Alerte Grèce par Yannis Youlountas

ALERTE GRÈCE : 120 000 oliviers déjà coupés pour l’aéroport de Kastelli ! Une nouvelle crise humanitaire frappe les précaires ! Et autres nouvelles… par Yannis Youlountas

Bonjour,
 
En cette fin d’année, trois semaines après la répression féroce qui s’est abattue sur le mouvement social à Athènes(1), voici un nouveau point sur la situation.
 
HÉCATOMBE D’OLIVIERS COUPÉS, INONDATIONS DÉSASTREUSES 
ET COLÈRE CONTRE LE PROJET D’AÉROPORT À KASTELLI (CRÈTE)  
 
Le chantier pharaonique du nouvel aéroport de Crète fait des dégâts considérables actuellement, à 40km d’Héraklion. La barre des 100 000 oliviers coupés a été atteinte le mois dernier. Nous en sommes aujourd’hui à 120 000 arbres arrachés, ce qui génère des montagnes de souches d’une part et des étendues désertes d’autre part, aplanies n’importe comment par les bulldozers. 
 
 Les conséquences ne se sont pas faites attendre : la région alentour a été frappée à plusieurs reprises par de violentes inondations, notamment fin septembre et début novembre. L’écoulement des eaux a tellement dysfonctionné que, le 20 septembre, 50 des 80 maisons de Sklaverochori (un village à côté de Kastelli) ont été inondées. L’eau entrait même par les fenêtres ! Des dizaines de voitures étaient emportées par les flots boueux ! Les serres étaient ravagées et des animaux d’élevage noyés !
 
 La colère commence à gronder dans la zone, autrefois amadouée par les promesses en tous genres. Les habitants de Kastelli constatent par exemple que les travaux ne fournissent pas du travail à 1000 personnes comme promis, mais à 6 seulement ! De leur côté, les habitants d’Héraklion découvrent que l’espace libéré par l’ancien aéroport (si le nouveau venait à être fini, ce qui n’est pas encore certain) serait transformé en Riviera de luxe, avec des hôtels, des yachts et des terrains de golf, et non en poumon vert de la ville au service du grand nombre ! Les masques tombent. Tout confirme que construire ce nouvel aéroport est une absurdité. Pour dix fois moins cher, il eut été aisé d’ajouter une piste supplémentaire au précédent, avec quelques rochers sur la mer (comme à Nice, par exemple). Nous en avions parlé dans L’Amour et la Révolution, il y a deux ans. Film visible gratuitement ici :
(au sujet du projet d’aéroport à Kastelli, c’est à partir de 43:50) 
 
Au niveau du montage financier, les firmes françaises ne sont pas en reste. Alors qu’une filiale de Vinci participe aux travaux, le groupe Aéroport de Paris (qui a racheté la société indienne GMR Airports) vient de rejoindre le projet à hauteur de 17,5%.
 
Les opposants à l’aéroport de Kastelli parient sur une victoire sur le terrain juridique, au moyen de plusieurs recours. Mais la Justice grecque fait traîner au prétexte de la pandémie qui ralentit la procédure, ce qui retarde d’autant l’action juridique suivante, cette fois à l’échelle européenne, avec plus de chance de victoire pour les opposants. Cette stratégie du pourrissement et de la terre brûlée rappelle celle de l’État français dans le Tarn en 2014, quand la zone humide du Testet était inexorablement détruite sans attendre l’issue des recours juridiques. Aujourd’hui, il n’y a toujours pas de barrage à cet endroit, mais le mal est fait. À Kastelli, il n’y aura peut-être jamais d’aéroport, mais la zone est d’ores-et-déjà saccagée. 
 
Malheureusement, les maigres tentatives de lancer une ZAD sur la zone des travaux n’ont pas réussi. Toutes les constructions, symboles, cabanes, clôtures, pierres diversement assemblées ont été détruites. À l’instar des pouvoirs toujours plus autoritaires en Europe, le gouvernement grec ne veut pas permettre le moindre début d’implantation sur son chantier. Après plusieurs destructions partielles, la cabane que nous avions construite avec le convoi de mai 2018, puis reconstruite avec celui de février 2019 a été complètement rasée il y a quelques semaines. Vidéo de la construction ici, à 1:08:39 :https://youtu.be/wNSfoTYY3hA?t=4119
 
UNE NOUVELLE CRISE HUMANITAIRE FRAPPE LES PRÉCAIRES SUITE AUX RESTRICTIONS ANTICOVID ET AUX POLITIQUES ANTISOCIALES
 
Dix ans après le début de la « crise grecque », une nouvelle crise commence à s’abattre sur la base sociale dans le pays. Nous faisons face à un afflux énorme de personnes en grandes précarité dans toutes les lieux solidaires autogérés ! Des familles entières sont à la rue, des personnes âgées, des jeunes ou encore des personnes handicapées montrent des signes inquiétants de faim et d’épuisement. Les témoignages se multiplient, les langues se délient. Alors que nous entrons dans l’hiver, la catastrophe pressentie se confirme : la Grèce entre dans une nouvelle crise qui sera peut-être encore plus violente que la précédente.
 
Parmi les causes principales, les restrictions anticovid sont très souvent citées. Beaucoup de gens ont été ruinés cette année, se retrouvant avec des ressources insuffisantes, et sombrent maintenant dans la précarité. Le niveau d’endettement étant déjà élevé depuis une dizaine d’années en Grèce, la chute des revenus a fait le reste. En quelques semaines, toute une partie de la population a été frappée de plein fouet, malgré les maigres compensations financières d’un État trop occupé à acheter des rafales à Dassault et à renforcer l’équipement de sa police anti-émeutes.
 


Ces jours-ci, cette photo a circulé montrant un policier donnant un coup de pied à un sans-abri endormi pour le réveiller avant l’ouverture des magasins de la rue Ermou, l’une des plus chères et luxueuses du centre d’Athènes.

La politique antisociale du nouveau gouvernement est également en cause. Depuis le retour de la droite au pouvoir, les plus pauvres sont encore plus en difficultés, laissés pour compte et traqués sur les trottoirs des rues passantes. Il en est de même pour les migrants. Le gouvernement Mitsotakis frappe simultanément toutes les formes de solidarité : évacuation massive des squats de réfugiés (même si le Notara 26 résiste encore à Exarcheia), harcèlement incessant des actions solidaires autogérées (dont les nôtres), pression sur les ONG avec interdiction pour leurs membres de révéler ce qu’ils voient dans les camps de migrants en Grèce (oui, vous avez bien lu, et ce, depuis le décret du 30 novembre 2020). 

