à mettre sur pied étant donné que nous sommes déjà requis à temps plein par le travail dans l’espace) : créer un réseau et des collaborations avec des lieux équivalents au nôtre et œuvrant dans d’autres quartiers, de façon à ce que ce champ autonome apparaisse mieux et se renforce de coopérations et d’échanges.

Projet immédiat : accueillir des rencontres de structures de solidarité désireuses de refonder le maillage d’initiatives venues d’en bas, qui a pour partie volé en éclats après le crash de juillet 2015, avec, notamment, d’anciens membres fondateurs de Solidarity For All [12].

5 La contestation artistique des politiques d’austérité et de l’ordre néo-libéral ne saurait provenir de l’intérieur des grandes fondations privées, structurellement liées au monde de la finance, que leur capital se soit constitué (comme en Grèce) dans la marine marchande ou l’industrie alimentaire, ou (comme en France et en Italie) dans l’industrie du luxe (LVMH, Prada) ; le spectacle que nous accueillons actuellement, Pénélopes, fondé sur un travail avec des immigrées géorgiennes et syriennes, ne pourrait être entendu de la même façon et n’aurait en définitive pas le même sens, présenté dans une fondation privée.

Le tiers espace dans lequel nous nous inscrivons constitue à nos yeux un enjeu politique majeur : l’initiative par le bas n’est pas politiquement ni socialement neutre (le fait que nous travaillions et vivions à Kypsèli, dans un quartier de retraités grecs frappés de plein fouet par la crise, d’immigrés et d’artistes précaires et non, par exemple, dans un quartier branché n’est pas neutre non plus). Depuis le mouvement des places de 2011, ces initiatives, qu’elles relèvent de la coopérative, de l’autogestion, de l’association à but non lucratif ou soient sans statut juridique, sont au contraire investies de significations politiques et doivent faire entendre leur différence, vis-à-vis de l’État comme des puissances privées.

Entre le monde de la finance et le monde financé (dans l’école maternelle de notre fille, même les repas sont financés par des programmes européens), un troisième monde est apparu en Grèce à la faveur du big bang [13] de la place Sýntagma, en mai 2011 : celui des comités de quartiers, de l’auto-organisation populaire, des marchés sans intermédiaires, des parcelles occupées et cultivées au cœur des villes, un monde de territoires à défendre, de biens à produire et à distribuer autrement, d’habitudes et de formes de vie nouvelles, de liens, un autre imaginaire où le collectif répond à l’atomisation.

La gauche n’est plus depuis longtemps le lieu où la société se réinvente en répondant (notamment) à ses besoins les plus urgents. Après l’effondrement de la «gauche radicale» grecque, aucune politique sociale ne saurait à nos yeux être mise en œuvre sans reconnaître d’abord le rôle de premier plan joué par les mouvements et les initiatives par le bas [14]. Cela implique de redéfinir en profondeur la place, la nature et la forme de cet échelon ou de ce relais politiques. Les initiatives évoquées ici constituent dans la société, dans des domaines aussi divers que l’agriculture, la santé, l’éducation, la production, la culture, les conditions mêmes d’un pouvoir d’agir réel. L’auto-organisation populaire radicalement décentralisée telle qu’elle apparaît en Grèce à partir de l’événement inaugural de Sýntagma [15] et qui a essaimé entre 2011 et nos jours à travers plus de 250 structures de solidarité est l’unique base effective possible d’un changement politique de plus grande ampleur. Il nous semble donc que la question de l’auto-organisation, de l’auto-institution (pratique autant qu’imaginaire) de la société devrait être posée préalablement à tout autre débat (sur la sortie de l’euro et la monnaie, par exemple). Resterait à la «gauche de gouvernement» de cesser de l’être : de se dessaisir de ce fétiche de pouvoir auquel se réduit désormais le projet social-démocrate et de se laisser guider par les réponses, les initiatives et les inventions venues d’en bas.


Dimitris Alexakis, 8 mars 2017, Athènes


[1] Tiré d’une intervention au Nouveau théâtre de Montreuil lors de la table ronde «Alternatives et Solidarités en Grèce» animée par Alexis Cukier, avec Marie-Laure Coulmin-Koutsaftís, Pános Angelópoulos et Yánnis Youloúntas, le samedi 4 mars 2017. Le titre de ce texte reprend celui d’un roman de Patrick Modiano, Fleurs de ruines.

[2] «Directeurs artistiques» ou «programmateurs» appelés dans le même temps à s’occuper de photographie, de graphisme, de médias sociaux, du DJ set, de comptabilité, du nettoyage de l’espace, du déplacement des décors et des sièges pour la représentation du lendemain, de la rédaction des communiqués de presse, du bar : la polyvalence du précariat est là mobilisée en permanence, comme une condition de survie.

[3] L’expression est empruntée à Chrístos Giovanópoulos, ancien membre fondateur de la structure de solidarité Solidarity For All, dans un entretien à paraître prochainement.

[4] Voir le récent essai d’Arundhati Roy qui évoque le cas des fondations privées en Inde : Le Capitalisme, une histoire de fantômes, Gallimard, 2016.

[5] L’expression est empruntée à Sophie Wahnich, Le Radeau démocratique, Lignes éd., 2017.

