Grèce selon l’UNICEF : Détérioration dramatique des conditions de vie des enfants

Le Comité national grec de l’Unicef tire la sonnette avec son rapport pertinent sur les effets dévastateurs de la crise et des politiques d’austérité sur les les ménages vivant avec des enfants en Grèce pendant ces années de crise et de mise en œuvre des politiques l’austérité.
Parmi les constatations et les conclusions du rapport:
⇒ Les enfants font maintenant face à un risque significativement plus élevé de la pauvreté et la privation par rapport à la population totale.
⇒ Au cours de la crise, le bien – être des familles avec des enfants est plus affecté que le reste de la population du pays.
⇒ Un demi – million d’ enfants dans le pays vivent dans des familles pauvres.
⇒ L’expérience de la pauvreté pendant l’ enfance conduit à l’ accumulation des difficultés qui auront une incidence négative sur leurs réalisations futures à l’ âge adulte, contribuant ainsi à la reproduction de la pauvreté et de l’ inégalité.
⇒ Près d’ un enfant sur deux en Grèce vivent dans des conditions de privation matérielle *. Avec le chiffre de 45%, la Grèce est de loin l’endroit où les enfants sont confrontés à la plus grande privation matérielle parmi les 14 membres les plus anciens pays de l’ UE.
⇒ La pauvreté et la privation rend impérative la conception et la mise en œuvre de politiques appropriées pour soutenir et renforcer les familles avec enfants.
⇒ Le soutien des familles avec enfants devrait devenir une priorité dans l’agenda politique du gouvernement.
⇒ Le soutien des familles avec enfants devrait reposer sur des politiques publiques grâce à une combinaison appropriée des prestations (en nature et en espèces) et les paramètres (par exemple un congé parental ou d’ installations pour l’harmonisation du travail et de la vie familiale).

L’UNICEF organisera jeudi 6 Avril son grand « Radio-marathon » annuel avec le soutien et la coopération de la radio grecque, qui participe avec tous ses programmes et le soutien des grandes stations de radio privées sur le thème central « Pour chaque enfant qui a faim, à côté de nous ou loin de nous ».

* L’indice des mesures de privation matérielle de l’incapacité des ménages à répondre à certains besoins fondamentaux (biens et services) qui sont considérés comme essentiels pour le bien-être et le niveau de vie des personnes, comme le paiement des factures de services publics, de répondre aux besoins financiers d’urgence, une bonne nutrition, un chauffage adéquat, 1 semaine de vacances et l’accès aux biens de consommation durables particuliers. Une privation expérience des enfants, ils vivent dans un ménage qui ne satisfait pas au moins 3 des 9 besoins de base sélectionnés. Dans le dénuement extrême sont les ménages qui sont incapables de répondre à quatre de ces 9 personnes.

Μισό εκατομμύριο παιδιά στη χώρα ζουν σε φτωχές οικογένειεςΠέμπτη 6 Απριλίου – Μεγάλος Ραδιομαραθώνιος UNICEF με την Ελληνική Ραδιοφωνίακαι την
unicef.gr

L’indépendance et la responsabilité de la BCE en question

28/3/17 par Martine Orange de Médiapart

Au nom de quoi la banque centrale européenne prend-elle ses décisions et auprès de qui rend-elle des comptes? Un rapport de Transparency International revient sur son indépendance. Si l’ONG reconnaît que la BCE a été essentielle pour éviter la dislocation de la zone euro, elle remet en cause ses méthodes.

Il suffit de voir l’affluence à chaque conférence mensuelle de Mario Draghi pour mesurer l’importance prise par la banque centrale européenne (BCE). Avant la crise financière de 2008, les réunions mensuelles de l’institution monétaire européenne – comme de toutes les banques centrales d’ailleurs – étaient superbement ignorées, sauf par une poignée de spécialistes. La chute de Lehman Brothers, puis la crise de la zone euro ont radicalement changé la donne.

De ces neuf ans de crise, la BCE émerge comme le principal voire l’unique acteur qui a sauvé la zone euro de la désintégration. Tandis que les gouvernements et les responsables européens pataugeaient, elle a fourni les centaines de milliards d’euros qui ont permis d’abord de sauver les banques puis de maintenir un système européen en péril. Mais la médaille a son revers. La BCE est aussi membre de la Troïka qui a imposé les politiques les plus dures aux pays en difficulté. Elle est celle qui pousse aux réformes structurelles dans toute l’Europe. Celle qui n’a cessé de faire un chantage sur la Grèce au point de mener un coup de force financier en 2015 pour pousser le gouvernement de Syriza à accepter l’inacceptable.

Son rôle est tellement associé aux politiques d’austérité imposées dans toute l’Europe que les mouvements de contestation ne s’y trompent pas. Ils manifestent à Francfort, où siège la banque, plutôt qu’à Bruxelles, pour protester contre la Troïka ou contre la dictature de la BCE.

Car tout cela est imposé au nom de quoi, de qui ? Auprès de qui la BCE rend-elle des comptes sur ses choix, qui ont des répercussions sur plus de 500 millions de citoyens européens ? s’interroge l’ONG Transparency International, dans un rapport publié le 28 mars. « La relation entre l’indépendance de la BCE, son mandat, sa responsabilité sont au cœur de ce rapport. Cet arrangement est destiné à assurer une légitimité à une institution qui a été délibérément placée en dehors du champ démocratique. Compte tenu de son indépendance, rendre des comptes pour la BCE consiste plus à répondre à des questions qu’à être soumis à un contrôle démocratique », écrit en préambule Transparency International, qui demande une transformation d’urgence, « si l’euro veut survivre à une prochaine crise ».

Défendu par les monétaristes dans les années 1970 – à l’époque où l’inflation était très forte –, ce concept d’indépendance des banques centrales a été appliqué à partir des années 1980 dans toutes les économies avancées. L’indépendance de la BCE a été gravée en lettres d’or dès sa création, l’Allemagne en faisant une condition impérative à sa participation à l’euro. Son seul mandat est « d’assurer la stabilité des prix ». Cette indépendance est censée lui permettre d’agir en dehors de toute pression politique. La banque centrale européenne a ses propres règles de fonctionnement, son autonomie financière, et ses membres sont irrévocables, sauf faute lourde constatée par la Cour européenne de justice. Au nom de la séparation entre la monnaie et le budget, il lui est interdit de financer les gouvernements.