 
À Lesbos, rien n’a changé : le sinistre camp de Moria (détruit par un incendie) a simplement été remplacé par celui de Kara Tepe, entassant actuellement plus de 10 000 hommes, femmes et enfants dans le froid, la boue et la censure la plus totale. Il y a quelques jours, nous avons appris qu’une pénurie d’eau avait frappé les personnes enfermées dans ce camp construit sous les auspices de l’Union européenne !
 
SOLIDARITÉ : APPEL À SOUTIEN URGENT !
 
Une fois de plus, c’est le mouvement social qui est en première ligne de la solidarité, dans l’autogestion et l’horizontalité. Dans ce contexte extrêmement difficile, nous appelons à soutien de toute urgence. En effet, nous n’avons plus du tout les moyens de poursuivre nos actions sur tous les terrains comme les années précédentes (squats, cuisines sociales, aides aux précaires grecs et migrants, aides aux compagnons de lutte réprimés, convois de fourgons solidaires…). 
 
 
Le contexte est particulièrement frustrant : sans la pandémie et les longues restrictions de cette année 2020, nous aurions réussi à sortir un nouveau film accompagné d’une nouvelle tournée parmi vous. Mais cela n’a pas été possible. Les membres des collectifs grecs participants au film et plusieurs des collectifs souhaitant nous accueillir en France, Suisse et Belgique, à l’unisson, ont préféré reporter la sortie en 2021 pour nous permettre de faire les choses correctement : permettre au nouveau film d’être un outil d’animation des luttes à l’ouest de l’Europe (comme pour les trois films précédents depuis 7 ans qui ont rencontré de belles affluences : Ne vivons plus comme des esclaves, Je lutte donc je suis et L’amour et la Révolution) et d’être un moyen majeur de solidarité à l’autre bout, en Grèce. Nous n’avons pas peur des ruines sortira dès que possible durant cette année 2021. Nous vous l’annoncerons dès que nous serons prêts, notamment pour construire la tournée et vous faire découvrir les bandes-annonces et extraits. 
 
 
Sachez néanmoins que ce film est en cours tournage complémentaire. En effet, nous avons repris la caméra au poing pour compléter les événements depuis juillet 2019 (date de l’arrivée de la droite au pouvoir) : nous sommes allés un peu partout en Grèce, à la demande de nos compagnons et camarades, et nous incluons la période actuelle et ses conséquences.
 
 
Voilà pourquoi, nous sommes contraints de lancer cet appel, démunis face à l’urgence. Si vous voulez et pouvez soutenir nos initiatives solidaires, c’est ici (procédez plutôt par virement ou paypal que par chèque, c’est plus rapide) :
 
1- Pour effectuer un virement à ANEPOS 
IBAN : FR46 2004 1010 1610 8545 7L03 730
BIC : PSSTFRPPTOU 
Objet : « Action Solidarité Grèce »
 
2- Pour participer via PAYPAL, suivre le lien : 
 
 
3- Pour envoyer un chèque à l’ordre de ANEPOS
Objet : « Action Solidarité Grèce »
Adresse postale : ANEPOS – Action Solidarité Grèce – 6 allée Hernando – 13500 Martigues
 
Tél. Grèce (0030) 694 593 90 80 / Tél. France 06 24 06 67 98
 
 
Liste des lieux et collectifs aidés matériellement et/ou financièrement durant l’année écoulée (principalement de février à septembre 2020), malgré un contexte particulièrement difficile :
– Centre social autogéré Alimoura à Ioannina (nous avons financé la réparation du local qui avait été saccagé par une attaque fasciste) ; 
– Usine autogérée Bio.Me à Thessalonique (soutien et achat de savons et produits fabriqués par les ouvriers, alors que l’électricité venait de leur être coupée) ; 
– Mikropolis à Thessalonique (soutien au plus grand espace social libre de Grèce qui est actuellement en train de déménager) ; 
– Initiative antifasciste d’aide aux réfugiés près d’Évros (au moment où ces derniers étaient pris au piège entre les deux états grecs et turcs, et où des identitaires européens étaient venus pour tenter de pratiquer la chasse à l’homme, ainsi qu’à Lesbos) ; 
– Réseau Solidaire de Crète (et soutien à la création de nouveaux lieux dans l’île, dont nous vous reparlerons) 
– Initiative de Kastelli en Crète contre le nouvel aéroport (nous avons participé au financement de la procédure de Justice contre l’aéroport qui est en train de basculer à l’échelle européenne, alors que 120.000 des 200.000 oliviers ont déjà été coupés et que l’opinion est de plus en plus opposée au projet, nous avons également participé à plusieurs réunions et actions sur place, et soutenu les paysans en lutte contre ce projet) ; 
– Centre Social autogéré Favela au Pirée (soutien financier et achat de tee-shirts pour épauler ce lieu situé dans une zone où les fascistes rôdent souvent et où l’un d’entre nous, a été agressé violemment en juin 2019 par un groupe de néo-nazis qui lui avait tendu un guet-apens avant que les passagers d’une rame de tramway ne parviennent à le sauver) ; 
– K*Vox à Athènes (base d’un des groupes les plus actifs en Grèce) ; 
– Aide aux frais de Justice de plusieurs compagnons de luttes , notamment pour leur éviter d’aller en prison suite à des actions pourtant exemplaires ; 
– squat Notara 26 à Athènes (le plus ancien lieu d’accueil des réfugiés dans le quartier d’Exarcheia) ; 
– Plusieurs cuisines sociales, dont L’Autre Humain (soutien financier et livraison de produits alimentaires) ; 
– Structure autogérée de santé d’Exarcheia (soutien financier et livraison de matériel médical) ; 
– Réseau École Buissonnière-Pédagogie Freinet (soutien financier et livraison de fournitures en aide aux enfants précaires) ; 
– actions solidaires à Lesbos (nombreuses initiatives depuis mars et, surtout, après l’incendie du sinistre camp de Moria et l’errance de nombreuses familles en difficultés). 
 
 
À savoir également qu’une collecte de fournitures et matériels sera peut-être organisée en février 2021 en France, si les conditions de déplacement le permettent. Nous vous en reparlerons si cela s’avère faisable. Auquel cas, une liste des besoins sera rapidement diffusée et une dizaine de fourgons se chargeront du ramassage des denrées et objets nécessaires. Par contre, si ce n’est pas possible, l’appel de ce message va être notre seul et unique moyen d’action cet hiver.
 