[6] La Fondation Onassis et le Centre culturel de la Fondation Niarchos sont tous deux situés le long de l’avenue Syngroú, en direction du front de mer. Voir à ce sujet les articles (en grec) publiés dans le mensuel Unfollow par Èffi Yannopoúlou et Thèóphilos Tramboúlis : https://left.gr/news/politismos-ton-idrymaton-i-eggrafi-tis-istorias

[7] http://www.newyorker.com/magazine/2010/03/29/big-art-big-money

[8] De nombreuses tables rondes organisées par la Fondation Onassis évoquent ainsi le passage d’un État social et interventionniste à un État réduit au rôle de régulateur, voire de simple intermédiaire entre «société civile» et secteur privé.

[9] http://crisisobs.gr/en/

http://www.eliamep.gr/en/about-us/funding/

[10] Et d’y avoir le cas échéant un droit de regard sur la programmation ; voir le scandale récent lié à la déprogrammation subite de la représentation L’Équilibre de Nash, au motif que les textes d’un membre incarcéré de l’organisation d’extrême-gauche armée 17 Novembre y étaient rapportés : http://www.humanite.fr/en-grece-la-democratie-en-joue-600230 Il est également intéressant de noter que la Fondation Louis Vuitton était en 2016 partenaire du Théâtre de l’Odéon, à Paris, comme de s’interroger sur les raisons poussant l’Odéon, en 2015, à devenir «le premier théâtre public à se lancer dans le crowdfunding».

[11] Parfois de l’ordre de 50 ou de 60% des entrées.

[12] Structure originale, fondée en 2012 par d’anciens activistes du parti Sýriza, d’appui et de mise en réseau des initiatives de solidarité à travers la Grèce.

[13] L’expression est utilisée par Chrístos Giovanópoulos, ancien membre fondateur de Solidarity For All, dans un entretien à paraître prochainement.

[14] C’est tout l’intérêt des travaux de la sociologue chilienne Marta Harnecker.

[15] Assemblées populaires des places, mai – septembre 2011.

 

CR réunion collectif du 13 mars 2017

Réunion du collectif « Citoyens de Grenoble contre l’austérité en Grèce et en Europe » du 13/3/2017

Présents : Christine R., Lucienne L., Bernard L., Liliane C., Béatrice R., François C., Catherine S., Nicole C., Isabelle R., Michèle M, Max F. Excusés : Jojo, M Claude.

1) Rencontre nationale des collectifs à Paris le 25/2/2017

Le compte rendu n’a pas encore été reçu et dans l’attente un retour succinct :

Environ 21 personnes. Collectifs représentés : Paris, Avec les grecs 56, Bretagne, Poitiers, Lyon, Anepos Tarn (collectif artistique et solidaire), Marseille, Grenoble mais beaucoup de collectif étaient absents ( Rennes, Nîmes…)

Retour sur la caravane solidaire vers la Grèce qui a eu lieu en octobre 2016 :
Chaque participant a livré son ressenti sur la caravane et a expliqué ses actions depuis la dernière réunion des collectifs. D’une façon générale la partie de la caravane en France n’a pas posé de problème et la caravane a été bien accueillie en Grèce, avec cependant un manque de coordination et d’objectifs clairement identifiés.

Mais il n’y a pas eu de véritable bilan avec listage des aspects positifs et négatifs et pas de bilan financier.
Un groupe spécifique de coordination sera à créer pour facilité l’organisation d’une prochaine caravane.

Charte de fonctionnement du collectif national :
Pour essayer d’organiser au mieux la vie de la structure nationale, un projet a été élaboré par les collectifs de Grenoble, Lyon, Anepos et soutenu par Rennes et Aubagne. Un groupe spécifique organisé par Lyon se réunira pour affiner la charte.

En attendant une déclaration reprenant les grands principes de la charte a été adoptée :
« Les membres des collectifs et comités solidaires du peuple grec, réunis à Paris ce 25 février 2017 :

  • appellent à poursuivre la résistance contre les politiques d’austérité et leurs conséquences dramatiques sur les populations, en Grèce, en France et ailleurs ;
  • réitèrent leur refus de collaborer avec ceux qui appliquent ou prônent ces politiques dévastatrices ;
  • rappellent que l’action de nos collectifs est sur un axe politique et solidaire, pas humanitaire, pour une entraide sans intermédiaire entre les mouvement sociaux qui développent des initiatives solidaires autogérées et/ou auto-organisées ;
  • proposent une information publique sur ces thèmes, notamment sur la situation réelle en Grèce, en distinguant une liste électronique d’information accessible à tous et une autre liste réservée aux discussions entre collectifs ; un groupe de travail est chargé de cette mise en œuvre ;
  • décident d’élaborer une charte de principes pour le bon fonctionnement du réseau des collectifs (qui restent totalement autonomes), sur la base de l’appel parisien de février 2013, de la déclaration commune du 20 février 2016 et d’un projet de charte porté ce jour par cinq collectifs ; un groupe de travail est chargé de préparer cette charte qui sera discutée dans les collectifs et adoptée avant l’été 2017.

Rien n’est fini, tout commence. L’austérité n’est pas une fatalité. La destruction croissante du bien commun, de la santé et de la vie, nécessite que nous redoublions d’efforts pour lutter, dans la solidarité et la fraternité entre les peuples. »

2) Rencontre avec nos voisins lyonnais

La rencontre prévue le 11 février n’a pas pu se tenir, une nouvelle date est à programmer, cela sera un samedi après-midi à La Tour du Pin., Christine prépare un Framadate.