En théorie, les banques centrales n’ont aucun rôle politique. Une théorie très discutable, insiste le rapport. « Pour parvenir au travers des taux au jour le jour sur le marché monétaire interbancaire à influencer les prix à la consommation, cela doit passer par le marché monétaire, par le marché des capitaux, par le marché du travail et par les marchés des biens et services. En d’autres termes, le mécanisme de transmission de la politique monétaire englobe toute l’économie. » Les politiques des banques centrales ne sont pas pour rien dans la « grande modération » qui a touché tous les salariés occidentaux à partir des années 1990, rappelle Transparency International.

Si la question de l’absence de contrôle démocratique sur les banques centrales avant la crise pouvait déjà être discutée, la pertinence d’un maintien de l’indépendance des institutions est encore plus sujet à caution aujourd’hui. L’ancien secrétaire américain au trésor, Larry Summers, s’est d’ailleurs publiquement prononcé pour en finir avec l’indépendance de la FED, compte tenu des défis économiques actuels : la politique de la banque centrale devrait, selon lui, être arrêtée en accord avec le gouvernement et être soumise au même débat démocratique.

Le rapport de Transparency International rejoint cette interrogation, à partir d’un autre constat : « La question de la légitimité et des limites de l’indépendance de la banque centrale devient beaucoup plus compliquée dans un environnement macro-économique déflationniste, dans lequel atteindre l’objectif de stabilité des prix engage des actions de la banque centrale qui vont bien au-delà du pilotage des taux d’intérêt à court terme sur le marché interbancaire », insiste-t-il, à la vue du bilan hors norme de la BCE depuis le lancement sa politique non conventionnelle (quantitative easing). Celui-ci atteint presque les 4 000 milliards d’euros – contre moins 1 000 milliards avant 2007 –, surchargé par les crédits aux établissements financiers et les rachats de titres de dettes souveraines et des grandes entreprises privées.

Depuis le début de la crise, la BCE est de fait largement sortie de son mandat. Au nom de l’urgence, parfois, comme lorsqu’il a fallu tenir à bout de bras le système bancaire européen fin 2008. Pour pallier l’absence de tout autre mécanisme européen pour soutenir l’économie de l’union, comme dans le cas des LTRO (Long term refinancing operations – crédit à taux très bas consentis directement par la BCE aux banques pour se refinancer) mis en œuvre en 2011.

Quelles qu’aient été ses décisions, la BCE ne peut pas nier qu’elle a eu un rôle très politique, même si elle tente d’en minimiser l’importance. Nombre de ses mesures ont été prises avec des arrière-pensées et des calculs politiques. Ainsi le choix de revenir dès 2012 à une politique monétaire restrictive. « Le bilan de la BCE a commencé à se contracter à nouveau dans la seconde moitié de 2012. Certains observateurs ont critiqué la BCE (.. .) soulignant que la politique monétaire était trop restrictive (..) Pourquoi la BCE n’a-t-elle pas engagé un quantitative easing en 2013-2014 ? La réponse réside probablement dans la politique économique de coordination budgétaire et monétaire (…) La BCE a freiné de peur que le stimulus monétaire n’altère les pressions sur les gouvernements pour implanter les réformes structurelles, consolider leurs budgets et mettre en place les régulations pour l’union bancaire », relève le rapport. Ce freinage monétaire selon plusieurs études a fait replonger la zone euro, à peine remise de 2008, dans la crise et le chômage.

Mais qui a décidé cette politique ? À quel moment la BCE a-t-elle été tenue de s’expliquer de ces choix ? Tout a été arrêté dans le secret des discussions au sein du comité exécutif de la BCE. Ce n’est que plus tard, beaucoup plus tard, que Mario Draghi a répondu aux questions du parlement européen sur ce choix. Répondu aux questions, pas débattu démocratiquement des orientations de la politique monétaire de la BCE.

Au-delà de tout mandat

Mais c’est surtout au moment de la crise de l’euro que son rôle a été bien au-delà de toutes les limites institutionnelles. Le rapport a établi une liste impressionnante de ses interventions. Elles ont été incessantes et décisives. C’est Jean-Claude Trichet, alors président de la BCE, qui intime l’ordre au gouvernement irlandais de ne pas mettre à contribution les détenteurs d’obligations pour renflouer les banques irlandaises en perdition, laissant toute la charge aux contribuables irlandais, puis qui menace en 2011 le ministre des finances irlandais de couper les  financements d’urgence pour assurer la liquidité des banques (ELA pour Emergency liquidity assistance) si l’Irlande n’accepte pas le plan de sauvetage établi par la Troïka.

C’est toujours Jean-Claude Trichet qui écrit secrètement aux gouvernements espagnol et italien pour leur imposer une liste de réformes structurelles, en contrepartie du soutien de la BCE pour enrayer la spéculation sur leurs dettes. La BCE et la commission européenne jugeant le gouvernement de Silvio Berlusconi trop rétif à leurs exigences, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy organisèrent son éviction lors du sommet de Cannes en novembre 2011 pour le remplacer par l’ancien commissaire européen Mario Monti, écrit le rapport, rappelant cet épisode européen peu glorieux.

L’arrivée de Mario Draghi comme successeur de Jean-Claude Trichet à la présidence de la BCE a changé profondément la politique et l’attitude de la banque centrale. Ce qui prouve bien que la politique monétaire n’est pas qu’une affaire de technique, et qu’il y a aussi des hommes, avec leurs convictions, leurs choix politiques. Mais là encore les changements se sont faits sans débat en dehors de l’enceinte de l’institution monétaire. Auprès de qui Mario Draghi a-t-il eu à s’expliquer, si ce n’est auprès du puissant gouverneur de la Bundesbank, Jens Weidmann, et du ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble, adeptes d’une stricte orthodoxie monétaire ?Mais s’il y a eu un pays à l’égard duquel la politique de la BCE n’a guère changé durant toutes ces années, c’est bien la Grèce. Le rapport de Transparency International reprend toutes les décisions depuis 2009. Il y en a plus de trois pages. Tout au long de cette période, la banque centrale a été un acteur décisif de la crise grecque, notamment au travers de son soutien des banques grecques. Transparency International revient longuement sur l’épisode de février 2015, préambule à la crise de l’été, lorsque la BCE a décidé de couper son soutien aux banques grecques et de rationner y compris les financements d’urgence (ELA). Un coup d’État financier, totalement illégal, qui allait mener à la capitulation du gouvernement de Syriza en juillet, souligne Transparency International.