UN PEU D’HUMOUR, APRÈS CES MAUVAISES NOUVELLES
 
Ça circule en ce moment en Grèce (où nous sommes encore en quarantaine avec des attestations nécessaires pour circuler) :
Humour toujours : en France, l’Église de la Très Sainte Consommation (collectif satirique) va bientôt décerner ses Doigts d’or. Il a été difficile pour le jury de départager les candidats malgré eux pour choisir les pires, tant cette année 2020 a été mémorable en délires de puissance et d’argent ! L’occasion de rire de cette société absurde en attendant sa transformation radicale le plus tôt possible :
Merci de votre soutien, quelle que soit la forme, ne serait-ce qu’en relayant l’info. Pour la partager où bon vous semble, vous pouvez aussi utiliser la publication de cette lettre ici : nouveau lien du blog  (vous y trouverez aussi les images en plus grand format)
 
Courage pour 2021 et au plaisir de vous retrouver ! 
 
Solidairement,
 
Maud et Yannis Youlountas po/ collectif artistique et solidaire ANEPOS avec les membres et soutiens des convois de mars, juillet et septembre 2020
 
 
Yannis Youlountas | 29/12/2020 à 10:36 | Catégories : Alerte | URL : https://wp.me/p6quRu-2tE

Lettre ouverte des milliers de réfugiés de Lesbos aux Européens

Lettre ouverte des milliers de réfugiés de Lesbos aux Européens PAR MORTAZA BEHBOUDI

Nous avons déménagé il y a trois mois après l’incendie de l’ancien camp de Moria dans un nouveau camp et nous vivons ici plus de 7000 réfugiés près de la mer. En septembre, on nous a promis de bien meilleures conditions de vie dans ce nouveau camp (…) Nous résidions toujours dans un endroit sans eau courante, sans douches chaudes suffisantes et sans système d’évacuation des eaux usées fonctionnel.

Nouveau camp militaire de Lesbos © Réfugié du camp Raed al Obeed & Omid Deen Mohammed

21/12/2020 à Moria, Lesbos, Greece

Aux Européens,

À Mme Ursula VON DER LEYEN,

Présidente de la Commission Européenne,Bruxelles

Objet : revendications – amélioration des infrastructures du nouveau camp

Chers Européens,

Chère Madame van der Leyen,

Nous vous souhaitons un joyeux Noël depuis le nouveau camp de réfugiés de Lesbos. Nous espérons que vous pourrez le fêter malgré les difficultés auxquelles nous sommes tous confrontés en raison de la crise du Coronavirus.

Nous avons déménagé il y a trois mois après l’incendie de l’ancien camp de Moria dans un nouveau camp et nous vivons ici avec plus 7000 réfugiés près de la mer. En septembre, on nous a promis de bien meilleures conditions de vie dans ce nouveau camp et nous étions heureux d’écouter ces promesses et d’attendre qu’elles soient tenues (…)

On nous avait également promis que nos procédures d’asiles s’accéléreraient enfin, mais beaucoup d’entre nous attendent toujours, certains depuis plus d’un an, pour passer leur entretien. Au lieu de cela, nous restons dans l’incertitude et n’avons rien d’autre à faire que d’attendre. A bien des égards, la situation est même pire qu’avant le grand incendie à Moria. (…)

Nous sommes d’accord avec le ministre allemand, M. Mueller Wjo, qui a déclaré la semaine dernière que la situation dans ce camp est pire que dans n’importe quel pays en crise ou conflit. Nous voulons le remercier pour ses paroles claires, mais nous nous posons des questions :

Comment se fait-il qu’après trois mois et tant de millions donnés par les gouvernements et collectés par les ONG, nous résidions toujours dans un endroit sans eau courante, sans douches chaudes suffisantes et sans système d’évacuation des eaux usées fonctionnel ?

Nouveau camp militaire de Lesbos © Réfugié du camp

Pourquoi nos enfants ne peuvent toujours pas aller en classe et pourquoi nous sommes dépendants de la bonne volonté de certaines organisations qui nous distribuent des vêtements et des chaussures d’occasion ?

N’avons-nous pas des droits basiques en tant qu’êtres humains et réfugiés en Europe qui couvrent nos besoins élémentaires ?

Souvent, nous lisons et entendons dire que nous vivons comme des animaux dans ce camp, mais nous pensons que ce n’est pas vrai. Nous avons étudié les lois visant à protéger les animaux en Europe et nous avons découvert que même eux ont plus de droits que nous. Chaque animal devrait avoir ces droits :

  • « Être à l’abri de la faim et de la soif
  • L’absence d’inconfort en fournissant un environnement approprié, y compris un abri et une aire de repos confortable,
  • L’absence de douleur, de blessure ou de maladie grâce à la prévention, à un diagnostic et un traitement rapide,
  • Liberté d’exprimer un comportement « le plus normal » en offrant un espace suffisant, des installations et accompagnements appropriés,
  • Se libérer de la peur et de la détresse en assurant des conditions et des traitements qui évitent la souffrance mentale ».

Ces droits nous sont-ils accordés? Non.

Peut-être que nous ne mourons pas de faim mais nous ne vivons pas dans un « environnement approprié », nous ne sommes pas à l’abri de la douleur et de la détresse. Aucun d’entre nous n’est capable d’exprimer un « comportement normal », car toute la journée, nous devons lutter pour avoir de l’eau potable, de la nourriture, un endroit chaud et nous vivons tous dans la peur et la détresse. Selon une nouvelle étude, les réfugiés des îles grecques sont tellement déprimés qu’un tiers d’entre eux pensent au suicide. (…)

Les réfugiés se douchent à la mer © Réfugié du camp

Nous ne demandons pas davantage de dons ou d’argent pour réparer l’infrastructure, nous avons lu dans les journaux combien de millions ont déjà été dépensés et nous sommes nombreux à être ingénieurs, électriciens, médecins et nous savons qu’il n’est pas nécessaire d’avoir beaucoup d’argent pour améliorer un tel camp. (…)

Nous vous demandons de prendre des mesures très simples et faciles :

  • Augmenter et Réparer l’approvisionnement en eau et les douches
  • Réparer les installations sanitaires
  • Mettre en place un drainage adéquat pour que notre camp ne soit pas inondé après la pluie
  • Fournir l’électricité et le chauffage nécessaire ainsi que des tentes adéquates pour l’hiver
  • Avoir des espaces dédiés aux enfants
  • Fournir suffisamment de tentes pour les écoles, les classes et les ateliers
  • Éclairer les rues principales du camp
  • Améliorer les services médicaux et psychologiques
  • Disposer de lieux de rencontre et de loisirs

Si vous voulez nous aider à rendre cela possible, n’hésitez pas à nous contacter. Au printemps, il a beaucoup été question d’évacuation, mais pour Noël, nous demandons simplement de pouvoir procéder aux réparations nécessaires de ce camp temporaire et de ne pas nous laisser souffrir le reste de l’hiver dans cet endroit.