3) Convoi solidaire vers la Grèce organisé par Anepos

Le 25 mars, une vingtaine de fourgons partiront de France, 1 de Belgique, 1 de Suisse et 1 d’Espagne partirons vers la Grèce. Ils seront remplis de nourriture, de produits d’hygiène, de jouets … de tout ce qui manque à de nombreux Grecs et Réfugiés. En Isère des produits collectés à Grenoble, dans le Trièves, à St Martin d’Uriage, à Barraux, à Pontcharra, des dessins d’enfants de Vaulnaveys le bas, partiront dans 2 fourgons savoyards.

Le collectif de Grenoble coordonne la récolte et donne rendez-vous le 14 mars de 13h à 14h sur le parking de la MC2 pour charger toutes les fournitures récoltées et se rendre à 15h au point de rendez-vous à Pontchara avec Nicolas le chauffeur du véhicule et l’association La Bassine.

4) Soirée de soutien aux travailleurs de VIOME le 29 mars à la MDA de Grenoble

– recensement des envois d’annonce déjà faits et repérage des manques (CCFD, Nuit debout …)relancer l’annonce vers le 23 mars,

– le CADTM apportera des panneaux sur les VIOME et sur la Grèce, ainsi que des textes informatifs sur la situation en Grèce.
– Max tirera des bons de commande, des listes des produits disponibles et la pétition de soutien lancée par Lyon.
– nous essaierons de rentrer en communication vers 21h30 ( 22h30 en Grèce) avec un des travailleurs de VIOME pour qu’il nous explique la situation présente en complément du film (Next stop: Utopia) diffusé en début de soirée. Un ou deux traducteurs ou traductrices seront sollicités par Christine.

– préparer des questions à envoyer dès maintenant par l’intermédiaire de Nicolas de Lyon pour connaître la situation actuelle afin de pallier à un problème technique de liaison et pouvoir répondre au public.
– la clôture des commandes a lieu le 5 avril, Béatrice récupèrera les dernières quelques jours plus tard dans la boite d’Attac. La commande sera envoyée à Thessalonique aux alentours du 10 avril, le camion de livraison devrait partir le vendredi 21 avril, pour un distribution aux alentours du 27 avril. Confirmer ces dates au PG qui a donné son accord pour la mise à disposition des locaux (Christine).

5) Film d’Angélique Kourounis « Aube dorée : une affaire personnelle » le 10 avril au cinéma Le Club

– un petit buffet (chacun d’entre nous apporte quelque chose à manger) sera organisé pour le repas avec Angélique, il aura lieu dans la petite salle à côté du Club avant la projection
– le modérateur de la soirée sera Gérard Collet prévoir un temps de rencontre avec Angélique avant le buffet
– il est à prévoir l’hébergement d’Angélique ( 2p) avec possibilité de parking sécurisé pour son fourgon

6) Prochaine réunion du collectif

jeudi 20 avril 2017 de 17h à 19h salle 210.

L’austérité pousse les Grecs vers la dépression collective

par Fabien Perrier

L’Eurogroupe qui se réunit ce lundi 20 février réclame de nouvelles mesures d’austérité à la Grèce. Le spectre du « Grexit » refait surface alors que l’économie du pays est exsangue.

Athènes doit rembourser 7 milliards d’euros à ses créanciers avant l’été. Or, comme depuis 2011, elle ne pourra pas honorer ses dettes sans toucher au préalable la dernière tranche de crédit que le FMI et les membres de la zone euro lui ont promise en juillet 2015 (86 milliards d’euros). Les créanciers réclament de nouvelles mesures… alors que la population est à bout.

« Tous les ans, la situation scolaire se dégrade. Je n’ai plus d’espoir d’amélioration ! » La mine de Dimitris Panogiotakopoulos s’allonge dès qu’il parle de l’école primaire qu’il dirige, à Elefsina, à une vingtaine de kilomètres d’Athènes. « Entre 2009 et aujourd’hui, le budget a diminué de 70%, confie-t-il. Nous n’avons même pas de quoi acheter les craies. Nous avons dû organiser une collecte sur la place centrale de la ville pour nous procurer les fournitures scolaires ». Kostas Vamvakas, professeur de sport, fait le même constat : la situation est identique dans son lycée. Face à l’urgence, les deux hommes ont monté un réseau de solidarité. « Certains gamins n’ont même pas un blouson à se mettre sur le dos cet hiver ! Ils en pleurent avec ce froid », témoigne l’enseignant. Dans le bureau du directeur, tous sont couverts : le chauffage est en marche mais au minimum.

Une ville industrielle naguère prospère

Kostas Vamvakas est amer : « En 2015, nous espérions qu’Alexis Tsipras [l’actuel premier ministre] et son parti, Syriza [la gauche grecque] stoppent la descente aux enfers ». Pour Dimitris Panogiotakopoulos, seule une sortie de l’euro mettra un terme aux problèmes.
Pour se justifier, il décrit « sa ville » avant la crise. Dans cette banlieue ouvrière en bord de mer, les cheminées des raffineries crachaient leurs fumées noires de jour comme de nuit. Les chantiers navals tournaient à plein régime. Deux entreprises métallurgiques et deux cimenteries bordaient une route nationale souvent embouteillée. Les commerces étaient florissants.

Mais, avec la crise, des réformes drastiques sont exigées. Les trois « mémorandums » signés par les gouvernements grecs avec les créanciers en échange de prêts pour éviter au pays le défaut de paiement dictent un programme impitoyable : baisses des salaires et des pensions, suppression des conventions collectives remplacées par des contrats individuels, hausses d’impôts et des taxes, privatisations, coupes dans les dépenses publiques…

Aujourd’hui, « l’industrie est ruinée », souligne le directeur de l’école, par ailleurs élu de l’agglomération d’Elefsina-Aspropyrgos. Sur la route nationale, toutes les entreprises sont fermées. Les devantures de nombreux magasins affichent « à vendre » ou « à louer ». Dans cette ville qui sera capitale européenne de la culture en 2021, un tiers des 30 000 habitants sont au chômage.