L’ONG alerte : « La possibilité que le scénario mis en œuvre en Grèce en 2015 se répète est réel. Non seulement les banques dépendent toujours des procédures ELA, mais le volume de ces prêts a recommencé à augmenter depuis juin 2016. Cela intervient dans un contexte où un nouveau bras de fer a été engagé entre le gouvernement grec et ses créanciers autour de la deuxième revue du troisième programme d’ajustement. » Avant d’insister sur la nécessité de sortir les procédures de financement d’urgence des décisions discrétionnaires pour les inscrire dans un cadre légal et prévisible.

« Nous reconnaissons que la BCE a peu de choix dans l’architecture institutionnelle actuelle de la zone euro, qui autorise des politiques élus à fuir leurs responsabilités, forçant ainsi des technocrates non élus à faire “le sale boulot” à leur place », note Transparency International. Afin d’éviter les coups de force secrets, le pouvoir discrétionnaire, l’ONG préconise que les communications de la BCE aux gouvernements nationaux statuant sur les mesures exigées en contrepartie de son soutien monétaire soient cosignées par le président de l’Eurogroupe et par le parlement européen et que ces communications soient publiques. De même, elle recommande que les mesures qui vont au-delà du mandat normal de la BCE fassent l’objet d’un accord avec l’Eurogroupe et le parlement européen, afin de leur donner un fondement politique légal. Enfin, ajoute-t-elle, « la BCE ne devrait plus avoir un rôle substantiel dans la Troïka et ne devrait plus avoir un rôle formel dans la négociation et la surveillance des conditions exigées en contrepartie des fonds versés dans le cadre des plans de sauvetage », insiste Transparency International.Cette nécessité de transparence s’impose aussi pour la BCE dans ses missions de surveillance et de contrôle des banques, selon l’ONG. Car là aussi, les décisions prises par la banque centrale n’ont pas toujours été d’une grande clarté. Transparency International reconnaît que pour des raisons de protection du système bancaire, la discrétion peut être de mise. Néanmoins, l’opacité dans laquelle se déroulent, par exemple, les discussions sur le sauvetage et la recapitalisation de la banque italienne Monte dei Paschi lui paraît plus que discutable. « La situation en Italie montre clairement que le financier, le monétaire et le politique ne peuvent, en pratique, être séparés les uns des autres. (…) Dans les situations critiques, les décisions technocratiques deviennent invariablement politiques et conduisent la BCE à des négociations politiques qui n’ont rien à voir avec la notion de supervision indépendante. (.. .) Il existe seulement deux remèdes à cette situation : un plus grand contrôle démocratique – donc moins d’indépendance – ou, mais ce n’est peut-être pas le plus souhaitable, des processus de décision et de communication plus transparents », conclut le rapport.

La transparence s’impose aussi pour les dirigeants de la BCE. Les décisions de politique monétaire sont d’une telle importance pour le monde financier que celui-ci est prêt à tout mettre en œuvre pour être initiés avant tout le monde, influencer les choix. En la matière, la BCE n’a guère été vigilante. Ce n’est qu’après le faux pas de Benoît Cœuré – qui avait révélé lors d’un colloque financier des mesures de la BCE qui allaient être annoncées quelques heures plus tard – que l’institution monétaire a commencé à établir un code de conduite pour ses membres.

Comme toutes les autres autorités, la BCE n’est pas à l’abri de captures par des intérêts privés, insiste Transparency International. Celle-ci devrait établir, selon l’ONG, comme le font nombre d’autres institutions, un registre public qui mentionne les lobbies qui interviennent auprès d’elle, les colloques et les réunions auxquelles elle participe. Mais ce sont les allers et retours (revolving door) entre le privé et le public des membres de la banque centrale qui l’inquiètent. Officiellement, tous les membres importants de l’institution monétaire sont issus des banques centrales et des administrations nationales de la zone euro. Mais en quittant la BCE, beaucoup vont terminer leur carrière dans le privé.

Ces pantouflages sont désormais soumis au comité d’éthique de la BCE. Mais la composition de ce comité pose problème qui rassemble d’anciens membres de la BCE sous la présidence de Jean-Claude Trichet en tant qu’ancien président de la BCE, ce qui, selon Transparency International, « peut limiter l’impartialité et l’indépendance de ce comité ». « Si l’ancien président de la commission européenne, José Manuel Barroso avait siégé au comité éthique de la Commission, il aurait difficilement pu prendre position sur son nouvel emploi comme président non exécutif de Goldman Sachs international », relève le rapport pour souligner les dangers de l’entre-soi.

La BCE semble de fait donner une grande latitude à ses anciens membres. Le rapport établit une  surprenante liste de pantouflage de membres éminents de la banque centrale. Tommaso Padoa-Schioppa, membre du comité exécutif, est devenu tout de suite après son départ, président européen du groupe Promontory Financial. Six mois après son départ, Otmar Issing est devenu conseiller international de Goldman Sachs. José Manuel Gonzalez Paramo a tout de suite été nommé au conseil de la banque espagnole BBVA comme responsable de la régulation et des affaires publiques. Lorenzo Bini Smaghi est devenu président de la Société générale. Jörg Asmussen a été nommé administrateur de l’assureur Generali et directeur de l’activité de conseils financiers chez Lazard. Manifestement, si la BCE revendique son indépendance, ce n’est pas vraiment auprès du pouvoir financier.

Des nouvelles du convoi solidaire

Le collectif de Grenoble soutient cette initiative et c’est finalement 3 camions alimentés par l’Isère, la Savoie et la Haute Savoie qui ont rejoint le convoi initié par le collectif Anepos.

On peut suivre la progression et l’esprit de ce convoi grâce aux posts réguliers des participants à cette extraordinaire élan de solidarité.

Vendredi, bientôt minuit. 19 des 26 fourgons sont maintenant partis, y compris le suisse, le belge et l’andalou. Les 7 derniers partiront tôt demain matin. En fin d’après-midi, nous ne formerons plus qu’un, en direction du berceau agonisant de l’Europe matricide. À l’horizon, l’orient est rouge sang et la mer Égée pleure.

Parmi les 62 membres du convoi, il y a quatre enfants qui ont d’eux-mêmes voulu s’occuper de préparer les jouets pour leurs homologues grecs et réfugiés : Achille le crétois (7 ans et demi), Capucine et Constance les Auvergnates (8 ans et 5 ans et demi), et Nino l’Andalou (7 ans). Pas mal de surprises sont également prévues.