Tous nos vœux,

Omid Deen Mohammed de l’équipe de sensibilisation du Coronavirus à Moria (Moria Corona Awareness Team- MCAT)

Raed al Obeed des casques blancs de Moria (Moria White Helmets- MWH)

(Cette lettre ouverte est soutenue par de nombreux réfugiés du nouveau camp militaire à Lesbos)

  • Traduction par : Sarah Brunel 

Nouveau camp militaire de Lesbos © Réfugié du camp

Source https://blogs.mediapart.fr/mortaza-behboudi/blog/221220/lettre-ouverte-des-milliers-de-refugies-de-lesbos-aux-europeens

« Être dans une prison plus que dans une ville libre »

Athènes en état de siège, quadrillée par une police militarisée. Si l’histoire ne se répète jamais à l’identique, « La dictature ne s’est pas finie en 1974 » ressemble à tout sauf à un slogan poussiéreux. Car en cette fin d’année 2020, un nouveau stade autoritaire a été franchi en Grèce. Sous couvert de « la santé et de l’ordre public », l’État a étouffé deux moments forts des luttes.

Dans l’histoire de la Grèce, le 17 novembre 1973 et le 6 décembre 2008 symbolisent les meurtres et les violences d’État. La première date correspond au soulèvement étudiant de l’École Polytechnique d’Athènes durant la dictature des Colonels (1967-74) réprimé dans le sang et la torture systématique. La deuxième coïncide avec le meurtre par un policier de l’adolescent Alexis Grigoropoulos dans le quartier athénien d’Exarcheia, un drame qui déclencha des semaines d’émeutes dans tout le pays.

Alexandros Katsis est photographe indépendant et a l’habitude d’être confronté à la police lors de ses reportages. Le 6 décembre dernier, la confrontation a même été physique à Exarcheia, où certains policiers arboraient l’insigne de la Wehrmacht. Le photographe souligne que ce n’est pas la première fois « que les fascistes et la police, qui travaillent parfois ensemble, nous frappent dans les rues ». Et d’ajouter : « Quand la pression sociale grandit et que nous couvrons la brutalité policière, on fait face à la violence. J’ai peur mais je ne peux pas rester à la maison, alors je retourne dans la rue. »

Le 6 décembre à Exarcheia, un policier lance une grenade assourdissante dans le hall d’un appartement.

« Il n’y a pas de vie et de santé sans liberté »

Comme lors du 17 novembre dernier, l’État grec avait prévu les grands moyens : drones, hélicoptères, forces spéciales anti-terroristes, policiers prêts à appuyer sur la détente, unités en moto, canons à eau… Au moins 4 000 policiers étaient mobilisés à Athènes. Hors de tout cadre constitutionnel, une annonce ministérielle a interdit les manifestations et les rassemblements partout en Grèce. « J’étais chez un ami et il y avait un hélicoptère au-dessus de nous. Ça montre le développement de la surveillance de l’Etat. J’avais davantage l’impression d’être dans une prison que dans une ville libre », raconte Alexandros. Dans la capitale, 374 personnes souhaitant rendre hommage au jeune Alexis ont été arrêtées. Les policiers occupaient le lieu du crime commis en 2008, l’un d’entre eux n’hésitant pas à détruire des fleurs laissées en mémoire du défunt.

En pleine pandémie de la Covid-19, alors que près de 90 % des lits en réanimation étaient occupés en décembre, l’État grec a reçu une commande de 31 millions d’euros d’équipement policier. Le sociologue Konstantinos Kostopoulos affirme que « le gouvernement est tout à fait conscient que l’austérité va arriver en 2021 et il se prépare, avec ce tournant autoritaire, au réveil social »1. De nombreux tags et banderoles répondent à cette réalité dystopique en proclamant : « Il n’y a pas de vie et de santé sans liberté. » Quant à la fonction du corps policier, la professeure de criminologie Gwenola Ricordeau va droit au but : « Plutôt que de dire que la police fonctionne mal, disons au contraire qu’elle fonctionne admirablement au regard de ce qui est attendu d’elle : protéger l’État, le système capitaliste, le racisme structurel et le patriarcat. »2

Correspondance à Athènes, Nicolas Richen

Chronique « La Grèce en luttes » parue dans le mensuel L’Age de Faire, janvier 2021, numéro 158. Soutenez la presse libre !


1 Elisa Perrigueur, « Virus sécuritaire », Le Courrier, https://lecourrier.ch/2020/12/06/virus-securitaire/

2 Gwenola Ricordeau, « Mobilisations contre les « violences policières » », Lundi Matin, https://lundi.am/Mobilisations-contre-les-violences-policieres

Source https://nicolasrichen.wordpress.com/2020/12/24/etre-dans-une-prison-plus-que-dans-une-ville-libre/

La dette arme fatale du capitalisme

Podcast] Les dettes et la pandemie

17 décembre par Eva Betavatzi , Milan Rivié , Fréquence Paris Plurielle

 

(Crédits : Yakana)

Cette semaine, Les Oreilles ont aussi interviewé deux membres du CADTM, le Comité de lutte pour l’abolition des dettes illégitimes : Eva Betavatzi et Milan Rivié. 30 ans que ce comité lutte contre les dérives capitalistes du système de la dette, auquel les gouvernements continuent pourtant d’avoir massivement recours, en particulier durant cette pandémie. Ils expliquent les mécanismes à l’œuvre, les mythes qui entourent le sujet et les agissements des grandes institutions bancaires…et défendent des alternatives pour rompre avec cette logique qui ne bénéficie en réalité qu’aux plus riches.

Vous pouvez aussi réécouter notre entretien avec Eric Toussaint auteur de l’ouvrage Le Système Dette, Histoire des dettes souveraines et de leur répudiation, paru aux Liens Qui Libèrent et président du CADTM Belgique.