Des salaires coupés en deux

« Depuis 2009, mon chiffre d’affaires a baissé de plus de 60% », se désole Giorgia Fratzeskaki. Cette coiffeuse à Aspropyrgos se demande combien de temps son salon restera ouvert. Elle vit sur la pension de son mari, qui a pourtant fondu de moitié. A 58 ans, elle « espère tenir encore deux ans… mais ce n’est pas gagné ! La fiscalité augmente et maintenant, nous versons même certaines taxes par anticipation. Cela pousse à travailler au noir », dénonce-t-elle.

Maria Papada, 50 ans, renchérit : « Mon salaire annuel est moitié moins qu’en 2017, 830 euros par mois, mais je dois bosser quatorze heures par jour. Les heures supplémentaires, ils ne nous les payent plus. Les primes de Noël et de Pâques ont disparu. » La discussion s’anime. La tante de Giorgia souligne : « Mon fils est chercheur en cancérologie. A l’université à Athènes, il n’y avait même pas de papier dans les toilettes ! Il est parti en novembre 2015. En Arabie Saoudite. » Et toutes proclament : « Avec l’euro et les mémorandums, la Grèce ne peut pas survivre. »

« Les Grecs ne font plus de projet d’enfant, de vie… »

Seule certitude : le pays connaît une véritable paupérisation. Chercheur à l’Institut du Travail, Christos Triandafilou précise que plus d’un tiers des Grecs sont aujourd’hui en risque de pauvreté ou d’exclusion sociale ; 21,4% vivent déjà sous le seuil de pauvreté. Et il souligne qu’avec les baisses successives des salaires, le seuil de pauvreté a baissé. « Il était de 6120 euros en 2007 pour une personne seule, il est désormais de 4512 euros. » Dans ce contexte, le découragement est généralisé : le nombre de chômeurs longue durée a explosé « et eux n’ont aucune indemnité ni couverture sociale. »

« L’instabilité et l’insécurité sont les deux mots qui décrivent l’état psychologique actuel des Grecs », selon Christos Koutsaftis. Psychologue et psychanalyste, il exerce, lui, à Glyfada, un quartier huppé en bord de mer. « Les Grecs ne peuvent plus faire de projet d’enfant, de vie… Sur trois ou quatre mois, c’est le maximum. » Pourquoi ? « Il est impossible de construire quand on ne sait même pas si l’on aura encore son emploi dans six mois. » Après sept années de crise et trois mémorandums (un quatrième est évoqué avec insistance), la société grecque est en dépression collective.

Source : Le Temps

http://www.cadtm.org/L-austerite-pousse-les-Grecs-vers

Grèce Répression policière squats de réfugiés et migrants

Tsipras attaque à nouveau les squats, cette fois à Athènes ! par Yannis Youlontas 13/3/17

La tension monte à Athènes depuis l’aube, suite à une nouvelle agression du pouvoir contre le mouvement social et les réfugiés.
 
Huit mois après l’attaque surprise et simultanée de trois squats à Thessalonique le 27 juillet 2016*, Tsipras vient de recommencer ce matin à l’aube, mais cette fois au centre de la capitale.
 
C’est à nouveau un squat de réfugiés et de migrants qui a été la victime principale de sa répression policière : le squat « Scholeio » (École) de la rue Alkiviadou (Alcibiade), dans le quartier d’Acharnon, à 500 mètres d’Exarcheia .
Les 126 réfugiés et migrants, pour la plupart des familles syriennes (une cinquantaine d’enfants), ont été malmenés, effrayés et parfois trainés sur le sol dans la rue selon des témoins, avant d’être envoyés au centre d’identification des étrangers de Petrou Ralli. Ils rejoindront par la suite les indignes camps de rétention de l’Attique, pour la plupart conçus à l’initiative des dirigeants de l’Union européenne. Début 2016, Bernard Cazeneuve (alors ministre de l’intérieur) s’était déplacé en personne, accompagné par plusieurs dizaines de techniciens français pour faire ce sale boulot en Attique et dans plusieurs îles dont Lesbos.
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Simultanément, une deuxième attaque a été planifiée, à l’aube également, contre le squat « Villa Zografou », au cœur d’un parc tranquille de l’autre côté du Lycabette, qui était pourtant occupé depuis 2012 et offrait de nombreuses activités gratuites ou à prix libres à tous les habitants du quartier : projections de films, débats, activités sportives et artistiques, jardins partagés… 7 camarades anarchistes et antiautoritaires ont été arrêtés et transférés à la Division générale de la police de l’Attique (GADA) et le parc est bouclé par une armada de CRS (MAT).
Préparée en secret, l’ensemble de l’opération a été coordonnée par le sinistre Nikos Toskas, ministre de l’ordre public, homme de main de Tsipras et ancien général de l’armée à la retraite.
 
Alors que la journée avance, une forte présence policière vient d’être déployée dans plusieurs secteurs du centre d’Athènes, principalement autour d’Acharnon, Exarcheia, Zografou et derrière le parlement.
 
Parmi les premières ripostes du mouvement social, en ce moment même, des rassemblements ont commencé : place Gardenias à Zografou, place Exarcheia, mais aussi dans d’autres villes en solidarité avec les expulsés.
 