Car la jonction entre nos mouvements sociaux par-delà les frontières, c’est aussi la rencontre des enfants, dans l’entraide et la découverte, et non dans le réflexe coutumier du repli sur soi. Achille espère revoir ses amis syriens et afghans, Capucine et Constance s’interrogent sur les causes profondes des inégalités, Nino a décidé avec ses parents de venir habiter quelques temps en Grèce, avec pour toutes et tous un même désir de soutenir ceux qui y vivent, malgré toutes les menaces et toutes les privations.

La solidarité n’a pas d’âge.  Y.Y.

Témoignage d’Élise et d’autres :

Il est des moments inoubliables dans notre existence…celui que nous venons de vivre restera l’un des plus émouvants de ma vie…
Nous ( les 62 convoyeurs solidaires) sommes arrivés à destination…Après des tours de place à  brandir nos drapeaux, nous avons rencontrés des gens extraordinaires! Je pleurais derrière ma caméra …les camarades aussi…nous ne nous connaissions pas voilà  quelques jours et nous venons de vivre ensemble un moment de solidarité et de fraternité très intense au point que nous nous tombions tous dans les bras…
Ce moment fera perdurer en nous tout l espoir que l’on porte à l’humanité…nous les utopistes, les anarchistes, les insoumis, les zadistes, les squatteurs….ensemble, nous avons réussi….
Les enfants sont épatants , ils ont plein de nouveaux copains déjà …et peu importe la langue, peu importe le parcours…ils se tiennent déjà  la main et se partagent leur jeu…
Aujourd’hui, nous pleurons de joie et nous avons repris toutes nos forces…
Nous vaincrons…..ça ne fait nul doute…

Arrivée en Grèce : Ce mardi 28 mars 2017, à  4 heures de l’après-midi, un convoi solidaire va arriver à Exarcheia : 26 fourgons conduits par 62 camarades, en provenance de France, de Suisse, d’Espagne et de Belgique.

https://www.facebook.com/yyoulountas/videos/1739215463055740/

 

30 mars 2017 Visite de la caravane solidaire à la cuisine sociale « L’autre »  :

Hier jeudi 30 mars, la Caravane solidaire a rendu visite à la cuisine sociale « l’Autre » à HaÏdari ( Athènes). La cuisine sociale « L’autre » est une initiative de la solidarité sociale animée par Constantin Polichronopoulos à Athènes depuis 2011. 3000 repas sont servis chaque jour à Athènes. L’action a été étendue à d’ autres villes en Grèce et a été construite à partir d’exemples similaires à l’ étranger. « L’idée de la Cuisine Sociale « L’Autre » est un geste de solidarité et d’amour pour un autre être humain dans l’espoir de conscientiser les gens et d’encourager d’autres personnes et d’autres groupes à faire de même. Nous ne faisons pas de philanthropie et ne pratiquons pas la charité. Nous cuisinons sur le tas, nous mangeons tous ensemble et nous vivons tous ensemble! Un repas avec nos semblables dans la rue. Venez bâtir avec nous un quotidien plus agréable! »

L’image contient peut-être : 1 personne, debout, arbre, chaussures, enfant, foule, mariage et plein airL’image contient peut-être : 2 personnes, personnes qui jouent des instruments de musique, barbe, enfant et plein air

31 mars témoignage d’Elise : Nous venons d’être victimes de la traditionnelle désinformation des médias de masse. Dans le journal télé d’hier, sur une chaîne grecque équivalente a TF1, les images de notre arrivée ont été manipulées et ont été mélangées avec des images d’émeutes et de violence!
Nous avons les vraies images solidaires, pacifistes…pas un seul accroc…que des embrassades, des rires, des chants, et de la joie…. Que ces grands médias se taisent à jamais!

31 mars 2017 Vidéo de 15mn devant une école pour la distribution des fournitures scolaires et de friandises mais aussi l’intervention de Yannis
 Aujourd’hui c’est une journée d’action dans les écoles vers les jeunes enfants d’Athènes. Avec Yannis et Maud Youlontas et tous les amis d’ici et d’ailleurs. Have une belle journée !! https://www.facebook.com/yyoulountas?pnref=story

 

Sur les réfugiés semaine 13

26/3/17 Mouzalas à ‘Spiegel’: ‘Nous ne pouvons pas accueillir un seul réfugié supplémentaire : Le ministre de la Politique de Migration, Yannis Mouzalas, a exhorté les pays de l’Union européenne à ne pas rétablir le règlement de Dublin qui autorise le retour des demandeurs d’asile dans le premier pays de l’UE où ils sont entrés.
« Nous pourrions accueillir un très petit groupe tout au plus, comme un symbole que nous ne rejetons pas complètement le Règlement de Dublin. En ce moment, nous avons épuisé nos capacités. Sur les 32 000 réfugiés convenus, seuls 10 000 ont été déplacés dans d’autres pays membres. Notre position est très claire: nous ne pouvons accueillir un seul réfugié supplémentaire. Je plaide pour le bon sens de l’Europe « , a-t-il déclaré au magazine allemand Der Spiegel dans une interview publiée dimanche.
Mouzalas a dit que la Grèce est déjà lourdement chargée par les 60.000 réfugiés vivant sur son territoire, un nombre qui, en proportion de la population, est comparable à celui de l’Allemagne.
« Il serait erroné de grever encore plus la Grèce avec le rétablissement du Règlement de Dublin. Nous avons réussi à gérer la situation avec le logement des réfugiés dans le continent et nous sommes en train de résoudre les problèmes sur les îles. La pression de la Turquie sur la question des réfugiés ne diminue pas non plus « , a-t-il déclaré.
Interrogé par le magazine s’il rejette catégoriquement le règlement de Dublin, il a déclaré: «Oui, nous ne sommes pas en mesure de mettre en œuvre le Règlement de Dublin. Je veux que les Allemands comprennent que cela n’a rien à voir avec des raisons politiques ou idéologiques ou que nous n’apprécions pas vraiment l’aide de l’Allemagne. C’est simplement que la Grèce est incapable de faire face à l’arrivée d’autres réfugiés. Nous avons réussi à nous tenir debout. Ne nous faites pas trébucher.
Concernant l’accord UE-Turquie, le ministre a déclaré qu’il est « complexe » et qu’il reste des zones grises, mais « l’accord est un succès parce que les flux de réfugiés ont été fortement limités, même sans clôtures. Après l’accord, seulement 60 réfugiés arrivent tous les jours.  »
Mouzalas a également déclaré qu’il considérait « naturel » d’avoir des retards dans le retour des réfugiés syriens en Turquie parce que la Grèce essaie de mettre en œuvre le droit international « dans chaque cas individuel ».
Il a également déclaré que pour aider à décongestionner les îles, la Grèce a demandé l’autorisation de l’UE de transférer quelques réfugiés dans des camps fermés sur le continent, mais n’a pas encore reçu de réponse.