Émission radiophonique en direct tous les mercredis de 19h à 20H30
sur la radio Fréquence Paris Plurielle, 106.3 FM (rediffusion le mardi à 8h30)


Auteur.e Eva Betavatzi

Militante au CADTM Bruxelles.

Le Conseil constitutionnel censure le délit d’intrusion dans les universités

Cet amendement, et parfois la loi toute entière, avait provoqué une levée de boucliers dans le monde universitaire, ainsi que de vives critiques de la part de personnalités publiques, qui dénonçaient l’adoption d’un texte scélérat et liberticide aspirant à mettre fin, purement et simplement, à toutes les contestations sur les campus.
22 décembre 2020 – Augustin Langlade

Un petit pas pour l’homme, mais un grand pas pour l’université. Dans une décision publiée lundi 21 décembre, le Conseil constitutionnel a annoncé avoir censuré la disposition la plus controversée de la loi de programmation de la recherche (LPR), qui pénalisait l’intrusion de personnes extérieures sur les campus, compromettant du même coup l’avenir des mobilisations universitaires. 

Début novembre, lors de l’un des nombreux allers-retours de ladite loi au Parlement, le sénateur Laurent Lafon (Union centriste) avait introduit un amendement surprise qui venait pénaliser l’entrave aux débats dans les universités.

Sa rédaction avait ensuite été aggravée en commission mixte paritaire, dernière étape avant l’adoption : le texte définitif sanctionnait ainsi d’un an d’emprisonnement et de 7 500 € d’amende « le fait de pénétrer ou de se maintenir dans l’enceinte d’un établissement d’enseignement supérieur sans y être habilité en vertu de dispositions législatives ou réglementaires ou y avoir été autorisé par les autorités compétentes, dans le but de troubler la tranquillité ou le bon ordre de l’établissement ».

Commis « en réunion », ce délit était passible de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende.

Cet amendement, et parfois la loi toute entière, avait provoqué une levée de boucliers dans le monde universitaire, ainsi que de vives critiques de la part de personnalités publiques, qui dénonçaient l’adoption d’un texte scélérat et liberticide aspirant à mettre fin, purement et simplement, à toutes les contestations sur les campus.

Les parlementaires à l’origine du texte, pour leur part, prétendaient ne viser que « les groupuscules extérieurs » comme les black blocs, accusés de se brancher aux mouvements étudiants dans le but de les faire dégénérer.

Saisi le 27 novembre dernier par un groupe de plusieurs dizaines de parlementaires de gauche, le Conseil constitutionnel a donc décidé de censurer la disposition critiquée (article 38), estimant qu’elle constituait un « cavalier législatif », c’est-à-dire une adjonction sans lien avec le texte initial de la loi, qui ne comportait d’ailleurs aucun versant pénal.

Les Sages se sont justifiés en relevant que, « introduites en première lecture par voie d’amendement, ces dispositions ne présentent de lien, même indirect, avec aucune des dispositions qui figuraient dans le projet de loi déposé sur le bureau de l’Assemblée Nationale. Dès lors, sans préjuger de la conformité du contenu de cet article aux autres exigences constitutionnelles, il l’a censuré comme adopté en méconnaissance de l’article 45 de la Constitution (…) »

En ce qui concerne le reste de la LPR, le Conseil constitutionnel a émis une « réserve d’interprétation » (entendre une « clarification ») sur un autre article qui porte création d’une nouvelle voie de recrutement des professeurs d’université, au moyen de « chaires de professeurs juniors ».

La loi prévoyait que les présidents d’université, qui dépendent du ministère de l’Enseignement supérieur, puissent intervenir activement dans le processus de sélection des candidats à ces chaires. Mais les Sages ont estimé que cette disposition était contraire au principe d’indépendance des enseignants-chercheurs et que les chefs d’établissement devront se soumettre aux avis de la commission nationale en charge des titularisations.

Cette clarification du Conseil constitutionnel est importante car elle permet aux enseignants et aux chercheurs de ne pas être subordonnés à un ministère, et donc à l’université de préserver son indépendance du politique.

Ce sont ainsi deux maigres victoires pour les opposants à la loi recherche, que de longs mois de mobilisation n’avaient pas permis d’être entendus.

22 décembre 2020 – Augustin Langlade

Dans le camp de Lesbos

Photo-reportage dans le camp de Lesbos : « une prison à ciel ouvert entourée de barbelés » par Lucas Dallant

En octobre 2020, Lucas a visité l’île de Lesbos et le nouveau camp qui s’y trouve après l’incendie qui a frappé l’ancien. Il revient dans un photo-reportage sur la situation sur l’île grecque et livre les portraits de ceux qui vivent dans les conditions indignes d’une prison à ciel ouvert. Lucas Dallant

Mi-octobre 2020, le ferry accoste à Lesbos. À dix kilomètres de la Turquie, l’île grecque vit une grave crise humanitaire depuis 2015. Le plus grand camp de réfugié·es en Europe a brûlé début septembre. Le nouveau camp construit par l’armée accueillait 7 709 personnes à mon départ. Venant d’Asie centrale, du Moyen-Orient et d’Afrique, elles·ils pensaient fuir la guerre et la misère. Les voici prisonnier·es aux portes de l’Europe.

Le port de Mytilène est militarisé : clôture, navires de guerre, voitures. © Lucas DALLANT
Le port de Mytilène est militarisé : clôture, navires de guerre, voitures. © Lucas DALLANT

Voici quelques observations et témoignages. Depuis mon passage, l’île a subi un tremblement de terre, la Grèce a pris de nouvelles mesures contre l’épidémie de coronavirus et l’hiver est arrivé. Pour prendre connaissance de l’actualité récente, consultez les publications de réfugié·es, associations ou journalistes directement sur place. Le photographe allemand Michael Trammer, auteur avec Raphael Knipping d’un interface multimédia sur la situation dans l’ancien camp tient aussi une liste Twitter d’acteurs importants à Lesbos.

Méta © Lucas DALLANT

Avec l’aide de Méta, couturière de 38 ans, originaire de République Démocratique du Congo et réfugiée à Lesbos depuis un an, je suis entré dans le nouveau camp. J’ai recueilli les témoignages de femmes seules principalement congolaises donc francophones, d’hommes également, et de familles.