Le rassemblement de la place Exarcheia vient maintenant de se déplacer devant le nouveau squat « Gare » situé 74 rue Kalidromiou à Exarcheia. Une grande manif « Pas touche aux occupations » est prévue ce soir à Athènes, à 18 heures locales, au départ de la place Gardenias. Demain, il y aura également une manif à motos et d’autres actions (dont probablement plusieurs mauvaises surprises pour le pouvoir).
 
Une rumeur évoque un risque d’attaque dans les prochains jours au cœur même d’Exarcheia. Des assemblées ont prévu, dès ce soir, de débattre et de s’organiser pour parer à cette éventualité. Une attaque qui ne serait pas sans dommages collatéraux, quand on connait l’énorme capacité de résistance d’Exarcheia, qui plus est à quelques jours de l’arrivée du convoi solidaire** (avec son soutien politique, financier et matériel, et la présence dans le quartier des 57 camarades venus de France, Suisse, Espagne et Belgique).
 
A suivre…
 
Yannis Youlountas
 
* L’attaque des trois squats à Thessalonique le 27 juillet 2016 et les suites :

Sur les réfugiés semaine 11

18/3/17 Un an après la fermeture des frontières des Balkans: la détresse de plus en plus profonde des enfants migrantsUn an après la fermeture des frontières des Balkans et la Déclaration de l’Union européenne et de la Turquie visant à stopper les flux migratoires de masse, les enfants réfugiés et migrants sont plus exposés aux expulsions, à la détention, à l’exploitation et aux privations, a indiqué vendredi l’UNICEF. Selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance les menaces et les souffrances des enfants réfugiés et migrants se sont multipliés, et ce magré une diminution importante du nombre total d’enfants déplacés en Europe depuis mars dernier.

La Directrice régionale de l’UNICEF et Coordonnatrice spéciale pour la crise des réfugiés et des migrants en Europe, Afshan Khan, estime que « cela est devenu un cercle vicieux – les enfants fuient la souffrance, et ils finissent par fuir à nouveau, ou risquent la détention de facto, ou font tout simplement l’objet d’une négligence totale. »

Le personnel de l’UNICEF en Grèce signale un profond sentiment de détresse et de frustration parmi les enfants et leurs familles, citant l’exemple d’un enfant âgé de huit ans qui a essayé de s’automutiler.

Malgré l’amélioration récente des conditions de vie, certains enfants non accompagnés vivant dans les refuges souffrent de détresse psychosociale, avec des niveaux élevés d’anxiété, d’agressivité et de violence et démontrent des comportements à haut risque tels que la consommation de drogues et le recours à la prostitution. La guerre, la destruction, la mort d’êtres chers et un voyage dangereux aggravé par les mauvaises conditions de vie dans les camps en la Grèce ou les longues procédures d’enregistrement et d’asile peuvent déclencher des troubles de stress post-traumatique.

« Parfois ça va et parfois ça ne va pas », dit Hawar, un garcon de 14 ans originaire d’Iraq. « Il y a des jours où je suis motivé et d’autres où je suis épuisé émotionnellement. Je me sens pris au piège. Je ne veux voir personne, ne rien voir du camp. Une fois que je sors après un certain temps, je me sens généralement mieux ».

Maroof, un homme originaire d’Afghanistan a déclaré que l’expérience de la traversée de la Méditerranée orientale a eu des effets psychologiques négatifs sur lui, sa femme et ses quatre enfants, et pour lesquels ils n’ont pas reçu de conseil.

« Le comportement de mes enfants a changé depuis leur arrivée ici. Ils ne veulent pas aller à l’école et ils se battent. Aujourd’hui, par exemple, je les ai envoyés à l’école dans le camp et ils ont quitté la classe », a dit Marrof. « Nous ne sommes pas sûrs de quoi que ce soit. Nous sommes prisonniers d’une île et cela cause des problèmes psychologiques. Mon seul bonheur est que nous soyons en vie ».

Un tiers des 3000 réfugiés et migrants arrivés en Grèce en 2017 sont des enfants

L’UNICEF, en collaboration avec le gouvernement grec et les ONG partenaires, privilégie des soins appropriés pour les enfants réfugiés et migrants afin de répondre à leurs besoins psychosociaux et en matière de santé mentale.

Les transferts imminents de réfugiés et migrants vers la Grèce, conformément à la réglementation européenne dite de Dublin, sont susceptibles d’ajouter encore plus de tension à la situation des enfants et une pression supplémentaire sur les services existants.

Au lieu d’endiguer le flot, la fermeture des frontières et la déclaration UE-Turquie, ont conduit les enfants et les familles à prendre les choses en main et à s’engager dans des itinéraires encore plus dangereux et irréguliers avec les contrebandiers, tel que l’UNICEF et ses partenaires l’avaient prévenu il y a un an. Même en 2017, près de 3.000 réfugiés et migrants – avec environ un tiers d’enfants – sont arrivés en Grèce malgré la mise en œuvre complète de la Déclaration UE-Turquie et le strict contrôle des frontières. Beaucoup parviennent à traverser les frontières pour arriver en Bulgarie, dans la partie ouest des Balkans et en Hongrie.

La moitié des 2.100 enfants non accompagnés vivent dans des conditions critiques

Les enfants bloqués en Grèce et dans la partie ouest des Balkans ont déjà perdu près de trois ans de scolarité et se heurtent à plusieurs obstacles tels que la barrière linguistique et des systèmes éducatifs différents et une année de plus sans école. L’UNICEF soutient la stratégie du Ministère de l’éducation visant à intégrer les enfants réfugiés et les enfants migrants dans les écoles grecques. Cependant, seuls 2.500 enfants sur les 15.000 en âge d’être scolarisés bénéficient à ce jour du programme national en langue grecque.