Par ailleurs, 777 nouveaux réfugiés sont arrivés sur les îles grecques du 16 au 22 mars, et le ministère de la politique migratoire a annoncé le recrutement pour un an de 71 personnes au service grec de l’asile, des psychologues, informaticiens et interprètes (Ta Néa).

Ces derniers jours plusieurs embarcations ont chaviré au large des côtes turques et grecques …avec un terrible bilan de morts et de disparus… Et la police grecque fait aussi état de passages terrestres plus nombreux, plusieurs centaines par mois actuellement, avec des camions aux frontières turques et bulgares.

28/3/17  http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2017/03/28/97001-20170328FILWWW00157-hongrie-la-detention-des-migrants-commence.php

Grèce : pénurie de médicaments et de vaccins

Thessalonique : Cri d’alarme des pharmaciens face à la pénurie de médicaments et de vaccins :  

Le président de l’Association des pharmaciens de Thessalonique, Kyriakos Theodosiadis , a déclaré qu’il y a une grave pénurie de médicaments sur ordonnance, y compris certains vaccins vitaux pour les enfants ( c’était déjà le cas en décembre 2016 pour le vaccin contre la grippe).

Le président de l’association des pharmaciens affirme que ces pénuries sont causées par des tactiques de fournisseurs qui se contentent d’envoyer seulement une offre limitée de médicaments à chaque expédition.

Lundi dernier K.Theodosiadis a lancé un véritable cri d’alarme: « En ce moment, nous avons une grave pénurie de vaccins pour les enfants âgés de 6 mois à 15 ans, y compris la rougeole, la varicelle et l’hépatite », ajoutant que les pharmacies ont si peu de médicaments sur ordonnance que certains patients doivent attendre jusqu’à quatre mois avant leur prescription !

Cette « crise » dans la crise est récurrente. Les pharmaciens grecs alertent régulièrement l’opinion en dénonçant l’instauration d’un cercle vicieux : la population n’ayant pas d’espèces pour payer ses médicaments, pas plus que les caisses d’assurance-maladie, les pharmaciens ne peuvent passer commandes, car il est indispensable de tout prépayer aux laboratoires pharmaceutiques pour une pharmacie grecque.

Les laboratoires – étrangers le plus souvent – n’acceptent d’envoyer leurs produits dans le pays qu’à condition qu’ils soient payés immédiatement, et en cash, et ce, au même titre que n’importe quelle entreprise étrangère. Désormais, ils ne livrent plus qu’au compte-goutte. Le contrôle des changes n’a rien arrangé en la matière… Il se dit aussi que certains pourraient bien évidemment en profiter pour créer un véritable marché parallèle de ces biens précieux produits … à moins que cela ne soit déjà fait … au plus grand bonheur des laboratoires pharmaceutiques et/ou intermédiaires qui pourraient ainsi relever leurs tarifs destinés à la clientèle la plus aisée … ou la plus nécessiteuse en terme de soins. Enfin , il est évident qu’une telle situation est fortement propice à la libéralisation du marché tant souhaité par la troïka et ses laboratoires pharmaceutiques …
On comprend dans ce contexte la bataille essentielle menée par les dispensaires et pharmacies autogérées et le nécessaire devoir de solidarité avec ces structures  ( voir les nouvelles du convoi solidaire qui arrive aujourd’hui en Grèce).

Que célébrons-nous à Rome ?

Ce texte est de Miguel Urbán, co-fondateur de Podemos et député européen pour la gauche plurielle au sein du Groupe confédéral de la Gauche Unitaire Européenne-Gauche Verte Nordique (GUE/NGL).
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Acte fondateur de l’Union européenne, ce samedi 25 mars est célébré l’anniversaire du Traité de Rome. Nous pourrions dire que soixante ans après sa fondation, l’Union européenne est devenue la plus grosse fabrique à euroscepticisme : en pratiquant des politiques qui conduisent les majorités sociales à la paupérisation, conduisent à l’extension de la xénophobie institutionnelle, à l’apogée de l’extrême-droite et à la perpétuation du désastre humanitaire à nos frontières. Et ce qui est sûr, jusqu’au Brexit, c’est qu’aucune des conséquences en termes de droits sociaux ou de drames humanitaires n’ont impressionné l’inébranlable armature de l’UE. Contrairement à ce que l’on pouvait penser, la crise qui nous occupe depuis ces huit dernières années, loin de fragiliser les politiques néolibérales, a supposé leur renforcement. C’est une consécration et une justification pour les politiques d’austérité, les mécanismes de gouvernance économique et les plans d’ajustement structurel, le discours de la nécessité d’une Europe-forteresse ou les nouvelles négociations sur les traités de libre-échange comme le CETA ou le TTI

Cependant nous ne pouvons dire que la crise est récente, plutôt devrions-nous dire qu’elle vient de loin et qu’elle trouve son origine dans l’extension à l’échelle continentale de la révolution conservatrice et du thatcherisme : un processus qui a favorisé la mutation néolibérale de l’UE à travers le traité de Maastricht et qui est la base du sabotage de notre conception du projet européen. En effet, le troisième article du Traité de fonctionnement de l’Union européenne prévoit comme objectif de faciliter la connexion économique, sociale et territoriale, ainsi que la solidarité entre les États membres. Pourtant, les politiques effectives de l’UE sont allés dans le sens inverse : une union monétaire défectueuse dès le départ, laquelle a contribué à polariser l’Europe entre un Sud endetté et un Nord créancier, et des politiques d’austérité et de démantèlement de l’État social qui ont réduit les droits des classes populaires. Car, comme nous l’avons rappelé à de nombreuses reprises, les « politiques d’austérité » ne sont jamais en réalité qu’un plan prévu pour contrôler les agissements des États membres, tant dans les domaines économiques et du travail que dans un domaine purement social, dans la Santé ou l’Éducation.

Le pragmatisme nous démontre que l’UE de la démocratie, de la paix, de l’égalité et des droits humains n’existe pas, nous démontre que pas même sa création n’a été envisagée au cours de ce projet. Au contraire, nous ne pouvons oublier que la cage d’acier juridico-politique de l’UE implique la constitutionnalisation du capitalisme et que ceci n’est pas une contingence plus ou moins accidentelle mais bien le cœur même du projet néolibéral dont il est ici question. Depuis la fondation même du « projet européen », la prédominance du marché dérégulé et ses principales conditions monétaires et budgétaires demeurent hors d’atteinte pour toute volonté démocratique.