Glodie, Claude et Mervedy, tente 84. © Lucas DALLANT

L’appareil photo étant repérable par les patrouilles, c’est avec mon téléphone que j’ai filmé, pris quelques photos à l’intérieur et enregistré des témoignages. Aux abords du camp, j’ai proposé aux réfugié·es de s’exprimer sur des masques.

« Nous voulons être libres. Ici ce n’est pas l’Europe pour nous ». Muhammad-Mahdi, journaliste afghan de 21 ans à Lesbos depuis 9 mois. © Lucas DALLANT
« Le camp de Lesbos est comme une prison » Ahmadi, afghan de 7 ans à Lesbos depuis un an. © Lucas DALLANT
« Liberté » Milad, afghan de 19 ans à Lesbos depuis deux mois. © Lucas DALLANT
« Je m’appelle Glodie, je suis congolaise. On vit comme des esclaves, on a besoin de liberté. » © Lucas DALLANT
Elias, afghan de 5 ans. © Lucas DALLANT
« Je suis noir mais mal aimé » Jogo, étudiant congolais de 30 ans, à Lesbos depuis 4 mois. © Lucas DALLANT
« Nous avons besoin de liberté à Lesbos. Europe, s’il vous plaît, aidez-nous. » Siros, plombier et musicien afghan de 28 ans à Lesbos depuis un an. © Lucas DALLANT
« Ils ont menti sur mon âge, j’ai 17 ans » Jacqueline, congolaise de 17 ans. © Lucas DALLANT
Zinab, afghane de 8 ans. © Lucas DALLANT

On ne prend pas suffisamment la mesure du mot camp. Pourtant sa réalité saute aux yeux. Elle est dure et peu glorieuse pour l’Europe. Le nouveau camp de Lesbos était un champ de tir de l’armée grecque sur lequel ont été alignées des tentes aux couleurs des Nations unies.

Méta près de la tente qu’elle occupe avec d’autres femmes seules. © Lucas DALLANT

C’est une prison à ciel ouvert entourée de barbelés, gardée par l’armée, interdite aux journalistes. Sorties et entrées sont limitées, sauf le dimanche où le camp est fermé. Les réfugié·es appellent ça une prison. Il ne faut pas imaginer l’endroit comme un camp humanitaire surveillé par la police. Il s’agit d’un camp militaire, construit et encadré par eux, où quelques actions des associations sont tolérées. La plupart des ONG ne peuvent pas entrer et organisent leurs distributions dehors. Manquant de moyens, elles ne satisfont que partiellement les besoins alimentaires, sanitaires, éducatifs entre autres. Sans surprise, la présence des Nations unies et de l’Union européenne tend à la communication politique plus qu’à l’action humanitaire.

Midi entre soleil et ombre sur la rive du camp. © Lucas DALLANT

Il ne faut pas non plus s’arrêter aux images aériennes ou prises de loin qui donnent à voir un endroit ordonné, blanc, propre. Dès qu’il pleut les gens pataugent dans la gadoue et leurs tentes prennent l’eau, ils·elles sont exposé·es au froid humide du front de mer, à la puanteur et la saleté. Le camp et ses alentours ont des airs de décharge, des déchets parsèment le sol. Les quelques toilettes de chantier débordent et ne sont pas nettoyées assez régulièrement. Alors on construit entre les tentes des toilettes de fortune qu’on vide à la mer.

Gadoue entre les tentes après une pluie. © Lucas DALLANT

Il n’y a pas d’eau courante, pas d’électricité stable, pas de douches du tout. Les habitant·es du camp doivent s’arranger avec des bassines et des bouteilles d’eau ou vont directement dans la Méditerranée pour se laver et nettoyer leurs affaires. La situation oblige les femmes seules à se lever à 4 heures du matin, quand les hommes dorment encore, pour se laver dans l’eau froide. Le sort des femmes est alarmant. Des viols sont commis plusieurs fois par semaine. On m’a rapporté l’humiliation des plaignantes par la police. J’ai aussi rencontré des adolescentes enceintes et seules. Enfin, l’hygiène désastreuse du camp et l’abandon médical affecte avant tout les femmes, par exemple pendant les règles ou les grossesses. Les enfants ne sont pas scolarisés et font face au même traitement cynique et inhumain que leurs aîné·es.

© Lucas DALLANT
© Lucas DALLANT

Cette prison est une véritable bombe sanitaire. Seul du paracétamol est distribué. Il ne traite sûrement pas les nombreuses maladies dues aux conditions d’hygiène du camp. « Ici le paracétamol soigne tout » dit Dianna, dans une tente avec quatre autres femmes seules. L’une d’entre elles est alitée depuis quinze jours. Quand elle cherche à se faire soigner on lui dit de revenir le lendemain. Comme d’autres, elle cache sa fièvre par peur d’être placée en quarantaine. Fin octobre, 42 personnes avaient été testées positives au coronavirus. Le virus circule mais peu de tests sont faits. Les personnes placées à l’isolement ne sont pas forcément positives. Ce qui donne aux autres le sentiment que le coronavirus est un prétexte pour les enfermer encore plus. Là aussi, il y a un grand manque d’accompagnement et l’incompréhension augmente les risques de circulation du coronavirus.

© Lucas DALLANT

Les réfugié·es mangent mal et pas assez. La nourriture est infecte et parfois avariée. On leur distribue un vague mélange d’aliments assez indistincts, gluant et très malodorant. Les barquettes fièrement estampillées du drapeau européen gisent un peu partout aux abords du camp. Les réfugié·es bricolent quand elles·ils ont le choix. Des hommes pêchent sur les rives du camp, un Lidl est à quelques minutes à pied et la ville à un quart d’heure en bus. Les femmes cotisent avec les 75 euros mensuels leur ayant été douloureusement cédés par les institutions. Elles cuisinent par terre, dans la rouille de marmites souillées qui passent de mains en mains et chauffent sur des feux incertains.

© Lucas DALLANT
© Lucas DALLANT

Des personnes sont enfermé·es là, abandonné·es à leur sort. Ils·elles sont bloqué·es pour une durée indéterminée. Obtenir une carte d’identité prend souvent des années et coûte une fortune. En attendant, c’est un jour sans fin. Annie : « on se lève, on mange, on dort, on se lève on mange on dort. C’est quelle vie ça ? »

Source https://www.revolutionpermanente.fr/Photo-reportage-dans-le-camp-de-Lesbos-une-prison-a-ciel-ouvert-entouree-de-barbeles

Grèce : le Parlement vote l’augmentation des dépenses militaires et une baisse de celles de santé

Par Fabien Perrier
 

Alors que la deuxième vague de l’épidémie de coronavirus produit des ravages en Grèce, le Parlement a voté mardi 15 décembre un budget marqué par une hausse des dépenses d’armement, mais une baisse des dépenses de santé.