Malgré des efforts considérables de la part du gouvernement grec et des partenaires, près de la moitié des 2.100 enfants non accompagnés vivaient encore dans des conditions inférieures à la normale au début du mois de mars. Parmi eux, près de 200 enfants non accompagnés résidaient dans des installations dont les mouvements sont limités : 178 dans les centres d’accueil et d’identification des îles et 16 « en garde préventive » dans des cellules de la police.

http://www.iloubnan.info/societe/94421/Un-an-apres-la-fermeture-des-frontieres-des-Balkans:-la-detresse-de-plus-en-plus-profonde-des-enfants-migrants

18 mars 2017 Réfugiés : la Grèce en première ligne

Il y a un an, Ankara et l’Union Européenne signaient un accord qui prévoyait de renvoyer en Turquie tout nouveau réfugié débarqué sur les côtes européennes. Aujourd’hui, la Grèce subit, quasiment seule, le poids de cet accord. La rédaction d’ARTE Reportage s’est installée à Thessalonique pour une émission spéciale. En quatre reportages, nos journalistes font le point sur la situation. Au programme : « Thessalonique, ville ouverte », « Migrants, de l’impasse à l’offensive juridique », « Chios, une île sous pression » et « Tilos, île solidaire ».

http://info.arte.tv/fr/refugies-la-grece-en-premiere-ligne

16/3/17 La santé mentale des migrants parqués en Grèce se détériore – ONG : Automutilations, tentatives de suicide et usage de drogue se multiplient dans les rangs des réfugiés et migrants parqués dans les camps grecs, selon les rapports d’ONG.

Ces rapports ont été publiés jeudi à quelques jours du premier anniversaire de l’accord sur les migrants conclu entre la Turquie et l’Union européenne.

« Parmi les évolutions les plus choquantes et les plus scandaleuses, figure la hausse des tentatives de suicide et des actes d’automutilation qui touchent des enfants d’à peine neuf ans », dit le rapport de l’ONG Save the Children.

Un garçon de 12 ans a filmé sa tentative de suicide après avoir assisté à celles d’autres réfugiés et migrants.

« Le personnel de Save the Children a vu des enfants choisir de se droguer afin de surmonter l’interminable souffrance à laquelle ils font face », dit l’ONG.

Entré en vigueur le 20 mars 2016, l’accord conclu entre Européens et Turcs permet d’expulser vers la Turquie les réfugiés entrés en Grèce sans autorisation à moins que leurs demande d’asile soit acceptée par les autorités d’Athènes.

La lenteur des procédures a bloqué 14.000 demandeurs d’asile sur cinq îles grecques qui sont censées ne pas en accueillir plus de 7.000.

Pour les autorités européennes, cet accord est un succès puisqu’il a permis de réduire les entrées de migrants et de réfugiés sur le territoire européen.

« Ce que les responsables de l’UE oublient de mentionner, ce sont les conséquences dévastatrices de cette stratégie sur les vies et la santé de milliers de réfugiés, de demandeurs d’asile et de migrants bloqués sur les îles grecques et dans les Balkans, particulièrement en Grèce et en Serbie, où ils vivent dans l’incertitude », déplore Médecins sans Frontières.

« Ces derniers mois, nos psychologues (…) ont constaté une aggravation de l’état de santé des patients, dont la plupart expliquent que les mauvaises conditions de vie et le risque d’être renvoyés en Turquie constituent la cause ou un facteur aggravant de leurs problèmes psychologiques », dit encore MSF.

Dans un camp de tentes dressées sur l’île de Chios, des centaines de demandeurs d’asile attendent depuis des mois sans rien savoir de leur avenir. « Pourquoi m’empêche-t-on de partir ? Combien de temps il va encore falloir que j’attende ? », demande Jafar, un Pakistanais de 18 ans arrivé en Grèce il y a un an. (Karolina Tagaris, avec Alkis Konstantinidis à Chios, Nicolas Delame pour le service français, édité par Gilles Trequesser)

https://www.zonebourse.com/actualite-bourse/La-sante-mentale-des-migrants-parques-en-Grece-se-deteriore-ONG–24055865/

15/3 Migrants : la politique du premier ministre hongrois Orban condamnée par la CEDH Par Blaise Gauquelin (Vienne, correspondant Le monde)

Selon la Cour européenne des droits de l’homme, Budapest a violé le droit à la liberté et à la sûreté de deux demandeurs d’asile refoulés. La CEDH rappelle l’obligation positive des États à garantir l’effectivité des droits de l’Homme et apprécie l’opportunité et la validité de la loi Migrants : la politique du premier ministre hongrois Orban condamnée par la CEDH

http://www.lemonde.fr/europe/article/2017/03/14/migrants-la-politique-du-president-hongrois-orban-condamnee-par-la-cedh_5094386_3214.html?xtmc=cedh&xtcr=1

Vers le Grexit ? 2/3 L’impasse géostratégique

Olivier Delorme est écrivain et historien. Passionné par la Grèce, il est l’auteur de La Grèce et les Balkans: du Ve siècle à nos jours (en Folio Gallimard, 2013, trois tomes), qui fait aujourd’hui référence. Il vient également de publier Trente bonnes raisons de sortir de l’Europe.