De sorte que la génération des inégalités et de la pauvreté par le biais des politiques d’austérité est devenue l’objectif principal et la preuve la plus concrète de cette séquestration de la démocratie et des institutions de la part des élites, comme le dénonce le rapport d’Oxfam (en français, ici). C’est dans ce contexte d’accroissement des inégalités que la pauvreté est conçue comme l’ennemie, mais en réalité l’objectif n’est pas tant d’en finir avec elle que d’en finir avec les pauvres. Nous sommes passés de la prise en compte de la pauvreté depuis l’extension de l’État social à la stigmatisation de celle-ci par un État policier qui criminalise les personnes les plus pauvres. Devant l’impossibilité de solutionner l’insécurité dérivant des politiques d’ajustement et d’austérité, de la précarisation du marché du travail et de la diminution des droits individuels et des prestations sociales, on stigmatise à présent des phénomènes migratoires et la pauvreté plus généralement.

Dans ce sens, la propre gestion de la crises des réfugié-e-s avec la fermeture des frontières est la conséquence directe de l’ordre qu’imposent les politiques d’austérité qui, au-delà des coupes budgétaires et des privatisations, sont, comme l’affirme l’économiste Isidro López, « l’imposition » à 80% de la population européenne d’un imaginaire de fer de la disette. Un « il n’y en aura pas pour tout le monde » généralisé qui rend possible les mécanismes d’exclusion, canalise le mal-être social et polarise la politique par son échelon le plus fragile (les migrant-e-s, l’étrangeté ou simplement « l’altérité »), disculpant ainsi les élites politiques et économiques qui sont les véritables responsables de la spoliation.

Il est symptomatique que les seules personnes à revendiquer les vertus de l’UE de façon rituelle tel que nous le verrons ce samedi à Rome soient membres d’une classe politique discréditée, qui paraît n’avoir ni culture ni valeurs. Plus ces élites en décadence célèbrent l’UE, plus elles la disqualifient aux yeux même de gens qui n’ont jamais montré la moindre sympathie envers l’anti européisme conservateur, nationaliste, voire xénophobe. À l’occasion de la campagne référendaire du Brexit, la canalisation d’un vote anti-establishment par l’extrême -droite eurosceptique fut un bon exemple de comment la polarisation politique peut s’exprimer de façon contradictoire dans une révolte anti-establishment combinant un nationalisme excluant, une démagogie anti-immigration et une lassitude face aux inégalités sociales.

Au motif du soixantième anniversaire du Traité de Rome, la Commission européenne a présenté son Livre Blanc sur le futur de l’Europe. La rhétorique vide et grandiloquente des documents et des déclarations communautaires malgré la situation critique que traverse l’Union européenne demeure présente dans le Livre Blanc. Il ne s’agit pas uniquement de rhétorique dans ce cas, mais d’un mélange entre aveuglement et autisme où la seule issue à la crise de l’UE serait une combinaison de cinq hypothèses sur son futur que présente le Livre Blanc : dans un cas on parle à la fois de moins et de plus d’Europe; un autre se caractérise par un intense déséquilibre dans les relations au pouvoir, au bénéfice des oligarchies et des pays les plus compétitifs, avec des institutions qui perdent en légitimité démocratique et sont privées de ressources pour accomplir des politiques redistributives. Face à cette crise, l’unique pari de cette UE est la militarisation, avec la création d’un Fonds Européen de la Défense, qui ne profiterait qu’aux entreprises du secteur de l’armement et à leurs groupes d’influences à Bruxelles.

Quand l’austérité devient l’unique option politico-économique d’institutions coupées de la préservation de l’intérêt général, cette UE devient un problème pour les majorités sociales et la construction d’une Europe différente s’annonce comme l’unique réponse succédant à cette dérive que nous vivons. De cette façon, un changement de cap ne doit pas seulement être un désir, une possibilité, c’est avant tout une urgence. Un plan alternatif qui exige pour l’Europe un ensemble de mesures qui permettent non seulement d’enterrer « l’austérité » mais également d’aborder la régulation bancaire, l’harmonisation fiscale et sociale progressive, le non remboursement des dettes illégitimes qui ne sont qu’un instrument disciplinaire à l’encontre des peuples du sud ou la nécessité d’un plan d’investissement européen qui rende caduque le Pacte de Stabilité et de Croissance.  Ces mesures, qu’elles soient envisagées depuis l’échelle nationale, à l’échelle supra-nationale, voire à une échelle pan-européenne, percuteront inéluctablement l’architecture actuelle de l’UE, à laquelle il ne reste pas d’autres solutions que celle de désobéir. 

Désobéir, c’est construire une proposition politique à l’échelle européenne qui combatte la construction actuelle de l’UE et récupère ses racines démocratiques dans un antifascisme partisan, dans la solidarité, la paix et la justice sociale. Un projet européen duquel on n’expulse ni n’exclut personne, un projet que personne ne voudrait quitter. Voici la tâche qui, aujourd’hui plus que jamais, devient indispensable à accomplir.

Tribune parue [en espagnol] dans Contexto, le 24 mars 2017.

29 mars Film soutien VioMe à la MDA

Le collectif de Grenoble vous invite à la projection d’un film sur la lutte des travailleurs VioMe en Grèce. C’est aussi l’histoire d’une autogestion où les salariés prennent en main leur avenir.

Next stop Utopia

Mercredi 29 mars 2017 à 20h 

Salle de conférence de la Maison des Associations à Grenoble

Pour mémoire le 31 mars 2016 le collectif avait donné la parole à Makis Anagnostou le représentant emblématique de cette lutte. Le lendemain il rencontrait les salariés d’Ecopla. Aujourd’hui ils sont toujours menacés d’expulsion par la justice grecque et en appellent à la solidarité internationale.

Lors de cette soirée un point sera fait sur la situation actuelle. Une communication vidéo en direct avec un travailleur de VIOME à Thessalonique sera établie.

La soirée clôturera une commande groupée de leurs produits organisée par le collectif pour les soutenir dans leur projet . http://www.infoadrets.info/grece/soutenons-les-viome-commandes-de-produits/ .