En Grèce, l’opposition au parti Nouvelle Démocratie dont le leader, Kyriakos Mitsotakis, est Premier ministre, est à cran. En cause : le budget 2021 voté ce 15 décembre par les 158 députés de la majorité. Alors que Mitsotakis a lui-même reconnu à la Vouli, le Parlement grec, que la Grèce se trouve confrontée à des « circonstances sans précédent », tout en soulignant « l’incertitude » et « l’inconnu sur la fin de la crise » sanitaire actuelle, ce budget comporte une augmentation de 57% des dépenses d’armement, passant à 5,5 milliards d’euros. À l’inverse, celles de santé subissent une baisse de 17% par rapport à l’année 2020.

L’opposition de gauche (Syriza, KKE et MeRa) a refusé de voter le budget. Ex-Premier ministre et chef de file de Syriza, Alexis Tsipras a lancé depuis la tribune du Parlement : « Dans un monde qui change et qui comprend l’importance de la protection sociale et du système de santé public, le gouvernement de la Nouvelle Démocratie nous conduit à la faillite comme en 2010. » 2010, ou le début de la « crise grecque », quand la dette grecque a servi à légitimer les politiques d’austérité appliquées dans le pays.

Joli cadeau pour Dassault

Cette année, d’après les prévisions, le PIB de la Grèce devrait se contracter de 10,5% en 2020, avant une reprise de 4,8% en 2021, en deçà des prévisions antérieures de 7,5%. Parallèlement, le gouvernement a prévu de dépenser 24 milliards d’euros en 2020 et 7,5 milliards en 2021 pour faire face à la pandémie et amortir ses conséquences économiques. A peine sortie de 10 années de crise et de potion d’austérité administrée dans le pays, nombreux sont ceux qui craignent une augmentation des déficits publics… et une nouvelle crise. En effet, la dette devrait atteindre 209% du PIB.

Surtout, à la veille de Noël, le groupe français Dassault semble bénéficier d’un joli cadeau. Le plan défense prévoit l’achat de 18 Rafales français, dont 12 d’occasion provenant de l’armée française et 6 neufs de chez Dassault. Le coût total de l’opération s’élèverait à 2,5 milliards d’euros, dont 1,5 milliard l’an prochain. Les députés grecs doivent approuver le contrat « dans les jours prochains », a déclaré le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis.

Escalade en Méditerranée orientale

Quant à la ministre des Armées Florence Parly, elle est attendue à Athènes le 23 décembre pour conclure le contrat. Lors de son annonce, en septembre, cette dernière a souligné que c’est la première fois que cet avion de combat va être vendu à un pays européen. L’embauche de 15 000 personnes supplémentaires dans l’armée grecque, l’achat d’armes de toutes sortes, de nouvelles frégates, d’hélicoptères, de drones et la mise à niveau de ses avions F-16, en partenariat avec la compagnie américaine Lockheed Martin contribuent également à l’augmentation du budget de la défense.

Reste que si cet achat d’armes et ce renforcement de l’armée grecque inquiètent, c’est aussi parce qu’ils s’inscrivent sur fond d’escalade permanente des tensions entre la Grèce et la Turquie en Méditerranée orientale. Les deux voisins se disputent l’exploration et l’exploitation d’hydrocarbures dans les sous-sols maritimes de la zone.

 

Source https://www.marianne.net/monde/europe/grece-le-parlement-vote-laugmentation-des-depenses-militaires-et-une-baisse-de-celles-de-sante?fbclid=IwAR13Kqb80qDKRaILIDNmcpnB2UkC-qCSOG0qV8GOlCHOpUSx06lEc32k13g

SOS MEDITERRANEE reprend sa mission de sauvetage

Communiqué : 

L’Ocean Viking est enfin libre de poursuivre sa mission de recherche et de sauvetage en Méditerranée centrale après cinq mois de détention en Italie.

Le 21 décembre, après une nouvelle inspection des garde-côtes italiens, les autorités italiennes ont jugé que l’Ocean Viking était conforme à leur interprétation des règles de sécurité maritime. La détention du navire a donc été levée. Après des mois de discussions avec les parties concernées et des aménagements longs et coûteux, nous sommes soulagés de pouvoir reprendre nos opérations de sauvetage dès le début de l’année prochaine.

Cette bonne nouvelle est le résultat du travail acharné de nos équipes, et le fruit d’un soutien constant de milliers de citoyens européens qui, comme vous, ont décidé d’agir et de ne pas renoncer au principe d’humanité en mer comme à terre !

C’est la fin d’une longue, coûteuse et difficile bataille mais aussi un espoir pour les autres navires humanitaires toujours bloqués, à qui nous apportons notre soutien entier. Nous espérons qu’ils pourront rapidement nous rejoindre en mer afin de combler le vide mortel laissé par les Etats européens en Méditerranée centrale.

L’Ocean Viking va se rendre à Marseille pour se réapprovisionner et embarquer nos équipes. Ces dernières seront soumises à une quarantaine de 10 jours et à plusieurs tests COVID-19 avant le départ.

En ce début d’hiver, notre présence en mer est essentielle et vos dons indispensables pour continuer notre mission. Ensemble, nous avons le pouvoir de sauver des vies !

Source https://www.sosmediterranee.fr/journal-de-bord/communique-ocean-viking-libere

La situation à Kara Tepe vivement critiquée en Allemagne

Deutsche Welle publie un article sur les  dénonciations de la situation inhumaine au camp de Kara Tepe à Lesbos et sur l’appel dit ‘Appel de Noël’ de 240 parlementaires du Bundestag de tout bord qui demandent d’accueillir plus de réfugiés venant des îles grecques

en grec Γερμανική κριτική για την κατάσταση στο Καρά Τεπέ

 

La situation à Kara Tepe vivement critiquée en Allemagne

La situation est pire que dans les camps en Afrique, dit le ministre Gerd Müller. Fin décembre, tous les mineurs isolés ou malades seront transférés des îles grecques. Appel de 240 parlementaires allemands.