Alors que la crise grecque semble sur le point de refaire surface en raison de la mésentente entre les différents créanciers du pays, et que l’idée d’un « Grexit » est récemment devenue, pour la toute première fois, majoritaire dans un sondage grec, Olivier Delorme a accepté de revenir pour L’arène nue sur la situation de la Grèce.

Cette analyse est en trois partie et traite successivement de l’impasse économique, de l’impasse géostratégique et de l’impasse politique dans lesquelles se trouve Athènes. Le 1er volet https://www.grece-austerite.ovh/vers-le-grexit-13-limpasse-economique/

Le deuxième volet : l’impasse géostratégique

Par sa géographie, la Grèce se situe à un carrefour entre les bassins occidental et oriental de la Méditerranée et entre celle-ci et les Balkans. En raison de cette situation, elle n’a cessé, depuis une indépendance (1830) chèrement acquise à la suite d’une longue et meurtrière guerre d’indépendance dont elle est sortie lourdement endettée, de voir sa souveraineté étroitement limitée par des ingérences étrangères – principalement de la part du Royaume-Uni dont les États-Unis prennent le relais en 1947, tandis que l’Allemagne fait subir à ce pays, de 1941 à 1944, l’une des occupations les plus meurtrières et les plus destructrices en Europe. Cette situation et cette histoire ont généré un rapport très particulier de la Grèce à l’Europe occidentale – à laquelle elle a fourni les fondements de sa civilisation. Les Grecs se veulent profondément européens, mais la Grèce a presque toujours été considérée par les Européens de l’Ouest non comme un partenaire mais comme un objet dont les intérêts fondamentaux n’ont pas à être pris en compte.

Par sa religion et son histoire, la Grèce entretient par ailleurs des rapports spéciaux avec une Russie qui, du XVe siècle à 1917, s’est voulue à la fois dépositaire de l’héritage byzantin et protectrice des orthodoxes. Depuis l’indépendance de la Grèce, les intérêts géostratégiques de la Russie ont souvent convergé avec les siens, les Russes s’opposant à une puissance turque sur laquelle les Grecs conquièrent leur indépendance, qu’ils affrontent durant un siècle afin d’achever la construction de leur territoire national, et qui leur impose, depuis 1974, un défi stratégique permanent à Chypre comme en Égée.

Par deux fois, en 1976 et 1987, les différends sur la délimitation des eaux territoriales et de l’espace aérien égéens ainsi que sur les droits exclusifs d’exploitation du plateau continental ont failli conduire la Grèce et la Turquie – toutes deux membres de l’OTAN – à un conflit armé. Et en juin 1995, le Parlement turc a donné à son gouvernement une autorisation permanente de déclarer la guerre à la Grèce au cas où celle-ci étendrait ses eaux territoriales à 12 milles autour des îles habitées, en application de la Convention internationale sur le droit de la mer de Montego Bay (1982)… extension mise en œuvre par la Turquie en mer Noire et en Méditerranée.

En 1975, les Premiers ministres grec et turc avaient bien convenu de recourir, concernant ces litiges, à l’arbitrage de la Cour de justice internationale. Mais sitôt de retour à Ankara, le chef du gouvernement turc, alors prisonnier de sa coalition avec l’extrême droite, s’était dédit. Si bien que la question reste pendante, les tensions entretenues par la Turquie ayant conduit les deux pays à geler, depuis 1988, toute prospection et toute mise en valeur d’un sous-sol égéen qui pourrait pourtant être, pour la Grèce, une source d’énergie et de richesses dont elle a le plus grand besoin.

Dans cette affaire pas plus que dans la question chypriote (aujourd’hui compliquée par la volonté de la Turquie d’empêcher Chypre d’exploiter le gisement gazier découvert entre ses côtes et le littoral libano-israélien), la Grèce n’a jamais pu compter sur la moindre solidarité effective de la part de l’UE, laquelle a engagé (et poursuit) des négociations d’adhésion avec un État (la Turquie) qui occupe et colonise illégalement le tiers du territoire d’un de ses membres (Chypre), tout en niant les droits souverains d’un autre (la Grèce) – situation, en vérité, parfaitement ubuesque.

Pire, lorsque la Turquie engage, en 1996, une grave escalade autour des îlots grecs d’Imia dans le Dodécanèse, ni le Conseil européen, ni la Commission n’affirment la solidarité de l’Union, pourtant élémentaire, avec celui de ses membres qui se trouve agressé. Seul le Parlement vote alors une résolution – sans effet pratique – dénonçant la « dangereuse violation (…) des droits souverains de la Grèce ». Et c’est finalement au président américain qu’il reviendra de conduire la médiation qui aboutira au rétablissement du statu quo, avant un regain de tension autour des mêmes îlots en 2005. De même, la menace de frappes turques pour empêcher le déploiement par Chypre, en 1997, de 20 missiles S-300 achetés à la Russie, purement défensifs, ne suscitera-t-elle aucune solidarité de la part de l’UE. Et là encore c’est à une médiation américaine que l’on parviendra à une solution, les missiles étant « confiés » à la Grèce qui les déploie en Crète.

L’UE n’a pas davantage exigé que la Turquie renonce à sa doctrine dite des « zones grises » qui suppose, malgré les dispositions des traités dont elle est signataire, que plus de cent îlots dont le nom ne figure pas expressément dans ces traités ne soient plus considérés comme grecs. Quant au président Erdogan, il multiplie depuis la mi-2016 les déclarations aussi provocantes que potentiellement irrédentistes – évoquant les « frontières du cœur », celles du défunt Empire ottoman, ou affirmant que le traité de Lausanne qui fixa les frontières réelles de la nouvelle Turquie en 1923 est désormais caduc – des déclarations à l’évidence incompatibles avec les principes de l’UE… sans que celle-ci manifeste pour autant la moindre émotion.