Vous pouvez les aidez en signant la pétition : https://www.change.org/p/gouvernement-de-la-r%C3%A9publique-hell%C3%A9nique-soutenir-les-travailleurs-de-viome-en-gr%C3%A8ce?recruiter=694969643&utm_source=share_petition&utm_medium=email&utm_campaign=share_email_responsive

La participation aux frais est libre, la recette de la soirée financera les droits d’auteurs du film et aidera les VioMe à couvrir leurs frais d’avocats et de justice.

Synopsis du film :Lors de la fermeture d’une usine de matériaux de construction à Thessalonique, en Grèce, 70 employés courent le risque de ne plus jamais trouver du travail. Ils décident alors d’occuper l’usine et de la faire fonctionner eux-mêmes.

Réalisateur Apostolos Karakasis Durée 91mn Sortie : 2015 Langues du film :  VO en Grec Sous-titres : Français Production :  Marco Gastine & Eleni Chandrinou pour Minimal Film

Affiche soirée film Next stop utopia

Un an après l’accord UE-Turquie

 HarekAct Déclaration : Un an après l’accord UE-Turquie  22/3/17

Aujourd’hui, c’est le premier anniversaire de la signature de la déclaration UE-Turquie, communément appelée accord UE-Turquie, qui vise à empêcher l’arrivée des demandeurs d’asile et des migrants dans l’UE. Il a été signé le 18 mars 2016 en réponse au «long été de migration» 1 en 2015, lorsque des milliers de personnes ont fait usage de leur droit à la liberté de mouvement et traversé la Turquie vers la Grèce afin de poursuivre leur chemin vers l’Europe. L’accord vise à réduire le nombre de migrants et de réfugiés arrivant en Europe en échange de certaines promesses faites à la Turquie: des voyages sans visa pour les citoyens turcs, une aide financière pour l’accueil des migrants déportés et des pourparlers accélérés.

Depuis le début, l’accord a été utilisé comme un outil politique par les politiciens européens et turcs pour les affaires nationales et internationales de même. Juste cette semaine, les autorités turques ont publiquement menacé l’UE de mettre un terme à la mise en œuvre de l’accord en raison de la crise diplomatique avec les Pays-Bas et d’autres États qui ont interdit les politiciens turcs tenant des rassemblements politiques dans leurs pays. Malgré ces faux pas, les dirigeants européens sont fiers de présenter cette honteuse opération comme un succès politique. En outre, afin de renforcer davantage les frontières et d’empêcher les personnes d’accéder à l’asile en Europe, elles incitent d’autres pays à signer des accords de réadmission avec de nouveaux partenaires et à reproduire l’accord dans d’autres pays.3 En bref, les cascades d’externalisation sont construites!

Comme nous l’avons dit dans de nombreux cas 4 , cet accord constitue une violation des droits fondamentaux de l’homme et a des conséquences dévastatrices 5. En marge du régime migratoire européen, des milliers de migrants et de réfugiés sont laissés dans les limbes alors que nous assistons à une prolifération de troubles mentaux et physiques problèmes de santé. Non seulement en Turquie, mais aussi sur les îles grecques et la Grèce continentale, beaucoup sont bloqués tout en étant exposés à des abus et des violations des droits dans de très mauvaises conditions.

Nous nous opposons à l’accord UE-Turquie et aux plans pour le reproduire dans d’autres pays, comme la Libye, le Soudan et le Niger. Nous condamnons cet accord honteux qui détruit des vies humaines et finira par avoir un impact négatif important non seulement sur les migrants et les réfugiés, mais sur toute l’humanité.

https://translate.google.fr/translate?hl=fr&sl=en&u=http://moving-europe.org/&prev=search

Équipe éditoriale de HarekAct

Les références

  1. Http://bordermonitoring.eu/ungarn/2015/09/of-hope-fr/
  2. Http://harekact.bordermonitoring.eu/2017/03/16/erdogan-threatens-to-scrap-eu-turkey-migrant-deal/
  3. Http://harekact.bordermonitoring.eu/2017/02/14/eu-human-rights-cost-of-refugee-deal-with-turkey-too-high-to-be-replicated-elsewhere/
  4. Http://harekact.bordermonitoring.eu/2017/03/14/un-year-after-the-eu-turkey-deal-new-msf-report/
  5. Http://harekact.bordermonitoring.eu/2017/03/17/report-eu-turkey-deal-makes-seeking-refuge-in-europe-mission-impossible-for-most-vulnerab/

Grèce : parole d’un exilé en grève de la faim

par passeursdhospitalites

Venus de Grèce, la lettre d’un exilé qui avait entamé une grève de la faim pour s’opposer à son expulsion vers la Turquie, et le récit qui l’accompagne et en donne le contexte. Aujourd’hui, la demande d’asile de Mohammed A. est en cours d’examen en Grèce.

« Le texte qui suit a été écrit par des personnes ayant participé à une campagne de soutien pour la libération et le droit d’asile pour Mohamed A. alors en grève de la faim pendant sa détention à la préfecture de Lesbos-en Grèce.

La lettre écrite par Mohamed A. sur sa situation, à la suite de ce texte, a été traduite de l’arabe vers le grec, puis en anglais et enfin en français. Il se peut que les traductions successives manquent de rendre tout à fait la teneur de la lettre écrite alors.

Aujourd’hui Mohamed A. a été libéré dans cette prison à ciel ouvert qu’est en train de devenir l’île de Lesbos pour les migrants qui s’y retrouvent bloqué., il est en attente d’une réponse suite à sa troisième demande d’asile. Une situation comme beaucoup d’autres, tandis que la Grèce est en train de devenir une machine de déportation et un réseau de centre de détention où sont emmenés manu militari les migrants arrêtés dans les rafles régulières des squats, du port, et des rues d’Athènes comme des îles frontières.

Texte du 13/01/2017- issu du site musaferat.espivblogs.net

Depuis Octobre 2016, Mohamed A. est en détention administrative dans les bureaux de la police de Lesbos et risque la déportation, sa demande d’asile ayant été rejeté. Il a commencé une grève de la faim depuis le 13/12/2016, pour contester sa déportation et le refus de son droit d’asile.

Son état de santé se détériorant progressivement depuis ces derniers jours, il a été transféré à l’hôpital de Mytilène Vostaneio le 10/01/2017, où les médecins ont affirmé la nécessité d’une hospitalisation. Il retourna chercher ses affaires au centre de rétention avec la garantie des policiers qu’il serait ensuite reconduit à l’hôpital. Pourtant il y resta détenu, la police lui indiqua qu’il serait emmené à l’hôpital le matin suivant. Le jour suivant, à son arrivée à l’hôpital, ils obtinrent son consentement à ne pas être hospitalisé en lui faisant miroiter qu’ils s’occuperaient de son cas et qu’il serait transférè à Athènes dans les jours prochains. Le jeudi 12/1, le commissaire de police annonça à Mohamed la décision de son renvoi vers la Turquie, selon les lois infâmes des accords entre l’Europe et la Turquie.