Le ministre allemand du Développement économique, Gerd Müller, a vivement critiqué la situation dans le camp de réfugiés de Kara Tepe. S’exprimant sur RTL / ntv ce matin, il a souligné que « c’est en effet un grand scandale pour l’UE que jusqu’à présent nous n’ayons pas pu, malgré l’incendie de Moria il y a quelques mois, créer une situation qui serait vraiment humaine ». M. Müller, le ministre chargé de la coopération avec les pays en développement, a déclaré que la situation à Lesbos était pire que dans les camps de réfugiés en Afrique.

Gerd Müller: L’UE est coresponsable de la situation à Kara Tepe

Le politicien de l’Union chrétienne-sociale (CSU) a évoqué à plusieurs reprises la situation dans les camps des îles grecques et a exhorté le gouvernement allemand à accepter des réfugiés de Grèce. Plusieurs fois il s’est opposé au ministre de l’Intérieur Horst Seehofer, qui appartient également à la CSU. Contrairement à Gerd Müller, Seehofer rejette les initiatives uniquement allemandes sur la question migratoire et insiste sur une ligne européenne unique. Mais un porte-parole du ministère allemand de l’Intérieur a déclaré ces dernières semaines que les efforts de la présidence allemande de l’UE au cours des six derniers mois pour réformer la politique d’asile européenne avaient échoué.

L’Allemagne continue d’accepter des réfugiés de Grèce

S’exprimant hier après-midi au parlement allemand sur la question de l’accueil des réfugiés de Grèce, le vice-ministre de l’Intérieur Volkmar Vogel a annoncé que le 3 décembre, les derniers mineurs isolés que l’Allemagne avait promis d’accepter sont arrivés des îles grecques. Quant aux 243 autres enfants réfugiés malades, ainsi que leurs familles, que le gouvernement allemand s’est également engagé à accueillir, M. Vogel a exprimé l’espoir que d’ici la fin du mois, ils seraient tous arrivés. Cependant, en raison de la pandémie de coronavirus, les procédures d’accueil des 1553 réfugiés des îles grecques, que l’Allemagne avait annoncé vouloir accueillir  après l’incendie de Moria, elles vont s’étaler sur plusieurs mois.

  1. Vogel a clairement indiqué qu’à l’heure actuelle, l’Allemagne n’avait pas l’intention d’accepter d’autres réfugiés de Grèce et que la question concernait l’UE dans son ensemble. Le principal objectif du gouvernement allemand est d’améliorer la situation des réfugiés en Grèce. Evoquant les camps de réfugiés sur les îles grecques et en particulier à Lesbos, Volkmar Vogel a déclaré que le gouvernement allemand « regrette la situation » là-bas et qu’il tente « dans la mesure de ses capacités » d’aider sur le terrain.

Appel de plus de 240 députés

Les législateurs allemands demandent au gouvernement allemand d’accepter plus de réfugiés de Grèce

Selon l’agence de presse epd [Evangelischer Pressedienst, epd], plus de 240 députés allemands signent un « appel de Noël », demandant au gouvernement allemand d’ accepter davantage de réfugiés de Grèce et de redoubler d’efforts pour trouver une solution au niveau de l’UE. L’appel est signé par les députés de tous des partis autres que l’AfD, Alternative nationaliste et xénophobe pour l’Allemagne. Parmi eux se trouvent les présidents des sociaux-démocrates, Saskia Esken et des Verts, Annalena Baerbock, la vice-présidente de la Chambre, le libéral, Wolfgang Kubicki,  l’ancien président des chrétiens-démocrates, Volker Kauder et la parlementaire Ulla Jelpke du Die Linke.

Panagiotis Kouparanis, Berlin

Voir l’article de SDZ (en allemand) https://www.sueddeutsche.de/politik/migration-und-asyl-abgeordnete-verlangen-mehr-hilfe-fuer-fluechtlinge-1.5151543

Grèce après la décision inacceptable du Conseil européen

Ce que devraient être les prochaines étapes de la Grèce après la décision inacceptable du Conseil européen
Par Leonidas Chrysanthopoulos Ambassadeur ad honorem

Nous n’analyserons pas la décision inacceptable du Conseil européen car il ne vaut pas la peine de perdre notre temps avec des décisions qui n’ont aucun sens et qui conduisent l’UE à la dissolution puisqu’elle est incapable de fonctionner de manière efficace.

Il convient de rappeler une fois de plus que lorsque l’Argentine a envahi les îles Malouines en 1982, trois semaines seulement ont été nécessaires pour que des sanctions soient imposées le 15 avril 1982. La Grèce a alors soutenu l’imposition de sanctions comprenant un embargo sur les armes et l’interruption des relations commerciales avec l’Argentine. Cette décision n’a aucun rapport avec la décision d’aujourd’hui qui traite la Grèce et la République de Chypre comme des pays tiers et non comme des États membres de l’UE.

La Grèce devrait maintenant prendre les mesures suivantes :

1. Elle devrait dénoncer le mémorandum de 2010 sur la base des procédures du traité de Vienne sur les traités, qui prévoit la possibilité de dénoncer un traité pour des erreurs commises (article 48), pour fraude (article 49), pour corruption d’un représentant d’un État (article 50), pour coercition à l’encontre d’un représentant d’un État (article 51), pour un changement fondamental de circonstances (article 62 b).

2. Elle devrait soulever la question de l’arrêt des paiements de la dette en raison de la pandémie car d’ici 2028, elle doit payer 66,7 milliards d’euros à ses prêteurs.

3. Elle devrait soulever avec insistance auprès de Berlin le paiement du prêt que l’Allemagne avait imposé à la Grèce pendant l’occupation, dont la valeur en prix courants est estimée entre 13 et 422 milliards d’euros, même en menaçant de confisquer les avoirs allemands en Grèce.

4. Elle devrait annoncer officiellement qu’elle n’acceptera pas la prolongation des sanctions contre la Russie lorsqu’elles seront renouvelées et elle devrait maintenir une position négative sur les questions de sanctions contre les pays tiers.

5.  La Grèce devrait prendre ces mesures en même temps avec l’UE et Berlin, ce qui permettrait à Athènes d’exercer une forte pression qui pourrait se traduire par l’imposition de sanctions substantielles à la Turquie, faute de quoi la Grèce n’aurait plus aucune raison de rester dans l’UE.

Traduit avec www.DeepL.com/Translator (version gratuite)

Source http://www.defenddemocracy.press/which-should-be-the-next-steps-of-greece-after-the-unacceptable-decision-of-the-european-council/

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