Elle ne s’émeut pas davantage de la dangereuse multiplication des incidents depuis six mois : survols répétés d’îles grecques habitées ou non dans l’est égéen, violations des eaux territoriales, nouvelles provocations autour d’Imia depuis plusieurs semaines. Alors même que la Grèce s’inquiète de tractations entre Ankara et Tirana qui pourraient aboutir au déploiement d’une partie de la flotte turque dans les ports albanais. Car il faudrait alors, pour la Grèce qui, depuis la fin des régimes communistes, considère qu’il n’y a plus de menace sur sa façade maritime occidentale, y ramener des forces qui affaibliraient d’autant la défense de l’Égée.

En réalité, même si les Grecs ont toujours voulu croire que l’appartenance à l’UE constituait une assurance de sécurité face à la Turquie, il n’en a jamais rien été. Et il n’en est rien aujourd’hui. Ce qu’a encore confirmé la crise des migrants de 2015, dans laquelle les Grecs se sont retrouvés seuls face à un flot migratoire manipulé par le pouvoir turc. Car nonobstant les promesses, l’aide européenne n’est jamais arrivée que de manière dérisoire, tandis que les déclarations de la chancelière allemande jouaient comme une pompe aspirante, puis que la fermeture des frontières dans les Balkans, bientôt patronnée par l’Autriche, transformait la Grèce en nasse. Enfin, cédant au chantage d’Erdogan, la chancelière Merkel « négociait » l’arrosage d’un régime islamiste en pleine dérive autoritaire, expert en détournement de fonds vers les poches du clan Erdogan et du parti à sa dévotion : trois puis six milliards d’euros (en sus des subsides que l’UE a déversés sur ce pays au titre de la réalisation de l’union douanière) dans le même temps où, de l’autre main, l’UE continuait à étrangler la Grèce.

En fait, l’UE n’a jamais exercé la moindre pression sérieuse sur la Turquie pour qu’elle mette un terme à la tension permanente qui contraint la Grèce, dont la population est 6,5 fois moins importante que celle de son menaçant voisin (elle le sera 8 fois moins à l’horizon 2050), à fournir un effort de défense disproportionné par rapport à ses ressources (l’armée grecque est 3,5 fois moins importante que la turque, son budget est toujours, en pourcentage du PIB, le deuxième de l’OTAN après celui des États-Unis). Or cet effort a participé au premier chef à la « construction de la dette » comme à la corruption de la classe politique, dont les marchés d’armement ont été le moteur essentiel, dont le contribuable grec a supporté le coût et dont les industries de défense allemande et française figurent parmi les principaux bénéficiaires puisque la Grèce est régulièrement leur deuxième et troisième clients.

Face à une Turquie qui ne craint plus d’affirmer ses ambitions néo-ottomanes, voire son révisionnisme en matière de frontières, la Grèce se trouve donc à la fois affaiblie par les politiques que lui ont imposées l’UE et sans soutien effectif de la part de celle-ci, y compris dans la défense de ses intérêts fondamentaux. Au contraire, la politique de l’UE à l’égard de la Russie l’éloigne d’une puissance qui est son allié naturel dans le contexte géopolitique régional. De sorte que le gouvernement Tsipras a d’abord tenté de s’opposer à une perpétuation des sanctions contre la Russie, à l’évidence contraire aux intérêts grecs. Avant de capituler sur cette question-là comme sur les autres – au risque de faire les frais d’un véritable rapprochement russo-turc.

Pourtant la Russie est désormais non seulement le pays d’origine d’un des principaux contingents de touristes fréquentant la Grèce, et un débouché essentiel pour son agriculture, qui, au pire moment pour le pays, a pâti des sanctions européennes, mais elle est aussi un partenaire potentiel précieux pour le relèvement économique notamment à cause du projet de gazoduc contournant l’Ukraine par le sud, qui pourrait permettre à la Grèce d’encaisser des droits, tout en obtenant des fournitures de gaz à un prix inférieur aux cours mondiaux, importantes pour un pays dont les ressources en énergies fossiles se limitent pour l’essentiel à quelques gisement de lignite.

http://l-arene-nue.blogspot.fr/

Pétition de soutien des VioMe

Dans un précédent article nous alertions sur les menaces qui pèsent sur le maintien de l’activité des VioMe à Thessalonique. Le collectif de Grenoble  vous rappelle la soirée de soutien du 29 mars   http://www.infoadrets.info/grece/film-sur-les-viome-a-la-mda-le-29-mars-2017/ mais vous invite d’ores et déjà à signer et diffuser la pétition lancée par le CSPG de Lyon

sans oublier d’envoyer par mail l’appel des travailleurs de VIOME (en français et en grec) à Ambassade de Grèce en France, Alexis Tsipras (premier ministre de Grèce), Euclide Tsakalotos (ministre des Finances), ministère des Finances, Christos Mantas (représentant parlementaire de SYRIZA, Panos Kammenos (président des Grecs Indépendants) et Athanassios Papachristopoulos (représentant parlementaire des Grecs Indépendants).

https://www.change.org/p/gouvernement-de-la-r%C3%A9publique-hell%C3%A9nique-soutenir-les-travailleurs-de-viome-en-gr%C3%A8ce?recruiter=694969643&utm_source=share_petition&utm_medium=email&utm_campaign=share_email_responsive

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