Grâce à la pression des avocats et de personnes solidaires, Mohamed fut de nouveau hospitalisé. Face à la gravité de son état psychique et physique, des médecins imposèrent son hospitalisation au vu des symptômes évidents de fatigue (vertiges, syncopes, troubles de la vue) ; et il lui a été administré des solutés salés. Son hospitalisation permit l’annulation de l’ordre de déportation, ce qui ne fut pas le cas pour les dix autres migrants déportés ce matin du vendredi 13 janvier.

Depuis Mohammed A. est toujours hospitalisé, pendant que la police, manifestement déçue de l’annulation de la procédure, essaye de toutes les manières possibles de faire pression sur les médecins afin qu’ils signent une décharge, qui permettrait de le déporter. En même temps, contre les règles en vigueur de l’hôpital, la police a interdit l’entrée de la chambre de Mohamed aux personnes venues le soutenir.

La situation actuelle- par ces faits, la tentative de déportation d’un migrant au 32eme jour d’une grève de la faim – est sans précédent, au vu du risque vital engagé. De cette manière, l’État et ceux qui le servent font avancer encore d’un pas le totalitarisme existant . Ce sont ces mêmes fonctionnaires qui tiennent en otage un enfant de 6 ans pour nourrir leur revanche contre ses parents *; L’État qui interdit des événements dans les universités publiques; l’État qui torture des milliers de migrants dans les centres de détention tous les jours, jusqu’à leur déportation finale. Cet état qui s’ennorgueille de sa capacité à décider de la vie et la mort de ceux qui ne rentre pas dans le rang, de ceux qui sont vus comme un « surplus », de ceux qui résistent.

Nous exprimons notre solidarité avec Mohamed contre cette violence quotidienne de ségrégation, de racisme et d’exploitation; Nous exprimons notre solidarité avec les centaines de migrants déjà déportés; notre solidarité avec ceux qui combattront avec nous contre la dévalorisation de la vie.

Solidarité avec le gréviste de la faim Mohamed A.

Réponse favorable immédiate à ses revendications

Arrêt de toutes les déportations

* référence au chantage effectué contre les membres de lutte révolutionnaire actuellement en détention, par la menace sur leur enfant. A 6 ans, il est surnommé par certains médias « le plus jeune prisonnier politique du monde », il a été détenu au siège de la police antiterroriste d’Athènes puis a été confiné dans une aile pour enfants d’un hôpital psychiatrique. le 8 janvier il fut finalement confié à sa grand mère suite aux mouvements de protestations et à la gréve de la faim et de la soif du groupe Lutte révolutionnaire. Cette garde est provisoire et doit être confirmé d’ici six mois

Lettre du gréviste de la faim Mohamed A. le 3/01/2017

Le corps tout entier perd ses capacités quand le cœur se fait silencieux dans la cage thoracique. La douleur domine le cœur mais l’esprit véritable tient dans le fait de ne pas lâcher…

Battements de cœur de douleur dans la cage d’une prison

Ne vous souciez pas de ce que vous détenez aujourd’hui car demain vous pourriez avoir tout perdu. Un jour, vous pourriez vous trouver à ma place, peut être serez-vous alors celui qui arrive dans mon pays. Quand ce jour viendra, je vous traiterai mieux que cela ! Ne surestimez pas votre pouvoir aujourd’hui, car demain c’est peut être moi qui ferai un don du sang pour vous lorsque vous vous retrouverez à l’hôpital…La générosité tient dans la manière de faire…

Pensez-vous que je serai inculpé pour avoir affirmé la nécessité d’une justice et tout ce que je ressens pour les personnes qui souffrent autour de moi ? S’il est vrai que se retrouve coupable quiconque a parlé de justice, défendu de plus faibles, combattu l’injustice et dit NON , alors j’accepte la sentence. Je mourrai honnête, courageux et intègre, à dire la vérité, plutôt que de vivre une vie sans honneur ni dignité, comme un hypocrite. Même si je possédais la moitié des trésors de ce monde, cela ne vaudrait pas grand chose parce que ces choses s’achètent avec de l’argent. Voici ce que c’est que d’être humain. Ne pas juger ni sur la couleur ni sur la religion. Nous sommes tous à égalité ici. Si je dois être puni pour être humain, voici l’enjeu de la torture : Une vie sans honneur, décence, justice. Une vie où les lâches règnent. Oh mon dieu, voila la sanction de la conscience…

J’ai plein de forces et je ne vous imposerai pas de me respecter car à ce moment précis ma force est la peur. Je tente ici de ne pas user de cette force. Je voudrais comprendre de quoi vous êtes fait sans que cela ne m’influence. Parce que je suis comme l’or : même si vous le fondez, il ne se mélange pas. Je ne changerai pas. Vous ne pourrez pas m’affaiblir. Même si vous ne me traitez pas mieux, je n’entrerai pas en conflit avec vous, je ne deviendrai pas comme vous. Je resterai comme je suis et personne ne m’empêchera de parler de justice.

Ici, dans cette société beaucoup de gens savent de quoi je parle, car ils sont sensibles, ils peuvent comprendre les autres. Ils connaissent la valeur de la vérité. Ils connaissent la joie d’aimer peu importe les religions. Comme il est beau de vivre dans une société sans mensonges ni haine, et qui ne désire que l’amour et la paix.

Je défendrai la justice et l’égalité et je combattrai l’injustice. Je soutiendrai ceux qui sont maltraités, j’éprouverai la souffrance des autres même si cela doit me coûter mes propres mensonges. Non à une vie sans égalité !

Je serai la plume qui crache l’encre de la justice pour que ceux souffrant d’injustice sortent vainqueur et que celle-ci soit abolie.

Questions :

Où sont ceux qui disent défendre les droits de l’homme ? Ces mots ne veulent- ils rien dire ? Cherchez vous une réponse à cela ? Désolé , il n y en a pas.

Ceci n’est pas toute l’histoire. Ceci était juste une introduction. 22 jours sans manger, je suis à bout de force. Je voudrais vous parler du racisme et de l’éthique de certains peuples. Je voudrais vous dire ce qui s’est passé en Egypte. Vous parler de tellement de choses… »

 

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