Réfugiés affamés dans les structures d’accueil

Les autorités grecques laissent délibérément  6 446 réfugiés affamés dans les structures d’accueil.

Dimitris Angelides

 Le moyen de pression le plus extrême sur les réfugiés qui ont achevé la procédure d’asile est choisi par le ministère des migrations, en interrompant la distribution de plateaux repas les concernant. ●  Tollé international sur la « crise de la faim » délibérément provoquée par le gouvernement grec, qui  la nie.

Des portions de nourriture beaucoup moins nombreuses que la population vivant dans les structures pour réfugiés commandées par le ministère de l’Immigration et de l’Asile aux sociétés de restauration qui sont en charge du ravitaillement des structures de la Grèce continentale, du début décembre 21  jusqu’à la fin mars 22, selon les données détaillées et chiffrées par structure publiées aujourd’hui par  le Journal des Rédacteurs..

Comme le montre le bilan mensuel de la situation aux structures, publié par l’Organisation internationale pour les migrations, la population totale vivant dans les 26 structures en Grèce continentale était au 21 novembre  16 659 personnes. Cependant, une semaine plus tard, les décisions d’attribuer le contrat aux deux contractants pour la préparation, le transport et la distribution des repas dans les structures du nord et du sud du pays ont fait que le nombre total de personnes ayant droit à la nourriture n’était que de 10 213.

En d’autres termes, le ministère a choisi de laisser 6 446 personnes vivant dans les structures sans nourriture quotidienne pendant l’hiver, soit un pourcentage de 38,69 %. Elle poursuit ainsi la politique qu’elle a mise en œuvre en octobre, lorsqu’elle a décidé de cesser de pourvoir en nourriture des milliers de personnes au motif qu’elles ont achevé la procédure d’asile et n’ont pas le droit de rester dans les structures. Il s’agit d’une politique sans précédent qui ne tient aucunement compte des besoins fondamentaux de survie des personnes et les spécificités de la situation qu’elle tente de réguler, dans le seul but de forcer les gens à quitter les structures, sans leur offrir de solutions de survie pour la suite.

Cette politique n’a fait que rendre la vie plus difficile aux réfugiés qui ont déjà connu tant des souffrances, et rendre encore plus compliquée la gestion des structures, obligeant les travailleurs sur le terrain et les organisations à improviser pour trouver des solutions afin que des milliers de personnes, dont de nombreux enfants, ne soient pas privées de nourriture.

 Dans chaque structure, le ministère indique un nombre de bénéficiaires de nourriture inférieur à celui de la population de celle-ci, à l’exception de la structure de Kleidi à Sidi, où apparaît le paradoxe d’un nombre de bénéficiaires déclarés supérieur à celui de la population. Certaines structures présentent un écart plus important que d’autres, avec plus de la moitié de la population qui se retrouve sans nourriture. Le plus grand écart se présente à la structure de Eleonas, [près d’Athènes] avec 1 529 personnes sur 2 034 qui ne reçoivent pas de nourriture, vient ensuite Ritsona avec 905 personnes sans nourriture sur un total de 2 194, Katsikas avec 590 personnes sans nourriture sur un total de 1 010 et Polykastro avec 544 personnes sans nourriture sur un total de 934.

Le Ministère a choisi de procéder à la signature de ces contrats de provisionnement, malgré les avertissements répétés de la Commissaire européenne Ylva Johansson, les critiques du Médiateur de la République, et les fortes réactions  qu’a suscitées cette politique tant en Grèce qu’au niveau international.

Le 7 décembre, Mme Johansson, répondant à une lettre de protestation de 28 organisations grecques, a souligné qu’elle avait demandé à plusieurs reprises aux autorités grecques « de veiller à ce que toutes les personnes, en particulier les plus vulnérables, reçoivent de la nourriture, des produits d’hygiène et autres produits de première nécessité ». Elle a également noté que « toutes les personnes, quel que soit leur statut juridique, devraient bénéficier des dispositions du droit de l’UE […] ainsi que des dispositions respectives de la Charte des droits fondamentaux de l’UE ».

« Les réfugiés reconnus en Grèce sont contraints de rester dans des structures d’accueil, car l’absence de soutien adéquat à leur intégration fait qu’ils n’ont aucun autre moyen de joindre les deux bouts ou de louer un logement. Ils n’ont nulle part où aller et la fourniture de nourriture par l’État est le seul moyen dont ils disposent pour se nourrir », note Dimitra Kalogeropoulou, directrice de l’IRC, qui a souligné dans un communiqué le décalage entre les bénéficiaires et la population totale de structures.

Un rapport du journal britannique Guardian fait référence à une crise de la faim, le gouvernement niant le terme et le secrétaire général de l’accueil, Manos Logothetis, déclarant qu’il démissionnerait « si l’on trouvait dans le pays dix réfugiés à qui l’on a refusé de la nourriture ».

  • La distribution de cartes bancaires aux réfugiés ayant droit à une aide financière mensuelle a connu un retard de trois mois en janvier. Le programme avait été suspendu en octobre car le ministère, qui a repris la gestion du programme du Haut-Commissariat, n’était pas en mesure de répondre immédiatement. Des sources au ministère de l’immigration et de l’asile notent que dans les prochains mois, l’argent dont ils ont été privés au cours des mois précédents sera déposé sur les comptes des bénéficiaires de manière rétroactive.

Source en grec  source : www.efsyn.gr/ellada/dikaiomata/329760_afisan-epitides-nistikoys-6446-prosfyges-se-domes

rédaction

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